• il y a 6 ans
Pyrénées-Atlantiques. Elle avait étouffé sa fille afin d’attirer l’attention.

La cour d’assises de Pau juge jusqu’à jeudi, une femme de 32 ans accusée d’avoir étouffé sa fille de deux ans et demi en juin 2014 au Pays basque. Elle était atteinte du syndrome de Münchhausen par procuration, pathologie provoquant des symptômes chez autrui dans le but d’obtenir attention et compassion sur elle-même.

Un père inexistant, une mère alcoolique, des coups, deux viols à 6 et 9 ans : la cour d’assises de Pau a entendu lundi l’enfance de grande instabilité d’une jeune mère, jugée pour avoir étouffé sa fille de deux ans et demi, pour attirer l’attention sur elle-même.

En proie au rare syndrome de maltraitance dit « de Münchhausen par procuration », Laëtitia Pita-Viera, 32 ans, encourt la réclusion criminelle à perpétuité pour le meurtre en juin 2014, de la petite Lilyana. L’enfant avait été retrouvée morte étouffée au domicile familial à Bussunarits-Sarrasquette (Pyrénées-Atlantiques), un village du pays basque intérieur, où elle vivait avec son mari et ses sept enfants.

Syndrome de Münchhausen
Faute de traces sur le corps de l’enfant, une première expertise conclut à une « défaillance cardio-respiratoire », possiblement accidentelle. Mais un médecin qui suivait la jeune mère, hospitalisée plusieurs fois en psychiatrie, alertera la justice : sa patiente, citant des cauchemars, lui confiait « avoir pu jouer un rôle actif » dans le décès.

Un examen diagnostiquera alors un « syndrome de Münchhausen par procuration » (SMPP), pathologie mentale par laquelle une personne, un adulte, provoque des symptômes chez autrui, souvent un enfant dont il a la charge, dans le but d’obtenir attention et compassion sur elle-même.

La mère est également soupçonnée d’avoir essayé d’asphyxier à plusieurs reprises un autre de ses enfants, hospitalisé à sept mois en 2005. Un médecin avait alors diagnostiqué chez la mère un SMPP. Mais l’existence de mauvais traitements sur l’enfant n’avait pu être établie.

Trois à quatre verres de whisky par jour
« Je voulais que le petit ne respire plus pour que les infirmiers viennent s’en occuper… je faisais pareil avec Lilyana. Je l’étouffais avec ma main », déclarait Laetitia aux enquêteurs. Au premier jour du procès lundi, l’accusée, qui est en détention et sous traitement anti-dépressif, a évoqué d’une voix faible son alcoolisme chronique - elle buvait trois à quatre verres de whisky par jour et avait 1,40 g d’alcool par litre de sang le soir du drame, le 21 juin 2014.

Elle cite aussi les coups dans son couple avec Sébastien, le père de Lyliana, avec qui elle vivait au moment des faits. « L’alcool était entre nous. On se tapait dessus, surtout lui me tapait dessus, il me tirait les cheveux », a-t-elle déclaré calmement, évoquant la « dépression », les « idées suicidaires », les « tentatives », derrière ses hospitalisations en psychiatrie entre 2013 et 2014. Le verdict est attendu jeudi.

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