J -4 avant la prochaine mobilisation et grève contre la réforme des retraites. Les syndicats appellent les Français à ne pas travailler et de mettre l'économie de la France à l'arrêt. Alors que le texte de la réforme des retraites est actuellement à l'étude au Sénat, comment va se passer cette nouvelle mobilisation?
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00:00 Il est 8h20, retour sur le plateau de première édition. Nous sommes à quatre jours de la nouvelle journée de mobilisation contre la réforme des retraites.
00:05 Sept minutes pour comprendre comment les syndicats veulent mettre l'économie de la France à genoux. Ce sont leurs mots.
00:11 [Générique]
00:16 Et avec nous pour en parler, Jean-Marie Perneau, bonjour. Vous êtes spécialiste de l'histoire du syndicalisme, chercheur associé à l'IRES, l'Institut de Recherche Économique et Sociale.
00:24 Et votre livre, "Le syndicalisme d'après ce qui ne peut plus durer", c'est aux éditions du Rocher. Je salue Elisabeth Humbertèche, aux éditions du Détour, pardon.
00:32 Elisabeth Humbertèche, secrétaire générale départementale, force ouvrière de Corrèze, bonjour. Et Marie-Lise Léon, secrétaire générale adjointe de la CFDT.
00:40 Vous étiez hier dans la Loire à ce meeting, cette réunion de l'intersyndicale qui lançait le compte à rebours. Vous en attendez quoi de ce 7 mars ?
00:50 Oui. Bonjour à toutes et à tous. L'idée de cette mobilisation du 7 mars, c'est d'en faire une journée marquante. Avec la France à l'arrêt, ça veut dire un maximum de travailleurs et de travailleuses
01:02 qui s'arrêtent de travailler pour exprimer leur mécontentement et leur refus de cette réforme profondément injuste, d'une réforme des retraites dont ils ne veulent pas.
01:11 On a déjà eu l'occasion d'avoir plusieurs journées de mobilisation et aujourd'hui, l'idée c'est de passer la vitesse supérieure et d'avoir des mobilisations encore plus importantes
01:20 avec encore plus de lieux de manifestation et surtout des travailleurs et des travailleuses qui, sur leur lieu de travail, s'arrêtent et rejoignent les mobilisations.
01:31 C'est vraiment ça l'idée, faire nombre et marquer le coup, marquer les esprits pour enfin avoir une réponse du gouvernement.
01:38 Vous parliez hier soir et vous appeliez de vos voeux une grève inoubliable le 7 mars. On a le sentiment ce matin que ce que vous attendez, c'est pas du monde dans les rues,
01:47 mais du monde qui arrête de travailler en fait mardi prochain.
01:52 Oui absolument. On est sur une réforme qui est profondément injuste, qui touche l'ensemble du monde du travail. Le monde du travail s'y exprime aussi massivement.
02:02 Beaucoup de Français sont contre cette réforme et donc l'idée c'est bien que ce soit sur les lieux de travail que ce mécontentement s'exprime par des grèves,
02:14 par des rassemblements de salariés et puis des expressions qu'ils décideront eux-mêmes et ça, ça fait partie des choses qui sont en cours de préparation
02:23 justement pour faire de cette journée du 7 mars une journée inoubliable.
02:26 Il y a un élément qui frappe dans ce mouvement social depuis le début, c'est l'importance qu'ont prise les cortèges dans les petites villes Elisabeth Imberthech en Corrèze.
02:34 Il y a eu Hussel, il y a eu Tulle, il y a eu Brive. Chez vous, ça va ressembler à quoi le 7 mars ?
02:38 Il n'y aura pas que des manifestations non plus, il y aura aussi cette France à l'arrêt.
02:42 Oui, ce jour-là aussi, la France sera à l'arrêt. L'économie du pays sera bloquée.
02:50 Et c'est vrai qu'il y a eu beaucoup, beaucoup de manifestants en province. Ça faisait des années qu'on n'avait pas vu une telle détermination.
02:59 Et je pense que c'est parce qu'on est unis que la mobilisation est si importante.
03:04 Mais concrètement en Corrèze, mardi, dites-nous ce qu'il va se passer. Est-ce qu'il y aura des blocages routiers ?
03:09 Est-ce qu'il y aura des usines à l'arrêt à votre reconnaissance dès ce matin ?
03:13 Alors il y aura des usines à l'arrêt, il y aura aussi des services publics complètement fermés, que ce soit des établissements scolaires ou les finances publiques.
03:23 Et effectivement, on appelle tous les grévistes après à se rejoindre et on peut bien parler de blocage.
03:31 Marie-Lise Léon, il y a une chose qui a frappé cette semaine, c'est que la CFDT a fini par rejoindre les autres cheminots, les autres syndicats de cheminots de la SNCF
03:38 en s'appelant à une grève reconductible à partir de mardi. La reconduction d'un mouvement, ce n'est pas dans les habitudes, si l'on peut dire, de la CFDT.
03:46 Vous vous assumez et vous allez vouloir, vous aussi, des mouvements reconductibles la semaine prochaine ailleurs que dans les transports ?
03:52 Alors il y a une chose qui est sûre, c'est que ce n'est pas le mot d'ordre qui était à l'origine de ce mouvement.
04:01 On a eu plusieurs réunions intersyndicales interprofessionnelles qui concernent l'ensemble des secteurs.
04:08 Et c'est clair que l'intersyndical interprofessionnel n'est pas sur la grève reconductible et qu'ensuite il y a des déclinaisons par secteur d'activité qui font leur propre choix.
04:20 Il y a des discussions, bien entendu, entre les cheminots CFDT et la Confédération.
04:26 On savait que cette question se poserait de façon assez rapide dans certains secteurs d'activité.
04:32 Et donc il appartient au secteur professionnel de prendre leur décision.
04:37 Ils ont fait des consultations des militants et donc ils ont choisi de rejoindre effectivement la grève reconductible à la SNCF.
04:46 Ça appartient à ce secteur d'activité. Nous on reste très clair dans l'intersyndical.
04:51 Donc pour tous les champs professionnels, ce n'est pas nous qui déciderons d'un point de vue national ce type de mouvement.
05:00 Donc ça appartient à chaque secteur d'activité.
05:03 Jean-Marie Pernault, il y a un changement de ton du côté des syndicats.
05:06 Ils n'ont pas voulu bloquer pendant les vacances pour ne pas braquer l'opinion publique.
05:09 Cette fois, ils serrent la vis. Est-ce que le risque justement de retourner l'opinion contre eux, qui est plutôt favorable pour l'instant, existe ?
05:16 On ne sait pas de quoi l'avenir sera fait, mais à priori, ils sont bien calés dans l'opinion.
05:21 Je crois que le rejet de la réforme...
05:22 6 Français sur 10 favorables à une France à l'arrêt dans notre dernier sondage Elabe.
05:25 Voilà. Et en plus, si on prend ces chiffres-là sur la population active, qui est la plus concernée par les retraites,
05:30 le taux de rejet est encore bien supérieur.
05:32 Donc pour l'instant, ils sont assez calés dans leur stratégie.
05:35 Vous savez, dans ces grands mouvements, on en a déjà eu dans l'histoire, et même pas si longtemps que ça,
05:39 il y a une dynamique propre du mouvement. Il y a des respirations, il y a des temps.
05:42 Là, les syndicats, au début, ont fait 3-4 journées d'action, ils ont suspendu à cause des vacances.
05:47 Là, ça reprend avec le temps qui a été finalement donné au gouvernement pour éviter cette menace de la France à l'arrêt.
05:54 Donc je trouve qu'ils sont bien calés dans une stratégie qui est soutenue par tous.
05:59 Alors, il y a des approches différentes, évidemment, sinon il n'y aurait pas tant de syndicats,
06:04 mais pour l'instant, ils gèrent ça de façon assez responsable.
06:07 Enfin, c'est un jugement de valeur, mais ils ont l'air assez calés dans leur stratégie, ils sont soutenus,
06:12 le mot d'ordre est simple, il est rassembleur, ils offrent un cadre dans lequel
06:17 une grande partie de la population se retrouve, donc il me semble que c'est eux qui sont dans une situation assez assise pour l'instant.
06:26 Est-ce que vous voyez dans cette mobilisation qui dure quand même maintenant, depuis deux mois,
06:31 même si comme vous le dites, il y a eu des temps de pause, ça reprend la semaine prochaine,
06:35 est-ce que c'est une façon aussi pour les syndicats de garder la main sur la contestation pour qu'elle ne leur échappe pas ?
06:41 Ça, bon, c'est un problème. Oui, bien sûr, leur intérêt, c'est de continuer à encadrer le mouvement,
06:48 à le maîtriser, à pouvoir l'orienter à la réserve près qui vient d'être évoquée par Marie-Élise Léon.
06:54 C'est-à-dire que les confédérations, si vous voulez, ce n'est pas une armée en campagne, les syndicats.
06:58 Donc ils sont organisés par secteur, ils sont organisés par territoire, tout ça est très divers,
07:03 parce qu'il y a des configurations différentes, des possibilités d'actions différentes aussi.
07:08 L'accès à la grève, l'accès à la manifestation, tout ça est différent d'un secteur professionnel à l'autre,
07:14 voire d'un territoire à l'autre. Donc il faut faire avec tout ça.
07:17 Et je pense que leur rôle, c'est de donner un cadre et d'essayer de faire en sorte que tout le monde puisse apporter à ça.
07:23 C'est pour ça que ce mot d'ordre de France à l'arrêt peut paraître un peu vague, enfin plein d'ambiguïté,
07:27 mais il permet à chacun de définir ce qu'il apportera cette journée-là au conflit.
07:32 Et toute la question, bien sûr, sur la reconduction du mouvement de mardi.
07:36 On rappelle aussi que faire grève, ça coûte cher aux salariés, et ça peut être aussi un élément déterminant dans la suite du mouvement.
07:41 Merci à vous quatre d'avoir été avec nous ce matin dans cette minute pour comprendre ça.