• il y a 2 ans
CINÉMA - Kad Merad fait son retour dans les salles de cinéma ce mercredi 14 septembre dans Citoyen d’honneur, long-métrage dans lequel il incarne un écrivain à succès, qui décide de revenir en Algérie 35 ans après avoir quitté son village natal… Mais le film n’a pas été tourné en Algérie, et son réalisateur Mohamed Hamidi a expliqué au HuffPost pourquoi, dans la vidéo à découvrir en tête de cet article.

Le cinéaste franco-algérien, également directeur artistique de l’incontournable Marrakech du rire, explique qu’il est techniquement plus difficile de tourner des films en Algérie. Notamment depuis la dissolution du Fonds de développement de l’art, de la technique et de l’industrie cinématographique en décembre 2021, qui a mis à mal le secteur.

« Le Maroc est une terre de cinéma depuis Star Wars, Gladiator, Homeland… Toutes les productions américaines se font là-bas, ce qui fait qu’il y a beaucoup d’équipes et beaucoup de techniciens et de matériel », décrit celui qui a déjà tourné Né quelque part et La Vache au Maroc. Deux films dont l’intrigue se déroulait pourtant aussi en Algérie.

L’autre raison qui a poussé Mohamed Hamidi à préférer les paysages d’Amizmiz au Maroc est plus politique. Le réalisateur n’est pas certain qu’il aurait pu tourner toutes les scènes de son film en Algérie, notamment celles durant lesquelles on voit Kad Merad dans la rue, manifestant contre le gouvernement un vendredi de « Hirak ».

Ce mouvement pacifiste a vu des millions d’Algériens manifester dans les rues entre 2019 et 2021. Il visait à réclamer plus de démocratie et pousser Abdelaziz Bouteflika à renoncer à briguer un cinquième mandat.

« La question du propos se pose. Est-ce qu’avec un scénario comme le mien j’aurais eu les autorisations pour tourner en Algérie ? J’ose penser que oui car ce n’est pas un film politique. On aborde l’Algérie d’aujourd’hui avec toute sa complexité. Même si c’est avec humour, je ne sais pas si on m’aurait autorisé à tourner ce scénario-là là-bas. C’est vrai qu’en étant au Maroc je suis plus libre, car on ne vient pas me demander ce que je raconte et pourquoi je le raconte », confie le réalisateur, symbole que même si ce printemps algérien a permis au pays d’évoluer, il reste encore beaucoup à faire.

Le scénario a été écrit en plein « Hirak » et le réalisateur s’est inspiré de cette jeunesse qui a soif de démocratie pour construire ses personnages. C’est notamment le cas de Selma incarnée par l’étincelante Oulaya Amamra. Celle qui avait remporté le César du meilleur espoir féminin en 2017 crève l’écran dans le rôle de cette jeune étudiante particulièrement engagée, qui n’hésite pas à utiliser sa plume et sa voix pour faire bouger les choses dans son pays. Un engagement qui ne passe pas du tout auprès des autorités dans le film, qui essayent de la faire taire.

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