Agrégé en philosophie, Nathan Devers s’exprime sur les addictions et sur la prévention en France : «Il y a une demande en France et elle est particulièrement forte, même plus que dans beaucoup de pays occidentaux».
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00:00 Il y a un prisme français qui consiste à avoir toujours la responsabilité du vendeur
00:06 et pas celle du consommateur, c'est-à-dire de l'offre et pas de la demande.
00:09 Évidemment, il y a une demande en France et elle est particulièrement importante,
00:11 même plus que dans beaucoup de pays occidentaux.
00:14 Le deuxième aspect sur la prévention, ce que je dis est juste une hypothèse
00:17 et pour le coup c'est assez subjectif, mais je trouve que la prévention liée aux drogues,
00:21 illégale ou légale, on pourrait parler du tabac, de l'alcool,
00:24 un de ses défauts en France, c'est qu'elle est souvent
00:27 essentiellement structurée autour du discours strictement scientifique,
00:30 qui a évidemment sa légitimité, qui a évidemment son importance,
00:34 mais il me semble que les choses ne se jouent pas seulement à ce terrain-là.
00:36 Ça veut dire, prenons le cas de quelqu'un qui va être dans un état de dépendance
00:40 au tabac, à l'alcool, aux drogues, etc.
00:42 Évidemment, il écoute un scientifique, il est d'accord avec lui, un addictologue,
00:45 il va se dire "je suis parfaitement d'accord", etc.
00:47 Mais il ne se reconnaît pas pleinement, il ne reconnaît pas son expérience subjective
00:51 dans le miroir que lui tend la science, qui est objective.
00:53 Et il me semble qu'un témoignage personnel, un film sur, si vous voulez,
00:57 quelqu'un qui a une vie qui est brisée par la cocaïne,
01:00 ça peut avoir plus de poids psychologique, ça peut avoir plus l'effet de déclic
01:04 que uniquement les paroles des addictologues et des scientifiques.
01:06 [Musique]
01:10 [SILENCE]