À l’occasion de la marche féministe parisienne du 8 mars, journée internationale des droits des femmes, nous avons rencontré des manifestantes et militantes confrontées, à la fois, au sexisme et au racisme.
Depuis 1977, le 8 mars est une journée de rassemblement et de revendication autour de la question des droits des femmes. Ces dernières années, dans la lutte féministe, un courant de pensée émerge, celui du féminisme intersectionnel. Selon cette idée, il faudrait prendre en compte toutes les intersections où se rencontre les discriminations dont sont victimes les minorités en France.
Depuis 1977, le 8 mars est une journée de rassemblement et de revendication autour de la question des droits des femmes. Ces dernières années, dans la lutte féministe, un courant de pensée émerge, celui du féminisme intersectionnel. Selon cette idée, il faudrait prendre en compte toutes les intersections où se rencontre les discriminations dont sont victimes les minorités en France.
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00:00 "Ca va bien, ça va bien, c'est la liberté,
00:02 je vous prétends que vous êtes des connes,
00:04 nous sommes des anciens."
00:06 Ces dernières années, au sein du féminisme,
00:08 un nouveau courant de pensée émerge, celui du féminisme intersectionnel.
00:11 En gros, selon cette idée, il faudrait prendre en compte
00:14 toutes les intersections où se rencontrent les discriminations
00:16 dont sont victimes les différentes minorités en France.
00:18 La plus citée parmi ces dernières reste le racisme.
00:21 Nous allons aller à la rencontre de Nesrine Slawi,
00:23 autrice et journaliste, pour mieux comprendre ensemble
00:26 les enjeux du féminisme intersectionnel.
00:28 - Salut Nesrine ! - Salut Luma !
00:30 Le féminisme intersectionnel, c'est un féminisme qui vise
00:37 à prendre en compte toutes les spécificités,
00:39 à savoir de considérer que quand on est une femme noire,
00:42 on ne vit pas la même chose que quand on est une femme maghrébine
00:44 ou quand on est une femme asiatique.
00:46 Il y a évidemment le sexisme et le racisme en commun,
00:49 mais ça prend différentes formes, différentes violences.
00:52 Par exemple, si je prends mon cas en tant que femme maghrébine,
00:54 issue de l'Union Populaire et de l'Immigration,
00:56 je fais face évidemment au sexisme, au racisme,
00:59 mais aussi au mépris de classe, à la violence de classe, etc.
01:02 Donc c'est vraiment un outil de pensée,
01:05 idéologique et sociologique, pour comprendre
01:08 comment les discriminations s'imbriquent pour chaque individu.
01:12 Et on est femmes et fières et révolutionnaires !
01:15 Et on est femmes et fières et révolutionnaires !
01:19 Pour comprendre comment le racisme et le sexisme
01:21 se rencontrent pour les femmes concernées,
01:23 nous sommes allées poser la question à des manifestantes et militantes.
01:26 On vit le sexisme et le racisme de la même manière.
01:30 Parfois même nos discriminations sexistes sont aussi racistes.
01:35 Je pense aux femmes qui portent le voile,
01:37 je pense aux femmes noires,
01:39 je pense à toutes les femmes racisées qui vivent des discriminations.
01:41 En fait, ce n'est pas un choix qu'on peut se permettre de faire.
01:44 Donc on est obligé de lutter sur les deux fronts,
01:47 et même parfois avec les questions LGBT et les questions d'invalidité.
01:51 Les violences sexistes, violences sociales,
01:54 les combats contre le capital !
01:57 On est dans une société qui met trop de cases.
02:01 Donc on est une femme, une voilée, une noire,
02:04 alors que tout ça, ça va ensemble.
02:06 Et que je peux être une femme voilée, intelligente,
02:08 qui a des droits, qui veut se battre pour ses droits,
02:10 et qui veut le faire entendre, surtout.
02:12 Le voile, ça ne devrait pas définir ce que j'ai dans la tête.
02:15 Et malheureusement, je fais des études de droits
02:17 qui me mettent toujours face à la dure réalité de la vie,
02:20 qui est que si je porte le foulard,
02:22 et si je suis noire en plus de sexe,
02:24 si je fais du droit, ça va être compliqué pour moi.
02:26 J'ai toujours l'impression de devoir faire plus en tant que femme,
02:32 et plus encore en tant que femme racisée,
02:35 qu'il s'agisse dans mon métier, qu'il s'agisse dans les collectifs,
02:38 qu'il s'agisse dans la vie de tous les jours.
02:41 Et avoir une fille aussi, pour l'éduquer, c'est assez compliqué,
02:46 parce qu'on se dit, comment faire en sorte
02:48 qu'elle se sente complètement incluse dans la société ?
02:52 Dans ma vie personnelle, c'est d'entendre des fois des remarques
03:02 sexistes ou racistes, et souvent les deux mélangés,
03:05 et de se dire, si je m'énerve,
03:07 parce qu'on connaît la "angry black woman",
03:09 si je m'énerve, on me dira "oui, mais elle est excitée, elle est ci, elle est ça".
03:13 Donc je voudrais m'indigner,
03:15 mais parce que je suis une femme noire, je me retiens.
03:18 Et ça, je trouve ça pas normal.
03:20 Et je me dis quelque part que beaucoup en profitent, en fait.
03:23 Je veux dire que moi, je vais me taire,
03:25 parce que j'ai pas envie d'être stigmatisée.
03:28 Mais je suis une femme, et quand je me sens dans une situation d'injustice,
03:34 j'aurais aimé pouvoir m'indigner comme je le souhaite.
03:36 Et actuellement, en France, une femme noire ne peut pas s'indigner comme elle veut,
03:39 elle ne peut pas s'énerver.
03:41 Parce qu'elle est tout de suite vue comme une personne dangereuse ou violente.
03:44 Alors que c'est elle la victime d'une agression.
03:47 Nous sommes fières, les féministes et radicales et en colère.
03:52 Nous sommes fières, les féministes et radicales et en colère.
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04:03 [Sonnerie]
04:04 Merci à tous !
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