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La série parodique "Louis 28", sur les plateformes de France Télévisions, restaure la royauté à l’ère des réseaux sociaux.

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00:00 Bonjour Céline Bidarcourt, votre invité média est donc le co-créateur d'une série délicieusement
00:04 loufoque à voir sur la plateforme France TV/, ça s'appelle Louis XXVIII et ça imagine
00:10 que la monarchie n'a jamais été abolie en France.
00:12 Bonjour Maxime Donzel.
00:13 Il n'y a effectivement pas eu de révolution en 1789, Louis XVI n'a pas été décapité,
00:18 les rois ont continué de régner et nous voilà donc aujourd'hui encore en monarchie
00:22 avec le souverain Louis XXVIII qui est un ado comme tous les autres, il va au lycée,
00:26 il a un smartphone, alors il n'est pas très éveillé, il est un peu bebette même.
00:29 Racontez-nous par quel miracle il se retrouve sur le trône ?
00:31 En fait lui il n'est pas au courant qu'il est l'héritier du trône, c'est le fils
00:35 d'une prof, c'est juste qu'il est le bâtard d'une roturière qui a eu un enfant
00:41 avec un prince, donc lui il ne le sait pas.
00:43 Et donc quand le roi Louis XXVII meurt, on ne trouve pas d'autre héritier que lui et
00:47 donc on va le chercher au lycée et on lui dit "t'es le roi".
00:49 Donc sa mère est en plus d'origine marocaine.
00:52 Donc ça ne plaît pas trop aux grandes instances du pays on imagine.
00:55 C'est ce qu'on appelle de l'Uchronie, un récit d'événements fictifs à partir
00:58 de la réalité historique.
01:00 L'idée elle est délirante, c'est drôle, humour potache, mais ça fonctionne très
01:03 bien.
01:04 Comment cette histoire folle vous est venue ?
01:05 L'Uchronie c'est un terrain hyper intéressant pour une série parce que du coup on peut
01:09 tout imaginer, on peut inventer comme ça une France alternative.
01:12 Il n'y a pas de limite ?
01:13 Non, il n'y a pas de limite, c'est nous qui décidons, c'est notre monde, c'est
01:15 comme une France parallèle en fait.
01:17 Tout le monde adore les multiverse en ce moment, on a un peu le multiverse français avec
01:21 cette France un peu loufoque dans laquelle il y a toujours une monarchie, mais une monarchie
01:25 dégénérée, un peu déglinguée, où les gens portent encore des perruques, ils sont
01:28 tous un peu en bout de course, il n'y a plus d'argent, Versailles a brûlé, ils
01:32 font ce qu'ils peuvent.
01:33 Il y a un film, une série qui vous ont inspiré ?
01:35 Peut-être, disons c'est plus dans le ton, une série américaine qui s'appelle Sortie
01:40 Rock où il y a un rythme de blague qu'on aime beaucoup.
01:43 C'est vrai que ça va très vite là.
01:45 On a essayé en tout cas, parce qu'il fallait plaire à tout le monde, il fallait faire
01:48 une série familiale qui fasse rire à la fois les parents et les enfants, les ados,
01:51 donc on a essayé d'avoir plusieurs registres en même temps.
01:52 On va écouter un extrait, le jeune Cédric qui vient d'apprendre qu'il est le nouveau
01:55 roi arrive pour la première fois au palais avec sa mère.
01:58 Le régent lui fait visiter les lieux et on découvre qu'il y a quand même un peu de
02:01 modernité car on utilise un assistant vocal.
02:04 Euh, je peux lui parler moi, Marie-Sylvie ?
02:07 Mais bien entendu, Sire, il suffit de dire « Dis Marie-Sylvie » et de formuler votre
02:12 question.
02:13 Ok, dis Marie-Sylvie, est-ce que t'as des groins ?
02:17 Ha ha ha, excellent Sire !
02:20 Dis Marie-Sylvie, est-ce que tu…
02:22 Cédric, on va pas y passer la journée, d'accord ?
02:24 Il faudra l'appeler Sire.
02:26 Madame, à ce propos, vous prendrez dès aujourd'hui le titre de Louis XXVIII.
02:30 Alors oui, non, je pensais prendre le place de mon papy, donc ça ferait Tarak premier.
02:34 Non, Sire, ce sera Louis XXVIII.
02:36 Ça chie.
02:38 Cédric, non, Cédric, tu fais attention à la façon dont tu parles.
02:42 Voilà, ce sera Louis XXVIII.
02:43 D'ailleurs, ça s'écrit en chiffres arabes et pas en chiffres romains.
02:47 Y a une raison particulière ?
02:48 Oui, parce qu'on a imaginé que la France c'est un peu abéti, les gens ils arrivent
02:52 plus à suivre les croix, à lever les bâtons, c'est trop compliqué, donc on a simplifié,
02:55 on a modernisé.
02:56 C'est quand même une France qui a évolué, mais un peu dans un sens bizarre.
02:59 Alors là, on vient de l'entendre, celle qui joue le rôle de la maman du roi, c'est
03:03 une comédienne qui s'appelle Nadia Rose, elle est formidable.
03:06 C'est pas elle finalement l'héroïne de la série ?
03:08 C'était ça un peu la gageure, c'est qu'on voulait raconter une série qui a deux héros.
03:12 C'est Cédric et l'histoire de cet adolescent qui va s'éveiller assez lentement,
03:17 à ses responsabilités.
03:20 Mais surtout l'histoire de sa mère qui a un enfant roi, qui devient littéralement
03:23 roi, et qui du coup est un peu responsable de lui et de ce qu'il va faire du pays entier.
03:27 Et du coup Nadia Rose était vraiment la personne idéale, quand on a tout de suite repéré
03:31 Nadia et on pensait à elle, mais on s'est dit c'est trop tôt au moment de l'écriture.
03:34 Sauf qu'en fait, à chaque fois qu'on écrivait, on voyait son visage.
03:36 Donc on a eu beaucoup de chance qu'elle aime le scénario.
03:38 Elle a dit "Samia c'est moi".
03:40 Et c'est vrai !
03:41 C'est vraiment elle, elle est formidable.
03:43 C'est Nils Othnain Girard qui campe Louis XXVIII. Pourquoi vous choisissez ce jeune comédien ?
03:48 C'était assez évident, très vite.
03:51 D'abord il y a un physique assez génial.
03:54 On dirait vraiment un bourbon.
03:56 Ah vous trouvez ?
03:57 Oui, il a un petit côté bourbon.
03:58 Et puis ce mélange de sensibilité extrême et de potacherie,
04:03 qui fait vraiment bien l'adolescent, alors que dans la vie il n'est pas du tout potache.
04:06 C'est vraiment un très bon acteur.
04:08 Et on avait peur de ne pas trouver la bonne personne,
04:10 parce que c'est quand même un rôle difficile à tenir.
04:12 Tout repose sur lui.
04:13 Il est extraordinaire Nils Othnain Girard.
04:15 C'est un très bon acteur.
04:16 On sent que vous n'êtes pas fan de la monarchie.
04:17 Le gérant veut criminaliser l'avortement et l'homosexualité.
04:20 Il veut abolir la laïcité.
04:22 Un roi est forcément conservateur selon vous.
04:24 Même à notre époque ce serait comme ça ?
04:26 Non justement, Louis XXVII dans notre histoire était un roi plutôt progressiste.
04:30 Mais en fait, avec un système monarchique comme ça,
04:32 le pouvoir peut changer de main.
04:33 Et tout peut changer en un instant, dans un pouvoir absolu.
04:36 C'était intéressant pour nous d'imaginer ce retour potentiel,
04:39 ce régent qui veut ramener la France au Moyen-Âge.
04:42 Et c'est vrai que quand on a écrit, on s'est dit « on y va peut-être un peu fort ».
04:44 Il y a une scène où le régent dit « bon on commence par interdire quoi ? »
04:46 « autant se faire plaisir, l'avortement ».
04:48 Quand on l'a écrit, on s'est dit « on y va un peu loin ».
04:50 Quelques mois après, la Cour suprême américaine revenait sur ce droit pour les Américains.
04:53 Ce qui nous semblait impensable quelques mois avant.
04:55 Donc, c'est QFD.
04:57 Pourquoi ça se retrouve sur France TV/,
04:59 qui est une plateforme peu connue de France Télévisions,
05:01 destinée surtout aux jeunes ?
05:02 Vous avez tenté de vendre la série ailleurs ?
05:04 C'est sur France.tv aussi, c'est disponible sur toutes les plateformes France Télé.
05:08 Au départ, c'est un projet qu'on avait écrit pour un concours de scénarios,
05:11 organisé par la SACD et OCS.
05:13 On était finalistes, on était très contents, mais on n'a pas été pris.
05:16 Et en fait, OCS nous a dit, c'est juste qu'ils avaient une série un petit peu dans la même veine,
05:20 dans les tuyaux.
05:22 Ils nous ont demandé de leur proposer autre chose.
05:24 On leur a proposé une série qui s'appelle « Tootoo You Too »,
05:26 qu'ils ont produit, qu'on a diffusé en septembre.
05:28 Mais ce projet de Louis XXVIII, on l'aimait tellement,
05:30 on ne voulait pas l'abandonner, on y croyait dur comme fer.
05:32 Et du coup, on a tenté de l'envoyer à France Télé,
05:34 et ils ont flashé sur le projet.
05:36 Mais on a fait deux séries en même temps, du coup.
05:38 Oui, beaucoup de travail !
05:40 Vous avez eu beaucoup de liberté en travaillant avec France Télé ?
05:42 Énormément, c'est ça l'intérêt aussi de ce genre de séries numériques.
05:45 Ils sont peut-être un peu moins soumis aux dictates de l'audimat,
05:50 dans les moindres détails, et donc ils nous ont encouragés
05:52 à aller jusqu'au bout de notre idée.
05:54 De ne pas trop nous freiner,
05:56 pour qu'on puisse vraiment créer un univers étendu,
05:58 loufoque, à l'image de qui on est, de notre humour.
06:01 Parce que vous vous êtes bridés un petit peu à un moment ?
06:03 Un tout petit peu au début.
06:05 On n'osait pas trop y aller à fond,
06:07 sur les sujets des minorités,
06:09 sur notre point de vue politique.
06:11 Et ils nous ont dit "Assumez-le, on n'a pas peur".
06:13 Donc on y est allé à fond.
06:15 Point de vue politique, ça veut dire qu'il y a un message
06:17 derrière cette série parodique ?
06:19 Oui, il y a un point de vue, d'abord sur la jeunesse,
06:21 sur comment la jeunesse va...
06:23 Parce que nous, dans notre univers, la France est devenue complètement apathique.
06:25 C'était drôle d'imaginer que sans Révolution française,
06:27 les français seraient devenus des gens
06:29 qui ne se plaignent jamais, qui ne se révoltent pas.
06:31 Ce qui paraît fou.
06:33 Et du coup, là, ce serait la jeunesse qui,
06:35 en voyant un autre ado, un des leurs, un ado,
06:37 avoir du pouvoir, se rendre compte que, en tant que peuple,
06:39 ils ont du pouvoir.
06:41 Donc là, pour l'instant, il y a 10 épisodes.
06:43 C'est assez rapide, c'est court, c'est 20 minutes.
06:45 Ça se binge, il paraît.
06:47 Il y aura une saison 2, c'est prévu.
06:49 On n'a toujours pas le feu vert.
06:51 Donc si vous la regardez, on aura peut-être une saison 2.
06:53 En tout cas, on termine sur un cliffhanger de fou.
06:55 En espérant que ça donne envie aux gens de voir la suite.
06:57 On croise les doigts et je précise que
06:59 cette série est co-écrite avec
07:01 Géraldine de Marjorie, avec qui
07:03 vous aviez déjà créé le fameux Toutou Youtou
07:05 dont vous vous en parliez tout à l'heure.
07:07 Merci beaucoup Maxime Dandel.
07:09 Je suis en train de me demander comment dire cliffhanger en français.
07:11 Situation à suspens, on ne sait pas ce qui va se passer après.
07:13 C'est ça, elle est vendue.
07:15 Louis 28, 10 épisodes de 20 minutes
07:17 disponibles sur les plateformes France.tv
07:19 Vous étiez l'invité média de Céline Bidart-Court.
07:21 Une baie d'art court.

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