Vittoz : «Tout simplement la fin de l'histoire» - Biathlon - CM (H) - Bleus

  • l’année dernière
Vincent Vittoz et Patrick Favre reviennent sur leur choix de ne plus être les entraîneurs de l'équipe de France la saison prochaine.
Transcript
00:00 Messieurs, on vous a vu hier venir nous annoncer la fin de votre collaboration avec les garçons.
00:08 On sait qu'il y a eu des réunions en début de semaine.
00:10 C'est ces réunions de débriefing de fin de saison qui sont habituelles, qui ont acté cette rupture.
00:15 Oui, clairement, on a fait un bilan.
00:19 On a fait le constat qu'on était au bout d'une histoire et que la page allait se tourner.
00:26 On est aujourd'hui conscients qu'on a pu faire des erreurs.
00:32 Les athlètes ont certainement, comme toute rupture, leur part de responsabilité.
00:38 On est simplement à la fin de l'histoire.
00:40 Patrick, il y a quelques jours, on discutait encore ensemble et vous aviez des idées pour l'été.
00:45 Vous réfléchissez à la suite, à comment progresser.
00:49 Visiblement, c'est les athlètes qui n'avaient pas envie de continuer avec vous.
00:53 Oui, c'est clair.
00:56 Quand tu fais le bilan, tu valides les choses qui sont bien ou pas.
00:59 Cette année, on n'était pas si content des résultats qu'on a faits.
01:05 On pensait déjà à des choses, mais ça c'est humain, c'est possible.
01:09 On était déjà sur la recherche de quelque chose qui ne marchait pas.
01:11 Quand on a eu des débriefings avec eux, on a compris que ce n'était pas une histoire.
01:17 C'est déjà un moment qui demandait de la nouveauté.
01:19 Peut-être que la nouveauté, c'est le changement qu'ils ont besoin.
01:23 C'est ça qu'on a compris après, quand on a approfondi un peu plus les choses entre eux.
01:27 De notre côté, quand on a pu sentir cette confiance, cette liberté de coacher,
01:34 je pense que notre caractère ou nos atouts, c'est basé sur ça.
01:40 Je pense qu'on était plus utile pour les ramener de nouveau plus haut de ce qu'on montrait cette année.
01:48 Vous nous disiez hier, Vincent, qu'il y avait peut-être une différence de perception
01:53 entre la vision que vous aviez du haut niveau et les exigences que vous en faisiez pour continuer à travailler.
02:00 Et celles que eux avaient, ils ont une vision différente du sport de haut niveau presque.
02:05 Oui, c'est vrai qu'il y a certaines analyses où on n'était plus en phase sur ce niveau d'exigence demandé,
02:12 sur des sélections, sur des moments d'investissement.
02:20 Et c'est vrai qu'on n'impactait plus forcément dans notre discours.
02:26 Et c'est vrai que les mises en garde, c'est pas que de faire toujours plus, c'est aussi de savoir être dans le juste.
02:34 On n'impactait plus et c'est ce qui a amené aussi cette rupture.
02:40 Le bilan, si on met une loupe sur cette saison, il n'est pas très bon, mais avec un titre de champion du monde en relais.
02:46 Mais si on élargit un petit peu et qu'on regarde sur vos cinq années de collaboration tous ensemble,
02:50 il va rester des résultats exceptionnels pour l'ensemble de l'équipe.
02:54 Et j'imagine plein aussi de bons souvenirs. C'est ça qu'il faut garder.
02:58 Bien sûr, on a envie de garder ça.
03:02 Ça a été cinq années de très bons résultats, de coaching d'athlètes performants.
03:12 Et puis, bien sûr, ces moments de partage, parce que c'est un investissement énorme, c'est un métier qui est passion.
03:20 C'est pas tellement descriptible, ça vient de ce qu'on a au fond de nos tripes et du cœur.
03:26 Donc on y a mis beaucoup, on a mis beaucoup de toute notre énergie, on n'a aucun regret là-dessus.
03:30 Ça a donné des superbes résultats. Et forcément, on retiendra tout ça avec tout le staff,
03:38 tous ces moments de partage et toutes les belles personnes qu'on a pu rencontrer pendant ces cinq ans.
03:44 Ce qu'on voit, Patrick, c'est vous derrière la jumelle. C'est les 5 sur 5, c'est les 10 sur 10, les 20 sur 20.
03:50 Ce qu'on ne voit pas, c'est les 200 jours tous les deux dans la même chambre. C'est ces sacrifices-là aussi.
03:54 Qu'est-ce que vous retenez ? Forcément, ces deux titres de champion du monde en relais.
03:58 Un avec Martin et un sans Martin Fourcade. C'est aussi ça, c'est la période de transition entre 10 ans de domination d'un Français
04:06 et cette nouvelle équipe qui a émergé.
04:08 Moi, je suis très content avant tout, j'ai dit avant, d'avoir pu collaborer et travailler avec Vincent.
04:14 C'est ça aussi, que peut-être des moments comme ça, tu dis peut-être qu'on ne travaillera plus ensemble.
04:18 Et c'est ça que pour moi, c'est si dommage. On a des caractères quand même réservés, on ne fait pas beaucoup voir.
04:24 Je pense que dans les cinq ans, dans différentes situations, différents athlètes, on a quand même toujours bien bossé.
04:30 Toujours avec l'idée du haut niveau. Peut-être c'est ça aussi qu'on ne se trouve plus.
04:36 Peut-être on est vieux par rapport à ce que les demandes des athlètes qu'on a maintenant.
04:42 On vit pour les résultats, on vit pour la performance. Ce que j'ai dit l'autre jour, encore je rebondis là-dessus.
04:50 Peut-être qu'on n'est pas capable de gérer en même temps les réseaux et toutes les histoires que les athlètes maintenant ont.
04:58 Et je pense qu'une chose que pour moi, j'aimerais faire réfléchir quand même la suite de beaucoup de monde.
05:04 Je pense qu'aujourd'hui, il y a un qui peut annoncer avant les compétitions, peut-être qu'il va gagner.
05:08 Et nous, on a beaucoup qui, avant les courses, vont annoncer les choses qu'ils vont faire.
05:12 Mais voilà, avant, on doit bien réfléchir au potentiel qu'on a. Dans chaque année, on peut le faire, on ne peut pas le faire.
05:17 Mais je pense qu'après, c'est plus dur à assumer derrière. Et je pense que quelqu'un, il a des vestes trop lourdes des fois à mener sur les courses.
05:24 Et ça, je pense que c'est une chose que, au moins moi, je ne suis pas capable de gérer.
05:27 Et j'ai compris que... Et une chose aussi qui m'a quand même, je ne dis pas touché, qui m'a fait comprendre qu'on n'est plus face aux athlètes.
05:38 C'est qu'à un certain moment, c'était eux qui jugeaient nous et pas nous qui jugeaient eux.
05:41 Et ça, c'est une chose que je pense que c'est notre faute. On a perdu un peu cette sensibilité ou cette approche, cette vie commune ensemble.
05:50 Et voilà, j'abandonne sans regret parce que je pense que quand il manque un peu de ça, c'est mieux de se mettre à côté.
05:58 C'est mieux qu'ils vont retrouver ça, j'espère, avec... Voilà, c'est qu'ils vont le remplacer, clairement.
06:05 Et j'augure qu'ils... Je ne dis pas que le problème ou quand même que cette année, quand elle a été un peu plus difficile, c'était beaucoup lié à nous deux.
06:15 Et comme ça, en fait, maintenant, ils sont libres de bien faire, de réagir.
06:19 Mais maintenant, ils doivent donner eux les réponses. Comme ça, je vais un peu même les tétiller un peu là-dessus.
06:23 Parce que moi, je dis quand même que j'aime tous les athlètes que j'ai coachés parce que c'est mon mode de coacher.
06:29 Et voilà, j'augure vraiment qu'ils puissent de nouveau être les meilleurs au monde.
06:34 Donc il vous reste deux courses pour les aimer. Et puis profitez de ces deux shots d'adrénaline.
06:40 Parce que pour les coachs, c'est à chaque fois beaucoup d'adrénaline d'aller les suivre, courir au bord de la piste et vibrer à chaque balle.
06:47 Merci à vous.

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