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Enregistrer le chant d’une mésange, capter la fonte des glaces ou le bruit du vent sur les arbres... c’est son métier. Marc est audio-naturaliste et ses sons servent pour des documentaires animaliers ou des expositions.
Pendant ce temps-là dans les forêts des Vosges...

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Transcription
00:00 Le rouge-gorge, il est où ? Il est là.
00:05 Je ne le vois pas mais là je suis vraiment en plein dessus.
00:10 Il s'est approché de nouveau le rouge-gorge.
00:13 Mon métier consiste à passer beaucoup de temps dans la nature,
00:17 à écouter ce qui se passe, les sons qui se déploient dans le paysage
00:20 et notamment les sons qui sont produits par d'autres vivants que les humains.
00:24 Donc on les écoute et puis on les enregistre
00:27 pour ensuite utiliser ces enregistrements.
00:30 Ça peut être pour des films, ça peut être pour des expositions,
00:33 ça peut être pour des travaux avec des musiciens, c'est très varié.
00:37 Un bouvreuil.
00:40 Un petit cri plein-tif comme ça.
00:44 J'entends surtout le tracteur.
00:47 On appelle ça audio-naturaliste.
00:50 Alors là j'ai pris des micros d'ambiance
00:54 qui sont cachés dans un filet de camouflage
00:57 que j'utilise surtout pour faire ce que je vais faire là, c'est-à-dire un piège à son.
01:00 Je vais repérer un lieu un peu stratégique.
01:03 Je vais laisser les micros et je vais les programmer pour qu'ils se déclenchent
01:06 s'il se passe quelque chose, si un animal s'approche.
01:09 Je pense que c'est un lieu de passage.
01:12 C'est-à-dire que les animaux, la nuit, doivent descendre de la forêt
01:15 pour venir dans la petite prairie, étant donné le nombre d'indices que j'ai pu repérer.
01:19 Donc sangliers, chevreuils ou renards probablement.
01:22 Et puis par ailleurs, là, ces arbres morts juste au-dessus
01:27 ont l'air d'être visités en ce moment par les piques.
01:30 J'ai fait vraiment le parti pris de travailler sur ce qu'on appelle la nature de proximité.
01:35 Bon ben voilà, à demain.
01:38 Et puis après, pour d'autres projets, il m'arrive quand même de voyager un petit peu,
01:42 même en dehors de l'Europe.
01:45 Mais il faut que ça reste très ponctuel.
01:48 Je ne peux pas, par souci de cohérence, passer mon temps à pester contre les avions
01:51 et puis d'un autre côté, passer mon temps dans les avions
01:54 pour aller capter des soins à l'autre bout de la planète.
01:56 Et aujourd'hui, c'est quoi votre rapport à la nature ?
01:59 C'est à la fois la possibilité de m'échapper,
02:02 de me retrouver un peu seul comme ça dans des espaces
02:05 où je vais pouvoir un peu oublier pas mal de choses liées à ma vie d'humain, on va dire.
02:10 Je vais évacuer un petit peu tout ça pour me concentrer sur ce qui se passe autour de moi,
02:14 pour me fondre un petit peu dans le rythme des animaux,
02:17 pour me consacrer pleinement à ce qui se passe au temps présent.
02:20 Ça, c'est inestimable de pouvoir vivre ces moments-là.
02:25 Donc j'aurais beaucoup de mal à m'en passer.
02:28 Ah, il y a le pique noir là.
02:30 Croc, croc, croc, croc, croc.
02:32 Le pique noir en vol qui émet ses cris.
02:35 Une griffe d'raine.
02:38 Elle aussi, c'est une des premières à chanter au printemps.
02:41 Une maison charbonnière.
02:45 Une griffe musicienne.
02:48 Donc on écoute ce qui se passe, on observe,
02:51 et puis par moments, on essaie de saisir.
02:53 Un peu toutes sortes d'événements sonores qui se manifestent dans la nature.
02:56 Ça peut être évidemment le chant des oiseaux,
02:58 des sons produits par les animaux pour communiquer.
03:01 Mais c'est aussi les ambiances liées aux éléments, la météo, le climat,
03:06 le son du vent, les cours d'eau, la glace, les orages,
03:10 tout ça, ça fait aussi partie de nos sujets de travail.
03:16 Donc on pointe un oiseau en train de chanter avec une parabole.
03:19 Donc le chant est capté directement par les micros qui sont ici.
03:23 Mais il vient aussi se réfléchir sur la parabole.
03:28 Ce qui fait qu'on a une addition d'ondes au niveau du foyer
03:32 et on obtient un enregistrement avec beaucoup de dynamique.
03:36 Ça permet de créer un effet de proximité,
03:40 ce qui fait que l'oiseau qui est à 15-20 mètres,
03:43 on a la sensation qu'il est à seulement 2-3 mètres.
03:46 J'ai commencé quand j'étais enfant, vers l'âge de 10 ans.
03:50 Alors pas du tout dans une démarche naturaliste,
03:53 simplement pour le plaisir de capter des sons dans le paysage
03:56 et de jouer un petit peu avec ensuite.
03:58 Bien plus tard, j'ai fait plusieurs rencontres qui ont été un petit peu déterminantes,
04:02 notamment un plasticien sonore dans le cadre de mes études au Beaux-Arts.
04:06 Donc c'était au début des années 2000
04:08 que mon approche du son est devenue plus naturaliste,
04:13 après une coloration plus naturaliste.
04:15 Wow, ces avions !
04:18 Les bruits motorisés, de manière générale,
04:21 occupent maintenant une place très importante dans le paysage.
04:24 Depuis pas mal de décennies, depuis que je commence à enregistrer,
04:27 j'ai vraiment senti une évolution, notamment au niveau du trafic aérien.
04:31 J'aime beaucoup ce chant.
04:35 C'est une mésange qu'on entend surtout dans ces forêts,
04:39 forêts de conifères ou forêts mixtes.
04:42 Donc ça c'est quelque chose que j'ai enregistré ce matin.
04:47 Qu'est-ce que j'ai enregistré ?
04:49 Je change l'ordre.
04:51 Là on a par exemple un beau chant de pique-noir,
04:57 vraiment tout près.
04:59 Et puis c'est une gâte en bourriner aussi.
05:02 On a vraiment une belle proximité.
05:06 Et c'est souvent comme ça qu'on travaille sur les documentaires.
05:09 C'est-à-dire qu'on a les sons de la caméra qui sont des sons témoins
05:13 et qui sont rarement utilisés au final.
05:16 Donc lorsqu'on regarde un film, un documentaire animalier,
05:20 l'animal qu'on voit à l'écran, c'est un animal qui est en train de mourir.
05:25 L'animal qu'on voit à l'écran, c'est très rarement celui qu'on entend.
05:30 Donc là par exemple, on a une séquence sur un petit court-métrage
05:34 sur lequel j'ai travaillé récemment,
05:37 consacré dans le héros principal et le cerf, le cerf-élaphe.
05:41 Parmi tous les enregistrements de cerfs que j'ai pu réaliser ces dix dernières années,
05:45 j'ai dû chercher vraiment le cri qui correspondait à la fois
05:50 à l'animal dans son gabarit,
05:53 également au lieu, parce que là on voit qu'il est dans un espace un peu ouvert,
05:58 comme ça en lisière, dans une clairière.
06:01 C'est le principe du cinéma, de faire illusion.
06:16 [Musique]
06:19 [Bruit de l'air qui s'arrête]
06:21 Merci à tous !

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