Randal Kolo Muani : "Je regarde encore mon occasion ratée en finale"

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Transcript
00:00 [Musique]
00:14 Comment est-ce que tu as appris ta sélection ?
00:16 Déjà j'étais au Japon, parce qu'avec le club on devait faire un petit Japon en tour.
00:21 Et je reçois un appel de l'intendant, donc il me dit, il m'appelle.
00:26 Je trouvais ça bizarre, je réponds, je dis oui.
00:28 Il me dit, le coach veut te parler.
00:30 Je t'appelle dans le groupe, est-ce que tu peux venir ?
00:32 Et là je dis au coach, ça va être un peu compliqué, je suis au Japon.
00:38 Ah parce que pour toi tu pensais que comme tu étais au Japon,
00:40 que c'était pas possible d'aller au Qatar, tu t'es dit ça toi ?
00:42 Le coach aussi, il savait pas que j'étais au Japon aussi.
00:44 Donc du coup, j'ai fait Japon-Doha, 14 heures.
00:50 C'était archi long, j'étais avec mes équipements de Francfort,
00:54 j'avais rien à ramener, j'avais 5 caleçons, j'avais que prévu pour l'Iraq la semaine.
01:00 Donc c'est comme ça que t'es arrivé à Doha ?
01:02 T'as eu peur quand il t'a dit, t'es à Doha,
01:04 bon peut-être que comme t'es loin je vais prendre quelqu'un d'autre, t'as eu peur de ça ?
01:06 J'avais peur qu'il se rétraque, qu'il dise, t'es trop loin,
01:10 bon je vais prendre un autre joueur et tout.
01:12 J'allais dire, non non coach, j'arrive, je vais courir.
01:14 Je sais pas comment je vais faire, mais j'arrive.
01:16 Randal, tu rentres face au Maroc, et là tu marques sur ton premier balle.
01:30 C'est dingue, c'est dingue.
01:32 C'est dingue, je m'y attendais pas, je m'y attendais même pas de rentrer déjà, tout simplement.
01:38 Et quand il m'a appelé, il m'a dit de faire vite et tout,
01:41 c'est-à-dire que j'avais même pas mes protèges,
01:43 je m'étais mis en rapide, j'ai même pas mis la mouche, j'ai enfilé comme ça.
01:49 Après je suis rentré, il m'a dit de tout donner,
01:52 et de faire des efforts aussi défensifs.
01:55 Et le premier ballon que je touche, j'arrive à le mettre au fond.
01:58 C'est incroyable ça, tu ressens quoi ?
02:01 C'était pas difficile, mais il faut le mettre le but quand même.
02:03 Mais c'était pas difficile, mais franchement, une émotion...
02:07 T'as transpiré ou pas au moins, quand t'as mis le but ?
02:09 Non.
02:10 Il transpirait même pas quand t'as fait ça.
02:11 J'avais encore mon chewing-gum et tout.
02:13 Il y a cette finale face à l'Argentine, et là je veux que tu me racontes tout.
02:23 Tu t'attendais à rentrer aussitôt dans le match ?
02:25 Franchement pas du tout.
02:27 Après j'en parlais avec Axel.
02:29 Axel Di Sassi ?
02:30 Ouais, il me disait "tu vas rentrer, tu vas rentrer, t'inquiète, tu vas rentrer".
02:34 Il me faisait que me répéter ça.
02:36 Je me disais "arrête, arrête, t'inquiète, ça va bien se passer,
02:38 on n'aura pas besoin de moi maintenant".
02:41 T'es rentré.
02:44 Je suis rentré.
02:45 Le coach, quand ils ont mis le deuxième but, il nous a envoyé...
02:47 avec Chauffrand, moi et Marcus.
02:49 Il vous l'a dit comment ? Il était énervé ?
02:51 Il était très fâché.
02:52 Et 3-4 minutes après, on est rentrés.
02:54 T'as mis des protèges Tibia ?
02:56 Ah là j'étais "ouf, c'était Djammy, c'était...
02:59 Si j'étais prêt, j'étais prêt, là c'était...
03:02 Ah non, c'était The Moment.
03:04 Quand je suis rentré, Djam, le premier ballon que j'ai essayé de toucher,
03:07 j'ai fait une faute.
03:08 Oui, je me souviens. À droite.
03:10 J'étais fier de faire cette faute parce qu'en fait, dans ma tête,
03:13 je me suis dit "ouais, je suis dedans".
03:15 Je voulais ramener de l'agressivité, je me suis dit
03:17 "il faut montrer qu'on a envie,
03:19 on ne peut pas se laisser marcher dessus comme ça".
03:22 C'est-à-dire, la première faute que j'ai faite,
03:24 c'était pour montrer que je ne vais pas te laisser tranquille aujourd'hui.
03:28 Là, t'es mort.
03:30 Là, je suis rentré, là t'es mort.
03:32 Dans ma tête, c'était ça.
03:33 Et ça, c'est le message que tu as envoyé aux Argentins
03:35 et en même temps, à tes coéquipiers du coup ?
03:36 C'est ça, c'était un peu la voie que j'ai essayé de montrer
03:38 qu'il faut qu'on se fasse bouger sur tous les duels, pratiquement.
03:42 Même si on se fait bouger, faisons des fautes, ce n'est pas grave.
03:46 Bien sûr, on va prendre un jaune, mais faisons des fautes.
03:49 Il faut qu'on nous montre, il faut qu'on leur marche dessus aussi.
03:51 Je fais le métier le plus beau au monde pour moi, en fait.
03:53 Donc, je n'ai que ça.
03:55 Je me donne à fond quand je suis sur le terrain,
03:57 je donne ma vie et je prends du plaisir tout simplement.
04:00 C'est vraiment le plaisir avant tout.
04:03 Donc, pour prendre mon plaisir, je suis obligé de me donner à fond.
04:06 Et puis, il y a cette occasion incroyable, on l'a vécue de l'extérieur.
04:15 Est-ce que tu t'en souviens de cette action-là ?
04:17 Est-ce que tu as fait un déni ou tu t'en souviens encore ?
04:20 Non, je ne peux pas, je la regarde encore.
04:22 Tu la regardes encore, cette action ?
04:23 Oui.
04:24 Tu la connais par cœur ?
04:25 Je la connais par cœur.
04:26 Déjà, le premier ballon, c'est qu'on la met,
04:28 j'essaie de la dévier, je perds le duel.
04:31 Le ballon revient sur Ibu.
04:34 C'est-à-dire que moi, quand le ballon va sur Ibu,
04:37 moi aussi, je redescends.
04:39 C'est-à-dire que Ibu la remet devant.
04:41 Et quand elle est en l'air, je me dis "Randalf, fonce !"
04:46 C'est un pressentiment que j'ai senti, j'ai foncé.
04:51 Et j'ai vu que je passais devant le défenseur
04:53 et je partais face au gardien.
04:57 Quand je me suis dit "Randalf, il faut que tu tires."
05:01 J'ai essayé de tirer au premier poteau.
05:05 Le gardien a fait un très bel arrêt,
05:07 il la sort bien, mais j'ai perdu ce duel.
05:11 Après, je pense qu'il y a d'autres solutions.
05:13 Je pouvais lobber, je peux trouver Kylian,
05:15 parce que Kylian est sur un bon angle aussi.
05:18 Mais sur l'action, je ne le vois pas.
05:20 Parce que le ballon vient comme ça,
05:22 et moi, je vais tirer comme ça,
05:24 je ne vois pas Kylian là.
05:26 Et c'est après, quand tu vois la vidéo,
05:28 que tu vois qu'il y a d'autres possibilités.
05:30 C'est trop tard, tu ne peux rien faire.
05:34 Je l'ai encore à travers la gorge,
05:36 et je pense que je l'aurai à vie.
05:38 - A vie, tu vas avoir ça à travers la gorge ?
05:40 - Oui, à vie.
05:41 - Et tu la regardes encore l'action ?
05:42 - Oui.
05:43 - Et quand tu la regardes, tu te fais mal ?
05:44 - Je ne me fais pas mal.
05:45 Je me dis qu'il faut que je me batte,
05:47 et je vais aller chercher ce but-là.
05:52 C'est ça qui va me pousser tout le temps à marquer,
05:54 à me surpasser.
05:56 Je pense que ce but que j'ai raté
05:59 va me donner de la force.
06:02 entre guillemets.

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