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Ousmane Ndiaye, journaliste, sur le ressentiment en Afrique contre la France : «Il y a une génération d'africains dont la conscience politique s'est construite dans une forme de contestation et d'opposition de la colonialité française»

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Transcription
00:00 - Très vite, parce que dans 40 secondes, il y a le journal,
00:02 mais je vous redonnerai la parole juste après.
00:04 - Ce qu'il dit, on ne peut pas dire qu'ils ne veulent plus de nous,
00:06 ils ne veulent plus d'une politique africaine de la France.
00:09 En fait, ce qui est rejeté, c'est une politique,
00:11 c'est une contestation politique.
00:13 C'est pourquoi moi, j'utilise jamais le mot "sentiment antifrançais",
00:16 "ressentiment antifrançais",
00:18 parce que ce qui est en cours, c'est plus grave que ça.
00:20 Je pense que dire que c'est un sentiment, c'est le minorer,
00:23 c'est ne pas le reconnaître.
00:24 Or, c'est une contestation même qui s'inscrit dans un récit sur eux
00:29 qui est plus long, qui est celui des mauvaises décolonisations.
00:33 On part sans rester, on fait des économies extraverties,
00:37 c'est-à-dire la plupart des économies africaines
00:38 ont gardé le schéma colonial, c'est-à-dire ils sont tournés vers la France.
00:43 On fait une agriculture, pas pour les Sénégalais,
00:45 mais pour nourrir la France.
00:46 Et tant qu'on ne sortira pas de ces extraversions,
00:50 de ces distorsions, de ces récits, de ces postulats de la colonialité,
00:54 de l'affrontement inévitable,
00:55 et là, on arrive au bout de la maturation
00:58 de cette contestation qui dure.
01:00 En 2003 déjà, Alpha Blondie, une des icônes du continent,
01:04 chantait "Armée française, allez-vous-en".
01:06 C'est-à-dire la contestation…
01:08 – C'est pas les dégâts, je m'en souviens pas.
01:09 – C'était "Armée française, allez-vous-en"
01:11 et tous les jeunes habitants partout chantaient ça.
01:15 Donc il y a une génération d'Africains qui arrive à maturation,
01:18 dont la conscience politique s'est construite dans une forme de contestation
01:22 et d'opposition de la colonialité française
01:25 qui s'exprime par des choses précises.
01:27 Tous ces jeunes-là, on l'a un peu oublié ici en France,
01:30 les lois sur les bienfaits de la colonisation sous Chirac,
01:33 le discours de Dakar, l'intervention militaire en Côte d'Ivoire
01:37 sur une question de politique interne.
01:40 C'est-à-dire, il y a une élection entre deux candidats du pays,
01:43 lundi il faut recompter.
01:45 – Alors c'était Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara.
01:48 – Il se trouve qu'Alassane Ouattara était un ami de Nicolas Sarkozy
01:51 et comme par hasard, les troupes françaises sont entrées au palais,
01:55 ont délogé Gbagbo et ont mis l'ami de Ouattara.
01:58 [Musique]
02:01 [SILENCE]

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