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Transcription
00:00 les chiffres, c'est pas comptable. C'est quoi qui est comptable ? J'ai lu tous les rapports.
00:04 - Mais le régime à répartition sont quand même les actifs qui payent pour les inactifs.
00:07 - Eh oui, vous ne pensez pas qu'il y a quelque chose dans l'équation qui rentre ? Par exemple
00:10 le fait que les travailleurs français travaillent en termes de productivité trois fois plus qu'avant ?
00:14 - Productivité, oui. - Et alors où sont allés les gains de productivité ?
00:16 - Oui, mais beaucoup moins que nos concurrents. - Où sont allés les gains de productivité ?
00:19 - Beaucoup moins que nos concurrents, y compris européens ou américains.
00:20 - Les gains de productivité, ils ne sont pas partis... - Ils baissent en France, les gains de productivité.
00:23 - Ils sont partis dans le capital, d'accord ? Voilà ce qui se passe. Dans ce pays, il n'y a pas un problème de financement du système de retraite.
00:29 On nous dit qu'il manque 17 milliards. On nous dit que cette année, il manque 2 milliards. Mais 2 milliards, c'est exactement le montant
00:35 des exonérations des cotisations sur les heures sub qu'on a votées l'année dernière. Donc non, tout ça, c'est pas vrai, en fait.
00:41 On est en train de mentir aux gens et on est en train de faire payer... Non, mais... Juste parce qu'il faut le dire aux gens.
00:46 Aujourd'hui, vous avez des centaines de milliards qui sont mis dans les grandes entreprises dans ce pays. Et on nous dit qu'on va crever les gens au boulot
00:52 pour 17 milliards ? Mais c'est une blague ou quoi ? Moi, je vous dis que dans cet argent... Et on va avoir ce débat à l'Assemblée nationale.
00:57 On va prendre compte, par contre, tout ce qu'on fait en termes d'exonération de cotisations sociales, parce que c'est ça qui a rempli le système de retraite.
01:02 Compte, par contre, tout ce qu'on donne aux grandes entreprises de ce pays. Et on va voir que le taux d'effort qui est fait pour les cotisations sociales dans ce pays,
01:08 il est fait par les classes moyennes, les classes populaires, mais jamais par les plus riches. Donc oui, il va falloir parler de cotisations sur le capital,
01:14 de cotisations sur le dividende, de cotisations normales en arrêtant de payer tout le monde aux heures sub et en les payant juste avec des salaires normaux,
01:20 d'augmentation des salaires, de recrutement de fonctionnaires, parce que quand vous recrutez un fonctionnaire, vous voyez, il surcotise au système de retraite.
01:25 Donc chaque emploi de fonctionnaire, c'est une surcotisation en plus. On sauve le système de retraite. Voilà.
01:29 – Et vous allez en débattre à l'Assemblée, Pierre-Henri Dumont. Vous allez répondre, j'imagine, à ce type de débat.
01:34 – Ecoutez, manifestement, on a un problème de démographie. Enfin, il ne faut pas le nier. On rentre de plus en plus tard dans le travail.
01:40 On vit de plus en plus vieux, tant mieux. On avait, quand on a créé le système par répartition, à la suite de la Seconde Guerre,
01:46 4 actifs pour 1 retraité. Maintenant, on est à 1,7 pour 1 retraité. Dans 15 ans, on est à 1,1 pour 1 retraité.
01:53 Alors ça, on peut le nier, mais c'est l'arrêté des chiffres et de part la démographie, ça ne bougera pas.
01:58 Alors moi, j'entends la NUPES qui nous dit "oui, retour de la retraite à 60 ans". Très bien, mais la retraite à 60 ans,
02:03 quand elle a été mise en place par François Mitterrand, pardon de le rappeler, on commençait à travailler à 14, 15, 16 ans.
02:09 Donc en termes de durée de cotisation, c'était les 44 annuités dont on parle.
02:13 C'est plus que les 43 qui sont là aujourd'hui sur la table. On avait également 39 heures par semaine et pas 35 heures par semaine.
02:20 Et donc le volume horaire qui était travaillé était un volume horaire dans la durée d'une vie qui était bien plus important.
02:27 Évidemment qu'on a eu des gains de productivité. On a eu l'informatisation, on a eu la robotisation qui ont pu permettre de,
02:33 avec moins de personnel, moins de volume d'heures travaillées, permettre d'avoir plus de production.
02:38 Mais aujourd'hui, on est arrivé au bout de ces gains de productivité. Comme vous l'avez rappelé, on a une baisse des gains de productivité.
02:43 Et donc la question qui doit se poser maintenant, c'est est-ce qu'il n'y a pas une réflexion plus globale à avoir sur le travail ?
02:48 Parce qu'on a vu qu'après le Covid, on a des personnes qui veulent avoir un nouveau mode de travail, qu'on travaille différemment avec du télétravail,
02:54 avec des personnes qui sont salariées, qui après basculent en auto-entrepreneurs, qui décident de faire autre chose.
03:00 Et au final, les carrières linéaires qui étaient celles d'il y a 20, 30, 40 ans ne sont plus les mêmes aujourd'hui.
03:06 Donc il faut réfléchir. C'est pour ça qu'on peut imaginer des systèmes où on a 38 heures, 39 heures sur 4 jours,
03:12 faire en sorte de pouvoir prendre un peu plus de temps pour soi, aménager le temps de travail.
03:16 Mais il faut travailler plus largement.
03:18 - 39 heures sur 4 jours, faites-le sur une chaîne de montage.
03:20 - Mais quand un ouvrier fait les 3/8, il n'est pas très loin de ça en réalité.
03:28 - Et vous voulez faire plus ? Vous avez déjà fait les 3/8 ?
03:30 - Non, parce qu'avec des heures supplémentaires, il n'est pas très loin des 38 heures sur 4 jours.
03:35 - Après il est cassé.
03:37 - Je vous dis que ça existe déjà et que donc les modes de travail sont en train d'évoluer,
03:40 que c'est une réflexion globale qu'on doit avoir.
03:42 Et cette réflexion ne doit pas arriver à la société de loisiveté qui est défendue par la NUPES,
03:46 parce que la société de loisiveté qui prime sur la société du travail, en fait, c'est la société des héritiers.
03:52 Ceux qui peuvent être dans la société du loisir sont ceux qui mettent le temps libre et le loisir en avant,
03:58 sont ceux qui sont les héritiers, qui peuvent se le permettre,
04:00 puisque seul le travail permet de grimper l'échelon social.
04:03 - Et alors la retraite, c'est quoi si ce n'est que le fruit du travail des gens ?
04:05 - Mais bien sûr, la retraite, c'est la retraite.
04:07 - Et donc nous sommes les défenseurs du travail.
04:09 - Et donc on a la réaction à se reposer après une vie de labeur.
04:11 Je suis désolé, on défend le travail.
04:13 Parce que les gens, ce n'est pas un cadeau, ils cotisent.
04:15 - Mais on est tous d'accord sur ça.
04:17 - Donc leur mettre deux ans dans la tête en plus, là, en ce moment même,
04:19 c'est juste les rapprocher de l'heure de la mort.
04:22 Et en fait, c'est juste une diminution de la pensée.
04:24 C'est donc un vol de leur travail.
04:26 C'est un vol de leur travail.
04:28 J'assume, il faut arrêter de mettre des mots.
04:31 - C'est bien pour ça.
04:33 - Je vais finir, M. Dumont, parce que je ne vous ai pas interrompu.
04:37 Moi, je veux dire les choses telles qu'elles se passent
04:40 depuis des centaines d'années dans notre histoire commune à nous.
04:42 Depuis des centaines d'années, l'être humain fait ce qu'on appelle des bons technologiques.
04:47 C'est-à-dire que, oui, au début, il fallait travailler pendant 10 heures par jour
04:50 pour se nourrir, pour nourrir la société, pour s'occuper collectivement chacun des autres.
04:54 Aujourd'hui, grâce aux gains de productivité, parce qu'on a inventé des machines,
04:57 on se soulage de la peine, on travaille moins et c'est bien.
05:00 - Mais encore une fois, la productivité baisse en France.
05:03 - Oui, mais demandez-vous deux secondes pourquoi dans les autres pays,
05:05 jusqu'au prochain bon technologique, on ne sait pas.
05:07 - C'est relative, effectivement, avec les autres partenaires aussi.
05:09 - Mais demandez-vous deux secondes pourquoi les autres pays ont une démographie en baisse.
05:12 Parce qu'en fait, ce n'est pas que des mathématiques.
05:14 Quand les gens ne sont pas heureux, ils ne font pas de gamins.
05:16 Vous voyez l'enfer qu'on propose, parce qu'on parle souvent des Japonais, etc.
05:19 Ben oui, mais ils ne sont pas heureux, en fait.
05:20 Ils ne sont pas heureux parce qu'ils travaillent comme des mulets.
05:22 Voilà, c'est aussi ça, la réalité. Et donc, ils ne font pas de gamins, effectivement.
05:25 Moi, je préfère que les gens soient bien, qu'ils soient heureux,
05:27 à 60 ans, il s'arrête.

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