Grève : «Faisons entrer le mois de mars dans l'Histoire de France», souhaite François Ruffin

  • l’année dernière
ABONNEZ-VOUS pour plus de vidéos

Retrouvez "L'entretien" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-politique-de-8h20
LE DIRECT : http://www.europe1.fr/direct-video

Nos nouveautés : http://bit.ly/1pij4sV

Retrouvez-nous sur :
| Notre site : http://www.europe1.fr
| Facebook : https://www.facebook.com/Europe1
| Twitter : https://twitter.com/europe1
| Google + : https://plus.google.com/+Europe1/posts
| Pinterest : http://www.pinterest.com/europe1/

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Qu'est-ce que vous, vous attendez du 7 mars et de la suite ? Que voulez-vous qu'il advienne ?
00:04 C'est-à-dire que ça fait maintenant des mois qu'il y a 7 Français sur 10 qui disent non à cette réforme,
00:09 9 salariés sur 10, on a tous les syndicats unis qui disent non,
00:13 on a une, deux, trois manifestations avec un, deux, trois millions de personnes qui disent non à cette réforme.
00:18 Apparemment tout ça, le président Macron, Elisabeth Borne ne l'entendent pas, ne veulent pas l'entendre.
00:23 Donc qu'est-ce qu'il faut faire ? Malheureusement on en est là, parce qu'on aurait souhaité ne pas en arriver là.
00:27 Malheureusement on en est là. Qu'est-ce que Mme Borne va écouter ? Qu'est-ce que M. Macron va écouter ?
00:32 Je pense que si c'est le patron d'Amazon qui a un siège, un site à Bove près de chez moi,
00:37 si c'est le patron de Pogter et Gamble, si c'est le patron de Dynalob qui prennent leur téléphone
00:41 et qui disent écoutez M. Macron, il y en a marre, arrêtez vos bêtises, remettez la France au travail,
00:46 et qu'on produise ensemble, et bien je pense que M. Macron, malheureusement, aujourd'hui,
00:51 il n'est plus à même d'écouter Jeff Bezos, le patron d'Amazon, à qui il a remis la Légion d'honneur,
00:56 que d'écouter les Français qui travaillent. Et quelle est cette France aujourd'hui ?
00:59 - Eh bien justement, parce que vous serez aux côtés d'elle, François Ruffin, demain,
01:02 dans la Somme, dans les ronds-points comme vous le faites à chaque mobilisation.
01:05 Quelle est cette France justement que vous voyez ?
01:07 - Je sais qui sera là sur les ronds-points. Enfin je me souviens, le 19 janvier, il y avait une aide-soignante
01:13 qui manifestait pour la première fois en 33 ans et qui était sur le rond-point dès 4h du matin
01:17 pour distribuer des tracts, parce qu'elle se disait "bon sang, à 53 ans, moi je suis sous morphine
01:21 quand je vais au travail, parce que j'ai mal dans mon corps".
01:23 Et puis les ouvriers d'un lop, c'est pareil, qui se lèvent à 4h du matin,
01:28 qui inversent le jour et la nuit, pour qui c'est bien compliqué,
01:30 se demandent comment ils vont prendre deux années de plus.
01:32 Vous savez, moi je suis avec mon petit simulateur sur mon téléphone portable,
01:35 je croise une femme de ménage qui a 53 ans, qui a mal au dos, qui a des problèmes
01:40 d'un doigt qui a été sectionné par une porte et ainsi de suite.
01:43 Donc déjà, son corps il est un peu endolori, je prends mon simulateur,
01:47 et bien à la place de partir à 62 ans, ça sera 63 ans et 3 mois.
01:50 Donc c'est un an et 3 mois de douleur, en plus si jamais elle parvient à atteindre cet âge-là.
01:54 Je dis, moi, la France qui manifeste, c'est une France qui se lève tôt,
01:58 c'est une France qui va au boulot, c'est une France qui prend son auto,
02:00 et c'est une France qui a mal au dos.
02:02 Cette France-là, je pense qu'elle mérite le respect.
02:04 Et demain, pour moi, au-delà de la demande sur les retraites,
02:07 il y a les demandes sur les salaires aussi,
02:09 - C'était ma question, oui.
02:10 - Mais il y a une demande de fierté.
02:11 Vous savez, c'est une "work pride" aussi, c'est une marge de la fierté demain aussi.
02:16 Le président de la République est le président de ces Français-là.
02:18 - Qui méprise ? Il y a une forme de mépris, selon vous ?
02:21 C'est ce que vous dites, on ne tient pas compte de cette dignité, justement ?
02:25 On marche sur une forme de fierté à travailler, à s'affronter par le travail ?
02:28 - C'est évident, enfin, vous savez, ils ont la valeur "travail" dans les mots,
02:30 mais ils l'écrasent tous les jours dans les faits.
02:32 Qu'est-ce qui se passe ?
02:33 Dans le cœur de la crise Covid, le président de la République,
02:35 il promettait à cette deuxième ligne reconnaissance et rémunération.
02:39 Et il disait "les distinctions sociales ne peuvent reposer que sur l'utilité commune".
02:42 Donc il y avait des grandes promesses pour les agents d'entretien, les auxiliaires de vie,
02:45 les camionneurs, il y a eu 17 professions identifiées comme étant de la deuxième ligne,
02:49 5 millions de salariés dont on savait qu'ils étaient moins payés,
02:51 qu'ils étaient plus précaires, qu'ils avaient des horaires instables,
02:56 qu'il y avait tout ça qui n'allait pas, mais qu'ils avaient un grand sentiment d'utilité.
02:59 5 millions de travailleurs.
03:00 Mais qu'est-ce qui a été fait pour eux ? Rien.
03:01 Au contraire, il y a eu une première peine.
03:03 La première peine, c'est l'inflation.
03:04 L'inflation qui est devenue rogner leur petit salaire,
03:06 et on n'a pas décidé d'indexer leur salaire sur l'inflation.
03:09 Donc ça, c'est la première peine.
03:10 Avec là, on en parlera peut-être, mais 14% d'augmentation des produits de l'industrie agroalimentaire.
03:15 Et de l'autre côté, deuxième peine, c'est à eux les premiers,
03:19 qui ont souvent commencé à travailler tôt, qu'on rajoute les deux années boulot supplémentaires.
03:23 Eh bien, à la place d'avoir la reconnaissance et la rémunération,
03:25 il y a la double peine pour cette France-là.
03:27 Donc la valeur travail, c'est pas un truc qui se manipule dans les mots,
03:30 c'est de la reconnaissance, c'est de la rémunération,
03:33 et c'est pour moi, simplement, vous savez, je viens,
03:35 je porte quelque chose de bon sens et de décence, ce qui est très simple.
03:38 - De bon sens, vous employez le mot aussi ?
03:39 - Oui, moi je suis...
03:40 - Comme le présenterait plus, chacun son bon sens, François Ruffin.
03:42 - Lui, il a le bon sens du CAC 40.
03:43 Moi, j'ai le bon sens des gens que je vais croiser demain,
03:45 et que je croise tous les jours.
03:46 C'est quoi ? C'est les Français doivent vivre de leur travail.
03:49 Leur travail présent, c'est le salaire.
03:51 Leur travail passé, c'est la retraite.
03:52 - C'est très important ce que vous dites, avec cet attachement au travail.
03:55 Mais alors, si on met la France à genoux,
03:58 est-ce qu'on ne tire pas une balle, pardonnez-moi l'expression,
04:01 dans le pied de cette France-là, qui travaille, qui se lève tôt,
04:03 et qui a mal au dos ?
04:04 - D'abord, moi, mon objectif, c'est de remettre la France debout.
04:07 Et elle n'est pas debout sur plein de secteurs.
04:09 Quand on a, dans l'école, des enseignants qui sont recrutés en job dating,
04:12 quand on a un hôpital qui est en lambeaux,
04:13 quand on a des trains qui n'arrivent pas à l'heure,
04:15 quand on a des centrales nucléaires où on manque de soudeurs pour les réparer,
04:18 on voit très bien qu'on a aujourd'hui une France qui a besoin d'être remise debout.
04:21 Et justement, qu'est-ce que c'était que la priorité du Président de la République ?
04:25 Qu'est-ce que devait être sa grande ambition réformatrice ?
04:27 Ça devait être sur tout ça.
04:29 Ça devait pas être sur aller rajouter deux années de plus aux Français.
04:31 Et donc là, quand même, pour remettre les gens face à leurs responsabilités,
04:35 le gouvernement, il a eu des tas d'avertissements.
04:37 Il a eu des avertissements avec des manifestations récurrentes,
04:40 avec des syndicats qui, tous unis, lui ont dit non.
04:42 Ça fait des mois et des mois que c'est clair.
04:44 Donc tout le monde regrette qu'on doive en arriver là,
04:47 mais maintenant, oui, il faut mettre la France à l'arrêt.
04:49 - Et le gouvernement vous oppose, François Ruffin,
04:51 la légitimité démocratique, évidemment, d'un Président,
04:54 et même la légitimité parlementaire.
04:56 Si la réforme est adoptée demain au Parlement,
04:58 qu'est-ce qui va se passer ?
04:59 Ce sera terminé ou alors le match ne sera pas plié ?
05:01 - Vous savez, je dis que dans un temps où la France a été blessée par la crise Covid,
05:07 derrière par la guerre en Ukraine,
05:09 les factures d'énergie qui bondissent dans tous les sens,
05:11 mais je veux dire aussi l'état démocratique du pays.
05:15 On a un Président qui a été réélu
05:17 en traînant un peu la patte, quoi.
05:21 Ça a été dur pour lui.
05:22 Sans élan, sans panache.
05:24 Derrière, on a une majorité de dracos à l'Assemblée nationale,
05:27 très très très relative,
05:29 dans un coin comme le mien, la Somme,
05:30 c'est par hasard si ça se bouge.
05:32 Il a réussi à faire réélire qu'une députée sur cinq,
05:35 sur cinq circonscriptions, il n'a qu'une députée.
05:38 Et c'est sur cette base sociale extrêmement réduite
05:40 qu'il aspire à venir passer une réforme
05:43 contre le corps social, contre les deux tiers du corps social.

Recommandations