Qui financera les retraites ? BFMTV répond à vos questions
Chaque jour, Roselyne Dubois répond à vos questions sur BFMTV. Elle est accompagnée aujourd'hui d'Emmanuel Lechypre, éditorialiste économie BFM Business.
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00:00 Vous parlez justement des jeunes générations. Stéphane, bonjour. Paulin, vous, vous avez 25 ans.
00:03 Et à quoi va ressembler votre retraite ?
00:05 C'est ça, je me pose des questions. Je viens d'avoir 25 ans.
00:08 Mes grands-parents sont partis en retraite à 60 ans.
00:10 Mes parents à 64. Est-ce que nous, jeunes, on partira à 70 ou plus ?
00:14 Et qui financera cette retraite ?
00:17 Alors si on suit les projections démographiques, oui, il est possible qu'effectivement,
00:22 on met à travailler davantage et que les 67 ans, il y a déjà des pays où c'est la limite théorique.
00:28 C'est déjà 70 ans.
00:30 Après, il y a une réalité qui est quand même que ce rapport entre retraité et actif,
00:35 il va être de plus en plus défavorable.
00:37 C'est-à-dire que quand il y avait 4 actifs pour financer une retraite,
00:40 on va progressivement aller vers quasiment un actif pour une retraite.
00:44 C'est comme si vous aviez un retraité chez vous qui faille finalement entretenir
00:50 et dont il faut subvenir aux besoins.
00:52 Donc la réalité, c'est que de toute façon, même si vous cotisez,
00:56 le rendement de votre retraite, il sera beaucoup plus faible que celui des générations passées
01:00 qui ont eu une chance incroyable.
01:02 C'est qu'au moment où ils ont, eux, cotisé, il y avait beaucoup de gens qui travaillaient et peu de retraités.
01:06 Donc ce sont eux qui touchent aujourd'hui une retraite qui est ce qu'elle est,
01:10 mais pour laquelle ils ont finalement peu cotisé par rapport aux jeunes d'aujourd'hui.
01:13 Donc moi, le conseil que je vous donnerais, c'est quand même
01:16 de ne pas miser sur les évolutions de lois, de réformes, etc.
01:20 Et c'est qu'il faut, dans la mesure du possible,
01:22 je ne sais pas ce que vous faites comme études ou ce que vous faites comme métier,
01:25 mais essayer quand même de vous constituer quelque chose.
01:28 - Dès maintenant, à 25 ans, il doit penser à sa retraite maintenant.
01:31 - Et c'est là la grande injustice, parce que quand on parle de capitalisation, par exemple,
01:35 tout le monde envisage les assureurs qui vont se jeter comme des prédateurs,
01:38 finalement, sur notre épargne.
01:39 Mais il y a moyen de faire de la capitalisation de façon étatisée,
01:44 quasiment comme en bénéficient les fonctionnaires.
01:48 Parce qu'aujourd'hui, la réalité, c'est qu'il y a la capitalisation, il y en a,
01:51 mais elle est un petit peu, finalement, hypocrite.
01:53 C'est-à-dire que c'est les gens qui ont des moyens,
01:55 qui se sont achetés des maisons, des logements, qui louent.
01:58 Donc il y a l'immobilier, il y a ceux qui ont les moyens de faire des placements financiers.
02:01 Regardez le PER, par exemple, qui rencontre un succès phénoménal.
02:04 On pensait qu'il y en aurait 3 millions en 2022.
02:08 Le plan d'épingle retraite, ça a été créé avec la loi PAC.
02:10 On pensait qu'il y en aurait 3 millions, il y en a 6 millions.
02:12 Donc il faut aussi penser à soi-même, à préparer sa retraite.
02:15 - Je vais y réfléchir.
02:17 - L'immobilier, c'est pas mal.
02:18 - C'est vrai qu'aujourd'hui, à 25 ans, je cotise pour les retraités d'aujourd'hui.
02:22 - Oui, absolument.
02:22 - Et je me demande si, quand moi je serai à la retraite,
02:25 est-ce que j'aurai le rendu de ces cotisations que je fais aujourd'hui ?
02:28 - Alors probablement non, et en tout cas pas autant que les retraités d'aujourd'hui.
02:32 C'est pour ça que c'est bien, les réformes, etc.
02:35 Mais aujourd'hui, de plus en plus, il faut commencer...
02:37 - Il y en aura d'autres, d'ailleurs, des réformes.
02:38 - Il y en aura d'autres, bien sûr, parce que là, à 2030,
02:40 même s'il suffit qu'il y ait encore quelques concessions qui soient faites,
02:43 notamment aux députés républicains,
02:46 et cette réforme, elle n'aboutit plus à un équilibre,
02:50 finalement, des comptes de la retraite à l'horizon 2030.
02:53 Donc oui, il y aura d'autres réformes, et il ne faut pas rêver,
02:55 ce sont des réformes qui aboutiront encore à travailler plus
03:00 pour au moins ne pas avoir de baisse de pension.
03:03 Donc oui, dans la mesure du possible,
03:05 si vous arrivez à mettre un peu d'argent de côté, c'est pas mal d'y penser.
03:09 Parce que plus on y pense jeune, moins ça demande d'efforts ensuite, par la suite.
03:14 Il y a des tas de possibilités d'épargne,
03:17 pour effectivement, en fonction de votre carrière...
03:19 - Mais vous, Paulin, on ne vous avait même pas demandé,
03:21 vous vous posez des questions sur cette réforme,
03:22 vous êtes pour, vous êtes contre ou pas ?
03:24 - Bon, disons que j'ai du mal à me prononcer,
03:28 mais bon, s'il faut y venir, on va y venir.
03:30 Si l'État pense que c'est une bonne chose,
03:32 je pense que ça peut être une bonne chose.
03:33 Mais c'est vrai que ça peut paraître inquiétant pour nous
03:35 de prendre une retraite à 70 ou plus.
03:39 - Et surtout, en ne sachant pas ce qu'elle représentera, c'est surtout ça.
03:41 C'est à quel moment on part à la retraite,
03:43 et avec quoi ?
03:44 - C'est ça, c'est exactement ça.
03:45 On ne sait pas si nous, on va récupérer le rendu
03:48 de nos cotisations d'aujourd'hui.
03:50 - C'est aussi une vraie question, ça, pour la suite.
03:52 Qu'est-ce qu'on prépare pour nos enfants ?
03:54 - Oui, mais c'est sûr que de toute façon,
03:56 il n'y aura pas encore une fois de miracle à attendre.
03:59 La démographie, elle est ce qu'elle est.
04:03 Et si on compte uniquement sur la retraite
04:06 qui vient du système par répartition,
04:08 de toute façon, il n'y a pas de miracle.
04:10 Si vous avez beaucoup plus...
04:11 - On peut pas survivre ce régime par répartition ?
04:14 - Alors, vous savez quand même qu'aujourd'hui,
04:16 c'est un tabou absolu, le système par répartition.
04:20 Or, quand il a été créé à la Deuxième Guerre mondiale,
04:24 les gens qui l'ont créé étaient tout à fait conscients
04:26 des évolutions démographiques,
04:28 et qu'eux-mêmes disaient qu'il fallait sans doute
04:32 revoir ce système plus tard,
04:34 parce qu'ils anticipaient bien qu'il y aurait de la croissance,
04:35 que le pays se redresserait,
04:37 qu'il y aurait des revenus futurs qui seraient plus importants,
04:40 que la démographie allait devenir défavorable,
04:42 comme dans tous les pays qui deviennent riches,
04:44 et donc qu'il fallait penser à changer ce système.
04:47 Et puis on peut terminer quand même avec Jean Jaurès.
04:49 Jean Jaurès, il y a 110 ans dans l'humanité,
04:51 il écrivait qu'il fallait qu'il y ait une part de capitalisation
04:55 dans le système de retraite,
04:57 tout simplement parce que c'est de l'épargne qui rapporte
04:59 et qui permet finalement de profiter à un peu tout le monde.