La nouvelle comédie drôle et décalée « Mandibules » est enfin au cinéma après de nombreux reports de date de sortie. À cette occasion, Adèle Exarchopoulos nous parle de son personnage Agnès mais aussi d’amitié.
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00:00 Du coup, Elle.fr, c'est Adèle Exarchopoulos.
00:01 Si je devais faire l'intro du Elle en Agnès,
00:09 ça durerait très longtemps.
00:11 Ce serait très malaisant.
00:13 Et je pense que ça ferait ça.
00:14 Mais très longtemps, genre jusqu'à 18 heures.
00:22 J'avais lu le scénario qui est un peu comme une partition déjà,
00:28 c'est-à-dire extrêmement précis avec beaucoup d'exigences
00:30 et où mon personnage avait tout de suite ce côté très édulcoré
00:33 et ce problème d'élocution où elle parle, elle hurle quand elle parle.
00:37 Et du coup, c'était en gras, en majuscules.
00:39 Je me suis préparée pour le casting où j'avais une scène d'absurde.
00:42 Et une fois que j'ai eu le rôle, avec Quentin, on a vraiment vu pour les décibels,
00:46 c'est-à-dire pour ne pas en faire un personnage non plus agaçant.
00:48 Et après, j'ai essayé de la rendre extrêmement sincère,
00:51 de faire en sorte qu'elle joue presque faux.
00:53 C'est un peu les marginaux où la forme n'y est pas en fait,
00:56 mais le cœur y est.
00:57 C'est comme les gens qui n'ont pas les mots alors qu'ils ont tout dans les yeux ou dans le cœur.
01:01 Et il y avait quelque chose, je ne voulais pas que ça s'aligne entre mon cerveau et mon cœur.
01:03 Du coup, je me suis vraiment anesthésié le cerveau à essayer de ne pas réfléchir
01:07 sans en faire quelqu'un de bête parce qu'au contraire,
01:09 c'est la plus lucide de ce film finalement et la plus profonde.
01:12 Et du coup, j'ai vraiment essayé de retrouver ce truc très enfantin en fait,
01:16 de liberté, d'insouciance et de trouver quelque chose dans le corps d'extrêmement étrange.
01:20 Et après, je n'ai pas trop cérébralisé.
01:22 Je me suis dit si toi, tu crois à ça, alors ça existe en fait.
01:25 C'est une histoire sur l'amitié de deux garçons qui trouvent une mouche dans un coffre de voiture
01:32 et qui décident de l'élever pour se faire de l'argent.
01:34 Sauf que sur leur route, ils vont croiser une équipe de filles qui pensent se connaître d'avant.
01:38 Donc, ils vont venir vivre chez elles.
01:40 Et dans cette équipe, il y a une femme qui s'appelle Agnès, mon personnage,
01:43 qui a un problème d'élocution depuis un accident de ski.
01:45 Elle hurle quand elle parle et donc eux, ils cachent la mouche bien sûr.
01:48 Et elle va commencer à mener une enquête un peu de folle, toute seule dans sa tête.
01:53 Et du coup, comment je décrirais Agnès ?
01:57 Pour moi, une fois de plus, elle est lucide, elle est profonde, elle est sincère.
02:01 C'est quelqu'un qui n'arrive pas forcément à se faire comprendre, pas forcément à se faire accepter.
02:05 Je sais que moi, j'en connais plein comme ça dans mes équipes
02:08 ou que je peux observer ça un peu partout.
02:09 Ça me fait presque penser au cinéma de De Pardon.
02:11 Parfois, on n'a pas la forme, on n'a pas les conventions, on n'a pas les codes.
02:15 Mais ça n'empêche qu'on a énormément d'humanité en fait.
02:19 Et j'aime bien ces gens qui ne sont dans aucun camp, dans aucune forme de convention.
02:24 Et pour moi, Agnès, c'est elle.
02:25 Moi, j'ai toujours voulu faire de la comédie.
02:30 Je suis une grande cliente de comédie.
02:31 Je regarde depuis que je suis petite, The Maiden Dumber, Sinfield, Friends, tout ça.
02:36 Et c'est vrai que j'ai toujours rêvé de faire de la comédie.
02:39 Alors, ce n'est jamais vraiment venu à moi au point où je me suis dit,
02:41 bon, ça ne viendra pas, donc soit va falloir l'écrire tout seul, soit voilà.
02:46 Et j'ai eu la chance cette année de rencontrer Jonathan.
02:48 Enfin, c'est mon ami, mais artistiquement, de travailler avec Jonathan Cohen
02:52 et son co-scénariste et réalisateur Jérémy Galland.
02:54 Et après, il y a eu Dupieux.
02:55 Voilà, moi, le cinéma Dupieux, depuis cette ère que je le suis,
02:58 je trouve que c'est extrêmement original et singulier.
03:02 Et du coup, j'avais trop de chance d'être entre les mains de ces deux maîtres en fait.
03:05 Donc franchement, pour une entrée en comédie, je me sens super chanceuse.
03:09 C'est la scène où il y a un face à face entre Agnès et la mouche,
03:15 parce que j'ai l'impression, en tout cas, c'est ce que je me raconte,
03:17 mais qu'elles se reconnaissent.
03:19 Vous savez, c'est qu'on...
03:20 Enfin, comment expliquer ?
03:22 On se côtoie tous, on se confie des choses, etc.
03:24 On s'apprivoise, on est un peu comme des animaux,
03:26 mais c'est très rare de se dire que tu comprends quelqu'un profondément
03:29 sans avoir besoin de mots.
03:30 C'est même au-delà de la complicité.
03:33 Ce que je raconte, c'est vraiment un truc de foi, quoi, presque.
03:35 Et pour moi, le moment où elle voit la mouche,
03:38 je pense que c'est la première fois qu'elle voit quelqu'un qui la comprend.
03:42 Et du coup, ça l'effraie autant que...
03:43 Après, c'est ce que je me raconte, je suis vraiment...
03:45 Voilà, la mouche et moi.
03:47 Je n'ai pas vraiment d'anecdote particulière.
03:53 Déjà, c'est assez marrant d'avoir une mouche au HMC,
03:55 habillage, maquillage, coiffure, qui est avec nous,
03:58 qui a besoin de la même attention, voire un petit peu plus.
04:00 Parce que c'était beaucoup, beaucoup d'effets et qui est extrêmement bien faite.
04:03 Donc déjà, on joue avec une mouche.
04:05 Après, la moitié des scènes, c'est quand même extrêmement loufoque.
04:09 Soit il y a des crottes, soit...
04:11 Voilà, il faut hurler.
04:12 Et surtout, c'est vrai que mon personnage, il amenait quelque chose
04:14 où c'était quand même super dur de se concentrer, même pour l'ingé son,
04:17 tellement je devais hurler.
04:18 Et du coup, il y a eu beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup de faux rires.
04:21 Je me rappelle que la première fois que tout le monde m'a vu en agnès,
04:25 c'était impossible de ne pas rigoler.
04:26 Je ne vais pas vous convaincre, je pense que c'est une période où il ne faut pas se forcer.
04:34 Mais honnêtement, "Mandibule", c'est une expérience de lumière et de cinéma.
04:38 Je pense qu'on a tous besoin un peu de légèreté et de lumière en ce moment,
04:42 vu à quel point la société agonise.
04:45 C'est quand même des acteurs exceptionnels.
04:47 Je parle de mes camarades.
04:49 C'est du cinéma dupieux, c'est léger, ça dure une heure dix-sept.
04:52 Franchement, ça fait du bien.
04:53 D'explorer un genre que je n'avais jamais exploré avant,
05:00 la comédie, ça m'effrayait un peu parce que moi, ce qui me fait rire,
05:02 c'est quand les choses sont très sincères et très premier degré,
05:04 en fait, quand ce n'est pas des sketchs ou que le contexte qui joue.
05:08 Donc, c'était vraiment de construire un rôle de composition
05:10 qui était extrêmement loin de moi,
05:12 de construire quelque chose de complètement absurde, en fait.
05:15 Ce qui m'a plu dans ce rôle, c'est elle, en fait.
05:17 Et puis, je me reconnais.
05:18 Tous ces moments où, en société, on se sent un peu incompris,
05:20 on se dit "Waouh, il a dû me juger, l'autre, il pense ça,
05:23 j'étais comme ci, j'étais comme ça".
05:24 Agnès, pour moi, c'est quelqu'un de libre et c'est ce à quoi j'aspire, en vrai.
05:27 Donc, c'était hyper jouissif d'être avec elle.
05:30 Pour moi, c'est super important, l'amitié.
05:35 C'est vraiment la famille qu'on choisit,
05:38 les gens avec qui on décide de grandir.
05:40 Pour moi, je sais qu'au quotidien, j'ai peu d'amis,
05:43 mais mes vrais amis, c'est des gens qui n'ont absolument pas peur de me...
05:48 Leur bienveillance, c'est au-delà de la peur de me perdre, en fait.
05:51 C'est-à-dire que si quelque chose n'est pas bon pour moi,
05:54 ils me le diront.
05:55 Si quelqu'un n'est pas bon pour moi, ils me le diront.
05:57 C'est des gens qui tirent quand t'es dans la lumière,
05:59 qui arrivent à sauver un malaise, une situation avec du rire.
06:03 C'est des gens avec qui tu traverses la vie.
06:04 C'est super important pour moi, l'amitié.
06:06 Voilà, en amitié, j'attends de...
06:09 On est humain, on fait des erreurs,
06:10 mais je sais que j'ai des amis
06:12 qui ont beaucoup d'auto-dérision, qui sont très loyaux.
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06:20 [Musique]