“Vous pensez faire des bonnes actions en utilisant votre tote bag et en achetant des tomates françaises ? Pas forcément” : Pierre Rouvière, ingénieur et co-auteur, revient sur des pratiques pas si écolo qu'on le pense.
Le livre "Écolo, mon cul !" de Pierre Rouvière et Barnabé Crespin-Pommier est dispo aux éditions Eyrolles en librairies.
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00:00 Vous pensez faire des bonnes actions en utilisant votre tote bag, en achetant des tomates françaises ?
00:04 Pas forcément, et on va voir ça ensemble aujourd'hui.
00:06 Le problème du tote bag, c'est qu'on a tendance à transformer quelque chose d'utile en goodies.
00:13 C'est-à-dire qu'on a tous aujourd'hui notre tiroir de l'entrée qui est rempli de tote bag à plus savoir quoi en faire.
00:18 Et il se trouve que qui dit tote bag dit coton, généralement.
00:20 Et qui dit coton dit énormément d'impact environnemental, parce que l'occupation des sols, parce que ça va nécessiter beaucoup d'eau.
00:26 Généralement, c'est pas du coton bio, donc on va y aller à coup de pesticides, d'engrais.
00:30 Alors ça dépend des indicateurs, mais ouais, ça peut aller jusqu'à 20 000 réutilisations, pour que son impact soit moins important qu'un sac en papier.
00:37 Entre sac en papier et tote bag, j'ai envie de dire aucun des deux.
00:39 Le mieux, c'est le caba de Mamie Josette, qui est réutilisable et qu'elle utilise pour aller au marché depuis les années 80.
00:45 Donc ça, c'est ce qu'il y a de mieux.
00:46 Il faut savoir que la tomate, c'est le légume frais le plus consommé en France.
00:51 Mais il se trouve que pour pousser, en fait, elle a besoin de conditions assez particulières, et notamment de températures.
00:55 C'est pas ok d'acheter des tomates nord-américaines.
00:57 Mais quand on parle de tomates, en fait, il faut considérer tout le système qui permet à cette tomate d'exister.
01:01 Quand on achète des tomates qui sont françaises, mais qu'on les achète en hiver, par exemple,
01:06 il faut prendre en considération le fait qu'elles ont probablement poussé sous des serres chauffées, au gaz,
01:10 dans des zones où c'est pas approprié de faire pousser des tomates.
01:13 La plupart des serres chauffées, en fait, elles sont situées en Bretagne.
01:15 C'est là qu'est la majorité de la production, aussi surprenant que ça puisse paraître.
01:18 Et il se trouve qu'en termes d'impact environnemental, ça peut être plus important en termes de consommation d'énergie,
01:23 d'émission de gaz à effet de serre, de faire pousser des tomates sous serre en France,
01:27 plutôt que d'acheter des tomates importées.
01:28 La meilleure solution, c'est de consommer des tomates au moment propice de l'année,
01:31 c'est-à-dire quand elles sont de saison, et pas des tomates en hiver.
01:34 Alors, le truc, c'est qu'il faut être conscient que pour produire de la viande,
01:40 on va devoir aussi nourrir les animaux.
01:42 Donc ça veut dire qu'on va devoir avoir des cultures.
01:44 Tout ça, ça va générer un impact assez énorme, puisqu'il va falloir prendre des terrains sur la forêt
01:49 pour faire pousser du soja et plein d'autres trucs pour nourrir les bêtes.
01:51 Tout ça, ça va générer une quantité assez grande de gaz à effet de serre.
01:55 On peut prendre le problème sous plusieurs angles, mais quand on compare ça
01:58 aux kilogrammes de protéines, aux kilogrammes de nourriture ou aux kilocalories,
02:04 en fait, on se rend compte qu'un steak végétal est souvent beaucoup moins impactant qu'un steak animal.
02:09 Le plus gros de l'impact, c'est surtout la viande rouge, donc à savoir les steaks de bœuf.
02:12 C'est ça qui génère énormément d'impact aujourd'hui.
02:15 Quand on compare steak de bœuf à steak végétal, ça peut aller jusqu'à une réduction de 90%
02:18 sur les gaz à effet de serre et sur plein d'autres indicateurs.
02:20 Ce qui n'est pas négligeable.
02:21 En 2022, il y a eu 1,35 milliard de téléphones qui ont été mis sur le marché.
02:28 Et ça, c'est à ajouter aux millions de téléphones qui dorment dans nos tiroirs.
02:32 Par exemple, rien qu'en France, c'est dans les 100 millions, il me semble.
02:35 Donc, c'est plus que le nombre de Françaises et de Français.
02:38 Quand on résonne au volume total de données échangées, ce qu'on remarque,
02:41 c'est que c'est les réseaux fixes, donc le Wi-Fi qui va générer plus d'impact.
02:44 Par contre, si on se ramène aux gigaoctets transférés,
02:46 c'est moins impactant de se connecter au Wi-Fi que d'utiliser la 4G.
02:49 Donc, en gros, pour regarder Friends, il vaut mieux le faire en Wi-Fi à la maison
02:52 que dans le RER B un mercredi matin.
02:56 Le gros du problème quand on parle de numérique,
02:57 c'est surtout les milliards de terminaux qui envahissent notre quotidien,
03:00 dont les smartphones.
03:01 Après, il y a plein d'actions à faire, comme par exemple,
03:03 acheter des appareils reconditionnés,
03:06 essayer de les faire durer le plus longtemps possible,
03:08 essayer de ne pas multiplier aussi la quantité d'appareils qu'on utilise.
03:11 L'idée de notre bouquin, ce n'est pas de culpabiliser
03:13 ou de dire aux gens ce qu'ils doivent faire ou ce qu'ils ne doivent pas faire,
03:15 mais c'est plus d'informer sur les impacts
03:17 qui sont associés à nos consommations du quotidien
03:20 et aussi prendre un peu de recul sur tout le système qui existe derrière et qui permet ça.
03:24 [Musique]
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