Les Français recommencent à épargner
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Face à l'inflation, de plus en plus de Français estiment qu'il est important d'épargner. Nicolas Bouzou fait le point sur une question d'actualité économique.
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Transcript
00:00 Bonjour Nicolas Bouzou.
00:03 Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:05 Alors ce matin, on va s'arrêter sur les chiffres de l'épargne.
00:07 Il se trouve qu'en ces temps d'inflation où beaucoup de Français ont du mal à consommer,
00:12 et bien une partie d'entre eux, une partie des Français, met énormément d'argent de côté.
00:16 Oui, c'est vraiment l'un des éléments nouveaux de cette économie post-Covid et post-guerre.
00:22 Et bien nos concitoyens épargnent plus qu'auparavant.
00:25 Alors pour regarder ça, les statisticiens d'Insee mesurent ce qu'on appelle le taux d'épargne.
00:29 C'est-à-dire qu'ils rapportent l'épargne des ménages à leur revenu.
00:32 Ce taux avant la crise était assez stable, il tournait aux alentours de 15% depuis de nombreuses années.
00:38 Alors il a explosé pendant les confinements à plus de 25%.
00:41 Bon, c'est normal, on ne pouvait plus consommer.
00:44 Mais ce qui est intéressant, c'est qu'il n'est jamais redescendu à son niveau d'avant crise,
00:49 puisque d'après les dernières données, de la fin de l'année 2022, il tourne autour de 18%.
00:54 Il y a donc bien une sur-épargne depuis ces crises.
00:57 Mais qu'est-ce que ça nous dit, Nicolas, du comportement des Français ?
01:02 Je disais tout à l'heure que la psychologie joue un rôle en économie.
01:05 Qu'est-ce que ça révèle de la psychologie des Français ?
01:07 Vous avez raison, mais déjà ce que ça montre, c'est que les revenus en réalité continuent d'augmenter.
01:13 C'est-à-dire qu'un certain nombre de nos concitoyens ont les moyens d'épargner,
01:16 parce que les salaires augmentent, alors certes pas autant que l'inflation,
01:19 mais il y a aussi eu des baisses d'impôts, la baisse de la taxe d'habitation et puis beaucoup d'aides publiques.
01:25 Du coup, les revenus augmentent, l'inflation inquiète, c'est le facteur psychologique auquel vous faites allusion, Dimitri.
01:32 Eh bien du coup, les Français essaient et ils ont les moyens de mettre un petit peu d'argent de côté.
01:37 Malgré tout, ce n'est pas une très bonne nouvelle pour l'économie,
01:39 parce que l'argent qu'on met de côté, c'est de l'argent qu'on ne dépense pas.
01:42 C'est clair. D'ailleurs, on voit que la consommation diminue, y compris dans l'alimentation.
01:47 En fait, on a un peu l'impression que les Français anticipent la fin des aides, la fin du quoi qu'il en coûte.
01:53 On imagine même qu'ils attendent parfois des augmentations d'impôts qui vont leur coûter cher.
01:58 Au fond, l'État distribue des aides et les ménages les mettent de côté parce qu'ils voient bien que cette politique n'est pas tenable dans le temps,
02:05 parce qu'elle met la dette publique sur une trajectoire insoutenable.
02:08 Ça veut dire quelque chose de très important du point de vue de la politique économique, Dimitri.
02:12 Ça veut dire que pour relancer l'économie, il est peut-être nécessaire non pas d'être plus dispendieux avec l'argent public,
02:18 mais au contraire plus rigoureux, tout simplement pour rassurer nos concitoyens sur l'avenir des finances publiques et de la dette.
02:24 En d'autres termes, si on veut que les Français dépensent, il ne faut plus distribuer de l'argent à l'aveugle,
02:29 mais au contraire faire désormais preuve de rigueur.
02:31 Ça, c'est totalement contre-intuitif. Merci beaucoup, Nicolas Bouzou.
02:34 Je précise que la consommation des ménages, c'est plus de la moitié de la création de richesse chaque année.
02:39 Plus de la moitié du PIB. Merci à vous.
02:41 A demain.
02:42 A demain, 7h22 sur Europe.