Dans le delta du Niger, au cœur de la mangrove, se cachent des centaines de raffineries clandestines, des « cooking spots ». C’est le fief des preneurs d’otages et des groupes armés. Depuis une dizaine d’années, ces hommes sèment la terreur dans la région. Peu de caméras ont réussis à pénétrer le monde clos de ces voleurs de pétrole. Pendant un mois, avec l’aide de l’un d’entre eux, nous avons réussis à filmer la vie quotidienne de ces trafiquants… D’un côté, le Nigéria. Une région très instable, aux enjeux économiques et politiques à l’échelle planétaire. C’est le principal producteur de pétrole en Afrique et l’un des dix premiers producteurs au monde. 95 % de ses revenus proviennent de cet « or noir ». De l’autre, les pays occidentaux, gros consommateurs de carburant, pour qui, ce pétrole est indispensable. Entre les deux, les populations du Delta du Niger, à l’écart de cette manne et des énormes bénéfices générés par cet « or noir » ! Se sentant dépossédées, elles multiplient les actions armées pour détourner une partie de la production de pétrole. Surnommé le « Bonny light », c’est l’un des pétroles bruts les plus purs au monde. Il est si pur, dit-on, qu’il pourrait faire marcher un moteur sans aucun traitement, dès son extraction… Mais les voleurs du Delta doivent tout de même le raffiner. Ils mettent le « brut » dans des barils coupés en deux, le chauffent et l’arrosent de produits chimiques. L’opération est dangereuse. Ca peut exploser à tout moment. Pour que leurs vêtements ne prennent pas feu et qu’ils ne se transforment pas en torches vivantes, les trafiquants, travaillent nus, dans une atmosphère irrespirable, sans la moindre protection. Ils n’ont pas le choix. Pour survivre, ils doivent prendre des risques. Une fois raffiné, ce carburant est mis dans des seaux avant d’être transvasé dans des bidons. Il est ensuite raffiné artisanalement et distribué sur le marché parallèle des pays voisins. Cette route de l’ « or noir » passe par le Cameroun, le Bénin, le Togo et le Ghana. Mais dans le Delta le pétrole est surtout un fléau. L’eau est polluée. La terre, les champs, les forêts sont souillés. Ici, le pétrole est une malédiction. Les villageois vivent tous au dessous du seuil de pauvreté. Dans le village d’Okrika il n’y a ni eau potable, ni électricité. Alors, pour survivre, la plupart des paysans ont une étrange activité. Ils vont pêcher du sable. C’est le cas de Daniel, 55 ans, qui pour nourrir sa famille, creuse inlassablement le fond des rivières, en quête de sable. Un métier impensable, dur et épuisant, pour ce nouveau forçat du Nigéria. Tous les jours et parfois même la nuit, entièrement nu, il plonge à 5 mètres de profondeur, pour remplir des seaux de sable. Lorsque son embarcation est pleine, il doit la livrer loin de là, au bout du fleuve. Une fois son bateau déchargé, il recommence inlassablement sa besogne…. ! Une fois le pétrole volé et raffiné, il faut le livrer. Le Bénin, pays voisin, en est un grand consommateur. Au Sud du pays, le long de la frontière, le trafic de pétrole est une véritable industrie qui alimente 70% de sa consommation nationale. Tous les jours, Antoine, 25 ans, risque sa vie pour transporter ce pétrole volé sur sa moto. Véritable « bombe roulante », à chaque voyage il porte plus de 700 litres de pétrole, avec pour seule protection, les dieux vaudous !
Auteurs : Daniel Lainé, David Geoffrion
Auteurs : Daniel Lainé, David Geoffrion
Category
📺
TV