Depuis plus de dix ans, Thibaud Elzière s’attèle à créer les prochains champions de la tech avec eFounders. Une recette qu’il entend dupliquer à plus large échelle avec Hexa, une nouvelle structure pour multiplier les start-up studios sur de nouvelles verticales.
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00:00 *Musique*
00:04 Bienvenue sur le Numérique pour un nouveau numéro de Jeudi Pro.
00:07 Aujourd'hui on va parler d'une structure qui accompagne beaucoup de startups dans la French Tech.
00:11 Cette structure c'est le Startup Studio eFounders.
00:14 Alors qu'est-ce qu'un Startup Studio ?
00:15 Et bien on va voir ça tout de suite avec Thibaut Elzière, le cofondateur d'eFounders,
00:19 une structure qui est bien connue dans la French Tech.
00:21 Bonjour Thibaut.
00:22 Bonjour Maxence.
00:24 Un Startup Studio, qu'est-ce que c'est ?
00:26 Exactement, qu'est-ce qu'un Startup Studio ?
00:27 Parce qu'on parle d'accélérateur, d'incubateur, de Startup Studio,
00:30 qui est un petit peu l'élément qui distingue le Startup Studio des autres structures qu'on connaît dans la Tech aujourd'hui.
00:36 Écoute, la vraie différence entre un incubateur, un accélérateur et un Startup Studio,
00:39 c'est que les idées viennent de chez nous, c'est-à-dire que nous on arrive avec nos propres idées
00:44 et on va s'associer avec des entrepreneurs qui vont venir nous voir
00:47 et pendant 18 mois, aidés d'une équipe mutualisée, d'une core team,
00:51 on va transformer cette idée en une boîte complètement indépendante.
00:55 Ces 18 mois, on va faire trois choses.
00:57 Grand 1, on va construire un MLP, un Minimum Levable Product,
01:02 donc une première version du produit.
01:04 On va essayer d'avoir une traction.
01:06 Nous, on est en B2B, donc l'idée d'une traction, ça veut dire quoi ?
01:08 Ça veut dire 10, 20 organisations équipes qui vont utiliser ton produit.
01:12 Et troisièmement, et c'est le point le plus important,
01:14 on va, en plus des deux entrepreneurs avec qui on va travailler,
01:18 rassembler une équipe de 5 à 10 personnes qui vont rendre la boîte complètement indépendante du studio.
01:24 Et donc quand ces trois éléments sont réunis,
01:26 la boîte, l'entreprise, le projet lève de l'argent avec un investisseur externe
01:31 et à ce moment-là, elle spin-off, donc elle sort du studio
01:33 et nous, ça nous donne le temps de repartir, de créer une nouvelle boîte.
01:36 Et on fait ça tout le temps avec deux, trois boîtes en parallèle.
01:38 On sort avec un studio comme eFounders à peu près 3, 4 nouvelles entreprises par an.
01:43 Maintenant, il y a quand même pas mal de sociétés qui sont sorties du giron d'eFounders
01:46 parce que ça fait plus de 10 ans, ça a démarré en 2011,
01:48 donc plus d'une décennie, et oui, le temps pèse vite.
01:50 Justement, quel bilan tirez-vous à l'issue de cette décennie écoulée,
01:54 sachant qu'il y a eu des succès dans la French Tech,
01:56 notamment Aircall qui est devenu une licorne, puis un centaure.
01:58 On parle de fronte, qu'est un petit peu votre regard quand on regarde dans le rétro de ce qui s'est passé ?
02:02 Je ne sais plus, on n'a plus le droit de parler d'animaux imaginaires,
02:04 on n'a plus le droit de parler de licornes, de centaures.
02:06 On a besoin de rêver en ce moment.
02:07 Écoute, c'est vrai que dans une période un peu morose,
02:10 nous, on a commencé effectivement en 2011, ça fait 10 ans,
02:13 on a lancé le studio historique eFounders,
02:16 on parlera après du fait qu'on s'est diversifié,
02:18 mais ce studio est verticalisé sur le logiciel d'entreprise.
02:22 Et avec eFounders, on a lancé une trentaine d'entreprises,
02:25 dont trois sont devenues des licornes, l'année dernière d'ailleurs.
02:29 On parle de Spendesk, d'Aircall et de Fronte.
02:32 Et on espère plein de boîtes à venir,
02:34 parce que ces licornes font partie des premières boîtes qu'on a lancées,
02:38 et on attend que les nouvelles boîtes qu'on a lancées d'ici,
02:40 depuis quelques années, le deviennent à nouveau.
02:43 Et on a eu 7 exits en tout,
02:44 c'est-à-dire qu'on parle beaucoup des boîtes qui ont pris de la valeur,
02:46 mais on a aussi vendu des boîtes comme Mailjet, comme Mansion,
02:50 comme Textmaster, comme Ivy,
02:52 qui nous ont permis d'ailleurs de financer le studio.
02:55 Notamment avec ces références que vous avez mentionnées,
02:57 Fronte, Aircall, qui est sur du SaaS B2B,
03:00 c'est la marque de fabrique d'eFounders.
03:01 Mais depuis quelques temps, vous êtes un peu diversifié,
03:04 en vous intéressant à d'autres thématiques,
03:06 notamment à la FinTech avec LogicFounders,
03:08 ou le Web3 avec SwiftFounders.
03:10 Pour vous, c'est un petit peu la suite logique,
03:12 finalement, de dupliquer cette modèle,
03:14 ou est-ce que c'est venu comme ça sur un instant ?
03:17 Écoute, en 10 ans, dans les 10 premières années d'eFounders,
03:20 on a créé, itéré, amélioré un modèle,
03:23 le modèle de Startup Studio.
03:24 On s'était aspiré à l'époque à un modèle dont on aimait le principe,
03:27 mais dont on n'aimait pas la philosophie,
03:29 qui s'appelait le Venture Builders,
03:31 le modèle de Rocket Internet.
03:32 Et du coup, on a créé notre propre modèle.
03:34 Et au bout de 10 ans, on a réalisé quand même que ça fonctionnait.
03:37 Il y a 100 à 1000 fois plus de chances de créer une unicorne
03:40 quand tu le fais en équipe avec eFounders.
03:43 Nous, on appelle ça l'entrepreneuriat en équipe,
03:45 le Team Entrepreneurship, plutôt que de le faire tout seul.
03:48 Donc on s'est dit, ce modèle fonctionne,
03:50 ça marche dans le logiciel pour entreprise,
03:52 on va s'essayer à d'autres verticales.
03:54 On l'a fait il y a deux ans en s'associant avec un entrepreneur
03:58 qui s'appelle Kaimil Tian dans la FinTech.
04:00 On a créé le studio Logic Founders.
04:02 Puis on a renouvelé la chose l'année dernière avec Florent.
04:06 On a fait le studio 3Founders spécialisé dans le Web3.
04:09 Et l'année dernière, on s'est dit, on va plus loin,
04:11 on va créer EXA.
04:13 EXA, on a deux missions.
04:14 La première mission, c'est de continuer à aider nos studios,
04:17 eFounders, Logic Founders et 3Founders,
04:20 à créer des boîtes, à réaliser leur mission,
04:22 c'est de créer des entreprises,
04:23 et à créer d'autres studios,
04:25 c'est-à-dire à appliquer ce modèle de startup studio
04:27 qu'on a créé dans d'autres verticales.
04:29 Et on est en train de débroussailler des verticales
04:31 comme la santé, l'éducation ou le climat
04:34 qui seront certainement lancés dans les prochains...
04:37 des studios qui seront lancés dans les prochains mois,
04:38 peut-être prochaines années.
04:39 Évidemment, on connaît bien la méthode bien rodée d'eFounders
04:42 sur le SaaS B2B,
04:43 mais justement, cette méthode qui marche bien,
04:44 comment on la date pour qu'elle soit aussi efficace
04:47 dans d'autres domaines comme la santé,
04:49 notamment la FinTech, qui ont des problématiques différentes,
04:52 et puis voilà, parfois qui ont des petites spécificités
04:54 qu'on ne retrouve pas forcément dans les autres secteurs ?
04:56 Alors justement, parce qu'on va rester dans le SaaS B2B.
04:59 C'est-à-dire qu'on faisait du SaaS B2B
05:01 dans le logiciel d'entreprise,
05:02 dans les logiciels de productivité,
05:04 mais on va continuer à faire du SaaS B2B
05:06 parce qu'on ne peut pas se prévaloir de faire mieux
05:08 que n'importe qui dans tous les domaines.
05:10 Donc on reste dans le domaine qu'on connaît bien,
05:11 c'est le logiciel B2B,
05:14 et on va le faire dans la FinTech, dans le climat,
05:17 mais dans le climat,
05:18 on ne va pas créer une nouvelle forme d'éolienne.
05:20 On va réfléchir à comment on peut adresser
05:22 l'urgence climatique à travers la création de logiciels,
05:25 notamment de logiciels B2B.
05:27 Donc si on change d'industrie et de verticale,
05:29 on ne va pas changer, je dirais, notre horizontal,
05:32 notre passion, de toutes les passions,
05:36 le logiciel B2B.
05:37 Alors ces sociétés, une fois qu'elles sortent du giron
05:39 d'E-Founters ou des autres startups studios
05:41 qui ont été récemment créées,
05:42 évidemment elles sont confrontées encore un peu plus
05:44 à l'idée du marché,
05:45 elles sont dépendantes des financements
05:46 accordés par les fonds,
05:47 or depuis un an, c'est un petit peu la soupe à la grimace,
05:49 même si on sent que ça repart un petit peu,
05:51 justement, quel est votre regard sur cette situation
05:54 où pendant des années,
05:55 on a eu des valorisations complètement délirantes,
05:57 notamment aux Etats-Unis,
05:58 même s'il y a eu des belles choses aussi dans la French Tech,
06:00 est-ce que finalement, voilà,
06:02 on n'était pas obligés de passer par là,
06:04 d'une certaine manière ?
06:05 Écoute, nous, quand les boîtes sortent,
06:07 au bout de 18 mois,
06:08 elles deviennent complètement indépendantes.
06:09 Alors c'est vrai,
06:10 elles sont complètement indépendantes opérationnellement,
06:13 mais on garde un rôle de board member,
06:15 et puis on est très attaché évidemment aux fondateurs
06:17 puisqu'on a été leur co-fondateur pendant 18 mois
06:19 à l'origine du projet.
06:20 Donc effectivement, depuis un an,
06:22 on a continué à créer de nouvelles boîtes,
06:24 mais on s'est occupé aussi pas mal de notre portfolio,
06:27 des boîtes comme Aircall, Spendesk et Front,
06:29 en travaillant avec le board,
06:31 les autres investisseurs,
06:32 les fondateurs et leur équipe,
06:33 pour être sûrs effectivement qu'ils aient assez de financement
06:35 pour rester un peu cet hiver nucléaire
06:37 qu'on est en train de vivre.
06:38 Donc ça nous a pris pas mal de temps,
06:40 j'avoue, dans les 9-12 derniers mois,
06:43 surtout mes associés qui s'en occupent.
06:44 Moi je suis plutôt sur le futur,
06:46 sur la création de nouvelles boîtes,
06:47 sur le début.
06:48 Eux, ils s'occupent,
06:49 et ils ont beaucoup de mérite,
06:50 des gens comme Quentin et Amaury
06:51 qui sont mes associés,
06:52 pas mal du portfolio.
06:53 Écoute, et au niveau des nouvelles boîtes,
06:56 aujourd'hui il faut se rendre compte
06:58 que c'est 10 fois plus dur,
06:59 10 fois plus dur de lever en CID,
07:02 alors en Light Stage j'en parle pas,
07:04 mais au tout début d'une startup,
07:05 c'est 10 fois plus dur de lever que l'année dernière.
07:07 Et c'est là justement que la notion de startup studio,
07:11 de la notion d'entreprenariat collectif
07:16 prend tout son sens.
07:17 C'est-à-dire que l'année dernière,
07:18 nos boîtes n'avaient pas besoin de nous pour lever des fonds,
07:20 il y avait 50 VCs qui sonnaient à leur porte tous les jours.
07:23 Aujourd'hui, on les accompagne,
07:24 on a un super network,
07:26 on les prépare,
07:27 et ils arrivent encore à lever.
07:29 On a aujourd'hui justement eu l'annonce,
07:31 une de nos boîtes qui a levé un beau CID,
07:34 et on a pas mal de choses à annoncer.
07:36 C'est impossible, je dirais, pour la plupart des boîtes,
07:39 et c'est possible grâce à l'environnement de startup studio.
07:42 Cette fois-ci, l'environnement de startup studio
07:44 aide énormément pour lever,
07:45 et dans d'autres circonstances,
07:46 on aide sur d'autres sujets.
07:48 Mais voilà, ça justifie encore plus,
07:50 je trouve, notre modèle.
07:52 Mais l'environnement est compliqué.
07:54 Ma vision un peu sur le futur de ce qui va se passer,
07:57 c'est que ça va prendre quand même 18-24 mois.
08:00 Peut-être pas d'ailleurs à retrouver les délires de 2021,
08:03 mais pour retomber un peu sur nos pattes.
08:05 Et ça va encore, je pense, sombrer pendant encore quelques mois,
08:08 même si on sent un peu d'effrémissement positif,
08:10 on entend un peu à droite, à gauche,
08:12 des levées de fonds dans la French Tech.
08:15 Je pense qu'il y a encore 3-4 mois un peu durs,
08:18 et puis ça va remonter progressivement
08:19 pour réatteindre d'ici 18-24 mois
08:22 des valorisations,
08:23 mais peut-être beaucoup plus justes
08:24 que les valorisations qu'on a pu voir en 2021.
08:27 Oui, vu pour l'écosystème,
08:28 c'est peut-être aussi un passage à la « maturité »
08:30 où il y avait beaucoup de quantités.
08:32 En effet, c'était beaucoup plus facile de lever des fonds.
08:34 Là, on peut avoir un écrémage,
08:36 certains parlent même de purge,
08:37 mais pour gagner peut-être en qualité d'une certaine manière.
08:40 Écoute, moi, ce que je racontais à mes fondateurs,
08:44 c'est qu'il n'y a jamais eu une aussi bonne période
08:46 que les 12 derniers mois, j'ai trouvé,
08:47 pour pouvoir vraiment créer des boîtes.
08:49 Quand on crée des boîtes,
08:50 on a envie d'être tranquille, au calme,
08:52 sans soliditation extérieure.
08:54 Et quand tu as des concurrents qui sortent toutes les minutes
08:56 ou des boîtes qui n'ont aucun sens,
08:59 qui se font financer,
09:00 ou des VCs qui rentrent par la porte ou par la fenêtre,
09:04 on se précipite un peu,
09:06 on est dans le faux mot,
09:08 on fait n'importe quoi.
09:09 Aujourd'hui, on est posé,
09:10 on peut construire une stratégie sur le long terme.
09:12 Et moi, je suis, en tout cas,
09:14 même si j'entends que l'écosystème
09:17 est un peu morose aujourd'hui,
09:19 moi, je trouve qu'il n'y a jamais eu une aussi bonne période
09:21 pour créer, pour lancer des boîtes.
09:22 Ce sera le mot de la fin.
09:24 Merci beaucoup Thibaut.
09:25 Merci Maxence.
09:26 Merci à vous de nous avoir suivis.
09:28 Et évidemment, on se retrouve la semaine prochaine
09:30 pour un nouveau numéro de Jeudi Pro.
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