• il y a 9 ans
Mon projet de recherche vise à essayer d’appréhender l’espace méditerranéen sous l’angle de la (re)conquête.

Autant aujourd'hui cet espace se trouble, pris dans les flux de migrants qui l’assaillent de tous les côtés, autant il nous échappe, se déconstruit, laissant un vaste silence s’emparer avec violence de la jeunesse venue d’Afrique. Je suis moi-même, fils d’immigré marocain, de double culture, de mère française, pris dans des émotions permanentes d’allers et de retours entre mes deux pays. Souvent, je suis tenté de dire que dans mon travail je croise autant les doutes de ceux qui retournent au pays (la notion de pays étant elle-même diffuse dans l’héritage culturel), que ceux des migrants qui tentent de rejoindre l’Europe pour y construire une meilleure vie.

Le champ de ce croisement est géographiquement situé en Méditerranée. L’idée d’appréhender cet espace comme un corps est une sensation intime, qui joue d’abord sur une pensée personnelle : le corps migrant est imaginé comme un corps-musée, l’espace méditerranéen un corps organique, des entrailles dans lesquelles il faut plonger pour en comprendre la complexité.

C’est à la lecture d’un récent rapport de la Cimade “Les passagers clandestins sur les navires de marine marchande” (Paloma Maquet et Julia Burtin), que le sort des Polizones m’est apparu le plus représentatif de l’incapacité de la société européenne (dite société d’accueil) à gérer les cas complexes de ceux qu’on appelle aussi les passagers aveugles. En prenant ce cas particulier de voyageur “indésirable” comme exemple type, ou figure au sens politique (la traduction de Polizonès - terme espagnol - viendrait aussi du français polisson, genre d’enfant du quartier, illégitime), mes recherches m’ont amené à mieux comprendre le rapport complexe du corps dans l’espace migratoire.

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