• il y a 2 ans
Auteur de romans policiers sombres et remplis de suspens, Maxime Chattam sera aujourd’hui sur le plateau de Télématin pour nous présenter son nouveau roman, La Constance du prédateur, avec son héroïne atypique, Ludivine Vancker. Préparez-vous à frissonner !

Catégorie

📺
TV
Transcription
00:00 C'est un romancier à succès qui nous a rejoint sur le plateau de Télématin. Bonjour Maxime Chattage.
00:05 Bonjour.
00:06 Merci d'être avec nous, merci d'avoir accepté l'invitation.
00:08 Avec plaisir.
00:09 Alors pour vous résumer en chiffres, ce n'est pas très poli, mais quand même c'est tellement énorme.
00:13 Vous avez vendu 7 millions d'exemplaires, des livres traduits dans plus de 20 pays.
00:17 On parlait d'Astérix et d'Obelix tout à l'heure et de Potions magiques.
00:21 C'est quoi votre Potion magique à vous pour vendre autant de livres ?
00:24 Parce que ce n'est quand même pas courant, vous êtes peu à en vendre autant.
00:26 J'ai eu peur, vous me comparez à un des deux, j'avais déjà mal.
00:28 Non mais comment vous faites pour à chaque fois écrire des best-seller comme on dit ?
00:32 En fait, il n'y a pas de recette, je ne crois pas.
00:34 C'est surtout aller là où j'ai envie d'aller, là où j'ai besoin d'aller en tant que romancier.
00:38 Parce que j'ai une histoire, j'ai une idée à raconter, mais au-delà de ça, j'ai envie de parler d'un sujet d'actualité.
00:43 Un bon roman, c'est une bonne histoire, mais c'est aussi un sous-texte.
00:46 Donc il faut juste se faire plaisir en fait, écouter ses envies personnelles et y aller.
00:50 Alors le nouveau bon roman, et beau roman, il s'appelle La Constance du Prédateur,
00:53 comme vous venez de nous présenter, qui est sorti chez Albin Michel.
00:56 Et encore du tueur en série en vue, tu en vois là, du frisson, du stress.
01:00 Vous n'auriez pas un jour envie d'écrire une bluette ?
01:03 Ça ne vous détendrait pas un peu, non ?
01:05 J'ai fait des romans très différents.
01:07 La Sierre est votre monde, c'est des romans presque même pour enfants en fait.
01:10 Donc ça dépend, ça dépend encore une fois, ça dépend de mes besoins personnels.
01:14 Là je retourne dans des trucs un peu noirs.
01:16 Tantôt, vous avez besoin de tuer un peu.
01:17 Oui, directement, assurons-nous.
01:19 Non, en fait, j'ai juste besoin de m'interroger moi sur cette société dans laquelle on vit.
01:23 Le thriller, c'est un prétexte.
01:26 C'est un moyen finalement de se divertir tout en s'interrogeant sur nos limites,
01:30 sur ce que c'est que la peur, la surconsommation,
01:34 parce qu'un tueur en série, c'est aussi ça quelque part, c'est de la surconsommation dans le crime.
01:37 Il y a plusieurs degrés de lecture quand même.
01:39 Oui, oui, oui, c'est ce qui me porte dans l'écriture.
01:41 Alors vous venez donc nous présenter votre nouveau roman, La Constance du Prédateur,
01:46 et on y retrouve votre héroïne, Ludivine Vanker,
01:48 qui va devoir élucider les crimes d'un serial killer.
01:51 Vous avez cette fois-ci, enfin, mais vraiment cette fois-ci,
01:54 je le trouve très, très, très, très, très loin dans l'horreur.
01:57 On ne va pas tout dévoiler, mais c'est bien trash.
02:00 Qu'est-ce qui vous a pris ce coup-ci ?
02:02 Vous avez été inspiré de choses que vous avez entendues, vues, dans l'actualité ?
02:07 Non, non, non, non, non.
02:09 En même temps, il suffit de regarder le monde, l'inspiration est là toute seule.
02:12 Non, j'avais besoin, je crois, d'aller très loin à tous les niveaux.
02:15 C'est un roman qui est porté par des personnages, je crois, j'espère, très humains,
02:19 même très attachants, mais parce que derrière,
02:21 la noirceur qu'ils vont explorer est tellement abyssale,
02:24 elle est tellement, elle est lourde, quoi.
02:26 Mais parce que ça raconte quelque chose du monde dans lequel on vit.
02:29 Est-ce que le crime peut se transmettre ?
02:31 C'est un peu la question que pose le roman.
02:33 Est-ce qu'on peut façonner un individu pour devenir un pervers sur commande ?
02:37 Parce que ça pose la question d'où viennent les tueurs en série, quelque part.
02:40 Est-ce que ce sont des monstres qu'on fabrique, ou est-ce qu'ils naissent comme ça ?
02:44 Oui, il y a ça.
02:45 En fait, le tueur en série, c'est le Krotmiten des temps modernes
02:49 parce qu'il n'y a pas fondamentalement d'explication à ce qu'ils sont.
02:52 On sait très bien que la plupart des enfants qui ont des enfances horribles
02:55 ne deviennent pas des tueurs en série.
02:56 Donc, pourquoi certains virent dans cet extrémisme-là ?
03:00 Qu'est-ce qui fait qu'on se construit dans la perversion,
03:02 dans la jouissance de la destruction de l'autre ?
03:05 Ça raconte quand même quelque chose, je trouve, de ce qu'est le monde.
03:08 C'est par contre cette approche, encore une fois, sociologique, presque scientifique,
03:11 presque psychologique de tout ça.
03:13 C'est pour ça que nos romans sont très documentés.
03:15 J'essaie vraiment d'explorer jusqu'au bout, à la fois le côté psychologique
03:18 et puis l'accompagner avec la partie…
03:20 C'est quand même toujours hyper intéressant de voir comment les enquêteurs sont sur le terrain.
03:24 Et là, pour le coup, on parle de profilers, donc c'est plongé dans la tête, et ça existe.
03:28 Vous travaillez avec des vrais profilers, avec des vrais psychologues ?
03:31 Complètement. Le département des sciences du comportement,
03:33 qui est décrit dans le roman, existe.
03:35 Et j'ai travaillé… J'aurais posé mille questions, les pauvres.
03:38 Ils n'en peuvent plus, ils voient des mails arriver, "Chatham, Chatham", non !
03:41 Oui, mais ils sont très sympas, parce que pour le coup,
03:43 ils m'ont accompagné vraiment dans ma démarche d'essayer de comprendre, en fait,
03:46 leur travail, leurs méthodes, et surtout ce que ça raconte.
03:48 Alors, dans la vie, il y a des gens qui sont fascinés par les crimes,
03:51 par les serial killers, par les séries de TV qui en parlent.
03:53 Et vous avez un merveilleux spécimen à ma droite, c'est Julia.
03:56 C'est elle qui est plus inquiétante que moi, généralement.
03:58 Je lui en ai parlé tout à l'heure, c'est vrai que je m'endors en regardant des serial killers.
04:01 C'est grave ou pas, docteur ?
04:02 Oui, ça, c'est inquiétant.
04:03 Vous vous faites penser à Claire ou pas, à l'infirmière ou pas ?
04:06 Bon, on a quand même demandé à notre psy ce qu'elle en pensait de tout ça. Écoutez.
04:09 Ça permet d'apprivoiser, en fait, la terreur, la violence des êtres humains,
04:16 les choses horribles.
04:17 C'est un petit peu du même registre quand on est très attiré par les faits divers,
04:22 et on est tous d'ailleurs très attirés par ça,
04:26 parce que c'est un petit peu la face cachée, la face noire de l'être humain,
04:31 et chacun sait qu'au fond de lui, il abrite cette part-là plus ou moins importante.
04:35 Vous voyez, c'est sain, donc.
04:37 Oui, mais quand on me dit "mais qu'est-ce que vous avez dans la tête pour écrire des horreurs pareilles ?"
04:42 je réponds toujours "mais attendez, moi, c'est mon travail,
04:44 mais les gens les lisent et payent même pour les lire,
04:47 et le succès des séries, des romans, des films de ce genre-là
04:50 montre qu'il y a une curiosité de la société pour ça".
04:53 Et votre femme, Faustine Bollard, elle le prend comment, que vous écriviez des horreurs pareilles ?
04:57 Je pense que parfois, elle s'interroge, mais l'avantage, c'est qu'elle est en première ligne,
05:02 donc elle sait pourquoi je le fais fondamentalement.
05:04 Mais est-ce qu'elle vous laisse raconter des histoires aux enfants le soir ou pas ?
05:07 Non, mais je pense qu'elle a une confiance absolue là-dessus,
05:10 parce qu'à la maison, je suis plus l'homme qu'elle connaît,
05:15 pas le romancier qui écrit des trucs glauques, etc.
05:18 Il me faut juste parfois un temps d'adaptation entre le moment où je viens d'écrire des chapitres horribles,
05:22 je descends de mon bureau, et là, les enfants me sautent dans les bras,
05:24 "mais papa, on a passé une bonne journée, comment ça va ?"
05:26 Écoute, moi, je viens de tuer des gens, mais ça va.
05:28 Je viens d'en découper une, mais ça se passe bien.

Recommandations