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Et si la couleur de notre peau, nos origines ou notre classe sociale déterminaient nos chances de trouver l’amour ? Dans son livre « Amour Silenciées », Christelle Murhula repense la « révolution romantique » à travers son expérience.
Transcription
00:00 toutes les femmes ne sont pas égales dans l'accès à l'amour.
00:02 C'est-à-dire qu'une femme valide n'aura pas du tout
00:06 les mêmes chances en amour qu'une femme handicapée.
00:08 Une femme mince n'aura pas du tout les mêmes chances qu'une femme grosse.
00:12 *Musique*
00:28 *Musique*
00:57 Je peux considérer qu'il y a des exclus dans la révolution romantique.
01:00 Comment est-ce qu'on tombe amoureuse
01:02 et comment est-ce qu'on construit des relations amoureuses
01:05 quand on est une femme handicapée ?
01:07 Ça, je ne l'ai pas forcément beaucoup lu dans les textes
01:10 et dans les podcasts qui ont été créés.
01:13 Les femmes qui ont eu le privilège de pouvoir analyser
01:16 justement ce qu'est la révolution romantique
01:18 et analyser le couple hétérosexuel, etc.,
01:23 ont presque tous le même profil.
01:26 Ce sont des femmes issues de classes plutôt supérieures,
01:29 d'un milieu assez littéraire, assez journalistique,
01:32 donc plutôt bourgeois.
01:34 *Musique*
01:55 On les considère que pour leurs attributs sexuels supposés
01:58 et pour leurs attributs corporels,
02:01 c'est-à-dire qu'on les imagine toujours avec de gros seins,
02:04 de grosses fesses, de grosses hanches, etc.
02:07 Et il y a une espèce de fantasme autour de ça,
02:09 autour de leur corps et autour de ce que serait leur sexualité.
02:13 Moi, la première fois qu'on m'a suivie dans la rue,
02:15 j'avais 10 ans parce que j'étais déjà formée,
02:19 j'avais déjà ma patrine qui poussait, j'avais déjà des fesses.
02:23 Et à 10 ans, forcément, quand on est déjà formée,
02:27 on ne nous considère pas comme une enfant,
02:29 alors qu'à 10 ans, très clairement, on est une enfant.
02:32 Mais on nous représente comme étant presque des femmes.
02:36 Et donc moi, j'ai commencé à me cacher,
02:37 c'est-à-dire à porter des vêtements très amples,
02:40 à cacher mes fesses, à cacher mes seins, etc.
02:44 C'est très difficile de se construire dans sa féminité,
02:48 dans son adolescence, tout simplement,
02:51 quand d'un côté, on est irraillé par une hypersexualisation
02:54 qui est très, très présente par des hommes qui sont beaucoup plus vieux,
02:58 et que d'un autre côté, on subit quasiment quotidiennement
03:03 des remarques désobligeantes sur son physique
03:05 ou sur le fait qu'on ne serait même pas une femme,
03:08 même pas une fille, tout simplement.
03:20 Il y a beaucoup de critiques sur Aya Nakamura
03:22 qui diraient qu'elle ne sait pas parler,
03:24 que c'est une Madonna de banlieue, par exemple,
03:27 ou alors qui critiquent tout simplement son physique.
03:30 Elle a été souvent comparée à des hommes, comparée à des animaux.
03:34 C'est ça, la misogynoir, c'est vraiment critiquer
03:38 l'existence des femmes noires dans l'espace public
03:42 et comment est-ce qu'elles se comportent.
03:44 Beaucoup de femmes noires avec qui j'ai pu discuter pour ce livre
03:47 m'ont raconté à quel point la misogynoir avait pu miner leur relation.
03:50 Parce qu'elles ne se sentaient pas forcément dignes d'aimer,
03:53 parce que socialement, elles représentaient vraiment
03:57 le bas de l'échelle sociale de ce que devrait représenter une femme.
04:02 J'ai 27 ans, mais j'ai grandi avec des chansons et des clips.
04:17 Par exemple, Beyoncé - Kool-E-Bali.
04:19 Le chanteur Mokobe du 113 avait publié une chanson qui s'appelle Beyoncé - Kool-E-Bali,
04:25 où toute la chanson, c'est se moquer de la figure d'une femme noire,
04:30 d'une certaine femme noire.
04:31 Une femme noire qui porterait des faux cheveux,
04:35 qui se sentait mauvaise,
04:37 qui traînerait à Gare du Nord ou à Château Rouge,
04:40 qui criait sur tout le monde.
04:42 C'est une représentation qui fait quand même assez mal.
04:45 Et pendant très longtemps, il n'y a eu que ce type de représentation des femmes noires en France.
04:50 En fait, il faudrait tout simplement que toutes les femmes aient la parole
05:05 pour que l'on puisse considérer qu'une révolution romantique est vraiment en marche.
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