Les invités de Laurence Ferrari débattent de l'actualité dans #Punchline du lundi au jeudi.
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00:00:00 Bonsoir à tous et bonsoir à toutes, bienvenue dans Punchline, ce soir sur CNews.
00:00:03 Encore des manifestations aujourd'hui en cette journée internationale des droits des femmes.
00:00:07 Le droit des femmes c'est aussi le droit à une retraite complète, clament les participants.
00:00:11 Le président Macron annonce un projet de loi dans les prochains mois
00:00:14 pour l'inscription de l'IVG dans la Constitution,
00:00:17 lors d'un hommage national à l'avocate Gisèle Halimi.
00:00:19 On reviendra aussi bien sûr sur la grande mobilisation d'hier,
00:00:22 qui a réuni 1,280,000 personnes dans toute la France.
00:00:26 Les syndicats ne seront pas reçus par Emmanuel Macron,
00:00:29 malgré leur demande, Elisabeth Borne les renvoie vers le ministre du Travail, Olivier Dussopt.
00:00:33 Les blocages se poursuivent actuellement dans les dépôts de carburant.
00:00:37 On débat de tout cela dans un instant dans Punchline,
00:00:39 mais d'abord il est 17h, c'est le rappel des titres de l'actualité avec Somaya Labidi.
00:00:43 [Générique]
00:00:48 L'IVG bientôt dans la Constitution, c'est l'annonce d'Emmanuel Macron
00:00:52 lors de son discours en hommage à l'avocate Gisèle Halimi il y a quelques minutes.
00:00:57 Le président de la République souhaite un projet de loi dans les prochains mois.
00:01:01 Troisième jour consécutif de grève contre la réforme des retraites.
00:01:05 Demain, le trafic devrait s'améliorer dans les transports parisiens,
00:01:09 mais il sera encore perturbé.
00:01:11 Des perturbations qui devraient concerner le métro et le RER B.
00:01:15 Toutefois, le trafic sera quasi normal sur le RER A
00:01:18 et normal sur les réseaux bus et tramway.
00:01:21 Une mise en examen pour 7 des 8 nouveaux cas d'empoisonnement de patients présumés
00:01:26 pour Frédéric Péchier.
00:01:27 L'avocat de l'anesthésiste précise que son client a été placé
00:01:31 en qualité de témoin insisté pour le 8e.
00:01:33 De nouvelles mises en examen que devrait contester son conseil.
00:01:38 Et puis du football, le PSG joue son avenir européen ce soir à Munich.
00:01:42 Après leur défaite 1-0 à l'allée au Parc des Princes,
00:01:45 les Parisiens doivent s'imposer en Allemagne et pour se qualifier en quart de finale.
00:01:49 Le PSG devra faire sans Neymar mais avec le duo Messi et Mbappé,
00:01:52 une rencontre que vous pourrez suivre dès 21h sur les antennes de Canal+.
00:01:57 Merci beaucoup Somaïa Labédi pour ce rappel des titres.
00:02:00 On est en plateau avec Karim Zarébi, consultante des news.
00:02:02 Bonsoir Karim, j'espère que vous allez bien.
00:02:04 Josette Macé-Scaron, écrivain. Merci d'être avec nous.
00:02:07 Josette, Marc Twatié, économiste. Bonsoir.
00:02:09 C'est toujours RECET 2, bienvenue dans le monde d'après.
00:02:13 On est dans votre livre en tout cas.
00:02:15 Et Geoffroy Lejeune, directeur de la rédaction de Valeurs Actuelles.
00:02:17 Bonsoir Geoffroy.
00:02:18 Allez, on va commencer par une manifestation.
00:02:20 Alors, ce n'est pas complètement les retraites,
00:02:21 c'est celle qui a lieu en cette journée du 8 mars,
00:02:24 Journée des droits des femmes.
00:02:25 Mais évidemment, on va rejoindre Augustin Donatieux et Jules Bedot sur place.
00:02:28 Cette manifestation, elle est placée sous le signe de la contestation
00:02:32 contre la réforme des retraites, c'est bien cela ?
00:02:35 Oui, en fait, c'est un petit peu une double manifestation,
00:02:37 à la fois contre la réforme des retraites
00:02:39 et une manifestation pour le droit des femmes.
00:02:41 C'est une grève féministe, c'est un petit peu le mot d'ordre ici à Paris
00:02:45 et dans 150 villes de France,
00:02:47 à peu près à l'appel de 50 collectifs féministes et de syndicats.
00:02:51 Une mobilisation importante donc des femmes, de quelques hommes,
00:02:54 mais également d'une jeunesse très très présente.
00:02:57 Vous le voyez là sur ces images de Jules Bedot,
00:03:00 des jeunes très mobilisés pour le droit des femmes,
00:03:03 mais également contre la réforme des retraites.
00:03:06 On peut entendre depuis 14 heures,
00:03:08 et bien des slogans féministes,
00:03:10 et des slogans également contre la réforme des retraites.
00:03:13 Et on a pu parler avec plusieurs d'entre elles,
00:03:15 qui dénoncent une réforme des retraites qui va les léser sur certains points,
00:03:19 notamment sur la durée de cotisation, sur leur retraite future.
00:03:23 Et également d'autres manifestantes avec qui on a pu discuter,
00:03:26 qui nous ont raconté des histoires poignantes.
00:03:28 C'était le cas de Mélissa, c'est un nom d'emprunt.
00:03:30 Elle a 67 ans et lorsqu'on lui a parlé,
00:03:32 elle était masquée d'un masque chirurgical,
00:03:35 de grandes lunettes noires et une perruque.
00:03:37 Et elle nous a dit que son ex-mari la suivait
00:03:40 et elle avait très peur de lui,
00:03:42 puisqu'effectivement il avait déjà fait preuve de violence envers elle.
00:03:45 C'est effectivement une manifestation placée sous le signe de la solidarité féminine,
00:03:50 rejointe notamment aussi par beaucoup d'hommes.
00:03:53 Enfin, quelques hommes qui ne sont pas en majorité ici.
00:03:56 Alors on doit aussi reconnaître, on doit aussi le dire,
00:03:59 un bloc à l'avant de la manifestation,
00:04:02 composé d'une centaine de personnes vêtues de noir.
00:04:05 Des personnes, là aussi, des éléments plus jeunes qu'à l'habitude.
00:04:08 Donc j'ai presque envie de dire un petit peu moins expérimentées dans les dégradations,
00:04:11 puisque depuis le début de cette manifestation Place de la République,
00:04:15 très peu de dégradations ont eu lieu sur le parcours.
00:04:17 Les enseignes des représentants, le capitalisme sur le E,
00:04:22 n'ont pas été visées, mais quelques feux de poubelle ont été déclenchés ici ou là.
00:04:26 Le cortège, lui, va bientôt arriver, Place de la Nation, ici à Paris,
00:04:30 vous le voyez, dans une ambiance plutôt conviviale.
00:04:32 Merci beaucoup Augustin Donatlieu et Jules Bedot
00:04:34 pour ces explications extrêmement complètes sur cette manifestation.
00:04:37 Quelques hommes, pas beaucoup, on peut les compter.
00:04:40 Karim Zarabi, un tout petit mot de cette manifestation,
00:04:43 qui rejoint le mouvement de contestation contre les réformes des retraites.
00:04:46 On apprend d'ailleurs à l'instant que la SNCF annonce encore un trafic très perturbé jeudi,
00:04:50 donc ça va faire le troisième jour, grève reconductible.
00:04:53 C'est ça, évidemment, la matrice, c'est la contestation contre les réformes des retraites.
00:04:57 Oui, le 8 mars, c'est très particulier, qui a une dimension sociale,
00:05:00 parce que les femmes sont aussi au cœur de cette réforme des retraites,
00:05:03 avec un sentiment d'injustice qui est légitime,
00:05:07 que le gouvernement n'a pas semblé prendre en considération
00:05:11 cette démarche d'égalité qui est attendue dans le traitement,
00:05:14 et de rattrapage aussi, parce que les femmes ont quand même à gérer aussi
00:05:19 les grossesses et les enfants, et dans une carrière, c'est pénalisant aujourd'hui,
00:05:23 donc c'est pénalisant dans la retraite.
00:05:25 Donc moi, je vais vous dire, si j'étais une femme,
00:05:28 je me dirais quand même que le combat qu'elle mène,
00:05:32 à la pointe du combat, même si...
00:05:34 Si vous étiez une femme, Karim, j'aime bien cette idée.
00:05:36 Non, mais c'est vrai.
00:05:37 C'est très piégeux comme débit de phrase.
00:05:39 Non, parce que ça ne veut pas dire que ça ne nous concerne pas,
00:05:42 mais on a beau dire qu'on soutient la cause des femmes,
00:05:47 nous ne sommes pas concernés par ce dont elles souffrent.
00:05:49 Donc les inégalités, 19% des cartes de salaire entre les hommes et les femmes aujourd'hui
00:05:53 à compétence égale.
00:05:55 Je veux dire, excusez-moi, le nombre de féminicides,
00:05:57 122 l'année dernière, une femme qui meurt encore tous les 3 jours
00:06:00 sous les coups de son compagnon, ou ex-compagnon.
00:06:03 Elisabeth Borne, Première ministre, c'est un exploit.
00:06:06 C'est la deuxième après Édith Cresson.
00:06:08 On est en 2023, au XXIe siècle.
00:06:11 Donc, femme, présidente de la République,
00:06:13 on se dit peut-être un jour, mais c'est pas le cas chez nous.
00:06:17 Je veux dire, franchement, la cause des femmes,
00:06:18 elle avance quand même très lentement, je trouve.
00:06:20 On est assez d'accord.
00:06:21 Joseph, un tout petit mot là-dessus ?
00:06:23 Si j'étais femme, certains diront que je le suis presque.
00:06:26 Voilà, très bien, on va faire ce début-là pour tout le monde.
00:06:29 Si vous étiez une femme, Joseph Mazesca.
00:06:32 D'abord, je suis père de famille, donc j'ai une fille,
00:06:37 donc je sais, évidemment, quelle est sa vie quotidienne,
00:06:41 quel est son salaire, quels sont ses problèmes.
00:06:45 Et je peux dire que le premier des problèmes,
00:06:47 évidemment, c'est la question des salaires,
00:06:49 mais la question de la peur de la violence,
00:06:53 la question de l'impossibilité de marcher seul dans la rue,
00:06:57 de se trouver seul dans la rue.
00:06:59 Moi, j'ai vu cette évolution, comme elle, elle a vu cette évolution
00:07:02 sur des années et des années, d'accord,
00:07:05 et c'est absolument terrible.
00:07:07 Et à mon avis, le premier problème, c'est évidemment la violence faite aux femmes,
00:07:10 et c'est le fait que les femmes, aujourd'hui,
00:07:12 se trouvent dans une situation d'être des citoyens de seconde zone,
00:07:16 parce que partout, que ce soit à Place de la République
00:07:19 ou dans le 5e arrondissement, pardonnez-moi,
00:07:21 ou en région, mais n'importe où, à Nantes,
00:07:23 comme dirait Pascal Prou, ou à Peu,
00:07:25 elles ne peuvent pas, il y a toujours un problème.
00:07:28 Et ça, c'est quelque chose qui est insupportable dans notre pays.
00:07:32 Je me souviens qu'il y a des années,
00:07:34 parce qu'on parle très souvent de Simone Veil,
00:07:36 j'étais avec Moïse Safran, biographe de Simone Veil,
00:07:38 et on lui avait dit, bon, le progrès que vous avez fait aux femmes,
00:07:43 fait grâce à vous, est formidable, grâce à votre image, grâce à tout.
00:07:47 Et elle avait fait du Simone Veil,
00:07:49 c'est-à-dire qu'elle, tout d'un coup, avait piqué une colère en disant,
00:07:51 mais vous n'avez rien compris, vous n'avez rien compris.
00:07:53 Vous nous avez renvoyé dans les corps en disant,
00:07:55 dans 15 ans, la régression sera terrible.
00:07:58 Eh bien, nous y sommes, nous y sommes.
00:08:00 Et oui, il y a un risque, en dépit même de tous les efforts salariaux,
00:08:04 en dépit d'une femme Premier ministre, etc.
00:08:06 Oui, parce que la violence et la pression sociale
00:08:11 qui est dans la rue, sur les femmes, c'est insupportable en France.
00:08:15 Et je n'ai pas besoin d'une femme, je suis tout simplement,
00:08:17 voilà, le père d'une fille, et j'ai peur pour elle.
00:08:21 – Gutoiti, si vous étiez une femme, qu'est-ce que vous demanderiez aujourd'hui ?
00:08:24 – Égalité salariale.
00:08:26 – Super, bravo, merci Carine.
00:08:28 – C'est vrai qu'on a quand même un problème très franco-français,
00:08:30 parce que quand on regarde dans beaucoup de pays,
00:08:32 il y a un peu moins d'inégalités, notamment aux États-Unis,
00:08:34 où il y a beaucoup plus de femmes qui s'en sortent.
00:08:36 Et moi, ce que je trouve assez impressionnant,
00:08:38 c'est effectivement ce caractère un peu rétrograde.
00:08:40 C'est-à-dire qu'à l'époque de Simone Veil,
00:08:42 la France était plutôt novatrice en matière de droits des femmes.
00:08:45 Et là, qu'est-ce qui s'est passé ?
00:08:46 Encore une fois, on retourne en arrière, il y a des violences qui sont faites.
00:08:50 Et le problème est là, c'est qu'on a une violence dans la société
00:08:53 qui est en train de s'installer, et on a un problème d'égalité, d'inégalité.
00:08:56 Si on tombe sur les retraites, là aussi, encore une fois…
00:09:00 – Prenez le cas des mères de famille, et puis vous aurez tout compris à l'histoire.
00:09:04 – C'est exactement ça, mais surtout, encore une fois,
00:09:06 c'était l'occasion justement, quitte à avoir toutes ces grèves,
00:09:08 ces manifestations, de faire une vraie réforme des retraites.
00:09:11 Dans le sens d'une plus grande égalité,
00:09:13 pas seulement entre les hommes et les femmes,
00:09:15 mais entre le public, le privé, et ainsi de suite.
00:09:17 On n'a pas fait, on a complètement oublié.
00:09:19 Alors voilà, aujourd'hui, on a cette réformette qui nous coûte très cher,
00:09:22 on en parlera tout à l'heure, d'un point de vue économique, etc.
00:09:24 Donc voilà, j'ai envie de dire aujourd'hui, moi, vive les femmes, parce que…
00:09:27 – Mais sur l'égalité salariale, Marc, parce que vous êtes économiste,
00:09:30 est-ce que le fait d'être une femme doit vous apporter forcément
00:09:34 un petit surplus de salaire, pour éviter les interruptions
00:09:37 liées aux carrières hachées ou pas ?
00:09:38 – Alors voilà, le problème c'est que…
00:09:40 – Est-ce que c'est là…
00:09:41 – Malheureusement, il faut savoir qu'aujourd'hui, si on prend le cas de la France,
00:09:43 il y a un taux de natalité qui est en train de baisser,
00:09:45 donc il y a de plus en plus de femmes qui n'ont pas d'enfant,
00:09:47 ou qui ne veulent pas avoir d'enfant.
00:09:49 Alors c'est peut-être pour ne pas être consterné par cela.
00:09:51 Donc elles n'ont pas ce problème, effectivement, des grossesses,
00:09:54 et puis voilà, le fait de ne pas pouvoir…
00:09:56 – De carrières hachées.
00:09:57 – …de ne pas pouvoir avoir une carrière hachée.
00:09:58 Et donc finalement, on se rend compte que les salaires,
00:10:00 pour les femmes justement, qui n'ont pas d'enfant,
00:10:02 qui n'ont pas fait ce choix, entre guillemets…
00:10:04 – Ils ne sont pas à égalité avec les hommes.
00:10:06 – Alors, ça dépend, ça dépend.
00:10:07 Le fait que globalement aujourd'hui, on se rend compte que,
00:10:09 d'un exemple simple, par exemple dans les salles des marchés,
00:10:11 que je connais bien, dans les salles des marchés aujourd'hui,
00:10:13 vous avez des femmes qui se gagnent mieux que des hommes.
00:10:15 – Elles font combien, Marc ?
00:10:16 – Déjà, il n'y a pas beaucoup de femmes.
00:10:17 – Elles payent 1% ?
00:10:18 – Il n'y a pas beaucoup de femmes.
00:10:19 – Voilà, déjà, il n'y a pas de femmes.
00:10:20 – Ce que je veux dire, c'est que le problème est là.
00:10:21 C'est qu'effectivement, on a ce choix de vie,
00:10:23 donc c'est là où on revient sur ce problème.
00:10:25 – Et on sacrifie tout, vie de famille, vie sociale, tout.
00:10:27 – On revient sur le problème de sacrifice, effectivement,
00:10:29 où les femmes, malheureusement, doivent sacrifier soit l'un, soit l'autre.
00:10:33 Donc c'est vrai que c'est assez compliqué.
00:10:34 Mais moi, je pense qu'aujourd'hui, quand même, malgré tout,
00:10:38 il y a des compétences, effectivement, des femmes qui sont là
00:10:41 et donc qui s'imposent de plus en plus.
00:10:43 Donc ça, c'est peut-être une bonne nouvelle.
00:10:44 – C'est une raison de souligner qui est hautement paradoxale
00:10:47 que dans cette réforme de la retraite,
00:10:49 cette réforme de la retraite qui est faite précisément
00:10:51 parce qu'il y a une baisse de la démographie,
00:10:53 les premiers à avoir été pénalisés sont les mères de famille.
00:10:55 Cette logique chadoc qui prévaut au gouvernement est une logique folle.
00:10:58 – Vous êtes complètement fou.
00:10:59 Geoffroy Lejeune, si vous étiez une femme…
00:11:01 – Il a fallu que certains s'énervent aussi pour le faire remarquer au gouvernement
00:11:03 parce qu'au tout début de la discussion sur ce projet de loi,
00:11:06 y compris médiatiquement, ce n'était pas du tout un sujet.
00:11:08 – Croyez-moi que ça ne devait pas passer une personne du côté de celle
00:11:09 qui a eu des enfants et qui ne se sont pas arrêtés de travailler.
00:11:12 Bizarrement parce que les congés parentaux,
00:11:14 qui sont très très peu pris, il faut quand même le rappeler,
00:11:17 étaient eux pris en compte dans la réforme, alors pas le fait d'avoir des enfants.
00:11:19 Si vous étiez une femme, Geoffroy…
00:11:21 – Alors je ne vais pas vous bâtir…
00:11:23 – Sur quoi vous deviez sortir dans la rue à minuit, le soir ?
00:11:27 – Justement, j'ai le même rapport que Joseph à la chose,
00:11:30 c'est-à-dire que je suis père de trois filles.
00:11:32 Je n'ai pas de garçons, je n'ai que trois filles.
00:11:34 Dix ans, huit ans, cinq ans. Et c'est exactement ça…
00:11:36 – Que trois filles, c'est dans le sens valorisant du terme, tu imagines ?
00:11:38 – Ah oui, moi j'en suis très heureux.
00:11:39 – Non, non, je n'ai que trois filles.
00:11:41 – Je n'ai pas de garçons. – Genre, je n'ai pas de garçons.
00:11:43 – Voilà, exactement. Mais je suis très heureux de ça.
00:11:45 Et c'est la première chose à laquelle je pense.
00:11:47 C'est-à-dire que moi j'ai le sentiment d'avoir vécu dans une société
00:11:50 qui était encore un petit peu sécurisée.
00:11:52 J'ai connu l'insécurité quand j'étais adolescent, etc.
00:11:54 Elles, je pense qu'elles ne vivront pas ça.
00:11:56 Et ça, ça me terrifie, ça me désole.
00:11:58 Maintenant, j'ai une autre crainte pour elles.
00:12:00 C'est qu'elles ne puissent pas être des femmes, justement, quand elles grandiront.
00:12:02 Je vais faire d'ailleurs le lien avec la question de la réforme des retraites.
00:12:05 Aujourd'hui, je pense qu'on ne prend plus en compte
00:12:08 la spécificité du fait d'être une femme.
00:12:10 Pourquoi il y a cette problématique de carrière hachée ?
00:12:12 C'est parce que plus spontanément que les hommes,
00:12:14 les femmes prennent des congés parentaux pour s'occuper de leurs enfants.
00:12:17 Le gouvernement François Hollande avait pris une disposition
00:12:19 qui est d'ailleurs un coup d'arrêt supplémentaire
00:12:22 à la politique nataliste de la France historique,
00:12:24 qui était de réduire le congé parental de la femme
00:12:27 pour permettre à l'homme d'en prendre une.
00:12:29 Sauf que dans les faits, paternité, l'homme n'en prend pas
00:12:31 puisqu'il n'arrête pas de travailler, etc.
00:12:33 Alors les jeunes pères en prennent un peu plus que les anciennes générations.
00:12:35 Évidemment, parce que le dispositif existe.
00:12:37 Mais ce que je veux dire, c'est que c'est quand même moins spontané.
00:12:39 Et les femmes le prennent encore, sauf qu'il est moins avantagé aujourd'hui.
00:12:41 Résultat, ça n'a rien amélioré pour les femmes.
00:12:43 Et ça a plutôt perturbé le fonctionnement du congé parental
00:12:47 qui était plutôt avantageux avant, en tout cas plus avantageux.
00:12:49 Qu'est-ce que je veux dire par là ?
00:12:51 C'est qu'aujourd'hui, quand j'entends le discours ambiant féministe
00:12:53 qui parle des femmes, on incite les femmes, je trouve,
00:12:56 à être des hommes comme les autres en réalité.
00:12:58 C'est-à-dire à se masculiniser, ou en tout cas,
00:13:00 à s'affirmer comme n'étant pas des êtres faibles,
00:13:02 comme tout ce qui est associé à la femme.
00:13:04 Alors je peux comprendre pourquoi, mais juste,
00:13:06 je pense qu'il y a quelque chose qui est en train de se perdre.
00:13:08 C'est pas une valorisation de la femme, c'est un rapprochement
00:13:10 d'avec ce qu'on estime être des qualités masculines.
00:13:12 Et ça me dérange beaucoup.
00:13:14 Et je voudrais moi que mes filles...
00:13:16 - Je le sens pas comme ça.
00:13:18 - Parce que vous êtes une vraie femme et moi je parle...
00:13:20 - Non, non, mais moi je le ressens pas d'injonction
00:13:22 à faire comme si on était des hommes.
00:13:24 - Non, mais c'est pas une injonction à être des hommes,
00:13:26 c'est comment vous dire ? On essaie de changer l'image
00:13:28 qu'on a de la femme. Et moi, je reconnais que mes filles
00:13:30 sont toutes petites, donc du coup, pour l'instant,
00:13:32 c'est pas vraiment une question, mais j'espère qu'elles vont
00:13:34 grandir dans un monde où elles pourront être des femmes
00:13:36 comme l'étaient les générations de ma mère.
00:13:38 - Avoir des différences et préméler leurs différences.
00:13:40 - Vers lesquelles je me reconnais pas du tout.
00:13:42 - Qui vous gênent.
00:13:44 - Oui, je vous le dis très clairement.
00:13:46 - C'est pas qu'elles appellent à la masculinité des femmes.
00:13:48 Je pense qu'elles appellent à une opposition frontale
00:13:52 avec les hommes, coûte que coûte.
00:13:54 Et pour moi, ça c'est un féminisme
00:13:56 de combat qui n'est pas constructif,
00:13:58 qui n'est pas progressiste au sens noble du terme.
00:14:00 Autant, on peut épouser lorsqu'on a des valeurs.
00:14:06 Moi aussi j'ai deux filles, on va tous s'y mettre.
00:14:08 C'est vrai, on est plus sensibles.
00:14:10 On est touchés dans notre chair quand ce sont nos enfants et nos filles.
00:14:16 Mais autant on peut être partie prenante du combat pour l'égalité,
00:14:20 pour la sécurité, pour qu'elles puissent être bien dans cette société,
00:14:26 à l'aise comme les hommes.
00:14:28 Autant oui, mais quand on a des discours comme
00:14:30 Sandrine Rousseau, pour ne pas la citer,
00:14:32 qui sont des discours d'opposition,
00:14:34 de confrontation aux hommes,
00:14:36 franchement je me retrouve pas.
00:14:38 On va en parler dans un instant, je vous passe la parole Geoffroy.
00:14:40 Mais j'aimerais vous montrer une séquence qui s'est déroulée hier à l'Assemblée nationale.
00:14:42 Moi personnellement, ça m'a beaucoup heurtée.
00:14:44 C'est Aurore Berger, la patronne du groupe Renaissance à l'Assemblée nationale,
00:14:48 qui a essayé de proposer une proposition de loi pour que toute personne
00:14:52 qui a été condamnée pour violences aggravées soit inéligible.
00:14:54 Ça concerne un certain nombre d'hommes dans cet hémicycle.
00:14:58 Elle a été rejetée, cette proposition de loi,
00:15:00 parce que les oppositions trouvaient que c'était une opportunité politique.
00:15:03 Je vais vous montrer la séquence où Aurore Berger tente de prendre la parole
00:15:07 dans un hémicycle déchaîné.
00:15:09 Il faut dire que ça arrive après les deux bras d'honneur du garde des Sceaux
00:15:11 qui a hystérisé les débats.
00:15:13 Mais ce qui me frappe, c'est la violence des femmes contre les femmes.
00:15:15 Parce qu'on parle beaucoup de la violence des hommes contre les femmes.
00:15:17 Mais là, dans cette séquence, on voit à quel point Aurore Berger d'abord est émue,
00:15:20 parce qu'elle avoue elle-même qu'elle a été victime de violences conjugales,
00:15:23 et deuxièmement, la violence des femmes dans l'hémicycle à son encontre.
00:15:26 Regardez, puis on en débat ensuite.
00:15:28 Chers collègues, ça suffit, s'il vous plaît !
00:15:33 Je vais essayer de conclure.
00:15:36 Et en vérité, vous m'obligez à conclure de cette manière-là.
00:15:41 Et ce que vous faites, c'est indigne.
00:15:46 Vous ne savez pas.
00:15:48 Je n'accepte pas.
00:15:51 Et je n'ai pas à accepter.
00:15:53 Je n'ai pas à accepter.
00:15:55 Aucune femme dans cet hémicycle n'a à accepter les procès en opportunisme politique
00:15:59 sur la question des violences.
00:16:01 Aucune femme.
00:16:03 Aucune femme.
00:16:05 Entendre des interpellations à l'extrême gauche comme à l'extrême droite
00:16:12 sur la mise en doute de la sincérité du combat que nous devrions tous porter sur la question...
00:16:18 Non, madame Obono, je ne l'instrumentalise pas !
00:16:22 Je ne l'instrumentalise pas !
00:16:25 Personne ne sait ici l'intimité de ce que nous pouvons vivre, de ce que nous avons vécu.
00:16:31 Mais oui, oui, je sais exactement de quoi je parle quand je parle des violences conjugales.
00:16:36 Oui, je sais de quoi je parle.
00:16:39 Je sais de quoi je parle.
00:16:41 Et peut-être que beaucoup ici savent de quoi elle parle
00:16:44 et qu'elles n'en ont pas forcément fait l'étalage avant
00:16:47 ou qu'elles n'avaient pas forcément envie de le dire.
00:16:49 Mais entendre intervention après intervention,
00:16:52 remettre en cause la sincérité qui est la mienne
00:16:56 sur ce combat comme vous l'avez fait,
00:16:59 je ne peux pas continuer à le laisser passer.
00:17:02 Je n'entendrai pas une minute de plus que je ne suis pas sincère dans ce combat.
00:17:07 Voilà pour cette séquence que moi je trouve extrêmement symbolique
00:17:10 de violence encore une fois faite par des femmes sur une femme.
00:17:13 Une femme qui est toujours au micro, qui a du mal à retenir ses larmes,
00:17:16 qui confesse avoir été victime de violences conjugales
00:17:19 et les invectives pleuvent.
00:17:21 Et moi je trouve que ça...
00:17:22 Où est la sororité ? Où est la solidarité entre femmes ?
00:17:25 Où est la bienveillance envers les victimes ? Disparue.
00:17:27 Mais vous savez cette scène-là, c'est à peu près le même type de scène qu'on voit en Iran ?
00:17:31 Non, non, non, comme même pas, comme même pas, Joseph.
00:17:33 Non, mais attendez, c'est le même principe.
00:17:35 Non, c'est pas la même chose.
00:17:37 C'est le même principe, Laurence Ferrari, mais je sais très bien que vous ne devez pas le voir.
00:17:40 Non, mais moi je vous dis, c'est votre emploi,
00:17:43 je ne fais pas la comparaison avec ce qui se passe en Iran.
00:17:46 Ce type de violence de femmes contre les femmes,
00:17:50 on le voit partout à travers le monde et pas simplement à l'Assemblée Nationale.
00:17:54 C'est-à-dire que ce sont... Je suis désolé, ça ne plaît pas, mais tant pis, parce que je constate...
00:17:59 Ce sont vos propos, et vous êtes libre de les exprimer, mais j'ai le droit de vous dire que je ne les partage pas.
00:18:04 C'est comme en effet, lorsque des femmes veulent, souhaitent enlever le voile ou abandonner le voile,
00:18:09 celles qui l'ont se comportent comme si elles étaient les gardes-chiourmes des hommes.
00:18:14 Et ça, ça existe partout de par le monde.
00:18:16 Et c'est à ça, je suis désolé, que cette scène m'a fait penser.
00:18:19 La question c'est, où est la sororité ? Où est la bienveillance ?
00:18:21 On n'a pas besoin d'aller en Iran sans arrêt pour essayer de justifier ce qui est impensable dans notre pays
00:18:28 et ce qui se passe à l'Assemblée Nationale.
00:18:30 Franchement, si sur ce sujet-là, qui est un sujet très sensible,
00:18:34 ils ne sont pas capables, les parlementaires dans leur ensemble, de débattre sereinement,
00:18:38 et les femmes de surcroît, de ne pas s'agresser, s'invectiver,
00:18:42 et mettre en doute leur sincérité sur un sujet aussi sensible...
00:18:45 - Mais j'ai rien d'arbre !
00:18:46 - Mais attendez, excusez-moi, je veux dire, on n'a plus rien à attendre de cette Assemblée Nationale,
00:18:49 c'est la fin de tout !
00:18:51 - Il s'agit de sauver ceux de la Katniss, c'est tout !
00:18:56 - C'est ce que j'allais dire !
00:18:57 - Mais c'est tout !
00:18:58 - C'est la seule raison !
00:18:59 - Évidemment, j'ai oublié de le dire, vous avez raison !
00:19:00 - C'est la seule raison !
00:19:01 - Cette peine d'inégibilité vis-à-vis d'Adrien Katniss !
00:19:03 - C'est tout ! Et c'est une raison scandaleuse !
00:19:05 - Je crois que je...
00:19:07 - Dans l'extrait que vous avez montré, Aurore Barger dit "l'extrême gauche et l'extrême droite",
00:19:10 on ne voit dans l'extrait que l'extrême gauche, peut-être que ça venait des deux côtés, j'en sais rien...
00:19:13 - L'extrême droite, à un moment, lui a dit "gardez vos nerfs" !
00:19:15 - Ok, mais moi ce que je voulais juste dire...
00:19:17 - Vraiment, pas acceptable non plus !
00:19:18 - C'est pas pour dire que c'est pas une question de femmes et de violences entre femmes, etc.
00:19:21 Mais honnêtement, objectivement, et on le sait depuis le début de cette mandature,
00:19:24 mais moi je le sais depuis très longtemps,
00:19:26 quand il s'agit de mener un combat politique,
00:19:28 l'extrême gauche n'a aucun égard pour personne.
00:19:31 C'est ça qui est très frappant, c'est-à-dire que l'humanité classique, normale,
00:19:36 qui pourrait nous conduire, nous parfois, à avoir de la tendresse pour un opposant politique qui est à terre, etc.,
00:19:39 il ne l'éprouve jamais !
00:19:41 Donc en l'occurrence, quand Aurore Berger est en train, en effet,
00:19:44 de non pas perdre ses nerfs, mais de ne plus pouvoir retenir ses larmes,
00:19:48 ils ne sont émus par rien du tout,
00:19:50 parce qu'il y a un objectif politique supérieur, comme le disait Joseph,
00:19:52 qui est de sauver le soldat de la 415 et d'attaquer un opposant !
00:19:55 - C'est la meute !
00:19:56 - Il ne voit qu'une opposante, il ne voit pas une femme du tout !
00:19:57 - Marc, quoi ?
00:19:58 - Moi j'ai envie de dire simplement deux mots.
00:19:59 Quelle honte !
00:20:00 C'est-à-dire, attendez, nous sommes quand même la France,
00:20:02 de se voir ça à l'Assemblée Nationale, évidemment, sur ce sujet-là,
00:20:06 mais sur tous les sujets, effectivement, je veux dire,
00:20:08 vivement qu'il y ait deux élections législatives et qu'on ne réalise pas ces personnes-là !
00:20:11 C'est une catastrophe !
00:20:13 Comment le niveau de politique français a pu tomber aussi bas ?
00:20:18 C'est assez incroyable !
00:20:20 Mais ils ont été élus !
00:20:21 C'est ça qui est complètement fou !
00:20:22 Le gros problème est là, c'est qu'aujourd'hui, on a une situation...
00:20:26 - Elle ne peut pas placer, non ?
00:20:27 - On a une situation, justement...
00:20:28 - C'est un tort de fou !
00:20:29 - J'imagine même pas si on voit ces images à l'international, c'est une honte !
00:20:32 Nous qui avons effectivement la France, la force de la démocratie,
00:20:35 la force du système politique, la stabilité...
00:20:38 Moi, je trouve que c'est extrêmement dangereux pour l'avenir politique, social, sociétal de la France !
00:20:44 - Je mentionnais aussi le fait que c'est arrivé à un moment...
00:20:46 On a beaucoup parlé des invectives dans l'hémicycle depuis quelques semaines.
00:20:50 C'est arrivé juste après qu'Éric Dupond-Moretti ait fait deux bras d'honneur au député LR Olivier Barallex.
00:20:54 On va écouter cette petite séquence, si vous le voulez bien, parce que là aussi,
00:20:57 franchement, messieurs et mesdames les députés, reprenez-vous,
00:21:00 le garde des Sceaux qui fait deux bras d'honneur à un député
00:21:04 parce que ce député l'attaque et dit "vous êtes mis en examen",
00:21:08 donc ça le met hors de lui.
00:21:09 Écoutez Éric Dupond-Moretti, la réaction de la présidente de la séance.
00:21:12 - Je conteste totalement, totalement les faits qui vous sont reprochés.
00:21:17 - Précisez vos propos parce que si c'est le cas, ça n'est absolument pas admissible.
00:21:20 Alors je vous laisse finir vos propos.
00:21:22 Vous n'avez pas à faire des bras d'honneur dans l'enceinte de l'Assemblée nationale, monsieur le ministre.
00:21:25 - J'ai dit, madame...
00:21:27 - Alors finissez vos propos qu'on comprenne ce que vous dites.
00:21:32 - J'ai dit, madame, bras d'honneur à la présomption d'innocent. Je l'ai dit deux fois.
00:21:36 Voilà donc pour la première réaction du garde des Sceaux qui non seulement assume, voilà, persiste et signe,
00:21:43 quand même pour lui rendre justice, puisqu'il est ministre de la Justice,
00:21:47 il s'est excusé quelques... allez, longues minutes après, écoutez-le.
00:21:52 - Entendez-moi, monsieur Marlex, une seconde.
00:21:55 Si vous l'avez pris pour vous, je regrette ce geste.
00:22:02 Mais lorsque j'ai fait ce double geste, on m'a dit un, j'ai dit deux.
00:22:10 Parce que c'est deux, j'ai dit c'est un bras d'honneur à la présomption d'innocence.
00:22:16 - Qui va acheter ça ? J'en sais rien. En tout cas pas Elisabeth Borne qui a fait savoir à son ministre de la Justice
00:22:21 que son comportement n'avait pas sa place dans l'hémicycle.
00:22:24 Le chef du gouvernement a tenu ses propos lors d'un échange téléphonique avec son ministre
00:22:27 et elle l'a fait fuiter à l'agence France Presse pour que tout le monde soit bien au courant
00:22:31 que deux bras d'honneur dans l'hémicycle, ça ne passe pas. Vous êtes choqué ?
00:22:35 - Bah oui, ça fait pas sérieux encore une fois. On a un ministre de la République.
00:22:38 Après, comment voulait-on que les Français adhèrent effectivement au projet du gouvernement ?
00:22:43 Donc voilà, même si effectivement on critique les politiques et autres,
00:22:47 mais il y a un certain niveau à tenir, surtout au niveau de l'Assemblée Nationale.
00:22:51 - Et donc après, comment est-ce qu'on respecte le dire dans la politique ?
00:22:54 - Moi je vais beaucoup vous décevoir ou vous surprendre en tout cas.
00:22:56 - Alors vous allez faire le mal. De plus de 50 ans, non ?
00:22:59 - Ah non non non ! - Tu te pognes grave les bras d'honneur ?
00:23:01 - Non non non, pas du tout. - C'est pas comme ça, vous n'avez pas 50 ans.
00:23:03 - Non non, c'est pas ça que je voulais dire. Je ne supporte pas du tout Éric Di Pomeretti.
00:23:08 Je pense qu'il est menteur, je pense que c'est un mauvais garde-d'essoir,
00:23:10 je pense que son idéologie est gravissime, etc. Mais comme vous le dites tout à l'heure,
00:23:13 moi j'ai acheté l'explication, je suis persuadé qu'il est sincère.
00:23:16 Je vous promets, je comprends la logique de l'avocat,
00:23:19 qui est vraiment heurté par le fait qu'on le mette dans le sac d'accusé
00:23:25 alors qu'il n'est que mis en examen, et après je connais aussi un peu l'homme public
00:23:29 qui s'en porte et qui fait des bras d'honneur. Ceux-ci n'excusent pas d'ailleurs la vulgarité du geste.
00:23:33 - On ne le ferait pas ça par exemple devant une cour ?
00:23:36 - Non mais... - Non mais c'est globalement, alors arrête de faire ça.
00:23:40 - Moi j'ai pas mal traîné au tribunal dans la position d'accusé,
00:23:43 les avocats se comportent souvent très très mal, donc je pense que c'est parfaitement possible.
00:23:46 - Non mais vous achetez la télévision, non mais j'entends.
00:23:49 - Et en effet c'est compliqué de dire à des enfants d'être polis alors que les gardes d'essoir se comportent pas.
00:23:52 - Oui, allez-y, Joseph, monsieur Chiant.
00:23:54 - Vous savez ce qui me frappe, c'est que très souvent, les personnes parlent,
00:23:57 évidemment à juste titre, des incivilités dans la rue, des incivilités des personnes,
00:24:02 des incivilités des jeunes, etc. Et moi je constate que ces jeunes,
00:24:07 en grande partie, qu'est-ce qu'ils font ? Ils regardent vers le haut,
00:24:10 et qu'il y a aujourd'hui un ruissellement, non pas des richesses,
00:24:13 mais un ruissellement des incivilités. Voilà, un ruissellement des incivilités.
00:24:17 Et d'ailleurs, je suis content d'être ici, parce que CNews est le seul endroit
00:24:23 où on peut à la fois, très sérieusement, dénoncer le ruissellement,
00:24:28 les incivilités qui se passent dans la rue et les incivilités qui se passent en haut. Voilà.
00:24:32 - Très bien. Alors Karim, un petit mot sur...
00:24:34 - Je pense que ce qui se passe dramatiquement, c'est que ce qui devrait représenter
00:24:38 le lieu des débats, des débats, du débat, au sens noble du terme,
00:24:43 représente et incarne la négation du débat. Sur tous les sujets,
00:24:47 les sujets se suivent, mais les postures se ressemblent.
00:24:50 Ils ne s'écoutent plus, ils ne s'entendent plus, ils ne se respectent plus,
00:24:55 ils ne débattent plus, ils s'invectivent, ils s'attaquent en dessous de la ceinture,
00:25:00 le rituel est accompagné maintenant des démons, avec les bras d'honneur.
00:25:04 En fait, ce qui caractérisait une institution, au sens noble du terme,
00:25:08 au sens républicain du terme, c'est-à-dire ne pas se comporter n'importe comment
00:25:12 et comme on pourrait le faire dans la rue, c'est fini.
00:25:15 - C'est devenu un déravage. - C'est fini.
00:25:17 - C'est la reproduction de ce qu'on n'aime plus.
00:25:20 - Petite pause et on va parler, alors pour le coup, maintenant de la réforme des retraites,
00:25:23 parce qu'il y a beaucoup de choses qui se passent au Sénat.
00:25:25 Les débats se passent visiblement un peu autrement qu'à l'Assemblée nationale.
00:25:28 - Oui, mais là, on va parler du fond et de la grande mobilisation d'hier.
00:25:32 Comment est-ce que ça peut continuer, se poursuivre ?
00:25:35 Je vous pose la question dans un instant. A tout de suite dans Punchline sur CNews.
00:25:38 17h30 et quelques secondes, on se retrouve dans Punchline sur CNews.
00:25:44 Le rappel des titres de l'actualité, c'est avec Somaïa Labidi.
00:25:47 Pas de place pour les bras d'honneur dans l'hémicycle.
00:25:55 Elisabeth Borne a recadré son ministre de la Justice.
00:25:58 Hier, Éric Dupond-Moretti avait provoqué un tollé
00:26:01 en adressant deux fois un bras d'honneur au président du groupe LR, Olivier Marlex.
00:26:05 Suite à ces incidents, plusieurs responsables politiques
00:26:08 demandaient la démission du garde des Sceaux.
00:26:11 Le Louvre bloqué aujourd'hui.
00:26:13 150 grévistes du musée ont occupé la salle de la Joconde.
00:26:16 Dans un communiqué, la CGT Culture dit affirmer sa solidarité
00:26:20 avec les luttes des femmes en ce 8 mars
00:26:22 et dénonce l'impact de la réforme des retraites sur la situation des femmes salariées.
00:26:27 Et puis, attaquée mais déterminée, Corinthia Crentan menera bien sa mission,
00:26:32 emmener ses joueuses au Mondial 2023 malgré une campagne de dénigrement.
00:26:36 Le comité exécutif de la Fédération française de football
00:26:40 évoquera l'avenir de la sélectionneuse des Bleus dès ce jeudi.
00:26:43 Merci beaucoup Somaïa Labidi.
00:26:45 On se retrouve sur le plateau de Punchline pour évoquer la contestation
00:26:48 contre la réforme des retraites.
00:26:49 Beaucoup de monde dans la rue, 1,2 millions d'hommes hier.
00:26:53 Et un mouvement qui se heurte à l'exécutif,
00:26:57 qui refuse de bouger sur la mesure d'âge,
00:26:59 qui dit d'ailleurs qu'il ne veut pas recevoir les syndicats,
00:27:02 en tout cas pour Emmanuel Macron.
00:27:03 On va y revenir dans un instant.
00:27:04 Mais les blocages persistent aujourd'hui.
00:27:06 La SNCF, trafic très perturbé encore pour demain.
00:27:09 Et là aussi, les raffineries.
00:27:10 Un collectif de syndicalistes et de gilets jaunes a bloqué
00:27:13 pendant une dizaine d'heures la nuit dernière des dépôts d'essence au nord de Bordeaux.
00:27:17 Regardez le reportage d'Antoine Estève pour avoir la tonalité
00:27:20 de ce qui se passe sur le terrain.
00:27:21 Au milieu de la nuit, des dizaines de camions-citernes bloqués.
00:27:26 Ce groupe d'une cinquantaine de manifestants a posé des barricades
00:27:29 aux entrées des entrepôts pétroliers de la Gironde, à Embès.
00:27:32 Des syndicalistes locaux, mais aussi des gilets jaunes,
00:27:35 venus prêter main forte.
00:27:36 On peut dire aussi des syndicalistes qui aident les gilets jaunes.
00:27:39 En fait on est un collectif, on est unis et on fonctionne comme ça.
00:27:45 Si Macron reste sourd, nous on n'a rien vu.
00:27:48 Ce chauffeur décide de repartir sans ses 40 000 litres d'essence
00:27:52 qui auraient alimenté des stations de la grande distribution.
00:27:55 L'approvisionnement est bloqué pour une bonne partie de la journée.
00:27:57 C'est un collectif qui réunit des gilets jaunes et des militants syndicaux
00:28:01 et on travaille ensemble depuis 2019.
00:28:04 C'est un peu long jeu.
00:28:06 Aujourd'hui, développer la contestation, renforcer le mouvement,
00:28:10 faire que la grève reconductible puisse aussi se développer.
00:28:13 Au total, 150 camions-citernes auront rebroussé chemin.
00:28:17 Le blocage a été levé dans la matinée.
00:28:19 Et d'après les porte-parole du mouvement,
00:28:21 ces actions ponctuelles contre la réforme des retraites
00:28:23 vont se multiplier dans les prochains jours.
00:28:25 Quelques stations-services de la région commencent à connaître
00:28:28 des pénuries sur certains produits, comme l'essence sans plomb.
00:28:32 Ma question c'est vraiment ça.
00:28:33 Comment le mouvement va pouvoir se poursuivre ?
00:28:35 Grosse mobilisation hier dans la rue.
00:28:37 Peut-être qu'il y aura aussi du monde samedi dans les rues.
00:28:40 Mais petit à petit, il y aura de moins en moins de monde.
00:28:42 Ça coûte cher de faire la grève, ça coûte cher de prendre un jour.
00:28:45 Est-ce que ça ne va pas finalement se radicaliser ?
00:28:48 Est-ce que, Karim, il va y avoir des mouvements de blocage ?
00:28:51 On va essayer comme ça de faire pression ?
00:28:53 Parce que le gouvernement, pour l'instant, reste droit dans ses bottes.
00:28:55 Je pense qu'on va avoir un mouvement social
00:28:57 qui va s'articuler autour de deux types d'actions.
00:28:59 Les grandes manifestations auxquelles on a eu droit depuis le 19 janvier
00:29:04 et qui vont se poursuivre samedi.
00:29:06 Et c'est bien de le faire samedi.
00:29:07 Moi, j'ai souvent dit que c'était une gêne moindre pour les Français
00:29:11 et pour les salariés parce que c'est un jour où, en général,
00:29:14 beaucoup ne travaillent pas et donc il n'y aura pas de perte de salaire.
00:29:17 Donc il y aura du monde samedi, je pense.
00:29:19 Mais en parallèle, on risque d'avoir une forme d'unité, d'union
00:29:24 des Gilets jaunes avec les Gilets rouges de la CGT.
00:29:28 Donc sur quelques points durs.
00:29:30 Là, on parle des raffineries, on pourrait parler effectivement
00:29:33 des camionneurs, des poids lourds, des routiers.
00:29:36 On pourrait parler des poubelles de main dans les villes.
00:29:40 Il y a quelques points durs qui peuvent s'articuler à côté
00:29:43 des grands mouvements de dimension nationale
00:29:45 qui sont menés par l'intersyndicale, qui fonctionne bien, qui est unie.
00:29:49 Et même s'il y a eu quelques casseurs et autres qu'on a regrettés hier,
00:29:54 malgré tout, par rapport au nombre de personnes, ça se passe plutôt pas mal.
00:29:58 Ils maintiennent et maîtrisent leur truc.
00:30:00 Mais en parallèle, je pense qu'on aura des points durs,
00:30:02 qu'on aura des points chauds, des gens dont la colère remontera.
00:30:05 Parce qu'effectivement, vous l'avez dit, la perte de salaire,
00:30:07 c'est pas rien dans le contexte de l'inflation.
00:30:09 Il y a des gens qui ont des crédits, qui ont des fins de mois difficiles,
00:30:12 avant les manifestations.
00:30:14 Ces manifestations surenchérissent les difficultés.
00:30:16 Donc ils ne peuvent pas comprendre que le gouvernement ne ouvre pas la porte
00:30:19 au dialogue. Vous vous rendez compte qu'on les renvoie vers du SOP.
00:30:22 Je veux dire, du SOP qui est pour eux.
00:30:24 Oui, ils demandent à rencontrer Macron, on l'a dit.
00:30:26 Enfin, même pas la Première ministre de rue Vaux-la-Porte.
00:30:28 C'est le ministre du Travail, quand même. Il est au cœur du dossier.
00:30:30 C'est un manque de respect, c'est une forme d'arrogance qui est lancée.
00:30:32 On n'a pas 50 000 personnes dans la rue en France.
00:30:35 On a 1,280,000, vous l'avez dit, au plus fort des Gilets jaunes,
00:30:38 on avait 287 000 personnes.
00:30:40 On en a 1,280,000 de plus.
00:30:42 Et le gouvernement fait mine que ça n'existe pas.
00:30:44 Alors que c'est la 7e manifestation, on aura la 8e vraisemblablement samedi.
00:30:48 C'est pas normal.
00:30:49 Là, vous avez raison, c'est qu'on a fait un sondage pour CNews
00:30:51 qui est très intéressant.
00:30:53 "Êtes-vous en colère contre la politique économique et sociale du gouvernement ?"
00:30:56 Voilà la question qu'on vous a posée.
00:30:58 Regardez ça. 51, beaucoup en colère.
00:31:00 31, un peu.
00:31:02 Ça veut dire qu'en tout, il y a 82% des Français qui sont en colère
00:31:05 contre la politique économique et sociale du gouvernement.
00:31:07 C'est énorme. C'est un niveau énorme.
00:31:10 C'est extrêmement triste, parce qu'il ne faut pas l'oublier,
00:31:13 la France est quand même toujours un grand pays.
00:31:15 On est numéro 1 du monde en termes de dépenses publiques,
00:31:18 c'est près de 60% de notre PIB.
00:31:20 Numéro 1 du monde en termes de dépenses sociales,
00:31:22 32% de notre PIB,
00:31:25 alors que la moyenne des pays riches de l'OCDE, c'est 20%.
00:31:28 Donc, on dit tout ça pour en arriver là.
00:31:30 Vu les quantités de soutien, on ne devrait pas en arriver là.
00:31:34 On arrive aujourd'hui avec l'inflation qui continue d'augmenter,
00:31:37 des personnes qui veulent dans les supermarchés, etc.
00:31:41 Je ne dis pas que c'est bien, bien entendu, il ne faut pas le faire,
00:31:43 mais toujours est-il que ça montre bien qu'on a un problème
00:31:46 de fonctionnement de notre société.
00:31:48 Je te regarde avec Karim, je pense qu'il y a un vrai danger là.
00:31:51 Cette grève continue, elle s'installe,
00:31:54 on n'en parle pas trop, mais je voulais faire le plein d'essence impossible à Paris,
00:31:57 toutes les stations de service, il n'y a pas de sans-plomb.
00:31:59 Alors, il y a du gazole, ou ce que vous voulez, mais il n'y a pas de sans-plomb.
00:32:01 Donc, c'est compliqué, je ne sais pas comment je vais faire.
00:32:03 Mais bon, toujours est-il qu'on se rend bien compte,
00:32:05 c'est en train de se bloquer, alors qu'on avait dit il y a deux jours
00:32:07 qu'il n'y aurait pas de problème, vous vous souvenez ?
00:32:09 L'essence est pleine, tout va bien.
00:32:11 Donc, c'est un petit peu compliqué.
00:32:13 Donc, on a également cette croissance qui est extrêmement faible,
00:32:18 les entreprises qui sont au bord du gouffre,
00:32:20 beaucoup les faillites en entreprise sont en train d'augmenter,
00:32:22 donc ça veut dire que s'il y a des faillites derrière,
00:32:24 il y a des faillites dans le sondage, etc.
00:32:26 Donc, c'est extrêmement dangereux, sachant qu'on a en toile de fond
00:32:28 cette inflation qui est toujours très forte,
00:32:30 et qui ne faiblit pas, qui va rester élevée.
00:32:32 Donc, malheureusement, au-delà, on le voit bien dans ce sondage,
00:32:35 au-delà des retraites, je pense que le problème numéro un,
00:32:37 c'est effectivement le pouvoir d'achat.
00:32:39 C'est ça.
00:32:40 C'est-à-dire qu'on ne comprend pas qu'aujourd'hui,
00:32:42 on va dire la 7e puissance mondiale, on soit arrivé là.
00:32:45 Et ce qui est très intéressant de voir, c'est que,
00:32:47 vous savez, on a eu les chiffres d'inflation au niveau européen.
00:32:49 Il y a quelques mois encore, la France était le meilleur élève
00:32:52 en termes d'inflation.
00:32:53 Là, on avait 10,6% dans la zone euro, on était à 6%.
00:32:56 Maintenant, l'écart se resserre.
00:32:59 On est à 8,5% dans la zone euro, on est à 7,2% en France.
00:33:02 Chiffre harmonisé.
00:33:03 Parce qu'une fois qu'on a toutes les aides, etc.,
00:33:05 tous les faux-semblants, là, on voit la réalité.
00:33:07 Et donc, c'est ce qui fait que...
00:33:08 Et ça, les Français, ils aperçoivent très bien la réalité de l'inflation.
00:33:10 Bien entendu, bien entendu.
00:33:11 Et surtout, les produits du quotidien, qui augmentent,
00:33:13 si on prend l'alimentaire, à 14,5%.
00:33:15 25% de certains produits.
00:33:16 Bien sûr.
00:33:17 25%.
00:33:18 Mais si on prend le sucre, on est à 33%.
00:33:20 Donc, c'est des chiffres complètement fous.
00:33:22 Donc, là aussi, je pense qu'il faut faire attention au mépris.
00:33:24 Moi, je pense que c'est très dangereux.
00:33:26 Dire, vous ne comprenez rien, l'inflation, elle est à 6,2%,
00:33:28 donc, laissez-nous tranquille, tout va bien dans le meilleur du monde.
00:33:30 Il faut arrêter ce discours.
00:33:31 Il faut arrêter.
00:33:32 Et pareil sur ces manifs et autres.
00:33:34 Le problème, c'est que le gouvernement est prêt à son propre piège.
00:33:37 C'est-à-dire que si, effectivement, il retire sa réforme de la retraite,
00:33:40 alors là, comme on est sur-endetté, les taux d'intérêt vont encore flamber.
00:33:43 Et là, évidemment, ça va nous coûter extrêmement cher sur l'activité.
00:33:46 Donc, on est un petit peu bloqué.
00:33:48 On va voir, je pense, quelques semaines, voire quelques mois, difficile.
00:33:50 On est très, très, très bloqué. Je crois les jeunes.
00:33:52 Moi, à chaque fois que j'interroge un économiste,
00:33:54 c'est déjà arrivé avec Marc Twaty, que je lui demande
00:33:56 quels sont les grands sujets à traiter en économie.
00:33:59 À chaque fois, quand on va vraiment au bout de la question,
00:34:01 vous répondez tous, que vous soyez de droite, de gauche, libéraux, pas libéraux, etc.,
00:34:04 que l'économie, c'est avant tout une question de confiance.
00:34:06 Et je sais que vous êtes d'accord.
00:34:07 De confiance et de bon sens.
00:34:08 Et là, en l'occurrence...
00:34:09 Que nous avons perdu, malheureusement.
00:34:10 Je dis ça, bien sûr, je suis d'accord avec vous, mais je dis ça parce que les 82%,
00:34:13 c'est un petit problème par rapport à ce qu'il y a de la confiance.
00:34:15 Moi, je vais essayer, vu que je ne suis pas économiste,
00:34:17 de l'analyser différemment sur le plan politique.
00:34:18 En réalité, ce qui me fait très, très peur, c'est la longue marche
00:34:21 vers l'impasse politique, vers la crise de régime, en fait,
00:34:24 qui est la nôtre, si on prend...
00:34:25 Je ne vais pas vous faire toute l'histoire, mais disons,
00:34:27 depuis le référendum de 2005, dont le résultat n'a pas été respecté.
00:34:30 Finalement, je me pose la question à voix haute.
00:34:33 Quand est-ce que, la dernière fois, le peuple français a été consulté,
00:34:36 il a donné une opinion et cette opinion a été respectée ?
00:34:38 La vérité, c'est qu'on ne sait pas dire quand ça a été le cas,
00:34:41 parce que ça remonte à trop loin.
00:34:43 Il y a des élections présidentielles, soit dont les promesses ne sont pas tenues.
00:34:46 Alors, Sarkozy a beaucoup déçu la droite, Hollande a trahi la gauche,
00:34:49 pour le coup, de manière assez assumée.
00:34:51 Emmanuel Macron n'a pas tenu, pardon, la promesse de...
00:34:54 Oui, mais là, c'est la remise en cause de notre système de suffrage universel.
00:34:57 C'est ça le problème.
00:34:58 Il n'y a pas d'autre solution.
00:34:59 Non, mais justement...
00:35:00 La démocratie, c'est le meilleur des régimes.
00:35:01 Je suis bien d'accord.
00:35:04 En fait, je ne vous dis pas que c'est la remise en cause.
00:35:06 Moi, je suis assez d'accord avec vous, et le mot de Churchill que vous citez,
00:35:09 c'est le pire des régimes, à l'exception de tous les autres.
00:35:11 Ce n'est pas ce que je dis.
00:35:12 Ce que je veux juste dire, c'est qu'on est en train de s'installer
00:35:15 dans une crise de régime où plus rien ne fonctionne
00:35:18 dans ce que nous avons mis en place il y a 70 ans.
00:35:20 C'est-à-dire que notre système ne fonctionne plus,
00:35:22 on vient de vivre une élection présidentielle,
00:35:23 c'est notre rendez-vous, normalement, en théorie, qui ne s'est pas produit.
00:35:25 Il n'y a pas eu de débat, il n'y a pas eu de choix de société,
00:35:27 il n'y a pas eu, en tout cas, pas de manière éclairée,
00:35:29 donc on en paye des conséquences, et c'est parfaitement normal.
00:35:31 Il n'y a plus de dialogue social, donc les manifestations se passent
00:35:33 avec les gilets jaunes ou avec des points de blocage durs, comme disait Karim.
00:35:36 Et tout ça me semble inéluctable aujourd'hui.
00:35:39 C'est ça que je trouve très désespérant, et une crise de régime,
00:35:41 en général, pas toujours, mais en général, ça finit assez mal.
00:35:44 - Joseph, un tout petit mot sur cette contestation,
00:35:47 quelle forme elle peut prendre, parce qu'elle va se radicaliser,
00:35:50 les syndicats se heurtent au gouvernement,
00:35:52 a priori le texte sera voté en fin de semaine prochaine.
00:35:54 Qu'est-ce qui se passe après ?
00:35:55 - En attendant, il y a ce rendez-vous important,
00:35:57 qui est la commission mixte parlementaire,
00:35:59 parce que vraisemblablement, durant la commission mixte parlementaire,
00:36:02 on va se réunir à la fois sénateurs et députés,
00:36:05 il y a des "avancées" qui vont disparaître.
00:36:09 - Oui, mais ça revient à l'Assemblée après.
00:36:11 - Donc il va y avoir, bien sûr, mais le texte lui-même va changer.
00:36:14 Donc est-ce que l'Assemblée va reprendre les dispositions qu'il a votées ?
00:36:19 - Il n'y a plus aucune économie maintenant.
00:36:21 Ils ont tellement rajouté à tout le monde,
00:36:23 qu'ils vont arriver à un coût négatif.
00:36:25 - Tout le monde sait que si.
00:36:27 Tout le monde sait en France que cette réforme,
00:36:29 il va falloir la refaire en trois ans.
00:36:31 Et peut-être en abordant les vrais sujets,
00:36:33 comme celui de la capitalisation.
00:36:35 - Tout à fait.
00:36:36 - Parce qu'étrangement, personne n'en parle de cette question-là.
00:36:39 C'est-à-dire que c'est là que la grande question taboue.
00:36:42 C'est-à-dire que ce gouvernement nous a expliqué
00:36:44 qu'il fallait cette réforme absolument pour être raccord
00:36:47 avec les autres pays européens.
00:36:49 Le seul point de raccord qu'ils ont oublié,
00:36:52 avec les autres pays européens, c'est la capitalisation.
00:36:54 C'est dommage, c'est ballot.
00:36:56 - Alors Marc, toi aussi, un petit mot là-dessus ?
00:36:58 - Oui, tout à fait.
00:36:59 Non mais surtout, encore une fois, je l'ai souvent dit,
00:37:01 mais comme on a des hypothèses macroéconomiques
00:37:03 extrêmement optimistes dans ce projet de réforme,
00:37:05 on dit qu'on va avoir 2,5% de croissance par an en France,
00:37:07 alors qu'on a 0,9% par an depuis 15 ans.
00:37:09 Donc ça va être compliqué qu'on va avoir un taux de chômage
00:37:11 autour des 5%.
00:37:12 On est déjà à 7,2%, mais si on prend le chômage élargi,
00:37:14 on est à 16,5%.
00:37:15 Donc déjà, on sait très bien que le projet caduque.
00:37:17 On le sait très bien.
00:37:18 Donc ce qui veut dire que tous les 5 ans, on le voit,
00:37:21 tous les 5 ans, il faut faire des réformes de retraite.
00:37:23 Donc ça va continuer, et comme l'a dit Laurence,
00:37:25 comme là, on rajoute des rustines à chaque fois,
00:37:27 finalement, à la fin, on n'est même pas sûrs
00:37:29 qu'on va économiser les 13 milliards.
00:37:31 On va certainement pas les économiser du tout.
00:37:33 Donc ce qui veut dire que, tout ça pour ça, j'ai envie de dire.
00:37:36 C'est-à-dire que là, on est en train de prendre un risque énorme
00:37:38 sur la stabilité sociale et sociale de la France
00:37:41 pour finalement une réformette.
00:37:42 C'est quand même dramatique.
00:37:43 Donc c'est là où, bien entendu, il faudrait se poser
00:37:45 les vraies questions, voilà.
00:37:47 Il faut une plus grande égalité, justice de cette retraite.
00:37:50 La capitalisation, évidemment, qui vient, attention,
00:37:52 aider, elle ne va pas remplacer la répartition,
00:37:54 elle va simplement l'aider.
00:37:55 D'ailleurs, elle existe déjà pour les fonctionnaires.
00:37:57 Ce qu'on appelle l'après-fonds.
00:37:58 C'est un élément important quand même.
00:37:59 Mais la capitalisation, pourquoi ne pas ouvrir le débat ?
00:38:02 OK, mais excusez-moi, mais il y a quand même des questions
00:38:04 structurelles, essentielles, sur lesquelles on attend le politique.
00:38:07 On a parlé de l'égalité des salaires hommes-femmes.
00:38:10 Beaucoup d'économistes ont travaillé sur ce sujet.
00:38:13 Ils disent que ça ferait un nombre de cotisations,
00:38:15 un montant de cotisations important en plus,
00:38:17 donc capté dans le système par répartition.
00:38:20 Je veux dire, à un moment donné, l'égalité des salaires hommes-femmes,
00:38:23 c'est un sujet sociétal, on l'a vu, on est le 8 mars aujourd'hui,
00:38:26 c'est un sujet économique qui peut nous permettre,
00:38:28 effectivement, de trouver des sources de financement
00:38:30 pour notre régime par répartition.
00:38:32 Les seniors, l'emploi des seniors, Marc,
00:38:34 moi je veux bien qu'on repartie à l'agence,
00:38:36 64 ans, 65 ans, mais quand t'as 55, on vous explique
00:38:39 que vous n'êtes plus bon à rien, et qu'on vous met
00:38:41 un chômage technique, un chômage partiel,
00:38:43 un chômage... enfin, on ne trouve que des, je dirais,
00:38:46 des modalités qui ne sont tout sauf le travail,
00:38:49 et c'est un vrai sujet.
00:38:51 Et dans l'hypocrisie parlementaire, c'est clair.
00:38:53 Et dans l'hypocrisie parlementaire, quelle réponse on apporte ?
00:38:55 Donc à l'emploi des seniors, deuxième source de financement,
00:38:57 je vous prie, parce que si les seniors travaillent,
00:38:59 ils cotisent aussi, donc...
00:39:01 Et là, ces sujets-là ne sont pas traités par cette réforme.
00:39:03 La natalité, on peut en parler, je veux dire,
00:39:05 la démographie d'un autre pays, je veux dire,
00:39:07 soutenir les familles, une politique de la famille,
00:39:09 c'est un gros mot, la famille, il n'y a plus de ministère de la famille.
00:39:11 Je veux dire, à un moment donné, on ne peut pas revenir
00:39:13 en parler d'essentiel.
00:39:15 - Carrément, je ne suis pas dans le gouvernement,
00:39:17 sinon j'aurais fait une autre réforme, évidemment, des retraites,
00:39:19 bien entendu, mais c'est vrai qu'on a ces difficultés,
00:39:21 on parle par exemple des efforts de formation.
00:39:23 Aujourd'hui, on voit bien, on a des pénuries de membres.
00:39:25 C'est-à-dire qu'effectivement, on a 16,5% de chômage global,
00:39:27 c'est presque 6 millions de personnes,
00:39:29 mais par contre, les entreprises ont des pénuries,
00:39:31 elles n'arrivent pas à trouver, parce que,
00:39:33 ce n'est pas qu'on ne veut pas travailler,
00:39:35 c'est qu'il n'y a pas les formations.
00:39:37 Donc a fortiori, effectivement, sur les seniors,
00:39:39 on a un taux de chômage des moins de 25 ans de 16%.
00:39:41 Oui, c'est des niveaux extrêmement élevés.
00:39:43 Donc ce qui veut dire que, là aussi...
00:39:45 - Et en plus, vous pourriez rajouter...
00:39:47 - Les sujets ne sont pas abordés.
00:39:49 - ... le niveau de paupérisation des jeunes
00:39:51 qui sont rentrés dans le marché du travail.
00:39:53 - Bien sûr, bien sûr, complètement.
00:39:55 - Parce qu'évidemment, c'est un élément important
00:39:57 ensuite pour les retraites.
00:39:59 - Et puis c'est là où ça boucle avec l'inflation.
00:40:01 - Totalement.
00:40:03 - Aujourd'hui, pour donner du pouvoir d'achat,
00:40:05 effectivement, si on baissait les cotisations,
00:40:07 sur l'ensemble des Français,
00:40:09 on donnerait directement...
00:40:11 - Et à qui ça bénéficie, la CSG, la TVA ?
00:40:13 - À qui ? - À l'État.
00:40:15 - À qui ? - À l'État français, évidemment.
00:40:17 - Qui est le grand gagnant de l'affaire.
00:40:19 - L'État est un des grands gagnants, effectivement,
00:40:21 de l'inflation. Parce que quand on fonctionne la TVA,
00:40:23 la base est plus élevée. Donc évidemment,
00:40:25 là aussi, renvoyer de l'ensemble...
00:40:27 - Il y a tant de questions.
00:40:29 - On ne répond pas, je reviens, pardon,
00:40:31 c'est pas mon choix de bataille, mais c'est la capitalisation.
00:40:33 Une vraie capitalisation permettrait enfin
00:40:35 que nous n'avons pas en France,
00:40:37 ce qui permettrait justement de taper sur les startups,
00:40:39 de tabler sur les...
00:40:41 - Je pense que pour beaucoup en France,
00:40:43 c'est encore un gros mot, les fonds de pension.
00:40:45 - Oui, alors c'est ce que je te rappelais.
00:40:47 - On en a vu les limites.
00:40:49 - La spéculation sur les fonds de pension...
00:40:51 - Le premier grand défenseur des fonds de pension,
00:40:53 c'est Jean Jaurès dans l'Humanité,
00:40:55 en 1910.
00:40:57 Je suis sérieux. Il était nouveau référent.
00:40:59 - Non, non, il n'était pas nouveau référent, ça, mais...
00:41:01 - Ils peuvent retrouver sur Internet le texte.
00:41:03 - C'est une grande définition de l'entreprenariat.
00:41:05 - Ça a une mauvaise image, parce qu'en fait,
00:41:07 on les perçoit. En France, on fait
00:41:09 une erreur, on pense que c'est des fonds spéculatifs.
00:41:11 Ça n'a rien à voir.
00:41:13 - Il y en a des fonds spéculatifs.
00:41:15 - Non, bien sûr, mais c'est pas pareil. C'est une partie différente.
00:41:17 Les fonds qu'on appelle de fonds de pension, moi je préfère des fonds d'investissement.
00:41:19 Ce sont donc des fonds qui gèrent
00:41:21 l'argent de la retraite. Mais là, c'est pas comme nous,
00:41:23 où on donne l'argent pour qu'on paye les actuels retraités.
00:41:25 C'est votre argent qui reste dans ces fonds.
00:41:27 Cet argent est bloqué 40 ans.
00:41:29 Si vous cotisez aujourd'hui, vous arriverez à la retraite dans 40 ans.
00:41:31 Donc quand on a 40 ans devant soi,
00:41:33 on peut prendre des risques.
00:41:35 C'est pourquoi les Américains ont inventé
00:41:37 toutes ces start-up, parce qu'il y a ces fonds
00:41:39 d'investissement qui investissent sur 40 ans.
00:41:41 - Je veux juste qu'on aille faire un petit tour au Sénat.
00:41:43 On se trouve Gautier Lebrecht. Bonsoir Gautier.
00:41:45 Où est-ce qu'on en est sur les débats au Sénat ?
00:41:47 Évidemment, ça bloque. La gauche n'a pas du tout
00:41:49 apprécié que Gérard Larcher ait la droite
00:41:51 de faire avancer les débats au forceps pour les voter
00:41:53 la loi d'ici dimanche.
00:41:55 Ça bloque, c'est ça ?
00:41:57 - Oui, effectivement. Le Sénat prend des aires
00:41:59 d'Assemblée nationale avec ses sous-amendements
00:42:01 déposés par la gauche, effectivement,
00:42:03 pour freiner les débats, puisqu'il y a deux stratégies
00:42:05 qui s'opposent. La droite veut aller au bout
00:42:07 de ce texte et veut qu'il y ait un vote,
00:42:09 tandis que la gauche aimerait bien qu'il n'y ait pas de vote
00:42:11 au global. Ça permettrait de dire au gouvernement
00:42:13 "Vous n'avez pas fait voter votre texte
00:42:15 par les députés, vous ne l'avez pas fait voter
00:42:17 par les sénateurs, il est illégitime."
00:42:19 Et alors là, en ce moment, on discute,
00:42:21 et il y aura sans doute un vote ce soir,
00:42:23 à minuit, de l'article 7, le fameux article
00:42:25 qui prévoit de décaler l'âge légal
00:42:27 de 62 à 64 ans.
00:42:29 Et je vous rappelle, dimanche à minuit,
00:42:31 ça s'arrête, c'est la volonté du gouvernement,
00:42:33 avec l'article 47.1, de freiner
00:42:35 les débats, et Gérard Lachez
00:42:37 compte passer, effectivement, en force
00:42:39 avec le règlement du Sénat
00:42:41 pour qu'il y ait un vote
00:42:43 sur la globalité de ce texte,
00:42:45 quitte à supprimer, avec le règlement
00:42:47 qui lui permet, des amendements de la gauche.
00:42:49 - Merci beaucoup, Gauthier Lebret sur place,
00:42:51 et donc, Constantinir, on voit bien que le Sénat,
00:42:53 il joue de leur carte, ils veulent la voter,
00:42:55 cette réforme, ils veulent aller au fond des débats
00:42:57 pour faire, évidemment, le fondement de l'Assemblée nationale.
00:42:59 Mais la gauche bloque.
00:43:01 - On va se retrouver quand même face à un émerglio
00:43:03 entre ce qui se passe au Sénat, où la majorité
00:43:05 est républicaine, et ils veulent vraiment
00:43:07 que le débat avance pour arriver à cet article
00:43:09 7 pour le voter,
00:43:11 mais le groupe au Parlement,
00:43:13 à mon avis, n'est pas du tout dans la même posture.
00:43:15 Il est beaucoup plus divisé,
00:43:17 l'Assemblée nationale, le groupe LR,
00:43:19 et ne pourra peut-être pas
00:43:21 servir de force d'appoint aux macronistes.
00:43:23 Et au groupe pour Renaissance.
00:43:25 Et donc là, on va avoir un moment de vérité.
00:43:27 - Aurélien Pradié, mon invité à 18h30, on verra.
00:43:29 - Oui, parce qu'on a quand même un groupe qui est très divisé.
00:43:31 L'épisode qui vient de se passer entre Dupont-Moretti
00:43:33 et Marleix, à mon avis, laissera des traces aussi.
00:43:35 Donc, ne vous méprenez pas,
00:43:37 ils vont peut-être vouloir leur faire payer aussi,
00:43:39 d'une manière ou d'une autre, comme ça.
00:43:41 Et puis on a, donc,
00:43:43 le candidat à la tête de LR,
00:43:47 rappelle-moi son nom, Pradié.
00:43:49 Aurélien Pradié, qui a quand même un certain nombre.
00:43:51 - C'est ce que je dis, il est mon invité à 18h30, car il faut suivre.
00:43:53 - Un certain nombre. Et justement,
00:43:55 il a un certain nombre de parlementaires, Aurélien Pradié.
00:43:57 - Combien il en entraîne avec lui.
00:43:59 - Qui en entraîne avec lui. Et peut-être que
00:44:01 le compte n'y sera pas pour trouver une majorité.
00:44:03 - Le froid les jeunes. - C'est un peu l'écume des choses,
00:44:05 mais moi je reconnais que sur la stratégie de Républicain,
00:44:07 je ne comprends pas l'intérêt qu'ils ont.
00:44:09 Je comprends beaucoup mieux, à l'origine,
00:44:11 moi plutôt sur les positions de Suti ou Retailleau
00:44:13 que celle de Pradié, mais je comprends beaucoup mieux sa stratégie.
00:44:15 Je la trouve plus lisible, et au moins, on sait qu'il est dans l'opposition.
00:44:17 Et là, on en parlait pendant la petite coupure,
00:44:19 pendant qu'on écoutait Gauthier Lebret avec Marc.
00:44:21 Honnêtement, le jusqu'auboutisme des Républicains
00:44:23 pour être à toute force
00:44:25 ceux qui vont réussir à faire voter cette réforme,
00:44:27 je ne comprends pas l'intérêt.
00:44:29 - Mais ils sont cohérents.
00:44:31 Ça faisait des années qu'ils me défendent la retraite à 65 ans.
00:44:33 - Non, non, ils ne sont pas cohérents.
00:44:35 Suti a dit les 1200 euros et les carrières longues.
00:44:37 Sur ces deux sujets, le compte n'y est pas.
00:44:39 - Pendant la primaire, ils parlaient des 65 ans.
00:44:41 - Ça fait des années.
00:44:43 - Sauf qu'ils les ont mis à côté.
00:44:45 - Leur candidat à l'arc présidentiel
00:44:47 présentait une réforme qui avait tous les aspects
00:44:49 qu'a mentionné Karine tout à l'heure, natalité,
00:44:51 carrière longue, emploi des seniors, etc.
00:44:53 Là, ça pouvait se défendre.
00:44:55 Ce n'était pas un truc qui pesait que sur les actifs
00:44:57 et qui oubliait.
00:44:59 C'est pour ça que leur cohérence,
00:45:01 elle a un peu à remettre en question.
00:45:03 Par contre, ils l'ont interprétée comme ça
00:45:05 parce qu'ils voulaient envoyer un message clair à leurs électeurs
00:45:07 et que les 54% allaient être contre.
00:45:09 Je ne vois pas ce qu'ils vont gagner.
00:45:11 Mais la chose la plus grave qui est en train de se passer
00:45:13 en ce moment, c'est si on prolonge la réflexion de Joseph
00:45:15 sur la commission mixte paritaire.
00:45:17 7 députés, 7 sénateurs vont se réunir pour débattre.
00:45:19 Ça retournera à l'Assemblée nationale, peut-être avec un 49-3.
00:45:21 Et à la fin, en réalité, sur le plan institutionnel,
00:45:23 ça peut être voté assez facilement.
00:45:25 - Donc, qu'est-ce qui se passe après ?
00:45:27 - Je ne sais pas ce qui se passe après.
00:45:29 En revanche, ce que je peux vous dire,
00:45:31 c'est que le gouvernement va dire
00:45:33 "Nos institutions ont tenu, on a fait passer un texte
00:45:35 à l'opposition de la rue. Moi, je pense que les 70% de Français
00:45:37 qui étaient contre cette réforme et qui n'ont pas voté pour ça
00:45:39 en 2022 vont dire "L'Assemblée nationale
00:45:41 va être emportée dans le flot d'inlégitimité
00:45:43 qui touche déjà beaucoup de nos institutions
00:45:45 avec les autres."
00:45:47 - C'est pas faux. Marc, toi ?
00:45:49 - Je pense que c'est dangereux.
00:45:51 Moi, si je suis d'accord, on en parlait tout à l'heure.
00:45:53 C'est vrai que la volonté du rararché de vouloir aller vite,
00:45:55 on a l'impression qu'il soutient le gouvernement
00:45:57 vraiment de façon assez incroyable.
00:45:59 Il est quand même dans l'opposition, d'après ce que j'ai compris.
00:46:01 - On peut faire voter cette réforme.
00:46:03 - On peut, on peut.
00:46:05 Sur l'emploi des seniors, etc.
00:46:07 - Il ne dit pas qu'il est pour un CDI senior.
00:46:09 - La clause du grand-père pour les régimes spécialistes.
00:46:11 - J'ai l'impression.
00:46:13 - Finalement, ils n'ont pas eu gain de cause.
00:46:15 C'est un petit peu bizarre.
00:46:17 Je pense qu'en termes de lisibilité pour leur électorat,
00:46:19 c'est un peu compliqué.
00:46:21 Moi, ce qui m'inquiète, c'est que même si la loi passe
00:46:23 avec le 47.1, 49.3, ce que vous voulez,
00:46:25 c'est de la magouille, excusez-moi.
00:46:27 À ce moment-là, moi, je crains que
00:46:29 les gilets rouges et jaunes
00:46:31 fassent une fusion.
00:46:33 Bon, ça fera de l'orange, je crois que c'est renaissance.
00:46:35 Je veux le jaune et le rouge.
00:46:37 - C'est le modem, plutôt.
00:46:39 - Moi, ça ne sera pas le cas.
00:46:41 Ma crainte, c'est qu'après, on se dit que finalement,
00:46:43 on n'a pas été écouté.
00:46:45 Le mouvement se durcisse quand on voit
00:46:47 l'état de défiance qu'on a aujourd'hui.
00:46:49 Donc, il faut quand même être extrêmement prudent.
00:46:51 - Le grand rendez-vous, Marc, c'est est-ce que l'intersadical,
00:46:53 à un moment donné, va décider,
00:46:55 sans doute un samedi,
00:46:57 de faire la grande manifestation
00:46:59 de "Montée sur Paris".
00:47:01 C'est ça, en fait.
00:47:03 - De réunir tout le monde sur Paris.
00:47:05 - C'est ça qui est à l'étude aujourd'hui.
00:47:07 - On verra ça. Merci.
00:47:09 - Ou appelé au blocage durable.
00:47:11 - Ah, ça, c'est autre chose.
00:47:13 - Parce que la France n'était pas là.
00:47:15 - On verra ce qu'il décide.
00:47:17 Une petite pause. On se retrouve dans un instant
00:47:19 dans Punchline sur CNews et sur Europe 1.
00:47:21 On revient sur cette réforme des retraites,
00:47:23 sur la contestation et aussi sur cette journée des droits
00:47:25 des femmes avec le président Macron
00:47:27 et le PVG dans la Constitution. Tout de suite.
00:47:29 Bonsoir à tous et bonsoir à toutes.
00:47:33 Bienvenue dans Punchline, ce soir sur CNews et sur Europe 1.
00:47:35 Quelle forme va prendre la contestation
00:47:37 contre la réforme des retraites après la grande mobilisation d'hier ?
00:47:39 L'exécutif reste sourd.
00:47:41 Revendications des syndicats qui ont demandé
00:47:43 en vain à être reçus par Emmanuel Macron.
00:47:45 Les blocages continuent dans les
00:47:47 transports et l'énergie, mais le mouvement risque-t-il
00:47:49 de s'essouffler ? La colère, pourtant,
00:47:51 ne cesse de monter contre la politique économique
00:47:53 et sociale du gouvernement. C'est ce que l'on va entendre.
00:47:55 On va évoquer aussi la journée
00:47:57 des droits des femmes, une journée des droits des femmes
00:47:59 qui devient une journée pour le droit
00:48:01 à une retraite complète. C'est ce que disent
00:48:03 les manifestantes qui sont en ce moment
00:48:05 en train de défiler à Paris. Le président Macron
00:48:07 annonce, lui, un projet de loi dans les prochains
00:48:09 mois pour l'inscription du droit à l'IVG
00:48:11 dans la Constitution. Voilà les grandes lignes
00:48:13 de nos débats ce soir. Ce sera juste après
00:48:15 le rappel des titres de l'actualité de 18h.
00:48:17 [Musique]
00:48:29 Il est pile 18h. Bienvenue si vous nous rejoignez
00:48:31 à l'instant sur Europe 1 et sur CNews.
00:48:33 La SNCF annonce un trafic encore fortement
00:48:35 perturbé demain. Un TGV
00:48:37 inouï et un Wigo sur 3
00:48:39 devraient notamment circuler alors que
00:48:41 2 TER sur 5 en moyenne vont
00:48:43 circuler selon les régions. Le trafic restera
00:48:45 également perturbé. Vendredi, même chose
00:48:47 dans le métro parisien.
00:48:49 Si les syndicats estiment que l'exécutif
00:48:51 continue de faire la sourde oreille, Olivier
00:48:53 Véran affirme le contraire. Le porte-parole
00:48:55 du gouvernement essaye de
00:48:57 dire que le dialogue peut se poursuivre
00:48:59 avec les syndicats. Écoutez-le.
00:49:01 La porte du gouvernement, elle reste
00:49:03 ouverte comme elle l'est restée
00:49:05 ouverte tous ces derniers mois.
00:49:07 C'est dans le dialogue toujours avec les parlementaires
00:49:09 de la majorité et des oppositions
00:49:11 cette fois, que nous continuons de
00:49:13 faire évoluer notre projet. Par
00:49:15 exemple, pour mieux valoriser les retraites
00:49:17 des femmes qui ont eu à conjuguer
00:49:19 maternité et vie professionnelle.
00:49:21 Parce que c'est juste,
00:49:23 parce que cela ne remet pas en question
00:49:25 l'équilibre à 2030.
00:49:27 Voilà, et on en débattra dans un instant dans
00:49:29 punchline. Et puis parmi les actions,
00:49:31 près de 150 salariés grévistes ont manifesté
00:49:33 aujourd'hui à l'intérieur du musée du Louvre.
00:49:35 Ils ont occupé la salle de la Joconde
00:49:37 pour affirmer leur solidarité avec les luttes des
00:49:39 femmes pour leurs droits partout dans le monde et
00:49:41 dénoncer l'impact en France de la loi
00:49:43 retraite sur la situation des femmes salariées.
00:49:45 Justement, ce 8 mars, je vous le disais,
00:49:47 les femmes du monde entier manifestent pour
00:49:49 leur droit à Paris et dans plusieurs villes
00:49:51 de France. Plusieurs organisations
00:49:53 syndicales sont mobilisées. Écoutez
00:49:55 ces manifestantes interrogées dans l'après-midi.
00:49:57 Dans les pays où la
00:49:59 loi existe, le droit à l'avortement
00:50:01 continue d'être toujours menacé.
00:50:03 On a vu effectivement ce recul
00:50:05 aux Etats-Unis. Il avait dit qu'il était
00:50:07 pour l'inscription du droit à l'avortement dans la Constitution.
00:50:09 Quand la France dirigeait l'Union
00:50:11 européenne, il a dit ça. Il n'a pas tenu
00:50:13 sa promesse. Donc,
00:50:15 c'est un peu des annonces et
00:50:17 on voudrait savoir ce qu'il fait.
00:50:19 Voilà, et puis un mot de sport pour terminer. Ce soir,
00:50:21 le Paris Saint-Germain joue à Munich le match retour
00:50:23 des huitièmes de finale de la Ligue des Champions
00:50:25 après la défaite 1-0 à L'Allée.
00:50:27 Kylian Mbappé sera titulaire
00:50:29 cette fois, va peut-être changer la donne.
00:50:31 Le Schock Bayern PSG c'est ce soir, donc,
00:50:33 à 21h. Match à suivre sur
00:50:35 Canal+ et bien sûr sur Europa.
00:50:37 18h02, on est en direct dans
00:50:39 Punchline sur CNews et sur Europa.
00:50:41 Nous sommes avec Cyril Chabanier, président
00:50:43 de la CFTC. Bonsoir à vous. Merci d'être avec nous.
00:50:45 William Martinet nous a rejoint. Député
00:50:47 La France insoumise des Yvelines, merci d'être
00:50:49 là. Bonsoir à vous. Nous sommes avec Geoffroy Lejeune,
00:50:51 directeur de la rédaction de Valeurs Actuelles. Bonsoir.
00:50:53 Et Mark Twaty, économiste. Bonsoir Mark.
00:50:55 Bonsoir Laurence. On commence par
00:50:57 ces mobilisations contre la réforme des retraites.
00:50:59 Comment vont-elles se déployer
00:51:01 dans les prochains jours ? Que va-t-il se passer ?
00:51:03 Les blocages continuent. On fait le point avec
00:51:05 Valentine Leboeuf et on en débat ensuite.
00:51:07 Ce camion-citerne
00:51:09 fait demi-tour, sans les 40 000
00:51:11 litres d'essence pour alimenter les stations
00:51:13 services. L'entrée de cet
00:51:15 entrepôt pétrolier en Gironde a été bloquée
00:51:17 de 3h à 10h du matin.
00:51:19 Un lieu qui n'a pas été choisi au hasard,
00:51:21 comme l'explique l'un des porte-parole de
00:51:23 la CGT. Il y a un côté symbolique d'être
00:51:25 devant des centres pétroliers alors que Total
00:51:27 fait 20 milliards de bénéfices,
00:51:29 que le CAC 40 a filé 80 milliards
00:51:31 aux actionnaires et on nous dit aujourd'hui qu'il va falloir
00:51:33 travailler deux ans. A plus de 600
00:51:35 kilomètres, l'entrée au port du Havre a
00:51:37 également été bloquée par des palettes et des pneus
00:51:39 en feu. Côté train, la circulation
00:51:41 s'améliore à la SNCF, mais
00:51:43 reste encore très perturbée.
00:51:45 Un train sur trois circule ce mercredi.
00:51:47 A la gare de Lyon, les voyageurs
00:51:49 doivent s'armer de patience. J'avais un
00:51:51 voyage initialement prévu en fin
00:51:53 d'après-midi, que j'ai dû
00:51:55 décaler une première fois,
00:51:57 puisque supprimé, qui a été
00:51:59 resupprimé derrière. Remboursement, bien sûr,
00:52:01 il faut attendre.
00:52:03 Donc voilà.
00:52:05 Un appel à la grève reconductible a été lancé
00:52:07 dans les transports, les raffineries
00:52:09 et l'énergie. Patricia Devron
00:52:11 de Force Ouvrière affirme vouloir continuer
00:52:13 à mettre la pression tant qu'il n'y aura pas
00:52:15 de réponse du gouvernement. Le silence
00:52:17 du président de la République constitue un grave problème
00:52:19 démocratique qui conduit
00:52:21 immanquablement à une situation
00:52:23 qui pourrait devenir explosive. Des propos
00:52:25 démentis par Elisabeth Borne.
00:52:27 Le gouvernement est toujours prêt et ouvert
00:52:29 au dialogue comme il l'a montré ces derniers
00:52:31 mois. Si les organisations
00:52:33 syndicales souhaitent évoquer certains
00:52:35 points particuliers, la porte du ministre
00:52:37 du Travail Olivier Dussopt reste
00:52:39 toujours ouverte. En attendant les discussions,
00:52:41 deux nouvelles journées de mobilisation
00:52:43 sont prévues les 11 et 15 mars
00:52:45 prochains.
00:52:47 Voilà sur le point. Cyril Chabanier, président
00:52:49 de la CFTC. Comment le mouvement peut-il
00:52:51 continuer face à un exécutif
00:52:53 qui reste absolument bloqué sur ses positions ?
00:52:55 Il va continuer un intersyndical
00:52:57 avec deux fortes mobilisations
00:52:59 donc samedi pour permettre à des familles
00:53:01 de venir et permettre aussi à des personnes
00:53:03 de pouvoir manifester sans perte
00:53:05 de salaire puisqu'on sait qu'après
00:53:07 six journées de mobilisation,
00:53:09 évidemment le pouvoir d'achat est une question
00:53:11 phare. Vous voulez plus de monde dans la rue ? Parce que là,
00:53:13 on a déjà atteint des records hier.
00:53:15 On espère avoir encore plus de monde dans la rue
00:53:17 et une autre manifestation se fera le jour
00:53:19 de la commission mixte paritaire
00:53:21 donc le 15 mars pour mettre
00:53:23 justement la pression sur les députés
00:53:25 de l'Assemblée nationale et sur les sénateurs
00:53:27 en espérant que ce texte ne soit
00:53:29 pas voté et vous avez vu que...
00:53:31 Mais ça ne marche pas pour l'instant ?
00:53:33 Depuis hier, il y a des grèves
00:53:35 reconductibles, il y a des secteurs qui font
00:53:37 des actions spécifiques. Votre reportage l'a montré
00:53:39 avec le Louvre, avec des raffineries
00:53:41 et donc on continue
00:53:43 ce qu'on avait dit depuis le départ, que si on n'était pas entendus
00:53:45 on monterait d'un cran et on continue
00:53:47 à faire des actions en montant d'un cran
00:53:49 en espérant que le gouvernement va enfin
00:53:51 nous entendre. Il faut qu'il nous entende, c'est pas possible.
00:53:53 Et si cette loi est votée, qu'est-ce qui va se passer ?
00:53:55 Qu'est-ce que vous ferez ? Vous arrêtez les mouvements ?
00:53:57 Si cette loi est votée, le mouvement ne s'arrêtera pas.
00:53:59 D'abord parce qu'il y aura
00:54:01 sûrement un recours au Conseil constitutionnel
00:54:03 il y a toute une série de choses
00:54:05 qui sont discutables.
00:54:07 Il y aura ensuite, c'est parce qu'une loi est votée
00:54:09 qu'elle est forcément promulguée, rappelez-vous
00:54:11 du CPE qui n'avait pas été promulguée.
00:54:13 Et même si la loi a été promulguée, derrière il y a encore
00:54:15 les décrets d'application
00:54:17 et il faut encore aussi agir sur ces décrets d'application.
00:54:19 Donc aujourd'hui on ne part pas
00:54:21 pour s'arrêter
00:54:23 le 16 ou le 20 si la loi a été votée.
00:54:25 William Martinet, La France Insoumise
00:54:27 Comment est-ce que les syndicats
00:54:29 se heurtent à un mur, le mur de l'exécutif
00:54:31 qui dit "non on ne bougera pas sur la mesure de 62 à 64 ans de report" ?
00:54:34 D'abord, peut-on dire une chose ?
00:54:36 Le mouvement social qui se déroule
00:54:38 a un caractère absolument exceptionnel,
00:54:40 historique, de mémoire des syndicalistes.
00:54:42 La dernière fois qu'un mouvement social était aussi puissant
00:54:45 c'était les grèves de 95.
00:54:47 Déjà à l'époque, contre un projet de réforme des retraites
00:54:49 que les syndicats avaient réussi
00:54:51 à faire retirer.
00:54:53 Donc c'était il y a plus de 30 ans.
00:54:55 Donc là on est engagé dans une grève reconductible,
00:54:57 c'était la deuxième journée aujourd'hui.
00:54:59 On a eu une manifestation avec plus de 3 millions de personnes.
00:55:02 Et tout ça, je crois que le signe...
00:55:04 Ça c'est vos chiffres, l'histoire de la police c'est à 1280 000.
00:55:06 Mais c'est énorme !
00:55:08 Même si on prend les chiffres de la police, ça n'enlève rien
00:55:10 au caractère exceptionnel du mouvement social qu'on a.
00:55:12 Parce que même les chiffres de la police sont parmi les plus importants
00:55:14 qui n'ont jamais été annoncés par le ministère de l'Intérieur.
00:55:17 Et je crois que c'est signe que le mouvement est très profondément
00:55:20 ancré dans le pays.
00:55:21 70% des Français sont en train de tirer la réforme.
00:55:23 Dans les petites et moyennes villes, on a le plus de manifestants.
00:55:25 Il faut voir aussi, on le voit derrière vous sur l'image,
00:55:28 ceux qui ont défilé à ces manifestations,
00:55:30 c'est beaucoup aussi de travailleurs de première et deuxième ligne.
00:55:33 Ceux qui ont les boulots qui sont difficiles,
00:55:34 qui ont le plus à perdre avec cette réforme des retraites.
00:55:37 Donc face à tout ça maintenant, la balle est dans le camp du gouvernement.
00:55:40 Je crois que l'entêtement d'Emmanuel Macron,
00:55:42 non seulement à refuser de retirer sa réforme,
00:55:44 mais ce que j'ai cru comprendre même,
00:55:46 c'est qu'il a refusé de recevoir l'intersyndical.
00:55:48 On est quand même dans une situation hallucinante.
00:55:50 3 millions de personnes dans le pays,
00:55:51 et le président de la République, il est à l'étranger,
00:55:53 et il refuse de répondre à l'intersyndical
00:55:55 qui demande simplement le dialogue.
00:55:57 Donc il y a besoin d'un retour à la raison,
00:55:59 parce que tant que du côté de l'exécutif,
00:56:01 il n'y aura pas ce retour à la raison,
00:56:03 les grèves vont continuer,
00:56:04 et le blocage du pays va continuer à se faire.
00:56:06 Et de plus en plus fort, Marc Twaty, c'est la solution,
00:56:08 les blocages des refineries, des dépôts de carburant ?
00:56:11 C'est un coup économique assez dramatique.
00:56:14 Je rappelle ce chiffre très simple,
00:56:16 c'est-à-dire qu'aujourd'hui, chaque jour ouvré en France,
00:56:18 on crée à peu près 10 milliards d'euros de richesses,
00:56:21 de fameux PIB si vous voulez.
00:56:23 Donc s'il y a une baisse d'activité de 10 à 15%,
00:56:26 vous enlevez 1,5 milliard.
00:56:28 Alors évidemment, quand ce n'est pas reconductible,
00:56:30 on peut récupérer ensuite le lendemain ou le surlendemain,
00:56:32 quoiqu'il y a des dépenses qui ne sont pas récupérables.
00:56:34 Par exemple, si vous n'avez pas allé au restaurant deux fois de suite,
00:56:36 c'est parce que vous n'avez pas été la veille.
00:56:38 Ce qui veut dire qu'il y a une perte nette,
00:56:40 c'est que si on a un mouvement dur, avec des blocages qui s'installent,
00:56:43 comme la France est déjà au bord malheureusement de la récession,
00:56:45 ça va évidemment, on va tomber dans cette récession.
00:56:47 Et j'ai envie de dire que le gouvernement est pris à son propre piège aujourd'hui.
00:56:50 Parce que si la grève continue, les blocages continuent,
00:56:55 à ce moment-là, je pense que la France peut retomber en récession.
00:56:58 Donc avec derrière bien sûr des entreprises qui pourront peut-être faire faillite,
00:57:01 du chômage qui va augmenter,
00:57:03 donc tout le monde paiera évidemment la facture.
00:57:05 Et si jamais ils retirent effectivement la réforme des retraites,
00:57:07 pourquoi pas, ça paraît peu probable.
00:57:09 C'est très bien ce qui va se passer.
00:57:10 Alors là, à ce moment-là, il y aura je dirais une sanction effectivement
00:57:14 sur les taux d'intérêt qui sont en train déjà d'augmenter de plus en plus fortement.
00:57:17 Donc si les taux d'intérêt augmentent, ça casse l'activité économique,
00:57:19 donc ça casse effectivement l'investissement, la consommation.
00:57:22 Et donc on revient aussi sur une récession.
00:57:24 Donc j'ai envie de dire, quoi qu'il arrive malheureusement,
00:57:26 c'est pourquoi ce coup de poker n'était pas forcément le bon moment,
00:57:30 surtout qu'en toile de fond, on a cette inflation qui est là, qui est extrêmement forte.
00:57:33 Moi je pense qu'au-delà du problème des retraites,
00:57:35 il y a ce ras-le-bol au niveau du pouvoir d'achat.
00:57:38 Donc c'est là où il faudrait aujourd'hui qu'on réagisse
00:57:40 et qu'on ouvre la porte justement en disant,
00:57:42 il y a des mesures qu'on peut prendre aujourd'hui
00:57:44 pour relancer effectivement notre économie.
00:57:46 Mais là, c'est vrai que, je suis désolé, j'aimerais être optimiste,
00:57:48 mais on risque d'avoir quelques semaines, voire quelques mois,
00:57:50 très compliqués malheureusement.
00:57:52 Geoffroy Lejeune, on est dans l'impasse.
00:57:53 On a le gouvernement qui ne bouge pas,
00:57:55 les syndicats qui disent qu'on ne bouge pas non plus.
00:57:57 Qu'est-ce qui va se passer ?
00:57:58 Je n'en ai aucune idée, mais c'est très clairement, c'est le terme, c'est une impasse.
00:58:01 Moi ce qui m'inquiète dans la comparaison que vous avez faite avec 1995,
00:58:04 c'est que 1995, c'était une époque où en fait,
00:58:06 ce qui se passait dans la rue avait une importance,
00:58:08 où le Parlement avait une importance,
00:58:10 et où on retirait les projets de loi quand on constatait qu'ils étaient impopulaires.
00:58:12 Aujourd'hui, je pense qu'on est passé dans une nouvelle phase
00:58:15 de notre démocratie complètement essoufflée, etc.
00:58:17 Où en fait, ça n'a aucun impact sur le gouvernement,
00:58:22 sur les décisions qu'il prend, sur son comportement.
00:58:24 On entend Élisabeth Borne dire que la porte du ministre est ouverte,
00:58:26 Olivier Véran dire qu'ils sont à l'écoute comme depuis le début, etc.
00:58:29 C'est absolument lunaire en fait le discours du gouvernement aujourd'hui.
00:58:32 Et je pense en fait qu'on a basculé dans une autre phase de la démocratie,
00:58:36 où finalement, ils vont avancer, pour une raison d'ailleurs que je trouve moi extrêmement cynique,
00:58:40 mais qui du coup me fait penser qu'il y a assez peu de chance.
00:58:42 En fait, il faudrait une humilité incroyable pour dire "Aujourd'hui, on s'est trompé".
00:58:45 On a fait ça au mauvais moment, dans des mauvaises conditions,
00:58:48 on a mal préparé, et vous êtes arrivé en nous disant que les carrières longues,
00:58:52 que les mères de famille, que les 1200 euros,
00:58:55 et donc on retire ce projet.
00:58:57 Il faudrait une humilité dont on n'a jamais vu ce gouvernement se montrer capable.
00:59:00 Donc je n'y crois pas beaucoup.
00:59:02 Et deuxième chose qui me fait vraiment peur, c'est que,
00:59:04 souvenez-vous au moment des gilets jaunes, qui était aussi une mobilisation assez inédite, assez importante,
00:59:08 l'opinion était majoritairement en faveur des gilets jaunes,
00:59:10 et majoritairement opposée au gouvernement.
00:59:12 Mais il a suffi qu'un petit bloc très minoritaire, de 25-30% de la population,
00:59:16 soutienne le gouvernement, exige le retour de l'ordre,
00:59:19 vous savez, les policiers dans la rue, dans les manifestations, etc.
00:59:21 pour qu'Emmanuel Macron, politiquement, maintienne son capital,
00:59:25 et se maintienne en vie, et d'ailleurs il l'était arrivé en très bonne position,
00:59:28 dans les élections européennes, juste après.
00:59:30 Je pense qu'aujourd'hui on est dans la même situation,
00:59:32 il y a un tir, 30% des français qui soutiennent la réforme,
00:59:34 et ça suffit pour le gouvernement pour continuer à fermer les yeux.
00:59:36 On fait une toute petite pause, on écoutera Laurent Berger,
00:59:38 de la CFDT, qui dit que la mobilisation ne va pas s'arrêter.
00:59:41 A tout de suite dans Punchline, sur CNews et sur Europe 1.
00:59:43 18h16, on se retrouve en direct dans Punchline, sur CNews et sur Europe 1,
00:59:51 avec Cyril Chabagné, président de la CFTC,
00:59:53 syndicaliste, William Martinet, député de la France Insoumise,
00:59:56 Desivlides, Marc Touati, Geoffroy Lejeune.
00:59:58 On va écouter Laurent Berger, de la CFDT,
01:00:00 qui a dit, aujourd'hui, il a été reçu à l'Assemblée par Aurélien Pradié,
01:00:04 des Républicains, il sera notre invité tout à l'heure à 18h30.
01:00:07 Il a dit "quoi qu'il arrive, la mobilisation va se poursuivre".
01:00:10 On l'écoute, et je vous passe la parole.
01:00:12 Hier on a eu la plus grande mobilisation,
01:00:15 depuis qu'on mesure la taille des manifestations dans notre pays.
01:00:18 C'est-à-dire depuis le début au moins des années 80 ou 90,
01:00:21 c'était la plus grande mobilisation chiffre de la police.
01:00:24 Aujourd'hui, il n'y a pas de refus.
01:00:26 Il y a une grande mobilisation de l'ensemble du monde du travail.
01:00:30 90% des salariés disent qu'ils sont contre cette réforme.
01:00:33 On a des chiffres de mobilisation énormes dans la rue.
01:00:36 Et on continue samedi.
01:00:38 On remobilise samedi, et on continuera de le faire,
01:00:41 y compris le jour de la commission mixte paritaire.
01:00:43 Et il sera bien temps, une fois le processus parlementaire terminé,
01:00:47 de revenir sur cette question.
01:00:49 Mais pour l'instant, je le dis et je le redis aux salariés de ce pays,
01:00:52 c'est le moment de se mobiliser massivement
01:00:55 et de montrer votre détermination pour que cette réforme ne passe pas.
01:00:59 Cyril Jabanier, même combat que Laurent Berger,
01:01:03 il faut que la mobilisation se poursuit,
01:01:05 mais encore une fois, avec quel résultat ? Où est-ce que vous allez ?
01:01:08 Oui, il faut que la mobilisation se poursuive.
01:01:10 C'est pour ça que l'intersyndicale a donné deux dates supplémentaires.
01:01:13 Laurent Berger l'a dit, c'est une mobilisation qui est historique,
01:01:17 dans un contexte aussi qui est historique.
01:01:20 Et d'avoir une telle mobilisation, avec une telle inflation
01:01:23 et les problématiques de pouvoir d'achat,
01:01:25 c'est que personne n'avait fait le pari au tout début.
01:01:27 D'ailleurs, le gouvernement comptait sur ça,
01:01:29 que les problématiques de pouvoir d'achat empêchent les gens de manifester
01:01:32 et de faire grève. Et on voit que c'est largement suivi.
01:01:34 Aujourd'hui, encore une fois, on monte d'un cran, on continue.
01:01:38 Il faut absolument que le gouvernement nous entende.
01:01:41 S'il pense aussi qu'en accélérant le calendrier,
01:01:43 ça va faire en sorte que les manifestations vont s'arrêter très rapidement,
01:01:47 je pense que c'est un très mauvais pari.
01:01:49 Parce que nous nous reverrons.
01:01:51 L'intersyndical n'a pas décidé ce qu'on ferait après la manifestation du 15
01:01:55 et après le vote de cette loi, si elle est votée.
01:01:58 Parce qu'on n'en parle jamais, mais quand on discute,
01:02:01 et on discute beaucoup, nous, les organisations syndicales,
01:02:04 avec l'ensemble des députés, et on peut vous dire
01:02:07 que ce soit du côté LR, même du côté de la majorité,
01:02:10 ce n'est pas aussi simple que ça au niveau des votes.
01:02:13 Vous savez qu'ils se feront virer de la majorité s'ils ne votent pas la loi.
01:02:15 Mais ça veut tout dire.
01:02:17 Quand on est obligé de menacer des députés,
01:02:19 s'ils ne votent pas la loi, ils seront exclus,
01:02:21 ça veut dire qu'il y en a une partie qui ne souhaite pas la voter.
01:02:23 S'ils étaient aussi sereins que ça, il n'y aurait pas besoin de les menacer.
01:02:26 Donc le vote, il n'est pas encore acquis à l'Assemblée nationale.
01:02:30 Il faut qu'on soit écouté.
01:02:32 Moi, je me rappelle un président de la République
01:02:34 qui a créé un mouvement qui s'appelait "La République en marche".
01:02:37 Aujourd'hui, dans la rue, on a une République en marche.
01:02:40 Donc il devrait l'écouter.
01:02:42 Mais lui, il a été aussi élu par un certain nombre de concitoyens
01:02:44 il n'y a pas si longtemps que ça.
01:02:46 Je suis persuadé qu'il y en a plusieurs peut-être autour de cette table
01:02:50 qui ont voté pour lui au deuxième tour
01:02:52 et pas forcément pour la retraite à 65 ans.
01:02:54 Je ne sais pas, qui se sont visés ?
01:02:56 M. Martinet, vous avez voté Emmanuel Macron au second tour ?
01:02:58 Un vrai sujet, c'est le problème de légitimité démocratique
01:03:01 d'Emmanuel Macron à faire cette réforme des retraites.
01:03:04 Parce que oui, elle était dans son programme.
01:03:06 D'ailleurs, c'est vrai que dans son programme,
01:03:08 qui était assez plus lisible,
01:03:10 c'était une des seules mesures qui étaient annoncées.
01:03:12 Il est revenu à 64 ans dans les deux tours.
01:03:14 Mais le problème, on sait déjà qu'on a eu globalement
01:03:17 une campagne électorale où malheureusement,
01:03:19 on a eu peu de temps pour parler du fond et de ces sujets-là.
01:03:22 Et puis surtout, le sujet, c'est que le deuxième tour,
01:03:24 une majorité des électeurs d'Emmanuel Macron au second tour
01:03:27 ont voté pour lui pour faire barrage à Marine Le Pen
01:03:30 et non pas par adhésion à ce projet de retraite.
01:03:34 Autour du pot, ils ont voté pour lui.
01:03:36 Ils ont voté pour lui pour faire barrage à l'extrême droite.
01:03:38 Il est légitime démocratiquement, ça ne vous fait peut-être pas plaisir,
01:03:40 mais c'est comme ça.
01:03:42 Je ne pense pas que ce soit une bonne chose
01:03:44 qu'un président de la République puisse balayer comme ça
01:03:48 d'un revers de main en disant peut-être que vous n'avez pas voté
01:03:50 pour mon programme, mais ça y est, je suis élu,
01:03:52 il n'y a plus rien à discuter, maintenant je décide de l'appliquer
01:03:55 même si 70% des Français sont contre,
01:03:57 même si 93% des actifs sont contre.
01:04:00 Il y a ce problème-là.
01:04:01 La crise dans laquelle on est, elle vient de cela.
01:04:03 Et d'ailleurs, on parlait tout à l'heure de portes de sortie,
01:04:05 mais il y aurait des portes de sortie à tout ça.
01:04:07 On pourrait dire référendum sur cette question
01:04:09 de la réforme du système de retraite.
01:04:11 On pourrait dire même dissolution.
01:04:13 On pourrait dire dissolution.
01:04:15 S'il y a un tel décalage entre la composition et la représentation...
01:04:17 Ça c'est le président qui décidera.
01:04:19 Oui, mais c'est bien lui que je m'adresse.
01:04:21 S'il y a un tel décalage entre la représentation politique
01:04:23 à l'Assemblée nationale, qui, même si ce n'est pas certain,
01:04:26 serait prête à voter cette réforme alors que la quasi-totalité du pays
01:04:29 le rejette, s'il y a un décalage entre la représentation nationale
01:04:32 et le peuple, la dissolution, ça peut être une solution.
01:04:34 Donc il y a plein de portes de sortie possibles,
01:04:36 mais il faudrait accepter le principe démocratique.
01:04:40 La proposition politique de la France insoumise,
01:04:42 vous vous dites "on se remet autour de la table",
01:04:44 mais ils ne veulent pas discuter sur l'âge, M. Chabanier.
01:04:46 Je ne suis pas là pour faire tomber ni le gouvernement, ni quoi que ce soit.
01:04:48 Je suis là pour faire tomber cette réforme des retraites.
01:04:50 Mais c'est bien dommage.
01:04:51 Je me rappelle d'un président de la République qui voulait,
01:04:53 à l'époque, créer un système universel par points
01:04:55 parce que c'était le système le plus juste.
01:04:57 On peut être d'accord ou pas d'accord, mais en tout cas,
01:04:59 on a bien changé d'avis entre-temps.
01:05:01 En 2019, peut-être ?
01:05:03 Mais très franchement, je crois qu'en plus,
01:05:05 il y a énormément d'organisations syndicales aujourd'hui,
01:05:07 en tout cas la mienne à la CFTC,
01:05:09 qui reconnaît qu'on peut avoir un problème de déficit
01:05:11 dans les années à venir,
01:05:13 qui est tout à fait partante pour faire une réforme des retraites.
01:05:15 Parce qu'on considère que la réforme aujourd'hui,
01:05:17 que le système des retraites aujourd'hui n'est pas juste.
01:05:19 Mais il y a des voies de passage,
01:05:21 y compris sur le financement.
01:05:23 Est-ce qu'on n'arrive pas à comprendre ?
01:05:25 Donnez-moi une mesure concrète qui permettrait de trouver un consensus.
01:05:28 Sur les mesures de financement,
01:05:31 nous avons fait un mix de propositions.
01:05:33 Il y a les mesures sur les emplois des seniors, évidemment.
01:05:35 On favorise l'emploi des seniors.
01:05:37 On favorise l'emploi des seniors.
01:05:39 On avait parlé d'une progressivité des cotisations.
01:05:43 Vous savez qu'on paye aujourd'hui 6,9% sur notre salaire,
01:05:48 qui est plafonné au plafond sécurité sociale,
01:05:51 qui est à peu près de 3 800 euros.
01:05:53 Ça veut dire qu'une personne à 10 000 euros paye aussi 6,9 sur 3 800.
01:05:57 Il y a simplement les 0,4 qui sont,
01:05:59 c'est-à-dire une deuxième cotisation qui est sur l'ensemble du salaire.
01:06:02 On pourrait faire progressivement monter cela.
01:06:04 Et puis on veut mettre sur la table les aides aux entreprises.
01:06:06 160 milliards.
01:06:08 Il y a toute une série d'aides qui sont efficaces.
01:06:10 Ce n'est pas dogmatique à la CFTC, ayons les gardes.
01:06:12 Il y a aussi toute une série d'aides qui ne sont pas efficaces,
01:06:15 qu'on pourrait revoir.
01:06:16 Et ce sont des milliards qui sont économisés.
01:06:19 Avec ces trois mesures-là, déjà, on trouve les 10 milliards.
01:06:21 Donc pourquoi on ne peut pas parler de financement ?
01:06:25 Pourquoi automatiquement la seule mesure possible pour le gouvernement,
01:06:28 c'est le recours de l'âge ?
01:06:29 Marc Twaty, sur ces pistes de financement.
01:06:31 Honnêtement, on voit bien le problème de base.
01:06:33 On est face à une réformette, finalement.
01:06:35 Ce n'est pas du tout ce projet d'une vraie réforme de la retraite,
01:06:38 plus juste, entre guillemets.
01:06:40 Et ce qui est intéressant de voir, c'est que des syndicats comme le vôtre,
01:06:44 ou même la CFDT, avaient dit justement qu'il faudrait peut-être rediscuter,
01:06:48 mais on va éviter de bloquer cet âge.
01:06:50 Mais le gouvernement s'est obstiné à le faire,
01:06:52 alors qu'effectivement, il y a d'autres solutions.
01:06:54 Et là, maintenant, il est pris à son propre piège.
01:06:57 Et moi, ce qui m'inquiète, ce que vous avez évoqué tout à l'heure,
01:06:59 ou ce qu'on a entendu M. Berger le dire tout à l'heure,
01:07:01 c'est que si on met en place ce risque,
01:07:03 même si la loi est passée, ça va durer.
01:07:05 Moi, c'est ça qui m'inquiète vraiment.
01:07:07 Je pense qu'on a aujourd'hui un danger de crise sociétale,
01:07:10 parce qu'il y a énormément de colère,
01:07:12 clairement, aujourd'hui, notamment en termes d'inflation.
01:07:15 Et parallèlement, on voit que les gilets jaunes reviennent progressivement.
01:07:18 Donc ça, c'est dangereux pour la suite des événements.
01:07:20 Et encore une fois, on est face à un sujet de base,
01:07:24 c'est-à-dire la crédibilité aujourd'hui de la France,
01:07:26 ne serait-ce qu'à moderniser son économie,
01:07:28 à faire cette fameuse réforme des retraites systémiques
01:07:30 qu'on n'a toujours pas faite.
01:07:31 Et donc, tout ça pour ça aujourd'hui, on a pris un risque énorme.
01:07:34 Et je pense qu'on va malheureusement connaître,
01:07:36 encore une fois, des lendemains difficiles.
01:07:38 Et ce qui est inquiétant, c'est que là, il n'y a pas vraiment de portes de sortie.
01:07:42 Mais gardons néanmoins l'espoir,
01:07:44 mais en tout cas, pour l'instant, c'est sûr qu'on est face
01:07:46 à un blocage de l'économie, à une France qui peut,
01:07:48 malheureusement, retomber en récession.
01:07:50 En plus, avec une arrivée, il n'y aura pas tant d'économies
01:07:52 que ça qui seront...
01:07:53 - On a vu tout à l'heure, effectivement...
01:07:55 - A combien on est estimé, là, aujourd'hui, les économies faites ?
01:07:57 - Dans les dernières estimations qui sont données,
01:07:59 on est entre 4 et 5 milliards, donc on n'est plus du tout dans ce qui était...
01:08:01 - Ah, mais ce n'est pas sur 19 milliards.
01:08:03 - Et ce n'est pas terminé, les débats ne sont pas terminés.
01:08:05 - Mais comme il est en cours d'une croissance à 2,5%
01:08:07 et qu'on a vers 0,9%, déjà, je vous dis,
01:08:09 on ne sera même pas sur 3, 4 milliards.
01:08:11 - C'est ça. La vidéo économique de cette réforme,
01:08:13 il y a combien la réforme en elle-même permettra
01:08:15 de réduire les dépenses du système de retraite,
01:08:17 et puis aussi le coût social de la réforme.
01:08:19 Ici, ça a été chiffré, c'est les économistes de l'OFCE
01:08:21 qui nous disent qu'on aura 110 000 allocataires
01:08:23 des minimas sociaux en plus
01:08:25 par l'impact du recul de l'âge de départ à la retraite.
01:08:27 On aura, les derniers chiffres,
01:08:29 400 000 accidents du travail
01:08:31 ou arrêts maladie en plus
01:08:33 chaque année du fait du report
01:08:35 de l'âge légal de départ à la retraite
01:08:37 parce que plus on se rapproche de la retraite,
01:08:39 plus il y a une incidence des accidents du travail
01:08:41 qui sont importantes.
01:08:43 Donc quand vous faites rester les gens plus longtemps,
01:08:45 vous augmentez le taux d'accidents du travail.
01:08:47 Donc tout ça va avoir un coût humain évidemment très important
01:08:49 mais aussi un coût économique qui va réduire
01:08:51 le résultat de cette réforme.
01:08:53 Il y a un système de prévoyance qui va s'effondrer aussi.
01:08:55 On est le 8 mars, Journée des droits des femmes.
01:08:57 Elles sont dans la rue et elles manifestent aussi
01:08:59 pour avoir le droit à une retraite complète.
01:09:01 On en écoute une et on débat ensuite.
01:09:03 Le droit des femmes, c'est aussi
01:09:05 le droit à la retraite,
01:09:07 c'est aussi
01:09:09 à la retraite complète
01:09:11 qui tiennent compte
01:09:13 effectivement de tout ce que les femmes
01:09:15 portent aussi à la société.
01:09:17 On est là aussi pour combattre et pour réclamer
01:09:19 que cette égalité et ces droits
01:09:21 soient rétablis, soient établis
01:09:23 parce qu'ils n'ont jamais été établis
01:09:25 donc il faut les établir.
01:09:27 Actuellement,
01:09:29 les enfants
01:09:31 depuis quelques années,
01:09:33 depuis la dernière réforme,
01:09:35 les enfants ne valent pas la même chose
01:09:37 en termes de trimestre
01:09:39 par exemple validé
01:09:41 que si vous êtes dans le privé
01:09:43 vous êtes dans le public.
01:09:45 Le public est désavantagé.
01:09:47 Et si les enfants
01:09:49 sont nés après 2004,
01:09:51 et bien là,
01:09:53 ils ne valent plus rien
01:09:55 dans le public.
01:09:57 Il y a déjà des inégalités
01:09:59 entre femmes
01:10:01 et donc a fortiori
01:10:03 par rapport aux hommes
01:10:05 qui eux, n'ont pas
01:10:07 cette problématique.
01:10:09 Ce qui est clair,
01:10:11 c'est que les mères de famille ne sont pas avantagées
01:10:13 par la réforme privée et publique.
01:10:15 La dame fait la différence
01:10:17 mais M. Chabanis,
01:10:19 c'est que tout le monde prend deux ans de plus.
01:10:21 Oui, tout le monde prend deux ans de plus.
01:10:23 Ce qui est assez terrible, c'est que
01:10:25 la grande avancée
01:10:27 dite par le gouvernement, c'est d'une part
01:10:29 que lorsqu'ils repoussent l'âge légal,
01:10:31 ils ne repoussent pas l'âge d'annulation de la décote
01:10:33 alors que normalement ils auraient dû le faire.
01:10:35 Donc quand même super bonne nouvelle.
01:10:37 67 ans ça reste.
01:10:39 Mais 67 ans ça reste,
01:10:41 on a 700 000 personnes par an qui partent à la retraite,
01:10:43 à peu près moitié-moitié hommes et femmes.
01:10:45 On a 90 000 femmes par an
01:10:47 qui sont obligées d'attendre 67 ans
01:10:49 pour avoir une retraite à taux plein.
01:10:51 Et encore parfois pas suffisamment pour vivre.
01:10:53 On fait quoi pour ces 90 000 femmes ?
01:10:55 On fait rien du tout.
01:10:57 Rien du tout.
01:10:59 Et même dans les trimestres qui seront
01:11:01 pris en compte, on se rend compte que
01:11:03 comme il faut travailler deux ans de plus,
01:11:05 une partie des trimestres gagnés
01:11:07 du fait d'avoir des enfants ne serviront plus à rien
01:11:09 du fait que l'âge légal soit reporté de deux ans.
01:11:11 Quand on vient nous expliquer
01:11:13 que les femmes sont les grandes gagnantes
01:11:15 de cette réforme pour le gouvernement,
01:11:17 encore une fois, parce que souvent on nous dit
01:11:19 qu'on a mal compris ou qu'on a mal lu
01:11:21 et qu'il faut faire de la pédagogie,
01:11:23 donc oui, encore une fois, j'ai mal compris, j'ai dû mal lire.
01:11:25 On a toutes très bien compris dans notre calcul.
01:11:27 Un petit mot, Geoffroy Lejeune, là-dessus,
01:11:29 sur cette politique qui n'est pas nataliste
01:11:31 pour le gouvernement ?
01:11:33 En fait, en écoutant cette manifestante,
01:11:35 j'ai l'impression d'entendre la même
01:11:37 remandication qu'au moment des Gilets jaunes, vous savez,
01:11:39 des gens qui disent qu'on a le taux de prélèvement obligatoire
01:11:41 le plus haut de l'OCDE
01:11:43 et en regard de cela,
01:11:45 des prestations qui ont tendance, alors peut-être pas à diminuer,
01:11:47 mais en tout cas en demandant de travailler plus,
01:11:49 et un service public qui est de moins en moins efficace
01:11:51 et une crise généralisée partout, l'hôpital,
01:11:53 et je me souviens d'une pancarte qui m'avait
01:11:55 beaucoup marqué sur les ronds-points, c'est quelqu'un qui disait "où va notre pognon ?"
01:11:57 et je pense que c'est au fond la question qui est posée
01:11:59 et à mon avis, un des ressorts
01:12:01 de cette mobilisation aujourd'hui, c'est
01:12:03 pourquoi nous, en fait, pourquoi nous qui travaillons déjà,
01:12:05 nous qui payons déjà des impôts, cette réforme qui en fait
01:12:07 vise pour le coup, la vraie injustice
01:12:09 que je vois moi dans cette réforme, c'est qu'elle vise
01:12:11 des gens qui travaillent déjà et qu'elle ne
01:12:13 concerne pas les autres et qu'elle concerne encore moins les retraités
01:12:15 et donc pour toutes ces raisons-là, je pense
01:12:17 qu'elle était invendable et
01:12:19 tout à l'heure, vous m'avez posé la question
01:12:21 de l'échappatoire, moi je ne suis pas suspect d'être mélanchoniste
01:12:23 du tout, mais là pour le coup, il y a une vraie question
01:12:25 qui a été posée, c'est celle du
01:12:27 référendum et en l'occurrence,
01:12:29 on se rappelle qu'Emmanuel Macron a parlé
01:12:31 des 65 ans dans la campagne pour finalement dire 64 ans,
01:12:33 on se rappelle moins d'une chose, c'est
01:12:35 qu'à ce moment-là, il faut rappeler le contexte, entre deux tours
01:12:37 la présidentielle où justement il a besoin des voix
01:12:39 des électeurs qui ont peur de Marine Le Pen et à ce moment-là
01:12:41 justement pour éviter une crise sur ce sujet,
01:12:43 pour éviter la vote de faire tout l'entre-deux-tours sur
01:12:45 la réforme des retraites, il parle de référendum
01:12:47 en disant "on pourra régler ça le jour venu par un référendum".
01:12:49 C'était pas une promesse de campagne
01:12:51 mais déjà quand même implicitement, donc
01:12:53 on ne peut pas évacuer la question comme ça, honnêtement
01:12:55 on sait très bien ce qui deviendrait d'un référendum aujourd'hui,
01:12:57 le nom serait ultra majoritaire, mais c'était dans la...
01:12:59 Donc il n'y a aucun intérêt à faire un référendum ?
01:13:01 Oui, mais dans ce cas-là, vous voyez ce que je veux dire ?
01:13:03 Il ne peut pas éluder la question aussi facilement, ça a été...
01:13:05 On fait une nouvelle réforme, le vrai enjeu aujourd'hui est là,
01:13:07 c'est qu'il faut revenir sur le projet initial
01:13:09 de faire une réforme complète effectivement
01:13:11 de la retraite aux sans-charges
01:13:13 parce que ça le but c'est de sauver la retraite par répartition,
01:13:15 de la rendre plus égalitaire, plus juste
01:13:17 parce que là effectivement, l'injustice elle est quand même pas...
01:13:19 c'est plus sur les salariés du public
01:13:21 qui sont favorisés, puisqu'on calcule sur les six derniers mois
01:13:23 alors que pour les salariés du privé, c'est sur les 25 milliards d'années.
01:13:25 Donc en termes de retraite, malheureusement,
01:13:27 l'injustice elle est pas forcément au niveau du public.
01:13:29 Mais voilà, le problème c'est que
01:13:31 on laisse dire tellement de choses finalement,
01:13:33 il y a un manque de lisibilité
01:13:35 qui est clair,
01:13:37 et donc qui fait que voilà,
01:13:39 on a ces manifestations qui durent
01:13:41 et qui s'installent.
01:13:43 Moi je me souviens, la première manifestation,
01:13:45 ça me rappelle justement les Gilets jaunes
01:13:47 où certains dirigeants du Rwanda disaient à l'époque
01:13:49 "ça va durer une semaine ou deux".
01:13:51 On a exactement le même scénario, on voit que ça dure
01:13:53 donc il faut peut-être réagir en conséquence.
01:13:55 D'accord, ok. Dernier mot, M.Martinet ?
01:13:57 Peut-être sur la retraite des femmes, parce que
01:13:59 cette réforme va être absolument terrible pour elles.
01:14:01 Déjà elles ont des retraites en moyenne 40% plus faibles
01:14:03 et là cette réforme, les deux tiers
01:14:05 des économies obtenues par cette réforme,
01:14:07 ça va reposer sur la retraite des femmes.
01:14:09 Donc ça va être terrible et moi je veux juste ajouter une chose
01:14:11 parce que tout à l'heure à la manifestation, j'étais avec
01:14:13 une syndicaliste du secteur de la petite enfance.
01:14:15 Parce que je crois que ce moment-là, c'est aussi un moment
01:14:17 où on se rend compte un peu plus
01:14:19 de la pénibilité de ces métiers qui sont très féminisés.
01:14:21 Et par exemple dans le secteur de la petite enfance,
01:14:23 vous portez des enfants toute la journée,
01:14:25 vous avez du bruit dans la crèche,
01:14:27 c'est des métiers qui sont en fait très fatigants,
01:14:29 qui usent le corps et l'esprit, qui sont pas
01:14:31 reconnus dans les comptes pénibilité,
01:14:33 dans tous les mécanismes qui permettent
01:14:35 de partir à la retraite un petit peu plus tôt.
01:14:37 Et c'est aussi ces femmes qui manifestent
01:14:39 en ce moment avec beaucoup de détermination et elles ont raison.
01:14:41 18h30, l'heure du rappel des titres de l'actualité
01:14:43 sur Europe 1 et sur CNews, avec Somaïa Lamedi.
01:14:45 [Musique]
01:14:51 Troisième jour consécutif de grève
01:14:53 contre la réforme des retraites demain.
01:14:55 Le trafic devrait s'améliorer
01:14:57 dans les transports parisiens mais il sera encore
01:14:59 perturbé. Des perturbations qui
01:15:01 devraient concerner le métro et le RER B.
01:15:03 Toutefois, le trafic sera quasi
01:15:05 normal sur le RER A et normal
01:15:07 sur les réseaux bus et tramway.
01:15:09 L'anesthésiste Frédéric Péché
01:15:11 mit en examen pour deux nouveaux
01:15:13 cas d'empoisonnement de patients présumés.
01:15:15 De nouvelles mises en examen que devrait
01:15:17 contester son avocat.
01:15:19 Et puis, record de fonte de la panquise en
01:15:21 Antarctique au mois de février.
01:15:23 Un record confirmé par l'Observatoire européen
01:15:25 du climat. Un phénomène inquiétant
01:15:27 qui s'est intensifié depuis
01:15:29 une dizaine d'années.
01:15:30 Merci Somaïa, merci à nos invités.
01:15:32 Monsieur Chabanier, monsieur Martinet, Marc Twati
01:15:34 et Geoffroy Lejeune. Dans un instant Aurélien Pradié
01:15:36 est notre invité, député LR du Lot.
01:15:38 Il l'a reçu aujourd'hui.
01:15:40 Laurent Berger de la CFDT. A quoi joue
01:15:42 Aurélien Pradié ? A quoi jouent les
01:15:44 Républicains ? Je pose la question dans un instant.
01:15:46 A tout de suite.
01:15:48 18h36
01:15:50 on se retrouve en direct sur Europe 1 et sur
01:15:52 CNews, dans Punchline. Nous sommes avec
01:15:54 Louis Doragnel, chef du service politique d'Europe 1. Bonsoir Louis.
01:15:56 - Bonsoir Laurence. - Et nous accueillons notre invité
01:15:58 Aurélien Pradié. Bonsoir. - Bonsoir. - Député LR
01:16:00 du Lot, vous avez rencontré aujourd'hui Laurent Berger
01:16:02 le patron de la CFDT, en compagnie d'autres
01:16:04 députés LR.
01:16:06 Cet après-midi à l'Assemblée Nationale.
01:16:08 A quoi est-ce que vous jouez Aurélien Pradié ?
01:16:10 C'est la responsabilité qui est la mienne de député.
01:16:12 Faire en sorte que nous puissions dans ce pays dialoguer.
01:16:14 Nous n'avons jamais mené de grande réforme
01:16:16 des retraites sans le dialogue social. D'abord c'est un
01:16:18 principe qui a toujours été porté par l'égaliste.
01:16:20 C'est notre constitution, la République, qui
01:16:22 instaure le dialogue social, la nécessité
01:16:24 de dialoguer. C'est les dernières lois larchées
01:16:26 qui ont institutionnalisé tout cela. Et puis chez l'égaliste, il y a
01:16:28 une tradition, c'est de faire en sorte que la démocratie
01:16:30 s'exprime à l'Assemblée, au Parlement,
01:16:32 au Sénat, mais aussi dans le dialogue social.
01:16:34 Eric Ciotti ne le fait pas bien ça ? Il n'a pas reçu les syndicats ?
01:16:36 Écoutez, il était invité ce matin, il aurait parfaitement
01:16:38 pu le faire. Il les a reçus au Parlement ?
01:16:40 Oui, sûrement, je crois. En tout cas,
01:16:42 nous, collectivement, nous n'avions pas eu l'occasion de le recevoir.
01:16:44 Et puis on le reçoit dans une semaine qui est
01:16:46 particulière, qui est une semaine de mobilisation.
01:16:48 Laurent Berger est le patron d'un syndicat
01:16:50 réformiste. Toutes les grandes réformes
01:16:52 des retraites ont été faites avec le soutien de la CFDT.
01:16:54 Toutes. Et nous avons parlé
01:16:56 des grands sujets, du travail, de cette réforme
01:16:58 des retraites, et surtout de la nécessité de ne pas
01:17:00 bloquer le pays. Je suis
01:17:02 un homme de dialogue, comme beaucoup de mes collègues députés.
01:17:04 Notre responsabilité de député, c'est de
01:17:06 ne pas contribuer à la fracturation du pays.
01:17:08 C'est de faire en sorte que pour éviter le blocage, on puisse y en avoir
01:17:10 une. Donc vous ne voterez pas à cette réforme, mais Laurent Berger
01:17:12 non plus n'était pas d'accord avec ça. Donc vous êtes
01:17:14 d'accord, en fait ? Ça sert à quoi de se rencontrer ?
01:17:16 Non, nous avons eu des points de divergence avec Laurent Berger. On n'est pas
01:17:18 d'accord sur tous les points, mais sur
01:17:20 le fait que cette réforme est totalement illisible aujourd'hui,
01:17:22 qu'elle est injuste, que sur les carrières longues, qui était
01:17:24 un des combats que j'ai menés avec mes collègues,
01:17:26 nous ne sommes pas encore arrivés parfaitement au bout.
01:17:28 Et puis surtout que nous sommes passés à côté de tous les vrais sujets.
01:17:30 Avant même de parler de la retraite,
01:17:32 il faut parler du travail, il faut parler de l'emploi,
01:17:34 de tout ce qui fait la retraite ensuite.
01:17:36 Et nous avons eu ces points de convergence avec Laurent Berger,
01:17:38 si bien que j'ai annoncé à la sortie
01:17:40 de cette discussion, de cet échange républicain,
01:17:42 qu'au mois de mai, nous
01:17:44 organiserions à l'Assemblée nationale,
01:17:46 une conférence autour du travail, durant toute une journée,
01:17:48 qui rassemblera les acteurs du travail, y compris les chefs d'entreprise.
01:17:50 Quand je vous ai posé la question "à quoi est-ce que vous jouez ?"
01:17:52 c'était "est-ce que, au fond, vous ne jouez pas à être
01:17:54 le président des Républicains ?" Alors c'est Éric Ciotti qui a été élu.
01:17:56 Non, Éric Ciotti est président des Républicains,
01:17:58 je ne lui conteste pas ce titre-là.
01:18:00 On m'a redonné ma liberté il y a quelques jours,
01:18:02 ça ne vous a pas échaffé ? Oui, vous avez
01:18:04 perdu votre titre de vice-président. Oui, j'ai perdu un titre
01:18:06 et j'ai peut-être gagné un peu plus de liberté, peut-être
01:18:08 aussi un peu plus de respect dans les convictions que je défends.
01:18:10 Je suis député de la Nation avant
01:18:12 d'être numéro 2, numéro 3 ou je ne sais quoi
01:18:14 d'un parti politique. Donc tout ça n'est pas un jeu.
01:18:16 Tout ça aussi est une prise de conscience de la responsabilité
01:18:18 de député, qui est la mienne et celle de mes collègues.
01:18:20 Aurélien Pradié, combien de troupes ?
01:18:22 Combien de députés est-il là ? Vous ne vous reprenez pas voté.
01:18:24 Nous étions une quinzaine à la réunion ce matin.
01:18:26 15 voix qui manqueront donc pour le vote de la loi.
01:18:28 Je pense en fait davantage, parce que tous les collègues n'étaient pas là.
01:18:30 La vérité c'est que si le gouvernement
01:18:32 pense pouvoir obtenir aujourd'hui
01:18:34 un deal politique avec
01:18:36 les députés, les Républicains, avec tous
01:18:38 les députés, les Républicains, il se met le doigt dans l'œil.
01:18:40 Alors, Louis Dragnet ? Les Républicains
01:18:42 justement viennent de, enfin sous la houlette d'Éric Ciotti,
01:18:44 viennent de lancer des grands chantiers pour
01:18:46 justement essayer de parler d'une seule voix,
01:18:48 de redéfinir ce qu'est la droite
01:18:50 et à qui doit parler la droite.
01:18:52 Il y aura d'autres sujets sur lesquels vous allez être
01:18:54 amené à vous positionner. Demain,
01:18:56 Emmanuel Macron notamment doit s'exprimer sur les questions
01:18:58 de fin de vie, d'euthanasie.
01:19:00 Vous, quelle est votre position sur ce sujet ?
01:19:02 On aura tous ces débats, ils sont fondamentaux.
01:19:04 Vous avez raison de dire qu'il faut que la droite se reconstruise
01:19:06 en profondeur. Mais pour se reconstruire,
01:19:08 il ne faut pas louper cette étape des retraites.
01:19:10 Si la droite, dans cette réforme des retraites, devient
01:19:12 la complice conciliante du gouvernement
01:19:14 et d'Emmanuel Macron, qu'est-ce qui demain
01:19:16 vous différenciera encore d'Emmanuel Macron ?
01:19:18 Je suis un opposant résolu à Emmanuel Macron,
01:19:20 non pas que... - Est-ce que vous comprenez que...
01:19:22 Pardon, le sous-texte de ma question, c'est
01:19:24 on a l'impression que...
01:19:26 Je ne sais pas ce que diront les républicains
01:19:28 sur la question de la fin de vie. Globalement,
01:19:30 la droite a toujours été plutôt
01:19:32 assez prudente sur ces questions-là.
01:19:34 Mais on a l'impression que comme à chaque fois
01:19:36 vous essayez de vous distinguer d'abord et avant tout
01:19:38 d'Éric Ciotti, de votre propre famille politique,
01:19:40 on se demande si en fait,
01:19:42 demain, une fois que les républicains
01:19:44 donneront leur position, vous, vous ne défendrez pas
01:19:46 une autre position, encore une fois, un pas de côté ?
01:19:48 Parce qu'on a vraiment l'impression que c'est votre stratégie.
01:19:50 À chaque fois de dire autre chose que ce que
01:19:52 dit votre parti. - C'est une mauvaise impression.
01:19:54 Et si je donne cette impression,
01:19:56 je vais travailler à la corriger au fur et à mesure du temps.
01:19:58 Sur la réforme des retraites, ma position,
01:20:00 elle a été constante. Et je ne suis pas le seul à la porter,
01:20:02 c'est celle de beaucoup de mes amis politiques
01:20:04 au sein de notre famille. Nous ne sommes pas macronistes.
01:20:06 Il n'y a donc aucune raison de faire un deal
01:20:08 avec Emmanuel Macron, comme ça a été fait
01:20:10 trop précipitamment. Vous m'avez toujours entendu le dire.
01:20:12 De la même manière, vous m'avez toujours entendu dire
01:20:14 que sur la réforme des retraites... - Mais vous aviez surdu, par exemple, des candidats
01:20:16 à la présidentielle. - Bien sûr. - Je pense à Valérie Pécresse
01:20:18 qui proposait une réforme qui allait bien au-delà
01:20:20 de ce qu'a proposé Emmanuel Macron.
01:20:22 Et à l'époque, ça ne semblait pas vous gêner plus que ça.
01:20:24 - Si, si vous m'aviez écouté à l'époque,
01:20:26 je vous assure que j'ai expliqué beaucoup de réserves. - Vous n'avez pas quitté
01:20:28 l'équipe de Valérie Pécresse. - Non, mais je n'ai pas
01:20:30 été candidat à l'élection présidentielle. Vous m'auriez reproché
01:20:32 d'ailleurs, à cette époque-là. - Non mais c'était un désaccord fondamental.
01:20:34 - Je vais terminer. - Vous auriez pu exprimer
01:20:36 tous vos accords. - J'ai toujours dit, y compris à cette époque-là,
01:20:38 que pour moi, la bonne réforme des retraites,
01:20:40 c'était celle qui jouait sur la durée de cotisation.
01:20:42 Je n'ai pas été candidat aux dernières élections présidentielles.
01:20:44 Ma liberté de parole, elle grandit
01:20:46 au fur et à mesure que mes missions politiques
01:20:48 grandissent aussi. Et je construis le message
01:20:50 que je veux adresser à notre pays.
01:20:52 Pas seulement moi, mais cette droite populaire.
01:20:54 Je pense qu'on ne peut pas, demain, reconstruire la droite
01:20:56 si on devient une sous-gamme de la Macronie.
01:20:58 Comme c'est en train de devenir le cas aujourd'hui.
01:21:00 Et enfin, je pense qu'on doit respecter
01:21:02 le travail. Cette réforme des retraites,
01:21:04 notamment sur les carrières longues, vous m'avez beaucoup entendu défendre cela,
01:21:06 déjà à l'époque de Valérie Pécresse d'ailleurs,
01:21:08 en disant que ceux qui avaient commencé à travailler tôt
01:21:10 ne pouvaient pas être les grands perdants
01:21:12 de cette réforme des retraites, c'est une philosophie
01:21:14 politique. C'est une approche du respect
01:21:16 du travail et de l'effort.
01:21:18 - Et ça va coûter combien, cette mesure ?
01:21:20 - Lorsque j'ai commencé à porter cette proposition,
01:21:22 le gouvernement l'a balayé d'un revers de la main
01:21:24 en disant "ça coûte 10 milliards d'euros".
01:21:26 J'ai dès le début contesté ce chiffre. Vous vous rendez compte d'ailleurs
01:21:28 que nous n'avons toujours pas le chiffrage.
01:21:30 On est dans un débat parlementaire, démocratique
01:21:32 et on n'a même pas les chiffrages des mesures
01:21:34 que nous proposons. J'ai adressé aujourd'hui même
01:21:36 un courrier à tous les présidents de groupe au Sénat
01:21:38 pour leur dire que le chiffrage du dernier
01:21:40 effort qui était à faire sur les carrières longues
01:21:42 coûtait autour de 300 millions d'euros, ce qui est à peu près
01:21:44 l'équivalent de ce que le Sénat a fait sur les carrières
01:21:46 des femmes. - C'est quoi le dernier effort, en gros, concrètement ?
01:21:48 - Nous avons obtenu deux choses. Et d'ailleurs
01:21:50 parce qu'on s'est bagarrés, c'est aussi une leçon.
01:21:52 Vous voyez, si nous avions tous aidé au départ,
01:21:54 si nous n'avions pas été quelques-uns un peu
01:21:56 trouble-faites à dire au gouvernement
01:21:58 "non, il nous faut obtenir davantage", nous n'aurions pas
01:22:00 obtenu que ceux qui ont commencé à 17 ans
01:22:02 fassent 43 annuités de cotisation
01:22:04 et non pas 44, que ceux qui ont commencé
01:22:06 entre 20 et 21 ans, qui n'étaient pas
01:22:08 en carrière longue, puissent en bénéficier.
01:22:10 Le problème aujourd'hui, c'est que ceux qui ont commencé... - Donc ce sont plutôt des bons points que vous donnez au gouvernement ?
01:22:12 - Mais là, c'était quoi la dernière mesure que vous avez voulu obtenir ?
01:22:14 - Ce sont des bons points que nous sommes allés arracher.
01:22:16 Et vous voyez, on est un peu passé du statut,
01:22:18 pardon de vous le dire un peu brutalement,
01:22:20 d'emmerdeur. On me disait "mais enfin, quand même, Aurélien Pradié,
01:22:22 il est jamais content". Tout ça, je ne le fais pas pour moi,
01:22:24 je le fais pour nos concitoyens. Et si nous n'avions
01:22:26 pas bataillé sur ces deux points, nous ne les aurions pas
01:22:28 obtenus. Ce qui reste à obtenir, c'est ceux qui
01:22:30 ont commencé à 14 ans, ceux qui ont commencé
01:22:32 à 15 ans, à 16 ans,
01:22:34 pardon, ceux qui ont commencé à 18 ans,
01:22:36 qui vont faire 44 annuités de cotisation,
01:22:38 alors que les autres vont faire 43 annuités.
01:22:40 - C'est abérant. - Comment voulez-vous comprendre
01:22:42 que celui qui a commencé à 14 ans va cotiser
01:22:44 deux ans de plus que celui qui a commencé à 20 ans ?
01:22:46 Ça ne tient pas une seconde, et j'ai bien dit au gouvernement
01:22:48 que c'était un des points que je ne lâcherai pas,
01:22:50 sur lequel il fallait avancer, parce que c'était
01:22:52 une question de respect de l'effort et du travail.
01:22:54 - Et donc concrètement, si le gouvernement change d'avis
01:22:56 sur ce sujet, vous, vous pourriez voter la réforme
01:22:58 des retraites ? - Oui, c'est une hypothèse que j'ai posée sur la table
01:23:00 dès l'origine. J'ai toujours dit la même chose.
01:23:02 - Si le gouvernement évolue là-dessus, vous la voterez.
01:23:04 - J'ai dit que si le gouvernement bouge sur les carrières longues,
01:23:06 qu'on nous assure qu'en dessous de 21 ans, on ne fait pas
01:23:08 plus de 43 annuités de cotisation,
01:23:10 je soutiendrai la réforme. Et pardon de vous dire qu'on en est
01:23:12 encore très loin. - Et c'est la seule condition, Aurélien Pradié ?
01:23:14 - Il y avait les autres conditions que nous avions posées.
01:23:16 Les 1200 euros de retraite minime,
01:23:18 - Donc ça ne le comptiez pas ?
01:23:20 - Dont on voit déjà que le vernis commence...
01:23:22 - 10 000 personnes en bénéfice. - Bien sûr, le vernis commence
01:23:24 à craquer. - Les femmes ?
01:23:26 - Les carrières des femmes, sur lesquelles le Sénat a fait une évolution,
01:23:28 que je salue d'ailleurs, qui est en sens assez positif,
01:23:30 pour les mères de famille. Il nous reste les carrières
01:23:32 des femmes plus complètes. Enfin, si j'avais eu
01:23:34 à faire cette réforme, et il ne vous a pas échappé, que je n'étais pas au gouvernement,
01:23:36 je l'aurais faite sur la durée
01:23:38 de cotisation, plus que sur l'âge légal,
01:23:40 qui pour moi, plutôt pour Emmanuel Macron,
01:23:42 est une manière de se racheter de l'autorité politique
01:23:44 sur le dos des Français.
01:23:46 Notre pays est trop faible pour être divisé.
01:23:48 C'est facile en politique de vouloir
01:23:50 fracturer un pays. C'est beaucoup plus facile de vouloir
01:23:52 le réconcilier. Et je pense que le rôle
01:23:54 de la droite de main, beaucoup plus difficile,
01:23:56 bien sûr, et beaucoup plus exigeant de le réconcilier,
01:23:58 je pense que le chemin de responsabilité
01:24:00 de la droite de main, c'est de réconcilier les Français.
01:24:02 - Le spectacle qui est donné à l'Assemblée pose question aux Français.
01:24:04 Certains députés,
01:24:06 certains ministres, je pense aux bras d'honneur, deux bras d'honneur,
01:24:08 fait par hier par Éric Dupond-Moretti,
01:24:10 le garde des Sceaux, envers
01:24:12 le patron du groupe des LR,
01:24:14 Olivier Marlex.
01:24:16 Ça vous choque ? Est-ce que ça n'abaisse pas
01:24:18 au fond la fonction de tous
01:24:20 les politiques ? - Si, vous avez raison.
01:24:22 Le geste, les deux gestes répétés
01:24:24 du garde des Sceaux sont
01:24:26 inacceptables. Il faut comprendre
01:24:28 qu'au-delà du geste qu'il a porté lui-même,
01:24:30 Éric Dupond-Moretti à Olivier Marlex,
01:24:32 entre deux hommes, deux personnes,
01:24:34 c'est un ministre de la République
01:24:36 qui, lorsqu'il est à l'Assemblée nationale,
01:24:38 a des comptes à rendre aux représentants du peuple,
01:24:40 qui fait un bras d'honneur à un représentant du peuple.
01:24:42 Enfin, on voit bien,
01:24:44 et vous avez raison de le dire, qu'au fur et à mesure,
01:24:46 on passe des symboles qui pourtant sont essentiels.
01:24:48 Mais comme d'ailleurs le fonctionnement
01:24:50 de notre démocratie, vous vous rendez compte
01:24:52 que nous sommes en train d'examiner un texte qui va changer la vie
01:24:54 de nos concitoyens, pour lequel il y a une opposition
01:24:56 massive des Français, des Français parce qu'ils
01:24:58 savent que la réforme est injuste.
01:25:00 Dans un dispositif de 47.1 de la Constitution,
01:25:02 ça ne s'est jamais fait auparavant,
01:25:04 qui est une entorse aux pratiques démocratiques
01:25:06 et parlementaires. On nous dit qu'on pourrait
01:25:08 atterrir sur un 49.3, il n'y a pas eu de vote
01:25:10 à l'Assemblée nationale, et lorsque
01:25:12 nous posons des questions, et on n'en est même pas
01:25:14 certains encore, on s'habitue
01:25:16 progressivement à un mode ultra
01:25:18 dégradé de notre démocratie. Et tout cela
01:25:20 laissera des traces. Lorsque ce matin
01:25:22 je reçois Laurent Berger avec mes collègues politiques,
01:25:24 nous rappelons les grands principes
01:25:26 d'organisation de notre démocratie,
01:25:28 et nous nous comportons comme des vrais
01:25:30 responsables politiques qui ne veulent pas
01:25:32 mettre le feu au pays. Il faut qu'il démissionne,
01:25:34 c'est ce que Laurent a dit. Je pense qu'il y a de sérieuses questions
01:25:36 à se poser. Ce geste-là n'est pas anodin.
01:25:38 Il peut se chercher toutes les excuses du monde,
01:25:40 il y a une portée symbolique. Mais vous savez,
01:25:42 il y a quelques années, la question ne se serait pas posée
01:25:44 plus de deux secondes. Il aurait sûrement dû
01:25:46 présenter sa démission. Et surtout, moi,
01:25:48 je n'accepte pas vraiment ces excuses.
01:25:50 Je vous le dis comme je le pense. Pourquoi ? Certains de mes amis.
01:25:52 Parce que... Elles sont insincères ?
01:25:54 D'abord, ce n'est pas à moi de les accepter, c'est à Olivier Marlex
01:25:56 de le faire. Et ensuite, parce qu'il y a
01:25:58 des gestes qui sont des gestes de portée
01:26:00 symbolique, qui attaquent
01:26:02 la représentation nationale, et donc
01:26:04 l'honneur des Françaises et des Français.
01:26:06 Nos concitoyens qui
01:26:08 assistent à ces spectacles-là, comme à celui de
01:26:10 la France Insoumise depuis des semaines et des mois
01:26:12 dans cet hémicycle, se disent au fond
01:26:14 "à quoi bon être représenté ?"
01:26:16 Et moi, je préférerais toujours des députés,
01:26:18 j'en fais partie, mais je ne suis pas le seul sur tous les bancs politiques,
01:26:20 qui tiennent des combats, qui ne les lâchent pas,
01:26:22 qui parfois parlent un peu fort, un peu durement,
01:26:24 parce que l'honneur de la politique, c'est aussi cela.
01:26:26 Pas des gestes déplacés. On n'est
01:26:28 pas parfaits, mais un geste déplacé
01:26:30 et répété comme il l'a été,
01:26:32 je considère que c'est une faute politique.
01:26:34 Il y a une trentaine de
01:26:36 sénateurs LR
01:26:38 qui veulent, et notamment
01:26:40 Stéphane Lerue-Delier, une loi
01:26:42 pour limiter le droit de grève, notamment
01:26:44 dans les raffineries, notamment au moment
01:26:46 des départs en vacances. Vous, qu'est-ce que vous en pensez ?
01:26:48 J'en pense qu'à chaque fois qu'il y a des grèves massives
01:26:50 dans le pays, on resserre ce sujet-là
01:26:52 et que nous n'aboutissons
01:26:54 jamais. Mais envisageons la
01:26:56 possibilité que ça puisse aboutir. Dans d'autres pays,
01:26:58 une telle loi a déjà été
01:27:00 mise en place et ça fonctionne. Chez nous, ça n'a
01:27:02 jamais fonctionné. D'abord parce que
01:27:04 le principe, le droit de grève
01:27:06 est un principe constitutionnel.
01:27:08 Ce n'est pas tout à fait un autre. Mais ce n'est pas une entrave, là, pour le coup,
01:27:10 au principe constitutionnel du droit de grève ?
01:27:12 Si, ça peut l'être. Et c'est pour ça
01:27:14 d'ailleurs que jusque-là, quand on a voulu avancer sur ces
01:27:16 sujets, il y a eu d'extrêmes précautions
01:27:18 qui ont été prises, notamment sur les services
01:27:20 minimums, etc.
01:27:22 Vous pensez que le service minimum, par exemple, est une
01:27:24 entrave à la liberté de grève ? Non, et c'est d'ailleurs pour ça
01:27:26 qu'on a pu le mettre en place. C'est un peu un service
01:27:28 minimum, en fait. Mais aller au-delà
01:27:30 est, à mon avis, peu opérationnel.
01:27:32 Moi, ce que je souhaite, c'est qu'on ne cherche pas
01:27:34 des lois qui vont venir ajouter
01:27:36 des contraintes à nos concitoyens.
01:27:38 Moi, je respecte les grévistes. Je n'en suis pas
01:27:40 un. Je veux tout faire pour que nous évitions
01:27:42 le blocage du pays. Mais ce n'est pas parce qu'on va
01:27:44 imposer aux Françaises et aux Français
01:27:46 un service minimum je ne sais où,
01:27:48 qu'on va empêcher les grèves. Ce qu'il faut, c'est
01:27:50 renouer le dialogue. Nous sommes un pays qui est
01:27:52 aujourd'hui une cocotte minute. Et je le redis,
01:27:54 il est bien plus simple de mettre du feu
01:27:56 sur la fournaise
01:27:59 que nous connaissons aujourd'hui que d'essayer
01:28:01 d'apaiser le pays. On a besoin de se reparler
01:28:03 dans ce pays. Et c'est ça le rôle des politiques,
01:28:05 plus que d'avoir des opérations de communication
01:28:07 avec telle ou telle loi dont on sait
01:28:09 qu'elles n'aboutiront jamais. Et c'est ce que vous faites,
01:28:11 évidemment, vous utilisez votre liberté
01:28:13 d'expression au sein des Républicains.
01:28:15 Mais quel est votre agenda ? Est-ce que vous n'avez pas
01:28:17 un agenda personnel, au fond ? Est-ce que vous
01:28:19 n'êtes pas dans une stratégie qui vise à vous
01:28:21 faire connaître, à amener la lumière sur vous
01:28:23 pour 2027 ? On me prête
01:28:25 beaucoup plus d'ambition que je n'ai en réalité.
01:28:27 Vous n'y pensez pas ? Après, il faut éviter de me répéter
01:28:29 toujours ça, parce que je vais finir par... Mais vous avez quand même été
01:28:31 candidat à la présidence de votre parti,
01:28:33 ce qui montre que vous avez une ambition
01:28:35 assez haute. Je ne sais pas si j'ai une
01:28:37 haute ambition, peut-être plus modeste que
01:28:39 vous l'imaginez. J'ai un parcours politique qui n'est pas
01:28:41 un parcours tout à fait traditionnel, on
01:28:43 peut l'apprécier ou pas, mais j'ai un parcours
01:28:45 d'élu local, de gamins de l'autre
01:28:47 qui vient d'une famille qui n'a jamais fait
01:28:49 de politique, et j'ai beaucoup de chance de pouvoir servir des idées
01:28:51 aujourd'hui. Peut-être que ce que nous avons perdu de vue
01:28:53 aujourd'hui, c'est que, en politique, il peut y avoir
01:28:55 des femmes et des hommes qui s'engagent pour des idées,
01:28:57 des convictions, des valeurs,
01:28:59 peut-être avant même une ambition personnelle. L'ambition
01:29:01 peut venir, et elle fait partie
01:29:03 de la vie politique, mais
01:29:05 il faut vous habituer à nouveau à ce qu'il y ait des femmes
01:29:07 et des hommes politiques qui défendent des idées parce qu'ils
01:29:09 croient en ces idées, et pas seulement parce qu'ils voudraient
01:29:11 se faire connaître. Vous avez une mission politique,
01:29:13 Aurélien Pradié, une mission
01:29:15 politique, vous l'avez évoquée tout à l'heure.
01:29:17 C'est quoi, votre mission politique ? Je viens d'une
01:29:19 famille qui ne faisait pas de politique. Pour moi,
01:29:21 la politique est une magnifique chose.
01:29:23 Pouvoir être utile aux autres, servir nos
01:29:25 concitoyens. Donc oui, je considère que c'est une mission
01:29:27 que je n'ai pas envie d'abîmer. Je ne suis pas parfait,
01:29:29 il m'arrive de commettre des erreurs et d'avoir des
01:29:31 écarts sûrement. Et c'est pour ça que je parle
01:29:33 de mission. Les Français ont besoin
01:29:35 aujourd'hui d'être représentés. Ils ont besoin
01:29:37 d'être défendus. Ils ont besoin
01:29:39 que leurs représentants politiques soient à la hauteur
01:29:41 de ces difficultés-là.
01:29:43 Voilà pourquoi j'assume d'avoir parfois
01:29:45 du tempérament et du caractère. Parce que
01:29:47 la France a besoin aujourd'hui de tempérament et de caractère.
01:29:49 Mais j'ai appris une chose, c'est que tout cela,
01:29:51 on ne peut jamais le réaliser seul.
01:29:53 Mon parcours a souvent été
01:29:55 solitaire, parce que j'ai toujours été élu dans des conditions
01:29:57 très difficiles. À force de me taper sur
01:29:59 la figure, de me faire taper sur la figure, j'ai appris
01:30:01 un peu la solitude. Mais je sais aujourd'hui
01:30:03 qu'il n'y a pas de belle aventure politique
01:30:05 pour notre pays si elle n'est pas collective.
01:30:07 C'est ce que j'essaie de construire avec mes amis, c'est ce que nous avons
01:30:09 commencé à faire ce matin, et que nous allons faire
01:30:11 longtemps encore, je l'espère. Il y a trois jeunes
01:30:13 qui ont posé en une de l'incorrect
01:30:15 et ça a fait beaucoup de bruit. Il s'agit de
01:30:17 Guillaume Carayon pour Les Républicains, Stanislas Rigaudre
01:30:19 Conquête, Pierre Romain Thionnet pour le Rassemblement
01:30:21 National. "Les jeunes coupent le cordon", c'était ça
01:30:23 le titre de cet article.
01:30:25 Vous, vous n'avez rien dit à
01:30:27 M. Carayon. C'est normal.
01:30:29 Vous dites que c'est la liberté d'expression. Il a le droit
01:30:31 de dire que les digues peuvent sauter.
01:30:33 Je ne lui ai rien dit parce que je n'ai rien à lui dire.
01:30:35 Je l'ai eu au téléphone.
01:30:37 Vous lui avez dit quelque chose donc ?
01:30:39 Oui, je lui ai dit deux choses.
01:30:41 Ce ne paraissait pas très efficace en réalité.
01:30:43 Je ne veux pas faire insulte à ce magazine mais
01:30:45 si vous voulez reparler à tous les Français, il faut sûrement
01:30:47 leur parler de leurs vrais problèmes plus que de ces questions-là.
01:30:49 On est d'accord. Mais ce que je lui dis en revanche
01:30:51 c'est qu'il ne me trouverait jamais sur son chemin
01:30:53 pour l'empêcher de dire quoi que ce soit.
01:30:55 Y compris parfois de dire des bêtises s'il en disait.
01:30:57 J'ai moi-même un peu vécu dans ma
01:30:59 famille politique le fait que lorsqu'on disait
01:31:01 quelque chose qui n'était pas tout à fait
01:31:03 couleur locale ou qui dérangeait,
01:31:05 on en soit exclu. Ce n'est pas pour faire la leçon
01:31:07 aux autres. Moi je crois qu'il faut reparler à tous les Français.
01:31:09 Je refuse de faire
01:31:11 des catégories chez nos concitoyens.
01:31:13 Et oui il va falloir aller reparler aux Français qui ont voté pour
01:31:15 Marine Le Pen, à tous ceux qui ne votent plus
01:31:17 aujourd'hui dans notre pays. Et pour ça
01:31:19 il faut que la droite populaire retrouve
01:31:21 de l'énergie et de la force. Reparler
01:31:23 à tous les Français. Arrêter de parler
01:31:25 à des catégories de concitoyens.
01:31:27 Avec quelle idée-force ? Le travail ? Le travail qui paye ?
01:31:29 C'est ça la grande idée de
01:31:31 la droite pour les prochaines années ?
01:31:33 C'est le travail et au-delà du travail c'est la dignité.
01:31:35 Je crois qu'une des profondes blessures de notre
01:31:37 pays et de nos concitoyens c'est la perte de dignité.
01:31:39 Dans les familles,
01:31:41 dans leur environnement de travail, dans leur vie quotidienne,
01:31:43 nous n'avons plus de repères.
01:31:45 Et cette perte de dignité elle est
01:31:47 prodigieusement difficile à supporter pour les Françaises
01:31:49 et les Français. Le travail fait partie de la conquête
01:31:51 de la dignité. Et je refuse que
01:31:53 Sandrine Rousseau soit la seule à parler du travail.
01:31:55 Voilà pourquoi il me semble que la droite doit aussi
01:31:57 réinvestir ce champ du travail.
01:31:59 Avoir des idées nouvelles. Ça fait des années
01:32:01 que nous n'avons pas eu la question du travail. Mais lesquelles ? Allez-y !
01:32:03 La question du travail, la conférence que nous allons
01:32:05 organiser au mois de mai, va nous permettre par exemple
01:32:07 de travailler sur la semaine de 4 jours,
01:32:09 travailler 38 heures. Travailler
01:32:11 plus mais travailler mieux. Qui est un enjeu de société
01:32:13 aujourd'hui. Je crois trop au travail
01:32:15 pour ne pas vouloir aussi le faire progresser
01:32:17 et le moderniser. Il faut
01:32:19 simplement que nous acceptions à droite d'être à nouveau
01:32:21 des audacieux. Ce que nous n'avons pas été
01:32:23 depuis trop longtemps. Ouvrir des chemins,
01:32:25 parler de tous les sujets, d'écologie,
01:32:27 parler d'immigration évidemment, parler de fin de vie
01:32:29 sur lequel je vous confie aujourd'hui
01:32:31 et avoir de vrais questionnements.
01:32:33 Je ne sais pas s'il faut évoluer. J'ai besoin d'un débat
01:32:35 pour cela. Justement, c'est la question aussi que je voulais vous poser
01:32:37 parce que vous n'avez pas répondu à ma question
01:32:39 tout à l'heure. C'est pour ça que je vous demande de me poser la question. C'est pour s'équilibrer là, voilà.
01:32:41 Non mais sur l'euthanasie, est-ce que vous pensez
01:32:43 qu'il faut aller plus loin ? Est-ce que vous
01:32:45 considérez que l'offre de soins palliatifs en France
01:32:47 est insuffisante ? Qu'est-ce que vous pensez
01:32:49 de tout ça ?
01:32:51 Je veux que nous respections
01:32:53 tous les points de vue. Moi-même,
01:32:55 dans ma vie, comme ça arrive pour beaucoup
01:32:57 de Français, j'ai changé d'avis sur cette question.
01:32:59 Au regard des expériences que j'ai pu avoir.
01:33:01 Je pense qu'on ne peut pas vraiment
01:33:03 choisir sa fin de vie.
01:33:05 Je pense que la société dans laquelle nous sommes a une tendance
01:33:07 à vouloir tout consommer,
01:33:09 tout contrôler, y compris peut-être nous
01:33:11 faire croire qu'on peut contrôler notre propre mort.
01:33:13 Je ne le crois pas profondément,
01:33:15 philosophiquement. Ça ne veut pas dire que
01:33:17 je suis opposé à toute évolution.
01:33:19 Je pense qu'il faut d'abord travailler sur les soins palliatifs
01:33:21 qui aujourd'hui sont dans un état
01:33:23 de fragilité extrême.
01:33:25 Je pense qu'il faut que nous ayons le débat,
01:33:27 que nous cessions de nous caricaturer les uns les autres.
01:33:29 Et je vous demande de me laisser le droit
01:33:31 de douter. Parce que sur des sujets aussi
01:33:33 essentiels, la force politique c'est parfois
01:33:35 un peu le doute. Bien sûr, mais
01:33:37 vous évoquiez le fait que justement vous êtes attaché
01:33:39 au fait qu'on ne peut pas choisir sa mort
01:33:41 pour caricaturer, simplifier un petit peu.
01:33:43 Mais globalement, il y a une rupture
01:33:45 anthropologique qui peut se produire
01:33:47 si le législateur décide d'autoriser
01:33:49 le suicide assisté ou
01:33:51 l'euthanasie. Oui, toutes les décisions
01:33:53 que nous prenons à l'Assemblée nationale
01:33:55 sur ces sujets, comme sur beaucoup d'autres en réalité,
01:33:57 y compris sur la réforme des retraites,
01:33:59 ont des conséquences structurantes sur notre société.
01:34:01 Mais là c'est une rupture anthropologique, c'est-à-dire
01:34:03 c'est le rapport à la vie et à la mort.
01:34:05 Toutes les ruptures sont importantes. Et je veux que nous n'en négligions
01:34:07 aucune. Si demain nous voulons reparler
01:34:09 à tous les Français, que ce soit la droite ou d'autres
01:34:11 familles politiques, il nous faut leur parler
01:34:13 de tous les sujets qui les concernent.
01:34:15 Les sujets anthropologiques en font partie,
01:34:17 les sujets civilisationnels sont fondamentaux.
01:34:19 Les sujets du quotidien ne sont pas à négliger.
01:34:21 La vie quotidienne de nos concitoyens
01:34:23 dit aussi... Pouvoir d'achat inflation. Exactement.
01:34:25 Elle dit aussi beaucoup des grandes batailles
01:34:27 quand je me suis engagé avec plusieurs de mes amis
01:34:29 sur le handicap ou contre les violences
01:34:31 conjugales. Parfois on a été un peu moqués
01:34:33 en disant "ce sont des sujets de niche". Non.
01:34:35 Ce sont des sujets qui disent beaucoup des grands défis
01:34:37 de notre société, de l'attention que nous portons
01:34:39 aux plus fragiles et sûrement du projet politique
01:34:41 que la droite populaire peut développer pour demain.
01:34:43 Les droits des femmes, on en a parlé
01:34:45 il y a quelques instants, les violences conjugales,
01:34:47 fléaux endémiques dans notre pays,
01:34:49 on n'arrive pas à les endiguer.
01:34:51 Entre 2020 et 2021,
01:34:53 une augmentation de 20% du nombre de féminicides.
01:34:55 20%. 122 femmes
01:34:57 assassinées l'année dernière.
01:34:59 23 femmes depuis le début de l'année 2023.
01:35:01 Nous avons à l'Assemblée nationale, et c'était avec mon groupe politique,
01:35:03 j'en ai été le rapporteur, porté
01:35:05 il y a quelques temps une proposition de loi
01:35:07 adoptée à l'unanimité pour la généralisation
01:35:09 du bracelet anti-rapprochement. On en est où aujourd'hui ?
01:35:11 Savez-vous que moins de 10 bracelets
01:35:13 anti-rapprochement sont déployés
01:35:15 dans le pays avant le passage à l'acte ?
01:35:17 On déploie les bracelets anti-rapprochement
01:35:19 après la condamnation. C'est avant qu'il faut le faire.
01:35:21 Et j'ai fait porter, j'ai fait adopter
01:35:23 contre l'avis du gouvernement il y a quelques mois,
01:35:25 une nouvelle proposition de loi à l'Assemblée nationale
01:35:27 pour la création d'une juridiction spécialisée.
01:35:29 Comme l'Espagne l'a fait.
01:35:31 On tourne autour du pot alors qu'il nous faut
01:35:33 désormais passer à la vitesse supérieure.
01:35:35 Aurélien Pradié, député LR du Lot,
01:35:37 était notre invité. Merci beaucoup d'être venu ce soir
01:35:39 sur Europe 1 et sur CNews. Bonne soirée à vous.
01:35:41 Sur nos deux antennes, à demain.
01:35:43 [Musique]