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00:00Il est 10h ici à Paris, bonjour à toutes et tous et bienvenue dans Parlons-en, votre
00:06rendez-vous avec l'info qui prend son temps.
00:08Voici l'un des titres de ce lundi matin, 109 milliards d'euros d'investissement
00:12pour l'intelligence artificielle en France.
00:15Emmanuel Macron sort le portefeuille à l'ouverture du sommet de Paris consacré à cette révolution
00:19technologique.
00:20La France accueille pendant deux jours tout ce que la planète compte de patrons de la
00:24tech, d'entrepreneurs, de start-upers ou presque.
00:27L'Europe veut montrer qu'elle est à l'initiative face aux Etats-Unis et à la Chine qu'elle
00:31veut innover avant de réguler.
00:33C'est une révolution telle que certains la comparent à l'électricité ou au chemin
00:39de fer.
00:40Cette intelligence artificielle est au cœur de ce sommet donc qui vient d'ouvrir ses
00:43portes à Paris.
00:44On parle innovation, on parle régulation mais sait-on vraiment de quoi on parle au
00:48fond ? C'est quoi l'intelligence artificielle ? Depuis quand est-elle entrée dans nos
00:51vies ? Où se cache-t-elle ? Sait-on toujours quand on y a affaire ? Est-elle un miracle
00:56technologique ou une menace pour nos sociétés ? Intelligence artificielle, nous promet-elle
01:02un monde meilleur ? C'est la question que l'on va se poser avec mes invités jusqu'à
01:0510h45.
01:06Guillaume Gallet, Gralet et là Christophe Dansette est là, Anis Ayari sera là dans
01:10un instant.
01:11On a beaucoup de choses à se dire, c'est parlons-en et c'est parti !
01:13Et on va vous retrouver tout de suite au Grand Palais, Christophe Dansette.
01:28Bonjour Christophe, c'est l'emblématique monument parisien qui va accueillir pendant
01:32deux jours ce sommet sur l'intelligence artificielle.
01:36Il vient de commencer, il va réunir des grands patrons de la tech, on l'a dit, des startups,
01:41des chefs d'état du monde entier et notamment Narendra Modi qui co-accueille ce sommet avec
01:46le président Macron.
01:47La France veut montrer, Christophe, qu'elle est avec l'Europe à l'initiative sur l'intelligence
01:53artificielle.
01:54Effectivement, le sommet a été lancé il y a tout juste une demi-heure par Anne Bouvreau,
02:01l'envoyée spéciale d'Emmanuel Macron pour ce sommet qui a monté ce sommet depuis plus
02:07d'un an.
02:08La France veut être à l'initiative, vous savez, ces grands messes, c'est la troisième
02:13du genre.
02:14La première avait été organisée il y a deux ans par le Royaume-Uni, l'année dernière
02:19c'était la Corée du Sud et donc la France veut organiser ce troisième sommet de l'intelligence
02:24artificielle.
02:25L'idée étant de trouver un cadre, une régulation mondiale pour cette intelligence artificielle
02:30qui peut faire peur, c'est vrai, mais qui peut aussi montrer un certain nombre de progrès
02:36et c'est là-dessus que veut insister Emmanuel Macron, que veulent insister aussi les organisateurs
02:41qui veulent nous faire passer de la science-fiction à la réalité, comme disait Anne Bouvreau
02:46dans son discours d'ouverture, parce qu'il y a des choses positives aussi dans l'intelligence
02:52artificielle et c'est ce qu'essaye de montrer un peu cette journée ici au Grand Palais.
02:56On voit derrière moi un certain nombre de stands, il y a en tout 50 stands parmi plus
03:01de 700 candidats, ils ont été sélectionnés pour montrer des réalisations concrètes
03:06et positives de l'intelligence artificielle, alors je vais aller en voir un certain nombre,
03:11c'est des réalisations concrètes, souvent d'ailleurs en Afrique, comme cette start-up
03:16africaine qui collectionne des datas pour essayer de découvrir en amont des maladies
03:23génétiques rares, donc on pourrait ainsi soigner plus rapidement et plus facilement
03:28des maladies rares, il y a des start-ups derrière aussi pour tout ce qui est la réponse
03:35lors d'un tremblement de terre, l'idée de faire une cartographie avec de l'IA pour
03:39essayer d'aller extrêmement vite, une troisième encore c'est pour essayer de développer
03:44les langues, l'IA des langues, parce qu'aujourd'hui tous les générateurs d'intelligence artificielle
03:49et bien souvent ils sont en anglais, en français, parfois en espagnol, mais il y a beaucoup
03:53beaucoup de langues où ce n'est pas le cas et donc certaines intelligences artificielles,
03:56certaines organismes toujours en open source, vous allez nous expliquer je pense après
04:01ce que ça veut dire, mais essayez de travailler là-dessus, bref il y a beaucoup de choses
04:06ici très intéressantes qu'Emmanuel Macron a voulu mettre en avant et mettre en avant
04:11surtout effectivement ce côté positif, pas le côté uniquement de danger qui évidemment
04:19pose des questions au niveau du droit de propriété, au niveau des dérives de l'IA, mais là vraiment
04:24c'est le côté positif qu'Emmanuel Macron veut mettre en avant et c'est ce que fait ce sommet.
04:29Merci beaucoup Christophe, une intelligence artificielle du point de vue des progrès
04:35qu'elle apporte, effectivement c'est ce qu'a redit hier le président Macron sur le plateau
04:38de nos confrères de France 2, on l'écoute.
04:44On vit une révolution technologique et scientifique comme on en a peu connu et donc c'est un moment
04:51d'opportunité pour l'humanité et donc moi je le vis avec beaucoup d'intérêt, de volonté
04:58de faire et la conviction que cette nouvelle ère de progrès, la France, l'Europe et avec
05:02elle ses grands partenaires dont l'Inde doivent la saisir parce que ces progrès vont nous
05:06permettre de mieux vivre, de mieux apprendre, de mieux travailler, de mieux soigner et que
05:11c'est à nous de mettre cette intelligence artificielle au service de l'humain.
05:14Mettre l'intelligence artificielle au service de l'humain, rebonjour Guillaume Grallet,
05:19vous êtes ici chez vous, chroniqueur ici à France 24, en charge des nouvelles technologies
05:23au point, on va bien sûr dans un instant avec Anis Ayari qui est pour l'instant bloqué
05:28dans les bouchons pour tout vous dire, évoquer bien sûr ce que l'intelligence artificielle
05:33nous apporte, les progrès qu'elle permet et les menaces aussi qui existent sur nos
05:39sociétés.
05:40J'ai une question toute bête d'abord Guillaume pour commencer parce que je ne voudrais pas
05:42qu'on aille trop vite et que je ne voudrais pas qu'on mette la charrue avant les bœufs,
05:46pour ceux qui nous regardent, en fait c'est quoi l'intelligence artificielle ? Si on
05:49essayait de la définir, commençons par le début.
05:53Effectivement, le terme en fait il avait fait un peu polémique d'ailleurs à l'époque,
05:56on est au milieu des années 50, à la conférence de Dartmouth en 1957, il y a plusieurs chercheurs
06:04qui s'intéressaient aux ancêtres des ordinateurs qui se retrouvent comme Marvin Minsky et qui
06:10ont ce terme, artificial intelligence, donc ça fait un peu polémique déjà à l'époque
06:14parce qu'on se dit mais est-ce qu'une machine peut vraiment être intelligente ? C'est un
06:17peu comme la conscience artificielle, ça nous pousse en fait à nous interroger sur
06:21ce qu'est vraiment l'intelligence, ce qu'est la conscience, la sensibilité aussi au fur
06:25et à mesure des années.
06:26Et puis on a vu depuis les années 50, pour faire rapide, à la fois des progrès et ce
06:32qu'on appelait un peu des stop and go, on a appelé ça les hivers, c'est-à-dire que
06:36pendant assez longtemps il ne se passait rien, très schématiquement on a vu avec l'arrivée
06:40du deep learning, la capacité et surtout des parrains de l'intelligence artificielle
06:46qu'on reconnaît aujourd'hui qui seront d'ailleurs au salon comme Yoshua Bengio ou encore Yann
06:51Lequin qui auront plus tard le prix Turing, l'équivalent du Nobel en informatique, ils
06:56expliquent que lorsqu'on donne énormément de données à la machine, celle-ci est capable
06:59de reconnaître des couleurs, des formes et puis ça va permettre, ça a donné naissance
07:04pour faire très vite récemment avec la publication d'un article de recherche en 2017 qu'on
07:10appelle le papier transformeur, à l'IA générative dont on parle tant en ce moment et qui a donné
07:14naissance lui cette intelligence artificielle générative, à ChatGPT, on est le 30 novembre
07:192022, ChatGPT est rendu accessible à tous et on voit que là on a un chatbot, un robot
07:25conversationnel qui donne la répartie, qui parfois se plante, ça arrive très souvent,
07:30ce qu'on appelle les hallucinations, mais qui a une assurance et qui parfois peut vous
07:34rendre des services assez dingues pour compiler des rapports etc.
07:38Cette même IA générative, c'est ça qui est un petit peu la magie en ce moment, on
07:41voit qu'elle permet aussi des progrès assez fabuleux dans la création de nouveaux matériaux,
07:47des progrès médicaux, elle s'appuie sur d'autres découvertes et après on parlera
07:52de ce qui se passe en ce moment, notamment AlphaFold, c'est la modélisation du repliement
07:59des protéines, ça ça a été disponible depuis quelques années mais ça a permis
08:02des progrès dingues aussi en biologie, en médecine, c'était quelque chose qui prenait
08:07des années de PhD, là ça prend quelques minutes, bref, on voit il y a certaines accélérations
08:13assez fabuleuses.
08:14Voilà, le temps effectivement se compresse mais vous l'avez évoqué bien sûr, la révolution
08:19pour le grand public, elle date d'il y a à peine deux ans, fin 2022, l'arrivée
08:24de ChatGPT pour le grand public, qu'est-ce que ça a changé ? En fait, l'intelligence
08:30artificielle, au sens large, elle est partout dans nos vies depuis bien longtemps mais
08:34en quoi ChatGPT a tout changé ?
08:36Oui, c'est-à-dire que c'est ça qui est intéressant Pauline, c'est qu'on a vu ce
08:39robot, puis il y a des concurrents qui sont arrivés comme Claude d'Antropique par exemple,
08:43et puis on a le chat de Mistral, le français, on en parlera tout à l'heure, mais ce qui
08:46est très intéressant c'est qu'on a donc ces robots qui peuvent nous aider dans la
08:51vie de tous les jours, par exemple pour faire un résumé de réunion, un compte-rendu,
08:56parfois c'est un petit peu ennuyeux, là tout ça on a, ça peut nous préparer des
08:59rapports, ça peut nous dire aussi en regardant nos e-mails quelles personnes on doit inviter,
09:03à qui on doit envoyer le fameux compte-rendu, ça peut aussi aider pour les devoirs, alors
09:06il faut faire attention que ça ne remplace pas la capacité à réfléchir, à mémoriser,
09:11mais ce qui est assez fascinant en ce moment, c'est qu'on nous promet une accélération
09:14encore plus importante à venir.
09:15Il y a un livre qui est paru en janvier, qui va beaucoup faire parler de lui je pense en
09:212025, qui s'appelle Super Agency, que l'on doit à Reid Hoffman, le co-créateur de LinkedIn,
09:26et lui il prédit dans les toutes prochaines semaines des agents intelligents, ça c'est
09:31un peu la version optimiste et positive de l'intelligence artificielle, c'est-à-dire
09:35que lorsqu'on arrive à la maîtriser, on se retrouve à gérer, à être manager de
09:39ces agents intelligents, qui doivent nous aider à aller beaucoup plus vite dans toutes
09:43les tâches du quotidien.
09:44On va marquer une pause en images pour rebondir un peu sur ce que disait Christophe tout à
09:50l'heure et sur le contexte dans lequel s'inscrit ce sommet qui se tient aujourd'hui et demain
09:56en France.
09:57Il y a clairement une dimension politique, géopolitique, il ne s'agit pas que de parler
10:03d'innovation mais d'inscrire aussi la France, l'Europe et l'Inde, on l'évoquait aussi,
10:08dans cette grande bataille menée clairement aujourd'hui par les Etats-Unis et par la
10:11Chine, quelle place est-ce que la France et l'Europe peuvent avoir dans cette bataille
10:16de l'intelligence artificielle ? On voit ça avec nos conférences de France 2.
10:21Une innovation technologique comparable à l'imprimerie ou l'électricité.
10:26Sans doute l'une des plus grandes transformations de l'époque contemporaine, c'est aujourd'hui
10:33que le virage est pris ou pas, à la bonne vitesse ou pas.
10:37Pour ne pas rater le virage de l'intelligence artificielle, la France cherche des alliés,
10:41un contrat de 50 milliards d'euros en provenance des Émirats arabes unis, 20 de plus injectés
10:46par un fonds canadien.
10:47La France compte aussi sur le soutien de l'Inde, qui co-préside le sommet de l'IA
10:51à Paris.
10:52L'Élysée commente.
10:53« Nous diversifions, on passe des alliances pour ne pas être dépendants.
10:57» L'argent, le nerf de la guerre de l'IA.
11:00Aller chercher de l'argent, on le fait très bien pour des clubs de foot, pourquoi on n'irait
11:05pas le faire pour justement financer notre excellence à la française en matière d'intelligence
11:10artificielle ?
11:11Pour résister aux titans chinois et américains, une troisième voie est-elle possible ? L'enjeu
11:16de souveraineté est majeur, et dans cette bataille, la France concède son retard.
11:20« Nous, Européens, nous sommes un peu distancés. »
11:25Paris veut s'afficher en capitale mondiale de l'IA, chef d'États et géant de la tech
11:31y convergeront.
11:32La France jouit d'un écosystème IA composé d'ingénieurs, 2000 startups, de laboratoires
11:38de recherche, 300 data centers et bientôt 35 nouveaux sites.
11:43Au cœur du sommet de l'IA, il sera question des limites dans les usages, des gardes-fous,
11:48et l'Europe entend se distinguer.
11:49« Avec le projet Stargate annoncé par le président Trump, ou encore DeepSeek pour
11:55le versant chinois, on abandonne les règles, on les met de côté.
11:59L'Union européenne et la France ont fait le choix d'avoir une approche plus mesurée.
12:03»
12:04Cette semaine, la France a aussi annoncé vouloir équiper 6 millions d'agents publics de
12:08logiciels d'IA pour faciliter leur travail, un pas supplémentaire dans cette révolution.
12:38que l'Europe a à ne pas être que simple spectatrice dans cette bataille qui semble
12:57se jouer aujourd'hui entre les Etats-Unis et la Chine ? Est-ce qu'on a quelque chose
13:01à raconter là-dessus ?
13:02Je pense que depuis les 4 dernières années, l'Europe est vraiment passée d'un acteur
13:06un peu qui se cherchait, c'est-à-dire qu'on essayait de trouver une tête de proue,
13:11qu'est-ce qu'on va devenir, quel type de leader on va devenir, est-ce qu'on va
13:14devenir un leader de la super régulation, est-ce qu'on va réussir à aller davantage
13:19vers de l'innovation.
13:20Et là, avec ce qui se passe depuis l'année dernière, j'ai vraiment l'impression
13:24que la France, en tête de gondole, mais l'Europe plus largement, arrive sur le devant de la
13:28scène et pousse un peu des épaules et dit à la Chine et aux Etats-Unis « attention,
13:32on est là quand même ».
13:33Guillaume, quand Emmanuel Macron promet 109 milliards d'euros d'investissement dans l'IA,
13:41au-delà du fait qu'on se demande où va-t-il trouver l'argent, c'est énorme pour un
13:46pays comme la France, plus de 100 milliards d'euros.
13:48Oui, c'est une bonne nouvelle, il n'y en a pas beaucoup en ce moment, donc il faut
13:50plutôt s'en réjouir, beaucoup d'investissement, on parle beaucoup de data centers, tout ça
13:54c'est intéressant, des centres de recherche.
13:55Les data centers, c'est bien, ça ne doit pas être l'alpha et l'oméga en fait.
13:59Tu nous dis ce que c'est qu'un data center ?
14:01Un centre de données, non, c'est simplement pour que ça fonctionne, une intelligence
14:04artificielle, il faut beaucoup de données, on en parlait tout à l'heure, Christophe
14:07en parlait, des données par exemple médicales ou des données climatiques et la qualité
14:12de ces données va vous permettre de prévoir des choses ou de les synthétiser et pour
14:16les synthétiser et les prévoir, comme on en a beaucoup, il faut des centres de calcul
14:19très puissants et c'est ça ce qu'on appelle les centres de données et dans les investissements
14:22il y a beaucoup de centres de données qui ont été annoncés.
14:27Il faut aussi beaucoup de chercheurs humains, heureusement, on n'a pas encore totalement
14:31remplacé par la machine.
14:33Là, on le blesse peut-être un tout petit peu en Europe encore, on le voit même si
14:38on a des champions comme Mistral qui font des choses formidables en open source, on
14:41va en parler tout à l'heure, ouverte, etc.
14:43La grande majorité du capital de Mistral vient des Etats-Unis, donc ce n'est pas
14:48un mal en soi, mais c'est-à-dire qu'il nous manque encore des capitaux européens,
14:51c'est aussi un instrument de souveraineté, c'est peut-être vers là qu'il faut aller
14:55et puis effectivement, c'est la capacité pour nous, même si on accueille les outils
14:59du monde entier, on a beaucoup parlé de DeepSeek ces dernières semaines, d'avoir nos propres
15:03outils parce que c'est quand même des instruments de soft power.
15:06Je me rappelle très bien d'une citation, d'une discussion avec Arthur Mensch, il m'expliquait
15:10que Mistral, lorsque vous demandez qui est l'inventeur de l'aviation aux Etats-Unis
15:15avec un outil américain ou en France avec Mistral, il ne va pas donner la même réponse.
15:19Nous, on va mettre aussi en avant notre culture.
15:22Tout ça, c'est un petit peu la manière de parler d'ailleurs, c'est quand même des
15:25robots conversationnels qui va influer sur notre culture et la faire rayonner dans le
15:31monde entier.
15:32Mais est-ce que c'est qu'une question d'argent ? Parce que vous évoquiez l'exemple du DeepSeek
15:36chinois, Guillaume, qui est le chat GPT chinois pour faire simple, qui a été pondu, si j'ose
15:42dire, en quelques mois avec X fois moins d'argent que le chat GPT américain.
15:49Est-ce qu'Ayari, c'est juste une question d'argent ? Pour avoir le lead sur la question.
15:53Non, je pense que ce n'est pas juste une question d'argent, sinon ça fait longtemps, je pense
15:58qu'en Europe, on a des capitaux, etc.
15:59Je pense que ça fait longtemps qu'on se serait venu aussi sur le devant de la scène.
16:03Moi, j'ai travaillé aux Etats-Unis et en fait, c'est une question avant tout de mentalité
16:07et d'aversion au risque, je pense, c'est-à-dire qu'aux Etats-Unis, quand on veut innover,
16:12on n'a pas peur d'échouer.
16:13Alors que j'ai plus l'impression qu'en Europe, quand on veut innover, si jamais quelqu'un
16:18a échoué une première fois, on va lui dire, attention, il ne faut surtout pas lui faire
16:21confiance s'il a déjà échoué.
16:22Donc, il y a cette question d'aversion au risque qui peut être confortée quand on
16:26a beaucoup d'argent et on se dit, au pire, on peut échouer, au pire, ce n'est pas grave.
16:30Mais je pense qu'il y a cette question de mindset et après, il y a aussi la question
16:34finalement des talents technologiques.
16:35C'est-à-dire que moi, j'ai fait une école d'ingénieur en France, je suis encore en
16:39contact aujourd'hui avec beaucoup d'étudiants par exemple dans ma communauté et en fait,
16:43ils me disent tous, pourquoi est-ce qu'on travaillerait en France alors qu'on peut aller
16:46aux Etats-Unis ou est-ce qu'on peut aller en Chine ? Par exemple, je vais vous donner
16:49une anecdote rapide.
16:50Moi, dans mon école d'ingénieur, on devait avoir une quinzaine d'étudiants chinois,
16:54c'est commun.
16:55Toutes les grandes écoles d'ingénieurs françaises ont beaucoup de proportions de
16:58chinois dans les promotions.
17:00Avant, les étudiants chinois restaient en France et quasiment tous les chinois de ma
17:05promotion sont tous repartis en Chine.
17:07Ils ont tous dit, pourquoi je resterais en France ? En Chine, je peux travailler chez
17:10Tencent, je peux travailler chez Alibaba, je peux travailler chez tous ces géants.
17:14Évidemment, je vais travailler beaucoup plus, mais je vais gagner beaucoup plus d'argent,
17:16je vais être beaucoup plus reconnu.
17:17Donc, il y a aussi le fait de former des bons talents parce que la France, on forme des
17:22très bons talents dans la Silicon Valley.
17:24Les Français, ça fait partie des communautés les plus représentées, c'est absolument
17:27énorme.
17:28Mais après, il faut surtout les garder et pour les garder, évidemment, il faut augmenter
17:32les salaires des ingénieurs, etc.
17:34Guillaume ?
17:35Oui, je suis totalement d'accord.
17:36Effectivement, ça me fait penser, vous avez cité ces industriels chinois, il y a également
17:39Baidu, il y a aussi Baideng, la maison mère de TikTok.
17:43Et il y a encore un combat dont on n'a peut-être pas encore trop parlé, c'est que tous ces
17:46géants, en tout cas les Chinois dont on parlait, et bien sûr aussi DeepMind, Meta,
17:51etc., ils sont tous engagés dans la course à l'intelligence artificielle générale.
17:55Cette fameuse AGI qui, à la fois, nous promet énormément de progrès fabuleux en médecine,
18:01en éducation, en construction de nouveaux matériaux, mais également fait un petit
18:05peu peur parce que ça s'accélère, tout simplement.
18:09J'avais du mal à me rendre compte, mais j'ai parlé avec Karim Beghir, un polytechnicien
18:13franco-tunisien qui est absolument génial, qui investit beaucoup sur une idée africaine
18:16et qui pense justement que l'Afrique, avec des centres de données, avec des investissements,
18:21en s'appuyant aussi sur des investissements africains, peut vraiment changer la donne.
18:25C'est vraiment intéressant.
18:26Il va bientôt publier un livre là-dessus.
18:28Et bien, il m'a montré à quel point ça s'accélérait.
18:30Donc, peut-être que c'est bien qu'il faut y aller, il faut être avocat de risque, etc.,
18:35mais il faut se rendre compte qu'on entre dans une phase qui va être totalement différente
18:40que celle qu'on a connue jusqu'ici.
18:41En fait, ce qui est super intéressant, c'est que ce qui est le top technologique aujourd'hui,
18:45peut-être que dans deux jours, ce ne sera plus le top technologique.
18:47Alors justement, moi, je voudrais essayer de lutter contre le temps qui va trop vite
18:51et c'est le principe de cette émission.
18:52Je voudrais qu'on… parce que voilà, ça reste encore un objet de fantasme pour le
18:58grand public, voire de la science-fiction.
19:00C'est ce que disait Anne Bouvreau à l'ouverture du sommet tout à l'heure, passer de la
19:03science-fiction à la réalité.
19:05On essayait de définir tout à l'heure avec Guillaume ce que c'était que l'intelligence
19:08artificielle.
19:09Moi, je voudrais qu'on essaie de… si on peut essayer de définir, Anissa Yari, le
19:15niveau de révolution que représente l'intelligence artificielle, dont on l'a dit, ça s'est
19:20accéléré ces derniers mois, mais ça fait des années qu'on vit au quotidien de l'intelligence
19:25artificielle.
19:26Certains disent que c'est l'équivalent de l'invention de l'électricité.
19:29Est-ce que vous êtes d'accord avec ça ?
19:31Alors, ce qu'il faut vraiment bien définir, c'est qu'aujourd'hui, la plupart des gens,
19:34quand on leur parle d'intelligence artificielle, en vérité, ils pensent uniquement à l'intelligence
19:38artificielle générative.
19:39Chadjipiti, par exemple.
19:40Exactement.
19:41C'est les grands agents conversationnels avec lesquels on peut parler.
19:43Je pose une question à l'ordinateur, il me répond.
19:45Exactement.
19:46Il faut savoir que l'intelligence artificielle telle qu'on définit aujourd'hui, en vérité,
19:49ça a vraiment beaucoup commencé en 2011, quand notamment des chercheurs de Stanford,
19:54notamment Fei-Fei Li, qui va ouvrir le grand sommet de l'IA ce matin, qu'il a ouvert
19:59d'ailleurs, a en fait réussi à battre les meilleurs algorithmes d'images avec un réseau
20:06de neurones.
20:07D'accord ? Donc c'est une compétition qui se passe tous les ans, grosso modo, il faut
20:11reconnaître des cerises sur une photo, il faut reconnaître un chien sur une photo,
20:15etc.
20:16Et en fait, l'approche de deep learning, donc l'approche d'apprentissage profond, etc.,
20:20a battu toutes les autres approches qui étaient un peu plus déterministes.
20:23D'accord ? Donc en 2011, on est arrivé et on a dit, ok, le machine learning, ça fonctionne,
20:28le machine learning, c'est bien, le machine learning, on prend des données, on prend
20:31des algorithmes et on demande à l'algorithme d'apprendre à réaliser des choses à partir
20:34de ces données.
20:35Et après, en fait, on a commencé petit à petit, en 2015-2016, à avoir des cas d'usage
20:40dans les entreprises.
20:41Donc, c'est-à-dire, on a fait du prédictif, on a fait des algorithmes de recommandations,
20:45etc.
20:46Et après, c'est en 2020, là où ça a explosé, tout le monde, je pense 90% des gens sur la
20:49planète ont découvert ce qu'est, ont entendu parler de l'intelligence artificielle.
20:53D'ailleurs, c'est assez intéressant parce que quand on regarde Google Trends, le mot
20:56« intelligence artificielle » dans la recherche Google est corrélé au mot « chat GPT ».
21:00Donc, la plupart des gens ont découvert le mot « intelligence artificielle » par
21:03« chat GPT ».
21:04Mais c'est pas que ça, l'intelligence artificielle, ça va vraiment bien au-delà
21:06de ça.
21:07On ne se rend pas compte, mais quand on choisit un programme sur Netflix, c'est de l'intelligence
21:10artificielle.
21:11Quand on utilise des applications de rencontre, c'est de l'intelligence artificielle.
21:13C'est-à-dire, alors, expliquez-nous, pourquoi est-ce que, quand je choisis un programme
21:16sur une plateforme, effectivement, de vidéo, pourquoi est-ce que c'est de l'intelligence
21:20artificielle ? Parce qu'elle sait quoi me proposer par rapport à ce que j'ai déjà
21:23regardé, c'est ça ?
21:24Exactement.
21:25C'est-à-dire qu'il y a des données qui existent.
21:26On veut réaliser une tâche qui serait trop compliquée, en vérité, à réaliser si
21:30on devait prendre une feuille, un stylo, et dire « ok, alors, la dame, qu'est-ce qu'elle
21:34va vouloir regarder ? », etc.
21:36Donc là, plutôt, on va demander à une machine, automatiquement, de regarder tous les gens
21:39qui vous ressemblent, de regarder tous les films que vous avez regardés, on va trouver
21:43des gens qui vous ressemblent, qui ont regardé des films que vous n'avez pas regardés,
21:46et on va vous recommander ces films, par exemple.
21:48En un temps record.
21:49Exactement.
21:50Ça, c'était la méthode de Netflix qui a été très popularisée dans les années
21:522013, 2014, 2015, dans les systèmes de recommandation.
21:55Et ça, les algorithmes d'intelligence artificielle, on les retrouve même quand on est, par exemple,
22:00sur Google Maps.
22:01Quand on fait une recherche d'un point A à un point B, c'est un algorithme d'intelligence
22:05artificielle.
22:06Guillaume, elle est partout, tout le temps, cette intelligence artificielle.
22:08En fait, ce qui est intéressant, c'est qu'on ne sait pas, nous, grand public, déceler
22:14l'endroit où se trouve l'intelligence artificielle.
22:16Oui, c'est sûr qu'elle est partout, elle va continuer à être partout.
22:18Alors, moi, je suis fasciné par deux choses.
22:20Hier, j'ai eu la chance de parler avec Demi Sassabis, un des co-créateurs de DeepMind.
22:24Et en fait, il disait, parce que je faisais des comparaisons avec une photo de scientifique
22:30que j'adore.
22:31On est au Congrès de Solvay, on est dans les années 30, où il y a tous les physiciens
22:33de tous les pays qui se retrouvent.
22:35Il y a cette fameuse photo à la fin des années 20, où on voit Marie Curie, Albert Einstein,
22:40Heisenberg, Schrödinger, etc.
22:42Ils sont tous là, ils se retrouvent en Belgique et puis ils partagent tous leurs recherches.
22:48Je trouve ça assez fabuleux et je lui ai demandé, mais est-ce que ça va continuer
22:51avec dans ce monde qui bouge en permanence ?
22:53Et c'est vrai qu'il y a tout un énormément de craintes.
22:57Mais pour revenir sur cette IA, elle est effectivement partout.
23:00Lui, il disait que c'est supérieur à l'invention de la bombe nucléaire parce qu'on va en avoir
23:04vraiment partout.
23:05Mais ce que je trouve assez fascinant quand on parle avec des chercheurs, c'est qu'il
23:08y a différentes approches.
23:09Tout à l'heure, vous avez parlé des réseaux de neurones.
23:11Il y a aussi des approches symbolistes, connexionnistes, etc.
23:15On essaie soit de reproduire le fonctionnement du cerveau humain avec des neurones artificiels
23:21et on se rend bien compte que le cerveau est avec le cœur l'organe qu'on connaît
23:25le moins de notre corps et donc il reste encore beaucoup de choses à savoir.
23:29En même temps, les progrès de l'IA permettent d'en savoir plus sur le cerveau.
23:31C'est-à-dire, par exemple, Guillaume, quand vous dites que des chercheurs essaient de
23:33reproduire le fonctionnement du cerveau humain dans la machine, je dis grossièrement ce
23:38que vous venez de dire, c'est-à-dire qu'on essaie d'avoir une intelligence artificielle
23:41qui ne cesse d'apprendre, qui se développe en permanence, c'est-à-dire qu'on va avoir
23:48une IA, on va être dans le stop-and-go, c'est-à-dire qu'on aura des hivers, etc.
23:53puis après des périodes d'accélération, mais qui va avoir de plus en plus d'autonomie.
23:57On le voit avec les agents intelligents dont je vous parlais tout à l'heure.
24:00L'agent intelligent, par rapport à un simple logiciel que vous allez commander, vous allez
24:05lui dire, par exemple, trouve-moi un train pour ce week-end, pour ma famille, et vous
24:11lui donnez l'autonomie, c'est-à-dire qu'il va non seulement comparer tout, ou même un
24:15moyen de transport, il va comparer les avions, les trains, etc. et il va acheter lui-même.
24:19C'est-à-dire qu'on entre dans une ère, c'est les fameux agents intelligents dont
24:23je vous disais, où une petite décision revient à la machine, c'est-à-dire vous lui confiez
24:28les clés du camion, en réalité.
24:29Donc ça, c'est le côté logiciel, et on l'a vu aussi, c'est vrai que ça peut faire
24:35peur, parce que ce qui caractérisait l'homme, je vois aussi les sourcils, vous avez raison,
24:40et c'est pour ça qu'il faut se poser énormément de questions.
24:41C'est d'avoir la décision in fine.
24:42Voilà, c'était ça, c'était, on a, ok, c'est moi le chef, etc.
24:46Toi tu m'aides, mais à la fin c'est moi qui décide.
24:48Et là, quand on commence à donner une partie de la décision, ça donne le tournis.
24:53Alors, je sais bien qu'il faut aller dans l'action, qu'il faut aller dans la recherche,
24:56etc.
24:57Mais c'est important.
24:58Et j'ai cité aussi, hier soir, il y avait aussi, ça qui est bien avec ce sommet, c'est
25:01qu'il y a des chercheurs qui veulent aller très vite, et puis il y a aussi beaucoup
25:03de réflexions.
25:04Il y avait des personnes comme Max Tegmark qui sont intéressants.
25:06Ils disent, il faut peut-être aussi réfléchir vers où on va, on va vers un monde inconnu,
25:10etc.
25:11Donc pour répondre à votre question, ce qu'on voit en ce moment dans le logiciel,
25:13des logiciels de plus en plus indépendants, autonomes, on va le voir avec les robots.
25:17Alors les robots, c'est beaucoup plus compliqué, parce que c'est compliqué pour plein de
25:20raisons, on en reparlera peut-être.
25:21Mais là, j'ai vu la semaine dernière, il y avait une démonstration chez Meta où
25:24un robot, en fonction de la difficulté, il va prendre lui-même une décision d'aller
25:28ailleurs, etc.
25:29En fait, ce qui est très intéressant, Annie Sayari, pour rebondir sur ce que disait Guillaume
25:32à l'instant, c'est qu'il y a, on comprend bien l'effervescence, l'impatience, la curiosité
25:38qui va à un rythme assez effréné, et une discussion philosophique qui, elle, par essence,
25:44demande un peu plus de temps, demande d'arrêter un peu le temps pour réfléchir à ce qu'on
25:48est en train de faire, et on sent qu'il y a comme une friction entre ces deux temporalités,
25:51non ?
25:52Oui, bien sûr, il y a comme une friction.
25:53Je discute avec des gens qui me disent « Anis, l'IA, ça va trop vite, il faut faire des
25:57pauses », etc.
25:58Moi, je suis assez extrémiste sur ça, c'est non, quoi.
26:01C'est-à-dire que...
26:02On n'est pas là pour faire des pauses.
26:03Non, ouais, exactement.
26:04Enfin, moi, je suis vraiment extrémiste sur ça, parce que je pense qu'on ne se rend
26:06pas compte, mais c'est ma conviction personnelle, et la conviction personnelle d'une partie
26:11de la communauté, et malheureusement, c'est en train de se scinder de plus en plus en deux,
26:14c'est que l'IA, à long terme, ne peut être que bénéfique pour l'humanité.
26:17Moi, j'en suis intimement persuadé, c'est-à-dire que je pense qu'on ne se rend pas compte à
26:20quel point ça va nous aider à développer des médicaments plus vite, à mieux gérer
26:25les ressources naturelles, etc.
26:27Et par cette conviction très forte, je pense qu'il faut continuer à pousser.
26:32Après, évidemment, sur les prises de décision, je pense que si...
26:34Et ça, c'est tout ingénieur, on vous le dira, mais si on met un système automatisé
26:38pour prendre une décision critique, en fait, ce n'est pas la faute à la machine, c'est
26:42la faute à l'humain qui a pris la décision critique.
26:45Guillaume ?
26:47Vous avez raison, ça se scinde, on voit des progrès fabuleux, médecine, matériaux,
26:52éducation, etc.
26:53Et puis, en même temps, on voit des risques assez dingues, les deepfakes, bien sûr, l'approche
26:57de la vérité, les droits d'auteur.
26:58Là, il y a une charte qui circule en ce moment, qui a été poussée par 38 organisations
27:02culturelles de toute l'Europe pour un meilleur respect des droits d'auteur, pour savoir comment
27:06les machines vont pouvoir s'entraîner pour être les meilleures possibles.
27:10Pour l'instant, à ce jour, cette charte n'a été signée par aucune big tech.
27:14Alors, je sais bien qu'il y a un climat très spécial aux Etats-Unis en ce moment, mais
27:17on voit bien qu'il faut quand même respecter certains droits, enfin, il faut tenir compte
27:23de tout le monde pour que ça soit bénéfique à tous.
27:25On a justement essayé de passer en revue et vulgariser à notre façon quel danger
27:29peut représenter l'intelligence artificielle aujourd'hui, on regarde et on se retrouve
27:33juste après.
27:36Emmanuel Macron, qui embrasse Marine Le Pen, et Donald Trump et Joe Biden, plus proches
27:42que jamais.
27:43Voici l'exemple le plus flagrant des dérives de l'intelligence artificielle, les deepfakes.
27:48Ces trucages permettent en quelques clics d'usurper l'identité de n'importe qui.
27:53Autre outil qui fait prospérer la désinformation en ligne, les chatbots, programme informatique
27:58qui simule des conversations humaines.
28:00Des outils numériques très dangereux, notamment en période d'élection, alertent les scientifiques.
28:05L'IA est là, elle est presque partout.
28:10Il y a donc maintenant des questions importantes que nous devons aborder.
28:15L'avenir de la main d'œuvre bien sûr, l'impact sur nos sociétés, sur nos démocraties.
28:19Caissier, assistant administratif et bien d'autres professions sont menacées par l'obsolescence.
28:26Au-delà de l'automatisation et de la robotisation, l'IA générative est capable de produire
28:31textes, images et sons en quelques instants, à l'image du logiciel, ChatGPT.
28:37Une menace directe pour les artistes et les droits d'auteurs, car pour fonctionner,
28:42l'IA s'inspire directement d'œuvres déjà préexistantes.
28:45Il est dévolu à des systèmes la charge d'assurer des tâches qui jusque-là mobilisaient
28:55nos facultés intellectuelles et créatives, notamment celles de jouer avec le langage,
29:00de parler en première personne, d'écrire.
29:02L'autre danger est militaire.
29:04Après s'y être opposé, Facebook et Google ont autorisé l'utilisation de leur programme
29:09d'IA pour développer des armes.
29:11Les risques sont importants.
29:13L'IA pourrait être utilisée de manière très dangereuse et nuisible, par exemple
29:20en tuant n'importe qui correspondant à une description spécifique.
29:25Des personnes non visées initialement pourraient être touchées.
29:30Enfin, ultime danger et pas des moindres, l'intelligence artificielle pourrait prendre
29:34le contrôle sur les humains.
29:36Selon les pointures du secteur, l'IA sera capable de raisonner et de réfléchir mieux
29:41que nous dans les prochaines années.
29:43Le sujet est large, Annie Sayari.
29:48On vient d'évoquer certaines des menaces que l'IA fait peser sur nos sociétés.
29:55On a évoqué la question militaire.
29:57On sait qu'il y a des métiers qui sont menacés, des métiers d'aujourd'hui, notamment dans
30:03les médias.
30:04On peut parler des traducteurs, on peut parler des doubleurs, on peut parler des personnes
30:06dans les sociétés qui sont chargées de faire la synthèse des réunions.
30:09On en parlait avec Guillaume tout à l'heure, il y avait eu il y a quelques temps ce rapport
30:13de Goldman Sachs qui disait que plusieurs centaines de millions d'emplois dans le monde
30:16étaient menacés à court ou moyen terme par l'IA.
30:19Qu'est-ce qu'on fait de cette menace-là ?
30:21Je pense que, déjà je ne vais pas faire de démagogie, oui il y a des emplois qui
30:24vont disparaître.
30:25Je ne peux pas dire qu'on ne sait jamais, etc.
30:27Mais comme la révolution industrielle d'une certaine façon…
30:29Exactement, et ça, ça a toujours été le cas dans toute l'histoire de l'humanité.
30:32On a eu même à l'imprimante, quand l'imprimerie a été inventée, il y a eu des gens qui se
30:36sont rebellés.
30:37Quand les machines à tisser ont été inventées, il y a des gens qui se sont rebellés contre
30:40ça, etc.
30:41Ça a toujours été le cas dans n'importe quelle révolution technologique.
30:44Maintenant, le problème c'est quoi ? Le problème c'est que l'IA peut venir réaliser
30:51des tâches beaucoup plus rapidement que certains humains le faisaient.
30:54Et moi, ma conviction très forte, c'est qu'en vérité, les gens ne vont pas être
30:58remplacés par des machines, mais les gens vont être remplacés par des gens qui savent
31:02bien utiliser l'IA, dans le sens où l'IA est un super outil de productivité.
31:07Je vous donne un exemple.
31:08Moi, je code quasiment tous les jours, je fais du dev, etc.
31:11Sam Altman, le CEO d'OpenAI, ce week-end, il a vu des étudiants et il leur a dit « notre
31:19modèle qu'on a en interne est dans le top 50 des meilleurs codeurs du monde et il pense
31:23que d'ici la fin de l'année, leur modèle sera le meilleur codeur du monde ». Est-ce
31:27que ça veut dire que je vais perdre mon travail ? Est-ce que ça veut dire que je ne vais plus
31:29jamais coder ? Non.
31:30Au contraire.
31:31Moi, ce meilleur modèle du monde, je veux l'avoir en meilleur ami.
31:33Je veux l'avoir tous les jours à côté de moi pour justement qu'il augmente ma productivité
31:37à moi.
31:38Donc, je pense qu'il ne faut pas être dans une optique en mode « l'IA va nous remplacer
31:41», il faut rejeter l'IA.
31:42Mais au contraire, je pense qu'il faut plutôt embrasser cette révolution technologique pour
31:45augmenter sa propre productivité.
31:48En revanche, Guillaume, je vois que vous discutez avec Chadjipiti sur votre téléphone.
31:52Tu préfères les humains, je préfère les humains.
31:54Non, mais il y a un double risque, pour rebondir sur ce que disait Anis Ayari à l'instant,
31:59un risque de fracture sur la connaissance que vous avez, vous, mais que le grand public
32:04n'a pas de ce que c'est l'intelligence artificielle, d'une part.
32:08Et sur l'éducation à l'intelligence artificielle, on parlait des deepfakes à l'instant, pour
32:16ne pas se laisser manipuler et esclavager d'une certaine façon par l'IA, encore faut-il
32:21savoir la déceler et savoir en déjouer les codes ?
32:23Oui, bien sûr.
32:24En fait, moi, ce que j'observe autour de moi, et ce qui a parfois été mon cas, et
32:28puis après on se fait violence, puis après on est content, c'est qu'on peut avoir un
32:30peu peur au départ.
32:31C'est-à-dire qu'on se dit « c'est compliqué », etc.
32:32Et il y avait une mesure lors d'un des derniers rapports remis au président de la République
32:37sur l'intelligence artificielle, qui était, et d'ailleurs c'est rentré en vigueur et
32:40ça marche très bien, c'est de créer des cafés IA, c'est-à-dire des cafés où
32:43on va parler avec tout le monde, dans un village, dans une banlieue, dans un centre-ville, on
32:50va inviter les gens et on va parler « c'est quoi votre approche de l'IA ? Est-ce que
32:54vous l'utilisez ? Ah oui, et si vous l'utilisez, comment vous faites ? Est-ce que vous faites
32:58attention peut-être aux données sensibles que vous allez partager ? »
33:03Parce que lorsque vous allez, je parlais tout à l'heure du gain de temps, lorsqu'on
33:06va compiler certains rapports, c'est vrai que c'est assez fabuleux, il faut savoir
33:10qu'après, ces rapports, il y a de très rares exceptions, disparaissent dans le nuage
33:14et elles peuvent être utilisées.
33:17Il y a un cadre de Samsung qui a été licencié pour ça parce qu'il avait divulgué des
33:21secrets de l'entreprise.
33:22Donc en fait, il y a beaucoup de bonnes pratiques à apprivoiser, mais ce que j'observe aussi,
33:27c'est que les personnes qui apprennent à s'en servir sont globalement satisfaites,
33:32du gain de temps.
33:33Donc il faut effectivement conjurer ces peurs.
33:36Tout à l'heure, moi j'aime bien, parce que je suis toujours passionné, utiliser
33:38des termes techniques et vous avez raison, il faut parler comme tout le monde, il faut
33:43rendre ça accessible à tous parce que sinon, on va avoir cette inégalité s'accroître.
33:50Très rapidement, cette inégalité est au cœur des discussions, même des artisans
33:55de l'intelligence artificielle.
33:56Alors on se demande parfois si c'est du cynisme ou si c'est sincère, mais par exemple, Sam
33:59le co-créateur d'OpenAI, la maison mère de ChargePT, lui, il milite pour un revenu
34:03universel.
34:04Il explique, et ça rejoint peut-être l'une des craintes de destruction d'emploi, il
34:09explique qu'il faudra un revenu pour tout le monde, comme ça, on sera moins stressé
34:13et on aura moins peur de se faire perdre son boulot.
34:15Et moi, j'ai un peu peur quand même de ces inégalités qui arrivent en fait.
34:20Et c'est pour ça que cette révolution technologique, je pense qu'il faut vraiment qu'elle soit
34:24prise en forme de révolution économique.
34:26Moi, je parle avec beaucoup de collègues aussi, on ne comprend toujours pas pourquoi,
34:30avec toute l'automatisation qu'il va y avoir, on n'a toujours pas effectivement
34:32ce fameux salaire universel, etc.
34:35Parce que l'IA va rendre des gens moins, comment on pourrait dire ça, va rendre des
34:43gens moins efficaces, on va dire, parce qu'elle va augmenter le niveau global.
34:46Donc il y a forcément des gens qui vont être moins efficaces, surtout si on ne peut pas
34:49s'y former.
34:50Oui, mais je reviens à ma question sur la formation et sur l'éducation à l'IA.
34:55La ministre de l'Éducation nationale, Elisabeth Borne, annonçait là ces jours-ci qu'il
34:59y allait avoir des formations à l'IA dès la rentrée prochaine, à partir de la quatrième.
35:04Mais encore une fois, il y a cette notion de temporalité qui est double.
35:08On a vu, ce n'est pas pour reparler de cette histoire qui est triste et sordide, mais cette
35:12jeune femme qui a été arnaquée par un faux Brad Pitt.
35:16Mais ça, c'est la réalité du quotidien aujourd'hui.
35:20On dit que les jeunes doivent être formés, mais la réalité aujourd'hui, c'est que le
35:24grand public se fait avoir par ces deepfakes, par ces fausses infos.
35:28Je suis bien placée pour le savoir.
35:29Ici, on a été victime à France 24 plusieurs fois de deepfakes et de manipulations de l'information.
35:34On est un peu démuni pour l'instant.
35:36En fait, il y a un double paradoxe.
35:37Et je pense que c'est ultra important de mettre le doigt dessus, dans le sens où il
35:41y a de plus en plus ces outils de génération d'images, vidéos, de fausses informations,
35:45etc. sont de plus en plus accessibles.
35:47Donc en même temps, c'est bien.
35:48Pourquoi ?
35:49Parce que les gens produisent des choses et on arrive à comprendre qu'il ne faut plus
35:54se fier aux images et aux photos et aux vidéos, mais qu'il faut aller chercher un contexte
35:58plus large quand on voit une information.
35:59Mais en même temps, c'est paradoxal parce que du coup, ça rend la faisabilité de ces
36:04systèmes de plus en plus facile et donc on peut berner potentiellement plus de gens.
36:09Moi, je pense que plus de gens verront que malheureusement, il y a des gens qui se font
36:12berner, au plus ils sauront se défendre et aller chercher l'information.
36:17Et surtout, ce qui est ultra important, utilisez votre esprit critique.
36:23Vraiment, c'est le plus important.
36:24Ça vaut pour l'IA comme pour vous.
36:26Je suis d'accord.
36:27Sur ce point, l'approche de la vérité, autant je peux être très optimiste parfois,
36:31autant je suis de plus en plus pessimiste.
36:32Pourquoi ? Parce qu'en fait, les deepfakes, on a vraiment de plus en plus de mal à voir
36:37les différences.
36:38C'est-à-dire qu'au début, il manquait un doigt ou il y en avait en trop, etc.
36:41Je trouve qu'avec les progrès, ça va aller de mieux en mieux.
36:43C'est-à-dire qu'on aura une fiction qui se rapprochera de plus en plus de la réalité.
36:46Et puis, il y a tous ces outils qui sont pour l'instant, certains, pas disponibles
36:50en Europe, comme VO2, etc. ou comme Sora, et qui, effectivement, vous permettent de
36:54générer des vidéos de manière quasiment instantanée.
36:57C'est le pitch to vidéo.
36:59Hier, on parlait même de pitch to vidéo game.
37:01C'est-à-dire qu'on peut créer des jeux vidéo quasiment en temps réel.
37:05Ça va prendre encore du temps, etc.
37:06Mais sur cette approche de la réalité, moi, je pense que je suis très inquiet.
37:10Ça rejoint aussi la question des droits d'auteur, c'est-à-dire que pendant longtemps, on pouvait
37:14dire que ces textes ou ces outils, ces modèles, ça vaut, j'en parlais avec des gens de la
37:20BNF parce qu'ils ont fait un partenariat justement avec des entreprises.
37:23Bibliothèque nationale de France.
37:24Bibliothèque nationale de France.
37:25Ils ont fait un partenariat avec des entreprises françaises, Mistral, Artefact, pour faire
37:29vite, ou Giscard, avec un cas, pour numériser tous leurs fonds, etc.
37:34C'est-à-dire que plus vous avez un fonds de qualité, plus vous avez des outils de
37:37qualité.
37:38Mais le problème, et c'est aussi un problème qu'a Meta, par exemple, qui utilisait les
37:42données qu'il y a sur les murs publics, ils disent qu'on n'a plus assez de données
37:45naturelles.
37:46Donc, on va de plus en plus entraîner les machines sur ce qu'on appelle les données
37:49synthétiques.
37:50Donc, cette frontière entre le réel, le virtuel, ce qui vient, ce qui correspond à
37:57la vraie réalité ou non, je pense qu'elle va être de plus en plus ténue et de plus
38:00en plus difficile à distinguer.
38:01Je pense qu'il faut le dire clairement, il n'y aura plus de possibilités sur le long
38:05terme de discerner des choses générées par IAD que des choses dégénérées par
38:08RIAD.
38:09C'est pas très rassurant, ça, quand on vous entend dire ça.
38:10Voilà, c'est pour ça que je suis pessimiste.
38:11Non, c'est pas rassurant, mais en même temps, c'est formidable.
38:13Tout le monde va pouvoir créer des films de science-fiction chez lui.
38:15On peut voir le verre à moitié vide ou à moitié plein, mais précisément, si on prend
38:23par exemple Elon Musk, alors il était annoncé finalement, il ne vient pas à ce sommet.
38:27Alors, lui, il ne travaille pas spécifiquement sur l'IA, mais disons que c'est l'un des
38:31hommes qui en mène.
38:32Et on l'a vu lors de la prestation de sa amende de Donald Trump, cette espèce de groupe
38:36d'hommes, dont Sam Altman, qui d'ailleurs a fait un virage à 180 degrés vis-à-vis
38:40de Donald Trump.
38:41Mais l'IA, c'est aussi un projet politique.
38:43Quand on voit ce qu'un Elon Musk précisément dit de son rapport à la démocratie, à la
38:48vérité, etc., il y a quand même de quoi être un peu inquiet, Guillaume.
38:50Oui, tout à fait.
38:51Et puis, c'est de plus en plus, lui aussi, un acteur de l'IA, avec sa société X.AI,
38:55avec Grok, donc il veut faire un concurrent de ChadJPT, qu'il considère trop woke.
39:00Lui-même investit aussi dans des data centers, donc il était co-créateur d'OpenAI, donc
39:05cette fameuse maison mère de ChadJPT dont on parlait tout à l'heure.
39:09Il s'est fâché avec Sam Altman, il est parti, mais il veut lui-même être un géant
39:13de l'intelligence artificielle.
39:14Donc, ça pose quand même des soucis, parce qu'il l'a et il aura une influence sur notre
39:23vie de tous les jours.
39:24Et puis, on l'a vu avec le deep-seek chinois, qui était aussi au service, disons, qui était
39:29en ligne avec un régime chinois.
39:32Ne répondons pas à des questions politiques, notamment sur ce qui a pu se passer à Tiananmen.
39:36Je voudrais qu'on parle, puisqu'on évoque les dangers de l'IA, le coût, et on en a
39:41beaucoup parlé aussi, on en a beaucoup été question ces derniers jours, le coût écologique
39:44de ces fameux data centers, ça ne fait pas du bien à la planète pour l'instant, l'IA.
39:50Alors, c'est un peu difficile à répondre, parce qu'aujourd'hui, il y a vraiment des
39:55chercheurs qui essayent d'évaluer le vrai coût de l'intelligence artificielle.
40:00C'est-à-dire, qu'est-ce qu'on doit prendre ? On doit prendre l'entraînement, on doit
40:02prendre la récolte des données, jusqu'où on doit placer le curseur ? Et après, on
40:05va essayer de les comparer avec l'humain.
40:07Aujourd'hui, il y a des articles qui sortent dans tous les sens, qui se contredisent un
40:12peu.
40:13Il y en a qui disent, attention, une recherche dans le CHJPT, ça consomme tant de litres
40:16d'eau.
40:17Il y en a d'autres qui disent, oui, mais utiliser le CHJPT pour écrire un texte, par rapport
40:21à si on l'écrivait sur un bout de papier, et bien en fait, c'est dix fois plus économique
40:25d'utiliser le CHJPT en termes d'impact environnemental, et après, on va dire, oui, mais vous ne prenez
40:29pas en compte l'entraînement, etc.
40:30Donc aujourd'hui, malheureusement, c'est encore un peu tôt, mais même si c'est un peu tôt,
40:33je pense que globalement, il faut quand même faire attention.
40:35Il ne faut pas attendre qu'on voit des conséquences sur l'environnement pour dire, ah, ça y
40:39est, il faut tirer la sonnette d'alarme.
40:40Je pense que, et ça, c'est une traine globale, je pense qu'il faut faire attention à notre
40:44planète en termes de consommation d'eau, en termes d'impact sur l'environnement, etc.
40:47Et ça, la France est ultra bien placée, notamment sur l'électricité, avec toute
40:52l'énergie nucléaire, etc. qu'on peut accaparer.
40:54Si vous parlez de consommation d'eau, c'est parce que c'est data center, il faut, j'imagine,
40:56les refroidir.
40:57Très clairement, aujourd'hui, c'est très énergivore, c'est très mauvais, et puis
41:02tous les grands investissements qu'on a annoncés, avec la course de la grandeur, ne sont pas
41:07du tout rassurants.
41:08Il y a deux toutes petites éclaircies, mais j'ai envie de dire que c'est après, après,
41:11après demain, c'est savoir si ces outils d'IA, de la même manière, qui nous permettent
41:16de...
41:17À terme, nous permettraient d'être plus efficients dans le contenu écologique.
41:19Voilà, c'est-à-dire que nous promettent, même si ce n'est pas encore tout à fait
41:22au point, on l'a vu malheureusement très récemment avec toutes les catastrophes naturelles,
41:26de prévoir, prédire certains ouragans, certains tsunamis, etc.
41:29Et l'autre champ de recherche qui est assez intéressant et qui mobilise certains acteurs
41:33des big tech, d'ailleurs, c'est les progrès, mais là, on est vraiment dans l'après-après-demain,
41:38sur de la fusion nucléaire.
41:39C'est-à-dire que là, on a, c'est un moteur, justement, cette course en avant de l'IA,
41:44pour faire faire des progrès sur cette fusion qui nous permettrait d'avoir une IA décarbonée
41:50intéressante.
41:51Mais il faut encore beaucoup, beaucoup de recherche.
41:53Et après, on peut rajouter aussi que, finalement, aujourd'hui, plein d'acteurs entraînent
41:57des LLM, donc des gros modèles, finalement, parfois pour refaire ce que l'autre a fait,
42:02mais pour dire, moi aussi, je l'ai fait.
42:03Donc, il y a aussi cette chose un peu absurde.
42:06Est-ce qu'on ne pourrait pas dire, ok, lui, il a fait très bien, on va tous réutiliser
42:10celui-là et ne pas réentraîner le nôtre à plusieurs dizaines de millions de dollars
42:14pour reconsommer plusieurs milliards de litres d'eau, etc.
42:17Mais vu que c'est un sujet politique, comme on l'a dit tout à l'heure, forcément,
42:20chaque pays veut le sien.
42:21Et l'open source ?
42:22Oui, c'est ça.
42:23C'était aussi un tout petit peu la bonne nouvelle de DeepSeek, c'est-à-dire que
42:26ça doit consommer, en tout cas à la promesse, moins d'argent, vous l'avez dit tout à
42:31l'heure, et un petit peu moins d'énergie.
42:32Donc, c'est les modèles plus petits.
42:34Et on a aussi des acteurs français qui sont sur ces modèles plus petits.
42:37Oui, rapidement, le débat sur l'open source, il est génial.
42:40Dites-nous ce que c'est, l'open source, s'il vous plaît, Guillaume.
42:42Très rapidement.
42:43C'est rendre disponible une partie de la recette de fabrication d'un outil d'intelligence
42:50artificielle.
42:51L'avantage, c'est que ça va permettre aux techniciens, aux spécialistes du monde
42:56entier de corriger en temps réel, de voir comment on va corriger les bugs, de voir comment
43:01c'est fait.
43:02Ça peut aussi rassurer.
43:03Alors, l'open source, c'est comme le logiciel libre, c'est-à-dire qu'il y a plusieurs
43:07écoles et on peut être plus ou moins ouvert.
43:09Et ce que j'ai trouvé intéressant aussi avec DeepSeek, qui se présentait comme open
43:13source, c'est qu'on a vu une entreprise américaine créée par des Français qui
43:16s'appelle Logging Face, qui a montré que ce n'était pas totalement ouvert et qu'on
43:20pouvait aller plus loin dans l'ouverture et ils montraient des outils.
43:22La promesse, c'est ça, c'est-à-dire qu'on ouvre, on permet à tout le monde de comprendre
43:27comment ça marche et à tous ceux qui s'y connaissent de corriger les bugs.
43:30Ça fait peur.
43:31Et après, je vous laisserai parler.
43:32Je pense que vous avez un avis très intéressant.
43:34Ça fait peur aussi à des chercheurs qui sont en ce moment au sommet de Paris, comme
43:38Joshua Benjot, qui est un chercheur génial, qui est aussi prix Turing, né en France,
43:43aujourd'hui Canadien, à l'Université de Montréal, et qui lui dit c'est un peu
43:47comme si vous aviez donné de l'uranium ou la recette nucléaire à tout un chacun
43:50pour fabriquer des bombes atomiques.
43:52Donc voilà les deux.
43:53Je vais me faire taper sur les doigts, pas les techniciens, mais l'open source, le
43:57libre, c'est un peu différent aussi, il y a des licences différentes, etc.
44:00Mais c'est ça, grosso modo, c'est on ouvre le capot et on dit regardez ce qu'il y a,
44:03vous pouvez l'utiliser comme vous voulez, vous pouvez le modifier, etc.
44:06Et en fait, moi je trouve vraiment consternant, j'ai vu qu'il y avait un philosophe, j'ai
44:10vu la semaine dernière, qui expliquait que l'open source est dangereux.
44:17C'est vraiment, c'est monumentalement dangereux de dire ça, tout simplement, parce que quand
44:23on met en libre accès des choses, pour tout le monde, c'est de dire regardez comment
44:27ça fonctionne, vous aussi, vous pouvez l'utiliser.
44:30La chose dangereuse, ça serait de dire on a un truc qui marche ultra bien, on vous dit
44:34pas comment ça marche, mais par contre vous allez devoir le subir.
44:37C'est un peu ce que fait OpenAI.
44:38C'est ce que fait OpenAI, mais c'est aussi ce que fait une entreprise pendant longtemps,
44:41Clearview AI, qui est une entreprise de reconnaissance faciale en Californie.
44:45Au début, c'était vraiment une application pour milliardaires, pour identifier des gens
44:51dans des cafés et dire ah, tu sais comment il s'appelle lui ? Regarde, je vais te montrer.
44:54Et parce que ces approches de reconnaissance faciale n'étaient justement pas open source,
44:57étaient fermées.
44:58Donc je pense que le fait de ne pas mettre open source, ça profite un petit groupe de
45:00personnes qui peuvent justement utiliser la technologie, malheureusement, à mauvais escient
45:04sur la masse.
45:05Parce qu'on donne l'open source aux gens, on dit finalement à la masse, aux gens, voici
45:10ce que c'est.
45:11Évidemment, il va y avoir des gens qui vont mal l'utiliser, mais c'est parce que tout
45:14le monde sait comment ça marche qu'on est tous à égalité.
45:16Et on en revient à l'importance aussi de l'éducation et de l'information.
45:21Si l'intelligence artificielle peut m'inventer quelque chose contre l'atout, je suis preneuse.
45:25Peut-être un jour, merci à tous les deux.
45:28Merci beaucoup Anis Ayari.
45:29On vous retrouve sur les réseaux sociaux sous le pseudo Defend Intelligence, où vous
45:33nous expliquez tout ça de façon extraordinairement compréhensible.
45:36Merci encore d'être venu sur ce plateau.
45:38Guillaume, merci beaucoup.
45:39On vous libère.
45:40Vous allez aller du côté du Grand Palais pour suivre, pour France 24, ce sommet sur
45:45l'intelligence artificielle.
45:46Merci à tous les deux d'être venus sur ce plateau.
45:48On aurait pu en parler encore pendant des heures.
45:50C'est super.
45:51On pourra donc refaire des émissions à ce propos.
45:54Tout de suite, une pause et on se retrouve dans un quart d'heure pour un nouveau rendez-vous
45:57avec l'info.
45:58A tout à l'heure.
46:03Au revoir.