L'interview de Bruno Le Maire

  • l’année dernière
Le ministre de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, était l’invité de Laurence Ferrari dans #LaMatinale sur CNEWS.
Transcript
00:00 - Laurence, vous recevez ce matin Bruno Le Maire.
00:02 - Bonjour M. le ministre de l'Économie.
00:04 Bienvenue dans la matinale de CNews.
00:05 On va parler de la mobilisation contre la réforme des retraites.
00:07 Deux nouvelles journées d'action sont prévues les 11 et 15 mars prochains
00:10 par l'intersyndical qui demande à être reçu par le président Macron.
00:14 Il refuse. Pourquoi ? Il méprise les corps intermédiaires ?
00:17 - Non, puisqu'il a proposé à tous les syndicats d'être reçus
00:22 au printemps et à l'été dernier, 2022.
00:25 Et je rappelle que certains, comme la CGT, ont refusé.
00:28 À ce moment-là, c'était le temps des syndicats,
00:30 c'était le temps de la discussion pour préparer le projet de loi
00:33 de réforme des retraites.
00:34 Donc la CGT a refusé l'invitation du président de la République.
00:38 Maintenant, c'est le temps du Parlement,
00:40 c'est-à-dire que c'est au parlementaire qui représente le peuple français,
00:43 de prendre les décisions sur cette réforme des retraites.
00:46 S'il y a des discussions à avoir, c'est au ministre du Travail,
00:49 Olivier Dussopt, d'avoir ces discussions avec les représentants syndicaux.
00:52 Mais nous sommes dans le temps du Parlement.
00:54 - Mais il y a une crise.
00:55 Il y a 1,2 million de personnes dans la rue mardi.
00:58 Le président est sourd ?
00:59 On n'entend pas ce que dit la rue ?
01:01 Et les Français ?
01:02 - Le président, il écoute comme nous écoutons tous ce que disent la rue,
01:06 ce que disent les Français.
01:07 Mais je le redis, c'est maintenant le temps du Parlement,
01:10 du Sénat et de l'Assemblée nationale.
01:13 Nous écoutons aussi les Français qui soutiennent cette réforme.
01:16 Nous soutenons ceux qui veulent travailler.
01:18 Nous écoutons tous ceux qui veulent avoir la liberté
01:20 de se rendre sur un lieu de travail.
01:22 La politique compte des avis de l'ensemble des citoyens français.
01:26 Pas se mettre sous pression des uns ou des autres.
01:28 - La France insoumise remet en cause la légitimité démocratique du président
01:32 à imposer une réforme présente dans son programme,
01:34 au motif que ceux qui ont voté pour lui au second tour
01:36 votaient contre Marine Le Pen.
01:38 Qu'est-ce que vous leur répondez ?
01:38 - Oui, mais la France insoumise ne respecte aucune des règles démocratiques.
01:43 Donc lorsque Jean-Luc Mélenchon nous expliquait
01:46 qu'il allait devenir Premier ministre sans la majorité,
01:49 quand ensuite la France insoumise nous a expliqué
01:50 que le président de la République n'avait pas la légitimité,
01:52 alors même qu'il avait été réélu par le peuple français,
01:55 à un moment donné, on n'écoute plus ce que dit la France insoumise.
01:57 Je pense qu'on gagne du temps à ne pas trop écouter ce que dit la France insoumise.
02:01 Parce qu'ils ont perdu leur boussole démocratique.
02:04 Le président de la République a été élu par le peuple français.
02:06 Il a toute légitimité pour faire adopter le texte de la réforme des retraites.
02:11 Les sénateurs et les députés ont été élus par le peuple français.
02:14 Ils le représentent.
02:15 Ils ont toute légitimité pour faire adopter ce texte.
02:17 Au bout du compte, une loi est adoptée par les représentants du peuple français.
02:22 Ça s'appelle la démocratie.
02:23 Vous êtes sûr qu'elle sera adoptée au final ?
02:25 Oui, j'ai la conviction que cette réforme des retraites sera adoptée.
02:28 J'ai la conviction, même si c'est dur à expliquer,
02:31 que je comprends qu'il puisse y avoir des inquiétudes des uns et des autres,
02:34 qui disent qu'il va falloir travailler plus longtemps.
02:36 Je suis convaincu que la France, avec cette réforme des retraites,
02:39 sortira plus forte, plus prospère.
02:41 Que nous aurons la garantie que ce régime des retraites,
02:44 qui fait la solidarité entre les générations qui se mettent à travailler
02:48 et les générations qui ne travaillent plus,
02:50 sera enfin préservé pour les années qui viennent.
02:52 On va parler chiffrage, évidemment, avec vous, de cette réforme.
02:55 Un tout petit mot de ce qui s'est passé à l'Assemblée nationale,
02:57 avec des comportements, on va dire, inadéquats.
03:00 Les deux bras d'honneur d'Éric Lepond-Moretti, par exemple,
03:02 pas sur la réforme des retraites, c'était sur une autre question.
03:05 Vous aimez les bras d'honneur ?
03:07 Non, et je n'aime aucun geste de violence.
03:09 Il n'y a aucune parole de violence.
03:11 Et je crois que notre République et notre démocratie gagneraient
03:15 à un plus grand respect des uns envers les autres.
03:18 Mais je pense qu'Éric Lepond-Moretti en a parfaitement conscience.
03:21 D'ailleurs, il s'en est excusé.
03:23 D'accord. Les Républicains, vous êtes certain que vos alliés voteront le texte ?
03:27 C'est à eux de le décider.
03:28 Mais enfin, je constate que le Sénat, la majorité républicaine,
03:31 a voté massivement le passage à 64 ans de l'âge légal de départ à la retraite,
03:36 cette nuit au Sénat.
03:38 Il me semble que les Républicains de l'Assemblée nationale
03:41 appartiennent aux mêmes partis que les sénateurs, les Républicains du Sénat.
03:45 Donc il y aurait une totale incohérence à ce que les seconds ne votent pas
03:50 ce qu'ont voté les premiers.
03:52 Alors Aurélien Pradié, député LR du Lot,
03:54 souhaite que le gouvernement aille plus loin sur les carrières longues,
03:57 notamment sur le fait que les personnes qui ont commencé à travailler
04:00 très tôt, 14, 16 ans, 18 ans, soient obligées de cotiser 44 ans,
04:04 alors que ceux qui ont commencé à 15, 17 ou 19, cotisent 43.
04:08 Là vous allez accéder à sa demande ?
04:12 Il y a deux fils qui se touchent.
04:14 La proposition qui vient d'être mentionnée, elle coûte plusieurs milliards d'euros.
04:19 On ne va pas s'écharper à la centaine de millions d'euros près,
04:22 mais ça coûte plusieurs milliards d'euros.
04:24 C'est ce que demande Aurélien Pradié ?
04:25 Oui, et les Républicains nous expliquent, et ils ont raison,
04:28 que l'équilibre des finances publiques c'est très important.
04:30 Ils ont raison, j'y suis profondément attaché.
04:33 Ils nous disent matin, midi et soir, et ils ont raison,
04:36 qu'il faut garantir l'équilibre financier du régime de retraite en 2030.
04:40 Je les soutiens.
04:41 Et dans le même temps, ils proposent des dépenses supplémentaires
04:45 en centaines de millions d'euros ou en milliards d'euros.
04:47 À un moment donné, je vous le dis, il y a deux fils qui se touchent.
04:49 Ce n'est pas compréhensible.
04:51 Au passage, la réforme telle qu'elle est en cours d'examen au Sénat,
04:56 a apporté des modifications qui sont bienvenues.
04:59 Par exemple, la surcote de 1,25% pour les femmes qui ont élevé des enfants,
05:03 je trouve que c'est une très bonne mesure.
05:05 Mais toutes ces mesures mises bout à bout font que le texte
05:07 à la sortie du Sénat tel qu'il existe aujourd'hui,
05:10 coûte 450 millions d'euros supplémentaires.
05:13 Il faudra trouver ces 450 millions d'euros pour garantir l'équilibre en 2030.
05:18 L'équilibre est très important.
05:20 Nous avons promis à nos compatriotes de remettre les comptes
05:24 des régimes de retraite à l'équilibre en 2030.
05:27 Je tiens à ce que nous respections cette promesse et à ce que, à la fin,
05:31 la réforme des retraites garantisse l'équilibre financier en 2030.
05:34 Donc ça veut dire qu'aujourd'hui, la promesse de l'équilibre n'est pas tenue
05:37 au regard de ce qui est voté au Sénat ?
05:38 Non, mais les sénateurs ont voulu améliorer le texte.
05:42 C'est leur droit.
05:43 Et je pense que les améliorations qui ont été apportées sont de bonnes améliorations.
05:47 Mais mon rôle de ministre des Finances, c'est de rappeler qu'au bout du compte,
05:51 le texte final qui sera adopté doit garantir l'équilibre
05:56 de notre régime de retraite par répartition en 2030.
05:59 Nous avons promis une copie à l'équilibre.
06:01 Nous remettrons une copie à l'équilibre.
06:04 Vous êtes assez discret sur les coûts cachés de la réforme.
06:06 Le décalage des parts de deux ans engendre évidemment de nouvelles dépenses.
06:10 À l'heure actuelle, un Français sur deux qui arrive à la retraite est au chômage.
06:12 Combien ça va coûter aux différents systèmes de protection sociale ?
06:15 Tout ça, justement, doit faire partie des évaluations.
06:18 Nous l'avons fait sur la copie qui est sortie de l'Assemblée nationale.
06:21 Nous avons vu que ça coûtait 850 millions d'euros supplémentaires.
06:25 La copie sortie de l'Assemblée nationale.
06:27 La Première ministre a apporté des réponses très concrètes,
06:30 par exemple sur l'alignement du forfait social,
06:32 des départs volontaires sur les licenciements à 30%.
06:35 Ça a rapporté un peu plus de 200 millions d'euros.
06:37 D'autres mesures ont été proposées.
06:39 Là, nous avons, à la sortie du Sénat,
06:41 un texte où 450 millions d'euros supplémentaires sont à trouver.
06:45 Il faudra les trouver.
06:47 À quel moment ce texte sera voté, à votre avis ?
06:49 Fin de la semaine prochaine, après la commission mix par hauteur ?
06:52 Avec un 49.3, 149.3 ?
06:53 Je ne maîtrise pas le cadre parlementaire.
06:55 Je pense que, sans relâche, toutes les heures,
06:58 tous les jours qui nous séparent du vote final,
07:01 nous devons convaincre les parlementaires,
07:03 ceux de notre majorité, ceux des Républicains,
07:07 de parvenir à une majorité.
07:09 Et croyez-moi, ça va être un travail difficile,
07:12 un vrai travail de conviction, député par député,
07:15 pour parvenir à cette majorité.
07:16 Je pense qu'il ne faut ménager aucun effort
07:18 pour parvenir à cette majorité parlementaire.
07:20 Une fois que ce texte serait voté,
07:22 vous espérez que la mobilisation dans la rue s'essouffle ?
07:25 C'est là-dessus que vous misez ?
07:26 Nous sommes en démocratie.
07:27 Une fois que le peuple s'est prononcé,
07:29 les représentants du peuple sont prononcés,
07:32 je pense qu'il faut appliquer les textes
07:33 qui ont été votés par le peuple français
07:35 et ses représentants.
07:36 Et puis regarder ensuite ce que traduisent
07:39 ces inquiétudes sur le travail,
07:41 sur la rémunération du travail, sur le pouvoir d'achat,
07:44 et y apporter des réponses.
07:45 Ce n'est pas une mesure définitive.
07:48 La réforme des retraites, c'est une mesure qui est nécessaire.
07:51 Donc il y en aura une autre après, c'est ça ?
07:53 Non, qui s'inscrit dans une politique économique plus globale,
07:55 qui vise le plein emploi en 2027,
07:57 la prospérité de tous, la rémunération du travail
08:00 qui soit la meilleure possible.
08:01 Il faut continuer à avancer vers nos objectifs
08:04 de politique économique.
08:05 Donc les Français désapprouvent
08:08 votre politique économique et sociale,
08:09 le sondage CNews, 82% d'entre eux se disent en colère.
08:13 Il y a de la marge de progression, je le reconnais.
08:15 Voilà, mais cette fracture-là, elle restera,
08:17 même si cette loi est adoptée.
08:19 Ce ressentiment des Français vis-à-vis de ce que vous faites
08:22 depuis que vous êtes à Bercy, Emmanuel Macron,
08:25 comment est-ce que vous allez retisser le lien
08:27 avec une inflation qui va exploser encore ?
08:29 Je n'ai pas la même interprétation du sondage que vous,
08:31 vous pouvez le comprendre.
08:33 Ce que j'ai envie de dire à nos compatriotes,
08:35 c'est que nous approchons du plein emploi,
08:37 que nous avons encore créé au dernier trimestre 44 000 emplois,
08:40 que de 2000 à 2017,
08:42 il n'y a que des destructions d'emplois industriels,
08:45 que nous, depuis 2017, nous avons recréé
08:48 plus de 80 000 emplois industriels.
08:50 Nous ouvrons des usines,
08:52 là où en France on ne faisait que fermer des usines.
08:54 Nous recréons des formations industrielles.
08:56 Nous avons protégé le pouvoir d'achat de nos compatriotes,
08:59 comme aucun autre pays européen ne l'a fait.
09:01 Nous avons maîtrisé l'inflation,
09:03 comme aucun autre pays européen ne l'a fait.
09:06 Nous avons aujourd'hui des perspectives de croissance.
09:08 Ça fait des mois, Laurence Ferrari, que matin, midi et soir,
09:11 les économistes les plus chevronnés me disent
09:12 "il y aura une récession en France en 2023".
09:15 La réalité, c'est que j'ai toujours défendu l'idée
09:16 qu'il y aurait une croissance positive, solide.
09:20 Nous avons une croissance positive et solide,
09:22 et je vous confirme ce matin que nous aurons en 2023
09:24 une croissance positive et solide.
09:26 Quant à l'inflation, je confirme...
09:27 - A quel niveau cette croissance ?
09:29 La Banque de France va remonter ses prévisions de croissance ?
09:33 - C'est bien la preuve que la Banque de France,
09:35 qui avait envisagé une récession,
09:37 aujourd'hui, rétablit des perspectives de croissance
09:40 qui sont plus positives.
09:41 Il faut avoir confiance dans le peuple français
09:44 et dans les capacités de l'économie française,
09:46 parce que les chiffres montrent qu'elle résiste,
09:49 qu'elle est solide.
09:49 Et nous avons devant nous, en plus,
09:51 une perspective qui est celle de la décarbonation
09:53 de notre économie, que nous allons soutenir
09:55 avec un projet de loi sur l'industrie vête,
09:57 qui va permettre non seulement de garantir
09:59 la prospérité de nos compatriotes,
10:01 mais en plus de faire de l'économie française
10:03 la première économie décarbonée.
10:04 Moi, sans relâche, quels que soient les sondages,
10:07 quelles que soient les inquiétudes qui s'expriment,
10:09 je veux montrer à nos compatriotes qu'ils réussissent,
10:12 que leur économie est solide et qu'ils ont tous les talents
10:15 pour réussir dans le monde tel qu'il est.
10:16 - En attendant l'énergie décarbonée dont vous rêvez,
10:18 les Français payent leur facture d'énergie
10:20 à des prêts insensés.
10:21 Quand est-ce que la France va se mettre sérieusement
10:23 à la réforme du marché électrique européen ?
10:26 Il y a une réforme qui est en cours.
10:29 On sait très bien que ce ne sera pas la réforme
10:30 que vous appeliez de vos voeux,
10:31 il y a déjà deux ou trois ans.
10:34 La France est impuissante à imposer cette réforme.
10:35 - D'abord, nos compatriotes, Laurent Serrari,
10:36 en tout cas pour ce qui concerne les ménages,
10:39 mais aussi les très petites entreprises,
10:40 sont ceux qui payent les factures les moins chères en Europe.
10:43 Puisque nous les protégeons.
10:44 - Mais ça ne veut pas dire qu'elles ne sont pas chères.
10:45 - Non, mais ça veut simplement dire
10:47 qu'elles auraient pu être beaucoup plus chères.
10:48 Et pour vous donner un chiffre très précis,
10:50 c'est de 180 à 200 euros par mois
10:53 que nous prenons à notre charge, nous l'État,
10:56 en faisant payer les plus grandes entreprises.
10:58 On dit "ah ben vous ne taxez pas les entreprises
11:00 qui font des profits sur l'électricité ou sur le gaz".
11:02 Nous les taxons, nous récupérons l'argent
11:04 qui finance le bouclier tarifaire
11:06 qui fait que vos factures d'électricité et de gaz
11:09 n'ont pas explosé.
11:10 Sur la réforme du marché européen de l'énergie.
11:12 - Parce que c'est ça le problème de base.
11:13 C'est qu'on produit notre électricité à un coût,
11:15 50 euros du mégawatt-heure,
11:17 et en fait, on le rachète 280 euros.
11:19 - Nous avons un marché européen de gros
11:21 qui fonctionne bien et que nous ne souhaitons pas modifier.
11:23 Mais en revanche, pour ce qui est des prix de détail,
11:26 je persiste et je signe.
11:28 Il faut que les Français payent le prix
11:31 de l'électricité décarbonée à son coût de production
11:34 et qu'on n'aligne pas le coût du mégawatt-heure
11:39 d'électricité décarbonée produit par nos centrales nucléaires
11:43 sur le prix du gaz.
11:44 C'est aberrant du point de vue économique,
11:46 c'est aberrant du point de vue écologique.
11:48 - Quand arriverez-vous à ça, monsieur le ministre ?
11:50 - C'est un combat que nous menons avec Agnès Pannier-Runacher
11:52 depuis maintenant plusieurs mois,
11:54 avec évidemment l'engagement total du président de la République.
11:56 Moi, je souhaite que d'ici la fin de l'année 2023,
11:59 nous puissions avoir des premières propositions
12:02 de la Commission européenne qui montrent
12:04 qu'on déconnecte ces deux prix
12:06 et que la France, tout simplement,
12:08 ce que nous demandons, c'est du bon sens et de la justice.
12:11 - Donc fin 2023, ça veut dire que ce serait pour l'hiver 2024 ?
12:13 Comment vont faire les artisans ?
12:15 - Les problèmes structurels qui sont lourds,
12:16 le principe sur lequel nous restons très ferme,
12:20 c'est que la France paye son électricité
12:22 à son coût de production,
12:24 et pas au coût de production du gaz,
12:26 c'est-à-dire de l'énergie fossile.
12:27 - Pourquoi ne peut-on pas faire comme l'Espagne et le Portugal,
12:29 qui ont demandé une sortie temporaire
12:31 de ce marché de l'électricité européenne ?
12:33 - Parce que la grosse différence,
12:34 c'est que nous nous sommes reliés
12:36 avec les réseaux européens d'électricité.
12:39 Ce n'est pas le cas de la péninsule ibérique,
12:41 Portugal et Espagne.
12:42 Donc ils ont eu droit à une dérogation
12:44 sur le marché européen de l'électricité.
12:46 Mais sur le long terme, la clé pour nous,
12:48 c'est de payer notre électricité au coût de production.
12:51 Et croyez-moi, je ne compte pas lâcher ce combat.
12:54 - D'accord, mais là, nos partenaires allemands,
12:55 évidemment, ne sont pas sur la même longueur de dente que nous.
12:58 Ils freinent au maximum et attendent
13:00 la fin des élections européennes de 2024.
13:03 Est-ce qu'on pèse encore en Europe, nous les Français ?
13:06 - Mais regardez ce qui vient d'être proposé
13:08 par la Commission européenne en réponse
13:10 à l'Inflation Reduction Act américain.
13:14 Des crédits d'impôt pour soutenir notre industrie.
13:16 Ça fait des années qu'on le demande,
13:17 nous l'avons obtenu.
13:19 Une clause d'alignement sur les aides américaines,
13:21 ça fait des années qu'on le demande,
13:22 nous l'avons obtenu.
13:23 Une simplification des projets
13:26 d'intérêt collectif européen pour aller plus vite
13:28 sur l'hydrogène, sur les batteries électriques,
13:29 sur les panneaux solaires, nous l'avons obtenu.
13:32 La nouvelle politique industrielle,
13:34 à laquelle chacun sait que l'Allemagne
13:36 était parfois réticente,
13:38 que nous portons avec le président de la République
13:40 qui a dit en 2017 qu'il faut la souveraineté
13:42 industrielle européenne, nous l'avons tenue.
13:44 Donc arrêtons de dire...
13:46 - Nous sommes souverains aujourd'hui en matière énergétique ?
13:48 - Mais bien sûr que nous sommes souverains.
13:49 - On n'a pas importé d'électricité en décembre ?
13:51 - On l'a importée parce que nous avons eu des difficultés
13:53 sur les réacteurs nucléaires.
13:54 Ce que je veux dire simplement,
13:55 parce que vous me posez la question sur l'Europe,
13:56 c'est que notre vision de l'Europe,
13:58 d'une Europe souveraine, indépendante,
14:01 elle l'a emportée en Europe.
14:02 Elle l'a emportée par la force des événements
14:04 qui ont montré que c'était un peu dangereux
14:06 d'être dépendant du gaz russe.
14:08 Elle l'a emportée parce qu'on a vu qu'Américains et Chinois
14:11 étaient capables de défendre leur industrie
14:12 à coup de subventions et d'aides.
14:14 Nous le faisons, nous aussi.
14:16 Je pense que c'est une vraie victoire politique française
14:19 qui montre que la France pèse davantage qu'elle ne le croit
14:22 et qu'elle a la capacité à faire bouger l'histoire en Europe.
14:26 - Encore un mot de l'Allemagne.
14:27 L'interdiction de vente des véhicules thermiques pour 2035
14:30 a été repoussée en raison des réticences de l'Allemagne
14:33 qui, évidemment, veut protéger son industrie automobile.
14:35 Elle dit qu'il faut une alternative avant d'interdire
14:37 parce que 98% du parc automobile roulant en Europe
14:42 est évidemment lié au carburant.
14:45 Comment on va faire, nous ?
14:47 On s'aligne sur l'Allemagne comme toujours ?
14:48 - Certainement pas.
14:49 Et vous pouvez retirer le "comme toujours"
14:51 parce que la France n'a pas vocation à s'aligner sur qui que ce soit.
14:54 Nous sommes une nation indépendante.
14:56 Nous construisons des partenariats avec nos amis européens,
15:00 que ce soit l'Allemagne, l'Italie ou d'autres.
15:02 Mais l'alignement n'est pas tellement
15:04 dans mon registre de beauté politique.
15:06 L'indépendance, oui.
15:08 Et s'agissant du véhicule thermique,
15:10 je pense que c'est une erreur.
15:12 Quand il y a une révolution,
15:13 vouloir se mettre en travers de la révolution technologique en cours,
15:16 c'est toujours une erreur.
15:18 Aujourd'hui, nous basculons du véhicule électrique.
15:21 Il faut mettre toutes nos forces, toutes nos innovations,
15:24 tous nos investissements vers le véhicule électrique.
15:26 Sinon quoi ? Qui va gagner cette révolution ?
15:28 La Chine, qui a cinq années d'avance sur nous,
15:31 sur les batteries électriques, sur le moteur électrique,
15:33 sur les véhicules électriques,
15:34 qui ont des capacités à produire des véhicules électriques à bas coût.
15:37 Il faut rattraper notre retard,
15:38 engager toutes nos forces vers le véhicule électrique.
15:41 Et moi, je tiens à saluer le travail de Carlo Stavarez chez Stellantis,
15:45 le travail de Luca De Meo chez Renault,
15:47 qui ont parfaitement compris cette révolution en cours,
15:50 qui ont accéléré pour que nos deux champions,
15:52 Stellantis et Renault, puissent réussir.
15:54 Mais vous ne croyez pas que je vais leur dire
15:55 "mais attendez, finalement, on parle d'investissement
15:58 en milliards d'euros, de stratégie sur des années,
16:00 voire sur des décennies".
16:01 Je vais vous dire, on a changé d'avis.
16:04 Enfin, ce n'est pas sérieux.
16:06 On ne change pas d'avis sur une stratégie industrielle aussi lourde,
16:09 comme ça, du jour au lendemain,
16:10 nous tenons à cet objectif de 2035.
16:13 Il y a une clause de révision en 2026,
16:15 attendons 2026 pour voir s'il y a des ajustements à faire ici ou là,
16:19 mais engageons toutes nos forces,
16:20 comme l'ont fait Stellantis, comme l'ont fait Renault,
16:22 vers la bataille du véhicule électrique.
16:23 Une dernière question qui est fondamentale sur l'inflation,
16:25 le pouvoir d'achat des Français.
16:27 14,5% d'inflation pour l'alimentation sur le mois de février,
16:31 10% dans les négociations entre les industriels et la grande distribution.
16:34 Ça va faire 24,5% de hausse des prix de l'alimentation pour les Français.
16:39 C'est intenable.
16:41 Vous n'avez pas réussi à imposer un panier anti-inflation
16:43 à la grande distribution.
16:44 Vous allez proposer des chèques alimentaires ?
16:46 Mais nous avons imposé à la grande distribution
16:48 de prendre des centaines de millions d'euros sur ses marges
16:50 pour avoir les prix les plus bas possibles.
16:52 C'est la première chose.
16:53 Nous avons imposé une deuxième chose,
16:55 qui est absolument essentielle à mes yeux,
16:57 c'est qu'il y ait des renégociations commerciales
16:59 en joint entre les industriels et les distributeurs.
17:01 Pourquoi ? Parce que moi, il y a un truc que j'ai du mal à comprendre, Laurence Ferrari.
17:04 C'est que lorsque le prix du blé explose,
17:06 le lendemain, le prix de la baguette explose.
17:09 La baguette qui est vendue chez les distributeurs.
17:11 Et pas l'inverse.
17:12 Je voudrais que lorsque le prix du blé baisse, c'est le cas aujourd'hui.
17:15 Lorsque le prix du fret maritime baisse, c'est le cas aujourd'hui.
17:19 Le lendemain, les prix baissent pour les consommateurs
17:22 et que les grands industriels répercutent immédiatement
17:24 la baisse des prix sur les prix à la consommation.
17:27 C'est pour ça qu'un des éléments clés de l'accord,
17:29 qui n'a pas été suffisamment mis en avant,
17:31 c'est qu'en juin, il y aura à nouveau des négociations commerciales.
17:34 Nous voyons que les prix de gros baissent.
17:36 Je veux que les prix de détail en juin,
17:38 grâce à ces négociations commerciales réouvertes
17:40 entre distributeurs et industriels,
17:43 permettent de faire baisser les prix à la consommation.
17:44 Le pic de l'inflation, c'est pour quand ?
17:46 Vous nous l'annoncez depuis plusieurs mois.
17:48 Oui, mais je vous ai annoncé de la croissance en 2023
17:51 contre l'avis de tout le monde.
17:52 Les faits m'ont donné raison.
17:54 Je vous dis que nous aurons une décrue de l'inflation
17:57 à partir de mi-2023.
17:59 Nous aurons une décrue de l'inflation à partir de mi-2023.
18:02 Ça ne veut pas dire que nos compatriotes vont percevoir tout de suite
18:05 que les prix baissent et que les choses vont mieux.
18:07 J'en ai parfaitement conscience.
18:08 C'est pour ça aussi qu'on veut de meilleures rémunérations,
18:11 qu'on se bat pour plus d'intéressement,
18:13 plus de participation, plus de primes.
18:15 Une politique économique, elle doit obéir à des équilibres
18:18 entre les producteurs, les consommateurs, les industriels.
18:22 Et elle doit avoir un cap stratégique.
18:24 Le nôtre, il est très clair, c'est du travail pour tous
18:26 et du travail bien rémunéré.
18:28 Merci Bruno Le Maire d'être venu ce matin dans la matinale de CNews.
18:31 A vous Romain Desarts pour la suite.
18:33 [Musique]
18:37 [SILENCE]

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