7 MINUTES POUR COMPRENDRE - Retraites: réunion à l'Élysée

  • l’année dernière
La journée s'annonce décisive et incertaine pour la réforme des retraites qui doit être soumise successivement au vote du Sénat et de l'Assemblée nationale ce jeudi. 
Transcript
00:00 -C'est un peu plus de 8h20, retour sur le plateau de première édition, le 7 minutes pour comprendre.
00:03 Vote ou 49-3, quelle peut être l'issue de la réforme des retraites ?
00:08 Vote ou du 49-3, c'est évidemment la question essentielle du jour.
00:13 -Et avec nous pour en parler, Laurent Neman et Marie-Christine Dalloz, députée LR du Jura.
00:24 On scrute, on compte et on recompte depuis hier soir dans la majorité
00:27 les voix des LR en faveur du texte de la réforme des retraites.
00:31 Alors que vient de débuter à l'Elysée une réunion cruciale à Gatelanbray,
00:35 Emmanuel Macron a convoqué les chefs de sa majorité pour leur dire quoi ?
00:40 -Exactement, Edeline.
00:44 Et bien, hier, Emmanuel Macron faisait savoir très clairement qu'il voulait aller au vote.
00:48 Ce matin, l'enjeu, c'est de savoir comment on gagne ce vote, me disait un participant.
00:53 -On l'a bien compris, l'exécutif fait tout pour montrer qu'il est prêt à affronter ce scrutin.
00:58 Alors, posture ou sincérité ?
01:01 Est-ce qu'on assiste en ce moment à la mise en scène maximale du "on a tout essayé avant de brandir le 49-3"
01:07 ou est-ce la volonté sincère d'un chef de l'État qui aime prendre son risque, comme il le dit lui-même ?
01:12 Écoutez, ce que me confiait un ténor de la majorité, le président veut aller au vote.
01:17 C'est montrer qu'on est courageux.
01:19 Les oppositions, elles, ont tout intérêt au 49-3 pour crier au scandale ou pour se planquer.
01:25 Ténor qui estime qu'une fois au pied du mur, la droite n'assumera pas de voter contre ce texte.
01:31 En tout cas, Emmanuel Macron, hier soir, a brandi l'une des seules armes,
01:35 voire la seule arme dont il dispose pour faire pression sur les Républicains,
01:39 la menace d'une dissolution en cas de rejet du texte.
01:43 -Allez, on vote Laurent Neumann à condition que le compte y soit.
01:45 Est-ce qu'il y est ?
01:46 -C'est difficile à dire.
01:48 Ce qui est sûr, c'est qu'à l'issue de la commission mixte paritaire,
01:51 un certain nombre de Républicains sont passés du vote contre à l'abstention,
01:55 et des abstentionnistes sont passés de l'abstention au vote pour.
01:59 Ça, c'est plutôt bon pour le gouvernement.
02:00 Mais le problème, c'est que le vote cet après-midi est individuel.
02:04 Il n'y a pas de délégation de vote.
02:06 Donc, chacun doit être présent dans l'hémicycle pour voter.
02:09 Et le vrai problème de l'exécutif, c'est la confiance.
02:12 Est-ce qu'on peut faire confiance à des gens qui vous ont promis de voter pour ou promis de s'abstenir ?
02:17 C'est parce qu'il y a ce doute-là qu'il y a ce suspense
02:21 et que personne n'est capable de dire si on va aller au vote.
02:23 Ce qui est sûr, c'est que l'exécutif fait tout pour aller au vote cet après-midi.
02:28 -Et vous, Marie-Christine Dalloz, cet après-midi, vous faites quoi ?
02:32 -Cet après-midi, je voterai pour.
02:34 -Alors que vous doutiez jusqu'à présent ?
02:37 -Oui, j'ai eu une période de doute par rapport à la notion des carrières longues.
02:43 Les doutes ont été levés parce que c'est vrai que le Sénat n'avait pas repris
02:47 les amendements que nous avions déposés, le groupe Les Républicains.
02:51 J'ai toujours pensé que mon marqueur, j'ai toujours dit d'ailleurs que mon marqueur,
02:56 c'était la prise en compte des carrières longues.
02:59 L'amendement qui a été repris hier est une avancée importante pour les carrières longues.
03:06 On garde les mêmes critères que préalablement.
03:09 On reste exactement sur les critères.
03:12 Il y avait trois critères qui étaient valables dans le passé.
03:15 On les garde, mais on a créé une quatrième borne carrière longue
03:19 pour ceux qui ont commencé à travailler avant 21 ans, qui n'existaient pas auparavant.
03:25 Donc pour moi, c'est satisfaisant et je voterai pour, bien évidemment.
03:29 -J'imagine, madame, que vous vous parlez entre députés.
03:32 Il y avait une réunion hier des députés LR, je crois que vous n'y étiez pas, quand même, vous vous parlez.
03:37 Est-ce que vous avez le sentiment que votre cas est comparable à ceux d'autres députés républicains
03:43 qui doutaient peut-être et qui vont voter tout à l'heure ?
03:47 -Je ne peux pas parler au nom des autres.
03:50 Je n'étais pas présente hier soir parce que je suis malade et qu'il vaut mieux que je sois isolée.
03:55 Mais une chose est sûre, c'est que je crois que ces avancées qui ont été actées
04:03 ont permis à certains de revoir leur position.
04:07 En direction des femmes également, des mères de famille, il y a eu des avancées importantes.
04:13 Le CDI senior, c'est une avancée qui, à mon sens, a du sens pour les personnes
04:19 qui veulent retourner à l'emploi et qui sont proches des 60 ans.
04:24 Il y a quand même des mesures qui ont largement adouci.
04:28 Quand j'entends qu'il y a une violence terrible dans cette réforme, il y a eu des mesures d'assouplissement,
04:35 des mesures qui prennent en compte. On parlait beaucoup des tucs, une catégorie de personnel.
04:41 Ils ont été aussi pris en compte.
04:43 Je crois qu'à un moment donné, il faut avoir le courage d'aller au bout de cette réforme, de sortir de la réforme.
04:50 Là, je pense qu'on en sort plutôt par le haut.
04:52 Je pense qu'un certain nombre de mes collègues vont avoir une réflexion dans ce sens-là.
04:58 Du moins, je le souhaite. Après, je ne peux pas parler en leur nom.
05:01 -Laurent Neumann, ce qu'on entend dans les mots de Marie-Christine Dalloz,
05:04 c'est que c'est la commission mixte paritaire qui semble avoir fait basculer certains hésitants.
05:08 On entend beaucoup le mot « courage » depuis hier.
05:11 -Le courage, c'est d'aller au vote. La couardie serait de ne pas aller au vote et d'en passer par un 49-3.
05:18 Le 49-3, ce serait une forme de lâcheté. Donc, il y a un vrai risque politique pour Emmanuel Macron.
05:24 C'est indiscutable. Aller au vote sans avoir la certitude que ce soit voté, c'est un risque politique.
05:30 Mais ce qui est intéressant quand on écoute Mme Dalloz, c'est qu'on voit bien que ce qui s'est passé hier
05:33 de la commission mixte paritaire a fait basculer un certain nombre de Républicains.
05:37 Les carrières longues, même si ça n'est qu'une petite mesure, il faut le dire,
05:41 les carrières longues, normalement, la mesure aurait dû coûter une dizaine de milliards d'euros.
05:44 Là, on est à 300 millions. Pourquoi ? Parce qu'effectivement, vous devrez cotiser 43 ans,
05:49 mais il y aura une borne d'âge quand même. Je prends l'exemple. Vous commencez à travailler à 18.
05:53 18 + 43, ça fait 61. Ah non, vous devrez attendre 62 parce qu'il y a une borne d'âge.
05:58 Mais on a fait des efforts sur les seniors. On a fait des efforts sur la surcote pour les mamans,
06:04 5 % de surcote pour les carrières complètes. Donc en gros, on a fait des concessions
06:09 tout en restant dans les clous financièrement. Et on voit bien, en écoutant Mme Dalloz,
06:14 que certains qui étaient contre vont s'abstenir et que certains qui étaient dans le doute comme Mme
06:19 vont finalement voter pour. – Quelle est votre conviction, Agathe Lambret ?
06:21 Vote ou 49-3 ?
06:25 – Ma conviction depuis le début, c'est qu'Emmanuel Macron ira au vote parce qu'il a plutôt
06:29 un tempérament joueur. Il a un peu aussi campé ce personnage audacieux depuis 2017.
06:36 Et puis il y a un épisode dont on se souvient, c'est 2015, quand Emmanuel Macron devait faire passer
06:41 sa loi sur la croissance. Il avait fait un vrai travail de pédagogie, de persuasion auprès des députés
06:48 qui ne voulaient pas voter Stex et il espérait pouvoir aller au vote. Et c'est Emmanuel Valls,
06:52 Premier ministre, qui à la dernière minute lui avait imposé de passer par le 49-3.
06:57 Et ça, Emmanuel Macron l'avait très mal vécu. Donc c'est plutôt dans son tempérament de prendre son risque.
07:03 Maintenant, Emmanuel Macron a aussi un enjeu quasiment vital, c'est la suite de son mandat
07:08 qui dépend de cette réforme. Mais un proche du Président me disait qu'il n'aurait pas d'état d'âme
07:13 non plus à déclencher le 49-3. Et il se demandait aussi si le Président oserait, parce que là,
07:19 c'est extrêmement risqué. Et tout à l'heure, on parlait de la droite. Hier soir, dans la majorité,
07:23 certains pensaient que ça passerait à trois voix près, d'autres pensaient que ça ne passerait pas.
07:28 Parce qu'en fait, la plupart des élus de droite n'ont aucun intérêt à sortir de l'ambiguïté
07:32 et à dévoiler leur vote. Ils préfèrent pousser l'exécutif à passer par le 49-3.
07:38 Donc c'est quand même un calcul extrêmement difficile. Et si jamais ce texte est rejeté,
07:43 un député de la majorité me disait aussi que ça ouvrirait une crise politique majeure.
07:47 Donc Emmanuel Macron doit bien peser et sous-peser tous les paramètres avant de prendre sa décision.
07:52 La crise politique majeure, c'est la démission d'Elisabeth Borne.
07:55 Ou la dissolution. Mais c'est une menace. Un ministre me disait hier soir, dissolution, piège à...
08:02 Voilà. Pas la peine d'aller au bout. Merci d'avoir été avec nous. Merci à tous les trois.

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