• il y a 2 ans
Ivan Rioufol et Véronique Jacquier passent en revue l’actualité de la semaine dans #FaceARioufol

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00:00 Quasiment 20 heures sur CNews, merci d'être avec nous pour Face à Riofol avec Yvan Rioufol.
00:05 Bien sûr, bonsoir cher Yvan.
00:06 Bonsoir.
00:07 Ravi de vous retrouver et avec Véronique Jacquier bien sûr.
00:10 On commence l'émission dans un instant mais avant cela on fait le point sur l'information.
00:14 Deuxième journée de mobilisation contre le projet de réforme des retraites mardi.
00:23 La SNCF annonce un trafic national très fortement perturbé avec 25 à 50% des TGV selon les axes,
00:32 2 TER sur 10, 2 WIGO sur 5 et presque aucun intercité.
00:37 A Paris, du côté de la RATP, seules les lignes automatiques 1 et 14 fonctionneront normalement.
00:43 La circulation des réseaux de bus et tramways sera elle légèrement perturbée.
00:48 Le trafic aérien aussi ne sera pas épargné.
00:51 Certains contrôleurs seront en grève mardi.
00:53 La Direction générale de l'aviation civile demande aux compagnies aériennes d'annuler préventivement
00:59 un vol sur cinq à l'aéroport d'Orly.
01:02 La DGAC souligne qu'en dépit de ces mesures préventives,
01:06 des perturbations et des retards seront à prévoir.
01:09 Elle invite les passagers qui le peuvent à reporter leur voyage.
01:13 Et puis dans l'actualité internationale,
01:15 la Turquie pourrait approuver la candidature de la Finlande à l'OTAN.
01:20 C'est ce que laisse entendre Recep Tayyip Erdogan sans faire de même pour la Suède.
01:24 Le pays est accusé par Ankara d'héberger des terroristes kurdes.
01:28 Lundi dernier, le président turc avait prévenu
01:31 que la Suède ne pourrait plus compter sur le soutien de la Turquie.
01:34 Un militant d'extrême droite avait brûlé un exemplaire du courant à Stockholm.
01:39 Là, il n'y a plus de soucis alors.
01:41 Tu sais, moi, je ne fais rien.
01:43 10 minutes.
01:44 À la une de face à Riofol, on va parler de la pensée unique.
01:48 Les prêcheurs de bonnes paroles vous ont à l'œil.
01:50 Tout doit rentrer dans une seule et même case,
01:52 car vos avis divergent, ou contradictoires.
01:55 Et si vous pensez autrement, vous êtes un odieux réac.
01:58 Les idées naissent pourtant du pluralisme.
02:00 Et dans les médias, on en manque cruellement.
02:02 Alors comment tout changer ?
02:04 Comment changer tout cela ?
02:06 Éléments de réponse dans un instant.
02:07 À la une également, un nouveau palier a été franchi cette semaine dans le conflit en Ukraine.
02:11 L'Occident va envoyer des chars lourds pour aider les armées de Volodymyr Zelensky.
02:15 Certains alertent sur le risque d'escalade, sur cette ligne rouge qui pourrait être franchie.
02:20 Faut-il craindre une troisième guerre mondiale ?
02:22 On en parle dans Face à Riofol.
02:25 Enfin, Yvan, vous recevez ce dimanche Philippe Courroy,
02:28 avocat général près de la Cour d'appel de Paris,
02:30 auteur de Reste la justice, à l'heure où les Français n'ont plus confiance en cette dernière,
02:35 où certains ont décidé de se substituer au juge.
02:38 Quelle réponse apporter ?
02:39 Comment refonder notre système judiciaire ?
02:42 Voilà le programme.
02:43 Et Face à Riofol, c'est parti.
02:45 Yvan, en première thématique, vous avez choisi la pensée unique.
02:49 Comment en finir avec la pensée unique ?
02:51 La gauche alerte de plus en plus.
02:53 Vaste programme.
02:55 La gauche alerte de plus en plus, Yvan, sur cette montée de l'extrême droite en France.
02:59 Faut-il prendre cette menace au sérieux déjà ?
03:02 La montée de l'extrême droite, non, c'est une fake news, c'est une farce.
03:04 Mais en revanche, ce qui est intéressant, c'est de voir quels sont les mots qui accompagnent ces alertes.
03:09 On parle en général de montée de l'extrême droite ou de complotisme.
03:12 Et ces mots sont lancés en effet par la gauche, vous l'avez rappelé,
03:16 mais également par le parti présidentiel, par, disons, la Macronie.
03:20 Et l'on voit bien que ce sont des procédés qui sont faits pour faire taire,
03:25 pour essayer d'imposer une sorte de censure, c'est-à-dire qu'est d'extrême droite,
03:29 celui qui ne doit pas pouvoir être entendu.
03:31 Or, est d'extrême droite, celui qui est à la droite de la gauche ou à la droite de la Macronie,
03:34 mais qui, a priori, et même a posteriori, ne répond pas du tout à une définition de l'extrême droite.
03:40 L'extrême droite, c'est un parti, c'est un mouvement qui prône la violence,
03:43 qui refuse le processus démocratique, qui est envahi de racisme et d'antisémitisme.
03:47 Et d'ailleurs, on a un exemple dans le fond de ce que peut être l'extrême droite,
03:51 puisqu'il y a un groupuscule, un groupe qui passe en correctionnel ces jours-ci à Paris,
03:57 qui est le groupe des Barjols. On entend "barjot" et on n'est pas loin de cette chose-là.
04:03 C'est un groupe qui est poursuivi pour avoir fomenté,
04:06 enfin, qui n'est jamais passé à l'acné, pour avoir essayé de fomenter une tentative d'attentat
04:09 contre le président de la République, qui voulait déstabiliser la République, la Ve République.
04:14 Et l'on voit au fil des audiences, je lis ça dans les journaux, dans les compte-rendus des chroniqueurs judiciaires,
04:18 on voit à quel point le profil de cette extrême droite-là, de cette ultra-droite,
04:22 je ne sais pas comment il faut l'appeler, est tout à fait désopilant.
04:25 C'est-à-dire que ce sont des pieds nickelés, ce sont des ventards, des poivreaux, des analfabètes, des incapables.
04:31 Enfin, tout ceci ne mettait pas en… Alors, naturellement, ils ont eu, ils reconnaissent qu'ils ont eu entre eux,
04:36 en faisant des barbecues, des propos qui voulaient effectivement tuer Macron,
04:41 mettre à bas la République, etc., les francs-maçons, que sais-je.
04:45 Et donc, mais l'on voit bien que cette extrême droite-là est une extrême droite qui est devenue totalement résiduelle,
04:52 qui est devenue comique, de mon point de vue.
04:55 Et donc, ce qui l'est moins, en revanche, c'est en effet cette propension aujourd'hui de ceux qui la désignent,
05:00 de les voir s'enfermer dans un monde finissant, dans un monde agonisant, dans le fond.
05:06 En fait, quand la Macronie et la gauche cherchent à lancer des anathèmes contre l'extrême droite,
05:12 on voit bien qu'ils cherchent à se protéger d'un système, et surtout avec cette accusation en complotisme maintenant qui envahit tout.
05:19 Et Michel Maffesoli, qui vient de sortir un bouquin qui est très intéressant, dit de ce complotisme-là qu'il le définit comme étant…
05:26 Le complotisme, c'est quelque chose qui ne se plie pas à l'opinion dominante.
05:29 C'est exactement cela. Le complotisme et l'extrême droite sont faits aujourd'hui pour imposer une pensée unique,
05:35 d'où notre sujet, une pensée unique qui ne répond plus du tout aux attentes des gens.
05:39 Et en fait, cette manière de faire montre à quel point il y a une incapacité aujourd'hui de ces gens, de la gauche et de la Macronie,
05:45 à convaincre en tout cas une partie de l'opinion qui, elle, voit bien que le réel dément depuis maintenant des années cette idéologie-là.
05:52 Et en quoi la Macronie, en quelque sorte, participe-t-elle à ce manichéisme de la gauche ?
05:59 Oui, elle y participe parce qu'elle emploie ces mêmes mots, c'est-à-dire qu'elle est elle-même, elle cherche elle-même dans le fond à diaboliser.
06:09 Elle diabolise d'autant plus qu'avec cette résurgence de l'accusation en complotisme, elle interdit tout débat.
06:20 C'est-à-dire que, deux exemples pour me faire comprendre, lors de la crise sanitaire, par exemple,
06:26 vous avez tous ceux qui se sont opposés, j'y étais, ou en tout cas qui ont émis des doutes sur d'abord l'ordre sanitaire tyrannique,
06:33 sur les atteintes graves faites à la liberté d'expression, à la liberté d'aller et venir,
06:39 sur les doutes que l'on pouvait avoir sur ces vaccins dont on disait qu'ils étaient la panacée.
06:45 Tous ceux qui ont émis des doutes à ce moment-là ont tous été traités de complotistes, de populistes, d'extrême droite, etc.
06:51 Or, vous vous rendez compte aujourd'hui, puisque maintenant le nuage se déchire, que tous ces complotistes-là avaient très généralement raison.
06:58 C'est-à-dire qu'en effet, il y a des doutes maintenant sur la létalité de cette pandémie, il y a des doutes sur l'efficacité des vaccins,
07:06 il y a plus que des doutes sur les effets secondaires, et donc tous ces doutes-là étaient des doutes qui auraient dû être débattus, tout simplement débattus.
07:12 Et ceux qui, comme moi, réclamaient un débat que l'on entende non seulement les médecins de plateau, mais également des philosophes, des sociologues, etc.
07:22 Tous ces gens-là, pardon de le dire, ont eu raison de réclamer ceci, parce qu'il y a eu quand même une démocratie qui n'a pas fonctionné.
07:29 De la même manière, sur la guerre en Ukraine aujourd'hui, qui nous menace, qui avance à grands pas, on y reviendra peut-être tout à l'heure si on a le temps,
07:35 on se rend compte également que tout débat est impossible.
07:37 Et celui qui réclame un peu de modération, qui réclame ne serait-ce qu'un compromis, ou en tout cas un grand débat, il faudrait aussi un grand débat.
07:44 La période que nous vivons est avérissante, nous dirigeons à grands pas vers une guerre alors que personne n'a encore débattu, pas même le Parlement.
07:49 Et vous avez Arnaud Klarsfeld qui, depuis d'ailleurs le début, depuis le mois de juillet, alerte malgré tout sur l'aveuglement de l'Union européenne,
07:57 concernant d'abord l'Ukraine et ses adorations qu'elle prête encore à un certain nombre de héros, de collaborateurs nazis, qui ont encore leur plaque ou leur rue, dont Bandera.
08:13 Et Klarsfeld dénonce ceci, vous en avez d'autres qui dénoncent la corruption de ce régime, et en effet le régime a été tellement corrompu qu'il a dû faire une sorte d'épuration
08:21 au centre même du pouvoir il y a cette semaine-là. Et donc Klarsfeld qui aujourd'hui réclame à tout le moins une sorte de compromis,
08:28 avec en tout cas des bonnes volontés pour éviter ce carnage qui se profile, est accablé d'un juge réellement parce qu'il ne peut pas se faire entendre.
08:34 Et donc tout ceci montre un système clérosé et qui n'est pas digne d'une démocratie. Donc les débats naturellement doivent avoir lieu,
08:42 simplement ils doivent avoir lieu dans la mesure où ce monde finissant-là accepte enfin de se rendre compte qu'il n'a pas la vérité révélée
08:52 et que le débat est absolument urgent. Et je ne vais pas parler, je n'ai pas eu le temps de parler parce que j'ai été un peu vite en besoin,
08:59 mais quand cette gauche accuse la droite de vouloir être le danger, c'est bien la gauche elle-même qui est un danger terrible,
09:08 c'est la gauche, on l'a vu, en tout cas la gauche, même l'extrême gauche qui sur le dossier des retraites va faire en sorte de menacer,
09:20 ou de couper le courant de députés qui ont mal voté ou de couper le courant de milliardaires dont d'ailleurs Vincent Bolloré,
09:26 le propriétaire de cette chaîne, qui parce qu'il est sur milliardaires serait présumé coupable. On a vu d'ailleurs, parlant de CNews,
09:33 il devient un peu le catalyseur de toute cette hystérie que quand CNews a lancé ces derniers jours une campagne de promotion de la liberté d'expression.
09:43 Et la campagne c'est la liberté d'expression n'a jamais fait autant parler. Cette campagne a été prise par une partie de la presse, sauf...
09:49 Pas tous !
09:50 Dans Libération et dans Le Monde. Ils ont bien le droit, ils font ce qu'ils veulent naturellement, mais cela montre à quel point le pluralisme est devenu
09:58 quelque chose d'imperméable à toute cette presse donneuse de leçons qui ne supporte pas d'avoir, précisément, à recevoir ces leçons de liberté d'expression
10:08 qu'elle n'assume plus totalement, je suis désolé de le dire. Et l'on voit également, par exemple, à travers le film du Puy du Fou,
10:17 "Vaincre ou mourir"
10:19 dont on a parlé tout à l'heure, qu'en effet il y a là aussi une grande omerta, voire de la part de Libération, une propension à vouloir démolir ce film
10:26 que j'ai vu hier, qui est très bien, qui est très sympathique. Il a peu de moyens en effet, bien sûr, mais la salle était comble, c'était à Paris,
10:33 il y a peu de salles à Paris d'ailleurs qui le diffusent, la salle était comble, ce n'était pas non plus une très grande salle, je dois l'avouer,
10:38 mais enfin, la salle était complète, etc. Et donc, on voit bien que cette gauche est en... et par tous les moyens, et par exemple, on a vu également
10:45 qu'il y a un professeur d'université qui a menacé les...
10:49 Qui aurait, aurait, pour l'instant on dit, parce que c'est parole contre parole, mais on est les seuls à l'avoir travaillé à traiter.
10:54 Qui aurait menacé de ses élèves qui votaient Zemmour de, qu'a-t-il dit, qu'ils étaient des bêtes à abattre. Bref, on pourrait faire un inventaire
11:03 de toutes les intolérances, de tout le sectarisme de cette gauche, qu'on n'en finirait pas, et tout ceci pour montrer d'ailleurs, et c'est assez réjouissant,
11:10 que cette gauche-là est une gauche finissante et qui maintenant ne sait plus convaincre, sinon qu'à travers, en effet, une sorte de terreur intellectuelle.
11:16 Véronique Jacquet, cette pensée unique, quel regard vous portez là-dessus ?
11:20 Je trouve qu'il y a justement un phénomène intéressant, qu'a évoqué en partie Yvan, c'est le film "Vaincre ou mourir".
11:27 Le film "Vaincre ou mourir", il y a comme une sorte de censure, puisque dans bien des salles, en France, on ne peut pas voir ce film.
11:34 Il y a des gens sur les réseaux sociaux qui disent "il y a 31 films à l'affiche dans la ville où je me trouve, grande ville de France,
11:42 et je ne peux voir nulle part "Vaincre ou mourir". Donc il y a quand même une forme de censure.
11:46 On sent, on l'a vu à travers Libération et d'autres médias de gauche qui ont vraiment taillé le film.
11:51 Alors certes, il y a sans doute des imperfections sur le plan technique, mais en tout cas, il est là pour conquérir un public
11:57 et montrer à la France qu'héroïsme, ce n'est pas un gros mot, être un héros catholique, ce n'est pas un gros mot.
12:03 Et puis voilà, il donne à voir l'épopée des Vendéens avec toute leur bravoure et à du coup se poser des questions,
12:10 c'est-à-dire est-ce qu'il y a un génocide Vendéen ou non ? Eh bien ça, 230 ans après la Révolution française,
12:16 on n'a pas le droit de poser cette question et le film n'a pas le droit de poser cette question.
12:20 Et on a vu finalement dans les médias un petit peu le côté "choisis ton camp",
12:23 donc la presse de gauche qui démolissait le film et puis d'autres médias qui au contraire disaient
12:28 "laissons lui son espace et laissons la liberté d'expression s'épanouir comme elle se doit".
12:34 Donc il y a un phénomène intéressant à travers ce film, le côté censure, le côté, on a entendu Nicolas De Villiers
12:42 juste avant 20h sur CNews rappeler effectivement ce qu'il vivait, même si c'était un peu finalement la loi du jeu,
12:49 c'est-à-dire que quand vous avez du succès, vous vous faites aussi une place dans le milieu du cinéma.
12:54 Et qu'est-ce qui énerve finalement la gauche ? C'est le fait que ce film, sans doute c'est comme ça qu'il est perçu,
13:00 c'est un peu David contre Goliath, c'est-à-dire on lance une pierre dans le champ d'une hégémonie culturelle
13:06 et Nicolas De Villiers dit "c'est un premier film mais c'est pas le dernier".
13:10 Voilà, alors j'invite les téléspectateurs à regarder "Enquête d'esprit" juste après 21h parce qu'il y a Philippe De Villiers,
13:16 non mais c'est intéressant, vous allez voir où je veux en venir, qui lance un message au président de la République
13:21 en disant "reconnaissez le génocide vendéen".
13:23 Pourquoi j'en viens là ? Parce qu'en France on a des présidents de la République qui sont capables de faire repentance
13:28 quand il s'agit d'esclavagisme, quand il s'agit de colonialisme.
13:32 Et puis au nom de la pensée unique, il n'est pas question, 230 ans après les faits,
13:38 de se pencher sur cette page de l'histoire de France.
13:41 C'est un exemple quand même, on est toujours dans cette pensée unique.
13:44 On continue évidemment Yvan, et on parlait des médias, le réalisateur de "20 coups mourir" a été peu vu dans les médias,
13:53 malheureusement dirons-nous.
13:55 Mais normalement les médias, ils participent à ce pluralisme, et au pluralisme des oppositions contraires.
14:01 Comment vous l'exprimez ? Comment vous l'expliquez ?
14:03 Oui, théoriquement, les médias sont même un contre-pouvoir.
14:07 On pourrait imaginer que le contre-pouvoir fasse en sorte d'empêcher le pouvoir d'avoir à alimenter le récit officiel
14:14 et d'avoir à imposer un récit aseptisé, parce que c'est bien ce qui se passe actuellement
14:18 avec ces accusations lancées à l'emporte-pièce contre tous ceux qui ne pensent pas convenablement.
14:23 D'abord, j'ai la tristesse de constater qu'une grande majorité des médias mainstream,
14:27 je ne parle pas des médias alternatifs qui cassent un peu le monopole,
14:30 mais une grande majorité des médias mainstream maintiennent dans le fond une sorte de connivence,
14:36 de compromission avec le récit officiel.
14:39 Et je trouve ceci, quand je parle des médias mainstream, je mets à part CNews,
14:43 parce que CNews énerve tant aujourd'hui, précisément parce que CNews est ouvert,
14:48 mais simplement à la discussion, c'est ouvert au dialogue,
14:50 c'est ouvert à faire en sorte que la droite et la gauche se retrouvent sur un plateau et discutent,
14:54 tout simplement, c'est aussi bête que cela, le plus réaliste, mais c'est ça,
14:57 c'est ceci qui exaspère cette gauche soi-disant tolérante et d'un ordre de son.
15:01 Et donc on voit en effet que les médias, malheureusement, je l'ai déjà dit,
15:04 c'est un vieux procès qui a été fait, ne jouent pas le rôle.
15:07 Et d'ailleurs, il a été révélateur de voir que le déjeuner qui a été bruité…
15:11 - Vous n'étiez pas invité, Yvan !
15:13 - Ça ne risquait pas. CNews non plus n'était pas invité, ni même Europe 1.
15:17 Mais en tout cas, pour les téléspectateurs qui ne savent pas,
15:21 le président de l'Elysée a convoqué une extrémiste,
15:24 un certain nombre de commentateurs, d'éditorialistes influents,
15:28 pour un déjeuner, afin que le président fasse connaître son sentiment sur les retraites
15:34 et puisse dire de ces retraites qu'en fait, ce mouvement était un mouvement irrationnel
15:39 et les éléments de langage ont été repris tel quel par la plupart des…
15:42 je ne vais pas regarder pour tous, mais la plupart de ces éditorialistes
15:46 pour reprendre les mêmes mots, sans citer le président de la République…
15:49 - C'était selon l'Elysée.
15:50 - Oui, c'était selon l'Elysée, donc avec une sorte de petit mensonge d'arrangement.
15:54 En fait, c'est tout à fait commun.
15:55 Naturellement, les journalistes politiques en France, en tout cas,
15:57 appliquent ce genre de méthode et vont déjeuner avec le président de la République.
16:00 Moi, je trouve ceci assez détestable, pour dire les choses,
16:03 parce que c'est un petit peu un journalisme de cours qui est très français.
16:06 Je ne dis pas qu'un journaliste politique ne doit pas rencontrer des hommes politiques.
16:09 En tout cas, moi, je n'ai jamais été à l'Elysée.
16:11 - Vous avez posé la question.
16:12 - Non, je n'y vais pas.
16:14 Et donc, simplement, cela a choqué ce rapprochement trop intime,
16:20 et surtout cette répercussion d'une même pensée unique, d'un même mot unique,
16:24 l'irresponsabilité, je crois que c'était ça le mot qui avait été employé,
16:27 ou je ne sais plus exactement.
16:29 Sans citer exactement la source, ça a montré qu'il y avait quand même
16:33 un rapprochement, une connivence qui était exaspérante
16:35 et qui montrait qu'il y avait un pouvoir politico-médiatique.
16:38 Or, c'est ce système-là, aujourd'hui, qui est mis en cause
16:41 par tous ceux qui n'arrivent pas à avoir la parole,
16:43 et tous ceux qui réclament la parole, précisément.
16:45 - Comment se délivrer, cher Yvan, de cette pensée unique ?
16:49 - Se délivrer de cette pensée unique, c'est déjà de désigner
16:53 ceux qui la construisent et qui la consolident.
16:56 Et puis, de se délivrer de cette pensée unique, dans le fond,
16:58 c'est de donner la parole, c'est de donner la parole aux Français,
17:01 tout simplement, c'est d'alerter sur la grave crise de la démocratie
17:06 que laissent comprendre ces oucases qui sont lancées à l'envie.
17:13 Et puis, effectivement, de donner la parole aux Français.
17:16 - Tu tiens à donner la parole aux Français, je crois que c'est
17:18 tous les jours à 14h, sur CNews, avec Cléli Mathias.
17:22 - Je n'osais pas en faire la publicité, mais en effet...
17:24 - Permettez-moi de le dire.
17:26 - En effet, c'est tous les jours à 14h, dans l'émission de Cléli Mathias.
17:29 - Cléli Mathias. Il nous reste quelques minutes dans cette première partie.
17:32 Je rappelle que dans la seconde, vous allez recevoir Philippe Courroy,
17:36 qui est avocat général près de la Cour d'appel de Paris.
17:38 Mais avant cela, parlons de l'Ukraine.
17:40 L'Allemagne et les États-Unis, Yvan, vont livrer des chars lourds à l'Ukraine.
17:45 Comment vous interprétez cette décision ?
17:48 - Écoutez, c'est un pas de plus vers la guerre.
17:51 Et je l'interprète d'une manière dramatique.
17:54 D'autant que c'est cet engrenage qui a été prévu, prévisible.
17:58 On en a parlé souvent ici de cette machine infernale qui se met en place.
18:03 C'est un engrenage qui se fait au nom de l'Europe.
18:06 On nous avait dit que l'Europe, c'était la paix.
18:09 Aujourd'hui, l'Europe, c'est la guerre.
18:11 Et on ne voit personne, j'en ai parlé précédemment avec cette initiative,
18:15 notamment d'Arnaud Klarsfeld, pour essayer d'appeler à un compromis.
18:19 Personne ne veut entendre ceci, au risque d'être traité de municois,
18:26 en l'occurrence avec des raisonnements pavloviens qui ne sont pas dignes de l'enjeu.
18:34 Et en effet, j'ai entendu il y a quelques jours le sénateur Maluret jeudi sur RTL
18:40 qui nous disait "Nous sommes en guerre sans être co-belligérants",
18:44 ce qui est une bêtise, ça ne veut rien dire.
18:46 On est en guerre ou on est co-belligérant, on ne peut pas être l'un des deux.
18:48 Mais enfin, Maluret se félicitait malgré tout de vouloir être en guerre.
18:51 Je trouve que cet homme est assez léger dans ses prises de position,
18:54 parce que je l'ai déjà entendu sur les gilets jaunes et sur les vaccins,
18:56 et il me semble qu'il se trompe assez souvent, donc j'espère qu'il se trompe.
18:59 Mais en tout cas, j'ai entendu également la ministre des Affaires étrangères allemande,
19:02 hier ou avant-hier, nous dire "Nous menons une guerre contre la Russie",
19:06 ça c'est déjà beaucoup plus grave, et je n'entends personne pour essayer de calmer ces ardeurs-là.
19:11 Or, en effet, cette guerre se profile et cette guerre s'installe,
19:15 car si l'on voit bien que le camp adverse, les Allemands et les États-Unis derrière,
19:21 font ce rally, c'est bien parce que la Russie, que l'on disait avoir perdu cette guerre,
19:25 la Russie est peut-être potentiellement en train de la gagner,
19:28 en tout cas, elle n'est pas aussi affaiblie militairement qu'on l'avait dite,
19:30 elle ressort des missiles à qui mieux mieux, elle n'est pas militairement non plus affaiblie,
19:36 et dans cette guerre qui se profile, et si c'est l'OTAN qui perd, et l'OTAN peut perdre,
19:42 c'est tout l'Occident, c'est tout le monde occidental, tout le monde libre qui perd.
19:45 Donc il y a un enjeu considérable, un enjeu de civilisation,
19:48 et cet enjeu de civilisation fait en sorte qu'en effet,
19:51 une perspective d'une guerre, d'une déflagration mondiale peut se comprendre,
19:56 d'autant qu'il y a une erreur d'analyse qui est faite de penser que Poutine serait isolé.
20:02 J'ai entendu Joe Biden dire "le monde est uni",
20:06 parlant du monde qui serait derrière les États-Unis et derrière l'OTAN.
20:09 Non, le monde n'est pas uni du tout.
20:12 Au contraire, la Russie a réussi à fédérer, derrière elle en tout cas l'ONU,
20:15 75% de pays qui sont des pays ou qui la soutiennent ou qui sont non alignés.
20:19 Donc l'Occident, tel que nous le connaissons, l'Occident libéral,
20:24 est un monde finissant, je l'ai déjà dit ici,
20:27 qui est en train de voir sa parenthèse hégémonique se terminer.
20:31 Et en effet, il y a une guerre qui se profile,
20:33 qui devrait pouvoir être arrêtée tout de suite, si elle aurait dû l'être dès le départ,
20:36 mais si elle ne l'est pas, peut aller naturellement avec des déflagrations considérables,
20:40 et surtout avec naturellement des millions de morts et du sang qui coule.
20:44 Et donc je trouve ahurissant qu'il n'y ait aucune voix aujourd'hui qui ose s'affirmer,
20:52 sinon Klarsfeld et quelques autres, bien sûr, il n'y a pas de ça.
20:54 - Enrigueno, par exemple, je me suis mis à 6 mois à cette tribune,
20:57 mais c'est vrai qu'ils sont très peu.
20:58 - Et d'ailleurs, vous remarquerez que ce sont en général des grands diplomates
21:01 qui savent exactement ce qu'est la guerre, je pense à Gourdeau-Montagne,
21:03 je pense à Védrine, etc., qui eux réclament beaucoup de prudence,
21:07 mais il y a une telle excitation des esprits de tous ces intellectuels en chaise longue
21:11 qui veulent faire la guerre en sachant qu'ils n'iront pas, ni même leurs fils,
21:15 que je trouve ceci absolument détestable.
21:17 - Enrigueno qui avait dit "on marche vers cette troisième guerre mondiale comme des somnambules".
21:21 Vous vouliez réagir, Véronique Jacquier ?
21:24 - Oui, tout à fait, parce que ce qui me semble intéressant,
21:27 c'est qu'on en est à se demander si on livre ou pas des armes à l'Ukraine,
21:33 alors qu'il faudrait quand même demander à Zelensky quel but de guerre il poursuit.
21:37 Quelle est sa finalité ? On voit que le conflit va durer,
21:41 et on voit que des deux côtés, que ce soit Russie ou côté ukrainien,
21:44 c'est en train de s'embourber et qu'il n'y a aucune solution diplomatique.
21:47 L'Europe devrait vraiment être fer de lance pour proposer une issue diplomatique.
21:52 Ça me paraît extrêmement grave ce à quoi nous sommes en train d'assister.
21:55 Le général de Gaulle disait "on ne se laisse pas entraîner dans un conflit qu'on ne contrôle pas".
22:00 Or, on en est là.
22:01 Alors, l'Elysée se demande s'il va envoyer des Charles-Clairs ou non.
22:04 C'est peu probable, puisqu'il y a seulement 200 Charles-Clairs dans 50 qui sont en rénovation
22:08 et qui ne sont même pas opérationnels sur le terrain.
22:11 Mais ce n'est absolument pas souhaitable quand on sait qu'a priori,
22:15 il s'agirait d'armes défensives, mais qu'on n'a aucune certitude
22:19 que ça ne devienne pas un jour des armes offensives,
22:22 avec donc un risque effectivement de troisième guerre mondiale.
22:25 Donc c'est très dangereux.
22:26 La France est-elle à la hauteur justement Yvan, en 30 secondes ?
22:29 En 30 secondes, non, elle n'est pas à la hauteur.
22:31 D'ailleurs, elle ne maîtrise pas le jeu, pas même le couple franco-allemand
22:37 dont on lui dit qu'il serait la clé de voûte de l'Union européenne.
22:40 On voit bien aujourd'hui que le nouveau couple qui s'est mis en place
22:43 est un couple polono-étatsunien, polono-américain, si je puis dire.
22:47 C'est-à-dire que ce sont les Américains en collaboration avec la Pologne
22:50 et puis les Pays-Baltes qui sont en train de donner le calendrier
22:54 de l'offensive qui se prépare.
22:55 Et c'est une offensive qui, si elle se prépare, sera une offensive
22:58 entre l'OTAN et la Russie.
23:00 Donc entre l'OTAN, la Russie et ses alliés.
23:02 Et naturellement, Macron est assez prudent, on le voit bien,
23:06 il a toutes les raisons de l'être, mais il ne faudrait pas non plus
23:08 qu'il cherche à travers une nouvelle guerre à consolider
23:11 une sorte de consensus autour de sa personne.
23:13 Bien sûr, ce serait un autre risque.
23:14 Voilà ce qu'on pouvait dire sur le conflit ukrainien.
23:17 Dans un instant, vous allez recevoir Philippe Courroy,
23:19 avocat général près de la Cour d'appel de Paris,
23:21 ancien juge d'instruction et auteur notamment de "Reste la justice".
23:26 Restez justement avec nous.
23:28 20h30 sur CNews, la deuxième partie de face à Rioufol.
23:34 On fait le point sur l'information avec Isabelle Puy-Boulot.
23:37 Elisabeth Borne reste ferme sur les retraites.
23:43 Le départ à 64 ans n'est plus négociable, la Première ministre
23:47 l'a affirmé sur France Info ce matin, alors que le projet
23:50 sera examiné demain en commission à l'Assemblée.
23:53 Un projet toujours contesté par une majorité de Français.
23:56 Une nouvelle journée de manifestation est prévue ce mardi.
24:00 La reconduction de Fabien Roussel à la tête du Parti communiste
24:04 est en bonne voie.
24:06 Après une large victoire dans un vote interne,
24:09 il concernait un texte d'orientation pro-Roussel
24:12 qui formera la base du prochain congrès du parti en avril.
24:16 Le texte de ses partisans a obtenu près de 82% des suffrages.
24:21 Et puis, dernière marche à gravir pour l'équipe de France de Handball.
24:25 Six ans après leur sacre à Bercy en 2017, les Bleus disputeront
24:30 la finale du Mondial contre le Danemark ce soir à Stockholm en Suède.
24:34 Face au double tenant du titre, les Français visent
24:37 une 7e couronne mondiale. Coup d'envoi à 21h.
24:41 La deuxième partie de Face à Rioufol, toujours avec
24:49 Yvan Rioufol, Véronique Jaquet. Yvan, vous recevez Philippe Courroy.
24:53 Pourquoi vous avez choisi de recevoir Philippe Courroy ?
24:55 D'abord parce que c'est un honneur de recevoir Philippe Courroy
24:57 qui est un grand magistrat dont la parole est rare.
25:01 On ne vous entend pas dans les médias.
25:03 Vous avez accepté mon invitation et je vous en remercie.
25:06 Je suis très honoré.
25:08 J'ai invité Philippe Courroy parce que d'abord,
25:10 ça a été un juge d'instruction qui a été très connu dans les années 80
25:14 avec les affaires Michel Noir, Angola, Gaët, etc.
25:18 Vous avez eu des grosses affaires médiatiques que vous aviez traitées.
25:20 Ensuite, vous êtes passé de l'autre côté, c'est-à-dire du côté du parquet,
25:23 vous avez été avocat général.
25:25 Puis aujourd'hui, vous êtes à la cour d'appel.
25:29 Et donc, vous connaissez de la justice et le parquet et le siège
25:34 et tous ces tenants et tous ces aboutissants.
25:36 Et vous, vous avez en plus une vision d'historien, si je puis dire.
25:40 Vous venez de publier très récemment un ouvrage très documenté
25:45 sur Napoléon dont vous refaites le procès pour l'acquitter.
25:48 Je dis tout de suite que vous êtes un Napoléon fil convaincu.
25:55 Donc, pour toutes ces raisons, je trouvais intéressant
25:57 et même très nécessaire de vous entendre,
25:59 d'autant que vous avez été aussi un magistrat, un juge
26:02 qui a été épinglé sur le mur des cons,
26:04 qui était ce mur qui avait été retrouvé au cœur d'un local
26:08 du syndicat de la magistrature, qui épinglait tous ceux
26:11 dont le syndicat de la magistrature considérait
26:14 qu'ils étaient déviants à leur idéologie.
26:16 Donc, pour toutes ces raisons, je voulais vous entendre
26:19 pour que vous nous expliquiez, dans le fond,
26:21 et ma question préalable est très simple,
26:23 de quoi souffre la justice.
26:25 Le garde des Sceaux a débloqué un certain nombre de milliards,
26:28 il a débloqué un certain nombre de postes,
26:29 j'imagine que vous appauvissez, mais est-ce que la justice
26:32 se résume à des euros et à des postes ?
26:34 Ou est-ce qu'elle est atteinte plus gravement ?
26:37 Certainement non, mais enfin, j'allais vous dire que l'argent,
26:40 c'est quand même le nerf de la guerre,
26:41 parce qu'évidemment, les moyens de la justice,
26:44 ça va conditionner des moyens matériels, des moyens humains,
26:47 des délais raccourcis, une amélioration de la pénitentiaire, etc.
26:51 Ceci étant, ce ne sont évidemment pas les seuls mots
26:54 dont souffre la justice.
26:56 Quels sont-ils alors ?
26:57 Si vous aviez à les résumer pour le grand public,
27:00 sans entrer dans des détails trop techniques,
27:02 pour que l'on comprenne bien de quoi...
27:03 Au fond, il y a eu, entre l'été 2021 ou l'automne 2021
27:09 et 2022, les états généraux de la justice,
27:13 qui visaient justement à recenser et à inventorier
27:16 tous les problèmes dont souffre la justice.
27:19 Alors, il y a ces problèmes matériels, humains,
27:23 et qui sont liés à une insuffisance de moyens.
27:25 Ce n'est pas nouveau, ça puise ses racines
27:28 depuis plusieurs décennies.
27:30 Maintenant, je crois que quel est le problème essentiel
27:33 de la justice ?
27:34 C'est sa crédibilité, ce que le garde des Sceaux
27:36 avait appelé dans sa loi la confiance envers la justice.
27:39 Qu'est-ce qui peut altérer la confiance envers la justice ?
27:42 C'est évidemment son manque d'indépendance,
27:47 c'est-à-dire trop de dépendance par rapport
27:49 au pouvoir politique.
27:50 Mais là, je crois que les statuts, finalement,
27:53 que la magistrature a, sont des correctifs
27:56 assez efficaces.
27:58 Une justice trop idéologisée, trop marquée
28:03 de manière idéologique.
28:04 Vous avez évoqué le mur des cons,
28:07 et on pourrait revenir sur ce qu'est
28:09 la philosophie matricielle du syndicat de la magistrature.
28:13 C'est une justice qui fonctionne
28:16 sous les projecteurs des médias,
28:18 ce qui est une très bonne chose,
28:20 parce que la justice est rendue au nom du peuple français.
28:22 Mais en même temps, c'est beaucoup plus difficile,
28:25 à mon avis, de rendre la justice aujourd'hui
28:27 avec des médias très présents,
28:29 des réseaux sociaux, etc.,
28:31 qui donnent des injonctions aux magistrats
28:33 et qui font que le procès n'est plus seulement
28:36 dans le prétoire, mais essentiellement à l'extérieur.
28:39 Donc, vous voyez, il y a un certain nombre de...
28:42 - Alors, prenons-les, en tout cas, non pas dans l'ordre,
28:44 mais prenons par exemple l'indépendance de la justice.
28:46 Vous-même, d'ailleurs, quand vous étiez avocat général
28:49 dans les Hauts-de-Seine, vous aviez été accusé,
28:52 dans l'affaire Bettencourt,
28:54 de proximité avec Nicolas Sarkozy.
28:56 On vous avait dit que vous étiez lié
28:58 avec le président de la République de l'époque.
29:00 Et d'ailleurs, je ne sais pas comment ça s'est terminé.
29:02 Est-ce que vous aviez été affecté par cette accusation ?
29:06 Est-ce qu'elle avait un début de commencement de vérité ?
29:09 Et est-ce que cela reflète, dans le fond, un peu
29:11 cette position de dépendance, en tout cas,
29:13 du parquet vis-à-vis de l'exécutif ?
29:16 - Oui. Je vais vous dire d'où c'est parti.
29:18 C'est parti, en fait, d'une interview
29:20 que j'ai accordée à un journaliste du Monde
29:23 avant de quitter mes fonctions au pôle financier,
29:25 alors que j'allais devenir procureur de la République
29:28 dans les Hauts-de-Seine, et qui me demande
29:30 si je connais le président du Conseil général
29:32 de l'époque, qui était Nicolas Sarkozy.
29:34 Je lui ai répondu oui.
29:36 C'est-à-dire la vérité.
29:38 J'avais rencontré Nicolas Sarkozy.
29:40 Il se trouve que j'avais rencontré aussi François Hollande,
29:42 qui à l'époque n'était pas encore président,
29:44 et qui allait le devenir en 2007.
29:46 Mais de ce côté-là, de l'échiquier, ça ne pose pas de problème.
29:48 Alors ensuite, je suis devenu, pour un certain nombre de médias,
29:53 un homme affidé à Nicolas Sarkozy.
29:56 On avait même dit que c'était lui
29:58 qui m'avait nommé procureur de Nanterre.
30:00 J'ai été nommé le 19 mars 2007.
30:02 Il suffit de regarder sur le journal officiel,
30:04 ce n'est pas lui qui était président de la République.
30:06 – D'accord, donc vous démontez ce lien.
30:10 – Je le démonte, sauf que ça m'a quand même coûté mon poste,
30:14 puisque quand François Hollande est arrivé en 2007
30:18 président de la République, et c'est écrit d'ailleurs
30:21 dans le livre des deux journalistes du Monde,
30:23 "Un président ne devrait pas dire ça",
30:25 il dit "Avant même d'être élu, ceux qui ont voté,
30:29 il ne faudra pas perdre de temps comme courroie".
30:31 – En 2012, je me permets de… – Pardon ?
30:34 – En 2012, en 2012. – En 2012, pardon.
30:36 – Mais malgré tout, ce soupçon qui vous a accablé
30:40 n'aurait pas été permis s'il y avait malgré tout
30:44 une véritable indépendance de la justice
30:46 vis-à-vis du pouvoir exécutif,
30:48 une indépendance du parquet, une indépendance des magistrats.
30:50 Est-ce que cette indépendance est souhaitable
30:52 ou est-ce qu'il faut quand même malgré tout maintenir
30:54 un lien hiérarchique avec le pouvoir judiciaire ?
30:56 – Ce sont deux choses complètement différentes, si vous voulez.
31:00 Le parquet et le siège, c'est-à-dire les procureurs et les juges
31:04 ont deux statuts différents.
31:06 Et pour faire court, vous avez deux tiers des magistrats
31:08 sur les 9000 à peu près qui sont des juges,
31:10 un tiers qui sont des procureurs.
31:12 Le procureur, qu'est-ce qu'il fait ?
31:13 Il reçoit les plaintes, il apprécie les suites à l'ordonnée
31:16 et il poursuit, il poursuit au nom de la société.
31:20 Donc il n'est pas complètement anormal qu'il ait un certain lien
31:24 avec la chancellerie, avec le ministère,
31:27 notamment pour faire remonter des affaires.
31:29 Et de ce fait, son mode de nomination est différent
31:32 de celui des magistrats du siège, c'est-à-dire qu'il peut être nommé
31:36 simplement sur avis consultatif du Conseil supérieur de la magistrature
31:40 et pas sur avis conforme. Voilà en quoi, si vous voulez…
31:42 – D'accord, on ne rentre pas trop dans ton…
31:44 – Oui, non, vous pensez que le lien doit être maintenu malgré tout avec…
31:47 – Au niveau du parquet, oui, je pense qu'au niveau du parquet, oui.
31:49 Parce qu'il faut quand même une lucidité de politique.
31:51 – Mais malgré tout, on avait vu par exemple pour l'affaire Fillon
31:54 et ça avait été reproché au parquet national financier,
31:57 qu'il avait diligenté une procédure dans ce qui a pu paraître être
32:02 une précipitation, puisque le judiciaire s'est installé
32:06 dans une procédure presque électorale, d'ailleurs au mépris
32:09 de la séparation des pouvoirs. Est-ce que vous aviez trouvé
32:12 cette procédure-là correcte, normale, défendable ?
32:16 Ou est-ce qu'il y a eu quand même un soupçon, et même plus qu'un soupçon
32:19 de mon point de vue, d'ingérence politique dans cette prise de position ?
32:23 – Moi je ne parlerai pas de cette affaire, d'une part parce que je ne la connais pas
32:26 et d'autre part parce qu'elle est en cours à la Cour d'appel.
32:30 Simplement, ce que j'observe dans l'affaire à laquelle vous faites référence,
32:34 c'est que ça rejoint ce que je vous disais tout à l'heure
32:37 sur la difficulté de rendre la justice avec la pression des médias
32:40 ou la pression des réseaux sociaux, c'est qu'il y avait une très forte
32:43 pression médiatique et une très forte pression des réseaux sociaux
32:47 pour que la justice soit réactive. Et si vous n'êtes pas réactif,
32:53 vous pouvez effectivement être… prendre plein de coupures.
32:59 – Véronique Jacquet.
33:00 – Oui, mais on avait parlé à cette époque-là d'une justice idéologisée,
33:03 vous l'avez évoqué aussi, vous avez dit que vous alliez y rentrer
33:06 dans le détail, est-ce qu'on peut imaginer par exemple chez les magistrats
33:10 le fait qu'ils ne soient plus syndiqués comme ça existe dans l'armée ?
33:14 – Je pense que de toute façon, vous n'allez pas interdire
33:17 le syndicalisme dans la magistrature.
33:19 – Mais pourquoi pas ? Est-ce que ce ne serait pas une façon
33:22 de rendre la confiance aux Français ?
33:24 – Je pense que c'est un droit fondamental, chacun a la liberté
33:29 de se syndiquer ou pas, vous m'avez demandé si j'étais politisé ou pas,
33:35 moi je vous rappellerai que je n'ai appartenu à aucun syndicat,
33:39 aucun cabinet ministériel, aucun parti politique.
33:43 Je fais d'ailleurs une incursion par rapport à ce que vous disiez
33:45 tout à l'heure, lorsque j'ai quitté mes fonctions à Nanterre,
33:49 lorsque j'ai été muté, à l'arrivée de François Hollande,
33:53 j'ai été remplacé, et j'en tire les éléments du livre
33:59 dont je vous ai parlé, un président ne devrait pas dire ça,
34:02 par quelqu'un dont les deux journalistes du monde disent
34:05 qu'il était proche de François Hollande et qu'il avait la confiance
34:08 du nouveau président de la République.
34:10 Et de ce côté-là, ça ne choque absolument pas.
34:12 Donc pour en revenir à ce que vous disiez tout à l'heure
34:16 et par rapport au mur des cons, je pense que là, voyez-vous,
34:19 on est effectivement dans une matrice syndicale qui est très idéologisée.
34:26 Je l'ai dit dans mon livre "Reste la justice",
34:31 vous prenez les fronts baptismaux du syndicat de la magistrature en 1968,
34:37 l'adresse du substitut Oswald Baudot aux jeunes magistrats.
34:41 - La harangue de Baudot.
34:42 - La harangue d'Oswald Baudot, c'est "faites-fi de la jurisprudence,
34:47 des règlements et des lois, et même de la jurisprudence de la Cour de cassation,
34:51 et dans un procès entre le fort et le faible, faites toujours pencher
34:55 la balance du côté du faible".
34:57 Non, la justice, elle doit être impartiale.
34:59 D'ailleurs, je vais vous dire, on ne devrait même pas avoir à se poser la question.
35:03 C'est-à-dire que quand on passe devant une juridiction,
35:07 on ne devrait même pas se demander quelle est la couleur politique
35:11 ou la sensibilité politique d'un magistrat.
35:13 - Oui, mais le fait est qu'on se le demande.
35:15 Et on se le demande même parce que l'on est stupéfait parfois
35:19 des décisions prises par la justice, que l'on pourrait qualifier de laxistes
35:24 dans beaucoup de cas, surtout quand cela répond à cette harangue de Baudot,
35:28 c'est-à-dire de donner le privilège au faible par rapport au fort,
35:31 même si c'est le faible qui est délinquant.
35:33 Et donc, je voulais savoir si cette idéologie, ce prisme politique
35:36 qui imprègne le syndicat de la magistrature, on l'a bien entendu,
35:39 mais est-ce que cela n'imprègne pas davantage tout le corps des magistrats
35:42 et des juges à voir, en tout cas, les décisions qu'ils prennent ?
35:45 Parce que ce sont des décisions qui sont parfois aberrantes
35:47 et le public a du mal à saisir où se trouve l'équilibre de la justice.
35:51 - Oui, mais le syndicat de la magistrature, ce n'est pas la justice dont on en parle.
35:55 La justice, elle est rendue par des hommes et par des femmes
35:59 qui ont leur sensibilité, qui ont leur appréhension d'un dossier.
36:02 Elle est rendue aussi par le peuple français, vous savez, la cour d'assises.
36:05 Elle est composée majoritairement de citoyens tirés au sort.
36:10 Donc, je trouve que... - Enfin, vous avez une réforme de la cour d'assises
36:14 qui a supprimé les jurés. - Oui, oui, on en parle dans une minute.
36:19 Mais venir dire que la justice est laxiste, c'est un peu, si vous voulez,
36:24 un jugement à l'emporte-pièce. Et je voudrais vous citer d'ailleurs
36:27 les derniers chiffres des gens qui sont en détention,
36:31 72 500 à peu près au moment où je vous parle.
36:36 C'est probablement le record de la détention en France pour 60 000 places.
36:41 Donc, ça vient un peu à rebours de dire que la justice est laxiste.
36:45 - Vous dites que les juges croient aux "vertus" de la prison.
36:50 - Je ne sais pas l'impression que vous leur donnez.
36:54 - Vous avez évoqué tout à l'heure Napoléon, si vous me permettez de revenir à lui.
36:58 Il disait quand il donnait une décoration, "J'ai fait 100 mécontents et un ingrat".
37:03 La justice, c'est un peu ça. Quand vous rendez une décision,
37:07 la personne qui est condamnée trouve qu'elle est toujours trop condamnée.
37:11 La victime ou la partie civile trouve qu'elle ne l'est pas assez.
37:15 Nous sommes les catalyseurs de tous les maux de la société,
37:20 qui peuvent être des maux extrêmement divers.
37:23 C'est évidemment très difficile.
37:26 - Vous seriez nommé demain, ça arrivera peut-être, garde des seaux.
37:30 Quelle est la décision prioritaire que vous prendriez ?
37:35 - Je pense qu'il y a des réformes à faire qui sont extrêmement nombreuses
37:42 et dans différents domaines, dans le domaine de la justice civile,
37:45 dans le domaine de la justice pénale.
37:48 Je pense que le plan d'action pour la justice qui a été annoncé
37:53 est une réforme systémique, d'ampleur.
37:57 Il reste à savoir comment elle va être déclinée.
38:00 Mais je pense que c'est un véritable plan qui a été bien accueilli
38:03 par les magistrats dans leur ensemble.
38:06 Pour la justice pénale, je vous dirais par exemple l'exécution des peines.
38:10 Exécuter des sanctions qui ont vraiment été décidées
38:14 par des tribunaux ou par des cournes assises.
38:17 Ça passe aussi par un problème de moyens.
38:20 Ça passe par des prisons. Qu'est-ce qu'on fait en prison ?
38:24 - Il y en a combien de places de prison ?
38:26 - 60 000 actuellement.
38:28 Il y en a 72 000, sans doute au moins 15 000 de plus,
38:32 pour que les conditions de détention soient plus dignes.
38:36 Qu'est-ce qu'on fait en prison ?
38:38 Comment est-ce qu'on prépare la sortie ?
38:40 Comment est-ce qu'on rééduque un certain nombre de gens ?
38:44 C'est très vaste.
38:46 Toute l'exécution des peines de l'extérieur,
38:48 la libération conditionnelle, le bracelet électronique,
38:51 les sursis avec mise à l'épreuve,
38:54 ça passe aussi par beaucoup de moyens
38:57 et par en face des gens de l'administration pénitentiaire
39:01 qui sont en nombre suffisant pour pouvoir exécuter
39:04 utilement pour la société.
39:06 - Est-ce qu'on pourrait pas imaginer comme aux Pays-Bas
39:09 un système avec des courtes peines
39:11 et des courtes peines qui sont immédiatement exécutées,
39:14 ce qui fait quand même sacrément baisser la délinquance ?
39:16 - Si, moi je pense que de toute façon l'exécution des peines...
39:19 - Non mais parce que quand on vous entend parler,
39:20 on a l'impression qu'on reste sur un vieux modèle
39:22 assez figé avec l'incarcération mais qui est forcément longue, etc.
39:26 - Ah non, elle n'est pas forcément longue.
39:29 Une peine de prison n'est pas forcément longue.
39:32 - Non mais celles qui sont courtes ne sont pas exécutées, c'est ça ?
39:35 - Alors, il y a toute une série d'aménagements de peines
39:39 et je ne veux pas rentrer dans le détail,
39:41 mais s'il y a 72 000 aujourd'hui personnes
39:44 qui sont derrière les barreaux et qui sont notamment
39:46 en détention pour des courtes peines,
39:49 ce n'est pas forcément du laxisme, loi s'en faut.
39:51 - Tout à l'heure vous nous disiez que les assises
39:54 étaient rendues au nom du peuple français,
39:55 et là vous avez une réforme malgré tout qui va supprimer les jurés
39:58 et donc qui a priori vient en contradiction avec ce grand principe.
40:01 Qu'est-ce que vous en pensez ?
40:02 Est-ce que vous trouvez que c'est une bonne chose ?
40:04 - La création des cours criminels départementaux
40:10 vise à confier à cinq magistrats professionnels
40:13 le jugement de toutes les affaires criminelles
40:16 inférieures ou égales à 20 ans sauf récidive.
40:19 C'est-à-dire que ça va concerner essentiellement des viols.
40:22 Le but, la philosophie, si vous voulez, c'est d'essayer de gagner du temps
40:27 en termes d'audience et de délai d'audiencement.
40:31 Je pense que c'est une réforme qui est intéressante,
40:34 mais sous réserve que l'audience de ces cours
40:38 aille quand même au fond des choses,
40:41 tant d'ailleurs pour l'accusé que pour la victime.
40:44 Pour l'instant l'expérimentation qui a été faite n'est pas défavorable.
40:49 J'espère qu'ensuite ça poursuivra la même tendance.
40:54 Ceci étant, moi je suis très attaché à la présence des jurés dans les cours d'assises.
40:59 C'est une rencontre essentielle entre le citoyen et la justice.
41:03 Les citoyens comme vous, qui sont tirés au sort,
41:08 s'aperçoivent que finalement ça n'est pas facile de juger.
41:12 Entre le café du commerce où on dit qu'ils n'ont pas été assez condamnés
41:17 et le moment où on doit voter pour une peine ou une culpabilité,
41:20 il y a une audience qui s'est posée.
41:22 Il nous reste un peu plus d'une minute.
41:24 Vous avez été juge d'instruction, je l'ai dit, dans les années 80.
41:27 Vous aviez une affaire très retentissante, l'affaire Carignan, l'affaire Michel Noir,
41:30 l'affaire de Langolagate.
41:32 Vous faisiez partie de ce que l'on appelait à l'époque les petits juges,
41:35 dont on disait qu'ils s'immisçaient dans le processus politique.
41:38 Depuis, les juges d'instruction ont été relégués à une part infime.
41:42 Est-ce que vous seriez pour la suppression des juges d'instruction
41:45 ou est-ce que vous pensez qu'ils ont toujours leur utilité ?
41:49 Je pense qu'ils ont leur utilité.
41:53 On peut aussi concevoir d'autres systèmes.
41:56 Je vous ai proposé dans mon livre "Reste la justice"
41:59 de confier l'instruction au parquet, à une section du parquet,
42:05 avec un juge indépendant qui arbitrerait entre les demandes des avocats
42:12 et cette section du parquet.
42:15 Mais le juge d'instruction…
42:17 Est-ce que vous aviez eu le sentiment, quand vous étiez juge d'instruction,
42:21 de pouvoir ébranler le pouvoir politique, d'avoir un pouvoir dans le fond
42:25 et de pouvoir sur le pouvoir politique ?
42:27 Ce n'est pas le but.
42:29 Que doit faire le juge ? De faire appliquer la loi.
42:32 Ce n'est pas de faire ébranler le pouvoir politique.
42:35 Il peut arriver qu'évidemment, et vous avez cité un certain nombre
42:38 d'affaires que j'ai instruites, c'était la confrontation
42:41 entre la justice et la politique.
42:43 Mais ce n'était pas la confrontation entre la justice pour prendre le pouvoir
42:47 sur le pouvoir politique.
42:49 C'était parce que le pouvoir politique était considéré
42:51 comme ayant commis des infractions de droit commun
42:54 et qu'il relevait finalement des juridictions de droit commun.
42:57 Merci beaucoup, c'était passionnant.
42:59 Philippe Courroy, je rappelle que vous avez écrit, entre autres,
43:02 accuser Napoléon Levez-vous en 2019 et reste la justice en 2018.
43:06 C'est frustrant, Yvan, on aurait pu avoir 10, 15 minutes de plus.
43:09 C'est trop court.
43:11 Trop court, Yvan, il vous folle.
43:13 Faites quelque chose.
43:15 Bah écoutez…
43:17 Comment ?
43:19 Il va en plaisanter en disant "faites quelque chose".
43:21 Merci encore à vous Véronique Jacquier.
43:23 C'est un entretien passionnant sur cnews.fr.
43:26 L'info se porte sur vous avec Enquête d'Esprit dans un instant.
43:30 ...

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