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Aujourd'hui, dans "Bienfait pour vous", Mélanie Gomez et Julia Vignali ouvrent le dossier santé du jour avec Dr David Gourion.
Retrouvez "La question du jour" sur : http://www.europe1.fr/emissions/vite-fait-tres-bien-fait

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Transcription
00:00 De retour dans votre émission « Feel Good Mieux Vivre », on vous éclaire aujourd'hui
00:12 sur les bienfaits des thérapies.
00:13 Vous qui nous écoutez sur Europe 1, est-ce que vous avez déjà fait appel à un psy d'ailleurs ?
00:17 Psychiatre, psychologue, psychanalyste ? Pour mettre tout ça au clair, nous sommes toujours
00:21 avec le docteur David Gourion, psychiatre et auteur du livre « Guérir nos âmes blessées »
00:26 paru aux éditions Marabout.
00:27 On a compris, docteur, qu'on pourrait tous avoir un jour besoin d'aller voir un psy,
00:33 mais on ne sait pas quand.
00:35 Quels sont les signes justement qui pourraient nous alerter et nous dire qu'on a besoin
00:39 de consulter ?
00:40 Que c'est le moment.
00:41 Peut-être pour faire très simple, trois signes que tout le monde peut repérer, c'est
00:44 le sommeil, la fatigue, l'incapacité.
00:47 Le sommeil, c'est souvent un des premiers marqueurs cliniques dans tous les troubles
00:50 psy, la dégradation du sommeil.
00:52 Vous commencez à mal dormir et ça s'installe.
00:54 Le deuxième symptôme, la fatigue avec la perte des envies, la perte d'énergie, quelque
00:59 chose qui vous empêche un peu, qui bloque votre élan vital.
01:02 Et puis la troisième chose, l'incapacité ou en tout cas la difficulté à fonctionner
01:06 au quotidien, que ce soit au travail, dans les études, à la maison, etc.
01:09 L'isolement, « je n'ai plus envie de voir les gens, je n'ai plus envie de… »
01:12 Quand vous avez ces trois symptômes-là, vraiment, et qu'ils se mettent à durer
01:16 plus d'une quinzaine de jours, il faut en parler à votre médecin.
01:19 Appelez votre généraliste, vous lui expliquez, vous lui demandez un rendez-vous, vous lui
01:22 expliquez que ça ne va pas, et puis lui saura un petit peu décrypter, décoder et analyser
01:26 ce qu'il faut vous conseiller.
01:28 Alors justement, parfois les généralistes ne savent pas forcément aussi nous indiquer
01:31 qui est le psy le plus proche, ou il n'y en a pas, ça dépend où on habite.
01:34 Comment on fait pour choisir le bon psy, colloque, analyste, psychiatre, enfin peu importe, mais
01:40 celui qui sera vraiment parfait pour moi ? Parce que j'ai l'impression quand même
01:42 que c'est une relation de face à face, dans lequel les sentiments ont quand même
01:47 une importance.
01:48 Ça veut dire que ça peut arriver, au premier rendez-vous, on se dit "ouf, ce psy-là,
01:52 pour moi, je le sens pas".
01:53 Comment on fait pour ne pas se planter ?
01:55 - Comme souvent dans la vie, tout se passe au premier rendez-vous.
01:58 - C'est vrai, complètement.
01:59 - Et il y a des études qui l'ont montré d'ailleurs.
02:01 Alors ça ne veut pas dire, je ne suis pas en train de dire si la première séance s'est
02:04 passée, vous avez un peu des doutes, vous pouvez quand même donner une deuxième, une
02:07 troisième séance.
02:08 Mais si réellement la rencontre ne s'est pas bien passée, que vous avez des gros doutes
02:11 sur la fiabilité, les compétences, etc., n'hésitez pas à changer et aller voir
02:15 quelqu'un d'autre.
02:16 - Et si ça vous arrive de vous dire "celui-là, je ne le sens pas de passion" ?
02:18 - Est-ce que vous avez le droit de choisir ?
02:21 - J'ai le droit à un joker sur cette émission ?
02:23 - Ah non, c'est vrai ?
02:24 Non mais c'est intéressant.
02:25 - En tout cas, si on ne le sent pas, ne vous pas hésitez à changer.
02:27 - Mais bien sûr, il peut arriver d'abord qu'on sente qu'on est dans un domaine qui
02:31 est hors du champ de nos compétences et je vais réorienter.
02:33 - Bien sûr.
02:34 - Ça peut arriver en effet.
02:35 Mais je pense que les gens le sentent aussi quand...
02:37 - Quand la rencontre ne se fait pas en fait.
02:39 - La rencontre ne se fait pas.
02:40 Il faut qu'il y ait rencontre et il faut aussi qu'il y ait des garanties de compétences.
02:44 Je disais tout à l'heure en parlant à votre généraliste, votre généraliste connaît
02:47 quand même les psychiatres, les psychologues, etc.
02:49 C'est quand même...
02:50 Bon, je sais qu'aujourd'hui il y a une problématique de désert médical, mais c'est quand même
02:53 un interlocuteur.
02:54 On a quand même cette chance-là en France d'avoir un système de santé avec ce médecin
02:58 traitant au cœur.
02:59 - Vous voulez dire que lui, il va orienter ?
03:00 - Il peut orienter.
03:01 - Il peut dire "allez voir un psychiatre".
03:02 - Exactement.
03:03 - Ou "c'est plutôt le psychanalyste qui vous foudrait, allez voir celui-là ou celui-là
03:06 que je vous connais".
03:07 - Exactement.
03:08 Mais si vous n'avez pas le feeling, je crois que c'est très important, vous avez le droit
03:11 de le dire et vous avez le droit d'aller voir quelqu'un d'autre.
03:13 - D'ailleurs, dans votre livre, il y a une anecdote sur les mauvais choix de psy.
03:16 Racontez-nous ce qui est arrivé à une certaine Véronique.
03:18 - Ah, pauvre Véronique.
03:19 Véronique était venue me voir en me disant "écoutez, moi les psy, franchement j'ai des
03:23 doutes, je ne sais pas trop, c'est un peu compliqué votre histoire".
03:26 Et elle me dit "en fait, j'ai été suivi par quelqu'un pendant plusieurs mois et puis
03:32 un dimanche, je me balade en famille dans les rues et puis les enfants voulaient une crêpe,
03:38 alors on va faire la queue et puis je me rends compte que le crêpier, c'était mon psy".
03:42 - Mais non !
03:43 - Et alors, mais non, mais la pauvre, enfin, on aurait pu en rire, mais elle, elle était
03:49 vraiment bouleversée de ça.
03:50 - Comment c'est possible ?
03:51 - Comment c'est possible ? Et elle lui dit "mais mais mais".
03:53 - Un psy peut faire des crêpes en même temps.
03:54 - Oui, chez lui.
03:55 - Pas deux en train de les vendre dans la rue.
03:57 - Et il lui a répondu ce truc incroyable "mais il faut bien vivre".
03:59 Vous savez comme dans la chanson de Boris Vian, là, de Mose, il se termine par "enfin,
04:04 il faut bien vivre".
04:05 - Et donc, elle a cessé de voir son psy, j'imagine ?
04:07 - Ah oui, elle a cessé de voir son psy, mais surtout…
04:09 - Qui vende des crêpes ou des churros, enfin c'est pas…
04:11 - Mais surtout avec un sentiment un peu de perte de confiance.
04:13 Et c'est probablement aussi un des freins à l'accès aux soins.
04:16 Les gens se disent "les psys c'est une jungle, on n'y comprend rien".
04:19 Certains c'est des charlatans, c'est pas des gens sérieux, etc.
04:21 Donc, c'est peut-être important de remettre un petit peu de lumière dans tout ça.
04:24 - Justement.
04:25 Un psy, c'est quelqu'un qui a déjà fait lui-même forcément une psychanalyse,
04:28 enfin en tout cas un travail sur lui-même.
04:30 Est-ce que c'est un passage obligé quand on fait ce métier d'écoute justement des autres ?
04:34 - Ça dépend quelle est sa mission, quelle est sa cascade.
04:36 Si sa mission c'est médecin psychiatre qui fait l'évaluation du diagnostic et de l'orientation,
04:41 pas forcément.
04:42 Si le psy est un psychothérapeute, psychanalyste, il est évident qu'il a fait une psychothérapie avant.
04:49 - Alors justement, on va accueillir par téléphone Philippe.
04:52 Philippe, bonjour.
04:53 - Bonjour.
04:54 - Vous êtes assistant social dans un service de santé mentale
04:56 et on vous a très vite conseillé de voir un psychiatre, c'est bien ça ?
04:59 Est-ce que vous pouvez nous raconter ?
05:01 - Alors en fait, effectivement, ça nous a été conseillé par notre chef de service,
05:06 mais plutôt au titre d'analyse de la pratique, si vous voulez,
05:10 par rapport à ce que certaines situations dramatiques peuvent faire vivre à la personne que l'on est,
05:16 au-delà du professionnel qu'on essaye d'être,
05:19 et afin d'accompagner au mieux les personnes en grande difficulté,
05:24 en parler effectivement à un professionnel.
05:27 - Vous sentez que ça vous aide dans votre quotidien, ce travail sur soi que vous faites,
05:32 ou que vous avez fait avec ce psychiatre ?
05:34 En quoi par exemple ça a été un plus, ou c'est un avantage aujourd'hui d'avoir fait ce boulot-là sur vous-même ?
05:39 - Alors c'est un plus effectivement pour arriver à dissocier ce qui peut être,
05:45 disons, une personne qui fait des choses qui peuvent vous paraître humainement absolument épouvantables,
05:51 arriver à dissocier la personne et son acte, pour l'accompagner au mieux.
05:55 Parce que ce n'est pas toujours très évident dans certaines situations.
05:58 - Et dites-moi, est-ce qu'on a compris que professionnellement ça vous a servi,
06:02 mais personnellement, est-ce que ça vous a servi également de voir ce psychiatre, Philippe ?
06:05 Est-ce que vous avez appris des choses importantes sur vous-même ?
06:08 Dites-nous des trucs, si ce n'est pas trop intime, bien sûr.
06:11 - Oui, effectivement, quand on voit un psychiatre, on apprend énormément de choses sur soi-même.
06:15 On apprend énormément de choses sur soi-même parce qu'on est tous le fruit d'un vécu, d'une éducation,
06:19 de tout un tas de paramètres, et on apprend beaucoup de choses sur soi-même,
06:23 et ça aide dans la vie au quotidien, professionnelle et personnelle.
06:26 - Juste pour qu'on comprenne bien, Philippe, dans votre quotidien professionnel,
06:30 je ne sais pas, un exemple peut-être, pour qu'on comprenne les situations difficiles auxquelles vous êtes exposé,
06:35 et pour lesquelles justement on vous a justifié que ça ne serait pas inintéressant de faire un suivi psychologique ?
06:40 - Ça va être des situations plutôt de gens qui ont commis des actes assez terribles,
06:47 et qui ont été reconnus irresponsables pénalement.
06:52 - Oui, c'est du cojeteau, quoi. On est sur des choses même judiciaires assez graves, quoi, c'est ça.
06:57 - Oui, on est sur des choses judiciaires qui sont effectivement extrêmement graves,
07:00 et il faut bien arriver à dissocier effectivement la personne et ce qu'elle a fait.
07:04 - Et l'acte. Merci beaucoup, Philippe, pour votre témoignage sur l'antenne d'Europe 1.
07:07 Docteur Gourion, vous en pensez quoi ? Vous pensez que toutes les personnes qui travaillent dans un secteur comme celui de Philippe,
07:12 par exemple de la santé, ou quand on accompagne, je ne sais pas, des délinquants, des criminels,
07:17 ces gens-là doivent forcément être aidés, suivis, parce que même s'ils n'en ressentent pas le besoin, je veux dire ?
07:22 - Moi, je pense que oui, parce qu'il y a des professions, ça a été bien montré, qui sont plus exposées que d'autres.
07:27 Je pense aussi aux policiers. On sait qu'il y a vraiment des marqueurs de souffrance psychique très élevés.
07:33 - On peut penser aux professeurs aussi, aux instituteurs parfois.
07:35 - Aux soignants. Il y a des taux de burn-out aussi très élevés. Donc oui, bien sûr.
07:40 Puis, moi, le témoignage de Thierry m'inspire quelque chose aussi, c'est que c'est de l'autre côté du miroir.
07:48 J'ai toujours trouvé qu'être psy, c'est quand même un privilège incroyable.
07:51 C'est-à-dire que les gens viennent quand même déposer chez vous quelque chose.
07:55 Vous ne les connaissez pas, ils ne vous connaissent pas, et ils se retrouvent à vous raconter des choses
07:59 que parfois ils n'ont jamais racontées à leurs conjoints ou à leurs conjointes.
08:02 Des choses d'une intimité, d'une profondeur extraordinaire.
08:05 Pour tous les jeunes qui se demandent s'ils veulent faire psy plus tard, c'est quand même la psychiatre,
08:10 c'est la meilleure spécialité médicale. D'ailleurs, les autres spécialités médicales sont pour moi des sous-disciplines de la psychiatre.
08:15 - À ce point-là ? Est-ce que vous trouvez ça passionnant en fait ?
08:18 - C'est passionnant parce que, je redis, il y a quelque chose d'un lien.
08:22 Ça ne devrait pas exister normalement. Il n'y a pas de lien aussi intime, aussi proche.
08:25 - Je crois qu'on a un urologue, un pneumologue, un dermatologue qui viennent d'appeler. Ils ne sont pas contents.
08:30 - Une autre petite question. On a compris la dimension intime, tout ça.
08:35 Mais c'est vrai que parfois ça ne va pas du tout et vous êtes amenés à prescrire, vous les psychiatres en tout cas,
08:39 ou les médecins généralistes, des antidépresseurs.
08:42 Est-ce que ça, il faut s'habituer à l'idée que parfois on a besoin de médicaments ?
08:48 Parce qu'il y a plein de gens qui ne veulent pas aller voir un psychiatre parce qu'on a peur que vous nous prescriviez des médocs.
08:55 - Vous vous souvenez de la campagne "les antibiotiques, c'est pas automatique".
08:57 C'est exactement pareil pour les antidépresseurs. Il y a des situations où ça n'a pas lieu d'être prescrit,
09:02 ou parfois c'est trop prescrit. Et à l'inverse, il y a des situations,
09:05 si vous avez une pneumonie avec des critères de sévérité, on va vous prescrire un antibiotique.
09:08 Si vous avez une bronchite légère, pas forcément. C'est pareil.
09:11 Si vous avez une dépression sévère et des idées suicidaires, ne pas vous prescrire un médicament.
09:15 - Vous n'avez pas l'ordonnance trop facile. Vous savez bien le gérer.
09:18 - C'est toute la difficulté parce que ce n'est pas si simple d'évaluer une dépression.
09:21 Les critères de sévérité, les comorbidités, les troubles associés,
09:25 parfois il y a un alcoolisme, un trouble anxieux, une personnalité fragile, un environnement de vie, etc.
09:30 Une maltraitance. Donc toute cette complexité-là fait partie de notre travail de clinicien que d'être évalué.
09:36 - Merci docteur. On va poursuivre cet entretien dans un instant.
09:39 Alors on a peut-être tous besoin de faire une thérapie, mais surtout, savez-vous qu'il en existe des tas de différentes ?
09:45 Si je vous dis par exemple qu'une TTC, ça serait pas mal pour vous ?
09:47 - TCC ?
09:48 - TTC, j'ai dit ?
09:49 - Non, oui, TCC.
09:50 - TTC, ça serait une nouvelle thérapie que je vais inventer.
09:52 Ou plutôt de l'EMDR, ça vous parle ? Pas vraiment ?
09:55 Vous inquiétez pas, on va éclaircir tout ça sur Europe 1.
09:57 Europe 1, bien fait pour vous.