Marc Lanvin était un jeune militant communiste de dix-huit ans assassiné à Achicourt le 29 juin 1968 par ceux que la gauche appellera des « nervis de la droite ».
« Marc Lanvin est à la fois le rappel des événements de mai-juin 1968, de la bataille pour l'union de la gauche et de l'engagement sans réserve d'une jeunesse qui aspirait au changement ». Ces quelques mots, c'est Marcel Roger, figure de proue du PC arrageois, récemment disparu, qui les prononça, appelé en 1990 à inaugurer une salle Marc-Lanvin à Méricourt. Des mots permettant de mesurer tout le contraste entre le triste destin d'un jeune ouvrier textile (à La Maille, qui employait 800 ouvriers) et l'inattendue popularité promise ensuite à ce militant, érigé bien malgré lui icône de toute une génération de la gauche arrageoise.
29 juin 1968. Nous sommes à la veille du 1er tour d'un scrutin législatif voulu par de Gaulle. Le Général a dissous l'Assemblée nationale un mois auparavant, voyant dans cette solution l'ultime réponse pour sortir de cette crise de Mai 1968, pour sortir de cette « chienlit », comme il l'appelle. À Arras, Guy Mollet est le candidat unique de la gauche (lire page suivante). Et voici pourquoi Marc Lanvin, qui a adhéré au PCF en avril, se retrouve embarqué dans la même voiture que des militants socialistes. Affecté à la surveillance de routine des panneaux électoraux. À 23 heures, la Citroën DS à bord de laquelle le jeune Marc a pris place arrive à hauteur de la rue Pasteur, à Achicourt. Soudain, face au numéro 52, surgit une estafette, qui se met en travers de la route. Marc Lanvin bondit le premier hors de la voiture. Les coups de feu partent. Cinq en tout. L'un d'eux aura raison du jeune riverain de la rue des Hortensias. Touché au cœur et à l'aorte, il s'écroule, alors que ses agresseurs prennent la fuite.
Tandis qu'alerté, Guy Mollet accourt au chevet du jeune homme, un dispositif de barrage est rapidement mis en place par la gendarmerie pour tenter de retrouver l'estafette. Ce n'est qu'au petit matin que les six individus seront finalement cueillis par la police, à leur domicile. Et le fourgon repéré à Rouvroy. Le Parquet entend quelques heures plus tard les six comparses. La camionnette a été louée à un entrepreneur arrageois par l'UDR (Union pour la défense de la République, parti gaulliste), le temps de la campagne de Paul Theetten, adversaire de Guy Mollet. Ils passent vite aux aveux. Jean-Claude Wallein, 26 ans, instructeur arrageois, le premier. L'autopsie ayant déterminé que c'est une balle de calibre 7,65, l'une des trois qu'il a tirées, il sera inculpé d'homicide volontaire André Verlay, 40 ans, surnommé « Le Légionnaire », qui a tiré deux coups de 22 long rife, est, lui, accusé d'homicide involontaire. Jacques Thuilliez, 28 ans, voyageur de commerce Francis Clerdan, 25 ans, instituteur et Michel Nourry, 18 ans, commis d'architecte, sont considérés comme complices.
Hubert Féret - La Voix du Nord
« Marc Lanvin est à la fois le rappel des événements de mai-juin 1968, de la bataille pour l'union de la gauche et de l'engagement sans réserve d'une jeunesse qui aspirait au changement ». Ces quelques mots, c'est Marcel Roger, figure de proue du PC arrageois, récemment disparu, qui les prononça, appelé en 1990 à inaugurer une salle Marc-Lanvin à Méricourt. Des mots permettant de mesurer tout le contraste entre le triste destin d'un jeune ouvrier textile (à La Maille, qui employait 800 ouvriers) et l'inattendue popularité promise ensuite à ce militant, érigé bien malgré lui icône de toute une génération de la gauche arrageoise.
29 juin 1968. Nous sommes à la veille du 1er tour d'un scrutin législatif voulu par de Gaulle. Le Général a dissous l'Assemblée nationale un mois auparavant, voyant dans cette solution l'ultime réponse pour sortir de cette crise de Mai 1968, pour sortir de cette « chienlit », comme il l'appelle. À Arras, Guy Mollet est le candidat unique de la gauche (lire page suivante). Et voici pourquoi Marc Lanvin, qui a adhéré au PCF en avril, se retrouve embarqué dans la même voiture que des militants socialistes. Affecté à la surveillance de routine des panneaux électoraux. À 23 heures, la Citroën DS à bord de laquelle le jeune Marc a pris place arrive à hauteur de la rue Pasteur, à Achicourt. Soudain, face au numéro 52, surgit une estafette, qui se met en travers de la route. Marc Lanvin bondit le premier hors de la voiture. Les coups de feu partent. Cinq en tout. L'un d'eux aura raison du jeune riverain de la rue des Hortensias. Touché au cœur et à l'aorte, il s'écroule, alors que ses agresseurs prennent la fuite.
Tandis qu'alerté, Guy Mollet accourt au chevet du jeune homme, un dispositif de barrage est rapidement mis en place par la gendarmerie pour tenter de retrouver l'estafette. Ce n'est qu'au petit matin que les six individus seront finalement cueillis par la police, à leur domicile. Et le fourgon repéré à Rouvroy. Le Parquet entend quelques heures plus tard les six comparses. La camionnette a été louée à un entrepreneur arrageois par l'UDR (Union pour la défense de la République, parti gaulliste), le temps de la campagne de Paul Theetten, adversaire de Guy Mollet. Ils passent vite aux aveux. Jean-Claude Wallein, 26 ans, instructeur arrageois, le premier. L'autopsie ayant déterminé que c'est une balle de calibre 7,65, l'une des trois qu'il a tirées, il sera inculpé d'homicide volontaire André Verlay, 40 ans, surnommé « Le Légionnaire », qui a tiré deux coups de 22 long rife, est, lui, accusé d'homicide involontaire. Jacques Thuilliez, 28 ans, voyageur de commerce Francis Clerdan, 25 ans, instituteur et Michel Nourry, 18 ans, commis d'architecte, sont considérés comme complices.
Hubert Féret - La Voix du Nord
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