Les syndicats ont appelé à "mettre la France à l'arrêt" ce mardi 7 mars pour protester contre la réforme des retraites. Une idée soutenue par 59% des Français, selon un sondage Elabe pour BFMTV. À la veille de cette journée de grève interprofessionnelle, certains secteurs, comme les routiers, sont déjà mobilisés.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 pour comprendre si l'importance des blocages contre la réforme des retraites peut faire plier le gouvernement.
00:05 Et on en parle avec Gaëtan Mellin, la chef du service Éco de BFMTV. Bonjour Gaëtan, merci d'être là.
00:14 Bernard Sananès, le président de l'institut Elabe, est là également avec une nouvelle livraison du sondage L'Opinion en direct.
00:20 Ce matin, on va en parler dans un instant. D'abord, on va rejoindre nos envoyés spéciaux sur les premiers piquets de grève.
00:25 Lionel Top, il y a certains secteurs qui sont mobilisés dès ce matin. C'est le cas des routiers, qu'on n'a pas beaucoup entendu
00:32 depuis le début de la mobilisation contre la réforme des retraites, et qui se mobilisent ce matin du côté de l'aéroport de Léquin, près de Lille.
00:39 Oui, ils prennent une journée d'avance sur l'appel à la mobilisation de demain. Barrage filtrant ici à Léquin, c'est l'entrée du CRT,
00:48 donc le Centre Régional de Transport. C'est l'une des plus grandes zones logistiques de France.
00:51 Et c'est aussi l'entrée, l'accès pour l'aéroport de Lille-Léquin. Barrage filtrant, les véhicules légers, les voitures peuvent passer
01:00 à ne pas avoir récupéré un tract. Mais les camions sont bloqués quelques instants. Les routiers qui, effectivement, ont été assez discrets
01:06 depuis le début du mouvement, mais aujourd'hui, ils nous l'assurent. Ils veulent se faire entendre, défendre notamment ce qu'ils appellent le CFA,
01:11 le congé de fin d'activité, sorte de pré-retraite, mise en danger selon eux par la réforme des retraites.
01:17 {Vous êtes à Carrosses, dans les Alpes-Maritimes. Les militants de la CGT, là, traquent pour, en fait, convaincre ceux qui ne le sont pas encore.}
01:25 {Ici, dans l'un des poumons économiques industriels des Alpes-Maritimes, environ 10 000 salariés. Ce matin, c'est tractage avec Céline.
01:34 Céline, l'objectif, c'est mobiliser les salariés du privé.}
01:39 {Tout à fait, c'est ça. Mobiliser un maximum de monde au niveau de cette zone industrielle de Carrosses, qui draine énormément de travailleuses et de travailleurs,
01:47 de différents champs interprofessionnels. Donc l'objectif est donc d'avoir une information qui soit donnée pour amener le plus de monde sur les manifestations
01:56 qui se dérouleront demain, 10h, à Nice et à Cannes.}
01:59 {Très bien. Merci, Céline. Donc, effectivement, ces militants, ils vont être toute la journée ici, dans cette zone industrielle. Et même à midi,
02:04 ils vont aller devant un restaurant d'entreprise pour aussi tracter et donc essayer de mobiliser le plus de salariés du privé pour la journée de mobilisation demain.}
02:12 On est à la veille de cette journée de mobilisation, Bernard Sananès, et c'est très intéressant de se pencher sur votre nouveau sondage Elabe pour BFMTV.
02:19 Les vacances n'ont pas fait changer d'avis les Français. La mobilisation contre la réforme des retraites, le soutien à la mobilisation, reste très élevé.
02:26 {Oui, j'allais dire que les syndicats marcheront demain avec le vent dans le dos. Le soutien de l'opinion ne se dément pas. Il est en léger recul.
02:33 Mais on voit bien que près de deux tiers des Français approuvent la mobilisation, dont 42 % le soutiennent. C'est un chiffre très important dans nos éléments de comparaison.
02:40 Ce qu'on note, c'est que les femmes restent en pointe de la contestation. C'est assez intéressant à noter. Et les actifs, ceux qui travaillent également.
02:46 Et d'ailleurs, on voit bien que le refus de la réforme transcende les classes sociales. Le niveau de rejet est quasiment le même chez les cadres et les professions intermédiaires
02:54 que dans les milieux populaires. Et ça, c'est assez rare dans un mouvement social pour être signalé.}
02:57 {Alors, des Français qui approuvent aussi la mise à l'arrêt du pays et la grève reconductible, là aussi, les chiffres sont très élevés.}
03:03 {Oui, ils sont très élevés. Un peu moins élevés que le soutien à la mobilisation ou que l'opposition à la réforme. 59 % sont pour l'idée du blocage du pays.
03:11 Mais en fait, ce qu'il faut comprendre, c'est que le blocage n'a pas encore commencé. Donc demain soir, c'est une nouvelle bataille de l'opinion qui va démarrer.
03:17 Les syndicats ont incontestablement gagné la première. Maintenant, ils vont devoir réussir à concilier le blocage pour essayer de faire céder, reculer le gouvernement
03:25 et les désagréments sur l'opinion. Par exemple, il y a un point qui est clé, c'est le point de l'essence, des carburants. On sait que ceux qui roulent le plus,
03:31 ce sont les milieux populaires, souvent les milieux populaires qui sont par ailleurs les plus favorables à la mobilisation.
03:37 Est-ce qu'à un moment, ils vont se désolidariser de la mobilisation parce qu'elle aura trop d'impact sur leur vie quotidienne ?}
03:42 {Et d'ailleurs, est-ce que le regard des Français sur cette réforme des retraites a évolué ? Est-ce qu'ils la trouvent toujours aussi injuste ?}
03:49 {Il évolue très légèrement. C'est un petit coin de ciel, je vais pas dire bleu, mais un peu moins noir pour le gouvernement. Moins de points sur le sentiment d'injustice,
03:56 un peu plus sur le sentiment que la réforme pourrait être efficace.}
04:00 {Ça reste 69 % quand même, c'est massif.}
04:01 {Ça reste très, très élevé, vous avez raison. Il n'y a pas beaucoup de mouvements dans l'opinion. Le gouvernement n'a pas réussi finalement à convaincre l'opinion
04:08 des concessions qu'il dit avoir effectuées. Et donc, on a un autre chiffre qui est assez intéressant. Un Français sur deux souhaite que la réforme soit modifiée en profondeur.
04:16 Ils ne sont prêts qu'à 1 sur 5 seulement à dire qu'elle doit être maintenue en l'état.}
04:20 {Bon, vous évoquez les carburants et donc les menaces de blocage des raffineries. Bernard Saint-Denis, la CGT Chimie, appelle à la grève reconductible dans les raffineries.
04:27 Et on a vu ici ou là des Français essayer de faire le plein ce week-end. D'ailleurs, certaines stations très sollicitées se sont retrouvées à sec.
04:36 Et c'était notamment le cas en Seine-et-Marne, près de Crécy-la-Chapelle, où vous trouvez Cédric Fech. Est-ce que c'est toujours le cas ce matin ou pas ?}
04:43 {Non, pas du tout. D'ailleurs, vous le voyez derrière moi, il n'y a pas une grosse affluence. Vous allez voir arriver des voitures. Mais tous les gens à qui je pose la question – c'est assez surprenant –
04:55 étaient sur la réserve. Ça veut dire qu'ils sont très raisonnables. En tout cas, ici, dans cette station de Couilly-Pont-au-Dame. Évidemment, il y en a certains qui étaient à la moitié du réservoir
05:03 et qui me disaient « Bon, d'habitude, je vais jusqu'à la réserve. Là, je vais quand même pas prendre le risque. Donc compte tenu de la semaine qui va être difficile, je fais le plein ».
05:11 Il y a un paramètre aussi qui est accessoire, qui n'a rien à voir avec cette pénurie de carburant, mais qui en dit long sur l'état des finances des Français.
05:18 Il y a beaucoup de gens, là, qui mettaient 40 € d'essence. Et je leur disais « Mais pourquoi vous faites pas le plein ? ». Ils disaient « Bah parce que faire le plein, ça coûte 80 € ».
05:26 Il faut savoir aussi que les gens qui sont ici à 50 km de Paris, souvent – ils habitent ici, mais ils travaillent en région parisienne – donc pour eux, un plein d'essence,
05:33 ça file très très vite lorsqu'on doit faire 50 à 100 km par jour.
05:39 Merci Cédric. Gaëtan Mélin, on est plutôt rassuré d'entendre ce que dit Cédric. Est-ce qu'il y a un vrai risque de pénurie dans les pompes à essence si jamais le mouvement dans les raffineries était reconductible ?
05:52 Alors il faut plus de 3 à 4 jours de grève, effectivement, pour qu'on voit les premiers signes dans les stations-services. Mais ça dépendra aussi beaucoup du comportement des automobilistes.
06:01 Est-ce qu'ils feront comme à l'automne dernier, c'est-à-dire prendre d'assaut les stations-services pour faire leur plein alors qu'ils n'en ont pas besoin ?
06:09 Je voudrais qu'on détaille les perturbations prévues dans les transports et par exemple à la SNCF. Est-ce que la mobilisation prévue à la SNCF sera la plus importante par rapport aux 5 premières journées de mobilisation contre la réforme des retraites ?
06:23 C'est tout à fait similaire à ce qui s'est passé le 19 janvier. Effectivement, on est sur les mêmes perturbations avec un TGV/5 en moyenne, un TER/5, un RER/3 et un sur 10 en Ile-de-France ainsi qu'une interruption presque totale du trafic intercity.
06:39 Sauf que là on est dans un schéma de grève potentiellement reconductible.
06:41 Exactement, puisque on le sait d'ores et déjà, tous les syndicats de la SNCF vont appeler à ce que ce mouvement soit reconduit mercredi. Ensuite, il y aura tout simplement des assemblées générales pour savoir si les adhérents souhaitent poursuivre ou pas le mouvement.
06:57 Mobilisation également forte dans les transports en commun et dans l'aérien ?
07:00 Oui, tout à fait, puisque la Direction Générale de l'Aviation Civile a demandé aux compagnies aériennes de réduire leurs programmes de vols mardi et mercredi.
07:08 Alors de 20% à Paris-Charles-de-Gaulle, de 30% à Paris-Orly, Beauvais, Bordeaux, Lille, Lyon, Nantes, Marseille, Montpellier, Nice, Toulouse.
07:17 Je voudrais qu'on revienne d'un mot sur cette notion de grève reconductible. Est-ce que dans l'histoire des mouvements sociaux récents, les grèves reconductibles ont fait reculer les gouvernements qui s'y trouvaient confrontés ?
07:27 Non, jamais. En fait, quand on regarde toutes les mobilisations, notamment contre les réformes des retraites, on voit bien que le gouvernement est allé jusqu'au bout.
07:36 Et même quand on regarde ce qui s'est passé en 1995, après trois semaines de grève, la réforme a été adoptée pour finalement être retirée ensuite.
07:46 Merci Gaëtan, merci Bernard Sananès d'être venu ce matin sur le plateau de première édition.