Laurent Saint-Martin : «Nous avons plus de 144.000 entreprises exportatrices en France, un record»

  • l’année dernière

Laurent Saint-Martin, directeur général de Business France,
Retrouvez "L'invité éco" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-eco
Transcript
00:00 Les chiffres dévoilés hier par les douanes confirment les craintes pour le commerce extérieur de la France.
00:04 L'année dernière, notre balance commercial a fait le grand plongeon à cause de l'explosion de la facture énergétique de la France.
00:11 Notre déficit commercial s'est envolé à 164 milliards d'euros en 2022, soit quasiment deux fois de plus que l'année précédente.
00:20 Laurent Saint-Martin, directeur général de Business France, et ce matin votre invité Alexandre.
00:24 Bonjour Laurent Saint-Martin.
00:26 Bonjour.
00:26 Vous êtes ancien député, figure du premier quinquennat d'Emmanuel Macron, qui vous a nommé il y a tout juste un mois nouveau patron de Business France.
00:34 Vous êtes donc à la tête de cette prestigieuse agence publique en charge notamment de l'attractivité de la France pour les investisseurs étrangers.
00:43 On ne va pas se mentir, les chiffres de notre commerce extérieur sont mauvais.
00:47 164 milliards d'euros de déficit commercial, c'est un record.
00:51 Le tout, évidemment, dans un contexte particulier.
00:54 C'est vrai qu'on a une conjoncture qui est fortement pesée sur le commerce mondial et que la France a pâti de ce contexte-là avec une facture énergétique
01:03 qui a été multipliée par un peu plus de deux, ce qui fait effectivement une balance commerciale extrêmement dégradée.
01:10 Après, je pense qu'il faut nuancer et observer les chiffres qui sont quand même contrastés.
01:15 On a d'un côté une très lourde facture énergétique qui est conjoncturelle et de l'autre côté, on a des signes très positifs sur notre propre économie,
01:23 avec plus d'entreprises qui exportent notamment et toujours une attractivité de la France qui reste très élevée.
01:29 Je rappelle que la France est le premier pays européen depuis trois ans en termes d'investissement étranger.
01:34 Donc, on a ce contraste-là entre une balance commerciale très dégradée par les effets conjoncturels et essentiellement énergétique.
01:40 Et on a aussi un commerce extérieur français qui va mieux avec des signes très positifs que sont nos exportations et notre attractivité.
01:48 Donc, il faut garder espoir pour l'avenir.
01:50 Pour bien comprendre, Laurent Samartin, on parle des prix de l'énergie à l'importation, de l'énergie que nous avons dû importer.
01:57 Absolument. C'est vraiment le fait de plusieurs effets conjoncturels.
02:02 On a une flambée des coûts des matières premières depuis, évidemment, l'invasion en Ukraine.
02:07 On a une dépréciation en plus de l'euro face au dollar.
02:09 On a des tensions sur les chaînes de valeur.
02:11 Tout ça, mis bout à bout, fait que la France subit énormément ce contexte-là et que cela explique très majoritairement,
02:18 à près de 80 %, le chiffre que vous avez évoqué.
02:22 Mais encore une fois, j'insiste, il y a deux manières de regarder le commerce extérieur.
02:26 Il y a se focaliser sur les échanges de biens avec cette structure énergétique qui peut paraître très pessimiste.
02:33 Et puis, il y a aussi parler des services qui, eux, sont excédentaires, plus de 50 milliards, ce qui est un record.
02:38 Et puis, il y a surtout parler de l'avenir avec les investissements qui sont faits en France pour réindustrialiser ces France de migrants,
02:44 avec le nombre d'exportateurs qui est record en France.
02:47 On a plus de 144 000 entreprises qui ont été comptées comme exportatrices au troisième trimestre de l'année 2022.
02:54 Et puis, surtout, on a un chiffre d'affaires à l'export qui, lui, est en constante augmentation.
02:58 Donc là encore, il y a l'importation des prix de l'énergie qui nous coûte très cher.
03:03 Mais il y a aussi les armes qui sont aujourd'hui mises en œuvre pour pouvoir demain enfin redevenir excédentaires sur tous les niveaux.
03:09 Oui, vous parlez du chiffre d'affaires à l'export.
03:11 Quels sont, justement, vous mentionnez les services, mais quels sont les secteurs qui résistent bien, qui se portent bien en France en termes d'exportation ?
03:17 Laurent Samartin.
03:18 On a les secteurs un peu traditionnels qui sont toujours excellents dans notre pays.
03:24 Ce que vous connaissez comme l'aéronautique, les parfums, les cosmétiques, les boissons, la pharmaceutique.
03:31 Mais ce qui est intéressant, c'est qu'on voit notamment dans la tech de nouveaux secteurs qui ont envie de regarder l'international et l'export
03:39 comme des vrais vecteurs de valeurs ajoutées, comme des nouveaux relais de croissance.
03:43 Et au niveau des services, il faut noter aussi que l'après-crise a été pour la France à l'export un vrai vecteur de croissance.
03:50 Je pense notamment au tourisme, je pense au transport, aux services financiers.
03:53 Donc là encore, il y a des bonnes nouvelles sur le front du commerce extérieur, malgré ce contexte mondial et ce contexte énergétique, évidemment extrêmement handicapant.
04:03 Alors, autre motif d'encouragement, et vous l'évoquiez il y a quelques instants,
04:05 la France occupe en effet en Europe la première place du podium de l'attractivité pour les investisseurs étrangers.
04:11 Quels sont justement les secteurs d'activité qui bénéficient le plus de ces investissements étrangers, Laurence Amartin ?
04:17 Écoutez, la France s'est spécialisée maintenant depuis plusieurs mois dans la décarbonation de l'industrie.
04:23 Et c'est vrai que c'est une priorité qui est portée à l'échelle nationale par l'exécutif et qui est naturellement déclinée par Business France et par tous les opérateurs dans les régions.
04:33 C'est un travail que l'on fait avec les agences régionales.
04:36 C'est un travail vraiment d'attractivité où nous essayons d'offrir clé en main les sites pour que des grands investisseurs internationaux puissent venir implanter des projets industriels,
04:46 mais des projets industriels décarbonés.
04:48 La France est vraiment perçue aujourd'hui dans le monde comme un champion de l'industrie.
04:52 C'est notamment ce qu'on appelle la French Fab, le fameux coq bleu, mais aussi l'EBR, c'est-à-dire un champion de l'industrie décarbonée.
04:59 Donc c'est vraiment le secteur sur lequel la France a investi.
05:03 France 2030, je rappelle que c'est 54 milliards d'euros d'argent public investi là-dessus et ça doit être couplé aux grands investissements privés internationaux.
05:11 Mais évidemment, la France attire des investissements au-delà de ces seuls secteurs.
05:16 Mais vous voyez, il y a moins d'un mois, j'allais saluer l'implantation en France d'une entreprise américaine, vous voyez, malgré les contextes, d'IRA, sur l'hydrogène vert,
05:27 une entreprise qui s'appelle Kémours dans le nord de la France.
05:29 Donc vous voyez que la France reste encore très attractive malgré ce contexte international très concurrentiel.
05:34 Bon, et ce sont des investissements qui se traduisent par des embauches, très concrètement sur notre sol.
05:38 Laurence Amartin.
05:39 Ce sont des emplois.
05:40 Là aussi, nous mesurons les investissements internationaux, évidemment, en nombre de projets.
05:46 C'est normal, mais aussi beaucoup en nombre d'emplois.
05:48 C'est pour nous une priorité.
05:50 C'est aussi une priorité, évidemment, du gouvernement, puisque l'industrie, ces vecteurs d'emploi et à l'inverse, vous savez, quand on attire les investissements industriels,
05:58 eh bien ça fait de l'export en retour.
06:00 Donc c'est doublement vertueux.
06:02 Ça permet à notre pays de se réindustrialiser.
06:04 Ça permet à notre pays d'atteindre le plein emploi.
06:06 C'est une participation à cet effort-là.
06:08 Et puis à l'inverse, ça nous permet, nous, de réexporter.
06:11 Vous savez, on est en train de conjurer 25 années de choix politiques qui ont désindustrialisé, délocalisé nos entreprises.
06:18 Et aujourd'hui, la France assume de faire le chemin inverse, qui est celui de la réindustrialisation.
06:24 C'est bon pour l'emploi en France et c'est bon aussi pour l'export.
06:26 Merci, Laurence Amartin.
06:27 Nouveau directeur général de Business France après la présentation des derniers chiffres de notre commerce extérieur,
06:33 qui est donc largement difficitaire.
06:35 Mais vous l'avez dit, c'est en grande partie à cause de l'explosion de la facture énergétique.
06:39 Merci à vous.

Recommandée