• il y a 2 ans
Ils ont profité des manifestations organisées samedi partout en France pour défiler sans avoir à poser un jour de grève ou pour battre le pavé en famille. L'Humanité les a rejoint dans le cortège parisien.

"Je trouve ça positif que nous puissions revenir à nouveau manifester en famille car dans la dernière période, ce n'était vraiment pas évident." "Il faut tenir jusqu'à début mars et au retour des vacances il faudra que ça prenne plus d'ampleur en lien avec la journée internationale des droits des femmes le 8 mars", affirme Fanny, venue en famille participer à cette journée de mobilisation du 11 février.

Des mobilisations bien plus familiales pour cette quatrième journée d'action contre la réforme des retraites, samedi, les syndicats espèrent se faire entendre enfin de l'exécutif, faute de quoi ils se disent prêts à "mettre la France à l'arrêt" le 7 mars.

Avant le départ en début d'après-midi du cortège parisien - fort de 500.000 personnes, selon la CGT - les leaders des huit principaux syndicats ont confirmé leur appel à un cinquième acte le 16 février. Ils se sont aussi dits prêts "à durcir le mouvement" et à "mettre le pays à l'arrêt le 7 mars" si le gouvernement et le Parlement "restent sourds" aux mobilisations.

Cette annonce "d'un durcissement le 7 mars, ça laisse un peu de temps s'ils veulent réagir", a affirmé le numéro un de la CFDT, Laurent Berger, ajoutant qu'"on n'est pas dans la logique de grève reconductible". Son homologue de la CGT Philippe Martinez a souligné que "la balle (était) dans le camp" de l'exécutif.

Maya, élève de CM2 est également venue faire la manif avec sa maman : "Si on ne se mobilise pas maintenant, ma génération n'aura pas de retraite et on devra travailler jusqu'à notre mort. Il faut se mobiliser sinon tout le monde sera pénalisé."

Sur des pancartes dans les défilés, on pouvait lire "Macron, arrête tes calculs, on sait que tu nous plumes", "je ne suis pas Dalida, je ne veux pas mourir sur scène" ou encore "Pour la retraite de la réforme".

"On travaille en semaine et ça nous semblait important d'être là, en communion, quel que soit l'âge et le problème c'est qu'aujourd'hui, passé un certain âge, on ne veut plus de nous." nous a expliqué dans le cortège Isabelle, salariée indépendante dans la Communication.

Les trois premières journées d'action ont réuni entre 757.000 et 1,27 million de personnes selon les autorités (entre près de deux millions et plus de 2,5 millions selon l'intersyndicale), sans infléchir l'exécutif sur la mesure-phare de la réforme, le recul de l'âge légal de départ à 64 ans.

Depuis Bruxelles, où il participait à un sommet européen, le président Emmanuel Macron avait semblé regarder ailleurs jeudi, plaidant pour que "le travail puisse se poursuivre au Parlement", sans que la contestation "bloque (...) la vie du reste du pays".

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Transcription
00:00 Frappez fort, voici l'ambition de cette nouvelle journée de mobilisation contre le projet de réforme des retraites.
00:05 Et pour la première fois, celle-ci se déroule un samedi.
00:08 C'est pourquoi nous allons partir à la rencontre de ces citoyens venus en famille ou entre amis.
00:14 Allez, je vous emmène.
00:16 On est venus avec les enfants, effectivement, on est venus en famille.
00:19 Et je trouve ça quand même assez positif qu'on puisse de nouveau revenir en manifestation en famille,
00:24 parce que dans la dernière période c'était quand même pas évident.
00:27 Je pense que c'est pas mal de varier les modalités d'action.
00:30 Donc c'est bien qu'il y ait des journées de grève et qu'il y ait aussi des journées de manifestation
00:35 pour les personnes qui ne peuvent pas se rendre en manifestation en semaine.
00:39 Je pense que des journées de grève rapprochées, c'est pas mal.
00:42 Après là, on est dans un contexte aussi de vacances scolaires, ce qui rend les choses moins évidentes.
00:46 Tout se jouera, à mon avis, là il faut tenir jusqu'à début mars.
00:51 Et au retour début mars, je pense qu'il faudrait que ça prenne aussi davantage d'ampleur,
00:55 y compris dans d'autres secteurs d'activité.
00:58 Et ce qui pourrait être pas mal justement, parler des femmes,
01:01 c'est qu'il y ait aussi un lien très fort qui soit fait avec la grève féministe du 8 mars.
01:05 Normalement, ma pancarte est pourrie, la retraite le sera aussi, j'ai juste un peu changé.
01:10 On va se battre même si on est enfant, parce que si on ne se mobilise pas maintenant,
01:17 après le gouvernement pourra faire de plus en plus de choses après,
01:21 de faire encore des réformes pour décaler encore plus, encore plus.
01:24 Et ce qui arrivera si on ne se mobilise pas maintenant,
01:28 c'est que nous, ma génération, on n'aura pas de retraite.
01:33 Et du coup, on devra travailler jusqu'à notre mort,
01:37 où on n'aura pas de temps de repos.
01:39 Donc il faut se mobiliser le plus possible,
01:42 et aller dans les rues, sinon on ne gagnera pas et tout le monde sera pénalisé.
01:46 C'est une réforme tellement injuste que moi je n'ai pas encore rencontré une seule personne qui l'a défendée,
01:51 à part les députés macronistes sur les plateaux télé.
01:54 Donc oui, c'est évident que tout le monde en a marre de servir comme ça, d'être sacrifié.
02:02 Alors que là, il n'y a vraiment pas de raison en plus.
02:04 C'est-à-dire que tout le monde est convaincu que cette réforme n'a pas de raison d'être.
02:08 Le patronat, c'est dégueulasse, et la retraite c'est trop la classe.
02:14 Elle est injuste pour les gens qui ne font pas comme nous un boulot qui les passionne,
02:17 mais font un boulot qui est alimentaire et qui est très difficile.
02:21 Elle est injuste pour les gens qui ont 50 ans, qui sont cassés en deux.
02:24 Je bosse à l'hôpital, donc des gens vraiment qui donnent deux, et qui sont cassés, j'en vois plein.
02:30 Donc voilà, c'est même pas nous, on est passionnés, on est indépendants.
02:34 Mais bon, c'est important aussi les indépendants, parce qu'on bosse beaucoup,
02:38 et on n'a pas beaucoup de sécurité non plus.
02:42 Mais voilà, c'est surtout pour tous ceux qui vont bosser comme des malades,
02:46 et qui sont cassés bien avant l'âge.
02:48 Et puis là, ils partent du postulat que cette retraite, ça va être très bien,
02:52 parce qu'il y aura le plein emploi, et en même temps, on continuera d'embaucher des vieux dans les boîtes.
02:56 Mais c'est pas vrai, c'est pas la réalité.
02:58 Donc on part déjà d'un postulat qui est faux.
03:00 On travaille la semaine, on partage les mêmes idées.
03:03 Donc ça nous semblait important d'être là, et de montrer notre avis,
03:09 et cette communion avec quel que soit le parti, quel que soit l'âge,
03:14 parce que là, tout le monde peut se représenter aujourd'hui.
03:17 Moi, je suis passionnée, mais le problème, c'est qu'aujourd'hui,
03:20 dès qu'on a passé un certain cap, on est vieux, et on veut plus de nous.
03:23 C'est dommage.
03:25 C'est ce qu'on se demande.
03:28 Et l'égalité aussi.
03:30 Elle n'est pas dans la réforme, en tout cas. Pas dans celle-là.
03:33 C'est pour ça qu'un samedi, c'est parfait.
03:35 Je suis libre, elle est libre, donc on y va ensemble.
03:37 Ce moment, forcément, c'est un sujet central dans nos conversations en tant qu'étudiants,
03:41 parce que c'est notre futur, forcément. C'est ce qui nous attend.
03:45 C'est un futur assez lointain, donc on se dit que pour l'instant, ça ne nous touche pas,
03:49 mais on va être les prochains à être touchés, malheureusement.
03:53 Donc il faut commencer maintenant à dire qu'on n'est pas d'accord,
03:56 et à essayer de changer les choses.
03:58 Je n'ai pas encore fait de manifestation sur la réforme des retraites,
04:02 mais du coup, l'occasion s'est présentée,
04:07 il y avait Ambre qui était libre aussi pour qu'on y aille et qu'on vienne manifester.
04:13 Et je pense que c'est important de ne pas relâcher le mouvement
04:17 et de continuer à manifester.
04:20 On a un rituel, c'est à table, à 8h, à 20h, on mange tous ensemble.
04:23 Et donc c'est le repas familial, et il n'y a pas de téléphone,
04:27 tu vas dans ta chambre, il n'y a pas de jeu vidéo, il n'y a rien.
04:30 Et on choisit un sujet de discussion, et on en débat en famille.
04:35 Et là, en ce moment, le débat c'est les retraites.
04:39 Alors je leur explique, ils comprennent, ils ne comprennent pas,
04:42 ils discutent après à l'école avec leurs propres amis,
04:44 je leur demande de demander à leurs professeurs leurs points de vue
04:47 et de les taquiner un peu pour les pousser dans leur retranchement.
04:50 Et voilà, ça se passe comme ça, et c'est intéressant,
04:53 et c'est comme ça que ça doit se passer.
04:55 Je trouve que, comme l'a dit mon père, c'est quand même une bonne initiative
04:59 d'amener toute la famille, que ce soit les plus petits, les adolescents,
05:03 parce que c'est surtout les prochains qui vont être concernés
05:06 par ce qui se passe en ce moment, et que c'est très important
05:13 et que c'est pour le futur des générations prochaines.
05:16 J'ai commencé à travailler, j'avais 18 ans, enfin à peine,
05:21 et là je viens surtout avec une pensée pour mes collègues
05:25 qui sont décédés juste avant la retraite, donc à 60 ans, carrière longue,
05:30 Béatrice et Maria, entre autres, et je pense à tous les autres aussi.
05:34 Et aussi, je pense aux femmes qui n'ont pas eu la chance de pouvoir
05:39 faire une pause pour élever leurs enfants, parce que malheureusement
05:42 c'est quelque chose qui est réservé à une certaine catégorie de personnes,
05:47 et il n'y a que ces femmes-là qui pourront bénéficier des points supplémentaires.
05:52 Voilà, pour ma part, je me suis trouvée à un moment de ma vie monoparentale,
05:57 à devoir élever deux enfants, le papa de mon fils est mort d'un cancer très jeune,
06:02 et donc pour ces femmes-là, et ces gens qui meurent,
06:08 enfin avant l'âge pour tout ça, je suis là.
06:11 [Musique]

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