• l’année dernière
Emma est devenue dépendante à la cocaïne, après avoir commencé à en prendre avec son ex-petit ami. Elle nous raconte son long combat contre l'addiction, entre cure de désintoxication et rechutes pour faire passer un message de prévention des addictions.
Transcription
00:00 Je n'arrivais plus à vivre sans la cocaïne.
00:02 Je suis tombée dans cette addiction qui me poussait à toujours consommer
00:06 pour être au minimum heureuse.
00:08 Je m'appelle Emma, j'ai 24 ans.
00:13 Je me soigne d'une addiction à la cocaïne
00:16 et je cherche à faire de la prévention
00:19 et à libérer le tabou autour des addictions.
00:22 Un jour, j'ai rencontré un garçon
00:24 qui, lors de notre premier rendez-vous,
00:26 m'a proposé de prendre de la cocaïne.
00:29 Et je n'en avais jamais pris.
00:31 J'ai fait l'erreur d'accepter.
00:34 Il m'a encouragée, il m'a dit
00:37 "Le date va encore mieux se passer,
00:40 tu vas tenir plus longtemps, ça va être sympa et tout."
00:43 Et du coup, j'en ai pris.
00:45 Et comme on est sortis ensemble
00:48 pendant un certain temps
00:50 et qu'il en prenait tous les jours,
00:52 il m'en proposait tous les jours.
00:55 Et du coup, petit à petit, je suis tombée dedans.
00:58 La cocaïne, ce que je dis tout le temps,
01:01 c'est très triste, mais c'est la meilleure
01:04 et la pire chose qui me soit arrivée.
01:06 Je me sens comme la meilleure version de moi-même
01:10 avec la cocaïne.
01:11 J'ai l'impression d'être plus sociable,
01:14 plus drôle, plus intéressante,
01:17 plus énergique.
01:18 Ça m'a enlevé beaucoup de choses dans ma vie.
01:20 La cocaïne joue sur nos hormones,
01:25 dopamine, sérotonine,
01:27 et en fait, plus on en prend,
01:29 plus naturellement nos stocks d'hormones
01:32 ne peuvent pas se faire.
01:34 Et sans la cocaïne, on est malheureux.
01:37 Moi, j'étais suicidaire.
01:39 J'arrivais plus à vivre sans la cocaïne.
01:42 Je pouvais plus travailler.
01:44 Et du coup, je suis tombée dans cette addiction
01:47 qui me poussait à toujours consommer
01:50 pour être un minimum heureuse.
01:52 Et je pouvais pas m'arrêter de consommer
01:54 parce que si je m'arrêtais,
01:55 ça voulait dire qu'il va y avoir la redescente.
01:58 Et qui dit redescente dit
02:00 envie suicidaire, dépression.
02:04 Pour moi, les redescentes étaient très violentes.
02:06 Je me suis beaucoup éloignée
02:08 des amis autour de moi qui consommaient pas.
02:11 Je me suis un peu enfermée dans une bulle
02:14 avec que des gens qui consomment.
02:16 Dans ces environnements,
02:17 on a l'impression qu'on est très entouré,
02:19 très aimé.
02:21 Mais il y a beaucoup d'artifices.
02:24 Il y a la drogue qui joue beaucoup,
02:26 qui exacerbe toutes les émotions.
02:29 Et au final, maintenant que je me bats
02:32 contre l'addiction,
02:34 que je cherche à être sobre à tout prix,
02:37 je me rends compte que
02:39 les personnes avec qui je consommais,
02:42 elles cherchent plus à me parler.
02:45 Il y a plus ce truc qui nous relie.
02:48 Je pense que j'ai été très longtemps dans le déni.
02:51 Notamment parce que je consommais beaucoup
02:54 avec mon ex-petit copain
02:56 qui m'a fait découvrir la cocaïne.
02:59 Et il me disait que j'avais pas de problème,
03:02 que l'addiction, ça existait pas.
03:04 J'ai fini par réaliser qu'il y avait un problème
03:07 quand, pour me lever le matin,
03:09 j'avais besoin de la cocaïne.
03:11 Après ma deuxième overdose,
03:13 mes parents ont été au courant.
03:16 Et ils m'ont poussée à voir une addictologue.
03:20 Mais on s'est très vite rendu compte
03:22 que ça suffisait pas,
03:24 que l'addiction était bien trop grande.
03:27 Et du coup, j'ai découvert
03:29 ce qu'on appelle les hôpitaux de jour.
03:32 Et en fait, c'est des sortes de cures de désintox
03:35 à l'hôpital, mais qui durent juste la journée.
03:38 On sort le soir.
03:40 Et il y a beaucoup d'activités,
03:42 de groupes de parole.
03:44 Malheureusement, c'était pas encore assez...
03:47 assez intense pour moi.
03:49 J'ai fait une vraie cure de désintox
03:51 à l'hôpital pendant 3 semaines
03:53 pour me souvrir complètement.
03:55 Et ça a été la meilleure chose
03:58 qui me soit arrivée.
04:00 Ça m'a sauvée la vie.
04:02 Je pense que le plus dur,
04:04 c'est la sortie de cure de désintox.
04:06 Parce que les tentations reviennent.
04:08 C'est le vrai monde qui est face à nous.
04:11 Et il y a personne pour dire non à notre place.
04:14 Et du coup, pour moi,
04:16 la sortie a été très violente.
04:19 Parce que tout le temps,
04:21 on me proposait des after,
04:23 on me proposait de se voir pour consommer, etc.
04:26 Malheureusement, j'ai craqué
04:28 2 semaines après ma sortie.
04:30 Tous les soignants m'ont dit
04:32 que c'était très rare à la sortie de cure
04:34 de ne pas faire de faux pas.
04:36 Surtout quand on est jeune.
04:38 Ça veut pas dire qu'on est retournés au point zéro.
04:41 Ça nous apprend quelque chose sur nous.
04:44 Ça m'a permis de me rendre compte
04:46 que je voulais plus de ça dans ma vie.
04:49 Parce que les redescentes,
04:52 c'est trop violent.
04:54 C'est la pire chose
04:56 qui puisse arriver à quelqu'un, je pense.
04:58 C'est le plus gros combat de toute ma vie.
05:01 Même si je suis sobre,
05:03 c'est des pensées constantes.
05:06 Beaucoup de situations
05:08 me donnent envie de consommer.
05:10 Même des situations tout à fait normales.
05:12 Boire un verre avec des copains,
05:14 pour moi, c'est très compliqué.
05:16 Parce que j'arrive plus à le faire sans produit.
05:19 Jusque-là, c'était la drogue qui nous apportait le bonheur.
05:22 Maintenant qu'on a plus la drogue,
05:24 le cerveau doit réapprendre
05:26 à faire son stock d'hormones du bonheur.
05:28 J'ai d'abord commencé à parler
05:31 de mon combat sur les réseaux
05:33 pour moi-même.
05:34 C'était très égoïste,
05:36 mais ça me faisait du bien
05:38 de décharger tout ce que je ressentais.
05:40 Je me suis rendue compte que ça a parlé à énormément de gens.
05:43 Pas forcément la cocaïne,
05:45 mais l'addiction en général.
05:47 Ça a aidé beaucoup de personnes
05:49 à parler de ce combat.
05:51 Il y a beaucoup de tabous autour de ça.
05:53 Il y a de plus en plus de personnes
05:55 qui tombent dedans,
05:57 dans une addiction,
05:58 sans forcément se rendre compte
06:00 que c'est une addiction,
06:01 que c'est très grave, très dangereux.
06:03 Je me suis rendue compte
06:05 que c'était important de faire de la prévention.
06:07 Raconter mon histoire,
06:09 manière de sensibiliser sur le sujet.

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