Michel Onfray : «Nous sommes dans la IV république. […] Le Général de Gaulle avait fait en sorte avec la IV république que les partis ne faisaient pas la loi. […] Comme tout le monde fait de la politique politicienne, l’intérêt général est traité avec un profond mépris du peuple. On ne sollicite plus jamais le peuple»
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00:00 on est dans la 4ème République. C'est ça le problème.
00:02 C'est-à-dire on est dans la 4ème République.
00:03 Avec la 5ème République, le président présidait,
00:05 le gouvernement gouvernait, les députés faisaient un travail,
00:08 il y avait un travail en amont, on respectait la démocratie,
00:11 on respectait l'Assemblée nationale et,
00:14 tant bien que mal, ça fonctionnait. C'était correct.
00:16 Il y avait des partis, le général de Gaulle fustigeait
00:18 les politiciens, enfin ses fameux partis,
00:20 mais en même temps, il avait fait de telle sorte que
00:22 ce n'étaient pas les partis qui faisaient la loi,
00:24 comme c'était le cas avec la 4ème République,
00:26 où les partis pouvaient défaire un gouvernement.
00:28 Et le général de Gaulle fait la 5ème en disant
00:30 qu'il faut qu'il y ait une stabilité gouvernementale.
00:32 Le président Macron a été élu dans les conditions que nous savons,
00:35 avec une espèce de coup d'État médiatique perpétuel
00:37 où on nous dit "Marine Le Pen existe"
00:39 et puis à un moment donné où elle est au second tour,
00:41 on dit "ah au fait, on a oublié de vous dire, elle est nazie,
00:42 donc il va quand même falloir voter pour le général de Gaulle
00:45 et Jean Moulin". Donc c'est par défaut,
00:47 des gens disent "non, je ne vote pas pour lui,
00:49 mais je vote contre Marine Le Pen".
00:50 Il y a un deuxième moment où on peut voir
00:52 s'il y a vraiment une adhésion franche,
00:54 plutôt que cette espèce de coup fourré de l'élection présidentielle.
00:56 Et quand il y a une Assemblée nationale, on dit
00:58 "eh ben voilà, beaucoup de députés du Front National,
01:00 beaucoup de députés de la France Insoumise".
01:01 Et à ce moment-là, le chef de l'État obéit.
01:04 Le chef de l'État obéit à la représentation nationale.
01:06 Il se dit "bon, je vais changer de politique".
01:08 En temps normal, quand on perd, soit on dissous,
01:10 soit on s'en va, ça c'est le général de Gaulle,
01:12 soit éventuellement on change de Premier ministre
01:13 pour changer de politique.
01:14 Ça c'était Mitterrand, à sa manière.
01:17 Et là il devrait dire "bon, je ne dispose pas
01:18 d'une Assemblée nationale à ma main,
01:20 donc je ne peux pas faire ma politique.
01:21 On va essayer de faire une politique ensemble
01:23 avec ce que veulent ces gens-là".
01:24 Mais je pense que la NUPES se projette
01:30 dans la prochaine présidentielle,
01:31 Mélenchon ira, et Marine Le Pen aussi.
01:33 Et donc ce sont des gens qui jouent la question de présidentielle.
01:35 Alors l'une joue l'espèce de respectabilité.
01:38 Vous avez vu, nous on est bien peignés,
01:40 on est propres, on est polis, on est courtois,
01:41 on est bien habillés.
01:42 Et puis l'autre dit "on va faire, transformer en ZAD".
01:44 Je crois que c'est eux qui ont utilisé l'expression
01:46 en disant "il faut que ce soit une ZAD".
01:47 Donc cette façon de dire "la démocratie,
01:49 on n'en a rien à faire, le Parlement,
01:50 on n'en a rien à faire, ce que veut le peuple,
01:52 on n'en a rien à faire".
01:53 Je regrette, mais les gens qui ont voté
01:55 pour Marine Le Pen, c'est le peuple aussi.
01:57 Ce n'est pas que le peuple de Mélenchon.
01:58 Puis il y a des gens qui ont voté pour Emmanuel Macron,
02:01 d'autres pour les Républicains.
02:02 Et on compose avec ça.
02:03 Si on est gaullien, on est dans l'intérêt général.
02:05 On est dans le bien public et on se dit "bon,
02:07 je ne fais pas passer ma feuille de route maastrichtienne,
02:09 mais je vais faire une politique qui sera nationale,
02:11 qui sera faite pour la nation, auquel cas,
02:13 je dois pouvoir trouver des alliés ici et là ou ailleurs".
02:15 Mais comme tout le monde fait de la politique politicienne,
02:17 il est bien évident que l'intérêt général,
02:19 la France et les Français, on voit ça avec l'Ukraine,
02:21 c'est une guerre européenne, c'est une guerre européiste,
02:23 ce n'est pas une guerre des Français,
02:24 ça devient une guerre des Français,
02:25 mais avec un profond mépris du peuple.
02:27 On ne sollicite plus jamais le peuple.
02:28 [Musique]
02:32 [SILENCE]