Mangerons-nous bientôt de la viande in vitro ?

  • l’année dernière
“J’ai du mal à appeler ça ‘viande’.” Thierry Marx, chef cuisinier.
Le 8 février, la mission d’information du Sénat sur la viande in vitro a organisé une table-ronde avec des experts et des professionnels du secteur. Les sénateurs ont réuni Thierry Marx, chef cuisinier, Étienne Duthoit fondateur et directeur général de Vital Meat, Nicolas Morin-Forest cofondateur et président de Gourmey et Jean-François Hocquette, directeur de recherche à l’INRAE pour parler de ce nouveau produit qui suscite un intérêt et une certaine méfiance.

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00:00:00 fait la singularité de l'écosystème agricole français, je pense que c'est sa
00:00:02 capacité d'innovation et à la fois la richesse de ses savoir-faire et leur
00:00:05 complémentarité. Donc c'est cet esprit qui nous anime et qu'il faut soutenir
00:00:09 pour renforcer notre souveraineté alimentaire mais aussi nos capacités
00:00:12 d'export, on verra que c'est aussi important pour notre société, et ne pas
00:00:15 laisser d'autres tout simplement innover à notre place.
00:00:18 La France a d'ailleurs toujours su marier tradition et innovation et
00:00:21 principalement et particulièrement en matière agricole et culinaire et on a
00:00:25 vraiment toutes les cartes en main, l'excellence de notre écosystème de
00:00:27 recherche, le rayonnement de notre gastronomie et bien entendu la place
00:00:30 centrale de notre agriculture sont en terreau unique au monde.
00:00:33 On a toutes les cartes en main pour créer une filière française d'excellence
00:00:36 dans un esprit d'ouverture, de complémentarité et surtout faite de
00:00:39 collaboration entre tous les mondes, le monde agricole, le monde de la recherche,
00:00:43 les acteurs émergents et les pouvoirs publics, c'est à dire toutes les parties
00:00:46 prenantes autour de cette table. Je vous remercie.
00:00:48 Très bien, vous nous expliqueriez tout à l'heure comment vous faites.
00:00:52 Oui ça ne vous ennuie pas. Monsieur Dutoit, vite à la limite.
00:00:56 Bonjour à tous, je tenais à vous dire que je suis très honoré aussi d'être parmi vous
00:01:01 en tant que citoyen et je suis très heureux que le Sénat saisisse du sujet
00:01:04 de la viande de culture, viande cellulaire ou quelle que soit la manière
00:01:07 dont vous voulez l'appeler aujourd'hui puisque la dénomination n'est pas fixée.
00:01:10 Alors c'est vrai, la viande cultivée est un sujet encore méconnu, une innovation
00:01:14 qui suscite des interrogations légitimes et j'espère qu'on pourra y
00:01:17 répondre aujourd'hui. Mais c'est avant tout une nouvelle source de protéines
00:01:20 animale goûteuse, saine, positive pour la santé, respectueuse de l'environnement au
00:01:25 sens large et de ce fait un véritable enjeu stratégique pour la France, son
00:01:28 autonomie alimentaire et sa compétitivité dans les dix prochaines années.
00:01:32 Quelques mots de présentation sur Vitalmeat et moi-même. Je m'appelle
00:01:36 Etienne Dutoit, donc j'ai un parcours qui m'a conduit de la finance au milieu
00:01:39 agricole où j'ai travaillé pendant sept ans au contact des agriculteurs dans le
00:01:42 domaine des biostimulants avant de m'intéresser à l'agriculture cellulaire.
00:01:46 J'ai ensuite cofondé Vitalmeat avec le groupe Grimaud en 2018.
00:01:49 On va dire qu'on a une histoire très singulière dans cet univers de la
00:01:52 viande de culture car on est le seul projet directement issu des filières
00:01:56 agricoles traditionnelles. En effet le groupe Grimaud est une ETI
00:01:59 familiale située en territoire rural dans les Mauges. Donc le coeur de métier
00:02:03 de ce groupe est la génétique animale et la production d'animaux reproducteurs
00:02:06 dans tout un tas d'espèces, canards, porcs, lapins, crevettes, insectes, etc.
00:02:11 Et il y a des crevettes reproductrices. Et le groupe Grimaud est donc un acteur
00:02:18 historique de l'élevage et parfaitement conscient des enjeux actuels,
00:02:20 compétitivité de nos filières face aux productions étrangères,
00:02:23 nouvelles attentes sociétales et diversification des régimes alimentaires,
00:02:26 nouvelles difficultés liées aux pandémies, grippe aviaire, peste porcine
00:02:30 africaine et nouvelles difficultés liées au réchauffement climatique, emploi et
00:02:34 désertification des campagnes. Ce groupe s'est d'ailleurs diversifié
00:02:37 depuis une vingtaine d'années dans la bio pharmacie et la bioproduction.
00:02:40 C'est finalement de cette branche qu'est issue la technologie et le savoir-faire de
00:02:43 Vitalmeat pour la culture de cellules de poulet et de canard.
00:02:47 Donc notre objectif est de proposer une nouvelle gamme de protéines animales
00:02:50 complémentaires aux filières existantes avec un cahier des charges extrêmement
00:02:54 exigeant sur l'empreinte environnementale, la sécurité alimentaire et la santé et
00:02:59 bien sûr la qualité et le goût. On s'est bien entendu posé la question du
00:03:03 sens de la viande de culture et de son positionnement dans la filière.
00:03:05 Pour moi effectivement la priorité n'est pas de reproduire la viande à
00:03:09 l'identique absolument, un blanc de poulet plus vrai que nature, etc.
00:03:12 D'autant que la viande brute est un produit culturel et que nous sommes
00:03:15 nombreux à ne pas vouloir y renoncer. Notre vision est celle de la
00:03:18 complémentarité et on oriente nos travaux vers la production d'un
00:03:21 ingrédient de poulet cultivé avec le même goût, les mêmes apports
00:03:25 nutritionnels que la viande conventionnelle pour être utilisé dans
00:03:28 toutes les recettes de produits élaborés qu'on connaît aujourd'hui.
00:03:31 On a parlé de nuggets mais de plats cuisinés, pizzas, salades, etc.
00:03:35 Les consommateurs demain auront un nouveau choix possible, les produits
00:03:39 issus de l'agriculture cellulaire qui intégreront un régime alimentaire de
00:03:42 plus en plus diversifié. Et nous on veut que ce nouvel choix y soit français, au
00:03:46 plus proche de leurs exigences en termes d'empreintes environnementales, de
00:03:50 production locale, de sécurité alimentaire, de santé et
00:03:55 évidemment de goût. On est très fier d'être dans la course avec les plus gros
00:03:58 projets mondiaux en travaillant à partir d'une technologie française brevetée et
00:04:02 reconnue depuis une quinzaine d'années. On le voit désormais la viande de
00:04:05 culture se rapproche chaque jour un peu plus de nos assiettes. Un premier produit
00:04:09 a été autorisé à Singapour, une pré-approbation a été donnée aux
00:04:12 Etats-Unis. Les coûts de revient baissent et les échelles de production
00:04:15 augmentent. Donc le moment est parfaitement choisi pour s'intéresser à
00:04:18 cette thématique avec une question qui pour moi est centrale. Quelle place la
00:04:21 France veut-elle occuper dans cette nouvelle industrie ?
00:04:23 Je vous remercie de votre attention.
00:04:26 Très bien, merci monsieur Ockett. Monsieur le directeur, je vous laisse la parole pour
00:04:32 voir le point de vue du scientifique.
00:04:35 Madame la présidente, mesdames, messieurs, je vais être un petit peu technique dans
00:04:40 mon exposé. Je m'en excuse par avance et je vous rappelle tout d'abord le
00:04:44 principe de fabrication de ce qu'on appelle la viande de culture.
00:04:47 L'idée est de prélever des cellules souches ou des cellules musculaires sur
00:04:52 un animal vivant ou de travailler avec des lignées cellulaires immortelles.
00:04:56 Dans tous les cas, ces cellules se multiplient dans un bioréacteur, un
00:05:01 bioréacteur de grande taille. Ces cellules sont plongées dans un milieu de
00:05:05 culture et on obtient à la fin du processus une grande quantité de fibres
00:05:10 musculaires. Et donc mon exposé va être sous la forme de questions.
00:05:13 Il y a d'abord quelques questions éthiques au départ. Si le nombre d'animaux
00:05:18 d'élevage doit diminuer en raison du développement de la viande de culture,
00:05:22 que va devenir la biodiversité animale ? Et qu'en est-il des animaux qui vont
00:05:27 rester, qui vont être prélevés régulièrement pour fournir des cellules ?
00:05:30 Si on utilise des lignées cellulaires immortelles, on rentre dans la
00:05:34 problématique des OGM. En ce qui concerne le milieu de culture, quelle est sa
00:05:38 composition ? Il doit apporter des hormones, des facteurs de croissance.
00:05:41 Jusqu'à présent, la viande de culture vendue à Singapour contient du sérum de
00:05:45 veau fétal. Comment recycler ce milieu de culture pour diminuer les coûts ?
00:05:49 En ce qui concerne la multiplication cellulaire, la question de la stabilité
00:05:54 ou de la dérive génétique doit être posée et doit être étudiée.
00:05:56 Enfin, c'est un processus consommateur d'énergie puisqu'il faut porter les
00:06:01 incubateurs à température physiologique. En ce qui concerne le produit final,
00:06:06 y a-t-il des résidus éventuels du milieu de culture dans ce produit final ?
00:06:10 Quelle est la composition de ce produit final ? Quelles sont ses qualités
00:06:13 sanitaires, nutritionnelles et sensorielles ? Et tous les scientifiques
00:06:17 qui ont publié de nombreux articles indiqués sur cette diapositive se posent
00:06:21 ce genre de questions. Il y a une autre question. Est-ce de la
00:06:25 viande ? Non, selon la législation européenne.
00:06:28 Il y a des avis variables selon les pays pour des raisons politiques et/ou
00:06:31 religieuses. La FAO préfère parler de "cell-based food", c'est-à-dire aliments à
00:06:37 base de cellules. Les vegans et les végétariens pensent que c'est de la
00:06:40 viande, mais les consommateurs brésiliens que nous avons interrogés
00:06:43 pensent le contraire. Et en ce qui concerne les experts de la viande,
00:06:47 ils insistent sur l'idée qu'il y a autant de différences entre le vin et le
00:06:52 jus de raisin qu'il y a entre la viande et le muscle, puisqu'il y a une étape
00:06:57 importante de maturation, c'est-à-dire de transformation du muscle en viande,
00:07:00 qu'il faut prendre en compte dans ce processus.
00:07:03 Une autre question, est-ce bon pour l'environnement ?
00:07:06 Il est tout à fait vrai qu'il y a une étude de l'université d'Oxford en 2011
00:07:10 qui a répondu "oui" à cette question. Mais depuis, il y a d'autres études qui
00:07:16 ont un petit peu tempéré cette conclusion. Par exemple, en 2015, il a été
00:07:21 dit que l'impact environnemental est plus élevé pour la viande de culture que
00:07:25 pour la viande de poulet ou pour d'autres sources de protéines.
00:07:28 Il y a une plus grande consommation d'énergie par rapport à la viande bovine
00:07:31 et cet article a contredit la première étude. Quand on regarde les gaz à effet
00:07:37 de serre qui sont produits par ce processus, c'est essentiellement du CO2
00:07:40 qui s'accumule dans l'atmosphère au bout de 100, 200, 300 ans, etc.
00:07:43 Alors que l'élevage, comme chacun sait, produit essentiellement du méthane qui
00:07:48 disparaît plus vite de l'atmosphère. Un rapport privé, qui a été publié en
00:07:53 partie récemment, montre que l'impact carbone varie d'un facteur 5 suivant le
00:07:57 type d'énergie et insiste sur l'incertitude de ces estimations.
00:08:01 Il y a un autre article de synthèse qui indique que finalement il y a beaucoup
00:08:06 d'étapes qui ont été oubliées pour estimer l'impact environnemental de la
00:08:09 viande de culture et certains insistent sur non seulement la production de gaz
00:08:14 à effet de serre, l'utilisation des terres, l'utilisation d'eau, mais aussi sur les
00:08:19 services écosystémiques rendus par l'élevage et il faut bien entendu prendre
00:08:23 ces services en considération dans la comparaison. Qu'en pensent les
00:08:28 consommateurs ? Là aussi c'est extrêmement difficile parce qu'on
00:08:30 interroge les consommateurs sur un produit qui n'existe pas donc finalement
00:08:34 quelque part les réponses de ces consommateurs ne sont pas très fiables.
00:08:39 Néanmoins il faut faire attention à comment les questions sont posées.
00:08:43 Si vous demandez aux consommateurs est-ce que vous êtes prêt à goûter, la
00:08:47 majorité va répondre oui. Est-ce que vous êtes prêt à en consommer régulièrement ?
00:08:50 La majorité va répondre non. Donc il y a une acceptation sociale très variable
00:08:55 selon de nombreux facteurs et la plupart des consommateurs, dans la grande
00:08:59 majorité, voudraient que le prix de ce produit soit inférieur ou égal à celui
00:09:05 de la viande conventionnelle. La majorité des consommateurs pensent que a priori ce
00:09:12 produit ne serait ni sain, ni savoureux, ni naturel. Les consommateurs sont
00:09:17 sensibles à des arguments individuels sur leur santé, sur le plaisir de manger.
00:09:22 Et bien que les consommateurs, notamment français, s'interrogent sur les
00:09:29 problèmes éthiques et environnementaux de l'élevage,
00:09:32 cela ne suffit pas toujours à convaincre puisque seulement 18 à 26% des mêmes
00:09:37 répondants pensent que la viande de culture est une sous-reduction et cette
00:09:42 proportion est donc relativement faible. J'insisterai sur l'importance de la
00:09:48 communication et même si ce n'est pas le cas de nos deux entreprises ici
00:09:53 présentes, le combat anti-élevage reste une motivation de certains industriels.
00:09:59 La dernière question que je voudrais poser est la suivante. Pourquoi le
00:10:03 processus de recherche a-t-il été inversé ? En tant que chercheur du monde
00:10:07 académique, notre façon de travailler est la suivante. Quand nous avons une
00:10:13 idée, nous écrivons un projet qui est expertisé. Si l'expertise est favorable,
00:10:19 on obtient un financement et on communique sur nos résultats. Dans l'état
00:10:23 actuel des choses, il y a beaucoup de projets sur lesquels les entreprises
00:10:28 communiquent pour obtenir des financements privés et nous estimons
00:10:32 que nous avons besoin aujourd'hui d'une expertise collective, transparente,
00:10:37 par des organismes tiers indépendants qui doivent avoir accès aux résultats
00:10:42 existants détenus par les entreprises pour pouvoir se positionner. En
00:10:47 attendant, le principe de précaution doit s'appliquer et je conclurai en disant que
00:10:51 nous organisons le prochain congrès mondial des sciences animales à Lyon fin
00:10:57 août 2023 et il y aura une session consacrée à ce thème et nous allons
00:11:02 inviter l'ensemble des chercheurs qui travaillent sur ce
00:11:06 thème à exposer leurs travaux à Lyon fin août 2023.
00:11:11 Je vous remercie. Merci, deux salles, deux ambiances sur les premières prises de
00:11:18 participation. On va donc demander maintenant au chef Thierry Marx sa
00:11:23 position, enfin sa position en tout cas, ses réflexions.
00:11:25 Mais fais peur, on n'a pas beaucoup de recul alors je suis là parce que
00:11:32 évidemment je suis chef étoilé, vous me connaissez peut-être sous ce titre là
00:11:36 mais on a à Paris-Saclay un centre de recherche et de développement qui
00:11:39 s'appelle le SÉFIC avec Raphaël Aumont et évidemment on est curieux de
00:11:43 l'alimentation du futur et on a regardé un petit peu dans le détail avec le peu
00:11:48 de recul que nous avons sur ce type de produit. Pour moi j'ai du mal à appeler
00:11:51 ça viande. Mon sujet il est de ne pas tout mélanger, c'est-à-dire que
00:11:57 gastronomie, dans la gastronomie vous mangez une histoire, une relation à
00:12:01 l'humain, une relation à un terroir etc. Dans l'alimentation c'est plus compliqué
00:12:06 c'est-à-dire qu'on entrevoit dans ce type de pratique encore quelque chose
00:12:11 d'ultra transformé pour les plus modestes. Dans un pays où déjà on a une
00:12:15 fracture alimentaire au delà d'avoir une fracture sociale
00:12:18 et bien c'est compliqué, c'est encore de l'ultra transformé pour les plus
00:12:22 modestes qui sont éloignés d'un reste à vivre alimentaire suffisant. Donc ça
00:12:28 nous inquiète un petit peu parce que là il n'y a pas de goût. Le peu qu'on ait
00:12:31 goûté notamment sur les nuggets et bien il a fallu pour leur donner une saveur
00:12:35 et une texture les aromatiser. On sait comment l'industrie aromatise tout ça.
00:12:39 Et se restaurer c'est pas ça c'est vraiment ramener dans l'assiette une
00:12:46 histoire, un savoir manger, un savoir être autour de la table. La table et
00:12:52 l'alimentation c'est plaisir, bien-être, santé. Encore une fois j'entrevois là
00:12:57 l'industrie agroalimentaire qui se dit "bingo on va encore entrer dans la
00:13:03 théorie du low cost du tout pas cher pour les plus modestes". Et ça, ça nous
00:13:07 inquiète un petit peu. On est curieux, on n'est pas critique. A Paris-Saclay on
00:13:11 regarde un petit peu ce qu'est l'alimentation du futur mais on
00:13:14 voudrait pas laisser croire que la science et la technologie pourraient
00:13:19 répondre simplement à l'impact environnemental et à l'impact social.
00:13:23 La protéine animale elle est surconsommée sur cette planète. On en
00:13:27 mange dans de mauvaises conditions parce qu'on a cru à la théorie du low cost, du
00:13:31 tout pas cher. Et ça c'était une mauvaise théorie parce que dans le tout pas cher
00:13:36 on a sur fabriqué de la protéine animale et on a eu un impact sur
00:13:39 l'environnement qui était détestable. Mais aujourd'hui si on ramène dans le
00:13:44 flexitarisme 80/20, 80% du végétal 20% protéines animales, on peut s'apercevoir
00:13:51 que dans 20 ans on pourrait ramener à quelques équilibres.
00:13:54 C'est notre réflexion, on n'est pas critique, on n'est pas arbitre non plus.
00:13:58 Quand on prend la casquette de Paris-Saclay et bien on se dit "regardons,
00:14:03 pas de conflit entre tradition et innovation, avançons si ça peut
00:14:07 améliorer le sort de la planète et surtout le sort du genre humain" mais
00:14:10 avec beaucoup de précaution surtout que à chaque fois qu'on veut nous vendre ce
00:14:15 type de produit on nous met en avant l'impact environnemental. Et ça c'est un
00:14:20 peu gênant quand je vois ce qu'il faut en termes d'énergie pour produire ce
00:14:24 type de ce qu'on appellerait de la viande, j'ai pas assez de recul pour en
00:14:30 tant qu'artisan et en tant que chercheur là dessus. Merci.
00:14:35 La parole à nos deux rapporteurs Olivier puis Henri Cabanel.
00:14:43 Merci madame la présidente.
00:14:45 Sénateur d'un pays d'élevage.
00:14:47 En plus.
00:14:48 Merci madame la présidente, mes chers collègues.
00:14:51 Quand j'ai proposé à la présidente Prima de monter une audition sur le sujet de la viande in vitro,
00:14:55 je ne savais pas encore que cela se transformerait en mission d'information.
00:14:59 J'avais en revanche quelques idées arrêtées, je dirais plutôt réservées à
00:15:04 l'égard de cette innovation et au fil de la quarantaine d'auditions que nous
00:15:07 avons menées, je peux dire que mon regard a quelque peu évolué sur la question.
00:15:11 Il reste que j'ai encore plusieurs interrogations et mon co-rapporteur
00:15:15 Henri Cabanel exprimera bien ses doutes qui sont loin d'être tous levés.
00:15:19 Mes forces est de reconnaître que la France fait partie d'un marché unique et que
00:15:22 l'autorisation dans le cadre de la procédure nouveaux aliments sera donnée
00:15:26 au niveau européen et non français.
00:15:29 Dans ces conditions, la question n'est probablement pas tant de savoir si le
00:15:32 produit doit être autorisé ou non en France.
00:15:35 La réponse ne dépend pas vraiment de nous français, en tout cas pas de nous en
00:15:39 tant que parlementaires.
00:15:40 La question est plus de savoir un peu à la manière des OGM,
00:15:44 même si le sujet est différent, si nous essayons de prendre une petite part
00:15:48 dans la compétition mondiale ou si nous laissons les autres le faire à notre
00:15:51 place et arriver sur notre marché sans que nous ne maîtrisons la technologie.
00:15:55 Les autres, ce sont notamment les Etats-Unis, Israël et les Pays-Bas.
00:16:00 J'étais justement ce lundi aux Pays-Bas pour aller à la rencontre de deux des
00:16:03 principales entreprises développant ce produit en Europe,
00:16:06 Mozamit à Maastricht et Meetable à Deft à côté de La Haye.
00:16:10 J'ai aussi eu l'opportunité de rencontrer le ministère de l'Agriculture
00:16:13 néerlandais et je dois dire que j'ai été frappé par la différence d'approche.
00:16:18 Là-bas, un plan public de 60 millions d'euros a été débloqué pour venir en
00:16:23 soutien à la recherche dans ce domaine.
00:16:26 Je ne dis pas nécessairement que nous devions suivre leur exemple.
00:16:30 La France est la France, les Pays-Bas sont les Pays-Bas.
00:16:33 Avec un attrait plus marqué pour l'innovation et des contraintes en
00:16:36 termes de surface agricole utile et une agriculture très intensive ayant
00:16:40 d'ailleurs causé de graves pollutions à l'azote est désormais une crise agricole
00:16:45 majeure. Mais tout de même cela interroge d'autant qu'il n'y a pas que la viande
00:16:49 in vitro. Il y a tout un champ de R&D comprenant
00:16:52 aussi la fermentation de précision que l'on sent frémissant.
00:16:55 J'aurai donc deux questions. Que pouvez-vous nous dire d'abord sur la
00:17:00 question de la complémentarité ou de la substitution avec les activités
00:17:03 agricoles et notamment l'élevage ? Dans les hypothèses les plus optimistes, il
00:17:07 semble que la viande de culture représenterait seulement 0,08% du
00:17:11 marché mondial de la viande à l'horizon 2027-2030.
00:17:15 Cela semble peu mais si la progression est exponentielle c'est déjà
00:17:19 significatif. Des recherches sur la production de viande in vitro à la
00:17:23 ferme sont actuellement menées. Vous semble-t-il crédible ou s'agit-il au
00:17:26 contraire de pures opérations de communication ? Par ailleurs dans quelle
00:17:31 mesure la viande cultivée pourrait-elle s'insérer selon vous dans l'écosystème
00:17:35 agricole et agroalimentaire existant ? Je pense tant à l'amont avec les
00:17:39 nutriments nécessaires au milieu de culture qu'à l'aval avec l'insertion ou
00:17:43 non dans notre industrie agroalimentaire ou notre cuisine.
00:17:46 Enfin j'aurai une dernière question sur la gamme recherchée. On entend
00:17:51 parfois que le coût fait obstacle à ce que le produit soit accessible pour les
00:17:55 ménages modestes ou pour les pays en développement.
00:17:57 D'autres au contraire insistent sur l'intérêt du produit pour remplacer la
00:18:01 viande de mauvaise qualité importée de l'autre bout du monde et pour satisfaire
00:18:04 la croissance de la demande en protéines animales, par exemple la chine.
00:18:08 Qu'en est-il selon vous ? Merci.
00:18:12 Très bien, Henri.
00:18:14 Oui, merci madame la présidente, mes chers collègues.
00:18:17 Je vous remercie messieurs pour vos exposés. J'aurais pour ma part aussi deux
00:18:22 questions. La première que je partage avec Olivier Redman porte sur la
00:18:28 question de l'appellation de votre produit et de vos procédés qui on le voit
00:18:32 suscite beaucoup de débats d'ailleurs. Le chef Marx en a parlé. De ce que je
00:18:38 comprends il faut distinguer trois aspects.
00:18:39 Premièrement, la terme générique viande en tant que tel que nous banalisons tous
00:18:45 par commodité de langage mais qui peut être discuté car il me semble que nous
00:18:48 n'en sommes pas encore à reproduire des côtes de bœuf ou même des pièces
00:18:52 texturées avec des cellules musculaires de gras de sang et de tissus
00:18:55 conjonctifs. Pour autant les végétariens ne consommerait pas de votre produit qui
00:19:00 reste un produit en origine animale. Deuxièmement, le nom de l'espèce en elle
00:19:05 même dont on comprend qu'il serait difficile de se passer pour l'information
00:19:09 du consommateur au regard notamment des allergènes.
00:19:12 Troisièmement, la forme du produit steak, saucisse, carpaccio, lardons etc. Cela nous
00:19:18 renvoie à un débat que nous avons connu avec des alternatives à base de
00:19:21 protéines végétales. L'utilisation de ces termes a été interdite par la loi
00:19:25 pour des produits non animaux mais le décret d'application a été suspendu pour
00:19:29 des raisons de forme et on peut imaginer assez facilement les contournements.
00:19:33 On comprend que ces termes soient intéressants pour vos perspectives
00:19:36 commerciales et pour l'acceptabilité des consommateurs mais elles sont aussi un
00:19:40 frein dans votre acceptabilité sociétale car on voit que le monde
00:19:44 agricole se braque à cause de votre utilisation de ces termes. Pourrait-on
00:19:47 envisager d'autres termes que celui de viande ? Dans ces hypothèses, à quelle
00:19:52 autre possibilité d'appellation commerciale pourrez-vous recourir ?
00:19:56 Ma seconde interrogation porte sur l'impact que pourrait avoir votre
00:20:00 technologie sur la concentration du marché de la viande.
00:20:02 C'est d'ailleurs l'un des arguments qu'emploie monsieur Faineau, notre ministre,
00:20:07 pour exprimer ses réserves. Il ne veut pas, dit-il, de mastodontes de la viande.
00:20:11 Dans l'hypothèse où cette technologie se déploierait à grande
00:20:15 échelle, on peut imaginer une concentration très forte dans ce secteur
00:20:18 dont l'amont était jusqu'ici relativement décentralisé, du moins en France.
00:20:22 On voit d'ailleurs que les géants américains et européens de la viande,
00:20:25 comme Bell, Gargile, JBS ou Tyson, se positionnent en investisseurs.
00:20:30 N'oublions pas que dans un contexte de mondialisation alimentaire, un produit
00:20:34 développé dans des pays riches peut avoir des conséquences importantes chez
00:20:38 nous, mais aussi à l'autre bout du monde.
00:20:40 Certaines entreprises, comme Mozamit, disent vouloir un modèle
00:20:44 décentralisé. Mais pour aller au-delà de la bonne volonté affichée des
00:20:48 entreprises, quel garde-fou peut-on imaginer, par exemple en termes de
00:20:52 propriété intellectuelle, pour limiter la concentration de ce secteur ? Et
00:20:56 surtout, le coût de production de la viande in vitro pourrait-il vraiment
00:21:00 baisser sans économie d'échelle ?
00:21:02 Bon, quatre premières questions, série de questions plus exactement.
00:21:08 Peut-être M. Bourain-Faurès, si vous voulez apporter quelques éléments de
00:21:13 réponse sur ces questions.
00:21:15 Alors elles sont très vastes. Peut-être commencer par les
00:21:18 dernières sur l'appellation.
00:21:21 Effectivement, vous l'avez dit en préambule, on utilise communément le
00:21:25 mot "viande de culture" plutôt par commodité.
00:21:27 Il faut juste se rappeler que les recommandations d'étiquetage seront
00:21:32 tranchées dans le cadre des procédures de mise sur le marché d'approbation
00:21:35 règlementaire, notamment à l'échelle de l'Union Européenne. Donc le dernier mot
00:21:38 ne reviendra ni aux entreprises, il reviendra peut-être dans le cours des
00:21:41 choses au final aux consommateurs, qui aujourd'hui, comme les différentes
00:21:45 alternatives protéiques, par commodité, utilisent des mots dérivés des produits
00:21:50 animaux pour les appeler. Ça c'est le premier élément de réponse.
00:21:54 Je pense que comme vous l'avez bien rappelé, il y a trois niveaux. Le mot
00:21:57 "viande" c'est pas quelque chose sur lequel, évidemment, nous en tant que
00:21:59 société gourmets, on est cramponné. Comme vous l'avez rappelé Madame la
00:22:02 Présidente, on travaille sur une alternative au foie gras, déjà, qui est
00:22:06 en lui-même une appellation réglementée, qu'on n'utilisera bien évidemment pas
00:22:09 dans nos étiquetages de produits. On pourra peut-être y faire référence
00:22:14 car il s'agit d'une alternative, mais dans aucun cas notre produit ne pourra
00:22:17 s'appeler foie gras et on en est conscient et on accepte complètement cette
00:22:21 contrainte. Maintenant, l'expérience aussi gustative de notre produit, qui je
00:22:27 rappelle, et pour rebondir sur les propos de monsieur Marx, pour nous s'inscrit
00:22:31 dans une forme de savoir-faire, dans une forme de nouvelles traditions en cours de
00:22:34 construction, a été développée avec des chefs, avec des personnalités du monde
00:22:37 culinaire, dans le cadre de nos développements de produits et qui ont
00:22:40 quelque part aussi reconnu des propriétés sensorielles proches du foie
00:22:44 gras. Et de fait, à défaut de mieux, c'est compliqué d'imaginer une autre
00:22:50 appellation à court terme, qu'on n'utilisera pas sur nos
00:22:53 produits, mais par commodité, quand on fait référence à nos produits, c'est
00:22:56 celle-ci qu'on utilise. L'allergie, vous l'avez rappelé, c'est fondamental, vu que
00:23:02 nos cellules partent d'un prélèvement animal, que le consommateur
00:23:06 sache qu'il consomme du poulet, de la crevette, du canard, du bœuf, car
00:23:10 originellement, il s'agit de véritables matières animales, même si elles ont été
00:23:15 produites d'une façon nouvelle. On parle beaucoup d'allergie à la crevette,
00:23:20 par exemple, c'est fondamental de savoir sur les tic-tacs que l'on achète un
00:23:23 produit fait de crevette. La place de la filière, je vais un petit
00:23:29 peu vite à en pouvoir revenir sur toutes ces questions.
00:23:31 L'intégration de la viande de culture au sein de la filière plus générale,
00:23:36 pour moi, elle est évidente sur la partie amont, car il faut bien situer la méthode
00:23:42 de production qui consiste à alimenter des cellules avec des nutriments qui
00:23:46 sont identiques aux nutriments consommés par les animaux
00:23:50 sous une autre forme. Un animal va consommer des tourteaux, par exemple des
00:23:53 tourteaux de maïs, des tourteaux de soja, les cellules vont consommer les mêmes
00:23:56 nutriments qu'on peut retrouver dans ces tourteaux, évidemment sous forme
00:23:59 différente, puisque les cellules n'ont pas la capacité de mastiquer, de digérer
00:24:03 les nutriments sous ce format là, mais il s'agit de la même source d'origine
00:24:08 agricole. Donc il y a une opportunité non seulement pour développer une filière de
00:24:11 production de protéines en France, mais également d'intégrer le monde agricole
00:24:14 pour la fourniture de ce qu'on appelle le milieu de culture, qui est l'alimentation
00:24:19 des cellules. Et là, des perspectives d'économie circulaire sont fondamentales,
00:24:24 car on pourrait imaginer recycler des matériaux agricoles non valorisés, qui
00:24:29 pourraient devenir des nutriments extrêmement intéressants pour les
00:24:32 cellules, parce qu'il y a une plus grande flexibilité sur l'acceptation des
00:24:35 cellules par rapport aux animaux qui ont des contraintes justement liées à leur
00:24:39 système digestif. Je peux peut-être lasser la parole sur d'autres questions à Étienne,
00:24:43 si tu veux compléter, il y a beaucoup de choses.
00:24:44 Oui, alors il y a beaucoup de choses, effectivement, je te rejoins sur un
00:24:48 certain nombre de points. Un point qui n'a pas été abordé, c'est
00:24:51 effectivement les questions de propriétés intellectuelles, de
00:24:54 technologies, etc. Effectivement, on est sur un domaine
00:24:58 complètement nouveau, on est sur une véritable innovation, et d'où
00:25:01 effectivement la nécessité, comme ça a été rappelé, de développer une recherche
00:25:06 publique en France sur le sujet, et d'avoir des entreprises qui développent
00:25:09 leurs propres technologies pour ne pas être dépendantes de technologies qui
00:25:13 viendraient de l'étranger. Et c'est vrai qu'aujourd'hui, on voit des investissements
00:25:17 très importants dans certains pays, les États-Unis, Israël, la Hollande.
00:25:23 On dispose également ici de technologies, et je pense que c'est important dans
00:25:27 cette perspective long terme, je veux remettre les choses en perspective en
00:25:30 disant "mais qu'est ce que ça sera, nos consommateurs, nos moments de consommation
00:25:34 dans 10 ou 15 ans, de disposer de technologies françaises pour tout
00:25:39 simplement être autonome et proposer nos propres produits au marché français.
00:25:43 Donc il y a un enjeu là-dessus, et c'est aussi pour ça qu'on est là aujourd'hui,
00:25:47 pour vous mettre dans la boucle et inciter à développer des
00:25:55 technologies propriétaires françaises.
00:25:58 Et d'ailleurs pour compléter les thématiques d'investissement des Pays-Bas,
00:26:03 dont on a parlé du plan d'investissement public pour développer cette filière,
00:26:06 il y a une partie des 60 millions d'euros qui iront dans la construction de
00:26:10 plateformes de recherche publique, qui génèrera du coup de la propriété
00:26:13 intellectuelle, qui généra des données scientifiques en accès libre, qui pourra
00:26:17 bénéficier à la fois aux mondes académiques, mais également aussi aux entreprises qui
00:26:20 veulent se lancer, pour quelque part aller aussi plus vite. Et ça c'est
00:26:23 fondamental de le faire également en France. Il faut que le milieu académique
00:26:26 et de recherche s'empare également du sujet bien sûr.
00:26:29 Monsieur le directeur. Oui, je suis tout à fait d'accord sur la question des
00:26:35 nutriments. Il y a une différence évidente entre
00:26:39 aliments et nutriments. Mais vous savez bien sûr que les nutriments qui
00:26:45 résultent de la digestion des aliments dépendent en grande partie de la
00:26:52 population microbienne qu'il y a dans le tube digestif. Et c'est très différent
00:26:56 par exemple entre un ruminant qui va consommer de l'herbe et un monogastrique.
00:26:59 Et même au sein d'une même espèce, le profil des nutriments qui résultent de
00:27:03 la digestion va évoluer en fonction du régime alimentaire par exemple. Donc
00:27:07 c'est quelque chose de très compliqué de reproduire l'ensemble des nutriments
00:27:12 qu'on va mettre dans le milieu de culture. Et j'ai une autre question au-delà de
00:27:17 cette complexité, c'est comment les produire ? Avec quelle méthodologie ?
00:27:21 Ça suppose certainement des unités de production en amont. Et par ailleurs
00:27:27 c'est pas les nutriments qui me posent le plus de questions, c'est la question
00:27:31 des hormones et des facteurs de croissance qu'il faut mettre dans le
00:27:34 milieu de culture pour que les cellules se multiplient.
00:27:37 Voilà quelques éléments. Et il y avait un autre point que je voulais aborder
00:27:44 concernant la recherche publique. Comme nous sommes effectivement
00:27:48 interrogés notamment par la presse sur ce sujet là, nous avons effectivement
00:27:53 développé des travaux dans le domaine de la recherche publique mais avec une
00:27:58 stratégie qui est différente. C'est à dire qu'a priori comme vous êtes
00:28:05 en avance sur le plan technique, on n'a pas vocation à reproduire les
00:28:09 travaux que vous avez fait. On a plutôt vocation à étudier cette problématique
00:28:16 dans sa globalité, la globalité d'acceptation sociale, l'impact
00:28:20 environnemental etc. Les aspects techniques étant simplement un aspect du
00:28:27 problème. Et pour avancer sur ces aspects techniques, c'est vrai qu'il faut
00:28:33 évidemment partager des données ou partager des résultats pour que, comme je
00:28:37 le rappelais tout à l'heure, ces résultats soient expertisés,
00:28:42 contre-expertisés par différents laboratoires de recherche dans le monde
00:28:47 afin d'apporter un éclairage complémentaire sur les travaux qui sont
00:28:50 faits jusqu'à présent.
00:28:53 Non, non mais je suis saisi un peu par le par le propos et on parle depuis un
00:29:02 moment de viande et ça fait quelques années qu'on nous parle de viande et il
00:29:06 a été évoqué le sourcing de ces produits et finalement tôt ou tard ça va
00:29:10 finir par nous échapper ce sourcing. Dans ce mot viande, moi je pense qu'il y a
00:29:15 déjà un trompe l'œil, presque une tromperie et qu'on va vers une
00:29:19 industrialisation massive de l'alimentation donc un appauvrissement
00:29:22 encore plus fort, un appauvrissement culturel. Quand je vais parler de foie gras, ça a
00:29:27 une histoire. Quelques années on a massifié la production de foie gras et
00:29:31 finalement le foie gras est devenu un produit assez banal et on continue là
00:29:35 dedans pour encore plus de revenus, plus d'industrialisation, plus d'appauvrissement
00:29:40 culturel et c'est ce qui m'inquiète un petit peu dans ces travaux parce que
00:29:44 cet appauvrissement culturel conduit à ne plus pouvoir à un moment donné
00:29:47 permettre de revenir à une idée assez gastronomique, plaisir, bien-être, santé
00:29:53 que doit être l'assiette et à un moment donné quand on veut répondre et j'entends
00:29:58 les enjeux pour pas que la France soit à la traîne mais finalement la France
00:30:02 n'a plus le pouvoir de dire ça stop non on n'en veut pas chez nous. Donc à un moment ça
00:30:06 me gêne un petit peu en tant qu'artisan. Maintenant en tant que chercheur j'écoute
00:30:09 le propos mais je n'arrive pas à me déconnecter de cette idée de déjà de
00:30:14 vouloir massifier encore plus l'industrialisation de notre nourriture et
00:30:19 donc de cette mondialisation et de cet appauvrissement culturel. Encore une fois
00:30:24 on ramène tout sur la consommation et sur le prix pas assez sur la culture.
00:30:28 Savoir manger c'est savoir être, c'est redonner du sens à son alimentation. Se
00:30:33 restaurer c'est quelque chose qui veut dire quelque chose en termes de lien
00:30:37 social. On l'oublie c'est très important sinon on peut effectivement se
00:30:42 nourrir comme à la pitié c'est le pétrière avec une perfusion et j'ai pas
00:30:47 de problème. Donc de m'amener dans l'idée de fantasmer que ce serait
00:30:52 un pseudo foie gras, une pseudo viande donc je n'ai même plus le pouvoir du
00:30:56 sourcing du produit j'ai un peu de mal avec ça. Par contre j'entends le propos
00:31:01 de dire il faut que la France ne soit pas à la traîne de la recherche et qu'on
00:31:06 sache pourquoi on en veut et pourquoi on n'en veut pas. Et ça ça me paraît
00:31:10 intéressant de ramener aussi cette discussion sur le social et que
00:31:14 l'agriculture elle a du sens et un sens social et culturel. Et là on part encore
00:31:19 dans ce que j'entendais lorsque je lisais sur les années 70 sur cette théorie du low cost
00:31:23 sur du tout pas cher, renoncer à la qualité, on n'échange pas on vous fera
00:31:27 manger pas cher et on vous laissera croire en fonction de ça que vous avez
00:31:31 du pouvoir d'achat. C'est une manipulation des masses moi qui me gêne.
00:31:34 Pardon de parler comme ça.
00:31:38 Monsieur Dutoit veut un droit de réponse.
00:31:40 Non mais juste pour rebondir sur le côté appauvrissement culturel qu'on s'entende bien
00:31:44 on n'est pas là pour remplacer la viande. On est là, nous ce qu'on propose c'est un
00:31:48 nouveau choix pour le consommateur qui aujourd'hui diversifie ses sources de
00:31:52 protéines c'est déjà une réalité, sa consommation de viande diminue, plus de
00:31:56 végétal, demain des insectes point interrogation à intégrer et là c'est un
00:32:01 nouveau choix, un nouveau type de protéines animales si le terme viande
00:32:05 vous questionne et c'est complètement compréhensible.
00:32:08 Donc il n'y a pas d'appauvrissement quand on propose un nouveau choix.
00:32:11 La deuxième chose c'est sur la qualité des denrées alimentaires qu'on va manger.
00:32:15 Aujourd'hui il y a une injonction et vous l'avez rappelé qui est un petit peu
00:32:19 paradoxale où on demande à nos agriculteurs d'évoluer vers plus
00:32:22 d'agroécologie, plus de qualité et en même temps de maintenir des prix
00:32:27 extrêmement bas et si possible d'augmenter la production parce que la
00:32:30 France n'est pas autonome en protéines. Moi j'ai plutôt l'impression qu'il y a
00:32:35 une complémentarité entre les solutions dites technologiques qu'on propose
00:32:39 aujourd'hui pour accompagner une agriculture qui est dans une transition
00:32:42 et qui évolue très favorablement en France vers plus d'agroécologie, ce qui
00:32:46 ne va pas faire exploser les rendements, il faut quand même avoir le courage de
00:32:49 le dire et qu'au contraire c'est complémentaire de développer d'une part
00:32:54 une agriculture agroécologique de qualité pour tous et d'autre part en
00:32:59 complément dans un régime alimentaire diversifié d'autres solutions, d'autres
00:33:03 produits qui sont également de qualité à la fois au niveau du goût, à la fois
00:33:09 d'un point de vue santé et d'un point de vue nutritionnel pour une nutrition
00:33:14 globale. Très bien alors je vais laisser la parole à la présidente du groupe
00:33:19 d'études élevage voilà et ensuite à Arnaud Bazin président de Animal et Société.
00:33:25 Merci présidente, mes chers collègues, messieurs merci pour vos interventions
00:33:30 voilà je voulais moi revenir sur le soutien de la viande in vitro parmi
00:33:35 lesquelles on peut trouver des stars et des grandes fortunes de la Sydney Cone
00:33:39 Valley qui finance le développement de ce produit.
00:33:42 Or certaines de ces fortunes ont pu financer aussi des associations que l'on
00:33:47 peut qualifier d'animalistes. Mon idée n'est pas de dire que ces associations
00:33:52 sont financées pour préparer le terrain car je comprends bien que la viande
00:33:56 in vitro est développée par des entreprises y compris dans le secteur de
00:34:00 la viande distincte de ces associations. Je ne dis pas que c'est votre cas
00:34:05 messieurs mais toutefois je souhaiterais savoir si cela ne vous met pas mal à
00:34:10 l'aise de prospérer sur une forme de dénigrement de l'élevage qui est réduit
00:34:15 à son seul impact environnemental et en termes de bien-être animal.
00:34:20 L'explication scientifique est très très éclairante et je vous remercie
00:34:24 monsieur le directeur car moi mes réflexions j'ai l'habitude de les
00:34:27 appuyer sur du scientifique. N'oublions pas un peu vite les aspects
00:34:32 positifs de l'élevage qui est d'abord de nourrir le pays et aussi pour ses
00:34:37 retombées économiques dans la ruralité et également dans nos paysages et c'est
00:34:44 également la survie de la biodiversité de nos paysages. Le pâturage y participe.
00:34:48 Ne va-t-on pas vers la disparition de certaines races d'animaux si ce produit
00:34:53 venait à se développer à très très grande échelle.
00:34:56 Qu'adviendrait-il de nos fromages AOP et excusez-moi je pense tout
00:35:01 particulièrement au comté qui est le fromage de chez moi qui a été reconnu le
00:35:05 meilleur fromage du monde l'année dernière.
00:35:09 Par ailleurs vous dites que votre produit a vocation à remplacer le
00:35:22 poulet brésilien aux médicaments. La réalité économique de notre élevage
00:35:27 aujourd'hui c'est que l'élevage de qualité est prépondérant en France, qu'il
00:35:33 est fragile économiquement et ce n'est pas l'élevage intensif que nous trouvons
00:35:38 par ailleurs dans le monde comme par exemple en Chine aux Etats-Unis.
00:35:42 La viande in vitro n'est peut-être pas la principale menace qui
00:35:47 plane sur notre élevage aujourd'hui mais il est vrai que notre
00:35:51 élevage n'avait vraiment pas besoin de ceci.
00:35:55 Arnaud, je ne sais pas s'il y aura des réponses à ça.
00:35:59 Merci madame la présidente et merci d'avoir organisé cette table ronde.
00:36:05 J'ai entendu des choses déjà fort intéressantes puisque je venais avec
00:36:08 certaines questions mais je vais y revenir. Certaines ont des débuts de
00:36:12 réponses. Pour votre information notre collègue est vétérinaire aussi dans la
00:36:15 vie. J'étais autrefois dans une vie antérieure.
00:36:19 Donc une remarque générale et trois questions. La remarque générale c'est
00:36:23 que évidemment on s'intéresse ce matin à cette "viande de culture"
00:36:28 mais je pense qu'il faudra jamais perdre de vue de placer ce débat dans une
00:36:32 perspective plus large d'apport protéique pour l'alimentation humaine
00:36:37 parce qu'il y a aussi les protéines végétales, on en a dit un mot. Il y a la
00:36:40 fermentation de précision. Le terme a été employé aussi tout à l'heure.
00:36:43 Peut-être est-ce assez mal connu, moins bien connu mais ça en mon avis c'est une
00:36:48 technique d'intérêt aussi et de recherche et d'innovation.
00:36:51 Donc dans un schéma général d'alimentation qu'on peut très
00:36:59 difficilement modifier, parce que c'est des choses qu'on reçoit avec notre
00:37:04 éducation dès la petite enfance, il y a quand même à préciser vers quel
00:37:09 modèle on va. Est-ce qu'on a un modèle qui ne va pas évoluer, celui qu'on
00:37:13 connaît aujourd'hui avec une partie tradition, une partie entre guillemets
00:37:17 industrialisation ou est-ce qu'on va petit à petit évoluer vers des apports
00:37:21 protéiques plus végétaux avec peut-être des éléments de fermentation de
00:37:26 précision, pas pour nos pays mais pour des pays moins favorisés. Toute cette
00:37:29 question là à mon avis elle mérite quand même d'être vue globalement.
00:37:32 Ensuite sur les trois questions que je me posais, la première question c'est, et par
00:37:36 hiérarchie évidente d'importance, première question c'est la question
00:37:39 sanitaire et elle a été évoquée par le représentant de l'INRAE tout à l'heure.
00:37:44 On prend des cellules souches pluripotentes, il faut qu'elles se
00:37:49 différencient en cellules, alors de foie pour faire du foie gras, de muscles pour
00:37:54 faire du muscle de bœuf ou du muscle de poulet comme ça a été également évoqué.
00:38:00 Et pour ça il faut leur donner un milieu de culture dans lequel il peut y avoir
00:38:04 en effet des hormones, des peptides divers et variés, des intrants qu'aujourd'hui
00:38:08 moi je ne connais pas. Donc ces éléments là ils devront être pris en compte pour
00:38:13 un éventuel agrément, il faut qu'on ait une garantie de sécurité sanitaire liée
00:38:19 au milieu de culture. On peut espérer avec la rigueur des
00:38:23 processus qu'on règle d'autres problèmes sanitaires qu'on a avec les
00:38:27 produits traditionnels comme la contamination par des bactéries, on en a
00:38:31 malheureusement des exemples de temps en temps, mais on se pose la question des
00:38:34 intrants, qu'est ce qu'on utilise vraiment pour ces
00:38:38 différenciations et ces multiplications à part évidemment les nutriments dont on
00:38:43 a posé le cadre tout à l'heure. Et comment tout ça va-t-il être pris en
00:38:47 compte dans la démarche d'agrément au niveau européen je l'ai entendu mais
00:38:51 moi j'aimerais bien être éclairé sur toutes ces questions là parce que s'il
00:38:54 faut quand même que la garantie sanitaire soit assurée.
00:38:56 La deuxième question c'était le bilan environnemental au sens large, pas
00:39:00 seulement les gaz à effet de serre, les effluents etc. Là j'ai compris que
00:39:05 aujourd'hui on peut pas faire notre religion parce qu'il y a du pour et du
00:39:09 contre donc il est tout à fait urgent qu'on ait des éléments complémentaires
00:39:13 là dessus, des études globales. Alors vous me direz sur des processus
00:39:16 industriels qui n'existent pas aujourd'hui mais qu'il va falloir
00:39:19 essayer de se projeter quand même pour avoir au moins une première approche
00:39:22 d'une approximation. Et la troisième question mais ça elle trouvera sa
00:39:26 réponse je dirais quasi naturellement c'est la question économique. Est-ce que
00:39:29 c'est viable économiquement c'est la question que je me pose depuis le début.
00:39:31 Maintenant moi je n'ai pas participé à l'allevée de fonds de fonds pour les
00:39:36 startups donc je suis pas très inquiet à titre personnel mais je vois qu'il y a
00:39:40 beaucoup d'argent qui s'investit là dedans donc il faudra quand même que
00:39:44 cette question économique avec l'éventualité d'y mettre d'ailleurs de
00:39:49 l'argent public en termes de recherche on ait une première approche parce qu'on
00:39:53 va pas non plus investir à fond. Et puis ma conclusion provisoire très
00:39:57 provisoire et je rejoins là dessus Marie-Christine Chouvin c'est qu'on a
00:40:01 absolument besoin d'une démarche scientifique en dehors de tous les
00:40:05 aspects polémiques qui peuvent polluer le débat une démarche
00:40:09 scientifique en effet pour savoir si sanitairement il n'y a pas de problème
00:40:12 pour savoir si en termes d'environnement le bilan est positif ou pas.
00:40:17 Après tout le reste c'est consommateur qui tranchera et l'économie globale qui
00:40:21 tranchera. Mais pour ça en effet et c'est très intéressant de le voir on a eu un
00:40:25 processus de recherche inversé c'est une originalité. Maintenant je pense qu'il
00:40:30 n'est pas trop tard pour bien faire et qu'il est plus que temps que des en effet
00:40:35 des tiers indépendants et sachant sur ces questions là soit mobilisés.
00:40:39 Ça peut être que de la recherche publique avec éventuellement d'autres
00:40:43 apports mais pour ça il faut qu'il y ait des initiatives de
00:40:46 l'administration et du pouvoir politique pour qu'on puisse rapidement y voir clair là-dessus.
00:40:50 Merci. Merci je vais on va prendre toutes les questions les unes derrière les
00:40:55 autres donc voilà. Franck Montaugais. Merci madame la présidente.
00:41:01 Merci à vous quatre pour vos vos interventions.
00:41:08 Je voudrais revenir sur le mot culture de l'appellation "viande de culture".
00:41:15 Voilà moi je pense que la nourriture, le rapport à la nourriture, l'histoire que
00:41:22 monsieur Marx a évoqué c'est aussi un trait de civilisation. Le foie gras, je suis
00:41:29 d'un pays de foie gras, je suis très très attaché vous vous en doutez tel qu'il est
00:41:33 aujourd'hui. Le foie gras de l'Egypte ancienne parce que ça remonte à très
00:41:37 très longtemps n'est pas le foie gras d'aujourd'hui. Mais avec ce que vous nous
00:41:41 proposez on est fondamentalement dans un changement de paradigme, de rapport
00:41:46 civilisationnel différent, complètement différent à la nourriture.
00:41:51 Voilà je vais pas appeler à la rescousse Claude Lévi-Strauss sur cette
00:41:55 question là qui a écrit beaucoup de choses très très intéressantes mais
00:41:58 c'est exactement ça auquel on est confronté. Donc ce sujet, votre sujet
00:42:06 illustre aussi pour moi la question de l'évolution du modèle agricole, de
00:42:13 l'agriculture et de la place qu'a l'agriculteur producteur dans ce
00:42:18 processus. Avec ce que vous nous proposez qui est en fait une industrie voilà
00:42:24 agroalimentaire, on s'éloigne du modèle que l'on connaît aussi sur nos
00:42:29 territoires pour aller une fois de plus vers les agriculteurs producteurs
00:42:35 exécutant aux services d'entreprise en l'occurrence agroalimentaire.
00:42:42 Voilà donc c'est vraiment illustratif d'un choix de civilisation qui n'est pas
00:42:49 le mien. Voilà je vous le dis clairement et je
00:42:53 crois parce que j'essaie aussi de fonder mes analyses et mes positions sur des
00:42:57 données objectives le plus possible. Je pense que comme le monsieur de l'INRA
00:43:03 l'a dit, il faut absolument qu'on avance sur le processus et qu'on
00:43:09 objective effectivement toutes les données de ce problème, de cette
00:43:14 question là avec si possible notamment sur la question environnementale et
00:43:19 climatique des études d'impact complète et pas biaisé comme on les a
00:43:27 aujourd'hui. Moi quand j'ai entendu dire que l'élevage doit être complètement
00:43:31 éradiqué parce qu'il réchauffe l'atmosphère etc.
00:43:34 c'est un des aspects de l'élevage mais c'est pas le seul.
00:43:37 Voilà il y a aussi des impacts en termes de séquestration de carbone, enfin je
00:43:42 rentre pas dans le détail. Voilà on a besoin aussi, le citoyen a
00:43:46 besoin de tout ça pour se faire une idée et je termine sur un point
00:43:50 fondamental et là je rejoins complètement les propos de monsieur
00:43:53 Marx, la question de l'accessibilité en termes de coûts des français, de nos
00:43:58 concitoyens les plus modestes aux protéines et à la viande et à une viande
00:44:03 de qualité. Voilà et ça ça pose la question du pouvoir d'achat qui est
00:44:08 évidemment lié au problème dans son ensemble.
00:44:12 Merci.
00:44:14 Bernard Buis. Merci présidente, merci pour vos propos. Donc deux questions, la
00:44:21 première sur l'impact environnemental de la viande in vitro.
00:44:24 L'agriculture aujourd'hui est en pleine période de transition afin de limiter
00:44:28 son impact en carbone. Cela étant, quels sont les données actuelles sur
00:44:31 l'impact énergétique de la production de viande in vitro ? Un tel mode de
00:44:35 production consomme-t-il moins d'énergie que l'élevage traditionnel ou s'agit-il
00:44:39 au contraire d'une fausse bonne idée qui serait contre-productive dans la lutte
00:44:43 contre le réglement climatique ? Et puis une question concernant les
00:44:47 conséquences d'un tel mode de production. Quelques jours avant le
00:44:50 lancement du salon de l'agriculture on peut s'interroger sur les conséquences
00:44:53 d'un tel mode de production. La viande in vitro en laboratoire n'engendrerait-elle
00:44:58 pas un recul de l'élevage paysan dans notre pays ? Par ailleurs, quelles seraient
00:45:02 les conséquences sur la gestion des paysages et des prairies ? Enfin, que penser
00:45:06 du risque d'accaparement de l'alimentation par quelques firmes
00:45:09 qui pourraient demain détenir un pouvoir considérable ?
00:45:14 Question presque philosophique. Laurent Duplon, attention ça va déménager.
00:45:20 Madame la Présidente, je veux ni être objectif ni faire de la
00:45:26 philosophie. Je veux simplement me rappeler de ma
00:45:29 jeunesse où dans les années 70-80 on nous expliquait qu'après l'année 2000
00:45:34 nous mangerions tous des cachets, et que
00:45:39 l'alimentation ne serait plus un plaisir. Depuis 2000 il me semble que c'est
00:45:45 exactement l'inverse qui est arrivé. C'est à dire que ce qu'on nous avait
00:45:48 promis 30 ans avant était juste l'inverse de ce qui s'est passé.
00:45:52 Depuis 2000, le consommateur français et les consommateurs sur la planète qui
00:45:57 voient l'agriculture et l'alimentation française comme étant la plus
00:46:00 gastronomique du monde ont été sur les circuits courts, ont voulu des AOP, ont
00:46:05 voulu une traçabilité des produits, ont voulu du bien manger et ont voulu sans
00:46:09 cesse des injonctions à l'agriculture qui a essayé au fur et à mesure de ce
00:46:13 temps là de répondre à leurs exigences.
00:46:15 Eh bien je vous le dis tout net, sans objectivité, je suis contre la viande
00:46:19 in vitro. Je ne vois pas quel est l'intérêt pour notre culture, pour notre
00:46:25 pays d'aller sur ces problématiques là. La première c'est que quand on nous dit
00:46:29 le consommateur sera informé, elle sort net. Comment va-t-on informer le
00:46:34 consommateur qui mangera un plat dans un restaurant de la quantité qu'il aura à
00:46:38 l'intérieur de cette viande in vitro ? On nous dit il faut plus de végétales.
00:46:42 Savez-vous messieurs que nous ne produisons qu'un fruit et un légume sur
00:46:47 deux, que nous importons un fruit et un légume sur deux et que nous sommes
00:46:50 incapables par les injonctions que nous mettons de développer la culture de
00:46:55 légumes et de fruits qui devraient, à vous écouter, faire la base de notre
00:46:58 alimentation. Alors est-ce que demain nous voulons
00:47:01 traiter le problème du carbone et importer de plus en plus... non si si ça a
00:47:05 été dit tout à l'heure, je l'ai entendu. 20% de protéines et 80% de produits
00:47:10 végétaux. Le troisième élément c'est ces injonctions
00:47:15 contradictoires. L'ultra transformé. On lit sans arrêt dans tous les journaux
00:47:19 qu'on lutte contre l'ultra transformé parce que ça serait cancérigène et que
00:47:23 l'agro business, l'agro-industrie fait des produits ultra transformés. La viande
00:47:28 in vitro n'est pas un produit ultra transformé. Qu'est ce que c'est ? C'est pas
00:47:32 un produit totalement naturel. Le quatrième élément c'est que moi je
00:47:36 suis un amoureux des paysages de la France. On n'est pas dans un pays qui a un
00:47:39 désert global, on a un pays qui est multiculturel d'un point de vue des
00:47:44 territoires et des paysages. Supprimer l'élevage en France ça sera supprimer
00:47:48 une très grosse partie des paysages que nous vivons et nous aurons véritablement
00:47:52 des problèmes là dessus. Troisième, cinquième élément et j'en termine là dessus, le
00:47:56 savoir-faire. Le savoir-faire et le patrimoine culturel. Moi je le dis tout
00:48:00 net, j'ai pas envie de vivre dans un pays où tout est aseptisé. J'ai pas envie de
00:48:04 vivre dans un pays où on porte un masque de longueur de journée. Je n'ai pas envie
00:48:08 de vivre dans un pays où on a remplacé les trois mots de la république
00:48:12 française de la liberté, de l'égalité et de la fraternité par la peur, la
00:48:15 culpabilité et l'interdit. J'ai envie de vivre toujours dans un pays libre dans
00:48:19 lequel j'ai le droit de manger ce que je veux et en particulier de la viande de
00:48:23 bovins vivant, courant dans les prés et étant élevée par des agriculteurs.
00:48:26 Je crois que personne ici ne t'en empêchera. Très bien, merci Laurent.
00:48:31 Nous passons à Laurent Soumon. La plupart des questions ont déjà été posées mais
00:48:37 je voulais revenir sur effectivement le côté bilan énergétique de la production
00:48:41 d'un kilo de viande, j'allais dire une vitro par rapport à un kilo de viande
00:48:44 naturelle. Je rejoins parfaitement, je dirais ce qui a été dit, c'est qu'il ne faut
00:48:48 pas confondre s'alimenter et se nourrir. Je pense qu'effectivement le plaisir de
00:48:52 manger c'est aussi quelque chose qui est très ancré dans notre culture et j'ai
00:48:55 bien retenu l'image de ramener dans l'assiette une histoire. Je pense que si
00:48:58 on oublie ça, on oublie notre culture et aujourd'hui on est dans une société qui
00:49:02 veut nous faire penser qu'il faut oublier notre culture ou qui revisite
00:49:06 complètement notre culture. C'était bien dommage. Et puis revenir sur la question
00:49:09 que mon confrère, collègue et néanmoins ami Arnaud Bazin a posée sur les
00:49:14 additifs et en particulier la consommation d'antibiotiques dans ce
00:49:17 process de fabrication et de préciser, parce que vous avez parlé que néanmoins
00:49:22 la culture cellulaire permettrait de développer une filière agricole pour la
00:49:26 constitution des substrats. Comment vous voyez cette chose là ? Parce que je ne
00:49:30 l'imagine pas et j'aurais bien voulu avoir des précisions à ce sujet.
00:49:35 Merci
00:49:37 Merci Madame la Présidente. Merci pour ces éclairages.
00:49:47 Bon je ne vais pas reprendre de nombreuses choses qui ont été dites. Je
00:49:50 pense que avec cette culture in vitro, nous sommes dans l'étape suivante de
00:49:56 l'industrialisation de l'agriculture, très clairement, et avec des
00:50:03 études d'impact, je pense, qui ne sont pas encore à la hauteur. Je prendrai
00:50:08 simplement trois études qui demandent à être approfondies. On l'a bien vu, au
00:50:13 niveau environnemental, il y a vraiment à voir les impacts sur l'élevage, qui
00:50:18 comme ça a été dit, a vraiment une grande importance dans notre culture et au
00:50:24 niveau de l'environnement, comme fuite de carbone, comme préservation de la
00:50:27 biodiversité, comme la prévention incendie et j'en passe. Donc de nombreux
00:50:32 impacts au niveau environnemental qu'il faudra prendre en compte. Sur la santé
00:50:36 effectivement, par l'aigle ultra transformé, et bien voilà c'est encore une
00:50:40 marche supplémentaire à voir avec tous les additifs, les intrants qu'on aura
00:50:45 dans cette viande in vitro, les hormones de croissance qui sont quand même
00:50:49 interdites depuis 1981. Donc des impacts qu'on a peine à
00:50:55 mesurer aujourd'hui. On voit bien déjà que nous sommes dans une société où la
00:51:00 malbouffe est très présente et touche bien entendu les plus précarisés qui
00:51:07 n'ont pas forcément le choix d'accéder à une nourriture de qualité. Je pense
00:51:11 que nous sommes là clairement dans une nouvelle dégradation de la qualité. Et
00:51:16 puis bien entendu, ce que reprenait monsieur Marx, je pense que là on a
00:51:21 vraiment une rupture en termes de culture. La culture c'est un terme
00:51:26 polysémique, effectivement la culture avec l'agriculture, mais aussi notre
00:51:32 culture. Et là on est typiquement dans un appauvrissement de l'humanité, je pense,
00:51:37 avec des enjeux que l'on ne pèse pas encore aujourd'hui vraiment à leur juste
00:51:43 valeur. Donc moi aussi clairement je suis complètement opposé à cette nouvelle
00:51:49 étape qui sera peut-être franchie ailleurs. Alors on a toujours parlé
00:51:54 hier de la compétitivité. Où doit-on placer notre compétitivité ? Je reviens
00:51:58 sur ce terme là. Merci.
00:52:02 Merci, merci madame la présidente. Moi j'ai pas de doute sur la capacité des
00:52:12 sociétés et de la société actuelle d'arriver à mettre au point ce type de
00:52:18 produit. Et je le dis malheureusement, j'ai pas de doute, je crois que c'est une
00:52:23 affaire de génération. Et quand on voit la facilité avec laquelle ce type de
00:52:29 société arrive à avoir des levées de fonds aussi rapidement et aussi
00:52:34 importantes, je crois que vraiment on voit bien que là et dans les pays comme
00:52:40 les Etats-Unis, dans les pays, je dis pas très avancés, mais dans ces pays où la
00:52:45 recherche est forte, on voit bien que on y va, je pense,
00:52:50 inexorablement. Ma question porte sur, est-ce qu'on va pas avoir quelques
00:52:56 sociétés, dans le cas de mondialisation, pas heureuses, peut-être malheureuses, mais
00:53:02 quelques sociétés qui vont tenir l'ensemble du marché ?
00:53:06 Je vois mal comment on va échapper à la diversité de la production classique
00:53:12 pour aller vers des sociétés qui vont se regrouper et vont avoir une force
00:53:19 avec du marketing et des moyens énormes pour imposer leur choix. Et sur la
00:53:25 recherche, parce que je pense que la recherche publique sera très vite pris
00:53:29 de vitesse, et moi je propose plutôt à la recherche publique de s'intéresser aux
00:53:34 conséquences de l'arrivée de ces produits sur le plan sociologique, sur le
00:53:39 plan environnemental, les changements de métiers, les impacts sur la nature.
00:53:46 Et puis notre débat entre agriculture productiviste, agriculture familiale,
00:53:52 alors là, vous savez, on va être très vite dépassé par des notions qui vont tout
00:53:58 faire exploser. Alors quant à imaginer le foie gras du
00:54:02 Périgord copié avec des cellules souches, je trouve que c'est la négation de la
00:54:07 société et comment on peut en arriver là ? Voilà, merci.
00:54:13 Très bien, Daniel Grémillet, ensuite Evelyne Renaud-Garabédian.
00:54:17 Oui, merci Madame la Présidente. Merci aussi pour ces quatre interventions.
00:54:23 Moi je voudrais revenir, puisqu'on parle bien de la viande in vitro, sur un propos,
00:54:27 parce que c'est une histoire à la française, la France est le pays au monde
00:54:31 qui a su garder la plus grande diversité animale,
00:54:34 toute espèce confondue. Je le dis parce que, avant d'être sénateur, j'ai
00:54:40 présidé pendant 26 ans la communauté d'élevage au niveau national. Et tout ça
00:54:47 c'est le fruit de concours des investissements publics et des paysans
00:54:52 dans tous les territoires. On est le pays au monde qui a gardé, qui a su garder la
00:54:56 plus grande diversité bovine, ovine, caprine, porcine, on peut tout prendre.
00:55:01 On vient pas de nulle part. Je dis ça parce que c'est essentiel, c'est un
00:55:05 patrimoine génétique absolument précieux. Deuxième point, c'est aussi la vie qui
00:55:11 nous rappelle à l'ordre. La France a fait le choix du non-OGM. Mon propos n'est pas
00:55:16 de dire "je suis pour les OGM", mais mesurons les conséquences. C'est que nous
00:55:20 avions une connaissance et une capacité d'intervention sur l'agriculture
00:55:27 semencière, qui a été largement appauvrie, et les chercheurs ont été
00:55:33 plutôt outre-atlantique que restés dans notre pays. Donc on ne peut pas ne pas
00:55:37 s'intéresser à quelque chose qui va se passer à travers le monde. Je pense que
00:55:40 c'est essentiel, et je remercie la présidente, de mettre ça à l'ordre du
00:55:44 jour parce qu'effectivement on est un peu avant-gardiste, mais tout va très vite.
00:55:49 Dans un passé aussi, j'étais syndicaliste. À l'époque, quand on osait parler de lait
00:55:55 végétal, il ne restait pas dans les rayons plus de 24 heures. Le lait de soja, je vous
00:56:02 rappelle l'histoire, j'y ai participé comme d'autres. Et aujourd'hui, si vous
00:56:06 êtes allé au Cial en 2022, y compris des entreprises françaises, sans aucun
00:56:13 problème, mettent et vendent des produits issus de production de protéines
00:56:20 végétales, purement végétales, sans origine animale. Pourquoi je dis ça ? C'est
00:56:25 pour vous dire, en l'espace de 20 ans, quelque chose qui n'était pas accepté.
00:56:28 Même là, les paysans, sans problème, l'acceptent. Donc ça serait une erreur que
00:56:33 la France ne s'intéresse pas effectivement à cet aspect des choses en
00:56:37 termes de recherche des mots. Je souhaiterais vraiment, je l'y alignerai, je
00:56:42 souhaite vraiment qu'on ait une expertise scientifique très poussée, parce qu'elle
00:56:47 est essentielle et doit être indépendante du travail et de recherche
00:56:51 qui est fait au niveau des entreprises. C'est deux éléments qui doivent être
00:56:55 complémentaires et qui devraient ensuite, pour nous, au niveau politique,
00:57:00 être des éléments à la décision. Je dis ça parce qu'on voit bien qu'on est au
00:57:05 carrefour. L'autre point que je voulais évoquer, et c'est une question, c'est
00:57:11 l'aspect sanitaire. On sait tous la dangerosité,
00:57:16 effectivement, et notre vétérinaire l'a évoqué tout à l'heure, mais aussi pour
00:57:23 le vivre dans des... Toute production alimentaire est une matière vivante et
00:57:29 dès lors qu'on a une concentration importante, je vous passe des conflits
00:57:32 qui pourraient effectivement mettre en situation de péril des unités de
00:57:37 production. Donc on concentre le risque d'alimentation sur un point. Lorsqu'on a
00:57:43 un élevage, le risque est dispersé. Et sur l'aspect sanitaire, c'est la même
00:57:48 chose. Il y a un aspect aussi important que je souhaiterais de voir comment il a
00:57:54 été analysé, parce qu'effectivement, c'est un point. Et mes deux dernières
00:58:00 remarques. Dans l'alimentation, je prends l'exemple de l'alimentation porcine,
00:58:05 c'est pas quand même très vieux où on a interdit toute présence antibiotique
00:58:10 dans l'aliment qui était distribué au port tous les jours. Avant, pour qu'on
00:58:14 protège l'animal, systématiquement, il y avait des antibiotiques. Donc ma question,
00:58:19 et ça rejoint ce qui a été évoqué tout à l'heure, est-ce que le risque sanitaire
00:58:23 ne nécessite pas là aussi une présence de protection de ces souches
00:58:31 qu'on va alimenter. Et ma dernière remarque, c'est sur l'honnêteté. Parce
00:58:41 qu'aujourd'hui, qu'on le veuille ou non, la France et l'Europe interdit des OGM et
00:58:44 vous en mangez tous les jours. Tous les jours. Parce que dans les produits, dans
00:58:49 les ingrédients qui sont importés, et bien il y a d'autres pays et vous les
00:58:54 avez tous les jours. Et le sujet, je voudrais remercier notre chef,
00:58:59 effectivement, de son propos, parce que ça fait partie de l'histoire française.
00:59:03 Et nous en sommes aussi des héritiers, mais nous devrons aussi le transmettre.
00:59:07 Et effectivement, comment pouvons-nous protéger cette histoire française,
00:59:14 telle qu'on le voit aujourd'hui, entre ce que l'on aurait envie et de, en fait,
00:59:20 ce qui va effectivement être dans l'assiette, qui est complètement au
00:59:23 contraire et en opposition avec nos envies.
00:59:28 Merci Daniel. Evelyne Renaud-Garabédian et ensuite Fabien Guay. On va y arriver.
00:59:34 Merci Madame la Présidente. Merci. Moi je me place en tant que consommateur et je ne
00:59:42 porte pas de jugement ni sur la technique ou sur d'autres aspects.
00:59:46 Je vous avoue qu'en tant que consommateur et en tant que sénateur des Français et
00:59:49 des étrangers, je suis un petit peu sceptique sur tout ce que j'ai entendu.
00:59:53 Et je voudrais poser une question à Monsieur Marx. D'abord, premièrement, je
00:59:58 pense que c'est pas un problème du générationnel.
01:00:00 Moi je sais que j'en consommerai pas. Il y en a d'autres qui n'en consommerai pas,
01:00:03 quelle que soit la génération. Il ne faut pas penser non plus que les gens âgés ne vont
01:00:07 pas en consommer, que les autres vont en consommer. Mais ça c'est mon avis
01:00:10 personnel. Moi je voudrais poser une question à Thierry Marx pour savoir s'il
01:00:15 est prêt demain à mettre, à partir du moment où on aura l'homologation en
01:00:20 France, est-ce qu'il est d'accord pour mettre
01:00:22 demain dans l'un de ses restaurants un plat dans lequel il y aura de la
01:00:27 viande in vitro ? Et je m'interroge aussi sur l'image que la gastronomie française
01:00:34 pourrait avoir à l'étranger à partir du moment où la France et l'excellence de
01:00:39 la France a été reconnue dans la gastronomie pour aussi bien la qualité
01:00:43 des produits que le service à l'assiette que nous avons. Donc j'aimerais que vous
01:00:48 puissiez me répondre sur ce sujet là.
01:00:54 Merci madame la présidente, bonjour à vous quatre, merci en tout cas de cette
01:00:58 matinée parce que j'apprends beaucoup de choses.
01:01:01 Mon ami Laurent Duplon est donc un walkiste puisqu'il est pour le
01:01:04 multiculturalisme des paysages et j'apprends que Daniel a été à la CGT
01:01:09 donc rien que pour ça je suis content de m'être levé ce matin et d'avoir fait
01:01:14 une heure et demie de RER. Bon plus sérieusement, je sais pas si c'est un
01:01:21 enjeu de génération, je crois pas, je partage plutôt ce que vient de dire ma
01:01:26 collègue. Vous avez vu il y a une opposition plutôt totale quelle que soit
01:01:32 notre couleur politique et je crois qu'elle dit quelque chose sur la société
01:01:36 dans laquelle on vit et dans laquelle on veut vivre.
01:01:39 Voilà je dis ça parce que moi je suis pareil, c'est pas mon truc, vous l'aurez
01:01:45 compris, je pense que l'alimentation est une vraie question, le plaisir de la table
01:01:51 aussi, je pense qu'il faut aussi en parler et ça se voit d'ailleurs, j'ai
01:01:56 plaisir. Je pense que la question de l'alimentation pour toutes et tous aussi
01:02:00 est une question. Vous savez j'habite en Seine-Saint-Denis et je pense que tout le
01:02:06 monde a droit au bon mais tout le monde peut pas se le payer aujourd'hui. Et une
01:02:10 des questions, alors peut-être que vous arriverez à y répondre, c'est que nous
01:02:16 allons continuer à aller vers 10 milliards d'êtres humains sur la planète
01:02:19 et est-ce qu'au final tout le monde pourra se nourrir et dans des bonnes
01:02:22 conditions ? Aujourd'hui c'est déjà pas le cas. Mais est-ce que c'est votre
01:02:26 solution ? En tout cas moi c'est peut-être que vous y
01:02:29 arriverez parce que vous allez avoir du financement et on y reviendra d'ailleurs
01:02:33 dis-moi qui te finance, on me dira qui tu es, quand même il y a une question
01:02:37 autour de ça mais s'il y a tant de milliards qui sont levés partout dans le
01:02:42 monde sur cette question, c'est que le capital a bien compris qu'une des
01:02:46 parties pouvait jouer là. Donc peut-être qu'on sera tous des idiots dans 10 ans
01:02:51 ou 15 ans quand on regardera cette audition mais c'est pas grave. Et donc moi
01:02:56 je crois d'abord que l'enjeu on doit se le poser en termes d'alimentation,
01:02:59 d'agriculture. Je sais plus, je crois que c'est Laurent qui le disait mais quand
01:03:02 même et à juste raison. Dans un moment où on a des traités de libre-échange
01:03:07 que nous on refuse, on peut avoir le débat parce qu'on se dit qu'on est en
01:03:11 train de tuer nos agriculteurs ici et qu'on accepte au moins disons social et
01:03:15 environnemental des produits qui font quatre fois le tour de la planète
01:03:17 puis là on est en train de nous vendre un truc, bourré aux antibiotiques et aux
01:03:21 fongicides. Bon voilà, est-ce qu'on continue comme ça ?
01:03:26 En tout cas c'est pas la société dans laquelle j'ai envie de vivre.
01:03:28 Bon donc je suis en réflexion, je dis pas que voilà il faut refuser et je partage
01:03:35 une question. Par contre je pense que la recherche publique doit y aller à fond.
01:03:40 Ça oui, parce qu'à un moment donné autrement on aura du décrochage et de
01:03:45 toute façon parce que vous y êtes et parce que d'autres y sont, dans dix ans
01:03:50 ça sera un marché et donc si on pouvait éviter une nouvelle fois d'être à la
01:03:55 traîne, ça nous arrangerait et donc il faut qu'il y ait de la recherche publique,
01:03:59 qu'on y aille. Mais en tout cas voilà je pense que ça nous interroge bien au-delà
01:04:03 sur notre bien manger, notre culture, agriculture, notre alimentation, notre
01:04:08 façon de voir la société et pour l'instant c'est pas celle dans
01:04:13 laquelle j'ai envie de vivre. Mais bon peut-être que dans 20 ans j'aurai tort.
01:04:19 Et pour terminer Patricia Chilinger. Merci beaucoup. Il y a quelques années un
01:04:25 français s'est exporté, comme on dit, est allé en Israël et a fondé
01:04:33 un laboratoire avec Aleph Farm.
01:04:40 C'était un des premiers à créer le steak à quelques grammes qui
01:04:46 coûtait 50 dollars et je voulais m'interroger au niveau
01:04:53 comment on était compétitif en France par rapport à d'autres pays parce qu'aujourd'hui
01:04:57 c'est la recherche, c'est pas demain que l'on va manger un steak à 50 grammes et
01:05:02 surtout seulement quelques grammes, 50 dollars à quelques grammes.
01:05:05 Je voulais savoir comment faire pour garder aussi nos chercheurs parce que c'est
01:05:10 important. Comment est-ce que, parce qu'en France on a un savoir-faire,
01:05:14 on sait Alinra, comment est-ce que justement dans le futur on pourra aussi
01:05:21 avoir nos inventions entre guillemets et je sais très bien, moi je pense que ce
01:05:27 sera pas demain qu'on mangera ce style de nourriture mais on est en plein dans
01:05:32 la recherche donc avoir un peu votre retour au niveau français, au niveau
01:05:39 européen et puis au niveau mondial. Merci.
01:05:41 Merci, juste pour terminer cette série de questions. En fait dans les propos que
01:05:45 j'ai entendus se pose souvent la question du marché en fait, du marché
01:05:49 économique, du marché qui sous-tend et du coup ma question elle est là.
01:05:55 C'est quoi vos prévisions en fait dans le monde, en France avec une série de
01:06:02 réticences qu'on entend ici sur les conséquences sur l'élevage, sur les
01:06:06 conséquences sur la gastronomie, sur le plaisir de manger, sur quelquefois
01:06:09 l'opposition à l'alimentation et nutrition. Mais vous, puisque vous êtes des
01:06:15 start-up, je me tourne vers vous, votre marché, parce que vous allez sortir un
01:06:20 jour de ce statut de start-up pour être dans la vraie vie économique,
01:06:24 c'est quoi votre marché ? J'ai entendu vous étiez en train de monter une usine
01:06:28 donc voilà en France c'est quoi votre marché ?
01:06:33 Je vous serais impatient de répondre. Non, non, alors là il y a tellement de questions, je compte aussi sur Nicolas à côté de moi pour se
01:06:41 relier, pour essayer d'y répondre. Ça va être difficile de les prendre dans l'ordre.
01:06:45 Déjà sur un élément important, je pense que ça a été posé parmi
01:06:49 plusieurs interventions, la bonne perspective pour se poser les bonnes
01:06:52 questions aujourd'hui sur la viande de culture, c'est qu'est ce que sera notre
01:06:56 monde, notre marché français et le marché international dans 10 ou 15 ans ?
01:07:00 Il faut vraiment qu'on s'extrait aujourd'hui où on est encore en phase de recherche,
01:07:03 où ces produits sont complètement nouveaux, peu connus, etc. et où on a des
01:07:09 réticences qui sont naturelles et se projeter sur dans 10, 15 ans,
01:07:13 quand on sera dans un monde où l'adaptation au réchauffement climatique
01:07:16 deviendra quelque chose d'extrêmement concret sur nos systèmes de
01:07:19 production agricole, où on le voit des pandémies se développent dans nos
01:07:23 élevages, comment on va faire face à ça ? Donc le contexte sera très différent.
01:07:26 Donc il faut beaucoup d'ouverture aussi, imaginer que le monde sera très
01:07:29 différent dans 10 ou 15 ans de ce qu'il est aujourd'hui.
01:07:32 Voilà, éléments de contexte qui rejoint pas mal de choses, je peux pas tout
01:07:36 détailler. Le plaisir de la table, on n'a pas renoncé du tout au plaisir de la
01:07:41 table et Nicolas à côté en a un exemple avec son foie gras de culture et nous
01:07:46 nos produits seront d'abord bons, puisque de toute façon les consommateurs n'en
01:07:50 mangeront pas si ce n'est pas bon et on n'a pas non plus renoncé au plaisir de
01:07:55 la table et là aussi je veux casser une idée reçue qui ressort une sorte
01:08:00 d'opposition entre l'élevage et ce qu'on est en train de faire. On n'est pas en train
01:08:03 de dire qu'il faut manger de la viande de culture, seulement de la viande de
01:08:07 culture et à la place de l'élevage. La viande de culture c'est une
01:08:11 diversification des sources de protéines. Moi je mange, je suis très attaché au
01:08:15 territoire, très attaché au terroir etc. Maintenant très honnêtement quand je
01:08:19 prends une salade César en 20 minutes devant mon ordinateur, le côté
01:08:23 gastronomique et territoire est moins présent que quand je mange un poulet
01:08:30 rôti le dimanche midi auprès de ma famille et c'est déjà le cas et l'idée
01:08:34 n'est pas du tout de renoncer à ça. Et pareil sur l'opposition entre
01:08:38 l'élevage et nous ce qu'on propose, quand je mange un plat de lentilles, je ne suis
01:08:42 pas en train de m'opposer à l'élevage, je ne suis pas en train de dire non à
01:08:45 l'élevage. Donc là on est une source de protéines
01:08:48 nouvelles etc. Donc voilà, pareil sur les produits ultra transformés, nous on
01:08:55 cultive des cellules, notre produit à la fin c'est des cellules, il n'y a pas de
01:08:58 transformation particulière. Je veux dire nos modes de production pour faire très
01:09:02 simple parce que ça peut être dit, c'est une grande cuve avec le milieu
01:09:06 nutritif et les cellules intérieures et à la fin on sépare les cellules du
01:09:10 milieu nutritif, on les lave pour qu'il n'y ait plus rien lié au milieu
01:09:15 nutritif qui soit dans les cellules et donc finalement c'est un procédé qui est
01:09:19 très proche de la production d'une levure. Une levure n'est pas un produit
01:09:22 transformé, après ça dépend quel produit final on va faire avec la levure.
01:09:25 Donc le produit en tant que tel n'est pas un produit transformé. Mais peut-être en
01:09:29 priorité répondre sur la question sanitaire et la question de santé
01:09:35 publique qui est une question centrale évidemment pour nos nouveaux produits.
01:09:39 D'abord rappeler que nous ne mettons pas d'hormones de croissance au sens où on
01:09:45 en a connu dans l'élevage avec des bovins sous stéroïdes etc.
01:09:49 Il y a des subtilités scientifiques, bref ce qui peut se retrouver et ça
01:09:54 dépend encore là encore des technologies dans les milieux de culture,
01:09:57 ce sont des facteurs de croissance, des petites protéines qui seront éliminées
01:10:01 à la fin avec le milieu de culture. Donc on n'est pas du tout sur le même sujet
01:10:05 et il ne faut pas du tout faire d'amalgame entre le boeuf sous hormones
01:10:09 sous stéroïdes et certains facteurs de croissance qui peuvent se retrouver dans
01:10:13 certains milieux de culture. Et il est important de rappeler que nos produits,
01:10:17 on parlait du principe de précaution, seront soumis à une autorisation
01:10:21 préalable de l'EFSA, European Food Safety Agency, qui est peut-être la meilleure
01:10:25 agence de sécurité alimentaire dans le monde, selon un processus long avec un
01:10:31 dossier complexe pour un processus qui va durer au minimum 18 mois et où toutes
01:10:37 les questions seront posées avec les meilleurs spécialistes du monde sur ces
01:10:40 sujets là. Donc évidemment que les produits qui arriveront sur le marché
01:10:44 français demain seront des produits dont la sécurité alimentaire sera garantie
01:10:49 et évidemment l'impact positif aussi sur la nutrition plus globalement.
01:10:56 Au travers de ces aspects sanitaires, il y avait également la question des
01:11:01 antibiotiques qui étaient posés. Effectivement l'élevage au niveau
01:11:04 mondial c'est plus de 50% de la consommation des antibiotiques qu'on
01:11:09 consomme en une année. Évidemment ça participe à l'antibioresistance qui
01:11:15 devient un sujet de plus en plus préoccupant et on en est tous conscients.
01:11:19 D'où l'intérêt de développer des nouveaux modes de production comme
01:11:23 l'agriculture cellulaire où on peut produire sans utilisation d'antibiotiques
01:11:27 car on est en environnement contrôlé et dans des conditions sanitaires
01:11:32 extrêmement irréprochables qui nous permet de produire sans antibiotiques.
01:11:37 Pour compléter un petit peu, je pense que si on catégorise les deux
01:11:42 remarques qu'on a retrouvées dans beaucoup de questions, il y avait la
01:11:45 dimension culturelle et la dimension des interrogations et des doutes qui
01:11:48 persistaient. Sur la dimension culturelle, le plaisir de manger, la dimension
01:11:53 traditionnelle, l'histoire, il faut quand même replacer ça dans le contexte
01:11:58 justement de l'innovation culinaire. La cuisine a cessé de se réinventer,
01:12:00 l'agriculture n'a cessé de se réinventer. Donc pourquoi est-ce que l'agriculture
01:12:03 cellulaire, la viande de culture ne s'intégrerait pas dans cette histoire et
01:12:06 ne ferait pas partie d'un des chapitres de cette histoire, pas le nouveau chapitre,
01:12:09 pas le chapitre ultime du tout, mais un des chapitres en parallèle de tout un
01:12:14 tas d'innovations qui sont aujourd'hui qui concourent à répondre aux nouvelles
01:12:16 demandes des citoyens et de notre société. Notre société s'appelle Gourmet,
01:12:21 c'est pour une raison simple, c'est qu'on a mis le goût au coeur de notre
01:12:24 démarche. Donc tous nos produits sont développés, co-développés avec des
01:12:28 experts du monde de la cuisine, avec des chefs, avec des restaurateurs qui
01:12:31 soutiennent ces produits-là et qui justement ont continuellement apporté un
01:12:37 éclairage sur le développement de notre produit et notamment sur notre
01:12:40 alternative au foie gras, sur notre foie gras culture dont la mission numéro une est
01:12:43 d'apporter aussi un niveau de plaisir et évidemment de ne pas représenter une
01:12:46 forme de concession sans pour autant copier évidemment le foie gras
01:12:50 traditionnel auquel nous sommes tous attachés. Moi le premier, mon associé
01:12:53 est également originaire du sud-ouest, ça a évidemment créé des
01:12:57 discussions familiales intenses de son côté quand il s'engageait dans ce projet
01:13:01 là, mais un petit peu comme les membres de la commission et monsieur Ritman au
01:13:05 premier plan, au final le niveau d'information et de connaissance du sujet
01:13:08 amène quelque part une plus grande ouverture. On est conscient que c'est un
01:13:11 sujet qui a une dimension quelque part spectaculaire, quelque part étonnante au
01:13:15 premier abord et qui génère des idées peut-être trop rapidement rigides sur
01:13:20 ce sujet là. On est là justement pour répondre à vos questions et pour faire
01:13:23 toute la lumière sur ce procédé là qui comme le disait Etienne Dutoit
01:13:26 ressemblera quelque part à l'échelle de production à une brasserie dans laquelle
01:13:31 on produit de la bière. Il faut imaginer des fermenteurs en inox, des cuves en
01:13:34 inox dans lesquelles les cellules seront alimentées au même titre que des
01:13:38 levures qui donnent de la bière. Donc cette analogie là elle permet juste de
01:13:41 se figurer un environnement qui n'est pas encore sur pied mais qui déjà peut-être
01:13:45 permet une forme de familiarité qui manque aujourd'hui cruellement à ce
01:13:49 sujet là et encore une fois c'est l'objet de notre présence.
01:13:52 La deuxième chose sur la dimension culture et plaisir,
01:13:54 justement la méthode de production de la viande de culture est une méthode de
01:13:58 production. On pourrait la faire de mille façons. Il y aura des sociétés qui la
01:14:01 feront d'une façon X, d'autres d'une façon Y, les sociétés américaines à leur façon.
01:14:05 C'est l'opportunité pour la France de le faire quelque part à la
01:14:08 française avec des objectifs et des standards sur le goût extrêmement
01:14:12 élevés, des objectifs de sourcing sur le substrat également, l'alimentation des
01:14:16 cellules extrêmement élevées et sur l'impact environnemental parce que là
01:14:20 aussi, et c'est une question qui est revenue et que j'aimerais compléter, la
01:14:23 question du bilan environnemental est centrale pour poser les choses. Deux
01:14:27 sources d'impact environnemental sur la viande de culture, l'énergie utilisée.
01:14:31 Donc comment est-ce qu'on va chauffer les bioréacteurs, les fermenteurs et de deux
01:14:35 comment est-ce qu'on va alimenter les cellules. Donc pour poser le sujet c'est
01:14:37 assez simple. En fonction de nos choix technologiques en matière d'approvisionnement
01:14:42 sur ces deux sujets là, le bilan peut être plus ou moins favorable au même
01:14:45 titre que pour l'élevage. Comment est-ce qu'on va nourrir nos animaux avec des
01:14:48 substrats qui ont nécessité beaucoup d'engrais, azotés ou non. Là encore ce
01:14:52 même type de choix se présentera pour les acteurs de l'agriculture cellulaire
01:14:55 et nous on s'engage en tant que société française qui souhaite rester en France
01:14:58 à faire les choix les plus vertueux et les plus profitables à l'écosystème
01:15:01 agricole français auquel on s'intègre. Il est un peu trop tôt pour tirer des
01:15:07 conclusions sur l'impact environnemental et ça je pense que c'est hyper important
01:15:10 aujourd'hui et je suis vraiment d'accord avec toutes les conclusions qu'on a vu à
01:15:13 droite ou à gauche dans cet hémicycle. Il faut investir dans la recherche
01:15:16 notamment sur cette partie là. L'année prochaine notre premier point de
01:15:19 production sera construit, sera en production et on s'engage à
01:15:24 justement à fournir ce qu'on appelle des analyses en cycle de vie qui feront la
01:15:27 lumière de façon très factuelle sur l'impact environnemental et ce sera le
01:15:30 cas à tous les stades de production. Gardons juste en tête que c'est une
01:15:33 industrie naissante. On ne peut pas mettre toutes les attentes au niveau le
01:15:37 plus élevé sur cette industrie naissante. Les choses iront étape par
01:15:40 étape et la vertu de ce procédé de production ira en s'améliorant à
01:15:45 mesure qu'on apprendra à faire les choses de manière plus frugale, de
01:15:47 manière plus économique, de manière plus locale.
01:15:49 Enfin sur le côté sanitaire on a parlé du principe de précaution. Pour
01:15:54 compléter ce que disait Etienne Dutoit, le processus de mise sur le marché
01:15:57 qu'on appelle "Novel Food" ou "Nouveaux Aliments en Europe" est déjà une
01:16:01 application de ce principe de précaution puisque ce sont des temps très longs de
01:16:05 deux à trois ans de mise sur le marché où toute une série de tests sur à la
01:16:09 fois tous les intrants qui prendront part au substrat et à la fois tous les
01:16:12 résidus éventuels, toute la qualité nutritionnelle du produit fini sera
01:16:16 investigué et scruté de manière extrêmement approfondie. Les produits de
01:16:20 la viande de culture seront parmi les produits les plus scrutés, les plus
01:16:22 analysés pour en garantir justement l'inocuité. Et comme M. Dutoit nous
01:16:26 n'utilisons aucun antibiotique et nous n'utilisons pas d'hormones de croissance.
01:16:29 Ça c'est quand même assez important de le préciser. On peut faire sans. Et
01:16:33 justement peut-être que le faire à la française c'est le faire de cette façon.
01:16:36 Et en tout cas c'est comme ça que chez Gourmet nous le faisons.
01:16:40 N'hésite pas à préciser si tu veux. Non j'étais plus sur effectivement
01:16:44 rebondir sur cet aspect viande de culture à la française et je pense que
01:16:48 c'est vraiment le point fondamental qu'on doit proposer
01:16:51 aujourd'hui et ça rebondit sur une autre thématique qui a été évoquée, celle des
01:16:55 mastodontes de la viande etc. Est-ce qu'il n'y a pas un risque de concentration etc.
01:16:59 Ma réponse elle est claire, les mastodontes de la viande ils existent
01:17:02 déjà aux Etats-Unis etc. Dans des systèmes économiques tels que les
01:17:07 Etats-Unis il est probable qu'ils reproduisent ce qu'ils connaissent déjà.
01:17:10 Ici en France ma conviction c'est que ça va être différent de ce point de vue là.
01:17:14 Voilà moi je vous l'ai dit je suis monté par le groupe RIMO qui est une ETI
01:17:18 qui est complètement intégrée dans notre système agricole.
01:17:21 Aujourd'hui moi ma vocation c'est d'être producteur d'un ingrédient, du poulet
01:17:26 cultivé et je discute avec les systèmes coopératifs, avec les boîtes agro
01:17:32 alimentaires qui sont dans nos territoires que vous connaissez tous
01:17:36 pour faire des produits finaux, des plats cuisinés en utilisant mon ingrédient.
01:17:40 Donc on s'intègre complètement dans une filière agroalimentaire existante et
01:17:45 dans un système économique diversifié comme il l'est aujourd'hui.
01:17:48 De même sur l'approvisionnement des nutriments, on travaille avec un
01:17:55 producteur de milieux de culture français et voilà et donc il y a une
01:17:59 possibilité de créer une filière française, une filière à la française
01:18:03 avec les acteurs actuels de l'agroalimentaire qui seront
01:18:06 partie prenante de ce système là.
01:18:11 Laissez la parole au directeur de recherche.
01:18:14 Oui merci j'aurais cinq points de réaction.
01:18:18 Un point concernant les antibiotiques. J'ai lu une publication internationale
01:18:22 écrite par différentes entreprises certes pas françaises mais qui disait
01:18:27 quand même que l'utilisation d'antibiotiques était possible ou
01:18:31 probable, probablement à des niveaux inférieurs comparativement à l'élevage
01:18:35 mais que l'exclusion totale des antibiotiques c'est pas si évident que ça.
01:18:40 Un deuxième point concernant la communication.
01:18:44 Je suis tout à fait d'accord qu'il faut évidemment communiquer et expliquer le
01:18:49 processus de fabrication mais je suis moins d'accord avec l'idée que
01:18:52 expliquer le processus de fabrication entraîne forcément une meilleure
01:18:56 acceptation. C'est pas du tout évident selon la façon dont on présente les
01:19:02 choses etc etc et évidemment ça m'amène à plaider une nouvelle fois pour les
01:19:07 questions de transparence et si vous avez effectivement une unité de
01:19:12 production je serais ravi si vous pouviez communiquer non seulement les
01:19:17 analyses de cycles de vie mais également les données brutes qui ont servi à ces
01:19:22 analyses de cycles de vie dans une politique de science ouverte qui est mise
01:19:26 en avant aujourd'hui par la communauté européenne.
01:19:30 Encore deux petits points très importants.
01:19:34 Évidemment cette problématique doit être abordée dans toutes ses dimensions
01:19:38 non seulement technique mais aussi environnementale, culturelle, sociale etc
01:19:43 etc et dans un organisme de recherche comme INRAE qui comprend au total 12
01:19:49 mille personnes il y a 14 départements de recherche plus ou moins orientés soit
01:19:57 sur les aspects techniques soit sur les aspects d'alimentation humaine soit sur
01:20:01 les aspects de sciences sociales et on a la capacité de conduire ce qu'on appelle
01:20:05 une expertise collective et j'en arrive au dernier point sur commande du
01:20:11 ministère de l'agriculture ou sur commande des élus que vous êtes notre
01:20:15 institution peut se saisir effectivement d'un dossier d'expertise collective
01:20:19 pour analyser toutes les dimensions de cette problématique mais pour
01:20:24 l'instant ça n'a pas été le cas donc pour l'instant quelques
01:20:31 chercheurs comme moi s'intéressent à cette question mais l'institution n'a pas
01:20:34 été saisie d'une demande formelle soit du gouvernement soit des élus d'avoir
01:20:39 une expertise collective dans toutes ses dimensions en mobilisant tous les
01:20:44 experts dans les différents domaines que j'ai cités.
01:20:47 Je vous remercie.
01:20:49 Très bien on va laisser conclure par monsieur Marx et d'avance je vous remercie de ces débats de ces questions qui ne sont qu'au début.
01:21:01 Merci merci de me laisser conclure je suis touché de le faire alors je vais essayer de le faire de façon bicéphale
01:21:08 soit je réponds de façon appartenant à la chaire universitaire Paris-Saclay sur
01:21:13 la cuisine du futur et l'alimentation du futur et dans ce cas là je me dis
01:21:17 bah continuement observer, cherchons, il n'y a pas de raison que la France soit à
01:21:21 la traîne là dessus. Si je réponds en tant qu'artisan, artisan
01:21:26 cuinier lié à la gastronomie je réponds à la sénatrice de façon assez
01:21:29 simple oui non pardon je n'en mettrai pas à ma carte mais je vais le faire je
01:21:37 ne pourrai pas empêcher que ce produit existe.
01:21:40 Je vais répondre pourquoi je ne mettrai pas à ma carte parce que je vais servir
01:21:43 dans cette gastronomie que des ultra possédants que des ultra riches parce
01:21:48 qu'on aura protégé et ça je crois pas qu'on puisse le faire disparaître on va
01:21:54 protéger les petits élevages les petits faiseurs les petits producteurs seront
01:21:59 extrêmement protégés parce qu'ils pourront vendre leur prix pas au prix mais à la
01:22:05 valeur et puis on va continuer et ça va exister
01:22:09 cette ce qu'on appelle cette viande et tous les éléments de langage sont là
01:22:12 gourmet France origine France garantie sanitaire et là on va continuer et je
01:22:19 vous fiche mon billet quand on commence à lever des sommes comme 60 millions de
01:22:22 dollars ou d'euros peu importe 100 millions on voit bien que c'est pour qui
01:22:26 c'est pour répondre à cette alimentation à deux vitesses
01:22:29 vous avez une alimentation pour les gens qui vont bien qui peuvent payer qu'on
01:22:34 reste à vivre suffisant et une alimentation depuis les années 70 pour
01:22:38 les gens qui vont pas bien et qu'on reste à vivre très faible donc l'industrie
01:22:41 agroalimentaire qui est un darwinisme pur s'adapte faut faire moins de viande
01:22:46 faut être plus environnemental donc on vous sort tous les mots d'impact
01:22:50 environnemental et on vous dit ça va être merveilleux on va faire des
01:22:54 potteries prix en l'occurrence renoncer à la qualité et on vous fera manger à
01:22:59 moindre coût vous avez renoncé à la qualité alors on vous fait des petits
01:23:02 prix c'est encore la théorie du low cost avec les mêmes éléments de langage
01:23:06 qu'on nous a vendu à partir des années 70 renoncer à la qualité on fait des
01:23:10 petits prix et aujourd'hui l'industrie s'est emparé de ça la grande
01:23:13 distribution s'est emparé de ça et puis on y met évidemment des forces comme
01:23:18 vous l'avez dit monsieur le sénateur de marketing extrêmement forte
01:23:21 extrêmement puissante mais ce type de projet et encore une fois si je me range
01:23:26 en tant que chercheur là ça m'intéresse je me dis oui allons voir il n'y a pas de
01:23:30 raison que la france soit à la traîne de ça mais de toute façon à un moment
01:23:34 donné on ne pilotera plus on pourra ce sera comme les ogm on va se dire non non
01:23:39 c'est à nos frontières mais non et ce qui m'inquiète c'est la perte de
01:23:43 culture et la manipulation des masses sur l'alimentation plus vous allez
01:23:48 appauvrir les masses en termes de culture moins elles connaîtront ce qu'elles ont
01:23:52 à manger plus vous les manipulerez donc c'est une perte d'identité d'identité
01:23:57 locale d'identité nationale pour rentrer vers une alimentation mondialisée et
01:24:02 normalisée je peux me tromper mais par expérience ce que j'apprends avec
01:24:09 les chercheurs de paris saclay étudie d'abord le passé pour voir le présent
01:24:13 et entrevoir l'avenir mais le passé m'apprend que l'argent l'argent et ce
01:24:20 côté très darwiniste du monde capitaliste disons le et bien s'adapte
01:24:27 et aujourd'hui faut faire une industrie agroalimentaire avec de la viande ultra
01:24:31 transformée et bien allons-y et on y mettra les éléments de langage qu'il
01:24:35 faut je trouve que personnellement je peux me tromper je peux être le
01:24:38 le has been de service mais c'est une boîte de pandore et on a plutôt
01:24:43 intérêt à essayer de contenir un peu cette boîte de pandore mais quand on
01:24:48 voit évidemment les sommes qui sont levées et quand j'entends d'une
01:24:51 représentation de l'état de toute façon l'europe décidera il va être très
01:24:55 difficile d'expliquer à aux gens que nous fréquentons au quotidien que
01:25:00 l'europe peut décider du contenu de mon assiette parce qu'ils ont la puissance
01:25:04 de l'argent c'est dérangeant c'est une perte d'identité nationale qui
01:25:08 moi personnellement me dérange alors pour répondre à la sénatrice
01:25:12 non je n'en servirai pas je n'aurai pas à le faire parce que la gastronomie
01:25:16 française va devenir une toute petite gastronomie réservée aux plus initiés
01:25:20 mais pour initier les gens à la gastronomie il faut commencer à l'école
01:25:23 et de commencer à entrevoir le mangeur de demain donc moi je milite aujourd'hui
01:25:27 pour comprendre ce qu'on mange pour refaire le mangeur plutôt que le
01:25:31 consommateur et le sur consommateur ça c'est ça me paraît une démarche pour
01:25:35 moi qui est essentiel de se dire et ben oui regardons maîtrisons parce que la
01:25:40 recherche française doit continuer à maîtriser ça mais le risque c'est et
01:25:44 vous le savez comme moi ça va nous échapper comme notre agriculture
01:25:46 vous et je termine mon propos n'oublions pas et on a parté on a parlé d'agro
01:25:51 écologie et avec le système pardon bleu blanc coeur nous avons défini ce qui
01:25:56 était un bon produit son impact social son impact environnemental et son impact
01:26:02 nutritionnel ça ça a eu ça du sens pour moi et on voit bien que le monde
01:26:07 agricole quand on le reconsidère en tant que paysans mais pas comme simplement
01:26:11 fournisseurs de minerais il redevient paysans il a des économies
01:26:15 beaucoup plus symbiotiques et beaucoup plus proches et finalement il devient
01:26:18 acteur d'une france qui est capable de produire de bons produits pour tous moi
01:26:23 ce qui m'intéresse avec ce type d'action comme bleu blanquer c'est d'être aussi
01:26:27 bien à la grande épicerie de paris où on sait que c'est quand même pas le plus
01:26:30 abordable mais aussi dans la grande distribution de permettre à des
01:26:33 personnes d'avoir accès à un bon produit
01:26:37 [Musique]

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