Le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, député européen, était ce dimanche l'invité de Questions Politiques sur France Inter. Il est revenu sur la situation de la réforme des retraites, au lendemain de son vote par le Sénat. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/questions-politiques/questions-politiques-du-dimanche-12-mars-2023-1906724
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00:00 *Musique*
00:08 Bonjour et bienvenue dans "Questions politiques".
00:10 Le rendez-vous politique du dimanche midi à la radio sur France Inter, à la télévision sur France Info,
00:15 en partenariat avec le journal "Le Monde".
00:18 Notre invité du jour, qui va nous rejoindre dans un instant et qui sera avec nous en direct jusqu'à 13h,
00:22 est le président d'un parti politique, le Rassemblement National, qui joue aux équilibristes.
00:26 Parce que s'il s'oppose à la réforme des retraites portée par le gouvernement,
00:30 il se fait plutôt, voire très discret au Parlement et soutient la rue tout en se gardant bien d'y descendre.
00:36 Alors que la réforme entre dans une semaine décisive avec en ligne de mire impossible, peut-être 49-3,
00:41 cette position de retrait ne peut-elle pas se lire comme un manque de conviction, voire de courage politique ?
00:46 En tout cas, on posera la question à notre invité.
00:48 Nous évoquerons également l'inflation, comment la vaincre, l'international avec la guerre en Ukraine,
00:52 ou encore la relation de notre invité avec Marine Le Pen, Jordane Bardella,
00:57 député européen et président du Rassemblement National, et l'invité de "Questions politiques".
01:01 "Questions politiques"
01:02 [Générique]
01:05 "Thomas Négaroff sur France Inter"
01:07 [Générique]
01:09 Il sera dans un instant avec nous Jordane Bardella, mais pour l'heure, c'est le tour de table des éditorialistes de "Questions politiques".
01:15 Bonjour à tous les trois. Bonjour Jeff Wittenberg de France Télévisions. Bonjour Françoise Pressos du "Monde".
01:20 Bonjour à tous.
01:21 Et salut Karine Bécard de la rédaction de France Inter.
01:23 Salut tout le monde.
01:24 Je commence, tiens, avec vous Jeff, sur le rôle du Sénat.
01:29 Clémenceau disait "le Sénat c'est le temps de la réflexion", vous nous dites vous que c'est aussi le temps de l'action.
01:33 Et c'est vrai parce que cette première adoption de la loi sur les retraites,
01:37 ce premier élément concret dans la longue et tortueuse route de la réforme,
01:42 eh bien le gouvernement le doit au Sénat, même avec l'apport d'une béquille constitutionnelle, même au forceps.
01:48 Le Sénat donne objectivement un point au gouvernement et le Sénat se place résolument au centre de la décision politique,
01:54 peut-être plus que ça ne lui était jamais arrivé sous la Ve République.
01:57 C'est à la Haute Assemblée que chacun a reconnu la qualité des discussions, loin du vacarme et des dérapages de l'Assemblée.
02:02 Au Palais du Luxembourg, les débats ont été vifs, mais toujours sur le fond, sur le texte de la réforme, sans attaque sur les personnes,
02:08 vous l'avez remarqué, sans cris, sans insultes, sans bras d'honneur même.
02:12 Quelle revanche pour ce Sénat à la composition et à la moyenne d'âge si souvent brocardée.
02:17 Cette Assemblée élue par un savant mélange de scrutins majoritaires et proportionnels.
02:21 Cet hémicycle choisi par seulement 162 000 grands électeurs.
02:25 On le rappelle, les parlementaires, les conseillers régionaux, départementaux, communaux.
02:29 Après tout, à l'heure où moins d'un électeur sur deux, il faut le rappeler quand même,
02:32 s'est rendu aux élections législatives l'an dernier, donc pour un scrutin direct.
02:37 La légitimité du Sénat n'est peut-être pas moins grande.
02:39 Ce Sénat anachronique où la droite, elle est regnant maître alors qu'elle a obtenu moins de 5% à la dernière présidentielle.
02:46 Cette Assemblée où le rassemblement national n'existe même pas, loin donc de la réalité politique du pays.
02:51 C'est donc ce Sénat que Lionel Jospin, vous parliez de Clémenceau, qualifiait lui en 1998 d'anomalie dans une démocratie qui remet un peu les choses à l'endroit.
03:00 Et d'ailleurs, vous aurez remarqué que même les plus féroces détracteurs de la réforme des retraites à la NUP se gardent bien de critiquer le Sénat.
03:08 Jean-Luc Mélenchon aurait du mal, lui qui, on le rappelle, a été sénateur pendant 18 ans.
03:13 Éloge du Sénat par Jeff Wittenberg, on vous fera un t-shirt. Vive le Sénat, Karine Bécart.
03:18 Karine Bécart avec vous. On reste sur la question de la réforme des retraites.
03:21 On reste avec la droite. La droite qui a la main sur cette réforme et en particulier deux personnages de la droite qui ne sont pas parlementaires, Xavier Bertrand et Laurent Wauquiez.
03:31 Oui, tous les deux débordent d'ambition présidentielle. Ils ne sont pour l'instant que président de région, le premier des Hauts-de-France, on le sait, le second d'Auvergne-Rhône-Alpes.
03:39 Mais il ne faut pas oublier qu'ils ont l'un et l'autre des troupes à l'Assemblée nationale.
03:44 Derrière Xavier Bertrand, on a la droite populaire et sociale qui ne veut pas entendre parler de cette réforme des retraites, qui refuse même de la voter.
03:52 Avec Laurent Wauquiez, les consignes ne sont pas aussi clairement énoncées, c'est vrai.
03:55 Mais je rappelle quand même que ce sont ses proches à l'Assemblée nationale qui avaient déposé en janvier dernier un amendement pour supprimer le fameux article 7 du texte qui doit faire passer,
04:05 vous le savez, l'âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans. Ce qui fait au total des Bertrandistes plus des Wauquiezistes entre une vingtaine et une trentaine de députés.
04:15 Or, les 61 députés LR, sur ces 61 députés, le gouvernement en a besoin à peu près d'une quarantaine pour faire passer sa réforme.
04:23 Donc Laurent Wauquiez et Xavier Bertrand sur ce dossier sont incontournables.
04:26 Si la première ministre, Elisabeth Borne, veut récupérer une partie de leur suffrage, elle doit discuter avec eux, elle doit dire, comme on dit parfois en politique, les traiter politiquement.
04:37 Parce qu'on a bien compris qu'Olivier Marlex et Éric Ciotti, à la tête du groupe LR à l'Assemblée et à la tête du parti, qui eux sont régulièrement d'ailleurs reçus à Matignon,
04:45 ne représentent en réalité qu'une partie, qu'une moitié du mouvement.
04:48 Alors le problème, c'est qu'Elisabeth Borne, humainement, politiquement, ne les connaît pas.
04:52 Elle ne fréquente pas, Xavier Bertrand, elle ne fréquente pas Laurent Wauquiez.
04:56 Il y a bien Gérald Darmanin, homme de droite, sarkoziste, membre du gouvernement, qui pourrait les lui présenter.
05:01 Mais quel aveu de faiblesse pour la première ministre de s'en remettre à lui pour sa réforme des retraites.
05:06 Donc Elisabeth Borne, qu'on le veuille ou non, est sacrément coincée à quatre jours du vote solennel à l'Assemblée.
05:11 Vous verrez, elle n'évitera pas un nouveau recours à l'article 49.3.
05:15 Ah, c'est enregistré et on se tourne vers Françoise Fresseuse.
05:21 Elisabeth Borne, on reste avec elle.
05:23 Ce que vous appelez, et j'adore l'expression, la méthode Borne.
05:26 Oui, je pense que ce qui se joue cette semaine à l'Assemblée nationale,
05:29 c'est vraiment un jugement sur la méthode d'Elisabeth Borne.
05:33 Va-t-elle pouvoir ou non éviter le 49.3 ?
05:35 Moi, je ne serais peut-être pas aussi catégorique que ma voisine,
05:39 mais en tout cas, ce qui se joue, c'est très important pour Elisabeth Borne.
05:43 C'est elle qui a demandé à ce qu'il y ait une concertation de trois mois
05:46 avant la présentation de la réforme.
05:49 C'est elle qui a milité pour que l'âge ne soit pas 65 ans,
05:52 comme l'avait dit Emmanuel Macron, mais 64 ans,
05:55 et que ce soit couplé avec une accélération de la durée de cotisation,
05:59 ce qui rendait, dit-elle, la réforme plus présentable.
06:02 C'est elle qui a jugé possible de présenter la réforme
06:05 sous le signe de la justice, de l'équilibre et du progrès.
06:07 Je reprends en citation les textes du dossier de presse.
06:10 C'est elle qui a tablé sur une relative neutralité de la CFDT,
06:13 sur la possibilité d'un deal avec la droite.
06:15 Or, la CFDT est toujours dans le refus absolu de la réforme,
06:18 la droite s'est divisée, la gauche a poursuivi au Sénat sa politique d'obstruction
06:22 et les Français sont vent debout contre la réforme.
06:24 Tout ce qui s'est passé est allé à l'encontre de ces croyances.
06:28 Donc l'épilogue qui se joue jeudi à l'Assemblée nationale
06:31 est très important pour elle.
06:33 Soit toute sa méthode, finalement, aura marché,
06:35 et le texte est voté avec une majorité,
06:38 soit Emmanuel Macron, jeudi, décide d'en passer par le 49-3,
06:42 et ce sera à la fois un échec pour l'ensemble du gouvernement,
06:45 un échec personnel pour elle, qui aura défendu jusqu'au bout
06:49 une méthode fondée sur la concertation et le dialogue.
06:52 Semaine décisive, et on accueille notre invité pour en parler,
06:56 Jordan Bardella et l'invité de Questions politiques.
06:58 Bonjour Jordan Bardella.
07:08 Bonjour, merci de votre invitation.
07:10 Président du Rassemblement national et député européen.
07:14 Hier, le Sénat a voté le texte sur la réforme des retraites.
07:18 Il y avait un peu moins de monde, voire beaucoup moins de monde dans la rue.
07:20 Est-ce que vous vous dites, même si peut-être vous le regrettez,
07:22 que la messe est dite, que la réforme des retraites s'est actée,
07:25 et qu'on va devoir passer rapidement à autre chose ?
07:28 Absolument pas.
07:29 Et je veux dire ce matin, ce midi en tout cas aux Français qui nous écoutent,
07:32 qu'en l'état actuel des choses, rien n'est fait,
07:36 et que même si la commission mixte paritaire compte en son sein
07:40 très peu d'opposants à la réforme des retraites,
07:42 puisqu'il y aura je crois 4 ou 5 personnes qui seront critiques de ce texte de loi,
07:47 il y aura un vote très important à l'Assemblée nationale,
07:50 et 49-3 ou pas, je pense que nous pouvons encore éviter le pire.
07:55 Le pire serait évidemment l'adoption de ce texte de loi,
07:57 qui va cibler le travail et qui va notamment cibler les Français les plus modestes.
08:02 Avec 72%, 70% des Français qui s'opposent à ce texte de loi,
08:07 je pense que cette majorité de refus, elle doit encore vivre,
08:09 et elle doit s'exprimer à l'Assemblée dans quelques jours.
08:12 Est-ce que vous pensez que ça se jouera autour du 49-3,
08:15 ou avant par un vote qui pourrait être un rejet du texte ?
08:19 Comment est-ce que vous voyez la semaine à venir ?
08:20 Je ne suis pas devin, il y a deux possibilités.
08:22 Soit l'Assemblée nationale s'exprime, et en l'état actuel des choses,
08:27 quoi qu'on en dise, Emmanuel Macron et Elisabeth Borne
08:29 n'ont pas de majorité pour l'instant, pour faire adopter la réforme des retraites.
08:33 Il manque combien de voix à votre avis ?
08:35 Je ne sais pas combien il manque de voix,
08:36 en tout cas pour avoir la majorité, il leur faut une quarantaine de voix.
08:38 Une quarantaine de députés LR ?
08:40 Voilà, il faut une quarantaine de députés LR.
08:43 Or moi j'entends beaucoup de gens au sein des Républicains,
08:47 probablement parce qu'ils sont au contact des Français,
08:50 s'exprimer aujourd'hui, exprimer toute leur réticence
08:53 à l'égard d'un vote du parti LR pour cette réforme des retraites.
08:55 Même si messieurs Marlex et Ciotti rêvent d'être secrétaire d'État,
08:59 de monsieur Attal ou de madame Borne,
09:01 on voit qu'il y a chez LR des gens qui sont sur le terrain,
09:03 des gens qui sont confrontés à la réalité
09:05 et qui tous les week-ends sur le terrain entendent les Français leur dire
09:08 « ce n'est pas le moment ».
09:10 Cette réforme elle est difficile, cette réforme elle est brutale.
09:13 On n'arrive plus à boucler les fins de mois,
09:14 on n'arrive plus à payer le carburant,
09:16 on n'arrive plus à payer les factures d'énergie,
09:18 s'agissant notamment des artisans boulangers,
09:20 des charcutiers, des commerçants, des indépendants.
09:23 Vous ne pouvez pas aujourd'hui, compte tenu de l'état du pays,
09:26 venir nous demander de travailler deux ans de plus
09:29 surtout que compte tenu des concessions importantes
09:31 qui ont été faites par le gouvernement à l'égard de LR,
09:34 le seul argument pour vendre cette réforme des retraites
09:37 qui était de dire on va faire des économies
09:39 dans l'équilibre et dans le système des retraites,
09:41 en vérité tombe en très très grande partie.
09:42 Mais ça on ne sait pas, on est là.
09:43 Ou alors, deuxième possibilité c'est le 49-3.
09:46 Alors reste-toi un instant sur le point presseur.
09:49 On y arrive au 49-3.
09:50 Alors il faudra la motion de censure.
09:51 Alors on va y revenir largement mais,
09:53 un point, est-ce que au RN vous discutez avec les députés de LR ?
09:57 Oui bien sûr.
09:58 On discute avec tous les députés, il y a des discussions aujourd'hui.
10:01 Je vous rappelle que nous sommes favorables
10:03 et nous étions favorables depuis le début de ces mobilisations sociales
10:07 à ce que ce texte de loi soit soumis par référendum.
10:09 Parce que je pense qu'il ne faut pas avoir peur du peuple français
10:11 et qu'on ne peut pas gouverner contre le peuple français.
10:14 Donc Emmanuel Macron…
10:15 Pardonnez-moi mais le référendum il ne sert à rien.
10:17 Il y a 68% des français qui ne veulent pas cette réforme.
10:20 Donc pourquoi demander…
10:21 Enfin je veux dire, Emmanuel Macron ne peut pas demander un référendum.
10:23 Mais écoutez, mais c'est très intéressant.
10:24 Vous êtes en train donc de nous dire
10:26 qu'il y a un gouvernement à la tête de l'État
10:28 qui gouverne contre les français
10:30 et qui met en place des réformes
10:32 qu'une très large majorité du peuple français rejette.
10:34 Donc c'est un manque d'humanité.
10:36 C'est une réforme qui est immorale parce qu'elle est difficile.
10:39 Juste si je peux aller sur le…
10:40 Non mais nous, est-ce qu'on peut rester dans le domaine constitutionnel ?
10:43 Oui, Emmanuel Macron a été élu président de la République.
10:46 Il a été élu président de la République sur une réforme qui disait
10:48 "pousse l'âge à 65 ans".
10:51 Ensuite le texte a été voté hier soir au Sénat.
10:56 Il y a eu des élections législatives.
10:57 Et on ne sait pas ce qu'il va se passer à l'Assemblée nationale.
10:59 On ne va pas dire "on revoque le peuple contre l'Assemblée".
11:03 Emmanuel Macron a été élu.
11:07 Pas de problème.
11:08 A-t-il eu une majorité à l'Assemblée nationale
11:10 pour faire voter son programme ?
11:11 Eh bien on verra.
11:12 Relative, relative monsieur Mandela.
11:13 Donc quand on a un texte de loi
11:16 que 70% des français rejettent,
11:19 qui va cibler les français les plus modestes,
11:21 qui va cibler les femmes…
11:22 On n'aurait pu dire la même chose de la peine de mort, Ben Mitterrand ?
11:24 Non, Madame Gérard.
11:26 On ne fait pas de la politique contre les français.
11:29 Et si des français aujourd'hui
11:32 sont prêts à sacrifier un jour, deux jours, une semaine de salaire,
11:37 c'est parce qu'ils sont aujourd'hui jetés dans un désespoir
11:40 qui est un désespoir majeur.
11:42 Que cette réforme, elle est triste.
11:43 Que c'est une réforme qui est brutale.
11:45 Et que le gouvernement tente de faire passer par le mensonge.
11:48 Ils ont menti sur les 1200 euros généralisés pour tout le monde
11:51 pour tenter de faire passer la pilule.
11:53 Premièrement.
11:53 Deuxièmement, tous les jours, ce gouvernement fait preuve de fébrilité.
11:56 Quand le ministre de la Justice, M. Dupond-Moretti,
11:59 fait un bras d'honneur à des députés à l'Assemblée nationale,
12:02 ça veut dire très clairement ce qu'est cette réforme sur le fond.
12:05 Mais c'est très révélateur de leur méthode.
12:10 Et moi j'ai le sentiment, comme beaucoup de français aujourd'hui,
12:12 que le début du quinquennat d'Emmanuel Macron
12:15 ressemble à une fin de règne.
12:16 Un pays a besoin de grands projets.
12:19 Un pays a besoin d'espoir.
12:20 Un pays a besoin d'unité.
12:21 Un pays a besoin d'enthousiasme.
12:23 Un pays n'a pas besoin de réforme difficile pour tenir les déficits.
12:27 On va y aller tranquillement et on va s'écouter les uns avec les autres.
12:30 Jeff Wittenberg.
12:31 Si la loi est finalement votée, même avec le recours de l'article 49, alinéa 3,
12:37 est-ce que vous respecterez sa légalité ?
12:40 Qu'est-ce que vous pensez de cette phrase de Jean-Luc Mélenchon ?
12:42 "Nous allons trouver une porte de sortie par la force", c'est ce qu'il a dit hier.
12:46 Est-ce que donc vous, vous êtes quand même légaliste ?
12:49 Et à partir du moment où c'est voté, c'est voté et on arrête là.
12:52 C'est la question qui se pose aujourd'hui.
12:53 D'abord, première question, si cette réforme est votée,
12:57 Marine Le Pen a pris un engagement, si nous arrivons à la tête du pays en 2027,
13:00 nous garantirons un départ à l'âge légal de 60 ans et avec 40 annuités de cotisation
13:06 pour tous ceux qui ont commencé à travailler entre 17 et 20 ans, premièrement.
13:09 Deuxièmement, je pense que Jean-Luc Mélenchon n'est pas du tout dans la même démarche
13:14 que le Rassemblement National.
13:15 Jean-Luc Mélenchon, il veut la fin des institutions.
13:17 Jean-Luc Mélenchon, par le comportement qu'ont eu ses députés à l'Assemblée nationale,
13:21 s'est comporté comme un chef de gang.
13:22 Il est allé jusqu'à intimider ses propres parlementaires,
13:25 les parlementaires du Parti communiste français, vous vous en souvenez.
13:28 Et honnêtement, le comportement qu'a offert le spectacle pitoyable, violent
13:32 qu'a offert la nupèce à l'Assemblée nationale,
13:35 je crois, démotive beaucoup de Français de s'opposer et de combattre ce texte de loi.
13:39 Quand on aboie, quand on hurle, quand on qualifie un ministre d'assassin,
13:43 quand on joue au foot,
13:47 le Rassemblement National, lui, acceptera le verdict du Parlement
13:50 en attendant 2027.
13:53 Et à ce moment-là, les Français devront se saisir des prochaines élections
13:57 pour choisir des dirigeants qui reviendront sur cette réforme
14:00 et qui feront en sorte que quand on a commencé à travailler très tôt,
14:02 eh bien, on doit partir beaucoup plus tôt.
14:05 Mais excusez-moi, mais si l'Assemblée nationale,
14:09 si ce texte a échappé à l'Assemblée nationale
14:11 et qu'il est parti au Sénat sans vote,
14:12 c'est parce que la nupèce a fait de l'obstruction parlementaire
14:15 et en réalité, la violence démocratique de la nupèce renforce le gouvernement.
14:20 On est pris en étau, si vous voulez, entre d'un côté,
14:22 la nupèce qui a fait preuve d'une violence démocratique inouïe à l'Assemblée nationale
14:26 que tous les Français rejettent dans toutes les études d'opinion
14:28 et de l'autre, un gouvernement qui fait preuve d'une violence sociale
14:31 contre le peuple français.
14:32 Moi, je pense qu'il y a une troisième voie.
14:33 Et je dis aux Français, n'ayez pas peur, il n'y a aucune fatalité.
14:37 Si cette réforme passe, il y aura d'autres élections
14:39 pour garantir un départ beaucoup plus tôt,
14:41 aux gens qui ont commencé à travailler tôt et qui ont des métiers difficiles.
14:43 Elle est quand même très faible, votre troisième voie.
14:45 Vous n'êtes pas dans la rue.
14:48 Vous n'avez pas fait d'obstruction pour essayer de vous battre jusqu'au bout
14:50 pour que le texte ne passe pas et vous dites,
14:52 bon, finalement, si le texte passe, on verra dans quatre ans.
14:55 Vous trouvez que c'est audible pour vos troupes ou pas ?
14:58 Excusez-moi.
15:00 Attendez, d'abord, un, le débat parlementaire, il n'est pas terminé.
15:04 Donc, en l'état actuel des choses, vous voulez peut-être bloquer l'Élysée, etc.
15:08 Mais en l'état actuel des choses, ce texte n'est pas adopté.
15:12 Et pour l'instant, il n'y a aucune garantie, aucune,
15:15 que ce texte soit adopté à l'Assemblée nationale.
15:17 Premièrement. Donc, premièrement, ça n'est pas fait.
15:20 Deuxièmement, il y a une majorité de refus qui vit dans le pays,
15:23 qui vit au travers du débat parlementaire,
15:24 qui vit au travers des mobilisations populaires que je soutiens
15:27 et que nous avons soutenues.
15:28 Et je pense que...
15:29 Mais auxquelles vous ne participez pas, monsieur Cordela ?
15:30 Vous soutenez, mais vous n'y participez pas, vous l'admettez.
15:33 A titre personnel, je n'étais pas dans le cortège pour une raison très simple,
15:36 c'est que d'abord, on n'y a pas été invité.
15:37 Voilà.
15:38 Deuxièmement, je pense que le mouvement...
15:40 Personne n'a pas besoin d'être invité pour aller dans un cortège.
15:42 Bon, écoutez, si j'étais allé dans un cortège à côté de monsieur Martinez ou de monsieur Berger,
15:46 vous, sur cette même émission, vous m'auriez dit
15:48 "mais vous n'avez pas le sentiment de faire un peu de récupération politique ?"
15:50 Donc, s'il vous plaît, je pense que chacun est dans son rôle
15:52 et que dans cette opposition à la réforme des retraites, on a besoin...
15:54 Mais là, ce n'est pas de la récupération politique de dire "c'est formidable ces mobilisations"
15:57 auxquelles vous ne participez pas ?
15:59 Vous me posez la question, donc je vous réponds.
16:00 Je pense qu'il est légitime et il est de bonne augure que les Français se mobilisent.
16:06 Et il y avait beaucoup dans ces manifestations d'ailleurs,
16:08 d'électeurs du Rassemblement National, de militants, d'élus, d'adhérents.
16:11 Beaucoup de nos élus ont participé, beaucoup de nos députés en local à des mobilisations.
16:14 Et je pense que c'est parfaitement sain.
16:16 Je vous dis juste que le mouvement social, il s'organise librement,
16:18 qu'il n'appartient pas aux partis politiques et que la source, la clé,
16:23 l'origine du blocage qui pourrait advenir dans les prochains jours,
16:27 c'est Emmanuel Macron et sa réforme.
16:28 Mais vous êtes en situation de...
16:29 La clé du blocage, c'est le référendum.
16:30 Et je vous rappelle que nous avions, pendant le seul vote qu'il y a eu à l'Assemblée Nationale,
16:34 c'est un vote autour d'une motion référendaire
16:36 qu'avait déposé le groupe du Rassemblement National.
16:38 Et je regrette que la gauche ne l'ait pas votée.
16:39 Mais vous êtes dans une situation de surplomb assez confortable.
16:42 La question qui a été posée par François Sfresso, c'était quand même aussi,
16:44 quel est le bilan du Rassemblement National depuis deux mois,
16:48 depuis qu'on discute, qu'on examine, enfin que vous examinez cette réforme des retraites ?
16:53 Il faut demander l'avis.
16:54 Vous avez apporté quoi en fait ?
16:55 Il faut demander l'avis aux Français.
16:57 Moi, quand je regarde le dernier sondage IFOP qui a été fait sur la perception
17:01 qu'ont les Français de l'opposition, du comportement de l'opposition à l'Assemblée Nationale,
17:05 ils disent d'ailleurs, que ce soit dans le JDD la semaine dernière ou dans le IFOP qui a été fait,
17:09 que les députés du Rassemblement National, Marine Le Pen,
17:11 sont ceux qui ont, à leurs yeux, aux yeux du peuple français,
17:15 incarné l'opposition la plus sérieuse, la plus crédible et la plus forte.
17:19 On n'est pas sur la perception, on est sur des points concrets.
17:21 Concrètement, vous avez apporté quoi à ce débat ?
17:24 Sur la pénibilité, sur les carrières longues,
17:26 quelles sont les contre-propositions concrètes
17:28 que le Rassemblement National a apportées à l'Assemblée Nationale ?
17:31 D'abord, un, ce texte de loi n'est pas un texte de loi.
17:34 Le gouvernement a fait un choix, qui est celui de rectifier,
17:37 de déposer un texte qui rectifie le budget de la Sécurité Sociale.
17:40 Par définition, quand ce n'est pas un texte de loi,
17:42 vous le savez, les gens qui nous écoutent doivent le savoir,
17:44 vous ne pouvez pas créer de charges supplémentaires.
17:46 Donc c'est vrai qu'il a été très difficile, très compliqué,
17:48 de matérialiser dans le texte de loi, dans le débat à l'Assemblée Nationale,
17:52 le contre-projet que nous avons défendu.
17:54 Ce contre-projet, Marine Le Pen l'a exposé tout au long de la campagne présidentielle.
17:58 Nous considérons que plus vous avez un métier difficile,
18:01 plus par définition vous avez commencé à travailler très tôt.
18:04 Et nous pensons qu'entre 17 et 20 ans,
18:08 vous devez pouvoir partir à la retraite avec 40 ans et 60 annuités.
18:11 Marine Le Pen l'avait chiffré dans son projet présidentiel.
18:14 C'est un choix budgétaire, c'est un choix de société,
18:16 et c'est même un choix de civilisation.
18:17 Parce qu'il y a beaucoup de gens qui nous écoutent ce matin,
18:20 ce midi, qui nous écoutent depuis plusieurs semaines,
18:22 qui ne comprennent pas ce qui va les attendre dans plusieurs mois,
18:25 et qui en réalité s'apprêtent à partir à la retraite dans quelques mois,
18:28 et qui vont voir leur moment de départ à la retraite repousser de plusieurs mois,
18:31 et qui eux, aimeraient pouvoir partir à la retraite
18:33 sans avoir le dos cassé, sans avoir le bras cassé.
18:36 Et cette France-là, cette France qui a commencé à travailler très tôt,
18:40 sur qui va reposer l'essentiel de l'effort de la réforme du gouvernement,
18:43 nous nous venons leur dire que nous pouvons faire différemment.
18:46 - Mais attendez, sur le fond, c'est très important ce que vous dites.
18:49 Parce que vous dites en fait, ceux qui ont commencé à travailler tôt,
18:52 ils vont pouvoir travailler, ils vont pouvoir partir à 60 ans.
18:55 Mais ceux par exemple qui commencent à 21 ans et demi,
18:57 et qui ont un métier pénible,
18:59 eux, vous allez les faire travailler jusqu'à 67 ans
19:01 parce qu'ils ne seront pas dans la pénibilité.
19:03 - Il n'y a pas de pénibilité chez vous ?
19:04 - Pas du tout.
19:05 - Alors dites.
19:05 - Entre eux, il y a une progressivité.
19:07 Cette progressivité, elle va de 60 ans et 40 annuités,
19:10 pour ceux qui ont commencé à travailler entre 17 et 20 ans,
19:12 jusqu'à 62 ans et 42 annuités.
19:14 Mais excusez-moi, il ne faut pas mentir aux gens.
19:16 Quand vous commencez à travailler à 24 ou 25 ans,
19:18 vous avez par définition un métier qui est beaucoup moins pénible.
19:20 Et donc là, avec la réforme que nous avions défendue,
19:22 effectivement, vous partirez plus tard et vous ne partirez pas à 60 ans,
19:25 vous partirez autour de 65, 66 ou 67 ans au plus tard,
19:29 si vous avez commencé à travailler à 25, 26 ans.
19:31 Mais c'est normal parce que vous avez par définition un métier qui est plus difficile.
19:34 Et surtout, Emmanuel Macron nous a légué en 2022
19:38 et nous lègue dans le débat public que nous avons eu,
19:40 un pays avec 600 milliards d'euros de dettes supplémentaires.
19:43 Donc notre projet, je pense que c'est le plus réaliste.
19:46 Maintenant, il peut y avoir des critères de pénibilité
19:48 quand vous avez commencé à travailler à 21, 22 ans,
19:50 mais ça, c'est de la négociation sociale.
19:51 On aura une fois notre arrivée au pouvoir avec le mouvement social et avec les syndicats.
19:56 - C'est-à-dire les femmes qui ont travaillé avec...
19:59 - Elles doivent travailler jusqu'à 67 ans dans votre société ?
20:01 - Non, pas du tout.
20:02 - Alors dites.
20:04 - C'est-à-dire ?
20:05 - Carrière hachée.
20:06 Celle qui commence et puis après ça s'interrompt.
20:08 - Conduit temps partiel, conduit maternité.
20:10 - Elle doit partir à quel âge ? Elle a commencé à travailler à quel âge ?
20:14 - Elle a commencé à travailler à 21 ans et puis elle a trois enfants.
20:18 Elle a eu du mal à retrouver un travail, elle a du temps partiel.
20:21 - Mais oui, il faut que vous me donniez...
20:24 Si vous voulez que je vous fasse le calcul, il faut que vous me donniez l'âge de départ,
20:26 l'âge d'arrivée.
20:27 - Il n'y a pas de disposition pour les femmes.
20:30 - De fait, nous intégrons la pénibilité dans le calcul d'âge.
20:32 C'est-à-dire qu'on considère que si vous avez commencé à travailler tôt,
20:35 c'est que vous faites un métier qui est pénible, un métier qui est difficile.
20:37 Maintenant, nous avons interrogé sur les amendements
20:39 qui ont été déposés à l'Assemblée nationale.
20:40 Vous me parlez de la pénibilité.
20:42 On avait déposé un amendement qui était très clair,
20:44 qui était de rétablir les quatre des dix critères de pénibilité
20:47 qui avaient été supprimés par Emmanuel Macron en 2017.
20:49 Parce que là où leur politique, elle est injuste,
20:51 c'est qu'aujourd'hui, le fait de porter des charges lourdes,
20:54 d'être exposé aux vibrations, d'avoir son corps qui est exposé à des produits chimiques,
20:58 n'est plus dans le compte pénibilité considéré comme un critère de pénibilité en soi.
21:03 Et ces critères-là, nous avons proposé de les rétablir.
21:06 Mais il ne faut pas mentir aux gens.
21:07 - Non mais, excusez-moi, avant, je vais vous répondre aux questions.
21:08 Quel rapport avec les carrières hachées qu'évoquaient Karine et Françoise à l'instant ?
21:12 - Mais attendez, vous me dites de carrières hachées,
21:14 mais ça dépend à quel âge vous avez commencé à travailler.
21:17 - Non mais, dans la réforme des retraites aujourd'hui,
21:19 la situation la plus injuste concerne les femmes.
21:21 Vous faites quoi pour les femmes ?
21:22 Verbalisons-le différemment si vous préférez.
21:24 - Eh bien, les femmes qui ont commencé à travailler à 21 ans
21:27 partiront dans le projet de Marine Le Pen à 61 ans et quelques.
21:31 On avait publié sur le site de campagne de Marine Le Pen un simulateur
21:34 dans lequel vous rentriez vos critères et l'âge auquel vous avez commencé à travailler.
21:39 Et ensuite, vous aviez votre…
21:40 Mais non, parce que la pénibilité de facto est intégrée dans l'âge.
21:42 Maintenant, des critères de pénibilité, nous l'avons dit.
21:44 - Non mais, on ne parle pas de pénibilité.
21:45 - Si, en quelque sorte, c'est pas régulier.
21:48 - Par exemple, une femme qui s'interrompt pour élever leurs enfants.
21:50 - Mais tout dépend quel métier vous avez.
21:51 - Encore une fois, une femme qui est caissière, qui a commencé à travailler à 19 ou 20 ans…
21:55 - Donc, c'est pas genré, quoi.
21:56 - … n'a pas le même profil.
21:57 C'est pour ça que je vous dis, il faut me donner le profil.
22:00 - En fait, ce qu'on peut souligner dans votre réforme, c'est qu'il faut avoir…
22:03 - C'est que c'est la plus simple et la plus libre.
22:04 - Il faut commencer à travailler tôt pour avoir une bonne retraite.
22:09 Et après, on est dans le système à peu près…
22:12 le système actuel, 67 ans.
22:14 - Mais écoutez, je veux dire, il y a aujourd'hui des femmes qui font des métiers très difficiles
22:19 et qui vont être impactées par cette réforme des retraites.
22:21 Oui ou non ?
22:22 - La question était sur le caractère spécifique des carrières des femmes.
22:27 - Très bien.
22:28 - Et vous nous répondez, jeunes entrées dans l'âge et pénibilité.
22:31 - Excusez-moi.
22:32 - Non, mais ça veut dire qu'en gros, vous n'avez pas d'approche genrée de la question
22:34 des retraites.
22:35 - Non, je n'ai pas d'approche…
22:36 Mais pour une raison très simple, c'est qu'une femme qui a commencé à travailler
22:38 à 24 ans ou 25 ans, après avoir fait une école internationale de commerce, qui est
22:43 allée faire des stages à l'étranger et qui est aujourd'hui cadre, je ne sais pas,
22:46 dans la finance par exemple, elle n'aura pas la même prise en compte de la pénibilité
22:51 qu'une femme qui est caissière et qui a commencé à travailler à 19 ou 20 ans.
22:55 Maintenant, nous nous sommes très attachés au fait de maintenir la bonification qui est
22:59 donnée aujourd'hui par les enfants et notamment par les trimestres qui sont générés en
23:03 fonction du nombre d'enfants.
23:04 Ça, ça me paraît totalement normal.
23:06 Mais juste cette réforme, on le sait, et c'est la raison pour laquelle je m'y oppose
23:10 aussi, c'est qu'elle va pénaliser plus durement les femmes que les hommes.
23:13 Et qu'en réalité, le bénéfice que vous aviez dans ces trimestres-là supplémentaires
23:18 que vous obtenez quand vous avez des enfants que nous défendons, eh bien, est totalement
23:22 effacé par l'augmentation de l'âge de départ légal.
23:24 Et en vérité, peut-être l'une des raisons les plus philosophiques de s'opposer à ce
23:28 texte, c'est que, en fait, ce texte, c'est la baisse des pensions.
23:31 Parce qu'en réalité, vous avez aujourd'hui 13% des Français qui partent avec une décote.
23:37 C'était 6% en 2014.
23:39 Le nombre de gens qui vont partir avec une décote va augmenter mécaniquement avec l'augmentation
23:45 de l'âge de départ légal.
23:46 Pourquoi ? Parce qu'il y a beaucoup de gens qui ne pourront pas aller jusqu'à
23:48 64 ans.
23:49 Et donc, ils vont devoir partir plutôt avec une décote, que ce soit des hommes ou des
23:51 femmes.
23:52 Puisque vous, votre cheval de bataille, c'est le pouvoir d'achat, vous êtes contre les
23:56 mesures d'âge.
23:57 Quelle aurait été la solution pour aboutir à l'équilibre du système qui est aujourd'hui
24:02 menacé, personne ne le conteste ? Est-ce qu'il aurait fallu baisser les pensions ?
24:05 Ou peut-être augmenter les cotisations que chaque salarié paye aujourd'hui pour ne
24:09 pas aboutir à ces mesures d'âge ?
24:11 La retraite, c'est un choix de société.
24:13 D'accord ? Tous les rapports qui ont été faits, les projections qui ont été faites
24:16 par le Conseil d'orientation des retraites, nous disent qu'à l'horizon 2070, le déficit
24:21 des retraites, globalement, va être stable et va se situer à 14% du PIB.
24:25 Donc, quand on dit que le système des retraites est en faillite, c'est juste faux et c'est
24:29 juste un mensonge.
24:30 Ce qui est vrai, c'est qu'il y a un manque à gagner dans les recettes de 10 milliards
24:33 d'euros.
24:34 Non, il y a un manque à gagner dans les recettes, dans les cotisations, qui sont de 10 milliards
24:38 d'euros par an.
24:39 Et j'ajoute que votre réforme à vous, attendez, et que votre réforme à vous coûtera 10 milliards
24:42 d'euros par rapport à la situation actuelle.
24:43 Il y a 9,6 milliards chiffrés dans le projet de Marine Le Pen.
24:46 Je pense qu'il y a deux grands chantiers qui échappent aujourd'hui au débat sur
24:50 les retraites.
24:51 Le premier débat, c'est celui sur la productivité.
24:53 La productivité de l'économie française n'a pas bougé depuis 2017.
24:57 Et elle n'a pas bougé alors même qu'on a créé, d'après, encore une fois, les
25:01 éléments de langage du gouvernement, qu'on a créé des emplois.
25:03 On a créé un million d'emplois.
25:04 Le problème, c'est que ce million d'emplois qui est créé, ce ne sont pas des emplois
25:07 de haute qualité.
25:08 Ce ne sont pas des emplois qui amènent beaucoup de cotisations.
25:10 Ce sont des Uber Jobs.
25:11 Ce sont des emplois à faible valeur ajoutée qui apportent des cotisations qui sont beaucoup
25:15 plus faibles.
25:16 Et pourquoi ? Parce que le gouvernement a renoncé à la réindustrialisation.
25:19 Donc, il faut faire le patriotisme économique.
25:21 Il faut supprimer les impôts de production pour permettre à des filières d'avenir
25:24 de se relocaliser.
25:25 Il faut faire monter en gamme notre économie.
25:28 Le budget recherche et développement de la France, qui est aujourd'hui aux alentours
25:31 de 2% du PIB, c'est deux fois moins qu'un pays comme Israël, par exemple, qui soutient
25:36 ses start-up, qui soutient toutes ces entreprises qui créent des nouvelles technologies, qui
25:40 sont aux alentours de 4%, ou même que l'Allemagne.
25:42 Et deuxièmement, c'est le débat sur la natalité.
25:44 Parce qu'en vérité, la France n'a jamais été aussi peuplée.
25:49 On a 69 millions d'habitants dans notre société.
25:51 Les Français n'ont jamais fait aussi peu d'enfants.
25:53 Et il y a beaucoup de familles françaises qui renoncent à faire des enfants.
25:56 Parce que la pression fiscale, parce que la peur du déclassement, parce que l'angoisse
26:02 climatique, énergétique, identitaire, qui pèse sur la société française aujourd'hui,
26:08 fait qu'il y a beaucoup de familles qui renoncent à faire des enfants.
26:11 Et moi, je pense que, c'est même pas je pense, c'est que c'est ça le système par répartition,
26:16 c'est que les enfants d'aujourd'hui, ce sont les cotisants de demain.
26:18 Or, si on continue sur cette voie-là, démographie, c'est la seule science exacte, eh bien la
26:25 courbe, le déficit entre les naissances et les décès, sera totalement déficitaire
26:28 en 2035.
26:29 Donc, il faut soutenir la natalité.
26:31 Il faut permettre aux femmes qui le soient de pouvoir faire des enfants.
26:34 Et on soutient, notamment, vous le savez, des mesures incitatives en la matière.
26:38 C'est-à-dire le retour sur les mesures qui ont été prises par François Hollande
26:41 en 2014, qui a mis fin à l'université des allocations familiales, qui a abaissé le
26:47 quotient familial.
26:48 Et surtout, il faut soutenir la natalité par des politiques fiscales.
26:51 Mais dans l'immédiat, si on vous a bien compris, on ne touche ni aux pensions, ni
26:53 aux cotisations, ni à l'âge.
26:55 Et on voit ce qui se passe dans les prochaines années, avant que votre politique, notamment
26:59 sur la natalité, produise des effets dans quelques décennies.
27:00 Je n'ai pas uniquement une vision comptable des retraites.
27:03 C'est ça que j'essaie de dire.
27:04 C'est-à-dire que, encore une fois, dire que le système aujourd'hui est en faillite,
27:09 c'est faux et c'est juste archi-faux.
27:11 Ça a été démontré par plusieurs économistes.
27:12 On a un banc à gagner de 10 milliards d'euros.
27:14 Et donc, encore une fois, gouverner, c'est faire des choix.
27:17 Et je pense que quand on a aujourd'hui un âge de départ légal qui va peu ou prou
27:23 revenir à l'âge de départ, à la retraite, l'espérance de vie en bonne santé, je
27:27 pense que c'est contre-productif.
27:29 OK.
27:30 Jordan Bardella, cette semaine, le 49-3 est une possibilité sur la table.
27:34 Est-ce que vous, au Rassemblement national, vous évoquiez une clause de revoyure en 2027
27:38 sur la réforme des retraites ? Ça veut dire que vous avez abandonné l'idée de renverser
27:42 le gouvernement ?
27:43 Mais non, on n'a pas abandonné l'idée de renverser le gouvernement.
27:46 Mais il va y avoir une motion de censure.
27:47 Écoutez, quand il y a des motions…
27:48 Alors, quelle est votre position là-dessus ?
27:49 Vous la déposez ou pas ? C'est le Rassemblement national qui la pose ?
27:52 Écoutez, on verra.
27:53 À l'Assemblée ?
27:54 Moi, je pense qu'il faudra peut-être se mettre d'accord avec toutes les oppositions
27:57 pour déposer la motion de censure, peut-être la plus consensuelle possible.
27:59 Transpartisane ?
28:00 Le problème aujourd'hui, si vous voulez, c'est qu'on fait face à une opposition
28:04 de la NUPES qui est une opposition au carton, qui refuse de voter les motions de censure
28:08 par sectarisme à partir du moment où elles n'émanent pas des bans de la gauche et
28:11 des bans de la NUPES.
28:12 Nous avons proposé une motion référendaire, la NUPES ne l'a pas votée.
28:15 Nous avons proposé des motions de censure, la NUPES ne l'a pas votée.
28:17 Moi, je vais vous dire, je n'ai aucune difficulté à ce que le Rassemblement national vote des
28:20 motions de censure qui ne viennent pas forcément de nos bans.
28:24 Mais juste là, je pense que c'est dans l'intérêt de tous les Français, du modèle social français,
28:28 que les oppositions peuvent se mettre d'accord pour déposer une motion de censure qui fasse
28:32 tomber le gouvernement.
28:33 Si, encore une fois, le choix du 49.3 est fait.
28:35 Et vous confirmez qu'il y a des tractations en ce moment pour essayer de trouver cette
28:38 motion de censure transpartisane ?
28:39 Il y a des discussions, il y a des discussions aujourd'hui à l'Assemblée nationale.
28:45 Mais écoutez, quand vous êtes à l'hémicycle et que vous êtes à côté de l'hémicycle
28:49 pendant qu'un texte est voté, vous discutez, vous croisez dans les couloirs des députés
28:52 d'autres mouvements politiques.
28:53 Et en l'état actuel des choses, je pense que cette réforme n'a aucune garantie de
28:56 passer.
28:57 Et surtout, c'est peut-être là le fait le plus intéressant, je pense que le gouvernement
29:00 a une chance de tomber.
29:01 Juste dernière question.
29:02 Est-ce que les grèves, est-ce que les blocages, malgré tout, vont se poursuivre selon vous ?
29:05 Et est-ce qu'on va assister à un durcissement de ces blocages ?
29:08 Est-ce que vous le souhaitez ?
29:09 Écoutez, je pense que la grève est un droit, et que manifester est une nécessité.
29:16 Nous avons soutenu toutes les mobilisations populaires.
29:18 Manifester est une nécessité alors que vous ne manifestez jamais ?
29:21 Oui, je pense que…
29:23 Mais écoutez, Madame, nous avons le premier groupe d'opposition à l'Assemblée nationale.
29:27 Si nous sommes élus, c'est parce que les Français nous ont demandé de porter leur
29:30 contestation à l'Assemblée nationale.
29:32 Maintenant qu'il y ait une mobilisation à l'Assemblée nationale, une mobilisation
29:36 dans le débat public, la mobilisation des Français dans la rue, je trouve ça parfaitement
29:39 sain.
29:40 Et il est important qu'on se fasse entendre auprès du gouvernement et que le gouvernement
29:44 comprenne que cette réforme est minoritaire et qu'elle peut encore une fois être mise
29:48 à pied.
29:49 France Inter #QuestionPoll
29:55 Jordan Bardella, président du Rassemblement national, était avec nous en direct encore
29:58 jusqu'à 13h.
29:59 On évoquait beaucoup un mars rouge sur la question de l'inflation et du pouvoir d'achat.
30:04 Comment avez-vous accueilli les annonces gouvernementales, non pas d'un panier inflation mais d'un
30:09 trimestre anti-inflation, qui repose sur la discussion, la négociation avec les grandes
30:14 distributions pour offrir des produits moins chers pour les consommateurs ?
30:17 Je pense que le gouvernement a renoncé à gouverner la France.
30:21 On a là des gens qui délèguent l'urgence vitale des fins de mois, qui est aujourd'hui
30:26 vitale pour des millions de Français, à la grande distribution.
30:29 L'inflation que connaissent les Français, pour que ceux qui nous écoutent comprennent
30:33 bien, elle a en réalité deux origines.
30:35 D'abord, une hausse des prix de l'énergie qui impacte le pays depuis plusieurs mois,
30:42 en très grande partie parce que le gouvernement a fait des choix cataclysmiques et calamiteux
30:47 sur le nucléaire, qui a fait le choix de s'aborder la filière nucléaire premièrement,
30:50 et deuxièmement se refuse toujours, comme nous le réclamons, de remettre en cause
30:53 les règles de fixation des prix au niveau européen, qui fait que l'électricité
30:56 est aujourd'hui adossée sur les prix du gaz.
30:58 Donc quand les prix du gaz augmentent, les prix de l'électricité en France augmentent.
31:03 Oui, mais il est toujours beaucoup plus haut qu'il ne l'était par exemple avant le
31:06 déclenchement du conflit, même si c'est vrai qu'il est au plus bas depuis six mois.
31:09 Mais voyez bien que pour faire plaisir à l'Allemagne, le gouvernement refuse de toucher
31:13 à ce marché européen de l'énergie.
31:14 Mais est-ce qu'en attendant, il faut bloquer les prix ?
31:16 Alors j'y viens.
31:17 L'Espagne et le Portugal sont allés devant la Commission européenne pour défendre
31:20 leur souveraineté en matière énergétique.
31:22 Ils ont obtenu une dérogation sur la fixation des prix.
31:27 Et ils payent aujourd'hui l'énergie 20% moins chère qu'il ne l'était aujourd'hui.
31:30 Vous savez très bien que c'est lié aux infrastructures énergétiques du Portugal
31:33 qui sont très peu connectées au reste de l'Europe.
31:35 Non, mais ce que je sais surtout, c'est qu'Emmanuel Macron refuse, alors qu'il
31:38 en avait parlé d'abord en début janvier 2022 de ce marché européen de l'énergie,
31:42 refuse d'y toucher parce qu'en réalité, il ne veut pas déplaire à l'Allemagne.
31:45 Premièrement, prix l'énergie.
31:47 Le deuxième facteur, ce sont les super profits et ce sont les…
31:52 Les super profits, c'est facteurs d'inflation.
31:54 Ah, je pense que les super profits induits…
31:56 De qui ?
31:57 Par exemple de…
31:58 Attendez, en quoi les super profits sont des facteurs d'inflation ?
32:00 De l'agroalimentation.
32:01 Ah, voilà.
32:02 Les marges de l'agroalimentation.
32:03 Vous voulez dire que c'est des conséquences de l'inflation, pas des facteurs ?
32:05 Ah, je pense que ce sont des facteurs de l'inflation.
32:07 Je vais vous donner un exemple très clair.
32:09 Procter & Gamble, qui fait notamment les rasoirs Gillette ou la lessive Ariel.
32:14 80 milliards de chiffre d'affaires.
32:15 Sur les 80 milliards de chiffre d'affaires, il y a 19 milliards cette année.
32:18 19 milliards qui ont été redistribués aux actionnaires.
32:21 Sur les 12 euros que vous coûte un baril, un bidon de lessive
32:25 que vous achetez en supermarché, sur ces 12 euros,
32:27 il y en a 3 euros qui partent immédiatement en dividende.
32:31 Donc cette inflation, elle a deux causes.
32:33 La hausse des prix de l'énergie qui a entraîné indéniablement
32:35 une hausse des coûts de production pour beaucoup d'entreprises
32:38 et surtout le fait qu'aujourd'hui, les grandes boîtes et les grands groupes se gavent.
32:40 Alors c'est des entreprises privées, donc ils font quoi ?
32:43 C'est des entreprises privées, donc du coup vous faites quoi ?
32:45 Vous avez quelle attitude pour agir ?
32:47 Il faut mettre en place une taxe sur les superprofits.
32:49 Parce qu'il y a beaucoup de gens qui nous écoutent ce midi
32:52 qui ne comprennent pas que lorsqu'ils vont mettre de l'essence à la pompe,
32:54 ils payent 60% de taxes sur les carburants.
32:57 Ils ne comprennent pas qu'ils payent toujours plus d'impôts,
33:01 toujours plus de taxes et que ces taxes soient très mal ciblées et très mal dirigées.
33:06 Donc nous, nous proposons la mise en place d'une taxe sur les superprofits.
33:10 Mais payée par qui ?
33:11 Alors c'est quoi un superprofit ? Parce que ça, ça va être très compliqué.
33:14 Vous le faites pour combien de temps ?
33:16 Vous avez noté que je parle de superprofit et pas de profit.
33:19 Parce que je ne suis pas communiste, il est normal qu'une entreprise fasse des bénéfices.
33:24 Mais je dis en revanche qu'il y a des profiteurs de guerre
33:27 et qu'il y a depuis le début du conflit entre l'Ukraine et la Russie,
33:30 des profits induits qui sont faits par des grands groupes, par des grandes boîtes.
33:34 Comment vous arrivez à distinguer ?
33:35 J'y viens.
33:36 Et des profits qui sont décorrélés de la stratégie d'entreprise.
33:40 Ce n'est pas vrai de la stratégie d'investissement de l'entreprise.
33:42 Pourtant, Gamble dit que c'est un profiteur de guerre, ce n'est pas facile à dire.
33:45 L'Italie a mis en place une taxe sur les superprofits, la Hongrie l'a fait, la Grande-Bretagne l'a fait.
33:48 L'Union Européenne a commencé à le faire, sauf que cette taxe, elle ne vise que les énergéticiens.
33:53 Nous, nous souhaitons qu'elle vise l'ensemble des boîtes, l'ensemble des grands groupes.
33:58 Vous prenez le bénéfice cette année, vous prenez le bénéfice l'année dernière
34:02 et vous taxez à hauteur de 50% le tiers supplémentaire des bénéfices qui ont été faits.
34:06 C'est ce qu'a mis en place peu ou prou un certain nombre de pays en Europe.
34:09 C'est l'esprit qui a enfin décidé d'engager la Commission européenne,
34:13 sauf que l'Union Européenne ne le fait que sur les énergéticiens,
34:15 là où il faudrait le faire sur l'ensemble des grands groupes.
34:17 Donc l'inflation, juste pour que les gens qui nous écoutent comprennent,
34:20 l'inflation aujourd'hui, elle prend en réalité au petit pour donner au très gros.
34:25 Il n'y a pas de raison que certains se gavent aujourd'hui sur le dos de la guerre,
34:28 sur le dos du peuple français.
34:29 Et donc je pense qu'il faut mieux répartir la création de richesses.
34:33 Et c'est l'argent qu'on va gagner avec cette taxe sur les superprofits
34:36 qui nous rapporterait autour de 4 milliards avant d'ailleurs ce pic actuel de l'inflation,
34:40 a pour but de notamment de supprimer la TVA sur les produits de première nécessité
34:44 et de baisser la TVA sur l'émergence du pouvoir d'achat au français.
34:47 Le cash des prix, ça c'est, vous pouvez décréter pendant 3 mois, on bloque les prix.
34:51 Ça c'est direct, franc.
34:53 Et le quatrième mois, vous faites quoi ?
34:55 Voilà, oui.
34:56 Je pense que...
34:56 Peut-être l'inflation et...
34:57 Je vais vous dire, moi je pense que...
34:59 D'abord, je pense qu'il y a un déni de réalité du gouvernement,
35:01 excusez-moi, qui depuis un an et demi nous explique que le pic est là.
35:05 Alors j'ai toutes les déclarations, monsieur Le Maire sur votre antenne,
35:07 le 1er juin 2022 qui nous est le pic est là.
35:10 Le gouvernement qui nous explique aujourd'hui qu'il n'y aura pas de marge rouge
35:13 et qui manifestement croit en la bonté des grands groupes
35:16 et de la grande distribution pour baisser ses marges.
35:19 Donc, je pense qu'il faut soulager...
35:21 Comment vous faites pour enlever la TVA sur les produits de première nécessité
35:23 alors que l'Europe l'interdit ?
35:24 L'Espagne l'a fait.
35:26 Non mais c'est pas ça, mais vos taxes...
35:27 Non mais je veux bien que madame Van der Leyen le refuse si vous voulez,
35:29 mais madame Van der Leyen, elle sera payée à la fin du mois
35:32 et elle n'aura pas de difficulté pour acheter son bidon de lessive.
35:34 Or, les Français les plus modestes et les familles françaises,
35:37 donc je vous rappelle qu'il y a 2 Français sur 3 d'après toutes les enquêtes aujourd'hui
35:41 qui disent ne pas faire des courses et ne pas manger suffisamment à leur faim.
35:45 2 Français sur 3 d'après toutes les enquêtes.
35:47 Quelle est votre...
35:48 Donc, je pense qu'il y a en réalité 3 grandes mesures essentielles à prendre
35:52 pour rendre du pouvoir d'achat aux Français et pour leur rendre les fruits de leur travail.
35:55 Premièrement, c'est la suppression de la TVA sur les produits de première nécessité,
35:59 le riz, les pâtes, les produits hygiéniques, les couches pour les enfants.
36:02 C'est de baisser la TVA de 20 à 5,5 sur l'énergie et notamment sur les carburants.
36:06 Deuxièmement, il faut évidemment revenir sur le marché européen de l'énergie parce que...
36:10 Monsieur Bardella, pardon, dites le troisième élément.
36:12 C'est le problème le plus structuré et troisièmement, il faut augmenter les salaires
36:15 parce que tout augmente sur les salaires dans notre société.
36:17 Moins de TVA, plus de salaires, en tout cas moins de TVA c'est moins de recettes pour l'État.
36:21 Est-ce que vous accordez une importance à ce qu'a dit la Cour des comptes dans son rapport cette semaine
36:25 qui constate un état des finances publiques très dégradé,
36:28 une dette équivalente à 111% du PIB et qui dit au contraire,
36:32 il faut en finir avec cette politique du quoi qu'il en coûte, baisser la TVA,
36:35 c'est moins de recettes pour l'État, c'est une politique en faveur du pouvoir d'achat.
36:38 Comment vous faites avec cette équation ?
36:40 On peut encore se permettre, avec ce que vous préconisez, de creuser le budget de l'État ?
36:46 Où passe l'argent ?
36:47 Non mais d'abord la question avant de se demander où passe l'argent.
36:49 C'est ça la grande question qu'on doit se poser dans notre société
36:52 au-delà des quelques ajustements qui sont nécessaires aujourd'hui.
36:55 La France est ce pays où l'État a un taux de prélèvement obligatoire de plus de 46%.
37:02 On a un État obèse qui est l'État qui prélève le plus parmi tous les pays de l'OCDE.
37:07 Enfin vous ne pouvez pas compter sur ce qu'il a fait pendant la pandémie.
37:09 Les Français se demandent mais où passe notre argent ?
37:12 On paye de plus en plus de taxes.
37:14 Il passe dans l'échec énergie, il passe dans l'échec pour l'alimentation.
37:17 Je pense que la logique d'échec est une logique inflationniste, c'est une mauvaise logique.
37:21 Et que la logique la plus saine, qui est réclamée par une très grande majorité des Français
37:25 pour leur rendre les fruits de leur travail, c'est de baisser les taxes.
37:28 Et les Français qui vont mettre de l'essence dans leur voiture à un niveau aujourd'hui historiquement haut
37:32 ne comprennent pas que d'un côté on leur casse la jambe avec 60% de taxes
37:36 et de l'autre on leur offre une béquille avec un chèque énergie.
37:38 Pourquoi mettre en place de telles usines à gaz qui excluent généralement les Français les plus modestes,
37:42 de la classe moyenne qui supportent sur leurs épaules toute la charge de contribution de notre société ?
37:48 Donc la baisse de la TVA c'est durable, la baisse de la TVA c'est pérenne.
37:52 La baisse des taxes, ça soulage immédiatement directement les Français.
37:55 La baisse des revenus pour l'État aussi vous la mettez ?
37:56 Mais non, parce que si les Français consomment davantage, vous les récupérez sur une TVA,
38:00 vous les récupérez quand même, l'argent est quand même injecté dans l'économie française.
38:05 Donc les gens se demandent aujourd'hui où passe l'argent ?
38:07 Ils payent de plus en plus de taxes, ils payent de plus en plus d'impôts,
38:09 les services publics sont dégradés, l'école s'effondre dans tous les classements PISA.
38:13 Il y a une grande étude très intéressante dans le Figaro ce week-end
38:16 qui montre qu'on a aujourd'hui totalement délocalisé nos filières de médicaments
38:20 et qu'on est en train d'organiser comme le Liban ou comme des pays du tiers monde
38:23 des rationnements et des pénuries de médicaments dans nos pharmacies.
38:26 L'hôpital public est par terre, la justice est par terre, la sécurité n'est plus assurée.
38:31 Mais en fait, où passe l'argent du peuple français qui paie toujours plus
38:35 et qui a toujours moins en retour dans les services publics ?
38:37 C'est ça le grand débat de société.
38:39 Donc il y a de l'argent qui part dans la fraude, il y a de l'argent qui part dans l'immigration.
38:42 L'argent dans les services publics, l'argent dans la santé,
38:46 il y a eu 18 milliards d'euros qui ont été mis pour des revalorisations nécessaires.
38:51 Il y a de l'argent qui est mis dans l'éducation nationale.
38:53 Et puis il y a eu le bouclier tarifaire.
38:55 Il faille refonder les choses, d'accord ?
38:57 Vous ne me dites pas que ça part dans la fraude, ce n'est pas vrai.
39:00 50 milliards d'après M. Charles Prats qui est magistrat
39:03 et qui a très largement travaillé sur ces questions.
39:05 Alors vous allez me dire, oui, mais les chiffres sont contestés.
39:07 On a des économistes à la maison de la radio qui ne disent pas ça, etc.
39:11 Pas de problème, c'est le jeu.
39:12 Ce n'est pas des économistes à la maison de la radio.
39:15 Les Français qui nous écoutent, croyez-moi,
39:17 ont bien compris qu'aujourd'hui l'argent public était mal utilisé.
39:20 Et les Français qui nous écoutent ont bien compris qu'on leur demandait toujours des efforts,
39:24 qu'on demandait toujours des efforts au BNM,
39:26 que cette réforme des retraites en relocution cible le travail.
39:29 C'est pas une question à poil à gratter, mais le RN est toujours aussi endetté ?
39:32 Quel rapport ?
39:33 Je vous pose la question, j'avance dans le débat.
39:35 Eh bien, je vais vous faire un second.
39:37 Je souhaite que d'ici à la prochaine élection présidentielle,
39:42 le Rassemblement national n'ait plus un euro de dette.
39:45 Mais souhaiter c'est facile, comment vous allez faire ?
39:47 C'est quoi le plan ?
39:47 Je peux vous présenter mon plan de désendettement du mouvement.
39:49 C'est combien l'endettement aujourd'hui du RN ?
39:51 Je crains, on est autour des 20 millions d'euros.
39:54 Mais je ne vois pas...
39:55 Donc on est d'accord que c'est le parti politique le plus endetté de France ?
39:58 Oui, parce que c'est un parti politique, vous savez, qui pendant très longtemps,
40:01 lorsqu'on demandait des prêts bancaires pour financer nos campagnes électorales,
40:04 les banques nous refusaient.
40:06 Mais c'est bien, au moins on sait qui sont les gens qui dérangent le système.
40:09 Ce week-end, Le Point met en ligne une grande interview de Marion Maréchal-Le Pen,
40:12 qui est aujourd'hui aux côtés d'Éric Zemmour de Reconquête, elle n'est plus avec vous.
40:16 Mais elle parle de vous, elle dit que vous avez du talent.
40:18 Elle dit aussi dans cette interview, que vous avez sûrement lu dans les colonnes du Point, en ligne...
40:23 Vous ne l'avez pas lu ?
40:23 Alors elle dit, je vous le dis,
40:25 "la grande opposition politique de demain se fera entre une droite civilisationnelle
40:29 et une gauche de la déconstruction".
40:31 Est-ce que vous êtes d'accord avec cette vision de la vie politique de demain ?
40:36 Je pense surtout qu'il y a eu une élection présidentielle,
40:39 et que l'offre qu'a portée Éric Zemmour n'a manifestement pas convaincu
40:45 une majorité, même relative, des Français,
40:48 que le parti d'Éric Zemmour a aujourd'hui zéro député à l'Assemblée nationale,
40:52 et qu'il a fait 4% aux élections législatives.
40:55 Donc moi je veux bien qu'on cherche, si vous voulez, à chaque fois à faire exister,
40:58 qu'on soit interrogé en permanence sur les déclarations des uns et des autres.
41:02 Je pense qu'aujourd'hui le grand clivage qui structure la vie politique
41:06 est entre ceux qui croient encore en la nation, qui croient encore en la France,
41:10 qui veulent redonner le pouvoir au peuple français,
41:12 que nous avons incarné et que nous allons plus que jamais continuer d'incarner
41:15 dans les prochaines années, en rassemblant des gens qui viennent de la droite,
41:18 qui viennent de la gauche, tous les amoureux de la France,
41:21 qui veulent redonner au pays la maîtrise de son destin,
41:25 la maîtrise de ses frontières, la maîtrise de son pouvoir d'achat,
41:28 la maîtrise de ses services publics, et de l'autre,
41:31 un camp qui est porté par Emmanuel Macron, qui est le camp des mondialistes,
41:34 qui veut l'abolition de tout, l'abolition des frontières.
41:37 – Vous déniez à Emmanuel Macron le fait d'essayer de porter les intérêts français
41:40 en Europe, dans le monde, vous estimez que c'est…
41:43 – Voire d'aimer la France.
41:45 – Qui brève la France.
41:46 – Je ne sonde pas les cœurs et les reins, mais je dis que la défense,
41:52 peut-être s'insère dans ses convictions, je ne lui dénie pas cela,
41:54 mais la France recule aujourd'hui, il n'y a pas un seul secteur aujourd'hui…
41:58 – Mais pourquoi vous dites ça, le chômage recule,
42:01 la réindustrialisation ça recommence un petit peu, il se bat en Europe,
42:06 il se bat, enfin, je n'arrive pas à voir sur quoi vous vous basez pour dire,
42:10 il a tout bradé.
42:12 – D'accord, bah écoutez, si vous estimez qu'Emmanuel Macron est formidable,
42:16 génial et tout va bien… – Mais non, ce n'est pas ça.
42:18 – Oui, effectivement, on ne va pas être d'accord.
42:19 Regardez, prenons un exemple très clair, l'Afrique par exemple,
42:23 Emmanuel Macron a fait une tournée il y a quelques jours en Afrique,
42:26 on voit qu'aujourd'hui les intérêts de la France en Afrique
42:28 sont en train de reculer de manière considérable,
42:31 et que nous sommes en train de nous faire mettre dehors à coups de pied dans les fesses
42:35 de tous les pays dans lesquels nous avions des partenariats stratégiques,
42:38 notamment des partenariats sécuritaires, ça a été vrai avec le Mali,
42:40 c'est vrai avec le Burkina Faso, ça sera vrai peut-être demain avec la Côte d'Ivoire,
42:44 et qu'à chaque fois que les intérêts de la France reculent,
42:46 en l'occurrence en Afrique ce sont les intérêts russes
42:49 et les intérêts de Wagner qui progressent.
42:51 Donc je pense que les intérêts de la France aujourd'hui ne sont pas défendus,
42:55 et d'ailleurs c'est d'autant plus vrai sur le conflit, regardez.
42:57 - Mais comment vous défendriez mieux que lui ?
43:00 - Excusez-moi, Madame Fresos, mais ça c'est pas à vous de le dire,
43:05 est-ce qu'on défendra mieux les intérêts ou non, on verra quand on sera au pouvoir.
43:09 Regardez par exemple, le cas de la Russie et de l'Ukraine est très intéressant,
43:13 en 2008, lorsque la Russie envahit la Géorgie,
43:16 le président Sarkozy, avec qui pourtant je peux avoir des désaccords,
43:19 va sur place et obtient un cessez-le-feu.
43:22 En 2014, François Hollande...
43:23 - Oui, un cessez-le-feu avec la présence toujours de troupes russes dans deux provinces géorgiennes.
43:27 - Oui, l'histoire est complexe.
43:29 - Merci.
43:29 - En plus elle est tragique.
43:30 - Elle est complexe mais elle est pas si simple que vous dites.
43:32 - François Hollande, non mais on n'est pas non plus les gendarmes du monde,
43:33 François Hollande en 2014, encore une fois avec qui je peux avoir des désaccords,
43:35 obtient la négociation des accords de Minsk avec l'aval de l'Allemagne.
43:39 En 2022, Emmanuel Macron se rend à Moscou, il n'a rien obtenu.
43:42 Et il n'a rien obtenu parce que la France est perçue aujourd'hui comme le télégraphiste de la Commission européenne,
43:48 le télégraphiste de Washington et que la France n'est plus perçue comme une grande puissance autonome, souveraine et indépendante.
43:52 - Vous pensez, pardon M. Bardella, si on peut vous interrompre,
43:54 vous considérez qu'en l'occurrence, puisque vous citez le déplacement d'Emmanuel Macron,
44:00 d'autres auraient pu obtenir quelque chose de Vladimir Poutine il y a un an,
44:04 lorsque Vladimir Poutine avait décidé d'envahir une partie de l'Ukraine ?
44:08 Est-ce que vous pensez que Nicolas Sarkozy ou François Hollande ou Marine Le Pen
44:11 seraient parvenus à faire reculer Vladimir Poutine ?
44:14 - Je pense que la voix de la France ne porte plus et que c'est difficile.
44:18 - Quelqu'un va être qui fait mieux.
44:19 - Il est difficile d'étudier, enfin de juger la portée de la France à l'aune des six derniers mois.
44:25 En vérité, l'influence de la France partout dans le monde, elle décline depuis dix ans, elle décline depuis vingt ans.
44:30 Et la France, pour cela, a besoin de récupérer sa souveraineté,
44:33 elle a besoin de récupérer la maîtrise de son destin.
44:35 Et là où j'en veux beaucoup, je vais vous dire, à Emmanuel Macron dans la période actuelle,
44:38 c'est que je pense qu'un pays, une nation comme la nôtre, elle a besoin de grands projets.
44:42 Elle a besoin de rêver, elle a besoin d'unité, elle a besoin de grands projets qui la mènent très loin.
44:49 Or, aujourd'hui, les politiques que conduit Emmanuel Macron, la réforme des retraites,
44:53 ça va être quoi le jour d'après ?
44:55 Parce que là, on a l'impression d'une fin de règne.
44:57 Emmanuel Macron a été réélu il y a à peine six mois,
45:00 il y a déjà une très grande partie des Français s'opposent à sa politique.
45:02 - Restons quand même sur l'Ukraine.
45:03 - Vous avez parlé d'un autre pays.
45:04 - Restons deux minutes sur l'Ukraine.
45:06 Comment est-ce que vous pouvez nous faire croire que Marine Le Pen,
45:09 qui était absolument admirative de Poutine, ait obtenu un recul de Poutine,
45:15 alors qu'au fond, elle apparaissait comme sa meilleure alliée pendant des années ?
45:18 - Mais il n'était pas admirateur de Poutine, M. Macron ?
45:23 - Il l'a reçu à Versailles.
45:25 - Qui est le... ?
45:26 - Il était président de la République.
45:28 - C'est très facile.
45:30 Très facile, ce genre de reproches.
45:31 Mais qui est le premier chef d'État à avoir été reçu par Emmanuel Macron
45:34 aux grandes pompes au château de Versailles ?
45:36 - Vladimir Poutine.
45:37 Escalité de président de la Russie.
45:39 - Emmanuel Macron a brégançon.
45:40 En 2019, sur ce qu'avait reçu Vladimir Poutine sur son lieu de vacances,
45:44 parler d'une Europe de Lisbonne à Vladivostok
45:46 dans le cadre d'une nouvelle architecture de sécurité et de confiance.
45:49 - Et vous applaudissiez.
45:50 - Moi, j'ai écouté très attentivement le discours de Munich,
45:56 du président de la République, il y a quelques jours, qui a fait peu de bruit.
45:59 Il reconnaît, il confesse d'ailleurs Emmanuel Macron d'avoir cru en Vladimir Poutine.
46:05 - Vous aussi.
46:05 - Il dit d'ailleurs...
46:06 Je ne vous parle pas de moi, je vous parle d'Emmanuel Macron.
46:08 - Mais vous aussi, vous dites ça.
46:09 Vous avez pensé que vous n'alliez pas s'attaquer et de jamais se remettre en l'épreuve de naïveté collective.
46:13 - Moi, je vous réponds que la naïveté, elle était collective.
46:15 - C'est ce que vous avez dit.
46:16 - Que la France a été, avant la guerre, le premier investisseur étranger en Russie.
46:21 Le premier investisseur étranger en Russie.
46:23 Et on a entretenu si bien les meilleures relations du monde avec la Russie,
46:26 en tout cas de manière relative,
46:27 que l'Allemagne notamment et certains pays européens ont remis leur dépendance énergétique
46:31 entre les bras de Vladimir Poutine.
46:33 Donc si vous avez ce reproche qui vise à chaque fois le Rassemblement National, il est un peu facile.
46:37 - Pardonnez-moi, je veux quand même une incise.
46:38 Marine Le Pen avait été très dure avec François Hollande, que vous avez vanté il y a quelques instants,
46:42 lorsqu'il avait cassé le contrat pour la vente des portes-hélicoptères Mistral
46:46 à Vladimir Poutine en disant "c'est trop dangereux".
46:49 Aujourd'hui, François Hollande et beaucoup disent, heureusement, que la Russie n'est pas
46:53 non plus dans leur possession, dans leur arsenal, c'est Mistral.
46:55 Est-ce que vous considérez aujourd'hui qu'il était bien d'annuler cette commande
47:01 que vous aviez critiquée, mais vraiment fortement critiquée avec Marine Le Pen à l'époque ?
47:04 - Je pense qu'il est toujours très difficile de refaire l'histoire.
47:08 Mais que oui, la naïveté à l'égard des intentions et des ambitions de Poutine,
47:11 elle a été collective.
47:12 Et quand je dis collective, c'est qu'elle a touché toute la classe politique.
47:15 - Sauf François Hollande ce jour-là.
47:17 - Oui, on peut toujours refaire l'histoire.
47:18 En 2014, on était dans un contexte qui était...
47:20 - Oui, mais là sur la Géorgie et sur Minsk, vous l'aviez refaite l'histoire.
47:23 - Bien sûr, mais on peut toujours refaire l'histoire.
47:25 C'était sur le fait que la voix de la France ne porte plus aujourd'hui.
47:29 On a été sans ambiguïté sur ce conflit.
47:30 Il y a dans ce conflit un État agresseur qui s'appelle la Russie
47:34 et un pays agressé qui s'appelle l'Ukraine.
47:36 Et la France, dans ce conflit, elle a un devoir de paix, un devoir d'équilibre.
47:39 Et la Russie doit maintenant comprendre qu'elle n'a plus rien à gagner en Ukraine.
47:42 - Et donc la paix passe par une victoire en Ukraine ?
47:45 - Je pense que...
47:47 - La paix passe par une victoire en Ukraine ou pas ?
47:49 - Je veux dire que la paix...
47:50 D'abord, on reviendra mécaniquement autour de la table des négociations.
47:53 - Mais avant ça, il faut un gagnant et un perdant.
47:55 - Je vais vous répondre. Je ne crois pas dans une issue militaire à ce conflit.
47:58 Il faudra forcément, à un moment donné, se remettre autour de la table.
48:01 Et l'une des conditions premières pour que nous nous mettions autour de la table
48:04 et que nous négociions la paix,
48:05 c'est que la Russie comprenne qu'elle n'a plus rien à gagner en Ukraine
48:07 et qu'elle retire ses troupes de l'Ukraine.
48:10 Parce qu'encore une fois, la souveraineté d'un État a été violée.
48:12 - Le jour de l'anniversaire de l'invasion russe, le 24 février,
48:14 Marine Le Pen a affirmé que si les sanctions, je la cite,
48:18 étaient légitimes contre la Russie,
48:19 certaines, quelque peu irréfléchies comme celles sur l'énergie,
48:23 ont plongé nos économies dans des difficultés majeures.
48:26 Donc j'ai une question simple. Est-ce que ces sanctions, il faut les lever ?
48:30 Il faut punir la Russie, mais pas trop ?
48:32 Qu'est-ce qu'il faut faire par rapport à ces sanctions ?
48:34 - Nous avons dit qu'il y a deux choses. Il y a des sanctions qui fonctionnent.
48:36 Les sanctions bancaires, les sanctions sur les semi-conducteurs,
48:38 ce sont des sanctions qui fonctionnent et qui affaiblissent l'économie,
48:40 en tout cas l'économie de guerre russe.
48:42 Mais les sanctions énergétiques, je veux dire,
48:44 moi je ne retiens pas un mot à ce qu'on a dit il y a un an.
48:47 Je veux dire, à partir du moment où les sanctions énergétiques
48:49 sont plus dures... - Ils sont réimportés du pétrole et du gaz russe,
48:52 c'est ce que vous nous dites aujourd'hui.
48:53 - Non, je pense qu'il faut retrouver les moyens de l'indépendance.
48:56 Et je pense que...
48:58 - Et c'est parce qu'elle a été faite par la France ?
48:59 - Il ne faut pas être hypocrite non plus.
49:00 - Parce qu'on a retrouvé les moyens de notre indépendance, là ?
49:01 - Oui, il ne faut pas être hypocrite non plus,
49:03 parce que le pétrole de Russie qu'on n'importe pas,
49:05 on le fait venir d'Iran ou d'Egypte,
49:08 après qu'il ait été acheté à la Russie.
49:09 Donc pas d'hypocrisie, s'il vous plaît, en la matière.
49:12 Je pense qu'en matière énergétique, la France était une grande puissance,
49:16 et notamment une puissance nucléaire.
49:18 Et que du général de Gaulle au président Sarkozy,
49:19 il y avait un consensus pour dire que le nucléaire,
49:21 c'était un outil pour l'indépendance de la France,
49:23 mais aussi pour la compétitivité de nos entreprises
49:25 et le pouvoir d'achat des ménages français.
49:27 Donc, quand on a cassé la filière nucléaire,
49:29 eh bien on est totalement dépendant.
49:30 Et je vous parlais de l'effondrement des services publics tout à l'heure.
49:33 La France d'Emmanuel Macron, c'est une France qui menace le délestage
49:35 de ses entreprises.
49:36 C'est une France qui, comme dans un pays du tiers-monde,
49:38 comme dans un pays qui n'est pas une grande puissance,
49:42 on s'en remet aujourd'hui à implorer nos voisins
49:46 de nous livrer de l'énergie et de l'électricité.
49:48 Et surtout, un pays où on dit aux gens,
49:49 on va devoir vous débrancher cet hiver
49:51 parce qu'on n'a plus les moyens de la produire sans fin.
49:54 Donc, nous payons là aussi, excusez-moi,
49:56 nous payons là aussi les choix cataclysmiques
49:59 qui ont été faits sur le nucléaire.
50:01 Et nous, nous pensons, et Marine Le Pen aura l'occasion ce lundi
50:03 de présenter notre grand plan énergétique
50:06 pour l'indépendance de la France dès demain.
50:08 Un plan MESMER, pour reconquérir notre souveraineté.
50:12 Un plan MESMER ?
50:14 Un plan MESMER, c'était un plan nucléaire de l'époque.
50:16 Exactement.
50:17 Je fais un sous-texte.
50:18 Oui, pardon.
50:19 Non, pardon, pour le pétrole russe,
50:20 finalement, je n'ai pas eu la réponse.
50:21 Il faut le réimporter ou pas, aujourd'hui ?
50:23 Mais attendez, si on a réussi à trouver des pays alternatifs,
50:29 très bien, mais vous m'interrogez sur les sanctions.
50:32 Moi, je veux dire qu'une grande partie des sanctions énergétiques
50:35 ont renforcé la Russie.
50:36 C'est vrai.
50:37 Je veux dire, la Russie a multiplié en un an,
50:39 entre février 2022 et le mois de février 2023,
50:43 ses revenus d'hydrocarbures ont été multipliés par deux
50:45 pour une raison très simple, c'est qu'elle vend moins de pétrole,
50:48 mais qu'elle le vend beaucoup plus cher.
50:50 Et sur ce sujet, nous avions eu raison.
50:52 Et une grande partie, beaucoup d'économistes,
50:54 j'entendais l'autre jour François Langlais sur une radio concurrente,
50:57 dire qu'effectivement, les sanctions énergétiques sur la Russie
50:59 avaient quand même permis à la Russie de faire rentrer de l'argent
51:02 dans les caisses de l'État depuis un an.
51:03 On parlait d'Emmanuel Macron cette semaine.
51:05 Et nous avions raison sur ce point.
51:06 Cette semaine, c'est vous qui le dites, le 8 mars,
51:08 journée des droits des femmes,
51:11 il a rendu un hommage appuyé à Gisèle Halimi.
51:13 On a évoqué la panthéonisation possible
51:15 de cette grande figure de la lutte,
51:17 notamment en faveur de l'avortement.
51:19 Je crois qu'au RN, vous êtes vent debout contre cette idée. Pourquoi ?
51:22 Parce que le combat qu'a mené Mme Halimi
51:26 en faveur d'organisations terroristes,
51:29 et je pense notamment au FLN,
51:31 qui a organisé des attentats contre la France,
51:33 des attentats qui ont tué des Français,
51:35 notamment des policiers français,
51:37 je pense ne méritent pas une panthéonisation.
51:39 Elle était avocate.
51:40 C'est son travail de défendre des gens.
51:42 Elle l'a fait avec une conviction
51:45 qui fait que je crois qu'on entre au Panthéon
51:47 quand on est aussi une figure d'unité nationale.
51:50 Et c'est vrai que c'est compliqué d'avoir partagé
51:52 des combats qui ont divisé le pays
51:54 et d'être intronisé ensuite dans cette maison
51:56 de tous les Français, cette maison de la mémoire des Français
51:58 qu'est le Panthéon.
51:59 Est-ce que c'est pour cette raison également
52:00 que vous seriez opposé à l'idée que Simone Veil
52:02 entre un jour au Panthéon ?
52:03 Non.
52:04 Ah, parce que Simone Veil a beaucoup œuvré aussi
52:07 pour les prisonniers FLN en prison en Algérie
52:11 pour les ramener en France
52:12 pour qu'ils évitent notamment la peine de mort.
52:14 Oui, mais enfin c'est pas le sujet là.
52:16 Vous n'y seriez pas opposé.
52:17 Vous n'y êtes pas, vous n'avez pas été opposé.
52:19 Voilà ce que c'est fait.
52:20 Je n'ai pas d'avis.
52:22 Oui pardon.
52:23 Je n'ai pas d'avis sur la question.
52:25 Oui, j'ai été apprécié.
52:26 Je n'ai pas d'avis là particulièrement sur la question.
52:28 Donc vous ne regrettez donc pas la panthéonisation
52:30 pour aller dans le bon sens de Simone Veil ?
52:32 Non, pas du tout.
52:33 D'accord, mais c'est étrange parce que vous êtes…
52:35 c'est un poids de mesure dans votre histoire.
52:37 Non, mais vous m'interrogez sur la panthéonisation de Gisèle Halimi.
52:39 Oui.
52:40 Je vous réponds que…
52:41 Et moi je vous parle de la panthéonisation passée de Simone Veil.
52:43 Je pense que… d'accord, on ne va pas sortir Madame Veil du…
52:45 D'accord.
52:46 Vous n'y êtes pas opposé au moment où ça s'est passé.
52:48 Je ne vais pas sortir Madame Veil.
52:49 Vous ne vous y êtes pas opposé.
52:50 Autre élément d'histoire qui m'intéresse beaucoup,
52:52 à eux en Normandie,
52:53 alors peut-être que vous ne connaissez pas cette histoire,
52:55 mais une grande résistante, Madeleine Riffaut,
52:57 on voulait lui donner le nom d'une rue qui a maintenant un petit lotissement,
53:00 elle a 98 ans aujourd'hui,
53:01 et Joël Duchossois, élu du Rassemblement National,
53:03 il est absolument opposé en raison de sa promotion du communisme,
53:07 parce qu'effectivement elle a été communiste par la suite de sa carrière.
53:09 Vous êtes à la tête de ce parti du Rassemblement National.
53:12 Vous n'avez pas entendu parler de cette histoire ?
53:13 Non, pas du tout.
53:14 D'accord, donc…
53:15 Je suis désolé, mais à partir du moment où on était un résistant…
53:17 Alors c'est vrai que les…
53:19 c'est toujours facile un peu les communistes,
53:20 parce que beaucoup ont été un peu des résistants très tard,
53:22 c'est vrai qu'ils sont entrés très tard dans la résistance,
53:24 mais à partir du moment où vous avez été un grand résistant
53:26 et que vous avez servi pour le coup la mémoire nationale,
53:28 eh bien oui, il n'y a pas de difficulté à ce que votre nom prenne le nom d'une rue.
53:32 D'accord, donc là, ok, très bien, c'est clair.
53:34 Donc vous n'êtes pas hostile à la donnée de rue à…
53:36 Non, pas du tout.
53:37 Excusez-moi, mais j'ai pas entendu l'affaire…
53:39 Allez, pour finir, vite,
53:40 vous serez candidat à votre réélection l'année prochaine aux élections européennes ou pas ?
53:45 Je m'engagerai en tout cas dans cette…
53:47 Vous restez député européen, je crois ?
53:48 Je m'engagerai en tout cas dans cette bataille.
53:50 Vous savez que je suis député européen,
53:51 j'ai fait le choix de ne pas aller aux élections législatives
53:52 pour me concentrer sur les élections européennes,
53:54 donc je serai très certainement sur la liste,
53:56 après est-ce que j'en serai peut-être de liste ou non…
53:57 Il y aura des alertes sur votre liste ou pas ?
53:58 On le dira.
53:59 Mais je souhaite faire une liste d'ouverture aussi,
54:01 comme nous l'avons fait en 2019…
54:02 C'est vous qui présidez le parti ou c'est Marine Le Pen aujourd'hui ?
54:04 Parce que… Pardon ?
54:05 C'est vous qui présidez le parti ou c'est Marine Le Pen aujourd'hui ?
54:07 Je suis président du Rassemblement National, c'est pour ça que vous m'avez invité.
54:10 Merci, Jordan Bardella d'avoir été avec nous depuis…
54:12 Merci à vous.
54:13 pour un nouveau numéro de Questions politiques.