• il y a 7 ans
La ministre de Justice, Nicole Belloubet, très disponible et à l’écoute, est venue prendre le pouls de la justice des mineurs en terre arrageoise. En l’occurrence, elle a visité l’unité éducative d’hébergement collectif (UEHC) de la rue des Capucins.

«  Je n’avais pas encore eu l’occasion de voir d’établissement de la protection judiciaire de la jeunesse et cela manquait à mon arc, a-t-elle confié ce vendredi midi. Je suis déjà allée à la rencontre des juridictions, dans une prison, mais pas en PJJ  ».
À Arras, elle a eu l’occasion de découvrir des «  jeunes volontaristes  », hébergés sur décision de justice dans une structure destinée à remettre les mineurs sur le droit chemin. Et a «  apprécié les partenariats  » noués localement, «  facteurs de réussite très puissants  ».
La garde des Sceaux a ainsi pu confirmer son souhait, déjà défloré dans une interview au Figaro, de «  diversification des réponses pénales  » en vue de désengorger les tribunaux. Un serpent de mer repris par la plupart des ministres de la Justice ces dernières années. Elle a aussi indiqué que «  le gouvernement réfléchit à une loi de programmation quinquennale  », qui pourrait déterminer précisément les moyens financiers alloués à la justice. Une proposition de loi en ce sens doit être déposée pour 2018-2022. Une sanctuarisation d’enveloppe qui devrait être précédée d’arbitrages et d’échanges.

Au-delà de la visite ministérielle, on a pu découvrir l’unité éducative d’hébergement collectif (UEHC) d’Arras, située dans une grande bâtisse où sont hébergés douze mineurs, âgés de 14 à 17 ans. Ils viennent pour la plupart de l’Arrageois, mais aussi du Lensois, du Béthunois et même de Lille.
Quatorze éducateurs s’y relaient au quotidien, y compris la nuit, pour encadrer ces jeunes arrivés sur décision de justice après la commission d’infractions ou de délits. On parle ici de vols, agressions sexuelles, de violences, d’affaire de stupéfiants… Le placement, décidé par la juge des enfants ou le juge d’instruction, dure au minimum six mois, mais la prise en charge moyenne tourne plutôt autour de neuf à dix mois, selon Gérald Benard, responsable de l’unité. Si le jeune ne respecte pas les règles ou pose problème, cela peut remonter jusqu’au juge et les sanctions tombent alors.
C’est ainsi qu’on a découvert, en poussant la porte, d’étonnantes activités auxquelles sont associés des jeunes. Il n’y avait qu’à voir ce jeune homme en plein soin du visage, réalisé par deux éducatrices, pour comprendre l’originalité de la démarche. Marie Leroy, 32 ans, éducatrice, a été bercée dans son enfance par une mère esthéticienne.
Elle propose ainsi son savoir-faire, une fois par mois, pour «  apaiser ces jeunes qui ont besoin de prendre soin d’eux, de leur peau, dans une atmosphère calme  ». Elle réalise aussi des séances d’équithérapie à Mont-Saint-Éloi, car cavalière. Marina Hennebique, éducatrice également, est plutôt axée sport (boxe thaï, cross fit, basket-ball) et propose des ateliers pour favoriser le «  dépassement de soi  ».

Gérald Benard nous apprend aussi qu’il y a des ateliers de cuisine, de rap aussi (un CD est même sorti), et qu’une semaine de tour du Mont-Blanc a eu lieu l’an dernier. «  Ces gamins sont capables de tout, il faut juste les cadrer  ». Y compris dans la recherche de stages ou de démarches. Évidemment, la vie à l’UEHC n’est pas de tout repos tous les jours, des incidents arrivent, mais «  on ne laisse rien passer  » décrypte Boris, éducateur.
Il existe aussi des contraintes budgétaires qui nécessitent de faire des choix pédagogiques au détriment de travaux d’infrastructures, mais les résultats sont là, selon les spécialistes de la justice des mineurs.

Les UEHC, communément appelés « foyer », font partie du panel de prises en charge dont dispose la protection judiciaire de la jeunesse. Ces unités assurent l’accueil des mineurs sous mandat judiciaire, y compris en urgence. Elles ont une capacité d’accueil de 12 jeunes âgés de 13 à 18 ans.
Les Centres éducatifs fermés accueillent, eux, des mineurs de 13 à 18 ans, multi-récidivistes dans la majorité des cas, placés sur décision judiciaire dans le cadre d’un contrôle judiciaire, d’un sursis avec mise à l’épreuve ou d’une libération conditionnelle.

Extraits d'un article de La Voix du Nord par Samuel Cogez

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