ÉDITO - Premier jour de débat à l'Assemblée sur les retraites: "On se serait cru au festival interceltique de Lorient"

  • l’année dernière
À l'Assemblée nationale, les débats ont commencé lundi 6 février sur la réforme de réforme des retraites. Et les députés ont eu des échanges très vifs tout au cours des discussions. Les meilleures punchlines des députés analysées par le journaliste Matthieu Croissandeau. 

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00:00 mobilisation, troisième mobilisation contre la réforme des retenues. On va voir ce que ça donne évidemment dans les rues, pas seulement
00:04 d'ailleurs dans les rues de la capitale mais aussi dans les sous-préfectures comme on dit puisque c'est un indicateur important de la mobilisation.
00:10 Et puis il y a le débat, un débat houleux qui a commencé hier à l'Assemblée.
00:15 Je voudrais commencer par... - C'est pas un modèle ce débat. - Je voudrais commencer par vous montrer une photo,
00:20 celle d'une montre connectée par une députée hier dans l'hémicycle. Regardez, environnement bruyant, le niveau sonore atteint 90
00:27 décibels. 90 décibels, on est entre le camion et la boîte de nuit. C'est dire le volume du brouhaha.
00:33 Voilà, bon, il faut dire qu'hier l'ambiance était électrique,
00:35 explosive, au point que la présidente de l'Assemblée, Yael Bournepivé, a dû hausser le ton et jouer les gardes-chourbes
00:40 pour faire taire à la fois les vociférations, les claquements de pupitres qui ont émaillé le début du discours du ministre du Travail,
00:45 Olivier Dussopt, regardez.
00:46 Est-ce que vous croyez que nous allons passer 15 jours comme cela dans l'hémicycle ?
00:50 Oui ? On n'est pas dans un amphi, on n'est pas dans une manif, on est dans l'hémicycle de l'Assemblée Nationale !
00:57 Et les débats n'ont pas vraiment porté sur le fond, franchement, c'était la journée des gros sabots hier.
01:03 Alors que le temps des débats est contraint.
01:04 Voilà, c'était la journée des gros sabots, je disais, de part et d'autre de l'hémicycle, on se serait cru au Festival Interceltique de l'Orient,
01:09 avec des échanges très vifs et des arguments sur le mode du "plus c'est gros, plus ça passe". Écoutez par exemple Olivier Dussopt.
01:15 C'est avec fierté qu'au nom du gouvernement, au nom de la Première Ministre, je vous présente aujourd'hui une réforme d'équité et de progrès
01:23 qui répartit l'effort que nous demandons de manière juste.
01:27 Ah ben non, on peut dire beaucoup de choses sur cette réforme des retraites, mais certainement pas que c'est une réforme d'équité qui répartit l'effort de manière juste.
01:34 Non, elle ne repose que sur les seuls salariés et pas sur les retraités actuels ou pas sur les entreprises.
01:39 Autre punchline signée Gabriel Attal, celle-là.
01:42 N'ayons pas peur de le dire, en matière de retraite, mesdames et messieurs les députés, c'est une réforme ou la faillite.
01:48 C'est ça la réalité de notre système aujourd'hui.
01:51 Ah ben non, encore. Le rapport du Corps montre un déficit annuel, c'est vrai, de 0,5 à 0,8 points du PIB pendant 10 ans, avant un retour aux excédents du régime à partir de 2050.
02:01 Donc ça va coûter cher, certes, mais le système n'est pas en faillite.
02:05 Bon, et du côté de l'opposition ?
02:07 Ah ben alors là aussi, les gros sabots étaient de sortie, ou plutôt les gros slogans.
02:10 Écoutez la chef de file des députés insoumis, Mathilde Panot.
02:13 Vous ne serinez avec la valeur travail, la valeur travail, la valeur travail.
02:17 Non, vous ne défendez pas la valeur travail, vous défendez la valeur servitude.
02:22 La servitude, carrément. Alors c'est sans doute un clin d'œil à l'auteur du discours de la servitude volontaire, Étienne de la Boétie, qui est chère à Jean-Luc Mélenchon.
02:29 Mais non, le report de l'âge légal, voilà, c'est le nom de sa fondation.
02:33 Mais non, le report de l'âge légal est sans doute contestable, mais ce n'est pas une défense de la servitude, ce n'est pas plus qu'une peine de prison.
02:39 Vous savez, on entend souvent deux enfermes.
02:41 Et puis j'ai gardé le meilleur, ou plutôt le plus symptomatique des débats d'hier pour la fin.
02:44 La punchline est signée François Ruffin, qu'on a connu plus inspiré.
02:48 Vous faites pitié.
02:50 Oui, monsieur le ministre, mesdames et messieurs les députés, et monsieur le président ici absent, vous faites pitié.
03:00 Bon, ben alors quand on en est là, c'est le degré zéro du débat.
03:04 On est dans l'invective pure. Il n'y a plus d'arguments.
03:07 Et c'est dommage pour le débat démocratique, parce que cette réforme, elle aurait mérité d'être discutée, disputée point par point.
03:13 par point. Et non pas coup de poing, par coup de point.

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