L'interview d'actualité - Dr Marie Paule Sablin

  • l’année dernière
Chroniqueuse : Maya Lauqué 


Ce matin Maya Lauqué reçoit le docteur Marie Paule Sablin, oncologue médical à l'Institut Curie à l'occasion de la nouvelle campagne une jonquille contre le cancer qui a débuté cette semaine. Elle nous parle du diagnostic des cancers et de l'intérêt des dépistages précoces qui ne sont malheureusement pas assez nombreux alors qu'ils sont déterminants pour augmenter les chances de guérison. 

Category

📺
TV
Transcript
00:00 Bonjour Marie-Paul Sablin, merci d'être avec nous ce matin.
00:02 Vous êtes oncologue médicale à l'Institut Curie.
00:04 Est-ce que vous avez une spécialité ou alors vous prenez en charge les traitements
00:08 de tout type de patients et de tout type de cancers ?
00:11 Alors moi je suis scénologue, donc je prends en charge des patients et des patients qui
00:15 ont des cancers du sein et puis je suis également responsable de l'unité d'investigation
00:19 clinique, c'est l'unité où on développe les nouveaux médicaments, où on les évalue,
00:23 où on fait les essais cliniques.
00:24 La détection précoce, c'est l'enjeu de la nouvelle campagne Une Jonquille Contre
00:28 le Cancer qui a donc débuté cette semaine.
00:30 Aujourd'hui, d'une manière générale, comment les cancers sont-ils diagnostiqués ? A quelle
00:35 occasion ? Plusieurs situations, ça peut être sur un symptôme, soit par exemple pour
00:43 un cancer du sein, une patiente qui sent une boule dans le sein, soit lorsqu'on va voir
00:51 son médecin qui fait un examen clinique et qui découvre quelque chose et puis aussi
00:56 ça peut être sur une imagerie, un scanner, une radio, une mammographie.
00:59 Sur combien de cancers peut-on réaliser une détection précoce, un dépistage précoce ?
01:04 On travaille actuellement, c'est l'enjeu de cette campagne pour qu'on puisse détecter
01:10 précocement tous les cancers.
01:12 Pourquoi est-ce qu'on insiste sur cette détection précoce ? C'est parce que plus tôt on met
01:17 en évidence un cancer, plus on a de chances de guérison.
01:19 C'est près de 90% de guérison, donc c'est important de mettre en évidence dès les
01:24 prémices de la maladie.
01:26 Ça veut dire quoi une détection précoce ?
01:28 C'est détecter au plus tôt le cancer, parce que plus tôt il est détecté, plus tôt
01:35 on peut proposer des traitements curatifs.
01:38 Clairement, vous voyez arriver des patientes et des patients détectés de manière de
01:43 plus en plus précoce, est-ce que ça simplifie la prise en charge ? Est-ce que ça a une
01:46 incidence sur l'efficacité des traitements ?
01:48 Ça change tout.
01:49 Ça veut dire que lorsqu'on a une maladie qui est détectée tôt, on peut dire aux patients
01:56 qu'on va les guérir.
01:57 Et ça, ça change tout.
01:59 J'imagine.
02:00 Moins d'une femme sur deux réalise une mammographie et il y a seulement 20 à 30% de dépistage
02:04 du cancer de la prostate chez les quincagénaires.
02:06 Pour quelle raison d'après vous ? Est-ce que c'est la peur du résultat ?
02:10 C'est multifactoriel, oui.
02:14 Je pense que, déjà, l'information, c'est important qu'il y ait ce type de campagne.
02:19 Il y a eu Octobre Rose récemment.
02:22 Mois de mars bleu, c'est le dépistage du cancer colorectal.
02:25 Voilà.
02:26 Donc l'information est importante.
02:28 Et ce que l'on voit quand même, c'est que certes le taux est faible, mais il augmente
02:36 d'année en année et que les personnes sont de plus en plus sensibilisées sur l'importance
02:42 des dépistages et des diagnostics précoces.
02:44 Que pourriez-vous dire à celles et ceux qui nous regardent ce matin et qui ont peut-être
02:48 la trouille, qui procrastinent, qui se disent "je vais attendre encore avant de faire un
02:52 dépistage".
02:53 Il faut y aller, il faut le faire parce que s'il y a quelque chose, plus tôt on le voit
02:58 et plus on a de chance de vous guérir.
03:00 Donc il faut le faire.
03:02 60% des cancers guérissent aujourd'hui.
03:04 Est-ce que le cancer devient une maladie comme une autre ?
03:08 On aimerait bien, oui.
03:13 Il y a de plus en plus de progrès.
03:16 Donc nous ce que l'on voit lorsqu'on prend en charge nos malades, c'est que les traitements
03:23 sont en train de se transformer et on a parfois des patients ou des patients qui ont des traitements
03:32 qui s'inscrivent dans une maladie au long cours.
03:34 Donc ça c'est quelque chose qui change.
03:35 Et tout ça c'est grâce au progrès et aux avancées de la recherche.
03:40 Ça veut dire que des patients et des patientes qui arrivent chez vous, qui peut-être sont
03:43 en récidive ou une maladie au long cours, vous pouvez leur dire "vous allez quand même
03:46 pouvoir travailler, vous allez quand même conserver une activité".
03:49 Oui, avec les nouveaux médicaments que l'on a, on a des traitements qui se prennent par
03:54 voie orale, donc plus besoin de venir à l'hôpital pour avoir des perfusions régulières, des
04:00 traitements qui sont plus efficaces également.
04:02 Donc oui, on s'inscrit dans une maladie "chronique".
04:07 Cette campagne "Gentil Ké contre le cancer" est axée notamment sur l'utilisation de
04:11 l'intelligence artificielle dans le dépistage.
04:14 De quelle manière est-elle utilisée aujourd'hui ?
04:17 L'intelligence artificielle s'intègre un peu à toutes les étapes du diagnostic
04:24 et de la prise en charge.
04:25 Vous avez un exemple concret pour qu'on réalise de quelle manière ça s'applique ?
04:29 On a des programmes où on essaie de développer et d'amplifier les résultats que l'on a
04:37 avec par exemple le scanner, avec l'imagerie, qui nous permettrait de découvrir et de mettre
04:42 en évidence plus précocement la maladie et ça c'est grâce à l'intelligence artificielle.
04:46 On ne pourrait pas détecter à la une nuit, c'est vraiment extrêmement pointu.
04:48 Oui, exactement.
04:49 On évoquait les traitements, est-ce que vous diriez que sur les traitements, vous me dites
04:53 que ça va très vite, est-ce que réellement c'est presque "du sur-mesure" ? C'est-à-dire
04:58 vraiment aujourd'hui on agit en fonction de chaque patient et chaque profil de patient.
05:03 Lorsqu'on parle de médecine personnalisée, c'est véritablement une réalité.
05:06 On fait une biopsie, on détecte la maladie, on fait une sorte de carte d'identité de
05:14 la tumeur et on propose un traitement spécifique en fonction de cette carte d'identité au
05:19 patient.
05:20 Donc c'est vraiment une médecine personnalisée.
05:21 Ces derniers mois, plusieurs personnalités ont révélé être atteintes d'un cancer
05:25 ou en avoir souffert.
05:26 Je pense à Florent Pagny ou à Arthur Sadoun.
05:28 Est-ce que c'est important de prendre la parole quand on est un patient comme ça,
05:31 une personnalité ? Est-ce que vous le ressentez quand vous êtes vous au contact des patients ?
05:36 C'est de plus en plus le cancer les plus tabou et ça c'est vraiment pour les patients,
05:42 c'est important de pouvoir en parler.
05:44 Plus on en parle, et vous parliez du dépistage et du diagnostic, plus on en parle et moins
05:49 les gens ont peur.
05:51 Donc c'est je pense vraiment vraiment primordial de pouvoir…
05:54 Vous sentez ça plus de confiance quand vous recevez pour la première fois un patient
05:57 ou une patiente qui vient d'avoir le diagnostic ?
06:00 Oui, plus ou moins.
06:01 Qu'est-ce que vous leur dites ?
06:02 Eh bien, je leur dis qu'on est là pour eux et que l'on va tout faire pour les
06:08 prendre en charge, les guérir si c'est possible.
06:11 Et puis le fait d'être informé, eh bien on a moins peur.
06:14 Lorsque l'on sait vers quoi on va, eh bien on a moins peur et on est plus confiant.
06:19 400 000 nouveaux cancers sont détectés chaque année, 3 millions de patients vivent avec
06:23 la maladie.
06:24 Tous ces chiffres sont en augmentation et avez-vous l'espoir de pouvoir les faire
06:29 baisser rapidement pour les aller-tout jeunes ?
06:32 Oui, on le voit tout au long depuis ces dix dernières années, ce que je vous disais,
06:37 la prise en charge s'est vraiment transformée.
06:39 On a des traitements plus efficaces, mieux tolérés et on avance…
06:43 C'est ça avec aussi moins d'effets secondaires ?
06:45 Oui, oui.
06:46 Donc des patients ou des patientes qui peuvent, comme vous le disiez, continuer à travailler,
06:51 des patients qui me disent « Docteur Sablin, moi je vais continuer, il y a les vacances
06:54 bientôt, comment est-ce qu'on fait ? »
06:55 Donc oui, le traitement, la prise en charge avance et ça c'est grâce aux fruits de
07:03 la recherche.
07:04 Merci beaucoup Marie-Pélussade d'avoir été avec nous ce matin.
07:07 Si vous voulez participer à cet élan de solidarité, vous pouvez effectuer un don
07:14 sur le site internet unejonquiecontrelecancer.fr ou alors par SMS 92002, vous envoyez « Espoir
07:21 » et vous ferez un don de 5 euros.
07:23 Merci d'avoir été avec nous ce matin.

Recommandée