Régionales : et si tout ne se passait pas comme prévu?

  • il y a 9 ans
LA POLITIQUE EN COULISSES - Dominique de Montvalon, rédacteur en chef au Journal du Dimanche, décrypte l'actualité politique. Cette semaine, il aborde les élections régionales de dimanche, dont l'issue pourrait réserver des surprises.

http://www.lejdd.fr/Politique/VIDEO-Regionales-et-si-tout-ne-se-passait-pas-comme-prevu-762421

Le résultat final des élections régionales reste, quoiqu‘on dise, parfaitement imprévisible. J’ai bien dit : le résultat final. D’abord, parce que ces élections se déroulent en deux temps, en deux tours de scrutin, les 6 et 13 décembre. Or, conformément à une logique plusieurs fois vérifiée sous la Vème République, le second tour est rarement la copie conforme du premier. Le 13 décembre, ce sera donc soit une amplification des tendances observées au premier tour, soit une rectification, une rectification éventuellement forte. On a vécu dans le passé les deux cas de figure. Qu’en sera-t-il cette fois?

Un scrutin imprévisible ensuite parce que beaucoup va dépendre, le 6 comme le 13 décembre, du niveau de l’abstention. Plus l’abstention sera forte en effet, plus un parti comme le Front national –dont les supporters sont extrêmement motivés- en tirera profit. A priori, ceux qui envisagent de rester à la maison –manque d’intérêt, colère masquée- ce sont en effet des électeurs de gauche et aussi des électeurs de droite. D’où les appels "citoyens", comme on dit, qu’on aura entendus dans la semaine précédant le premier tour. Cela aura même permis à Martine Aubry sur BFM et à Nicolas Sarkozy à Rouen –deux ténors qui, par ailleurs, se détestent cordialement et ne le cachent pas- de dire presque en même temps : "Votez, mais votez donc!" Plus fort encore : à Paris, c’est Claude Bartolone sur la défensive qui lance : "Réveille-toi, peuple de gauche!" Au fait, une question : pourquoi est-il dans cet état (endormi, passif ou rebelle) le "peuple de gauche"?

Scrutin imprévisible
Un scrutin imprévisible car, si les sondages, photographies de l’opinion à un moment donné, sont un instrument incontournable du débat politique, il n’en reste pas moins qu’une partie des électeurs ont appris à jouer à cache-cache avec eux et que, en plus, des scrutins dans treize régions redécoupées (parfois à la hache) peuvent réserver, y compris aux sondeurs, plus de surprises qu’un scrutin national classique sur l’ensemble du territoire. Enfin et surtout un scrutin imprévisible car jamais peut être sous la Vème République –alors qu’il s’agit d’élire pour six ans treize président des régions, et cela seulement - on n’avait encore vu un scrutin de ce type enseveli à ce point sous une pile de dossiers cruciaux mais sans guère de rapport avec l’objet direct du vote.

Des dossiers cruciaux et omniprésents au point d’être devenus quasi-obsessionnels. Des dossiers qui font qu’on ne sait plus ce qui domine aujourd’hui dans la tête de ceux qui iront voter :
-Iront-ils élire leur président de région, ou bien dire oui ou non à la Cop 21 (dont dépend, dans la version la plus hard, "l’avenir de l’humanité")?
-Iront-ils élire leur président de région, ou bien dire leur grande colère contre ce chômage qui continue chez nous de croître quand il continue de décroître chez nos voisins?
-Iront-ils élire leur président de région, ou bien réclamer que l’Etat soit désormais impitoyable avec les terroristes –souvent salafistes- qui nous mitraillent en plein Paris et ont déclaré la guerre à notre manière, fut-elle tumultueuse, de vivre ensemble?

Double évidence: un scrutin régional, ce n’est pas, en tout état de cause, un scrutin présidentiel ; mais tout scrutin, que cela plaise ou non, contient toujours un message politique.

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