L'école primaire d'Argol a un nom : Skol Chanig ha Charlez Ar Gall , celui de ce couple aujourd'hui disparu, qui s'est marié là et a lancé la langue bretonne sur les ondes radio et télé.
Charlez ar Gall a épousé en 1942 Channig Guillamet, fille d'agriculteurs argoliens, quand il était instituteur dans l'école de cette commune que l'on baptisera aujourd'hui de leurs deux noms. « Ce n'était pas un instituteur ordinaire, se souvient Herri Gourmelen, conseiller régional de l'Union démocratique bretonne (UDB). Il avait profité d'un arrêté qui autorisait l'enseignement du breton à l'école primaire. Et il s'en servait pour ses élèves, qui parlaient évidemment breton chez eux ».
Breton à l'école d'Argol
Loin de les punir d'utiliser leur langue maternelle, Charlez ar Gall les poussait aussi à poursuivre leurs études. « Les enfants à cette époque, étaient destinés à devenir paysans pour prendre la suite de l'exploitation familiale. Quand il voyait qu'un enfant avait des possibilités, il poussait les parents à l'envoyer au collège à Châteaulin », explique Henri Le Pape, maire d'Argol, qui a choisi ce nom pour l'école.
Amoureux de la culture bretonne, ce natif de l'Hôpital-Camfrout succède en 1958 au célèbre Per Jakez Hélias sur Radio-Quimerc'h. Il tenait alors une émission hebdomadaire de 40 minutes en langue bretonne sur cette antenne devenue Radio Armorique. « Pour sa chronique, Charlez allait souvent à l'extérieur, raconte Fanch Broudig, qui a dirigé le service des émissions en langue bretonne sur France 3 durant une dizaine d'années. Il allait enregistrer les frères Morvan, les soeurs Goadec ou Loeiz Roparz à leurs débuts, contribuant à la renaissance du fest-noz ». Une activité qu'il a cessée après l'attentat contre les émetteurs de Roc Tredudon en février 1974, qui a coupé les émissions radio et télé durant plusieurs semaines.
Pionnier de la télé en breton
En 1964, le ministre de l'information d'alors, Alain Peyrefitte, inaugure à Rennes Télé-Bretagne, un journal régional d'un quart d'heure sur les deux seules chaînes existantes, la première et la deuxième. Il ne veut pas entendre parler breton. Louis Le Cunff, directeur de cette télé régionale, n'est pas d'accord. Il confie à Charlez Le Gall 1,30 minute en breton, tous les vendredis. « Il était alors professeur dans un centre d'apprentis de Brest, l'actuel lycée Dupuy de Lome. Ce fut le premier point de fixation de la télé en breton », raconte Fanch Broudig.
Charlez prend le train de Brest le vendredi pour réaliser son émission, revient par un train de nuit le même jour, pour reprendre ses cours le samedi matin ! « Pour 1 minute 30 d'information en langue bretonne ». L'homme ne s'arrête pas là. En 1971, il crée un magazine de 15 minutes, Breizh o veva (La Bretagne vivante), diffusé une semaine sur deux, le mercredi. « Son épouse Channig était la speakerine de l'émission », raconte Fanch Broudig, qui travaille alors avec lui. Et qui prend sa suite en 1975. « Il avait été censuré car on avait coupé l'annonce d'une réunion d'information sur des gens du Front de Liberation de la Bretagne arrêtés la semaine précédente ».
Son épouse n'est pas seulement speakerine. L'auteure raconte son enfance à Argol dans le livre l'Argolienne. Femme de lettres, de théâtre et de scène, elle a contribué à semer la culture en langue bretonne, en réalisant notamment une anthologie bilingue des oeuvres de Per Jakez Hélias, Lagad an Heol, l'oeil du feu. Si aujourd'hui, à Argol, l'école forte de 128 élèves, n'enseigne pas le breton, l'an prochain, le bagad an Arvorig devrait apprendre la musique bretonne aux enfants.
Philippe ATTARD / Ouest-France
Charlez ar Gall a épousé en 1942 Channig Guillamet, fille d'agriculteurs argoliens, quand il était instituteur dans l'école de cette commune que l'on baptisera aujourd'hui de leurs deux noms. « Ce n'était pas un instituteur ordinaire, se souvient Herri Gourmelen, conseiller régional de l'Union démocratique bretonne (UDB). Il avait profité d'un arrêté qui autorisait l'enseignement du breton à l'école primaire. Et il s'en servait pour ses élèves, qui parlaient évidemment breton chez eux ».
Breton à l'école d'Argol
Loin de les punir d'utiliser leur langue maternelle, Charlez ar Gall les poussait aussi à poursuivre leurs études. « Les enfants à cette époque, étaient destinés à devenir paysans pour prendre la suite de l'exploitation familiale. Quand il voyait qu'un enfant avait des possibilités, il poussait les parents à l'envoyer au collège à Châteaulin », explique Henri Le Pape, maire d'Argol, qui a choisi ce nom pour l'école.
Amoureux de la culture bretonne, ce natif de l'Hôpital-Camfrout succède en 1958 au célèbre Per Jakez Hélias sur Radio-Quimerc'h. Il tenait alors une émission hebdomadaire de 40 minutes en langue bretonne sur cette antenne devenue Radio Armorique. « Pour sa chronique, Charlez allait souvent à l'extérieur, raconte Fanch Broudig, qui a dirigé le service des émissions en langue bretonne sur France 3 durant une dizaine d'années. Il allait enregistrer les frères Morvan, les soeurs Goadec ou Loeiz Roparz à leurs débuts, contribuant à la renaissance du fest-noz ». Une activité qu'il a cessée après l'attentat contre les émetteurs de Roc Tredudon en février 1974, qui a coupé les émissions radio et télé durant plusieurs semaines.
Pionnier de la télé en breton
En 1964, le ministre de l'information d'alors, Alain Peyrefitte, inaugure à Rennes Télé-Bretagne, un journal régional d'un quart d'heure sur les deux seules chaînes existantes, la première et la deuxième. Il ne veut pas entendre parler breton. Louis Le Cunff, directeur de cette télé régionale, n'est pas d'accord. Il confie à Charlez Le Gall 1,30 minute en breton, tous les vendredis. « Il était alors professeur dans un centre d'apprentis de Brest, l'actuel lycée Dupuy de Lome. Ce fut le premier point de fixation de la télé en breton », raconte Fanch Broudig.
Charlez prend le train de Brest le vendredi pour réaliser son émission, revient par un train de nuit le même jour, pour reprendre ses cours le samedi matin ! « Pour 1 minute 30 d'information en langue bretonne ». L'homme ne s'arrête pas là. En 1971, il crée un magazine de 15 minutes, Breizh o veva (La Bretagne vivante), diffusé une semaine sur deux, le mercredi. « Son épouse Channig était la speakerine de l'émission », raconte Fanch Broudig, qui travaille alors avec lui. Et qui prend sa suite en 1975. « Il avait été censuré car on avait coupé l'annonce d'une réunion d'information sur des gens du Front de Liberation de la Bretagne arrêtés la semaine précédente ».
Son épouse n'est pas seulement speakerine. L'auteure raconte son enfance à Argol dans le livre l'Argolienne. Femme de lettres, de théâtre et de scène, elle a contribué à semer la culture en langue bretonne, en réalisant notamment une anthologie bilingue des oeuvres de Per Jakez Hélias, Lagad an Heol, l'oeil du feu. Si aujourd'hui, à Argol, l'école forte de 128 élèves, n'enseigne pas le breton, l'an prochain, le bagad an Arvorig devrait apprendre la musique bretonne aux enfants.
Philippe ATTARD / Ouest-France
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