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Transcription
00:00 La Russie continue de grignoter du terrain dans l'Est de l'Ukraine.
00:03 Est-ce qu'elle est en train de reprendre l'avantage sur Kiev ?
00:08 Elle a l'initiative, oui, c'est elle qui pousse.
00:11 Mais je ne la vois pas prendre un avantage décisif.
00:14 Elle va grignoter, grignoter au prix de pertes démentes,
00:20 absolument démentes et débiles.
00:23 Et donc ils vont grignoter, ils vont prendre un village de plus une fois de temps en temps
00:27 et ils vont s'en féliciter.
00:29 Ça, ce n'est pas une menace existentielle pour l'Ukraine en réalité.
00:34 En quoi consiste la stratégie russe actuelle au juste ?
00:36 C'est toujours de viser les infrastructures énergétiques ukrainiennes ?
00:41 Alors les infrastructures énergétiques, en réalité,
00:44 ils ont arrêté de les viser depuis à peu près deux mois.
00:47 Ils ont eu une campagne très efficace en octobre, novembre dernier.
00:52 Et puis après, je ne sais pas pour quelle raison,
00:54 ils se sont mis dans le bombardement anticité pour terroriser la population.
00:58 Et en fait, les Ukrainiens ont gagné la bataille de l'hiver.
01:01 Ils réparent plus vite qu'on ne casse.
01:04 Alors, il y a eu une grosse dégelée là, hier soir et aujourd'hui,
01:10 qui est sans doute liée au succès du voyage du président Zelensky en Europe,
01:18 puisque le régime Poutine a cette habitude de faire des tirs de missiles festifs, dirait-on.
01:27 À chaque fois qu'il a un mouvement d'humeur.
01:30 Donc là, c'est un mouvement d'humeur, un mouvement de grosse mauvaise humeur.
01:34 Et donc, ils ont tiré une grosse salle de missiles.
01:37 Ce qui est intéressant, c'est que d'abord, c'est la première salle de missiles depuis, je pense, deux semaines.
01:42 C'est une salle de missiles qui est moins importante qu'après le pont de Kerch,
01:47 l'attentat sur le pont de Poutine en Crimée.
01:53 C'est la limite de ce qu'ils peuvent faire quand ils sont au sommet de la mauvaise humeur.
01:58 Vous voyez, 71 missiles.
02:01 Ça veut quand même dire que leur stock s'épuise, et leur capacité s'épuise.
02:06 Concernant ces missiles, selon les autorités ukrainiennes,
02:09 plusieurs d'entre eux ont traversé l'espace aérien de la Moldavie et de la Roumanie.
02:13 Les autorités moldaves ont confirmé, les autorités roumaines ont démenti.
02:17 Est-ce que c'est une ligne rouge à ne pas franchir le survol de la Roumanie par des missiles russes ?
02:23 Alors il y a deux hypothèses à ça.
02:25 La première, c'est que c'est délibéré et que c'est un signe qu'on fait passer à la Roumanie et à la Moldavie,
02:31 au sens, continuez comme vous êtes et il y aura des missiles qui ne vous survoleront pas.
02:37 Ils finiront leur carrière sur votre sol, au sens, c'est une menace.
02:43 La deuxième hypothèse, c'est le manque de professionnalisme dans le ciblage.
02:49 Là, quand ils font une grosse vague de missiles, les lieutenants ou le capitaine
02:56 qui rentrent les coordonnées de l'objectif dans la tête du missile,
03:01 ne font pas forcément très attention à la trajectoire du missile.
03:05 Et en particulier, est-ce que cette trajectoire franchira une frontière internationale ou pas ?
03:11 Ça c'est quelque chose qu'on fait à l'OTAN de façon tout à fait routinière,
03:14 et en France, et les Anglais, les Américains.
03:16 Si vous faites du ciblage, il y a un juriste et il y a un conseiller politique qui vont regarder,
03:23 et si votre trajectoire de missile franchit une frontière, ils vont vous dire "on a un problème les gars, là on a un problème".
03:30 Donc là, la deuxième hypothèse, c'est tout simplement un manque de professionnalisme
03:35 de la part de lieutenants ou de capitaines faisant le plan de vol du missile, tout bêtement.
03:43 C'est aussi ballot que ça.
03:45 Je ne sais pas laquelle des deux hypothèses est la plus probable.
03:49 Vous l'avez évoqué il y a quelques minutes,
03:51 Volodymyr Zelensky a réalisé une tournée en Europe ces derniers jours.
03:54 Est-ce qu'elle a été fructueuse ? Est-ce qu'il est revenu avec ce qu'il voulait ?
03:59 Alors, il n'est pas revenu avec ce qu'il voulait, parce que lui ce qu'il voulait,
04:03 il n'y a pas de limite à ce qu'il veut en réalité, le président Zelensky.
04:07 Et je le comprends, on serait à sa place.
04:10 Alors il n'est pas revenu avec les avions.
04:12 Et en réalité, c'est la fausse bonne idée les avions.
04:18 Quel que soit le modèle F-16, Rafale, Mirage, la question n'est pas là.
04:25 Le problème est qu'aujourd'hui, le territoire de l'Ukraine,
04:28 qu'il soit tenu par l'armée ukrainienne ou tenu par l'armée russe,
04:32 est un buissonnement de missiles solaires.
04:36 Donc les deux aviations, russes et ukrainiennes,
04:40 volent sur le territoire qu'elles contrôlent au sol,
04:45 mais pas sur le territoire qu'elles ne contrôlent pas au sol.
04:48 En d'autres termes, même si on donne des F-16 ou des Mirage ou des Rafale ou des F-15 aux ukrainiens,
04:55 ils ne voleront pas physiquement au-dessus du territoire contrôlé par les russes.
05:01 Et pourquoi ? Parce qu'ils seraient visés ?
05:03 Oui, ils seraient visés. C'est très férugineux le ciel.
05:06 Il n'y a pas beaucoup d'avions qui volent en réalité aujourd'hui.
05:09 Le ciel est devenu tellement hostile à un avion à cause de toutes les missiles,
05:13 la forêt de missiles qu'il y a en dessous, que ce n'est plus la peine.
05:17 Donc même si on lui donnait des avions, si on lui donnait 50 F-16,
05:23 qu'est-ce qu'il irait attaquer avec ces 50 F-16 ?
05:26 Rien de plus que ce que sait faire son artillerie.
05:29 Donc le vrai problème pour les ukrainiens aujourd'hui, c'est les munitions d'artillerie,
05:33 les munitions de chars, les missiles et en particulier les HIMARS
05:38 et bientôt les GLSDB pour une portée supérieure.
05:42 C'est ça qu'il leur faut.
05:44 Ce n'est pas une arme aérienne qui, pour l'instant, s'auto-neutralise,
05:48 enfin se neutralise réciproquement pour être plus précis.
05:52 Merci, merci beaucoup Général Michel Yakovlev d'être intervenu sur l'antenne de France 24
05:57 et merci pour votre franc-parler.
05:59 Merci, bonsoir.