Vote pour la présidentielle au Nigeria
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Transcript
00:00 Vincent Erybaren, merci d'avoir accepté notre invitation.
00:02 Vous êtes maître de conférence, spécialiste de l'Africo King Collège de Londres.
00:08 Je le disais, l'une des particularités de ce scrutin, c'est la composition du corps électoral.
00:13 Très jeune, avec 40% des électeurs qui ont entre 18 et 34 ans.
00:18 Comment les candidats ont tenté d'attirer à eux cette jeunesse nigériane ?
00:21 Effectivement, la jeunesse fait partie de la plus grande partie des électeurs aujourd'hui au Nigeria.
00:29 On se souvient qu'il y a maintenant deux ans, on a vu beaucoup de jeunes dans le sud du pays,
00:33 pendant les émeutes Ansars, réclamer plus d'État, en quelque sorte,
00:38 pour que l'État à la fois leur offre une éducation, un accès à la santé,
00:44 un accès simplement à la sécurité tous les jours.
00:47 On se souvient de la violence policière qu'il y a eu il y a deux ans maintenant.
00:51 On voit bien pourquoi les jeunes aujourd'hui parlent beaucoup, ont très envie de voter.
00:56 Ils sont là parce qu'ils ont quelque chose à dire.
00:58 Alors on pense plutôt aux jeunes des grandes villes,
01:00 mais on entend aussi des jeunes d'autres régions du pays.
01:02 Donc ça peut être un scrutin de la jeunesse qui pour la plupart est née d'ailleurs
01:08 après la période de dictature du Nigeria jusqu'en 1999.
01:12 Donc pour la première fois, on a beaucoup d'électeurs qui sont nés
01:14 à un moment où le pays est démocratique depuis maintenant 23 ans.
01:20 Encore électoral, très jeune, on l'a dit.
01:22 Et pourtant, les candidats sont souvent âgés, plus de 60-70 ans en général.
01:27 Pourquoi ?
01:30 On a une vieille gérontocratie au Nigeria depuis des années,
01:33 depuis que le pays existe, depuis 1960.
01:36 Pour la première fois, on va avoir une génération de dirigeants
01:39 qui n'étaient pas forcément aux commandes dans les années 60-70.
01:43 C'est déjà le premier changement qu'on va voir.
01:45 Mais à l'inverse, effectivement, les deux principaux sont nés à la fin de la période coloniale.
01:51 Et le troisième, le "l'outsider", lui, est né juste après l'indépendance du pays.
01:56 Et on se retrouve avec un système pyramidal qui favorise les hommes uniquement
02:01 et ceux qui sont riches aussi.
02:03 Dans un pays où il faut être riche pour être candidat.
02:05 Alors on sait les problèmes sécuritaires que rencontre le Nigeria depuis plusieurs années.
02:09 Dans quelles mesures l'insécurité menace la bonne tenue du scrutin ?
02:13 Vous avez peut-être des informations sur le déroulé du vote ?
02:17 Alors depuis huit ans que Mouaou Douwari est au pouvoir,
02:20 on a vu la situation sécuritaire s'effondrer.
02:22 Mais évidemment, les problèmes existaient bien avant qu'il ne soit président.
02:28 Mais Bouhari avait promis de résoudre les problèmes, dont le plus connu c'est Boko Haram,
02:32 celui qu'on connaît peut-être le plus à l'étranger.
02:35 Il n'y est pas arrivé.
02:37 On a même l'arrivée d'un phénomène de banditisme à plus grande échelle,
02:41 même dans des États du Nigeria qui à l'époque étaient plus sûrs.
02:47 On a des conflits dans plusieurs parties du pays.
02:50 On a aussi dans le sud-est du pays,
02:52 on a aussi une situation sécuritaire qui ne va pas très bien dans plein de villes
02:56 comme le sud-ouest du pays, qui auparavant était plus calme.
03:00 Donc finalement, c'est ça qui change en général.
03:03 Pour le droit du scrutin, on voit apparaître sur la carte des petits points,
03:08 si on veut, d'événements qui montrent qu'il y a soit des mauvaises pratiques,
03:13 soit des intimidations, soit des vols de machines qui servent à voter,
03:18 parce qu'on s'identifie au Nigeria de manière biométrique.
03:22 Mais en général, on voit bien que c'est une élection très importante pour nos générations
03:25 et que malgré tous ces événements de violence, il y a aussi un grand espoir.
03:30 Et on apprend d'ailleurs cet après-midi que le scrutin a pris un peu de retard.
03:33 C'est habituel dans le pays ?
03:36 Oui, c'est habituel.
03:38 Le scrutin peut même reporter des fois le jour même,
03:41 donc ils se tiennent déjà, ce qui est une très bonne nouvelle pour tous les Nigériens.
03:46 Mais évidemment, souvent ce qu'on dit, c'est que les bureaux de vote doivent fermer vers 2h, 2h30
03:51 et que les gens qui ont commencé à faire la queue depuis le matin doivent finir de voter.
03:56 Mais ça, c'est l'idée, c'est sur le papier.
03:58 En pratique, ça arrive souvent que ça ferme plus tard.
04:01 Et on rappelle que lors des deux dernières élections,
04:03 il avait fallu trois jours pour avoir les résultats de cette élection présidentielle.
04:07 Merci beaucoup, Vincent Erybarène, d'avoir répondu à mes questions en ce samedi 25 février.
04:13 l'union africaine.