Biens en communs, l'entreprise qui propose des services de location d'équipements du quotidien
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00:00 La France bouge, la pépite du jour.
00:04 Alors Yann, l'entreprise est née en octobre 2021, c'est ça ?
00:07 Tout à fait.
00:08 Vous avez fait des études d'ingénieur,
00:10 et comme beaucoup d'autres entrepreneurs,
00:12 vous avez recherché à vous lancer dans une aventure qui avait du sens.
00:16 Avant, vous avez travaillé chez EDF.
00:18 Tout à fait.
00:19 Vous souhaitiez être utile pour quoi ?
00:21 Cette question, merci pour l'invitation.
00:26 Disons que ma vision, mes convictions, c'est que le modèle actuel
00:30 nous amène dans le mur environnemental et social.
00:32 Je me trompe peut-être, mais ce sont mes convictions,
00:35 elles sont très profondément enracinées.
00:37 Et si je n'ai pas le sentiment qu'au niveau de ma vie pro
00:39 et de ma vie perso, je participe à "changer le monde",
00:42 je ne peux pas être épanoui.
00:43 Et c'est entre autres une des raisons qui m'ont fait quitter EDF,
00:46 parce que je n'arrivais pas à trouver une mission
00:47 qui satisfasse ce besoin de changer le monde.
00:50 Vous étiez où ? Vous venez de quelle ville ?
00:53 Moi, à la base, je suis né au Niger.
00:55 J'ai vécu au Burkina Faso jusqu'à 12 ans
00:57 avec un père ingénieur agronome tropical
00:59 qui a fait 40 ans de développement dans les pays en voie de développement.
01:02 Donc, je pense que forcément, sa vision du monde a imprégné
01:05 à ma propre pensée.
01:06 Et ensuite, on est rentré quand j'avais 12 ans en Dordogne.
01:08 Puis, j'ai fait l'agro et les mines à Paris,
01:10 avec un petit passage par la Chine avant d'intégrer EDF.
01:13 Donc, vous avez beaucoup voyagé.
01:15 Tout a démarré il y a 7 ans.
01:17 Vous réfléchissiez déjà à un moyen de réduire la production d'électroménagers,
01:20 de mettre le partage au cœur de toutes nos préoccupations.
01:24 C'est comme ça qu'est née votre idée.
01:25 Le reste, vous allez nous le raconter.
01:27 Les biens en commun, c'est quoi ?
01:29 Allez, vous avez une minute.
01:30 Allez, c'est parti.
01:32 Les biens en commun, c'est une entreprise d'abord de l'économie sociale et solidaire.
01:35 L'objectif, c'est de proposer une alternative qui soit désirable à l'achat
01:38 et à la propriété de tous ces équipements dont on est équipé,
01:41 dont on se sert très peu et qui finalement encombre nos placards,
01:44 coûte cher et en plus, pose un problème pour la planète
01:47 puisqu'il a fallu les produire et les jeter.
01:49 Une perceuse, c'est 15 minutes, 12, 15 minutes d'utilisation tout au long de sa vie.
01:53 L'aspirateur, c'est une fois par semaine.
01:54 On finit par avoir un immeuble, 40 appartements, 40 aspirateurs
01:57 qui passent 99% du temps dans un placard.
01:59 C'est aberrant pour l'individu, c'est aberrant pour la collectivité,
02:02 c'est aberrant pour la planète.
02:03 Il faut partager.
02:04 Mais force est de constater que le partage entre voisins ne se démocratise pas,
02:07 sinon ça aurait déjà eu lieu,
02:08 que la location au magasin, ça peine à se démocratiser.
02:12 Et la raison pour ça, c'est que c'est contraignant.
02:14 C'est contraignant et il ne faut pas s'attendre.
02:16 Notre point de vue, c'est qu'il ne faut pas s'attendre à ce que les gens changent
02:18 leur mode de vie pour l'environnement s'il y a des contraintes,
02:20 en tout cas pour l'instant.
02:22 Donc, il faut donner envie.
02:23 Et nous, notre idée, c'est qu'on met des casiers connectés au plus proche
02:26 de là où vivent les gens, travaillent les gens.
02:28 On met du matériel à disposition, donc c'est du petit électroménager,
02:31 c'est du cuisine, du bricolage, du jardinage, du divertissement.
02:34 Et les personnes ont une application qui leur permet de réserver
02:37 l'appareil pour le moment de leur choix.
02:38 En deux mois, c'est le vélib des équipements du quotidien.
02:41 - Moi, je trouve l'idée fantastique.
02:42 Merci pour votre pitch, Yann Le Moine, pour les biens en commun.
02:46 Vous en pensez quoi, Emmanuel Duchamp ?
02:48 - Moi, je suis fan.
02:49 Je suis fan et même au démarrage de la start-up,
02:53 je crois qu'on a participé à offrir quelques produits pour démarrer.
02:57 Donc, ça ne nous a plus depuis le début.
02:59 - Et vous, Guy ?
03:00 Guy Pesacou pour Murphy, quel regard portez-vous ?
03:02 - C'est sûr que la première chose, si on veut consommer moins,
03:06 c'est déjà de se demander si on a besoin d'acheter ces produits-là.
03:10 Et en particulier sur des produits comme les perceuses
03:12 qu'on utilise moins de 15 minutes.
03:13 - Même l'aspirateur, votre exemple de l'aspirateur, il est flagrant.
03:16 - C'est vrai, quand on y pense, dans tous les immeubles,
03:18 chacun son aspirateur dans le placard, on l'utilise une fois par semaine.
03:21 - Mais cet exemple, il est hyper important parce que les Français,
03:25 ce n'est pas des dindins s'ils choisissent d'acheter aujourd'hui leur aspirateur.
03:29 Ce n'est pas parce que...
03:30 Enfin, c'est parce que c'est dans un souci de simplicité.
03:33 Et donc, ce dont les Français ont besoin pour consommer
03:36 plus intelligemment et plus économiquement,
03:39 c'est de solutions concrètes.
03:40 - Comme celle-ci, avec les casiers.
03:42 Donc, c'est des petits casiers qui sont dans les hauts d'immeubles.
03:44 Pour l'instant, on les trouve où ? Parce que c'est encore rare.
03:47 - Ah oui ! - C'est en train de se développer.
03:49 - On espère. Pour l'instant, on a fait un de ces 4 résidences étudiantes sur Lyon.
03:54 Là, on va en faire 4 dans les prochaines semaines.
03:55 - Donc, une résidence étudiante de 100 personnes,
03:58 il y a par exemple 2 aspirateurs à disposition.
04:01 - Là, on a mis en général 18 casiers, 2-3 aspirateurs,
04:04 2 mini-fours, quelques apparathlètes, imprimantes aussi.
04:07 On parlait des imprimantes tout à l'heure, pourquoi chacun avoir son imprimante.
04:10 On peut aussi avoir du matériel de sport, des jeux de société.
04:12 Enfin, c'est très, très vaste.
04:13 Demain, si on le met dans une entreprise, ça sera du matériel de jardinage, bricolage.
04:16 Ramenez le karcher chez vous, en voiture.
04:18 Ramenez le taillez.
04:19 On va adapter les équipements disponibles en fonction de l'endroit où on installe les casiers.
04:24 Mais demain, l'objectif, c'est vraiment que vous ayez vos équipements du quotidien,
04:27 2 étages en dessous de chez vous,
04:28 et les équipements que vous allez utiliser une fois tous les 6 mois ou tous les ans,
04:31 dans votre entreprise, dans un centre commercial ou dans votre bureau de poste.
04:34 - On va demander à Nathalie Carré, en charge de l'entrepreneuriat, ce qu'elle en pense.
04:38 Bonjour Nathalie.
04:39 - Bonjour Elisabeth, bonjour tout le monde.
04:41 - Je suis sûre que vous avez adoré aussi.
04:43 - Moi j'ai adoré, mais l'aspirateur, moi je suis maniaque, c'est tous les jours.
04:45 Je ne peux pas le mettre dans un casier en aspirateur.
04:47 - D'accord, bon alors vous êtes l'exception.
04:49 Yann cherche à se faire connaître auprès notamment des gestionnaires de lieux,
04:54 c'est ça, et des collectifs où un collectif est présent.
04:58 Que pouvez-vous lui conseiller Nathalie ?
05:00 - Alors je crois que vous avez touché le bon point, c'est la contrainte.
05:04 On n'ira pas vers cette location auprès des particuliers,
05:06 parce que ça existe déjà, mais on ne le fait pas parce qu'il y a une contrainte.
05:09 Donc oui, vous avez raison, il faut se mettre partout,
05:11 dans les résidences, les abords des gares, l'entrée des commerces de proximité,
05:13 dans les parkings, etc.
05:15 Mais évidemment, pour vous développer,
05:17 vous avez déjà pensé à tous les promoteurs immobiliers nationaux
05:20 qui construisent des résidences, la caisse des dépôts,
05:22 qui gère de nombreux habitats sociaux,
05:24 gare et connexion de la SNCF,
05:26 les franchises de type monoprix où il y a déjà des armoires de colis, etc.
05:30 Mais il y a également toutes les plateformes
05:32 qui s'adressent au syndic de copropriété,
05:34 qui seraient peut-être intéressées pour promouvoir vos offres,
05:36 puisque c'est un vrai service à rendre aux copropriétaires et aux locataires.
05:41 Alors, vu que les possibilités sont nombreuses
05:43 et les besoins sont présents sur tout le territoire,
05:45 la bonne formule pour vous, c'est peut-être la franchise.
05:48 Puisque vous avez déjà des expérimentations,
05:50 vous pouvez les documenter pour formaliser votre concept
05:53 et créer un réseau de franchises sur tout le territoire
05:55 pour que le déploiement soit plus rapide.
05:57 Bonne idée, vous y aviez pensé, Yann ?
05:59 Tout à fait.
05:59 Je pense que si on veut aller vite et fort,
06:02 il faut que ce soit du déploiement local,
06:04 comme les vélos en libre-service.
06:05 Ça s'est mis en 15 ans partout au travail mondial
06:07 parce que c'était du déploiement local,
06:08 parfois avec un fournisseur de solutions globales,
06:11 comme JCDeco ou comme Smoov.
06:12 L'idée pour moi, la vision que j'ai des biens en commun dans 5-10 ans,
06:15 c'est qu'on est fournisseur de structures locales,
06:18 soit des franchises privées, soit pourquoi pas des sociétés coopératives
06:22 impliquant les partenaires du territoire,
06:23 qui déploient le service et à qui nous, on met à disposition
06:26 le logiciel, la technologie, les contrats avec les gros fournisseurs, la marque.
06:30 Mais vraiment, si on veut aller vite,
06:32 je suis convaincu qu'il faut que ce soit local et multi-partenarial.
06:35 - Mais alors pour cela, Nathalie, il faut quand même
06:37 qu'il arrive à convaincre les particuliers,
06:39 parce qu'on prenait l'exemple de la perceuse dont on se sert peu,
06:43 mais dans l'ensemble, on est quand même tous ultra équipés.
06:47 - Eh bien oui, comment convaincre les particuliers à se déséquiper,
06:50 j'ai envie de dire, et sur quel appareil finalement ?
06:52 Et au passage, pour la plaisanterie, comment on évite de se mettre boulanger
06:55 et ses confrères à dos, puisqu'ils vendent aussi des équipements neufs ?
06:58 Je plaisante, le neuf, il y en aura toujours.
07:00 En revanche, si on achète du neuf, qu'on ait de la place ou pas,
07:04 peut-être que vous l'avez dit d'ailleurs à plusieurs reprises,
07:06 faire l'achat à bon escient, le bon achat et pour longtemps.
07:11 Alors, ce n'est évidemment pas encore idéal pour la planète et le porte-monnaie,
07:13 mais c'est quand même mieux que tous les appareils qu'on achète
07:15 pour les laisser dans les placards et qui finissent à la déchetterie.
07:18 C'est un premier pas vers la sobriété.
07:20 Et cet usage du bon achat pour longtemps pourrait se développer grâce à vous,
07:24 et à un partenaire qui pourrait être au hasard, évidemment, boulanger.
07:27 Je m'explique, opération Marie Kondo, on fait le tri dans nos placards,
07:31 on vend tous les équipements dont on ne se sert pas, donc à boulanger,
07:33 mais aussi à l'Euro-Maire, parce qu'il y a aussi le bricolage,
07:36 puisque vous avez donc des offres de seconde main.
07:38 Deux, on teste un équipement durable grâce à vous pendant quelques heures,
07:42 au hasard, les fameux robots cuiseurs, par exemple.
07:45 Trois, si on teste plusieurs fois de suite, comme vous savez,
07:48 vous avez une application et on le teste plusieurs fois de suite dans un temps rapproché,
07:52 vous pourriez nous proposer de louer ce robot chez boulanger, par exemple,
07:55 notamment pour éviter que les autres résidents ne soient frustrés,
07:58 ne soient déçus de ne pas avoir leur robot quand ils en ont besoin,
08:01 parce qu'ils sont squatés tous les soirs par la même personne.
08:03 Du coup, par cette location, on peut vraiment tester l'appareil pendant un mois ou deux.
08:06 Et donc, si on est convaincu, sûr, vraiment qu'on va s'en servir régulièrement,
08:10 on peut l'acheter.
08:11 Pour le matériel de bricolage, c'est différent,
08:13 puisqu'effectivement, on en a vraiment besoin très peu souvent.
08:15 Donc, l'idée, c'est d'amener progressivement les gens à changer leurs habitudes
08:19 en mixant les pratiques en fonction de leurs usages.
08:21 - Oui, c'est ça. Il faut aussi qu'on ait une prise de conscience aussi là-dessus
08:25 et que petit à petit, on change nos habitudes.
08:27 Pour votre développement, vous avez besoin de financement ?
08:28 Vous avez besoin de combien ?
08:30 - Là, on est à la recherche d'un million d'euros d'ici l'été.
08:32 Jusqu'à maintenant, on a eu beaucoup de dispositifs non dilutifs,
08:35 des prêts, des avances remboursables.
08:37 Mais aujourd'hui, on est endetté, donc on ne peut plus faire d'endettement.
08:40 Et il faut qu'on lève et qu'on trouve des investisseurs.
08:42 Effectivement, aux alentours d'un million, on veut faire 25 déploiements cette année,
08:44 75 l'année prochaine.
08:45 Et on veut doubler le rythme de déploiement dans les années à venir, chaque année.
08:49 Au moins, il y a une urgence, il faudra aller plus vite.
08:51 Tout dépend de à quel point les partenaires voudront s'impliquer.
08:54 - Nathalie, que peut-il faire ?
08:56 - Alors, vous êtes quand même à la croisée entre l'écologie, la consommation responsable,
09:00 les économies pour les foyers, clairement la solidarité, l'innovation d'usage.
09:04 Alors, vous êtes quand même un profil qui affectionne les acteurs publics
09:08 qui peuvent subventionner.
09:09 Alors, il y a la Caisse des dépôts et consignations et toutes ces filiales,
09:12 telles que ICAD pour l'immobilier, Transdev, qui est un opérateur de mobilité,
09:16 la Banque des territoires pour l'habitat social et durable
09:19 et BPI, évidemment, qui finance les innovations.
09:21 Mais n'oubliez pas les grandes marques de distribution d'équipements
09:24 qui doivent aussi se préparer aux transformations d'usage de leurs clients,
09:27 qui prendront probablement du temps pour certaines catégories,
09:30 mais finalement, pour les Milleniums, comme on dit,
09:32 qui s'installent dans leurs premiers logements,
09:35 c'est ce que vous proposez, c'est assez naturel.
09:37 Et puis, grâce à vos casiers, vous allez collecter une multitude de données
09:41 sur les usages des Français qui pourraient être très utiles à ces distributeurs.
09:44 Alors, possible qu'ils aient envie d'être à vos côtés pour faciliter votre déploiement.
09:48 - Pour avoir plus de données.
09:49 - Et oui, et d'en donner.
09:51 Donc, finalement, les biens en commun, c'est peut-être le tremplin
09:54 vers un usage adapté de tous les biens d'équipement,
09:57 mais sans contrainte et en deux clics.
09:59 - Merci Nathalie.
10:00 Carré, vous en pensez quoi Yann ? Vous avez pris des notes ?
10:03 - J'ai pris des notes.
10:04 J'y avais beaucoup réfléchi à la plupart des choses,
10:07 mais il reste à les mettre en place maintenant,
10:09 et notamment le côté partenariat, qui est essentiel pour passer
10:12 d'une initiative privée de l'ESS mignonne, mais qui aura peu d'impact,
10:16 à une vraie transformation de nos modes de vie qui ne se fera pas sans les partenaires.
10:20 Comment on ne se met pas à dos Boulanger ?
10:21 C'est qu'on les implique dès le début.
10:22 C'est ce qu'on a fait avec Boulanger, Seb et Leroy Merlin.
10:24 Dès le début du projet, on discute avec Decathlon et Stihl
10:27 pour étoffer notre gamme.
10:29 Et puis, en aval, c'est de travailler avec des partenaires
10:31 qui sont déjà là pour réparer, recycler.
10:34 Et nous, on est un peu au centre, c'est-à-dire qu'un service de location
10:37 géré par une entreprise va permettre de, au milieu,
10:40 mutualiser les équipements, donc réduire le nombre d'équipements
10:42 dans un immeuble donné, mais surtout de travailler en amont
10:45 pour éco-concevoir une gamme spécifique.
10:47 C'est ce que j'adorerais, une gamme spécifique d'équipements
10:49 faits pour le partage et en aval, favoriser le partage,
10:52 le partage, pardon, la réparation et le recyclage.
10:55 Vous reviendrez en tout cas nous en parler.
10:56 Yann Lemoine, vous êtes le fondateur de l'entreprise Les Biens en Commun.
10:59 Merci Nathalie Carré.
11:01 Si vous aussi, vous êtes une pépite, si vous avez envie de venir
11:03 pitcher votre projet d'entreprise ici sur Europe 1,
11:06 il n'y a qu'une seule adresse, Nathalie.
11:09 Et c'est comme tous les jours, e1-lafrancebouge@europe1.fr.
11:13 Premier juré Solène Godin, Charlotte Barré-Camp et moi.
11:16 On lit toutes les candidatures reçues.