Interview ou reportage d'une émission cinéma produite par CANAL+ autour d'un film disponible sur CANAL+ ou sortant en salles, un événement ou une actualité du 7ème Art
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00:00Bonjour Hélène. Bonjour. Je suis ravie de passer cette à-tête avec vous, je suis ravie de parler de ce film.
00:05Il y a quelques mois, vous étiez à l'affiche de « Quand vient l'automne » de François Ozon, aujourd'hui « On ira » d'Enya Barou.
00:11Pour quelqu'un qui déclarait, il n'y a pas si longtemps, je regarde ma fiche pour vous citer, c'était dans Le Monde,
00:16« Entre le cinéma français et moi, c'est un bras de fer ».
00:20C'était un petit peu exagéré comme expression. Ce fut. Ce fut. Ce fut. Ça n'est plus depuis très très longtemps.
00:27Parce que vous aviez, dans la même interview, confié aussi qu'il vous a fallu souvent, au cours de votre carrière, serrer les dents.
00:32Oui. Oui, les choses n'ont pas été faciles. Il y a eu beaucoup de moments où je ne travaillais pas.
00:41J'ai mis du temps à trouver ma place, ou une place, pas ma place, une place dans le cinéma, c'est certain.
00:48Alors qu'au théâtre, j'ai trouvé beaucoup plus facilement le chemin pour m'épanouir de ce côté-là.
00:55Vous avez douté, parfois ?
00:57Je continue, comme vous voyez là. Je suis en plein dans le doute.
01:02Je rappelle que vous étiez nommée, il y a quelques semaines, à la cérémonie des Césars, justement pour ce film de François Ozon, absolument merveilleux.
01:09Un très beau rôle de femme, de plus de 70 ans. Et là encore, un très beau rôle de femme, puisque vous jouez Marie.
01:16Alors Marie, elle est épuisée par la maladie et elle décide de le dire à sa famille, il faut le dire à son fils et surtout à sa petite-fille.
01:23Et c'est là que tout se complique.
01:25Oui, c'est là que tout se complique, parce qu'elle ne doute pas de son choix.
01:28À la fin de sa vie, elle s'oriente là de façon très pensée.
01:33Elle n'arrive pas à le dire à son fils.
01:36Ce n'est pas facile de lui parler parce que c'est un fils un peu...
01:40Sa petite-fille, c'est une petite-fille, donc comment arriver à les convaincre de l'accompagner, parce que c'est ça son enjeu.
01:49C'est qu'il vienne avec elle, qu'il l'accompagne, de façon à ce que ce chemin qui l'amènera vers la fin de sa vie
01:55soit un dernier moment de vie puissant, drôle, savoureux, avec les gens qu'elle aime, à savoir son fils et sa petite-fille.
02:03Je vais aller en Suisse.
02:04Allez, moi j'y vais.
02:05Abandonnez pas.
02:06Hello.
02:07Mais qu'est-ce que tu vas faire en Suisse ?
02:09Ah, t'es là toi ? Je t'aurais pu prévenir.
02:11Moi, depuis quand je préviens quand je viens de boire ?
02:13Salut.
02:14Salut.
02:15Anna.
02:16Moi, c'est Rudy. Je suis...
02:17Anna.
02:18Ouais ?
02:19Ta grand-mère veut aller en Suisse.
02:20Excusez ? Qu'est-ce que tu vas lui faire en Suisse ?
02:24C'est exactement ce que je lui demande. Qu'est-ce que tu vas lui faire en Suisse, moi ?
02:28Et c'est vrai que le film est très touchant. Il offre une réflexion profonde sur comment être libre aussi de choisir sa fin de vie.
02:33C'est très d'actualité. On en parle beaucoup. Mais en même temps, il en parle, le film, avec humour.
02:38C'est jamais l'art moyen. Et c'est un premier film.
02:41Et pour un premier film et pour un film qui a en son cœur ce projet du personnage principal d'aller vers la fin de sa vie en Suisse.
02:50C'est incroyable qu'elle ait réussi ça. Vraiment, Enya.
02:54Il y a une élégance là-dedans, un humour, une légèreté.
03:00Et en même temps, il y a au cœur de ce film le souvenir qu'elle a gardé de la fin de la vie de sa grand-mère.
03:07Le film est d'ailleurs en mémoire de sa grand-mère.
03:10Il y a ça qui est au fond. Effectivement, pas de pathos, de l'émotion, mais un fleur de peau comme ça.
03:18Et tout de suite, on referme les volets là-dessus pour être dans le moment présent,
03:24qui offre encore des choses magnifiques si on se met à la disposition de les recevoir.
03:32C'est ce qui vous a séduit, ce mélange des genres ?
03:34C'est ce qui vous a donné envie de dire oui à une jeune réalisatrice ?
03:36Oui, parce que j'avais tourné un film sublime de Stéphane Brisé, Quelques heures de printemps,
03:42où le personnage principal, la maman, partait aussi comme ça vers la fin de sa vie,
03:47mais dans une ligne sombre, désespérée.
03:52Une femme qui n'avait pas eu de bonheur dans sa vie, c'était manifeste.
03:56Alors que la petite mamie, la marie, on se dit qu'elle s'est arrangée avec la vie.
04:02Elle a trouvé des espaces de joie et de tendresse.
04:07Elle est formidable, elle dit la vie ce n'est pas un concours, je m'en fiche de vivre jusqu'à 111 ans,
04:11ce que je veux c'est choisir tant que j'ai toute ma tête.
04:14C'est partir aussi dans la dignité avant de ne plus pouvoir choisir.
04:18Absolument, c'est ça sa grande peur.
04:20Mais je crois que c'est la grande peur de beaucoup d'entre nous.
04:23Mourir, bon, on sait que.
04:26Il est vrai que moi, si j'y pense, je pense que je ne suis pas la seule.
04:29Ce qui me fait très peur, c'est la souffrance.
04:32C'est comment la souffrance peut me détruire, m'atteindre,
04:37et m'atteignant à atteindre les gens que j'aime et qui m'aiment.
04:41Regardez, depuis qu'on est partis, vous vous en sortez très bien.
04:46Oui, mais avec vous, ce n'est pas pareil, parce que vous voulez...
04:54Mourir, voilà, vous pouvez le dire.
04:58Moi, je me dis que si je fais une connerie, du coup, ce n'est pas très grave.
05:03Je la comprends, Marie.
05:05Nous aussi, et en même temps, elle a beaucoup de courage.
05:08Elle est bien entourée dans ce film, elle le mérite,
05:11parce que c'est vraiment un personnage terriblement attachant.
05:13Il y a trois personnages clés.
05:14Il y a l'aide-soignant qui est joué par Pierre Lautin,
05:17qui est dans La Confidence, mais il ne faut pas se taire.
05:19Et il y a son fils qui est joué par David Ayala,
05:21et sa petite fille qui est formidable aussi.
05:23Juliette Gasquet.
05:24Elle est magnifique, Juliette.
05:26C'est un petit miracle, c'est une rencontre.
05:28Il y a tout, tout ce qu'il fallait pour Régnat.
05:32Elle a été sur le tournage, en plus, d'une concentration incroyable,
05:36d'une disponibilité.
05:38Moi, je l'ai adorée tout de suite, donc...
05:41Ça a marché tout de suite.
05:42Oui, on s'est pris dans les bras, et voilà.
05:45C'est une vraie jeune fille comme ça, pas encore passée du moment,
05:49du côté de la séduction, de...
05:53Non, elle est encore...
05:55Elle est entre l'enfance et l'adolescence,
05:58et c'est un pur miracle de voir ça.
06:00Et vous avez reçu toutes les deux le prix d'interprétation
06:03au Festival de l'Alpe d'Huez, avec Juliette Gasquet.
06:06Partager ce prix avec elle, est-ce que c'était important ?
06:09Est-ce que ça tombait bien d'être ensemble ?
06:11Je n'étais pas au courant.
06:13Je trouve que c'est une très, très bonne idée,
06:15et c'était très émouvant et très joli d'avoir
06:18la toute petite... Pardon, Juliette !
06:21Qui démarre sa carrière,
06:23et la mamie, à la fin de sa carrière,
06:26de les voir ensemble monter sur le plateau
06:28et partager ce prix, c'était...
06:32Vraiment, c'était extrêmement élégant et très...
06:34C'était très émouvant.
06:35Moi, j'étais dans la salle, j'avais cette chandelle.
06:37Ça prolonge cette idée de transmission aussi,
06:39qui est aussi au cœur du film.
06:41Dans le film, comme dans la vie,
06:44il y a une transmission, il y a des petits couloirs
06:47qui nous relient, elle et moi.
06:49Je suis prêt de 10 euros.
06:51Pour faire ?
06:52Pour acheter un truc.
06:53Mais quel truc ?
06:55Tu vas t'acheter encore des conneries ?
06:56Je t'avais dit de mieux gérer ton argent, toi.
06:58C'est vrai que toi, tu gères vachement bien.
07:00Tu veux t'acheter quoi ?
07:01Mais rien !
07:02Je vais te donner 10 euros pour t'acheter rien.
07:04C'est vraiment trop chiant, c'est pas possible !
07:07Oh !
07:09On se calme, là !
07:11Ils ont un gros problème de communication.
07:14Vous êtes une experte en communication, vous !
07:17Ce côté road trip, je pense que ça accentue aussi
07:20l'huis-clos que vivent les personnages.
07:22Le huis-clos qui se déplace !
07:24Oui, c'est ça, un huis-clos qui se déplace.
07:26Et tout doit être exacerbé.
07:27Effectivement, moi, quand j'ai lu,
07:28j'ai pensé beaucoup à Little Miss Sunshine.
07:30Oui, bien sûr.
07:31Et il y a quelque chose de ça dans le film,
07:34dans ce mélange de légèreté, d'humour,
07:37de joie et d'émotion.
07:40Intense.
07:41C'est proche.
07:42Alors Hélène, vous avez souvent inspiré
07:44de jeunes réalisateurs.
07:45Alors là, évidemment, Ilia Baroud,
07:46c'est son premier long-métrage.
07:47Oui.
07:48Mais Étienne Châteliez à Albert Dupontel,
07:49en passant par Nakaj Toledano.
07:51Qu'est-ce que ça vous procure ?
07:53D'abord, je suis très honorée.
07:55Vraiment, quoi.
07:57Et puis, je ne sais pas pourquoi
07:59ils viennent vers moi.
08:00Vous osez tout, aussi ?
08:02Oui, j'ose pas mal de choses.
08:04J'ai un goût certain pour la métamorphose.
08:06Je pense que c'est constitutif de notre métier.
08:09Vous n'aimez pas quand c'est tiède ?
08:11Non.
08:12Et puis, je ne vois pas ce que je pourrais refuser.
08:15Je lis le scénario.
08:16Si le scénario est passionnant,
08:18c'est que celui qui l'a écrit
08:20est passionnant aussi.
08:21Et je ne veux que faire...
08:23On tape la main et on travaille ensemble.
08:25Je me souviens de vous dans le film
08:27de Laurent Laffitte,
08:28L'origine du monde,
08:29qui parle quand même du tabou extrême,
08:31Hélène,
08:32qui est le sexe de la mère,
08:34où, je rappelle le pitch du film,
08:37il est censé être mort
08:39et pour ressusciter,
08:40il doit voir le sexe de sa mère.
08:42Il doit prendre en photo
08:44le sexe de sa mère.
08:46Avec une scène culte.
08:48Ça, c'est quand même un truc...
08:50C'est poussé loin le bouchon.
08:52Oui.
08:53Vous aviez hésité à accepter le rôle.
08:55Heureusement, il n'y avait pas de gros plans.
08:59C'est vrai.
09:01Mais en tout cas,
09:02quand on dit que vous êtes une actrice qui ose,
09:04c'est vrai.
09:05Au théâtre aussi,
09:06j'ai fait tellement de trucs différents,
09:07tellement de personnages,
09:09beaucoup plus de personnages très violents,
09:11très désespérés.
09:13Mais je trouve que c'est ça, notre métier.
09:16C'est raconter d'autres vies.
09:19On est là pour raconter des histoires des humains.
09:23Les humains dans tous leurs états.
09:26Françoison, il dit de vous,
09:28ce que j'aime chez Hélène,
09:29c'est qu'au-delà de son talent,
09:30elle est belle telle qu'elle est.
09:32Il dit ça ?
09:33Oui.
09:35Merci, François.
09:39C'est un beau compliment.
09:42C'est vrai qu'aujourd'hui,
09:43d'ailleurs pour les actrices,
09:45on dit souvent que c'est plus compliqué.
09:46Après 50 ans, il y a moins de rôles.
09:48Bien sûr.
09:49Alors que quand on voit,
09:50je disais, le merveilleux film de François Ozon,
09:52on parlait de l'origine du monde.
09:53On a l'impression qu'aujourd'hui,
09:54vous avez quand même des rôles extraordinaires,
09:56comme si c'était aussi peut-être la récompense
09:59de ce parcours que vous avez fait jusqu'à maintenant.
10:01Je le vis comme la chance de la fin de mon parcours.
10:05Mais c'est vrai que là,
10:08vraiment, j'ai eu une chance inouïe.
10:12C'est un miracle, ça, ce qui m'arrive.
10:14Je le vis comme ça.
10:16Vous avez tout donné pour votre métier aussi.
10:18Oui, beaucoup de choses.
10:20J'ai pris des risques,
10:22mais j'ai tellement aimé ça.
10:26J'ai tellement aimé ça.
10:28Depuis que je suis petite,
10:29j'aime raconter des histoires,
10:31faire mine d'être ceci, la princesse, Zorro, tout ça.