Olivier Dussopt, ministre du Travail, du Plein emploi et de l'Insertion, était l'invité du "8h30 franceinfo", lundi 6 mars 2023. Mobilisation contre la réforme des retraites, pension minimale, surcote pour les mères... Il répond aux questions de Salhia Brakhlia et Marc Fauvelle.
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00:00 -Bonjour Olivier Dussopt. -Bonjour.
00:02 -Les syndicats veulent, selon l'expression qu'ils ont consacrée,
00:05 mettre la France à l'arrêt à partir de demain contre votre réforme.
00:08 La CGT chimie promet même de mettre l'économie française à genoux.
00:11 Vous êtes dans quel état d'esprit ?
00:13 -Nous avons toujours dit que dans un pays comme le nôtre,
00:15 dans une démocratie comme la nôtre,
00:17 les oppositions, les désaccords peuvent s'exprimer
00:19 et que la mobilisation sociale est légitime,
00:22 quoi qu'on en pense.
00:23 -Mais elle changera quoi, celle de demain ?
00:24 -Nous ne sommes pas favorables, bien évidemment, au blocage.
00:26 Nous l'avons dit, répété.
00:28 Il y a un certain nombre d'expressions,
00:30 "mettre l'économie à genoux", par exemple,
00:31 qui ne sont pas entendables.
00:33 Mettre l'économie à genoux, c'est mettre les travailleurs à genoux,
00:36 mettre ceux qui ont besoin d'un emploi à genoux,
00:38 mettre ceux qui rencontrent des difficultés
00:40 dans des difficultés encore plus grandes.
00:42 Je suis convaincu, nous sommes tous convaincus,
00:44 au gouvernement, dans la majorité,
00:46 que l'expression d'un désaccord, c'est légitime,
00:48 mais ça ne doit pas entraîner un blocage du pays
00:50 qui serait dangereux pour notre économie.
00:52 -Elles changeront quoi, les manifestations de demain,
00:55 à cette réforme ?
00:56 -Ca ne change pas le caractère nécessaire de la réforme,
00:58 ni notre volonté de l'améliorer.
01:00 Après, nous devons aussi respecter,
01:01 parce qu'il y a une expression, une mobilisation
01:04 dont certains nous disent qu'elle peut être importante.
01:06 Je ne fais pas la météo du dialogue social.
01:09 -C'est ce qu'a dit votre collègue des transports,
01:11 qui a dit que ça serait l'une des plus suivies.
01:13 -Je pense que le rôle d'un gouvernement
01:15 est à la fois d'anticiper et de conseiller,
01:18 comme Clément Bonne l'a fait, à ceux qui le peuvent,
01:20 d'être en télétravail, et il ne faut pas crier avant d'avoir mal.
01:23 -Olivier Dussot, vous êtes en contact
01:25 avec les leaders syndicalistes,
01:27 à Laurent Berger, à Philippe Martinez,
01:29 ou alors le dialogue est rompu ?
01:31 -C'est une période d'opposition,
01:32 donc il y a moins de dialogue traditionnellement,
01:35 il n'y a pas de réunion de travail sur les retraites,
01:38 puisque les positions sont posées, sont connues.
01:40 Par ailleurs, avec tout le respect qu'on doit avoir
01:43 pour le mouvement social, pour les partenaires sociaux,
01:46 il y a eu 4 mois de concertation,
01:47 pendant lesquelles nous avons beaucoup échangé,
01:50 avec des désaccords qui ont subsisté,
01:52 des points de convergence qui ont pu apparaître.
01:54 Aujourd'hui, nous sommes dans un temps parlementaire.
01:57 L'article 1 sur l'extinction des régimes spéciaux a voté hier soir.
02:00 L'article 2 sur la création d'un index senior.
02:03 -Juste un mot sur votre réaction
02:05 par rapport à ce que propose le député éléphi Louis Boyard.
02:08 Il a lancé sur les réseaux sociaux le hashtag #BlocusChallenge.
02:11 Les étudiants et les lycéens sont appelés à prendre,
02:14 je cite, "la plus belle photo de leur blocus".
02:16 À la suite d'un tirage au sort,
02:18 ils auront le droit de visiter l'Assemblée nationale.
02:20 -C'est consternant, et je ne suis pas là
02:23 pour commenter l'agit propre de certains.
02:25 C'est un mandat d'un parlementaire et de l'Assemblée nationale.
02:28 -Vous avez dit hier que cette réforme des retraites
02:31 était une réforme de gauche.
02:33 Ce serait quoi, une réforme de droite ?
02:35 -C'est une réforme nécessaire, mais pourquoi j'ai dit ça ?
02:38 -Ce serait quoi, une réforme de droite ?
02:40 -Sans les mesures d'accompagnement.
02:42 -Ce serait uniquement les 64 ans,
02:44 sans les mesures sur la carrière longue et la pénibilité.
02:48 -Pourtant, une partie des mesures que vous avez concédées
02:51 viennent des discussions avec la droite.
02:53 -C'est une réforme de gauche.
02:55 -C'est le texte initial qui prévoit d'améliorer
02:57 les carrières longues, la pénibilité, l'index senior.
03:00 -Ca a beaucoup bougé à l'Assemblée.
03:03 -Pourquoi j'ai dit ça ?
03:04 La dernière réforme des retraites qui est intervenue dans notre pays,
03:08 c'est fin 2013, quinquennat de François Hollande.
03:10 C'est l'allongement de la durée de cotisation.
03:13 La France n'est pas une île.
03:15 Quand on regarde autour de nous tous les pays européens,
03:18 qu'ils soient libéraux ou sociaux-démocrates,
03:21 en Espagne, la perspective, c'est 67 ans.
03:23 Ils sont passés à 66 ans.
03:24 Ils ont une ministre du Travail
03:26 qui est communiste.
03:27 -La gauche, si elle revenait au pouvoir,
03:29 elle garderait votre réforme ?
03:31 -Au cours des 20 dernières années, il y a eu 5 réformes.
03:34 4 par la droite, 1 par la gauche.
03:36 Aucune des nouvelles majorités n'a remis en cause
03:39 aucune des réformes.
03:40 La réforme que nous menons, un gouvernement socio-démocrate
03:44 l'amènerait à condition de sauver le système par répartition.
03:47 -Elle est de gauche par les compensations
03:50 mais la balance penche quand même du côté...
03:52 -C'est peut-être pour ça qu'elle est bien construite.
03:55 Elle est nécessaire, juste et équilibrée.
03:57 -Ils vont bien le prendre, vos interlocuteurs de droite,
04:01 avec qui vous négociez la réforme.
04:03 -On peut partager l'esprit de responsabilité,
04:05 on peut partager même des convictions
04:08 ou des nécessités sur des réformes
04:10 qui sont dans l'imaginaire collectif
04:12 et qui nous rassemblent, notamment avec la majorité sénatoriale.
04:15 Ce n'est pas toute la réforme.
04:17 -On est d'accord, nous avons des points de divergence.
04:20 Mais ce qui nous rassemble, c'est la nécessité d'une réforme
04:24 pour équilibrer le système.
04:25 -Sur l'importance du vocabulaire, vous ne cessez de marteler,
04:29 il n'y aura pas de perdants dans cette réforme,
04:32 mais si, les personnes qui auraient pu profiter d'une surcote
04:35 en choisissant de travailler plus longtemps,
04:38 ces personnes-là vont bien perdre leur surcote
04:40 puisque vous leur demandez de travailler plus.
04:43 Pourquoi vous ne le dites pas ?
04:45 -Il n'y aura pas de perdants,
04:47 car dès lors qu'on sauve le système par répartition,
04:50 tout le monde est gagnant.
04:51 -Sur le cas que je viens d'évoquer.
04:54 -J'ai entendu cet argument dans la bouche de parlementaires de gauche.
04:58 Ils nous expliquent qu'il ne faut pas travailler plus longtemps,
05:01 qu'il ne faut pas reculer l'âge,
05:03 mais qu'il faut encourager les gens à travailler après l'âge.
05:07 Et la surcote telle qu'elle existe aujourd'hui.
05:10 Il faut rappeler dans quelles conditions elle est accessible.
05:14 Vous n'êtes pas surcoté parce que vous travaillez au-delà de l'âge légal.
05:17 Vous êtes surcoté à deux conditions.
05:20 Avoir passé l'âge légal et avoir 168 trimestres.
05:22 Ce qui, avec la réforme de 2013, est de plus en plus compliqué.
05:26 La preuve, c'est que les travailleurs français
05:28 ne prennent pas leur retraite à 62 ans.
05:31 -Sur la pension à 1 200 euros, Olivier Dussopt.
05:33 On nous disait d'abord que ça allait être une pension minimale
05:37 qui allait concerner 2 millions de personnes.
05:40 Quand des journalistes ont fait remarquer
05:42 que vous avez parlé de 40 000 bénéficiaires supplémentaires
05:46 chaque année, et que vous avez admis, à l'Assemblée,
05:49 sous la pression des députés socialistes,
05:51 que ce serait entre 10 et 20 000...
05:53 -Pardonnez-moi. -Je termine juste après.
05:55 Entre 10 et 20 000 chaque année. Ca ne bougera plus ?
05:58 -Il faut accepter un moment que les choses soient complexes.
06:02 On ne peut pas passer du temps, et ça m'arrive souvent,
06:05 à dire qu'une réforme est compliquée et à refuser de la faire.
06:08 Quel est l'engagement du président ?
06:10 C'est de dire que pour un assuré qui travaille une carrière complète,
06:14 42 ans aujourd'hui, 43 ans demain,
06:16 il faut payer toute sa vie au SMIC,
06:18 garantir une retraite à 85 % du SMIC,
06:20 c'est-à-dire 1 200 euros, à la fin 2023.
06:22 Petite précision, ça sera indexé.
06:25 Quand le SMIC sera plus important, ça va monter.
06:27 On le balaye, mais personne ne l'a jamais fait.
06:30 -Sous les nouveaux bénéficiaires, c'est passé de 40 000
06:33 à 10 000 dans votre bouche. -Je maintiens les chiffres.
06:36 Si vous me donnez l'occasion, je vous dis ce qu'il en est.
06:40 -Allez-y. -Première chose...
06:41 -Je vous propose, comme je sens que ça va être un peu long
06:44 et que je suis le maître des horloges,
06:47 c'est qu'on prend une minute, le temps du Fil info.
06:49 -Vous nous direz comment ça peut être.
06:52 -Il y a 2 millions de bénéficiaires cette année,
06:54 et d'expliquer pourquoi il y a des différences.
06:57 -Maurine Suynard pour le Fil info.
06:59 -On est partis pour durer, affirme sur France Info
07:02 Laurent Brun, le secrétaire général de la fédération CGT des cheminots.
07:06 C'est dès ce soir que la grève reconductée
07:09 débute à la SNCF.
07:11 Seulement un TGV et TER en circulation
07:14 et pas d'intercités.
07:15 Le désaccord avec cette réforme des retraites est légitime,
07:19 mais pas le blocage du pays, répond ce matin sur France Info
07:22 le ministre du Travail.
07:23 Le riz est l'un des produits qui a le plus augmenté en un an,
07:27 25 % pour les marques distributeurs.
07:29 Résultat de notre étude sur le long cours
07:31 avec le cabinet Nielsen IQ,
07:33 le panier France Info suit l'évolution de tarifs
07:36 d'une quarantaine de produits,
07:37 plus 17 % de hausses enregistrées sur un an.
07:40 La colère qui éclate de nouveau en Grèce,
07:43 au moins 12 000 personnes à Athènes
07:45 après la collision entre deux trains
07:47 qui a fait 57 morts.
07:48 Les manifestants mettent en cause le gouvernement,
07:51 responsable de ne pas avoir entretenu
07:54 suffisamment le réseau ferroviaire.
07:56 Les obsèques de Juste Fontaine,
07:58 les jambes du football,
07:59 se tiennent à 14h à Toulouse.
08:01 Le joueur est mort cette semaine, la semaine dernière, à 89 ans.
08:05 ...
08:07 -France Info.
08:08 -Le 8/30 France Info,
08:11 Saliha Braklia, Marc Fauvel.
08:13 -Avec le ministre du Travail, Olivier Dussopt,
08:16 on parlait du cafouillage autour des chiffres
08:18 sur la pension à 1 200 euros.
08:20 Pourquoi on a eu l'impression, pendant plusieurs semaines,
08:23 que vous avez cherché à gonfler les chiffres ?
08:25 -Il n'y a ni mensonge ni gonflette.
08:27 Le président de la République, il y a un instant, a dit...
08:31 Un travailleur qui fait toute sa carrière,
08:33 il a 3 ans de main, avec le SMIC comme rémunération,
08:36 doit avoir 85 % du SMIC comme retraite.
08:38 On va l'indexer pour que ça tienne dans le temps.
08:41 Qu'est-ce que ça traduit ?
08:42 Ca traduit deux choses.
08:44 D'abord, on l'applique aux retraités actuels.
08:46 Il y a 17 millions de retraités.
08:48 Grâce à cette garantie minimale,
08:50 1 800 000 vont avoir une revalorisation
08:52 au mois de septembre.
08:54 -De combien ? -Et sur ce 1 800 000,
08:56 la moitié aura une revalorisation entre 70 et 100 euros par mois.
09:00 -Donc 900 000 retraités actuels
09:02 qui vont toucher entre 70 et 100 euros par mois.
09:04 -C'est toujours brut.
09:06 Il n'y a que la CSG qui s'applique sur les retraites.
09:09 Ca dépend du nombre de trimestres qu'ils ont cotisé.
09:12 Ca rend difficile de faire des prévisions à l'unité près.
09:15 -Sur les futurs retraités ?
09:17 -Sur les futurs retraités,
09:18 nous avons 800 000 personnes qui partent à la retraite chaque année.
09:22 Grâce à cette réforme,
09:23 200 000 parmi eux, 1 sur 4,
09:25 vont avoir une pension plus importante
09:28 que sans la réforme,
09:29 avec une augmentation par rapport à l'absence de réforme,
09:32 qui va aller, en fonction du nombre de trimestres cotisés,
09:36 de 25 à 100 euros par mois.
09:37 40 000,
09:38 40 000 en 2032, pardon pour la précision,
09:41 entre 2032 et 2034, pour être précis,
09:44 auront 100 euros de revalorisation.
09:46 -Dans 10 ans. -Oui.
09:47 Quand on donne le sentiment que les chiffres sont compliqués,
09:51 c'est parce qu'une partie des gens qui vont dès 2023-2024
09:54 passer le cap des 1 200 euros
09:56 passeront le cap grâce à la réforme,
09:58 et une autre partie le passera grâce à l'indexation.
10:01 Tout ça est immensement complexe. -Ce ne sont pas les chiffres
10:04 qui sont compliqués, c'est le discours du gouvernement.
10:08 On nous a parlé de pension minimale à 1 200 euros
10:10 pour les retraités actuels et pour les nouveaux.
10:13 Là, avec la réforme, moins de 1,5 % des retraités actuels
10:17 verront leur pension franchir le seuil des 1 200 euros bruts.
10:20 Vous avez menti pendant plusieurs semaines ?
10:23 -Jamais. Nous avons toujours dit
10:25 que la pension à 1 200 euros était pour une carrière
10:28 à temps plein, pour une raison de bon sens.
10:30 -Ca représente 250 000 retraités sur les 17 millions.
10:33 -Et sur les 17 millions, 1 800 000 vont avoir une revalorisation.
10:37 Il y a quelque chose qui me sidère,
10:39 et c'est une forme de reproche que je fais
10:42 aux députés et aux sénateurs de gauche,
10:44 qui nous disent que tout ça n'a pas d'importance.
10:47 On parle de retraités qui ont des retraites à 750, 800, 900,
10:50 1 000 euros par mois. Allez leur expliquer
10:53 qu'une augmentation de 70 ou 80 euros par mois, c'est rien.
10:56 Personne ne l'a jamais dit.
10:58 Mais qu'ils aillent expliquer à des retraités
11:00 qu'il soit 900 euros par mois, que 70 ou 80 euros par mois,
11:03 ce n'est rien. Ce que je répète,
11:05 c'est que grâce à cette réforme, et en fonction
11:08 du nombre de trimestres cotisés, de la carrière de chacun,
11:11 le calcul des retraites est difficile.
11:13 1 800 000 retraités actuels vont avoir une revalorisation,
11:17 et que chaque année, sur les 800 000 départs à la retraite,
11:20 200 000 auront une meilleure retraite que sans la réforme.
11:23 -Sur les femmes, à présent,
11:25 le Sénat à majorité de droite veut améliorer votre réforme
11:28 sur, non pas les femmes, mais sur la question des mères de famille,
11:32 pour qu'elles puissent partir à la retraite à partir de 63 ans,
11:35 si elles ont l'ensemble de leur trimestre,
11:38 ou alors que celles qui vont au-delà de 63
11:40 puissent avoir une surcote.
11:42 -La majorité au Sénat n'a pas déposé l'amendement
11:45 qui consiste à autoriser un départ anticipé.
11:47 Et ce que nous demande aujourd'hui la majorité sénatoriale,
11:51 et notamment le groupe républicain,
11:53 c'est de dire que si un assuré,
11:55 en l'occurrence une femme,
11:56 à 63 ans,
11:57 à la totalité de sa carrière,
11:59 c'est-à-dire 42 ans aujourd'hui, 43 ans demain,
12:02 168 trimestres aujourd'hui, 172 demain,
12:04 à partir de 63 ans,
12:05 que la dernière année de travail a effectué,
12:08 et, pardon, j'ajoute une précision,
12:10 à condition que dans ces trimestres,
12:12 il y ait des trimestres de majoration pour droits familiaux,
12:16 de maternité, d'éducation,
12:17 la majorité sénatoriale nous dit
12:19 que si un assuré, une mère de famille,
12:21 a tous ces trimestres à 63 ans,
12:23 il faut que les 4 trimestres pour aller à 64 ans
12:26 fassent l'objet d'une surcote.
12:28 - Elle peut partir à 63 ou pas ? - Non.
12:30 - Ça a changé, la proposition. - La majorité sénatoriale...
12:33 - Avant, c'était au choix.
12:35 Soit elle s'en va à 63, soit elle poursuit à 64.
12:37 - C'est tout l'intérêt du débat.
12:39 - Donc il n'y aura plus de possibilité de partir dès 63 ans.
12:43 - La majorité sénatoriale a déposé un amendement
12:45 pour permettre aux assurés, aux femmes,
12:48 aux mères de famille, de bénéficier d'une surcote
12:51 si elles ont tous leurs trimestres,
12:53 de partir à 63 ans.
12:54 - Vous y êtes favorable ?
12:55 - Le gouvernement le regarde avec intérêt,
12:58 avec un regard très positif.
12:59 - Vous nous confirmez.
13:01 J'essaie d'être précis.
13:02 C'est la proposition qui a été faite dans la presse
13:05 par Bruno Retailleau, le chef de file des sénateurs LR,
13:08 63 ans pour les mères de famille.
13:10 - Je ne suis ni le porte-parole ni l'avocat de Bruno Retailleau,
13:14 mais j'avais lu la presse,
13:15 et il avait dit qu'il y avait 2 options.
13:17 - Il n'y en a plus qu'une.
13:19 - Nous travaillons sur la surcote.
13:21 - Ça permet d'avoir une pension revalorisée de 5 %.
13:24 Pourquoi c'est intéressant ?
13:26 Parce que ces trimestres de maternité,
13:28 4 dans le régime général, 2 dans le régime de la fonction publique,
13:32 ça fait partie des chantiers qu'il faudra regarder.
13:35 Pour une femme qui a une carrière hachée,
13:37 qui arrive à l'âge légal, aujourd'hui 62 ans, demain 64,
13:40 et qui n'a pas travaillé toute sa vie,
13:42 parce que les femmes sont plus exposées que les hommes,
13:46 ça fait partie des inégalités professionnelles.
13:49 Il faut des trimestres validés qui viennent compter dans leur carrière
13:52 et qui leur évitent la décote.
13:54 Et puis, nous avons de plus en plus de femmes,
13:57 mères de famille, qui arrivent à l'âge légal
14:00 en ayant cotisé toute leur vie,
14:02 parce qu'aujourd'hui, dans beaucoup de cas,
14:04 la maternité n'est pas incompatible avec la carrière,
14:07 et qui donc ont des trimestres majorés
14:10 qui leur sont moins utiles.
14:11 Moins utiles parce qu'on relève l'âge,
14:14 parce que la durée de cotisation a progressé.
14:17 Ce que je crois que la majorité du Sénat partage,
14:19 c'est de dire, "M'attendez,
14:21 "si ces femmes ont une carrière complète,
14:24 "malgré la maternité,
14:25 "ça signifie que la bonification, ce n'est pas du temps qu'il faut,
14:29 "c'est de l'argent."
14:30 Pourquoi ? Parce que même quand la maternité
14:33 n'empêche pas de cotiser, ça peut être un frein
14:36 à l'évolution professionnelle.
14:38 -En acceptant le principe d'une surcote,
14:40 vous reconnaissez que votre réforme est injuste ?
14:43 -Non, je reconnais que cette réforme peut être améliorée.
14:47 -C'est la même chose. -Le choix des mots.
14:49 -Si il faut augmenter les pensions des mères de famille,
14:52 c'est qu'elles n'étaient pas élevées.
14:54 -Quand vous parlez des pensions des mères de famille,
14:57 là où je vous rejoins, c'est que notre système de retraite
15:01 n'est pas anti-femme, mais il calcule des pensions
15:04 qui tiennent compte des inégalités,
15:06 et les femmes sont victimes d'inégalités professionnelles.
15:09 A l'avant-veille du 8 mars, c'est une occasion de le rappeler.
15:13 Nous allons continuer comme ça, avec un point d'attention,
15:16 et c'est un des débats que nous aurons toute la semaine.
15:19 Une mesure comme celle-ci, par définition,
15:22 ça coûte de l'argent.
15:23 Nous avons un intérêt pour l'équilibre financier du système.
15:27 -Ce qui n'est plus le cas dans la version
15:29 de la SNR. Le régime ne serait plus à l'équilibre.
15:32 -Il faut qu'on trouve l'engagement qui est le nôtre.
15:35 C'est d'améliorer le système, mais de l'équilibrer
15:38 pour qu'il soit viable. Il faut qu'on fasse des choix
15:41 et qu'on trouve des ressources. -D'ailleurs, Olivier Dussopt,
15:44 vous avez dit que la réforme dans le pays provoque
15:47 ces divisions, ces mobilisations de main qui risquent de continuer.
15:51 Quand vous voyez que la réforme, telle qu'elle est sortie
15:54 de l'Assemblée nationale et qu'elle va être sans doute adoptée
15:58 au Sénat, que le système de retraite va rester déficitaire,
16:01 contrairement à ce que vous avez prévu,
16:03 est-ce que vous dites qu'elle vaut la peine ?
16:06 -Deux points de précision.
16:08 Nous allons faire en sorte que cette réforme soit équilibrée.
16:11 -Elle avait pour but de créer un excédent de 4 milliards.
16:14 Aujourd'hui, vous savez que ce ne sera pas le cas.
16:17 -Je vous corrige. -Oui ?
16:19 -Rappelez-vous de ce que nous avons dit
16:21 avec la Première ministre le 10 janvier.
16:23 Notre objectif, c'est que le système soit équilibré en 2030.
16:27 -On restera en déficit après cette réforme ?
16:29 -Je le répète. Notre objectif est que le système
16:32 soit équilibré en 2030 et qu'il le soit durablement.
16:35 Nous allons veiller, et nous y veillons à deux,
16:38 si je puis dire. Moi, comme ministre en charge
16:41 des Affaires natales, comme ministre des Légaux,
16:43 qui m'accompagne sur ces aspects, à ce que l'équilibre soit
16:47 bien au rendez-vous. J'ajoute un deuxième point.
16:50 -On restera en déficit avec toutes les mesures compensatoires ?
16:53 -Je viens de vous dire que nous ferons en sorte
16:56 qu'en 2030, le système soit équilibré et durablement.
16:59 J'ajoute un deuxième point, puisque vous avez une attention
17:02 pour les quelques mesures et les virgules du système.
17:05 -C'est des grosses virgules. 600 millions d'euros
17:08 pour les mesures sur les femmes. -Oui, même un peu plus.
17:11 C'est 300 ou 350 millions d'euros.
17:13 Mais... -Pour le déficit.
17:15 -Dans les prévisions du corps, aujourd'hui,
17:18 si on ne fait rien en 2030, c'est 13,5 milliards.
17:21 Le fait de passer de 13,5 à 300 millions d'euros,
17:23 c'est un grand pas de fait.
17:25 Ce n'est pas le dernier pas.
17:27 Il faut faire en sorte que cette réforme soit bien équilibrée.
17:30 -Olivier Dussopt, ministre du Travail,
17:32 a 8h50 avec Maureen Suignard.
17:35 -Le patron de la CFDT, Laurent Bergeron,
17:38 dit ce matin espérer une mobilisation plus forte
17:41 que le 31 janvier dernier.
17:42 Les syndicats veulent mettre la France à l'arrêt
17:45 contre la réforme des retraites.
17:47 Peu de trains en circulation,
17:49 grève aussi à l'Education nationale demain.
17:51 Deux campus de Lyon 2 sont aussi bloqués depuis ce matin.
17:55 Le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran,
17:57 affirme que l'exécutif continue d'être dans le dialogue
18:00 avec les syndicats.
18:02 Pendant ce temps, les sénateurs poursuivent l'examen du texte.
18:05 Ils votent pour la création d'un index senior dans les entreprises,
18:10 mais seulement pour celle de plus de 300 salariés.
18:13 Une nouvelle réunion pour tenter d'anticiper les risques
18:16 liés à la sécheresse.
18:17 Réunion entre le ministre de la Transition écologique
18:21 et les préfets, alors que ces dernières semaines
18:23 ont été particulièrement sèches.
18:25 Le joueur de tennis serbe Novak Djokovic
18:28 ne participera pas au Masters Mill d'Indian Wells,
18:31 qui débute mercredi en Californie.
18:33 Le numéro 1 mondial n'est pas autorisé à rentrer aux Etats-Unis
18:36 puisqu'il n'est pas vacciné contre le Covid.
18:39 Il a dû déclarer forfait.
18:40 ...
18:42 -France Info.
18:43 -Le 8/30 France Info,
18:45 Saliha Brakia, Marc Chauvel.
18:47 -Avec Olivier Dussopt, le ministre du Travail.
18:50 Un Français sur deux arrivant à la retraite et sans activité.
18:53 L'Unedi vient de publier une étude qui démontre que repousser
18:57 l'âge de départ est susceptible de se traduire
18:59 par un plus grand nombre de chômeurs seniors sans activité.
19:03 -Je viens de dire la même chose, mais un plus grand nombre de seniors.
19:06 La réforme a conduit à 100 000 chômeurs supplémentaires.
19:10 Combien de chômeurs ?
19:11 -Beaucoup moins pour deux raisons.
19:13 La précédente réforme augmentait l'âge de départ de 5 mois par an,
19:16 et non pas 3, donc beaucoup plus progressive.
19:19 -Ce sont des chiffres calculés sur 10 ans.
19:21 -Justement. En s'appuyant sur la réforme de 2010.
19:24 La réforme que nous menons n'est pas la même.
19:27 Dans la réforme que nous menons, l'âge de départ anticipé
19:30 pour les travailleurs en situation de handicap,
19:33 d'invalidité, reste le même qu'avant la réforme.
19:35 En maintenant ces âges de départ anticipés
19:38 pour ceux qui ont plus de difficultés,
19:40 on évite les effets de déport sur d'autres branches.
19:43 -Combien y aura-t-il de chômeurs supplémentaires
19:46 si l'âge passe à 64 ?
19:47 -Personne ne peut le dire.
19:49 Nous sommes dans une période de création d'emplois
19:51 et avec un taux de chômage qui baisse.
19:54 Notre objectif est de continuer cette tendance.
19:56 -Vos relations avec Elisabeth Bande sont mauvaises.
19:59 -Elle nous fait rire.
20:01 -Je cite une phrase d'E.Borne dans "Un portrait du monde"
20:04 qui vous a été consacrée il y a quelques jours.
20:06 "La Première ministre est tout rouge et qui fait la gueule."
20:10 -Ca nous fait rire elle et moi.
20:11 -C'est elle qui a dit ça ? -Je ne sais pas.
20:14 -Vous êtes tout rouge et qui fait la gueule ?
20:16 -Je peux avoir mauvais caractère, mais je suis rarement tout rouge.
20:20 Plus sérieusement, la Première ministre et moi-même
20:23 travaillons sur cette réforme depuis des mois.
20:25 Nous avons les mêmes objectifs, l'équilibre du système
20:28 et la protection des plus fragiles.
20:31 Nous nous appelons entre 5 et 10 fois par jour.
20:33 Elle et moi préférons rire tout cela.
20:35 -Vous ne serez pas le fusible de la réforme.
20:38 -Vous jouez votre place ? -Les places au gouvernement,
20:41 ça dépend du président de la République.
20:43 La seule chose qui m'importe, c'est que la réforme réussisse.
20:46 -C'est un point qui a affaché la Première ministre
20:49 quand vous avez dit, il y a quelques semaines,
20:52 que votre seul chef, c'était Emmanuel Macron.
20:55 Je prends mes ordres à l'Elysée. -C'est notre cas à tous.
20:58 Tout ce qui est dit sur notre relation,
21:00 notre prétendue relation, ça nous fait rire.
21:02 -Vous avez salué l'attitude de Marine Le Pen
21:05 pendant les débats à l'Assemblée nationale
21:08 en disant qu'elle avait été plus républicaine que d'autres.
21:11 -Elle et moi n'avons rien en commun.
21:13 Je n'ai rien en commun avec le Front national.
21:16 Mais la situation que vous faites concerne un moment précis.
21:19 Un député de la France insoumise m'a qualifié d'assassin.
21:22 Ca m'a fâché, mais ça a créé de l'émoi dans tous les groupes.
21:26 Je ne sais pas comment dire leur sentiment sur cette insulte.
21:29 En ce moment-là, ce qu'elle a dit était plus respectueux
21:32 de l'institution que bien d'autres.
21:34 C'est ce que j'ai dit.
21:35 Si vous revenez à cet après-midi de séance
21:38 au cours de laquelle j'ai été traité d'assassin,
21:41 la réaction de Marine Le Pen a été à la hauteur.
21:43 Est-ce que ça veut dire que je partage quoi ?
21:46 -Sauf qu'Olivier Dussopt, vous êtes un député,
21:49 vous avez été député de longue date,
21:51 vous êtes un professionnel de la politique.
21:53 En utilisant le terme "républicaine" pour Marine Le Pen,
21:56 c'est amené de l'eau au moulin du RN en termes de dédiabolisation.
22:00 -Ceux qui dédiabolisent le Front national
22:02 et lui font un pondeur,
22:03 c'est les députés de la France insoumise
22:06 par leur attitude de provocation, d'insulte, de blocage.
22:09 -Le RN est toujours un parti d'extrême droite ?
22:11 -Oui. -Fréquentable ou pas ?
22:13 -C'est un parti d'extrême droite que nous combattons.
22:16 -Tout en disant qu'à certaines occasions,
22:19 il peut être plus républicain que la gauche.
22:21 -Je le maintiens.
22:22 -Une loi qui va être importante dans les mois à venir,
22:25 la prochaine sur le travail,
22:27 qui devra arriver au Parlement cet été.
22:29 Vous souhaitez que tous les allocataires du RSA
22:31 soient inscrits à Pôle emploi, sauf une exception,
22:34 ceux qui sont en incapacité, qui sont malades.
22:38 15 à 20 heures de formation hebdomadaire,
22:40 de recherche d'emploi, c'est ce que vous prévoyez.
22:43 Est-ce que ce sera obligatoire ?
22:45 -Nous voulons revenir à l'idée même du RSA et donc du RMI,
22:48 c'est-à-dire un contrat avec, finalement, trois points.
22:51 Premier point, c'est que le RSA est un droit.
22:54 En France, c'est une vraie protection,
22:56 un filet de sécurité.
22:57 Si vous n'avez pas de revenu, vous avez droit au RSA.
23:00 Deuxième point, c'est que la puissance publique,
23:03 l'État, les collectivités locales, Pôle emploi,
23:05 doivent prévoir sur tous les territoires
23:08 des offres de formation et d'accompagnement
23:10 pour un objectif, c'est aider les gens à sortir du RSA.
23:13 Quand vous vous inscrivez au RSA, vous y restez longtemps,
23:16 c'est le signe d'un échec.
23:18 Troisième point, c'est que lorsque,
23:20 il y a une offre de formation adaptée,
23:22 on ne demande pas à une mère de famille célibataire
23:25 avec trois enfants d'aller en formation à 20h,
23:27 ou il faut trouver le mode de garde.
23:29 -Quelle différence ?
23:31 -C'est le renforcement de tout cela,
23:33 et le président de la République l'a dit,
23:35 lorsque l'offre d'insertion et d'accompagnement est adaptée,
23:38 il y aura une obligation d'y participer.
23:41 Sinon, il y a des sanctions, et ça peut aller jusqu'au retrait.
23:44 Ce n'est pas du bénévolat obligatoire.
23:46 -Si on ne participe pas aux heures de formation,
23:49 on n'a plus le RSA.
23:50 -Avec la prise en compte des difficultés,
23:53 parce que, je le répète,
23:54 si vous êtes une famille monoparentale,
23:56 une mère, la plupart du temps, seule, avec trois enfants,
24:00 on ne vous demande pas d'aller en formation à 60km de chez vous.
24:03 -Il y a autant de cas particuliers que d'allocataires.
24:06 -Il faut faire en sorte que partout sur le territoire,
24:09 il y ait une bonne coordination.
24:11 -Ceux qui élèvent seuls des enfants ne seront pas concernés
24:14 par ces formations ?
24:15 -À condition qu'ils soient adaptés.
24:18 -Ceux qui élèvent seuls des enfants...
24:20 -Il va décider.
24:21 -Il y a des conseillers d'accompagnement social.
24:24 Il faut leur faire confiance. Je reviens sur l'inscription
24:27 chez Pôle emploi. Aujourd'hui, quand vous regardez les chiffres,
24:30 40 % des bénéficiaires du RSA sont inscrits chez Pôle emploi.
24:34 Comment explique-t-on que 40 % seulement des bénéficiaires du RSA
24:37 qui sont dans un revenu de solidarité d'activité
24:40 soient inscrits chez Pôle emploi ?
24:42 Je sais que parmi les bénéficiaires du RSA,
24:45 il y a des difficultés de santé, des difficultés personnelles,
24:48 qui rendent difficile le retour immédiat à l'emploi.
24:51 Mais il faut qu'il y ait des ponts
24:53 pour que ceux qui demandent à bénéficier du RSA,
24:55 et je le répète, cet endroit, puissent être accompagnés.
24:58 Si on n'est pas inscrit, il manque un maillon.
25:01 -Merci, Olivier Dussopt. Vous repartez au Sénat ?
25:04 -À 10h. -Pour la dernière loi,
25:05 ça s'arrête quand ? -On va commencer
25:07 par un amendement de la majorité sénatoriale.
25:10 -Ca a l'air de vous réjouir.
25:12 -Sur la création d'un contrat d'urne déterminée
25:15 pour faire des divergences avec eux sur les modalités,
25:17 et sur les questions de financement.
25:19 Les séances au Sénat sont ouvertes jusqu'à dimanche.
25:22 -Merci, Olivier Dussopt.