Déborah raconte sa greffe d'utérus

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00:00 du fait de ne pas avoir cet utérus, j'avais ce vide en moi de ne pas pouvoir donner la vie.
00:06 J'ai recontacté ma mère en lui demandant si sa proposition de me donner son utérus était toujours d'actualité
00:13 et qu'on avait la possibilité de rentrer dans cet essai clinique.
00:17 Et ça a été un grand oui, c'était le début de l'aventure avec le professeur Ayoubi et son équipe.
00:25 Je suis atteinte du syndrome MRKH, qui est l'absence congénitale d'utérus.
00:30 J'ai eu la chance de bénéficier de la grève d'utérus et grâce à cette intervention,
00:36 je suis le heureuse maman de Misha, bientôt deux ans, et enceinte de quasiment sept mois.
00:42 Alors j'ai appris pour le syndrome MRKH à l'âge de 17 ans, tout simplement par l'absence de menstruation.
00:47 On me disait de ne pas m'inquiéter car ma mère avait été aussi réglée tardivement
00:52 et je sentais quand même en moi qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas.
00:56 Donc j'ai souhaité consulter mon médecin traitant pour approfondir justement par des examens
01:01 et c'est là que le diagnostic a été posé, donc que je n'avais pas d'utérus.
01:04 J'étais vraiment en pleurs désorientée, j'avais l'impression que tout s'écoulait,
01:10 tous mes rêves de maternité.
01:13 Je n'avais pas le choix, on me retirait cette possibilité, ce choix d'avoir ou non un enfant à moi.
01:19 Mon père avait fait des recherches sur internet et il était tombé sur une étude de chercheurs suédois
01:26 qui avaient réussi à greffer des utérus sur des souris et ils avaient obtenu des naissances grâce à ces greffes.
01:33 Donc du coup à l'époque, mon père m'avait dit "Rassure-toi, regarde tu as 17 ans,
01:38 il y a déjà des chercheurs qui sont dessus, ça tombe quand tu voudras des enfants, on sera au stade sur l'humain".
01:45 Et c'est vrai que ma mère à ce moment-là m'a dit "Ecoute, je ferai toujours tout pour garder mon utérus nickel,
01:51 sait-on jamais s'il y a cette possibilité-là dans les années à venir".
01:54 Et c'est en octobre 2014, je crois que sur les ondes, à la radio, puis aux journaux télévisés,
02:01 on entend que les Suédois, donc cette même équipe, a réussi non seulement une grève d'utérus sur une femme,
02:07 mais qu'en plus elle vient de donner naissance à un bébé en parfaite santé.
02:10 Donc là c'était la lueur d'espoir pour moi en fait.
02:15 J'ai fait des démarches sur internet pour chercher si en France il y avait quelque chose qui se tramait
02:22 comme un essai clinique ou quoi que ce soit.
02:24 Et c'est vrai que là je suis tombée sur l'étude du professeur Ayoubi de l'hôpital Foch.
02:28 On s'est rencontrés et il s'avère que maman, moi, mon mari,
02:35 on rentrait tous les trois dans les critères pour pouvoir rentrer dans ce protocole.
02:39 Après ça, j'ai recontacté ma mère en lui demandant si sa proposition qu'elle avait faite des années auparavant,
02:46 de me donner son utérus, était toujours d'actualité
02:49 et qu'on avait la possibilité du coup de rentrer dans cet essai clinique.
02:53 Et ça a été un grand oui.
02:55 Donc c'était le plus beau cadeau d'amour, le plus beau geste d'amour qu'elle pouvait me faire.
03:00 C'était me permettre à moi aussi de porter la vie et de devenir maman.
03:05 Donc c'était très très fort.
03:07 Dans le protocole, on fait beaucoup d'examens, il y a aussi beaucoup de comités éthiques,
03:12 beaucoup aussi d'entretiens psychologiques pour s'assurer que tout le monde est OK.
03:17 Donc du coup on passe devant différents comités pour s'assurer de tout ça.
03:21 Ensuite il y a beaucoup d'examens médicaux pour s'assurer de notre compatibilité.
03:25 Et ensuite on procède aux fécondations in vitro
03:29 avant d'attaquer la grosse grosse opération qui dure des heures qui est la greffe.
03:35 Donc c'est une intervention très très lourde
03:38 qui a duré environ 13-14 heures pour ma mère et 9 heures pour moi.
03:42 J'ai eu la chance que tout se déroule très très bien, de bien récupérer, même chose pour maman.
03:48 Et deux semaines après la greffe, j'ai eu mes règles pour la première fois à 34 ans.
03:53 Et en juillet 2020 du coup, le premier transfert embryonnaire a fonctionné parfaitement.
04:02 Et en février 2021, c'est l'arrivée de notre enfant, donc voilà, là c'était la magie.
04:12 Alors le greffon, on peut le garder 5 ans maximum.
04:15 Donc ça laisse la possibilité d'avoir une ou deux grossesses maximum dans cet intervalle de 5 ans.
04:23 Pendant longtemps, ça a été un combat où j'en ai voulu à mon corps
04:26 de ne pas être entièrement composé, qu'il manquait cet organe, donc je lui en voulais vraiment.
04:33 Du fait de ne pas avoir cet utérus, je ne me sentais pas entièrement femme.
04:37 Et j'avais ce vide en moi de ne pas pouvoir donner la vie tout simplement.
04:44 Et là, ça m'a permis de renouer avec lui, de voir les capacités qu'il avait à se remettre,
04:51 à redevenir aussi fort qu'avant la greffe, même s'il y a des traitements lourds à côté.
04:57 Donc du coup, presque pas je suis contente d'avoir eu ce syndrome,
05:02 mais en tout cas ça fait la personne et la femme que je suis aujourd'hui et ça m'a renforcée.
05:07 [Musique]

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