Médicaments génériques copies sans faute

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00:00...
00:06Au niveau des médicaments, est-ce que ça a amélioré les choses ?
00:10Ca va un petit peu mieux, mais j'ai un souci avec les médicaments
00:15parce que, vraiment, c'est...
00:17Vous m'avez donné des génériques, et ça correspond pas.
00:22Il faut pas les faire escompter.
00:25Et quand je prenais le médicament, j'avais mal, j'avais mal, j'avais mal.
00:28J'ai dit, au lieu d'un, j'en prends deux. Là, y avait le résultat.
00:31Et c'est là que je me suis aperçue que, pour le vrai, c'est un,
00:36et pour le générique, il en faut deux.
00:37C'est chaque fois que...
00:39Fais attention quand même de pas surdoser les médicaments.
00:42Si vous rajoutez 50 %, c'est sûr que vous vous sentirez...
00:44Je gère à peu près, mais à force, je prends des médicaments.
00:48Parce que plus on augmente la dose,
00:51plus on augmente le risque de mauvaise tolérance des médicaments.
00:54Je pense qu'un générique, c'est pareil à ce niveau-là.
00:56C'est une catastrophe.
00:58Ils sèment la confusion chez certains patients,
01:01font naître des doutes au sein même du corps médical.
01:08Aujourd'hui, en France, les médicaments génériques
01:10représentent seulement une boîte sur quatre de médicaments remboursés.
01:15C'est bien moins que chez nos voisins anglais ou allemands.
01:20D'où vient cette défiance bien française ?
01:23Les génériques, c'est la même chose.
01:26Les génériques, moins chers que les médicaments de marque,
01:30sont-ils pour autant moins sûrs et moins efficaces ?
01:34Derrière cette question de santé publique,
01:37quels sont les intérêts industriels en jeu ?
02:25Les génériques sont censés être l'équivalent
02:28de leurs médicaments d'origine,
02:30ce que l'on appelle les princeps.
02:33Mais avant d'aller plus loin, petit rappel.
02:38Après plusieurs années de recherche et développement
02:41qui ont coûté des milliards d'euros au laboratoire,
02:44un nouveau médicament, le princeps, donc, est mis sur le marché.
02:49Il est protégé par un brevet pendant 15 ans...
02:53...avant de tomber dans le domaine public.
02:56D'autres laboratoires peuvent alors en fabriquer des copies.
03:00Ce sont les génériques.
03:03...
03:06...
03:09...
03:12...
03:15...
03:19...
03:21Au comptoir de cette pharmacie, près de Carcassonne,
03:24le discours est parfaitement rodé.
03:26...
03:27Comme vous savez, on est tenus par l'assurance maladie
03:30de donner des médicaments génériques
03:33qui sont moins chers que les médicaments originaux.
03:36C'est les mêmes.
03:37Ils ont le même effet.
03:38C'est la même chose.
03:40C'est les autorités de santé qui le garantissent.
03:43Notre travail, c'est de vous le proposer.
03:45Est-ce que ça vous gêne de prendre ça ?
03:47Pas du tout. On verra bien l'usage, l'effet que ça fera.
03:50Il n'y a pas de raison que ça change.
03:53En 10 ans, la vente de médicaments génériques
03:55a permis à l'assurance maladie
03:57d'économiser plus de 8 milliards d'euros.
04:01Et depuis un peu plus d'un an,
04:03les assurés n'ont plus le choix.
04:05S'ils refusent un générique,
04:07ils ne bénéficient plus du tiers payant.
04:10En d'autres termes, ils doivent avancer les frais
04:14en attendant le remboursement.
04:16Ca, c'est du quotidien.
04:17C'est clair qu'il faut, à chaque ordonnance,
04:20remettre un peu de pédagogie
04:23dans l'ordonnance réexpliquée.
04:26De la pédagogie
04:28pour expliquer que Princeps est générique,
04:31c'est exactement la même chose.
04:34Papa, ton Toubib ?
04:35Je ne comprends pas.
04:37Pour mon traitement, il m'a donné un médicament générique.
04:40C'est aussi efficace. C'est pareil ?
04:42Non, c'est pas pareil.
04:43Dix ans que l'argument est martelé par les pouvoirs publics.
04:47Pareil.
04:48C'est ce qui est dedans qui est pareil, la molécule.
04:50C'est quand même ça, le plus important, non ?
04:52Ouvre ta bouche.
04:56C'est l'emballage qui te soigne ?
04:57Les médicaments génériques, vous pouvez en faire confiance ?
05:00Retour en Moselle, chez le docteur Lebrun.
05:03Sa patiente Elisabeth
05:05n'en a pas fini avec ses mésaventures de générique.
05:08Oui, alors, docteur, je voulais quand même vous montrer
05:11que ça, c'est le Xanax, l'original.
05:14On parlait tout à l'heure que les génériques sont toujours les mêmes.
05:17Là, c'en est un autre. Et ça, c'en est un autre.
05:20A priori, les pharmaciens doivent toujours vous donner
05:22la même marque de générique, je pense.
05:24Pensez-vous, pensez-vous !
05:26Une fois, j'ai la même pilule, elle est rose, une fois, elle est blanche,
05:28une fois, elle est longue, une fois, elle est ronde.
05:30C'est une catastrophe.
05:31Ça pose un problème.
05:33Ah oui, oui. A la fin du compte,
05:35je connais le nom du générique,
05:37mais je connais plus le nom initial.
05:39C'est le mot d'arrière-vers.
05:41Peut-être que c'est mieux, j'en sais rien.
05:46Emballage, forme, couleur.
05:49Si l'on s'en tient strictement aux apparences,
05:52principes et génériques, ce n'est pas toujours la même chose.
05:59Et à en croire ce psychiatre,
06:01l'aspect extérieur d'un médicament a son importance.
06:05Ça, c'est le prototype du médicament bête.
06:08C'est-à-dire, il est rond, blanc,
06:10effectivement, il ne ressemble à rien, il est de taille moyenne.
06:14Donc, si on raffine la chose et qu'en effet,
06:16pour le même produit, on donne quelque chose de plus sophistiqué,
06:19on pourrait espérer avoir une plus grande efficacité.
06:23Donc, tous, à notre insu, nous sommes influencés par la couleur.
06:27S'il y a deux couleurs, c'est encore plus chic.
06:29Et également par la taille.
06:32Le nom du médicament joue aussi son rôle.
06:35Avec les génériques, plus de noms commerciaux,
06:39mais des noms de molécules quelque peu obscures.
06:47Les laboratoires dépensent des fortunes
06:49pour trouver des noms qui parlent de manière magique
06:51parce qu'ils invoquent la guérison.
06:53Serestas, sérénité, stabilité.
06:56Surmonte-t-il ? Surmonte la maladie.
06:59L'ascensile vous emmène dans des paradis sanitaires.
07:02Donc, on est complètement dans un rituel magique
07:04qui parle forcément au patient,
07:06parce que c'est vraiment à le ratavisme qu'on s'adresse.
07:09Il est normal qu'il râle,
07:11parce que c'est sûr que paracétamol, ça ne vaut pas Doliprane,
07:14parce que Doli, il y a douleur dedans.
07:16Donc, on est dans la symbolique, une fois de plus,
07:18comme dans les couleurs.
07:21Si l'on fait fi de cette symbolique,
07:24reste une question fondamentale.
07:27Un générique contient-il exactement les mêmes substances
07:32que son modèle d'origine ?
07:37Un médicament, c'est toujours un principe actif,
07:40ici en rouge, la molécule qui détient l'effet thérapeutique,
07:45auquel s'ajoutent plusieurs excipients,
07:48des substances qui donnent au médicament
07:50sa forme, son goût ou sa couleur.
08:00Le professeur Alain Astier,
08:02qui dirige la pharmacie de l'hôpital Henri-Mondor,
08:05s'apprête à réaliser pour nous un test comparatif.
08:10Il va analyser un comprimé de la marque Stilnox,
08:13l'un des somnifères les plus vendus en France,
08:16et trois de ces génériques,
08:18fabriqués par trois laboratoires différents.
08:23Le test va se dérouler sur plus de 24 heures.
08:27Son but, déterminer si les génériques
08:30contiennent rigoureusement le même principe actif,
08:33avec la même pureté et le même dosage,
08:37que le médicament Princeps.
08:40Il commence à monter, regardez, regardez-le, il est arrivé.
08:44Voilà.
08:46Le pic commence à monter.
08:50Le test se traduit par ces courbes.
08:53Chacune correspond à un comprimé analysé.
08:56Et résultat, quand on les superpose,
08:59toutes ces courbes sont identiques.
09:03Voilà, on voit que les courbes sont complètement superposables,
09:07même allure, même forme.
09:09Ça veut dire que nous avons dans les échantillons
09:13le même produit,
09:14qu'il a la même pureté,
09:16puisqu'il n'y a qu'un pic qui apparaît,
09:18il n'y en a pas d'autres,
09:19donc ça prouve que le produit est complètement pur.
09:22Et on a des concentrations, des teneurs,
09:24qui sont identiques.
09:26On est dans les normes d'acceptabilité.
09:28Les génériques sont tout à fait comparables
09:31aux produits de référence au Princeps.
09:34Alors, Princeps et génériques, sont-ils les mêmes médicaments ?
09:39Oui et non.
09:40Oui, car ils ont toujours le même principe actif.
09:43Dans la même quantité.
09:46Non, et c'est là où ça se complique,
09:48car dans les génériques, les excipients peuvent être différents
09:52en nature et en quantité.
09:57Cet enrobage variable peut-il influer sur l'effet du médicament ?
10:14Caroline, 45 ans, vit seule avec deux de ses enfants.
10:19Depuis presque 12 ans, elle souffre d'épilepsie.
10:23Ses phases de crise sont plus ou moins régulières,
10:26tous les deux à trois mois.
10:30Pour Mathias, 13 ans,
10:31cela requiert une vigilance permanente.
10:37La maladie de Princeps est une maladie
10:39qui peut être transmise par la maladie de Princeps.
10:43On pense savoir si elle va faire une crise.
10:46Donc, on fait attention, on reste à côté d'elle et tout.
10:50Et quand elle est stressée,
10:53on pense que c'est ça qui déclenche une crise, en fait.
10:57Après, on n'est pas sûrs, c'est juste des suggestions.
11:02Il joue un rôle d'adulte, à ce moment-là,
11:05ce qui est difficile pour moi, ce qui est très culpabilisant,
11:09mais en même temps, il le gère très bien
11:13et il s'occupe très bien de moi.
11:15C'est eux qui s'occupent de moi.
11:18Après plusieurs années de tâtonnements,
11:22Caroline semble avoir trouvé le bon antiépileptique.
11:26C'est le Princeps que lui prescrit son neurologue.
11:30Je le prends quotidiennement,
11:33avec des prises le matin et le soir.
11:36C'est, on va dire, la seule molécule
11:39qui m'a permis de pouvoir vivre plus correctement.
11:46C'est bon comme ça ?
11:49En suivant ce traitement, Caroline a gagné un certain confort de vie.
11:54Mais un jour, à la faveur d'un renouvellement d'ordonnance,
11:59le pharmacien lui a délivré le générique de son antiépileptique.
12:04Elle m'a présenté ce générique comme étant le même médicament,
12:09la même molécule, qui n'y aurait pas de problème.
12:12J'ai été d'accord.
12:14Elle m'a simplement expliqué ça comme ça.
12:17Au niveau médical pur, j'ai eu aucune explication,
12:20ni de sa part, ni de la part de mon neurologue.
12:24Dès le lendemain, je me suis sentie vraiment bizarre.
12:28Le surlendemain, pareil.
12:30Et là, j'ai commencé à faire des crises,
12:32notamment une 1re, une 2e.
12:35Ca m'a vraiment très angoissée,
12:38puisque je n'avais plus du tout...
12:41Je ne vivais plus ça grâce à ce médicament.
12:44C'est comme si on m'avait arrêté mon traitement,
12:47avec en plus les sensations de manque,
12:50parce que je n'avais plus mon médicament.
12:53C'est tout à fait ça,
12:55comme si je n'avais plus ce qui agissait sur mon cerveau.
12:58Depuis cet épisode, sur son ordonnance,
13:00la mention non substituable
13:03apparaît en face du médicament Princeps.
13:08Il y a en gros un tiers à plus de la moitié des neurologues
13:13qui disent qu'ils ont eu des problèmes
13:16avec les substitutions de médicaments antiépléptiques.
13:19Et les problèmes, encore une fois,
13:21ce sont des crises ou des effets secondaires.
13:24Qu'est-ce qu'on va avoir également comme souci ?
13:27On va avoir plus de consultations médicales,
13:29plus d'appels aux médecins,
13:32et surtout, on peut avoir plus d'hospitalisations,
13:35plus d'accidents liés aux crises.
13:38Une réalité que le docteur Hubert Feld
13:41a lui-même constatée dans le service de neurologie
13:44de la Pitié-Salpêtrière, à Paris.
13:48Mon attitude, au début, c'était d'appuyer sur la substitution,
13:53en disant que c'est important, qu'on a des médicaments chers,
13:56qu'on va réussir à faire quelque chose.
14:00Et puis, les suites d'histoires malheureuses
14:03font que, d'une part, j'insiste moins,
14:06et surtout, personnellement, si j'ai un patient
14:09qui émet la moindre difficulté
14:11par rapport à la possibilité de substituer,
14:14je marque mon substable sur l'ordonnance.
14:17Je le fais assez facilement.
14:21Devant l'accumulation de témoignages,
14:24l'agence du médicament, l'ANSM,
14:27a appliqué le principe de précaution.
14:30Dans les cas de l'épilepsie et des troubles de la thyroïde,
14:34pour lesquels les traitements sont difficiles à équilibrer,
14:38elle déconseille de changer de médicament.
14:46Pour ce responsable d'un syndicat de généralistes,
14:50cette recommandation n'était pas justifiée.
14:53Les autorités de santé ont peur sur cette affaire-là.
14:57Elles ont ouvert le parapluie, très clairement.
15:00Elles ont pris une précaution sur un sujet sensible.
15:04Et, de mon point de vue, cette précaution
15:07n'est pas justifiée par des faits scientifiques avérés.
15:23Sonnerie.
15:30On est à 13, un petit peu plus que tout à l'heure.
15:3413,8. C'est très bien.
15:37Des histoires de générique.
15:40Le Dr Lebrun en entend quasiment tous les jours dans son cabinet.
15:44Trois quarts d'heure après que je l'avais pris,
15:47comme je le prends le matin,
15:49je me sentais toute vaseuse,
15:50je titubais par là quand je marchais,
15:54comme si j'étais saoule.
15:56Et ça durait un bon bout de temps avant que ça s'en aille.
16:00J'étais pas bien. J'avais des nausées. J'étais pas bien.
16:04Je disais comme si j'étais saoule, comme si j'avais bu.
16:07Ca me donnait...
16:09C'était le même dosage qu'à l'habitude ?
16:12Il n'y avait pas eu d'augmentation de la présologie ?
16:15C'était du 10 mg, déjà ?
16:17Je reste quand même troublée par certaines situations.
16:19On a des moments où certains médicaments vont être mal tolérés
16:24ou on peut avoir le doute qu'ils vont être mal tolérés.
16:27Je ne peux pas rester dans le doute.
16:29Quand j'ai un doute comme ça,
16:31il faut que je rectifie rapidement la situation.
16:34Je préfère revenir en arrière,
16:36represcrire quelque chose qui a été connu et bien pris,
16:39plutôt que d'insister.
16:41Peut-être que ça va à l'encontre du générique,
16:44mais il faut être pragmatique.
16:46La chaussette, une bonne journée.
16:48Au sein de la population française,
16:51la défiance s'ancre profondément.
16:55Selon un récent sondage,
16:5840 % des personnes interrogées
17:00estiment que les génériques
17:02ne sont pas aussi sûres que les princeps.
17:0631 % disent qu'ils ne sont pas aussi efficaces.
17:10Dans ce scepticisme ambiant,
17:13le corps médical a-t-il sa part de responsabilité ?
17:17Un certain nombre de médecins ont eu peur d'eux.
17:21Si je prescris un générique,
17:23est-ce qu'on va me dire que c'est de ma faute ?
17:26Tout le monde est dans une espèce d'attitude de peur, de crainte.
17:30Il faut que les médecins prennent leur responsabilité.
17:33Si vous êtes médecin, vous êtes sans arrêt peur.
17:36Vous ne soignez plus les gens.
17:38Vous n'avez jamais d'ennuis.
17:40Prenons nos responsabilités.
17:42Si les faits scientifiques nous permettent d'utiliser des génériques,
17:45on peut tranquillement.
17:53Que dit la science, justement ?
17:56A l'hôpital Cochin, à Paris,
17:59le professeur Xavier de Cleves
18:01étudie la façon dont les médicaments se comportent dans l'organisme.
18:06Avant de commercialiser un nouveau médicament princeps,
18:10les laboratoires pharmaceutiques
18:12financent de longs et coûteux essais cliniques
18:15pour vérifier son efficacité et sa tolérance.
18:20Tout ça est très bien décrit
18:23pendant le développement du médicament avant qu'il soit sur le marché.
18:27Ensuite, cela est extrêmement aussi bien décrit
18:30dans la vie du médicament princeps.
18:32Le médicament générique n'arrive sur le marché
18:35qu'un très grand nombre d'années après le médicament princeps.
18:39Il n'est pas nécessaire, pour mettre sur le marché un générique,
18:42de faire des études pour redémontrer l'efficacité
18:46ou les effets indésirables du médicament.
18:49Si le générique est bien la copie du princeps,
18:52il suffit alors de prouver
18:54qu'il se comporte exactement de la même manière dans l'organisme.
18:59On appelle cela la bioéquivalence.
19:06Le principe est simple.
19:08On administre le médicament princeps à un groupe de sujets sains.
19:13Grâce à des prises de sang, on suit l'évolution du principe actif,
19:18comment il atteint sa concentration maximale,
19:21comment il est ensuite éliminé.
19:24On reproduit ensuite l'expérience sur les mêmes sujets,
19:28cette fois-ci avec le générique.
19:31Si les deux courbes obtenues se superposent,
19:35alors il y a bioéquivalence.
19:36Mais une petite différence entre ces courbes est tolérée
19:40en respectant des critères statistiques rigoureux
19:43définis par les autorités de santé.
19:46Malgré ces variations minimes,
19:49l'effet thérapeutique du générique et du princeps
19:53est alors jugé identique.
19:58Le procédé paraît simple.
20:01Pour les scientifiques, il apporte une preuve irréfutable.
20:06Si on garantit que ces concentrations dans le sang
20:10sont similaires entre le princeps et le générique,
20:13ces effets seront les mêmes.
20:15Cela suffit à garantir aux médicaments génériques
20:18les mêmes propriétés en termes de bénéfices pour le patient
20:21et en termes d'effets indésirables de ce médicament.
20:24Quand on réagit en scientifique pur et dur,
20:27physico-chimie et autres, c'est sensiblement pareil.
20:30Mais dans la vie de tous les jours que je mène,
20:32j'ai de multiples exemples pour lesquels ça met en doute.
20:37Je dois trouver des solutions.
20:39Je ne peux pas dire aux gens
20:41de garder leur clopidogrel et de continuer à avoir mal à la tête.
20:45Je ne peux pas faire ça.
20:47Ces doutes diffus sur les génériques,
20:51le docteur Lebrun les transmet-il malgré lui à ses patients ?
20:55Induit-il ainsi ce qu'on appelle l'effet nocebo ?
20:58Le psychiatre Patrick Lemoyne en est persuadé.
21:02Par exemple, vous avez mal à la tête, je vous prescris l'aspirine.
21:06Si j'ai beaucoup de talent,
21:08si la mayonnaise relationnelle prend bien entre nous,
21:11dans un quart d'heure, ça va durer toute la journée.
21:14Si je suis vraiment pas bon, si ça se passe mal entre nous,
21:18non seulement il ne va pas marcher, mais vous allez avoir mal au ventre.
21:23Donc l'effet nocebo, c'est ça.
21:24Si le générique est prescrit sans conviction par un médecin
21:29qui est persuadé que c'est moins bien,
21:32il est clair qu'on aura un effet nocebo qui fera moins bien
21:36que le produit Princeps.
21:38Alors, générique et Princeps, vrai ou faux jumeau ?
21:44Pour les scientifiques, pas de doute,
21:48ils ont strictement le même effet thérapeutique.
21:51Mais ces certitudes se heurtent aux ressentis de certains patients.
21:58Le malentendu persiste autour des génériques.
22:02Est-il alimenté par les laboratoires pharmaceutiques
22:06qui se livrent en arrière-plan une bataille sans merci ?
22:11Jeux de pouvoir, de bluff et d'influence.
22:15En quoi les génériques redistribuent-ils peu à peu
22:18les cartes d'une industrie en pleine mutation ?
22:37Oui, parfait.
22:39Ce produit-là, vous suivez ce qui est bien spécifié.
22:43C'est des comprimés.
22:45Dans cette pharmacie de la région bordelaise,
22:47les frères Clément délivrent fréquemment
22:51un fluidifiant sanguin commercialisé sous le nom de Plavix.
22:55Produit par le géant pharmaceutique Sanofi,
22:59Plavix est l'un des médicaments les plus prescrits en France,
23:03notamment par les cardiologues.
23:06En 2009, quelques mois avant l'arrivée sur le marché
23:10des génériques du Plavix,
23:13les frères Clément reçoivent la visite
23:16d'un commercial du laboratoire Sanofi
23:19qui leur tient des propos surprenants.
23:22Il nous a demandé ce qu'on comptait faire
23:25sur la substitution du Plavix.
23:27Et à ce moment-là, il nous a dit que Sanofi allait produire
23:31le générique du Plavix dans leurs usines,
23:34et ce générique du Plavix serait à l'identique.
23:38Sanofi a protégé par un brevet un sel,
23:42l'une des substances composant son médicament.
23:44Les génériques des autres laboratoires
23:47contiennent donc un sel différent.
23:50Et selon le commercial, cela suffit à les rendre dangereux.
23:57L'argument était simple, ce n'est pas le même sel,
24:01donc on met en danger la vie de nos patients.
24:04C'est ça, et quand quelqu'un vous dit,
24:07un représentant de Sanofi vous dit
24:09que vous ne voulez pas tuer vos patients,
24:12je pense qu'ils ont joué sur ce créneau-là,
24:13y compris auprès des prescripteurs,
24:16de faire peur aux prescripteurs,
24:19et les gens se rétractent et disent,
24:22dans le doute, c'est bizarre,
24:24on prescrive le Plavix non substituable.
24:27Saisi par un fabricant de génériques,
24:30l'autorité de la concurrence a recueilli
24:33auprès de médecins et pharmaciens
24:35de multiples témoignages comme celui des frères Clément.
24:39En mai 2013, le couperet tombe.
24:43Sanofi écope d'une amende de 40,6 millions d'euros
24:48pour avoir mené une stratégie de dénigrement
24:51des génériques du Plavix,
24:53du jamais vu en Europe.
24:55Sanofi a fait appel de la décision
24:58et n'a pas souhaité répondre à nos questions.
25:01Aujourd'hui encore, l'image de ces génériques
25:05reste entachée.
25:07On est à peu près à 30 % de taux de substitution,
25:09donc on est extrêmement faible
25:12par rapport à n'importe quel autre médicament,
25:15puisque le reste, on est à peu près entre 60 et 80 %.
25:18Voilà, c'est la peur et le trouble autour de cette affaire
25:22qui fait que ça continue,
25:24au bénéfice de ce laboratoire-là.
25:26Si l'on en arrive à de telles affaires,
25:29c'est que le développement des génériques
25:32a été un séisme pour les géants pharmaceutiques.
25:39Rappelez-vous, pendant tout le temps
25:42où il est protégé par un brevet,
25:44le Princeps est tout seul sur le marché.
25:47Mais quand il tombe dans le domaine public,
25:51il se retrouve tout d'un coup en concurrence
25:54avec quantité de copies moins chères.
25:57Stéphane Jolly représente ceux qui fabriquent ces copies.
26:02On les appelle les génériqueurs.
26:05Quand un médicament générique arrive,
26:07c'est-à-dire que quand le brevet du produit Princeps
26:08tombe, le générique s'exprime très rapidement
26:12et prend très vite 60, 70, 80, 90 %
26:16de la part qu'avait le produit Princeps.
26:18C'est très violent, car on est sur une industrie
26:21qui a certains produits qui ont un gros chiffre d'affaires.
26:24Du jour au lendemain, vous avez des centaines de millions d'euros
26:27qui étaient faits par une société A, la Princeps,
26:30et qui du jour au lendemain n'est plus faite par cette société A.
26:33Un cabinet d'études a ainsi estimé
26:35que les géants pharmaceutiques auront perdu près de 90 milliards d'euros
26:40sur la période 2011-2015.
26:44Mais face aux génériques, ces mastodontes ne manquent
26:48ni de ressources, ni d'idées, ni de lieux
26:51pour défendre leurs précarés.
26:53On lui rajoute un anti-ulcéreux.
26:56Pour son anti-inflammatoire qu'il a en cours ?
26:59Voilà, en plus.
27:01Service de médecine interne du professeur Bergman
27:05à l'hôpital Larry Boisier.
27:07Un patient doit se voir prescrire un anti-ulcéreux.
27:10L'interne cherche les molécules de l'anti-ulcéreux
27:13et le produit.
27:15C'est un produit qui est très efficace.
27:18C'est un produit qui est très efficace.
27:20L'interne cherche les molécules disponibles
27:24à la pharmacie de l'hôpital.
27:26Un seul nom apparaît.
27:28L'oméprasol, il ne l'a pas.
27:30Si tu prescris n'importe quel anti-ulcéreux,
27:33c'est l'ordinateur qui va lui-même faire ses choix
27:36et il va te proposer de l'inexium.
27:40Inexium, soit le princeps,
27:43alors qu'il existe des génériques.
27:46Dans l'ensemble des hôpitaux parisiens,
27:48l'inexium est le seul anti-ulcéreux de sa catégorie.
27:52C'est lui qui a remporté le marché de l'assistance publique
27:56suite à un appel d'offre.
27:58Un produit princeps,
28:00censé pourtant être plus cher que les génériques,
28:03par quelle ruse le laboratoire fabricant
28:06a-t-il réussi à rafler la mise ?
28:10Ca vaut 0,001 euro par comprimé.
28:14Donc voilà.
28:16C'est pas très cher.
28:19C'est même quasiment gratuit.
28:22En prenant ainsi le marché hospitalier,
28:25le fabricant d'inexium
28:27mise tout sur les ordonnances de sortie.
28:30C'est souvent le nom du princeps qui y sera indiqué
28:35et pas le nom de la molécule.
28:39J'écrirai inexium.
28:42De par nos études et la pratique,
28:44on est habitués à prescrire sous les noms commerciaux.
28:47Tous les papiers sont prêts, toutes les ordonnances.
28:51Mais aussi parce qu'il y a des matins
28:53où on a 4 ou 5 patients qui sortent.
28:55Si je commence à devoir chercher
28:57pour toutes les ordonnances qui peuvent être très longues,
29:01ce serait une perte de temps.
29:03Sauf qu'en ville, cette prescription venue de l'hôpital
29:07sera difficilement substituée par un générique.
29:12Probablement que les pharmaciens disent
29:14que c'est l'hôpital, je touche pas.
29:17Probablement que le malade dit
29:19que c'est sa prescription, pas touche.
29:21Probablement que le médecin hospitalier
29:24dit ne touchez pas à sa prescription.
29:26Dans beaucoup de cas, il n'y aura donc pas de substitution.
29:30Et cet inexium qui sera vendu
29:3210 fois plus cher qu'à l'hôpital.
29:34Le laboratoire reste donc gagnant.
29:37Ca lui suffit largement
29:39pour se rembourser des prix cassés pendant l'hospitalisation.
29:42Et puis, c'est pas non plus toujours
29:46purement des objectifs vénals.
29:48Il y a aussi la volonté pour un industriel
29:51d'avoir l'image d'être l'anti-ulcéreux
29:54de l'assistance publique.
29:56C'est bien et ça fait partie
29:58de son image et de son positionnement.
30:01Un positionnement de plus en plus menacé
30:04par les médicaments génériques.
30:08En 20 ans, la multiplication
30:10des laboratoires génériqueurs
30:13a bouleversé le paysage
30:15de l'industrie pharmaceutique.
30:17Avec une priorité,
30:19produire des médicaments
30:21toujours moins chers.
30:23Cela en fait-il
30:25des médicaments au rabais ?
30:36Dans cette usine de chimie du Loiret,
30:38on fabrique des principes actifs
30:41pour des médicaments.
30:43Soit le coeur du futur comprimé,
30:45la poudre qui produira
30:47l'effet thérapeutique.
30:53On confirme les résultats
30:56du fournisseur.
30:58On compare nos résultats.
31:00David Simonnet dirige ce groupe de chimie.
31:03Selon lui, dans un contexte
31:05de mondialisation,
31:06la chaîne de fabrication
31:09des médicaments s'est
31:11considérablement transformée.
31:13Depuis 20 ans,
31:15la croissance des génériques
31:17avec leur logique du toujours
31:19moins cher n'a fait que
31:21renforcer le processus.
31:23Ca a accéléré la délocalisation
31:25au profit de zones à bas coût,
31:27des zones Indes et Chine.
31:29C'était des zones à bas coût
31:31sur la main-d'oeuvre et les investissements.
31:34On est dans une industrie
31:36où le coût d'investissement
31:39d'un atelier est bien moins élevé
31:42dans ces zones-là.
31:44En 20 ans,
31:46les usines de chimie,
31:48autrefois européennes,
31:51ont progressivement été remplacées
31:54par des centaines de sites
31:56en Chine et en Inde.
31:58On estime qu'aujourd'hui,
32:0180 % des principes actifs
32:03contenus dans nos médicaments
32:04sont fabriqués dans ces pays d'Asie.
32:19Dans ce laboratoire près de Strasbourg,
32:23on fabrique et conditionne
32:25des médicaments génériques.
32:27Ici sont réceptionnés
32:30les fameux principes actifs
32:32fabriqués à des milliers
32:34Comment s'assure-t-on
32:37de leur conformité ?
32:41Ces matières auront été produites
32:44dans des conditions conformes
32:46aux exigences pharmaceutiques.
32:48Chacun des sites de production
32:50aura été préalablement audité.
32:52Chaque site émettra un bulletin
32:54de certificat d'analyse
32:56attestant la conformité des matières.
32:58Chaque matière sera à nouveau
33:00analysée par nous-mêmes
33:01avant une mise en oeuvre
33:04au niveau des étapes de production.
33:08On est sur le premier lot
33:11de paracétamol à roux.
33:13On l'a démarré ce matin.
33:15C'est le second lot.
33:17On a fini le premier ce matin.
33:19Il nous faut combien de temps ?
33:213 équipes.
33:24La particularité de cet industriel,
33:28c'est qu'il est un sous-traitant.
33:32Ces clients sont principalement
33:35des laboratoires génériqueurs
33:37qui ne possèdent pas
33:39leurs propres lignes de production.
33:43Nous faisons différents types
33:46de produits.
33:48Dans la salle d'à côté,
33:50nous faisons un médicament
33:52contre la goutte.
33:54Celle d'après,
33:56nous avons un médicament
33:58contre l'hypertension.
33:59Chaque atelier tourne l'espace
34:02de quelques heures pour fabriquer
34:04jusqu'à 1 million de comprimés
34:06d'un même médicament.
34:08Plus tard, la même ligne
34:11servira à une toute autre molécule.
34:14Optimisation des outils de production
34:17est donc baisse des coûts.
34:19Avec de telles cadences,
34:21respecte-t-on les normes
34:23de qualité et de sécurité ?
34:25Il faudra 8 heures
34:27pour nettoyer l'ensemble
34:29des éléments comme les murs,
34:32les poinçons qui sont utilisés
34:34pour fabriquer les petits comprimés.
34:36L'ensemble de ces éléments
34:38sont nettoyés, conformes,
34:40contrôlés, certifiés.
34:44Conformes, contrôlés, certifiés.
34:47Le message se veut clair,
34:49en tout cas scandé avec force.
34:51Pas étonnant,
34:53puisque c'est un industriel
34:55qui parle.
34:56De leur côté,
34:59que disent les autorités
35:01de contrôle du médicament ?
35:11Bonjour.
35:14Nous sommes les inspecteurs
35:16de la NSM. Nous avons rendez-vous
35:18avec M. Patrick Turlier.
35:20C'est la 1re fois que vous venez sur le site ?
35:23Oui.
35:24Valérie Buque-Manfray
35:27et Julie Lyonnard représentent
35:29l'agence du médicament, la NSM.
35:31Grande première,
35:33l'agence a exceptionnellement
35:35accepté de montrer sur le terrain
35:37l'inspection d'un laboratoire
35:39pharmaceutique.
35:41Vous pourrez nous préparer
35:44un plan du flux d'air ?
35:46Bien sûr.
35:48Merci.
35:49En France,
35:52tous les sites de production
35:54de médicaments sont régulièrement
35:56inspectés selon un protocole
35:58identique,
36:00qu'il s'agisse
36:02de fabricants de génériques
36:04ou comme ici,
36:06d'une usine de Princeps.
36:08L'atelier est nettoyé
36:10une fois par semaine ?
36:12Oui.
36:14D'accord. Comment vous savez
36:16qui a procédé au nettoyage
36:17de cet atelier ?
36:23Il n'est jamais démonté ?
36:26Comment il est nettoyé ?
36:28Je parle de l'agitateur.
36:30La tige ?
36:32Comment est nettoyée la tige ?
36:34Il faut qu'on regarde ça.
36:36D'accord. Vous nous ferez savoir.
36:41Pendant 3 jours,
36:44les 2 inspectrices vont examiner
36:45le moindre recoin du site.
36:48Mais aussi vérifier les informations
36:51sur tous les composants des médicaments,
36:53notamment les principes actifs.
36:57La moxiciline trihydrate,
37:00vous la recevez de Singapour,
37:02ainsi que l'aspartame,
37:04qui est donc fabriqué en Chine.
37:07On va vous demander
37:09le cahier des charges
37:11et le rapport d'audit
37:13pour qu'on prépare tout ça en salle.
37:15On les regardera avec l'ensemble
37:18de la documentation.
37:20La moindre étape dans la production
37:22doit être consignée
37:24avec la plus grande rigueur.
37:26A fortiori quand il s'agit
37:28du nettoyage de matériel sensible.
37:30Ici, des pelles en contact
37:32avec la poudre, matière première
37:34des médicaments.
37:39Pourquoi la date de nettoyage
37:42n'est pas consignée ?
37:43Pourtant, il y a un visa.
37:46Je ne sais pas quand ça sera nettoyé.
37:48Ca, ça va retourner à l'alabrie.
37:50Allez, on regarde les autres.
37:57Pareil.
37:59Pour l'instant, il n'y en a aucune.
38:01Un peu décevant, quand même.
38:04Des étiquettes mal remplies.
38:07Le manquement aux règles est mineur.
38:09Il donnera lieu à un simple constat
38:11dans le rapport d'inspection.
38:13Mais si l'industriel avait commis
38:16une faute plus grave ?
38:18Il y aurait-il eu sanction ?
38:21On peut avoir des lettres
38:24d'avertissement.
38:26On peut mettre en demeure
38:28l'établissement de se conformer
38:30immédiatement à la réglementation
38:32en vigueur.
38:34On peut suspendre l'activité
38:36de l'établissement.
38:38Toutes ces mesures sont graduées.
38:40Elles sont posées en fonction
38:42du risque que l'on évalue
38:45à l'issue de l'inspection.
38:48Ca vous arrive souvent ?
38:50Ca nous arrive.
38:52Sur 20 inspections par an,
38:54c'est moins d'une fois par an.
38:56C'est assez rare qu'on ait un gros problème
38:59sur un site industriel.
39:12Sous haute surveillance,
39:15les sites pharmaceutiques français
39:17sont dans les clous,
39:19à en croire les autorités de contrôle.
39:21Mais tout ne se passe pas en France.
39:23L'industrie du médicament
39:25est une industrie mondialisée.
39:30Souvenez-vous, c'est en Asie,
39:33à des milliers de kilomètres de là,
39:35que tout commence.
39:38Au tout début de la chaîne,
39:41il y a des sous-traitants en chimie,
39:44des fabricants de matières premières.
39:47Puis la chaîne se poursuit,
39:50des formulateurs, des distributeurs.
39:52La liste de tous les protagonistes
39:54est longue.
39:59C'est cette démultiplication des acteurs
40:02qui rend plus difficile le contrôle
40:04sur cette chaîne et qui est un facteur
40:06de risque supplémentaire.
40:08Un seul exemple sur ce millier de sites,
40:09vous avez à peu près une centaine
40:12de sites qui ont été inspectés
40:14soit par la FDA, l'autorité américaine,
40:16soit par la direction européenne
40:18de la qualité du médicament.
40:20On est sur un niveau extrêmement faible
40:22pour garantir un contrôle indépendant
40:24et régulier des fabricants
40:26de matières actives.
40:28Du côté des autorités de contrôle,
40:30on n'a pas tout à fait la même analyse.
40:32Je ne dirais pas qu'on est en retard,
40:34je dirais qu'on suit le processus
40:36avec aussi des moyens
40:37qui sont ceux de l'état d'aujourd'hui,
40:40mais ce n'est pas les inspecteurs de la NSM,
40:42ce n'est pas les inspecteurs de l'USFDA
40:44qui sont garants des produits.
40:46Toutes les réglementations que je connais
40:48mettent la responsabilité des productions
40:50sur les fabricants, pas sur l'inspection.
40:52Quand il y a un accident de voiture
40:54parce que quelqu'un a roulé 130 sur l'autoroute,
40:56vous n'allez pas porter plainte
40:58contre le gendarme qui n'a pas vu
41:00que la personne roulait à 130.
41:03Des contrôles garantis par les fabricants.
41:07Sont-ils suffisants ?
41:10Pour les génériqueurs, la preuve est là.
41:17Aujourd'hui, en France, on a à peu près
41:20un marché d'un tiers de la totalité
41:22des médicaments remboursés en générique.
41:24C'est plus de 800 millions de boîtes
41:26consommées par an par la totalité des Français.
41:29Il n'y a pas de problème.
41:31Il n'y a pas de problème de qualité sur le générique.
41:34Si il y en avait, ça se saurait.
41:37...
41:44Auteur d'un rapport sur les génériques,
41:47le sénateur Yves Dodini estime pourtant
41:50que leur système de production
41:52n'est pas infaillible.
41:55On ne va pas attendre qu'il y ait un scandale
41:58pour déclencher une organisation de contrôles.
42:01C'est un véritable problème qui, à mon sens,
42:03existe aujourd'hui de l'ensemble des pays occidentaux,
42:05de l'ensemble des pays européens,
42:08de se coordonner pour exercer et mettre en place
42:11des contrôles dans ces pays qui existent aujourd'hui,
42:14mais qui sont certainement insuffisants.
42:16Mais bien insister que ce n'est pas un problème de générique,
42:19c'est un problème de médicaments en général.
42:21C'est quand même l'Etat qui assure aujourd'hui
42:24la sécurité des médicaments pour l'ensemble des Français.
42:30C'est un fait.
42:32A ce jour, les médicaments génériques
42:33n'ont été au coeur d'aucun scandale sanitaire.
42:39Les pouvoirs publics veulent imposer les génériques.
42:43C'est un enjeu politique et économique.
42:47Et face aux réticences qui subsistent,
42:50la pression s'accentue.
42:54Les médecins sont encouragés à prescrire les génériques.
42:58Les pharmaciens à les délivrer.
43:00Les patients à les accepter.
43:05Entre la carotte et le bâton,
43:08voici les coulisses de cette marche forcée.
43:14Près de 3 millions de francs d'amende,
43:17c'est la somme que vont devoir payer
43:19plusieurs syndicats de pharmaciens, dont 3 en Bretagne.
43:22Ce que l'on reproche aux syndicats,
43:24c'est d'avoir recommandé à leurs adhérents
43:26de boycotter ce que l'on appelle des médicaments génériques.
43:29Messieurs et dames, bonjour.
43:3230 ans plus tard, les choses ont bien changé.
43:35Comment allez-vous ?
43:37Venez rentrer. Je vous suis, merci.
43:40Génériqueurs et pharmaciens
43:42sont même devenus les meilleurs amis du monde.
43:45Asseyez-vous. Merci.
43:47Pourtant, ce n'était pas gagné.
43:50Comment convaincre les pharmaciens
43:53de vendre des médicaments 30 % moins chers que les Princeps
43:56avec, au bout, une perte de leur chiffre d'affaires ?
44:00L'astuce, les pouvoirs publics l'ont trouvée
44:04en les intéressant financièrement.
44:06Pour les génériques, j'ai le droit
44:09à une latitude de négociation commerciale avec le laboratoire.
44:13Le laboratoire va me donner une partie de son prix à lui.
44:17Il s'agit de remises encadrées par l'Etat
44:20pouvant aller jusqu'à 17 % sur les génériques
44:23contre seulement 2,5 % pour les médicaments Princeps.
44:28Dans les médicaments remboursables, on avait vu...
44:32Il y avait un produit dont je voulais vous parler.
44:35C'était la metformine.
44:37D'accord. La metformine, oui,
44:39parce qu'historiquement, on le faisait chez...
44:42150 000, voilà.
44:44On le faisait historiquement chez notre labo.
44:47Bon, on va regarder.
44:49Tous les mois, ce commercial
44:50d'un laboratoire de génériques
44:53vient proposer de nouveaux produits aux pharmaciens.
44:57Mais le contrat qu'il élit ne s'arrête pas aux médicaments.
45:01La négociation commerciale porte sur une gamme bien plus large.
45:05Ici, des appareils,
45:07utilisés notamment dans le traitement de l'asthme.
45:10On avait dit que vous fournissiez éventuellement les appareils.
45:14Oui.
45:15Et les masques.
45:16Les compresseurs pneumatiques.
45:18Les masques adultes.
45:19Et vous avez ici...
45:22Oui.
45:24L'appareil.
45:25Il est bleu.
45:26Il est bleu.
45:27Exactement.
45:28D'accord.
45:29Pour les enfants, on retrouve des couleurs.
45:32La négociation avance
45:34et le commercial va réussir à vendre son matériel médical.
45:40Alors, on récapitule.
45:43On va faire ensemble les compresseurs et les masques.
45:47D'accord.
45:47OK aussi pour la molécule qui manquait.
45:51Je suis pas sûr pour les sprays.
45:53Il va falloir qu'on vous revienne.
45:55Qu'on regarde plus précisément.
45:57D'accord.
45:58Chacun trouve son intérêt.
46:01Le génériqueur, qui grossit son carnet de commandes,
46:05et le pharmacien.
46:07A l'issue de la transaction,
46:09il va bénéficier d'une importante ristourne
46:12sur l'ensemble de ses achats.
46:14Bêtamétazone 10.
46:16Alors que de nombreuses pharmacies
46:19connaissent des difficultés économiques,
46:22les génériques sont devenus leur planche de salut.
46:26Vous diriez qu'aujourd'hui,
46:28les pharmaciens survivent grâce aux génériques ?
46:31Oui.
46:33C'est la réalité.
46:35C'est la réalité.
46:37Malgré ces incitations financières,
46:40certaines officines sont encore à la traîne.
46:43Pour accélérer le mouvement,
46:46les pouvoirs publics ont fixé des objectifs
46:49de taux de substitution.
46:51A l'heure actuelle,
46:53les meilleurs élèves sont en Loire-Atlantique.
46:56Comment, dans ce département,
46:58a-t-on pu atteindre près de 90 % de taux de substitution,
47:02soit 5 points de plus que l'objectif national ?
47:13Isabelle Cousigou est déléguée
47:16à la caisse primaire d'assurance maladie de Nantes.
47:20Elle a rendez-vous avec un pharmacien
47:23qui ne délivre pas assez de génériques.
47:26On a mis un suivi spécifique sur cette pharmacie
47:30parce que son taux de substitution
47:33était inférieur à la moyenne.
47:35Là, c'est faire le point avec elle
47:38de façon à continuer le partenariat
47:40qu'on a entamé il y a quelques mois.
47:47On s'était vus il y a à peu près 3 mois de cela.
47:52Sur la 2e courbe du document,
47:55on voit votre taux de non-application
47:58du dispositif tiers payant contre générique.
48:01C'est toutes les fois où vous avez dû délivrer un principe
48:05alors qu'il existe un générique.
48:07Vous avez tout de même fait un tiers payant au patient.
48:12Il faudra être vigilant.
48:14Si le patient refuse le générique,
48:17vous ne devez pas lui faire le tiers payant.
48:20La difficulté est d'impliquer souvent
48:23les collaborateurs remplaçants ou intérimaires.
48:26C'est ce qui explique des fléchissements dans les courbes.
48:30C'est important qu'on soit présent derrière chaque pharmacien
48:34pour veiller à ce que tout le monde joue le jeu.
48:36On fait une analyse des facturations
48:39et on va sortir toutes les prescriptions
48:42qui ont fait l'objet d'une délivrance en principe
48:46alors qu'il existait un générique.
48:49On va bloquer les paiements
48:52jusqu'au moment où le professionnel de santé
48:56a atteint l'objectif qu'on lui demandait,
49:00c'est-à-dire 85 % de substitution.
49:02Un moyen de pression qui a porté ses fruits.
49:06En quelques mois, cette pharmacie a largement progressé
49:10sur la délivrance de générique.
49:16Ce travail de terrain,
49:19Isabelle le mène aussi auprès des médecins.
49:22Ici, pas de sanctions, mais de la pédagogie.
49:27Par exemple, avec ce dépliant,
49:30pour faciliter la prescription de médicaments
49:34pour lesquels existent des génériques.
49:37Les molécules génériquées apparaissent en orangé.
49:41Toutes les molécules en blanc ne sont pas généricables.
49:45On vous demande de privilégier les molécules en orangé.
49:50Dans l'absolu, toutes les pathologies
49:53traitées par un médecin de ville peuvent l'être avec des génériques.
49:56Mais les consignes de l'assurance-maladie
50:00sont vécues comme une intrusion dans la liberté de prescription.
50:04...qui serait possible de convaincre...
50:07Je ne suis pas encore dans les objectifs
50:11qui sont quand même forts.
50:13Parce que ce sont des chiffres qui vont,
50:16pour certaines de ma classe, jusqu'à...
50:19Les antibiotiques, 85 %, pourquoi pas.
50:22L'aspirine, pourquoi pas.
50:24Les antidépresseurs, pourquoi pas.
50:28Les anthypertenseurs, c'est un peu plus difficile,
50:32parce qu'il y a encore de nouvelles molécules originales
50:36qui sortent régulièrement.
50:38...
50:40Malgré une politique du générique de plus en plus offensive,
50:44la France peine à rattraper son retard
50:47sur certains de ses voisins européens.
50:50...
50:52Pour le Dr Claude Lecher,
50:54nous n'avons pourtant aucune excuse.
50:57A un moment donné, dans un pays qui met à disposition
51:00de tout le monde une capacité de financer les soins
51:03pour que tout le monde ait accès aux mêmes soins,
51:06chacun doit faire des efforts,
51:08y compris parfois sur son ressenti personnel.
51:11La France se caractérise parfois par des singularités,
51:14mais on ne peut pas surpayer des médicaments
51:17pour soigner des gens dans une époque où, en plus,
51:20on est contraint par des déficits à faire attention
51:22au bon usage de l'argent public.
51:25On est obligé de prendre des génériques.
51:28On n'a pas le choix. Si on veut faire des économies,
51:31on est obligé. On va arriver à bientôt 15 ans
51:34de génériques en forte expression en France,
51:37et donc ça va rentrer dans les mœurs.
51:39Les patients, pareil, les jeunes,
51:41ils n'ont aucun problème par rapport aux génériques.
51:44Vous avez un problème par rapport aux génériques ?
52:16...