"À l'école, on me disait : 'Si tu travailles mal, tu seras éboueur…' J'y suis, et je ne regrette pas."
Brut a rencontré Farid sur un piquet de grève, à Ivry. Il explique son métier et pourquoi il a choisi de faire grève aujourd'hui.
Brut a rencontré Farid sur un piquet de grève, à Ivry. Il explique son métier et pourquoi il a choisi de faire grève aujourd'hui.
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00:00 Quand j'étais petit, moi, à l'école, on me disait quoi en primaire ?
00:04 Si tu travailles mal, tu seras éboueur.
00:06 Déjà, on me le disait.
00:07 Alors remarque, celle qui m'a dit ça, la maîtresse, elle s'est pas plantée.
00:11 Parce que j'y suis, mais je regrette pas.
00:14 Et mes camarades, pareil, ne regrettent pas ce qu'ils font.
00:16 Pendant le Covid, il y a un truc que j'ai bien aimé.
00:19 Moi, j'ai travaillé.
00:20 On a applaudi les infirmières, ce qui est normal.
00:21 On ne peut pas se mettre au niveau des infirmières.
00:23 Mais nous, les chauffeurs de bain et les éboueurs, on nous a applaudi un petit peu.
00:28 Mais il y avait des choses qui étaient sympas des enfants,
00:30 c'est qu'ils nous mettaient des dessins sur les poubelles pour dire merci.
00:34 Rien que ça, ça suffisait.
00:35 C'était super sympa.
00:37 Et maintenant, deux ans après, vous vous dites ?
00:38 Oh bah, vous savez, éboueurs, c'est pas respectable.
00:42 Pour eux, éboueurs, c'est des bons à rien, c'est des illettrés.
00:46 Vous savez que nous, nous avons des chauffeurs de bain et des éboueurs
00:50 qui ont le bac +3, qui ont des diplômes.
00:53 Mais vu que la notoriété d'un éboueur ou d'un chauffeur de bain,
00:58 c'est pas la classe.
00:59 Nous, les chauffeurs CDA et les éboueurs,
01:03 c'est des gars qui travaillent,
01:06 été comme hiver, qui pleuve, qui neige, qui fasse -20, -10 ou +40,
01:09 ils travaillent sur le terrain.
01:12 Il y a des gars qui se lèvent à 3h du matin
01:14 pour venir travailler à plus de services.
01:16 Chez les CDA, c'est 5h25 au dépôt.
01:19 Ils se lèvent à 3h, 4h du matin. On est présents.
01:22 - Où est-ce qu'on est ?
01:27 - Victor Hugo, garage de Victor Hugo.
01:29 Voilà la deuxième partie des garages, les camions bains.
01:32 On vient prendre notre service à 5h25, on finit à 12h30,
01:36 la douche, il y a 13h et quelques, on part.
01:40 Une fois qu'on a fini notre travail,
01:42 en général, nos tournées sont finies à 95%.
01:46 Malgré la circulation et la difficulté du travail,
01:48 parce qu'il y a de l'agression aussi,
01:49 les chauffeurs, il y a des insultes au quotidien,
01:54 c'est une partie du métier, ça.
01:55 Quand on collecte les rues,
01:57 je peux vous dire qu'on en prend plein la tête,
01:59 quand on bloque une rue.
02:01 Et puis, c'est comme tout corps de métier, difficulté.
02:06 Il y a le pour et le contre.
02:08 Mais on aime ça.
02:08 Tous les gars, les copains, les camarades,
02:10 ils adorent ce métier.
02:12 Dans les chauffeurs de bain, on va collecter,
02:14 on va chercher nos éboueurs dans les ateliers d'arrondissement.
02:17 Tout est programmé, tout est bien huilé.
02:20 Et ensuite, on fait nos collectes.
02:22 Il faut savoir une chose,
02:24 l'appétit, on l'a.
02:26 Non seulement on l'a ça, mais nous avons tous les microbes.
02:28 Vous savez, les poubelles, il y a la gale,
02:29 il y a aussi des microbes, mais j'en passe,
02:32 il y a tellement de microbes, mais on les ramasse.
02:34 Vous savez, quand on ramasse par terre des matelas,
02:37 des SDF et tout,
02:39 sanitairement, ce n'est pas très bon, mais on ramasse.
02:42 Moi, j'ai 58 ans, je suis à 2 ans de la retraite,
02:44 j'ai commencé à 16 ans,
02:45 normalement à 60 ans, je suis à la retraite,
02:47 à taux plein, j'ai pratiquement tous mes trimestres sans interruption,
02:50 privé et vide.
02:51 Pour vous dire que je fais grève pour les jeunes,
02:52 moi je me bagarre pour la jeunesse, pour l'avenir.
02:54 [Générique]
02:56 Merci à tous !
02:58 [SILENCE]