• il y a 7 ans
Rencontrez le «Prince Vert», plus grand des indics palestiniens
EspionnageUn documentaire palpitant sur l’histoire de Mosab Hassan Yousef est projeté en première suisse à Genève, au Festival international du film juif.
Difficile d’oublier ce regard. Face caméra, les yeux dans les yeux, Mosab Hassan Yousef vous confie son incroyable histoire: comment il est devenu un traître. Et pas n’importe lequel. Lui, le fils du cofondateur du Hamas en Cisjordanie, lui qui était aussi son assistant personnel, fut recruté par le Shin Bet israélien et devint le plus important informateur de tous les temps. «Le Prince Vert», tel était son surnom dans l’agence. C’est aussi le titre du documentaire palpitant de Nadav Schirman qui sera projeté, en première suisse.

«Mon père, Hassan Yousef, les gens venaient de partout pour écouter ses prêches du vendredi», se souvient Mosab. «Il était convaincu que l’islam sauverait l’humanité. Il a sacrifié 16 ans de sa vie dans les geôles israéliennes. Alors moi, en grandissant, je n’avais qu’une idée en tête: la vengeance. Mais voilà, je me suis fait pincer tout de suite, en tentant d’acheter des armes.

Les Israéliens m’ont fait subir des interrogatoires musclés. Ils m’ont forcé à me tenir durant des heures dans des positions douloureuses. J’ai été systématiquement privé de repos. Au final, j’ai accepté de collaborer, en me disant qu’une fois dehors je n’en ferais rien.»

"J'avais grandi dans le mensonge

Puis tout à changé. Jeté en prison pour ne pas éveiller de soupçon parmi les Palestiniens, il y voit des responsables du Hamas infliger les pires tortures à des codétenus pour leur faire «avouer» une prétendue collaboration avec les Israéliens et «cracher» les noms d’autres indics supposés.

«Est-ce pour ce Hamas-là que mon père avait sacrifiait la vie de famille? Est-ce pour cela que j’étais censé me battre? J’avais grandi dans le mensonge.» Son malaise croît encore avec la multiplication des attentats suicides. «Nos prétendus héros n’étaient que des lâches qui envoyaient à la mort des femmes et des enfants!»

Se produit alors l’impensable. Espérant sauver des vies, Mosab Hassan Yousef transmet des informations à l’agent que le Shin Bet lui a attribué: Gonen Ben-Itzhak, lui-même fils d’un général israélien.De 1997 à 2007, ces deux-là vont lier une relation de confiance dans un secret absolu, à l’insu même de la plupart des agents au Shin Bet.

Faux semblants

Aux yeux du renseignement, le «Prince Vert» était si important que de fausses attaques ratées israéliennes furent montées de toutes pièces pour s’assurer que d’autres services ne parviennent à éliminer Hassan Yousef avant qu’il ait le temps de se terrer. Par la même occasion, son fils devenait un rouage incontournable de sa communication. Et donc encore plus précieux pour les Israéliens.

Cette étonnante histoire prend fin avec la fuite aux Etats-Unis du Prince vert, sa demande d’asile refusée à cause de ses liens avec le Hamas terroriste, puis un dernier coup de théâtre: le témoignage apporté outre-Atlantique par Gonen Ben-Itzhak, qui enfreint pour lui une toute dernière fois les règles du Shin Bet.

«Le Prince Vert» n’est pas le seul film digne d’intérêt dans ce Festival juif (GIJFF), qui panache documentaires et fictions, comédies et drames, politiques ou sociaux, d’Israël ou de la diaspora... L’occasion, en cinq jours, de saisir toute la complexité d’une culture multiple.

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