• il y a 5 ans
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Lui, c’est Billy et il ne sait pas lire. Il n’est ni aveugle, ni stupide, rien de tout ça. Il est dyslexique. Ça veut dire que, de façon générale, il ne sait ni lire ni écrire. Ou mieux, il peut le faire, mais 100 fois plus lentement que les autres. Mais ne sois pas désolé pour lui ! Il est heureux comme ça. Voici l’histoire de ce qui lui est arrivé.
Ses parents lui avaient toujours dit qu’il devait être le meilleur dans ses études pour réussir dans la vie. Ils avaient tous les deux beaucoup de succès : son père est avocat et sa mère est physicienne, donc son avenir était tout tracé dès sa naissance. Il était censé devenir neurochirurgien, rien que ça ! Et en effet, dès ses premières années, Billy avait fait déjà beaucoup d'apprentissages précoces - des maths, de la science pour enfants, ce genre de choses. La seule chose qui a vite perturbé ses parents, c'est qu’il n'avait pas réussi à apprendre à lire. Mais il était encore très petit, alors ils se sont dit que de toute façon, à l'école, ils allaient s'occuper de ça.
Quand l'école a commencé, Billy a tout de suite vu que qu’il était plus lent que les autres enfants. C'était étrange - il ne s’était jamais senti bête avant ; il avait l'esprit vif et il comprenait vite tout ce qu'on lui expliquait. Mais quand il s'agissait de lire ou de travailler avec un texte, il avait l'air d'un vrai attardé. Encore pire en écriture. Pour lui, les lettres ressemblaient à des gouttes d'eau qui changeaient constamment de forme et de taille. Ses professeurs lui disaient de se concentrer, mais que faire si pour lui, c'était comme des mouches sur du papier qui prenaient leur envol ?
Billy se souvient de son premier examen noté. Il a compris que c'était très important de ramener une bonne note à ses parents, pour leur montrer qu’il n'était pas stupide. Il a fait de son mieux, mais il n'a eu le temps de répondre qu'à 3 questions sur 12. Il ne comprenait pas pourquoi, les questions n'étaient pas difficiles, il connaissait les réponses, mais il lui avait fallu beaucoup de temps pour comprendre ce qui était écrit et pour rédiger les réponses. Il suait à grosses gouttes. La dernière chose qu’il a réussi à faire, c'est écrire son nom sur la feuille, Bill Libiot. En voyant son examen, l'enseignante lui a demandé de se lever et de lire son nom sur la feuille. "Bill Libiot", dit-il. Elle a insisté pour qu’il le lise sur sa feuille. En s’efforçant, il a lu ce qu’il avait écrit. C'était "Bill Lidiot". Tout le monde se moquait de lui et il était là, tout gêné. "Lidiot" est devenu son surnom à partir de ce moment.
Le médecin a d’abord dit aux parents de Billy qu’il avait un don, et ils ont été très impressionnés de le constater par eux-mêmes. Il a ensuite dit que Billy était atteint de dyslexie et que c'était une maladie chronique qui pouvait être améliorée mais pas soignée, et qu’il devrait s'adapter aux études d'une manière ou d'une autre. Il leur a recommandé d’avoir plus de temps pour les examens et d'utiliser plus de matériel audio. Pourtant, après un certain temps à l'école, Billy a compris qu’il était définitivement à la traîne. Tout le monde se moquait encore de lui. Il avait du mal à se concentrer sur les sujets et ses notes n'ont cessé de baisser. C'est ainsi que ses parents l'ont inscrit dans une autre école, spécialisée dans l'enseignement créatif individualisé.
C'est comme ça qu’il a découvert qu’il était plutôt intelligent ! Il a eu un tuteur qui a adapté tous les cours à sa compréhension visuelle. Il a eu des exercices créatifs pour dessiner un procédé ou une règle au lieu de le décrire par écrit ; ainsi que des livres audio au lieu de manuels scolaires. Et il a aussi pris des cours d'art où il est devenu le meilleur en un clin d'œil !
Billy est encore loin d'avoir terminé ses études - c’est un jeune ado. Mais il sait déjà ce qu’il veut être, il n'y a pas de doute - il veut être artiste, parce que c'est la chose qu’il aime le plus dans sa vie. Mais sans la dyslexie, il aurait dû étudier toutes ces choses pour lesquelles il n’est pas très doué et il n'en serait pas arrivé à faire ce qu’il aime, c'est-à-dire dessiner. Maintenant, il peut dire qu’il est heureux de laisser toutes ces lettres s’envoler - il se sent mieux sans elles.

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